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Avec Elizabeth Tchoungui , présidente de l’association Capital filles. Directrice en charge de la responsabilité sociétale et environnementale du groupe Orange.


Retrouvez Muriel Reus, tous les dimanches à 8h10 pour sa chronique "La force de l'engagement" sur Sud Radio.

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##LA_FORCE_DE_L_ENGAGEMENT-2024-12-29##

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Transcription
00:00Agipi, association d'assurés engagées et responsables présente
00:05Sud Radio, le grand matin week-end, la force de l'engagement, Muriel Reus.
00:10Bonjour, ce matin je reçois Elisabeth Chungui, directrice exécutive de la RSE du groupe Orange et présidente de l'association Capital Fille.
00:19Mais tout de suite, je vous propose de nous engager sur un sujet qui nous concerne tous, celui de l'égalité des chances des filles.
00:25Les études sont formelles. Dès les premiers pas dans le système éducatif, filles et garçons empruntent des trajectoires différentes, souvent dictées par des stéréotypes et des attentes sociales.
00:35Bien que les filles réussissent souvent mieux leur scolarité que les garçons, cette réussite ne leur ouvre pas les mêmes portes, en particulier celles des filières scientifiques ou techniques, souvent perçues comme réservées aux garçons.
00:47Ces idées reçues freinent les ambitions des filles qui, même lorsqu'elles excellent, sous-estiment souvent leurs compétences et s'auto-censurent.
00:54Si ces mécanismes touchent toutes les filles, ils deviennent encore plus écrasants pour celles issues de milieux défavorisés, où les inégalités sociales et culturelles multiplient les obstacles et creusent les disparités.
01:06Dans les foyers aisés, les parents jouent un rôle clé. Ils accompagnent les devoirs, engagent des professeurs particuliers, offrent des ressources pédagogiques variées et valorisent les études longues.
01:16Mais pour ces jeunes filles issues de milieux vulnérables, les mécanismes limitants s'intensifient.
01:22En 2018, selon le programme international pour le suivi des acquis des élèves, l'écart de score entre les élèves les plus aisés et les plus précaires atteignait 107 points en France, une des plus fortes disparités éducatives en Europe.
01:35Là où les ressources manquent, les filles se retrouvent souvent contenées à des rôles féminins, métiers du soin, de l'éducation ou emplois locaux peu diversifiés, ce qui limite leur perspective professionnelle.
01:46A cela s'ajoute une pression sociale et familiale plus forte. Dans les contextes fragiles, les familles privilégient les études courtes jugées plus accessibles et moins coûteuses.
01:56Souvent éloignées du monde académique, les parents disposent rarement des informations nécessaires pour encourager les filles à envisager des parcours plus diversifiés.
02:04Et cela se reflète évidemment dans les choix d'orientation. Seulement 8% de filles de milieu modeste optent pour des spécialités scientifiques au lycée contre 21% des garçons du même milieu.
02:16Et sur le plan académique, les filles, peu exposées aux concours ou aux classes préparatoires, s'autocensurent face à des filières perçues comme réservées à une élite sociale.
02:26La peur de ne pas réussir, combinée à un sentiment d'isolement ressenti par 64% d'entre elles selon le baromètre de l'association Capital Fee, limite encore davantage leur perspective.
02:36Mais ce qui est frappant, c'est que quels que soient les milieux sociaux, dès la sortie du collège, la motivation des filles chute et devient nettement inférieure à celle des garçons.
02:45Sentiment faible d'efficacité personnelle, peur de l'échec, pression de devoir répondre à des attentes sociales souvent contradictoires, il est grand temps de redonner confiance aux filles,
02:55quel que soit leur milieu ou leurs origines, de considérer la mise en œuvre de soutiens pluridimensionnels pour leur permettre d'explorer pleinement leurs talents et d'accéder en toute liberté à toutes les opportunités.
03:08Bonjour Elisabeth Choumy, je suis heureuse de vous recevoir ce matin.
03:11Écoutez, je suis ravie, bonjour, ravie d'être avec vous Muriel. Et que dire après cet édito magnifique ?
03:17Mais plein de choses, plein de choses. Je vous rappelle, vous êtes directrice exécutive en charge de la RSE du groupe Orange.
03:24Vous êtes présidente de cette association Capital Fee. Et alors on va revenir un peu à l'origine.
03:28En 2012, Orange, alors sous la présidence de Stéphane Richard, décide de créer Capital Fee.
