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Avec Karine Dusfour, Cofondatrice du collectif “Nous, réalisatrices de documentaires”


Retrouvez Muriel Reus, tous les dimanches à 8h10 pour sa chronique "La force de l'engagement" sur Sud Radio.

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##LA_FORCE_DE_L_ENGAGEMENT-2025-01-19##

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Transcription
00:00Agipi, association d'assurés engagées et responsables présente
00:05Sud Radio, le grand matin week-end, la force de l'engagement, Muriel Réus.
00:10Muriel, bonjour. Bonjour Jean-Marie.
00:12S'engager pour les voix féminines dans les documentaires.
00:16On parle des voix VOIX, bien sûr, d'autant qu'on est à la radio.
00:19C'est une cause qui vous tient à cœur. On va en parler dans quelques instants
00:22avec votre invitée Karine Dufour qu'on accueille avec plaisir.
00:26Oui, nous allons parler des voix féminines et du documentaire
00:29qui est un miroir de nos sociétés, un espace de création
00:32où se tissent des récits essentiels, des regards pluriels sur le monde.
00:36Bien plus qu'un simple outil d'information, il est un médium puissant
00:40qui interroge, éduque et fait évoluer les consciences.
00:43Il amplifie les voix, souvent marginalisées, explore des thématiques complexes
00:47et contribue à la construction d'une mémoire collective
00:51et au savoir vivre ensemble.
00:53Pourtant, dans ce champ d'expression précieux, les inégalités
00:56entre réalisatrice et réalisateur demeurent criantes.
01:00Plus un projet est ambitieux, doté d'un budget important
01:03destiné à une audience large ou prestigieuse
01:06ou impliquant des coproductions internationales, moins les femmes y ont accès.
01:10En France, la parité dans le documentaire reste un objectif lointain.
01:14Selon la Société civile des auteurs multimédia, la SCAM,
01:18seuls 25% des documentaires unitaires sont réalisés par des femmes
01:22et leur accès au projet à gros budget demeure particulièrement restreint.
01:27En 2023, les femmes représentaient à peine 39% des réalisations
01:31d'oeuvres documentaires soutenues par le CNC.
01:34Quant au devis moyen des films réalisés par des femmes,
01:36il s'élève à 2,9 millions d'euros, soit 35% de moins
01:40que celui des films réalisés par des hommes.
01:42Pourtant, les réalisatrices brillent dans les festivals
01:45et remportent de nombreux prix prestigieux.
01:48Mais ces succès, loin de suffire à rééquilibrer la donne,
01:51soulignent davantage encore l'injustice d'un système
01:53qui contribue de les exclure des projets à forte visibilité.
01:56Ces inégalités de représentation et d'accès aux ressources
01:59s'accompagnent d'un climat professionnel marqué par des comportements sexistes
02:03et des violences.
02:0458% des femmes interrogées dans le secteur de l'audiovisuel
02:07déclarent avoir subi des agissements sexistes,
02:1026% du harcèlement sexuel et 13% des agressions sexuelles
02:14souvent répétées et principalement sur les tournages.
02:17Près de 41% des femmes n'en ont jamais parlé,
02:20par crainte, comme toujours, de représailles professionnelles
02:23ou par méconnaissance des dispositifs d'aide.
02:25Parce que seuls 17% des employeurs agissent après un signalement,
02:29ce qui souligne l'urgence d'une responsabilisation accrue dans la filière.
02:33Et puis, cette étude de la SCAM met aussi en lumière
02:36la précarité des intermittentes qui représente près de la moitié des victimes.
02:40Aujourd'hui, des collectifs comme nous, réalisatrices DOC,
02:43se mobilisent pour changer les choses.
