La nomination du gouvernement a de nouveau été repotée. François Bayrou est-il dans l'impasse ? Pour en parler, Aurélie Trouvé, députée LFI de Seine-Saint-Denis (9e circonscription) et Présidente de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.
Regardez L'invité de RTL Matin avec Olivier Boy du 23 décembre 2024.
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00:00La France n'a donc toujours pas de gouvernement et on va en parler ce matin avec l'invité d'RTL Matin qui est Aurélie Trouvé, députée de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis.
00:13Bonjour Madame. Bonjour. La France, donc pas de gouvernement, pas de budget, le calendrier n'arrête pas d'être décalé.
00:20Ça semble visiblement aussi compliqué pour Michel Bayrou que pour Michel Barnier. Est-ce que, j'allais dire de manière un peu provocante, vous en réjouissez, vous en délectez ce matin ou ça n'est pas du tout l'ambiance ?
00:33Non, on ne peut pas se réjouir de la situation. On a un président de la République qui pendant 7 ans a fait une politique terrible au service des ultra-riches et des multinationales,
00:43qui a fait d'énormes cadeaux fiscaux d'ailleurs aux multinationales, qui du coup laisse un déficit public monstrueux de plus de 6% et qui propose maintenant que ce soit les gens modestes qui ont du mal à boucler leur fin de mois qui payent la facture.
00:57Et sa politique a été massivement rejetée dans les urnes au mois de juillet, pourtant il s'accroche et il nous propose maintenant à chaque fois des premiers ministres et des gouvernements qui veulent poursuivre justement cette politique désastreuse.
01:09Donc j'ai envie de vous dire, je ne peux pas m'en réjouir. Moi ce que je vois c'est qu'il y a urgence, que les gens vont de plus en plus mal, qu'il y a des plans de licenciements qui se multiplient, donc il est urgent de rompre avec le macronisme.
01:20Et justement on parle de Noël, les français se préparent à Noël, ils vont parler politique probablement à table. Vous aussi vous faites partie de cette classe politique qui représente un peu une forme d'immobilisme en ce moment.
01:32Les français entendent que les uns et les autres ont des lignes rouges, que vous ne voulez pas discuter avec le gouvernement en place et la majorité et au final ils retiennent que leurs soucis passent au second plan, y compris peut-être en pensant à vous quand ils ont cette pensée là.
01:48Alors je peux entendre d'abord la colère des français, parce que je l'ai dit, par exemple en 7 ans de président Macron on a des millions de personnes de plus qui ont faim dans ce pays, qui disent qu'ils ont faim.
02:02Il y a le taux de pauvreté qui a explosé et pendant ce temps là les riches sont de plus en plus riches. Donc je comprends la colère.
02:09Maintenant, je le dis aussi, nous nous avons été d'abord élus, nous sommes la première force de l'Assemblée Nationale, le nouveau Front Populaire, avec justement un programme qui propose de rompre avec tout ce qui s'est passé depuis 7 ans.
02:22Qu'est-ce que vous faites de ce poids politique ? Ça vous le répétez à longueur d'interview, effectivement vous êtes le premier groupe, mais il n'empêche que c'est aussi un fait mathématique.
02:30Demain vous êtes nommé, vous tombez aussi, le gouvernement sera censuré. Qu'est-ce que vous faites de ce poids politique pour changer la vie des français, pour peser ?
02:38Ça, ça veut dire négocier, ça veut dire faire des compromis, ça veut dire faire de la politique quelque part ?
02:42Alors d'abord je le dis, si nous gouvernons, et nous nous finirons par gouverner, parce que de toute façon les gens dans ce pays se sont toujours battus pour que la démocratie s'exerce.
02:53Et de fait nous avons été élus la première majorité relative de ce pays.
02:57Donc si nous gouvernons, je le dis par exemple face au plan de licenciement qui se multiplie, et là je vous parle en tant que présidente de la commission des affaires économiques,
03:04j'ai passé du temps d'ailleurs à la rencontre des salariés qui se battent pour leur usine.
03:08Si nous gouvernons, nous ferons bien autrement, complètement autrement.
03:11Il faut changer totalement de politique et une autre économie est possible qui ne soit pas au service des grands actionnaires, mais qui soit au service de la production et des emplois.
03:20Par exemple, nous ferons en sorte que toutes les aides publiques versées aux multinationales soient conditionnées au maintien de l'emploi,
03:27et nous demanderons à rembourser ces aides publiques quand il y a délocalisation.
03:31Mais les auditeurs d'Airtel, ils vous entendent, ils savent que ça ne va jamais arriver, que jamais le président va nommer un Premier ministre LFI ou NFP avec
03:39« pas de problème, faites votre programme, tout votre programme et rien que votre programme ».