03:34Alors moi j'ai un peu envie de vous demander, mais pourquoi un tel groupe avec son expertise dans les technologies, son rayonnement international,
03:40a-t-il décidé de s'engager spécifiquement dans cette initiative d'accompagnement des filles issues du milieu défavorisé ?
03:48Et bien Orange est très engagée en faveur de l'égalité des chances et également en faveur de la diversité de genre,
03:56notamment quand on est un grand groupe industriel où on sait qu'on a vraiment le devoir d'amener les filles vers les métiers techniques et du numérique.
04:07Donc la naissance de Capital Fee part du constat finalement d'un triple plafond de verre.
04:14Celui lié au genre, celui lié aux origines sociales, puisque Capital Fee s'adresse spécifiquement à des jeunes filles issues des quartiers prioritaires de la vie,
04:25et des territoires ruraux. Et puis déjà avec cette idée du troisième plafond de verre sur les métiers scientifiques, mais qu'on pousse vraiment aujourd'hui.
04:36Alors pourquoi c'est déjà ce troisième plafond de verre ? Parce qu'à l'origine, Orange a réuni autour de la table des entreprises,
04:42et beaucoup d'entreprises fondatrices venaient déjà du milieu de l'industrie. Je pense à ANJ, puis Veolia qui nous a rejoints.
04:51Et donc l'idée, c'était absolument inédit, c'était finalement de mettre autour de la table les entreprises, des citoyennes que sont nos marraines engagées dans les entreprises
05:04pour accompagner nos filles dans une démarche de mentorat, et évidemment l'éducation nationale, puisque l'éducation nationale nous a ouvert les portes de nos 120 lycées partenaires aujourd'hui.
05:16Alors vous êtes un dédié directrice exécutive de la RSE, vous portez déjà des projets liés à l'engagement social de l'entreprise.
05:23Est-ce que cette présidence, double fonction au centre chez Orange, donc j'imagine que vous jonglez avec votre agenda,
05:29est-ce que cette présidence s'inscrit comme un prolongement naturel de cette mission chez Orange ? Ou c'est très différent ?
05:35C'est un prolongement absolument naturel, parce que nous valorisons l'engagement de nos collaborateurs aussi,
05:44parce qu'on pense que des collaborateurs engagés vers la société civile, cela permet un épanouissement, cela développe aussi des soft skills
05:54qui sont utiles pour l'entreprise dans un monde de plus en plus incertain.
05:59Et puis surtout parce que dans RSE, il y a responsabilité sociétale et environnementale, et donc un grand groupe comme Orange a une responsabilité envers la société.
06:10Donc naturellement, ce sujet d'égalité des chances, de féminisation des métiers techniques, des métiers scientifiques, c'est le prolongement naturel.
06:20Puis évidemment, il y a un engagement personnel aussi, parce que dans ma vie précédente, j'étais journaliste et présentatrice,
06:30et combien de fois, en raison par exemple de ma couleur, on m'a fait comprendre que ces métiers n'étaient pas pour moi, que ce n'était pas ma place.
06:40Et donc le message de Capital Phi résonne profondément avec mon parcours, parce que le principal message que nos marraines transmettent au FIOL,
06:50qu'on transmet aussi à travers nos ateliers collectifs, c'est que tout est possible, tous les métiers sont pour vous,
06:56à condition de travailler et d'être bien entourés, parce qu'on ne réussit pas seul, il faut un grand village tout autour,
07:02et dans ce grand village, il y a les marraines Capital Phi.
07:05Et dans ce grand village, il y a aussi les deux stades d'accompagnement que vous proposez.
07:10Un très innovant à l'époque, parce que ce n'était pas facile d'accepter dans les lycées et les collèges des entreprises,
07:16vous organisez des ateliers collectifs pour déconstruire, si j'ai bien compris, des stéréotypes de genre.
07:22D'après vous, quels sont les principaux freins ou impensés qui limitent les ambitions et les choix des filles
07:28issues de ces quartiers défavorisés ou des zones rurales en France ?
07:32Vous l'avez très bien résumé dans votre édito, finalement aujourd'hui, on est dans un pays où l'ascenseur social est grippé.
07:42Donc il y a une autocensure qui est très forte, et encore plus forte dans les quartiers prioritaires de la ville et des territoires ruraux,
07:50et encore plus forte chez les filles. Il faut des rôles modèles déjà.
07:56Et ça, leur marraine, Capital Phi, sait déjà. Ce sont des rôles modèles.
08:01On leur ouvre les portes d'entreprise. En plus, quand on ouvre aujourd'hui à nos fillelles les portes de l'entreprise d'Orange,
08:08quand on fait des démos, quand on organise nos challenges d'innovation et découvre tous ces métiers techniques,
08:13quand on leur explique en plus que la patronne est une femme aujourd'hui, Christelle Edbald, quel rôle modèle ?
08:19Donc voilà, il y a le rôle modèle. Il y a tout simplement déjà aussi la connaissance, savoir que ces filières existent, savoir que ces métiers existent.
08:27Et c'est très fort parce qu'aujourd'hui, avec plus de dix ans de recul, on a le témoignage de nos anciennes filles.
08:34On organise chaque année le rendez-vous des possibles où on rassemble nos nouvelles filles, les anciennes qui témoignent.
08:41Et je me souviens par exemple du témoignage du jeune salarié chez Veolia, une ancienne fille, qui a commencé par dire
08:48« Alors moi aujourd'hui, je travaille dans les métiers de l'environnement, les sujets de recyclage, du traitement des eaux usées.
08:55Je ne savais même pas que ces métiers existaient. »
08:58Et donc c'est notre rôle. C'est la première brique de l'action Capital Fee.
09:02C'est, un, déconstruire les stéréotypes de gens, dire tout est possible, tous les métiers sont possibles,
09:07et aussi expliquer, ouvrir tout le champ des métiers possibles pour les jeunes filles qui ne se les imaginent même pas.
09:15Alors, c'est pas rien, c'est 1246 marraines qui étaient engagées à la rentrée 2023 dans le programme de mentorat de Capital Fee.
09:23Ces marraines, vous les trouvez comment ? Quels sont leurs profils ? Comment accompagnent-elles ces jeunes filles ?
09:30Et une marraine, ça peut avoir plusieurs filles, ou c'est une personne prise en charge pendant une durée donnée ?
09:38C'est vraiment un engagement à la carte, parce qu'on est très conscient qu'il faut s'investir,
09:46qu'on a toutes des agendas très chargés, et donc c'est vraiment un binôme qui se forme en fonction des besoins de la fille.
09:56Ça peut être une fille qui a besoin à un moment d'un accompagnement pour rédiger un CV,
10:02certaines ont besoin d'être orientées dans la jungle de Parcoursup.
10:07Donc, en règle générale, c'est trois heures par mois, mais ça peut être en visio,
10:13mais après, il y a mille et une histoires différentes, aucun binôme ne se ressemble,
10:21mais c'est vraiment ce sujet, et quand on écoute le témoignage de nos filles, le socle c'est la confiance.
10:28Toutes disent, ma marraine m'a donné confiance en moi.
10:32Donc ça peut être aussi préparer un entretien pour un stage,
10:36et puis ça veut dire aussi ouvrir déjà les portes d'un réseau en entreprise,
10:40on sait qu'il y a un sujet sur les stages de seconde aujourd'hui.
10:43Donc voilà, les marraines sont des couteaux suisses au bénéfice de l'intérêt de leurs filles.
10:49Elles viennent des entreprises partenaires ?
10:51Elles viennent essentiellement des entreprises partenaires,
10:55mais nous avons également des membres individuels,
10:58et donc nous lançons un appel, parce qu'aujourd'hui, cette année,
11:03nous avons battu un record en termes d'inscription de fioles, c'est dire le besoin,
11:08et nous sommes encore à la recherche de quelques marraines différents en Ile-de-France,
11:16mais aussi à La Réunion.
11:17On est présent aujourd'hui dans toutes les académies dans le territoire hexagonal et à La Réunion.
11:23Donc voilà, l'association est aussi ouverte aux membres individuels qui veulent être marraine.
11:28Donc mesdames, si vous nous écoutez, allez sur le site de Capital Fille
11:32et inscrivez-vous pour devenir marraine d'une de ces 12 000 jeunes femmes qui ont été accompagnées.
11:38Oui, 12 000 jeunes femmes depuis la création de l'association,
11:43en mentorat, et puis 55 000 en atelier collectif.
11:47Et ce qui est formidable, c'est que c'est vraiment un échange.
11:52Évidemment, c'est un engagement fort des marraines,
11:55mais toutes disent que c'est un échange qui leur a apporté énormément,
12:01peut-être aussi à déconstruire des biais, une porte ouverte sur d'autres cultures,
12:08sur d'autres modes de vie.
12:10C'est la richesse et la force de l'altérité.
12:13Alors vous venez de réaliser un baromètre sur la confiance, justement,
12:16en partenariat avec l'Institut Occurrence du groupe IFOP.
12:19Et ce baromètre révèle que 64% des jeunes femmes issues de milieux défavorisés,
12:23des zones rurales, expriment un sentiment de solitude généralisée.