03:42Ça n'arrivera pas, donc c'est un vœu pieux, ça n'arrivera pas en l'état actuel des choses, c'est une certitude.
03:47Eh bien ça, nous n'en savons rien, et même au contraire, nous savons que de plus en plus de Français souhaitent le départ d'Emmanuel Macron,
03:54deux tiers dans les sondages, de plus en plus de politiques, de gauche, c'est vrai que la France insoumise, c'est nous qui allons commencer à le dire cet été,
04:01mais de gauche comme de droite, de plus en plus de gens pensent que le président Macron doit partir, et je le dis, il faut qu'il parte, il a déjà fait trop de dégâts.
04:09En l'état actuel des choses, ça veut dire en l'état des équilibres démocratiques avec une telle assemblée, vous y arrivez de vous-même,
04:15pour vous la solution, c'est la démission d'Emmanuel Macron, il n'y en a pas d'autre possible.
04:18La démission, il faut que nous, nous le destituions, mais je ne vois pas, le problème c'est qu'il nous met dans un blocage total,
04:24en faisant en sorte que le pays reste dans une immense crise dans laquelle il l'a plongée, d'accord ?
04:29Parce qu'il s'entête à vouloir imposer cette politique désastreuse pour les Français, quand bien même elle a été rejetée dans les urnes.
04:35François Bayrou va probablement finir par avoir un casting gouvernemental annoncé, probablement aujourd'hui,
04:42on va suivre ça en tout cas sur RTL évidemment, vous quoi qu'il arrive, après le discours de politique générale qui doit avoir lieu le 14 janvier,
04:49c'est censure automatique, vous n'attendez pas de savoir ce qu'il va dire, si on vous dit qu'il y a François Rebzamen,
04:53issu de la gauche, qui est au sein du gouvernement, ça peut vous faire évoluer, ou c'est une certitude, d'ores et déjà,
04:59avant qu'il ne dise un mot, vous censurez directement.
05:01Écoutez, tout ça est une comédie pathétique, depuis le 5 décembre, le discours du président Macron à la télévision,
05:07on sait, il a dit qu'il ne ferait aucun compromis, qu'il allait continuer sa politique coûte que coûte,
05:12là on va avoir un gouvernement où il n'y a que des macronistes.
05:15François Rebzamen, vous vous dites François Rebzamen, en 2022 il a soutenu déjà Emmanuel Macron,
05:21vous savez même pire, Rebzamen, c'est la loi Rebzamen qui a détruit un peu plus les pouvoirs des salariés dans les entreprises,
05:29et à l'heure de la multiplication des plans de licenciement dans les boîtes, franchement, je trouve que c'est un terrible et un très triste symbole.
05:36On entend différents noms, évidemment, vous l'entendez sur RTL, on entend le retour d'Elisabeth Borne, par exemple,
05:43Xavier Bertrand dont on dit qu'il est personnel ingrata toujours pour le Rassemblement National,
05:48quand vous entendez ces noms, le projet d'un gouvernement de poids lourd, qu'est-ce que vous en pensez ?
05:52Écoutez, on prend les mêmes et on recommence, ils ont tous été quasiment ministres sous le président Macron,
05:57vous croyez qu'on va rompre avec la politique macroniste, avec des macronistes qui ont été responsables de la crise en tant que ministres,
06:04avec qui on va demander de résoudre la crise, enfin c'est complètement ubuesque, et d'ailleurs les Français ne s'y trompent pas.
06:09Donc, vraiment, nous avons un problème avec le président Macron, tant qu'il y aura le président Macron, il y aura le règne du macronisme.
06:16Vous l'avez dit, vous êtes président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée Nationale,
06:19vous êtes vous-même inquiète de ce qu'on entend sur les plans sociaux qui vont arriver, sur la situation économique,
06:25peut-être aussi sur le fait qu'il n'y a pas de gouvernement, donc que les difficultés s'accumulent.
06:30Par exemple, si on parle de faire de compromis, vous n'auriez pas intérêt à utiliser votre poids politique pour peut-être faire des concessions sur certains points,
06:37mais par exemple, obtenir un plan industriel pour sauver des boîtes qui sont aujourd'hui en danger,
06:42utiliser ce poids-là pour dire, d'accord, on ne censure pas, mais en échange, on veut ça, ça et ça,
06:48typiquement sur la situation économique, obtenir des petites victoires et changer à la fin la vie des gens.
06:52Est-ce que ce n'est pas aussi ce qu'attendent vos électeurs et peut-être au-delà, le peuple de gauche ?