12:27Alors pourquoi ? Quels sont les facteurs qui contribuent à ce sentiment d'isolement pour elles ?
12:33C'est multifactoriel.
12:36Et c'est là que, quand on parle de soutien, on voit bien,
12:40quand je parlais du Grand Village, c'est qu'on voit bien que notre baromètre montre
12:44que les filles qui se sentent soutenues par leur écosystème,
12:50la famille, les amis, mais aussi un environnement urbain sécurisé,
12:56des possibilités, des bons établissements scolaires,
13:04la possibilité d'accéder facilement à la culture, de faire du sport,
13:09quand tout cet écosystème fonctionne, les filles se sentent beaucoup plus soutenues.
13:13Et ont beaucoup plus confiance en elles et en leur avenir.
13:18Et ce qu'on a constaté, c'est que plus il manque de critères dans ce grand écosystème,
13:25plus il manque d'acteurs, moins les filles se sentent soutenues.
13:29Et c'est là notamment quand l'entourage familial s'est compliqué,
13:35parce que les parents n'ont peut-être pas fait d'études,
13:39ne peuvent pas se projeter dans des schémas de réussite,
13:43là où elles vivent dans un quartier où elles ne se sentent pas en sécurité,
13:47là où il y a des établissements publics défaillants.
13:50Les marraines viennent faire une grosse différence.
13:56Et c'est intéressant ce qu'elles expriment dans les valeurs.
14:00Les filles qui se sentent soutenues, la principale valeur pour elles,
14:05c'est que je veux réussir.
14:07Parce que ça y est, elles sont sur les rails pour se projeter vers un avenir de réussite.
14:13Celles qui ne se sentent pas soutenues demandent de la bienveillance.
14:17Et ça, je pense qu'on en a toutes et tous besoin.
14:20Elles sont nombreuses à le demander.
14:2370% des filles interrogées dans votre baromètre considèrent ce soutien comme vital.
14:28En restant sur les rôles modèles, un item qui m'a assez amusée,
14:34c'est quand vous demandez à ces jeunes filles quelles sont les personnalités les plus citées.
14:38Celles qui les inspirent, elles disent Léna Situation, Simone Veil, Michelle Obama.
14:44Et Aya Nakamura.
14:46Des choix qui révèlent des profils assez différents.
14:48Une influenceuse, une femme politique engagée, leader internationale, une chanteuse.
14:52Ça dit quoi de ces critères de choix chez ces jeunes filles ?
14:58Ça dit déjà une première chose, c'est qu'il ne faut pas enfermer nos filles dans des carcans.
15:08Oui, Simone Veil est une icône féministe universelle.
15:13Ça dit aussi que nos filles portent une forme d'engagement féministe
15:21qui ne demande qu'à être transformée dans un parcours d'études et une carrière.
15:28Ça dit aussi que ce sont toutes des femmes fortes.
15:33Je trouve très intéressant Léna Situation.
15:41Parce que dans le monde des influenceuses, il y a le meilleur comme le pire.
15:44Il y a beaucoup d'influenceuses qui entretiennent des clichés de la bimbo, des cérébrés,
15:52qui fait juste des vidéos de maquillage.
15:56Certaines sont comme ça et on ne peut pas plaire à tout le monde.
16:01Moi ce que je trouve intéressant, c'est qu'elles ont choisi Léna Situation
16:04qui est une femme d'affaires qui concilie tous les mondes.
16:08Oui, elle est féminine, mais oui, elle est féministe.
16:12C'est une vraie businesswoman avec un fond intellectuel.
16:18Je trouve que c'est rassurant.
16:20Je pense aussi à Ayanna Camorra.
16:23C'est aujourd'hui la chanteuse française la plus connue dans le monde.
16:28Elle a de la personnalité.
16:30Ce sont toutes des femmes avec des très fortes personnalités
16:33qui ne se laissent pas marcher sur les pieds.
16:35Je trouve formidable qu'elles aient ces modèles.
16:39Merci beaucoup Elisabeth Chogli pour ce partage ce matin.
16:42Ouvrir le champ des possibles, croire en soi,
16:45c'est le liet motive de l'association Capital Fee.
16:48Une association extrêmement intéressante, inspirante et éclairante
16:52qui offre à ces jeunes filles les clés pour ouvrir des portes
16:55et surtout pour rêver d'avenir qu'elles n'imaginaient même pas possible.
16:59Je vous souhaite un excellent dimanche
17:02et on se retrouve dimanche prochain pour une nouvelle émission de La Force de l'Engagement.

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