06:57Je crois que les électeurs, ce qu'ils attendent d'abord, c'est le respect tout simple de la démocratie.
07:02Le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête des élections au mois de juillet, il faut qu'il puisse gouverner.
07:08Ce qu'attendent les gens aussi, c'est que, par exemple, il y ait l'abrogation de la retraite à 64 ans.
07:13Vous savez que ça a été imposé par le président Macron sans vote à l'Assemblée Nationale.
07:18Et les macronistes font tout pour que ce ne soit jamais voté à l'Assemblée Nationale, nous avons tenté il y a trois semaines,
07:23et bien ils ont fait de l'obstruction pour que ce ne soit pas possible.
07:26Donc tout votre programme, rien que votre programme, c'est toujours exactement le mot d'ordre de la France Insoumise,
07:31ça n'a pas évolué d'un iota depuis ces atteintes.
07:34Mais nous avons toujours dit que ce que nous voulons, c'est proposer à l'Assemblée Nationale,
07:38comme n'importe quelle force qui est au gouvernement, proposer notre programme et jouer le jeu du débat et du vote parlementaire.
07:44Et à ce moment-là, il y aura des amendements, et nous ferons évidemment des compromis, et nous avons toujours fait des compromis.
07:49Et le Parti Socialiste, vos relations avec le Parti Socialiste, on a vu qu'ils ont discuté,
07:53on voit aussi les noms d'oiseaux que s'échangent par exemple Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon.
07:58J'avais juste noté une phrase, quand on dit qu'on a des divergences stratégiques profondes, ce qu'a dit Olivier Faure,
08:02quand on dit Jean-Luc Mélenchon a faibli la gauche, ça veut dire honnêtement, dans le langage commun, qu'on n'est plus dans la même équipe.
08:08Alors nous sommes toujours dans la même maison, et nous avons d'ailleurs un programme très fort, très solide,
08:13et j'ai envie de vous dire, ils se rendent compte maintenant que ça ne servait à rien d'aller tenter de faire des compromis
08:19avec quelqu'un qui a déjà fermé la porte depuis bien longtemps, qui est le Président Macron.
08:22Donc moi j'ai envie de leur dire, bienvenue à nouveau à la maison du nouveau Front Populaire, nous avons beaucoup à faire,
08:27nous sommes de plus en plus majoritaires dans le pays, et surtout, il y a des drames humains,
08:32il y a une immense crise à laquelle il nous faut maintenant répondre, il faut s'apprêter à gouverner,
08:36et puis peut-être s'apprêter aussi à des présidentielles anticipées, parce que je crois moi que le Président Macron
08:42ne tiendra pas bien longtemps face à la colère populaire, il est temps de donner des véritables réponses à cette crise dans le pays.
08:49Il y a une autre crise immense qui est face à la France, évidemment la gestion de la catastrophe à Mayotte,
08:55c'est une journée de deuil nationale aujourd'hui, il y a cette loi spéciale qui devait être présentée hier au Conseil d'État,
09:02qui va être présentée normalement à l'Assemblée, qui va arriver à l'Assemblée, vous allez être directement impliqué dedans,
09:06est-ce que vous savez ce qu'il y a dedans cette loi spéciale, et qu'est-ce qu'il faut faire aujourd'hui
09:10pour que Mayotte ne retrouve pas exactement les mêmes problèmes qu'il y avait avant le cyclone ?
09:16Alors, je ne connais pas le contenu de cette loi spéciale, mais croyez-moi en tout cas, dès que nous l'aurons,
09:22le contenu d'ici quelques jours, j'imagine, et bien évidemment dans la Commission des Affaires Économiques,
09:27les députés, nous allons d'abord faire en sorte que tous les moyens nécessaires puissent être donnés aux Mahorais,
09:34d'abord les moyens urgents, j'ai envie de dire, vous savez que la plupart n'ont pas de toit, n'ont plus de meubles,
09:41n'ont pas d'électricité, pas d'eau potable, et puis surtout ils pleurent leurs morts, et nous ne savons pas combien de morts,
09:47vous savez que dans beaucoup de villages, dans beaucoup de bidonvilles, personne n'est encore passé,
09:50d'ailleurs comment se fait-il que nous n'ayons pas un premier bilan, on ne sait pas si c'est des milliers, des dizaines de milliers de morts,
09:56et là je voudrais avoir une pensée pleine d'empathie, d'abord pour les Mahorais, et puis il y aura ensuite le temps de la reconstruction.
10:03Merci beaucoup Aurélie Trouvé d'avoir été avec nous.