02:45Avec 300 documentaristes, ce mouvement pose des revendications claires.
02:49Étendre au documentaire audiovisuel le bonus parité
02:52déjà appliqué dans le cinéma par le CNC,
02:54l'extension de l'objectif 55 ans de France Télévisions
02:57à l'image de l'engagement pris pour la fiction,
02:59transparence des processus de sélection des œuvres
03:02par les producteurs et les diffuseurs,
03:04et aussi, et bien sûr je dirais,
03:06assurer une représentation équitable des réalisatrices
03:09dans la programmation des festivals et dans les jurys.
03:12Autant de mesures indispensables pour offrir aux réalisatrices
03:15les mêmes opportunités qu'à leurs confrères hommes.
03:17Parce que l'égalité, ce n'est pas une faveur,
03:19mais c'est une nécessité.
03:21Et dans ce combat, chaque engagement compte.
03:24On en parle avec votre invitée, ma chère Muriel.
03:27On accueille avec plaisir Karine Dufour,
03:29cofondatrice du collectif Nous, réalisatrices DOC.
03:32Bienvenue à vous. Vous êtes l'invitée de Muriel Rehus.
03:35Bonjour Karine. Bonjour.
03:37Alors, on va citer aussi Virginie Linard,
03:40cofondatrice de ce collectif.
03:43Vous êtes toutes deux des figures emblématiques
03:46du documentaire en France.
03:48Vous êtes toutes deux administratrices à l'ASCAM.
03:50Et puis, vous vous battez bien sûr pour une plus grande parité
03:52dans le documentaire et pour mettre en lumière
03:54les injustices systématiques que l'on vient de dénoncer
03:57dans l'audiovisuel. Alors, il est né comment ce collectif ?
04:00Merci pour votre texte en production qui est très complet.
04:03Ce collectif, il est né, parce qu'on s'est rencontrés
04:06à l'ASCAM. On connaissait mutuellement nos documentaires.
04:09À l'ASCAM, en se regroupant toutes les deux,
04:12moi je suis référente Égalité Femmes Hommes.
04:14On a fait de nombreux documentaires autour des violences sexistes
04:16et des violences intrafamiliales.
04:18Donc, on s'est retrouvés. Et ensuite, on a initié
04:21des rencontres informelles où le partage d'expérience
04:24entre une centaine de réalisatrices de tous âges,
04:27vraiment ça nous a beaucoup marquées, jeunes,
04:29nous on est confirmés, nous a convaincus
04:32de nous réunir puisque ce partage d'expérience
04:35était le même. Et nous, on les accumule
04:38au fin des années de notre carrière.
04:41Les producteurs et les diffuseurs,
04:44mais surtout les producteurs et productrices,
04:46ne nous traitent pas de la même façon qu'ils parlent
04:49ou qu'ils traitent un homme et les projets des hommes.
04:52Donc, on s'est dit qu'il fallait qu'on se réunisse
04:54pour être plus fortes. C'est assez basique comme idée de départ,
04:57mais c'est vraiment cette force du collectif.
05:00Mais ce qui est moins basique, c'est qu'en très peu de temps,
05:03300 réalisatrices vous ont rejoints.
05:06Ça veut dire quoi ? C'est un ras-le-bol des inégalités du secteur, ça ?
05:09Nous-mêmes, nous avons été surpris.
05:12Tout de suite, on a fait appel à des marraines dans le cinéma
05:15puisque c'était au même moment où dans le cinéma,
05:18les actrices parlaient et on se disait
05:21mais nous, on documente le réel, on doit soutenir
05:24et apporter des réponses à ces actrices puisque nous-mêmes,
05:27on les vit et on les documente.
05:30Pourquoi il y a une telle sous-représentation
05:33des femmes dans ce secteur ? Parce qu'on voit bien dans les prix.
05:36Souvent, les femmes sont primées.
05:39Pourquoi il y a cette sous-représentation d'après vous ?
05:42C'est quoi le frein ?
05:45Je pense que c'est un sexisme ordinaire sous-jacent
05:48qui ne dit pas... Tous les producteurs aujourd'hui
05:51ou les diffuseurs sont progressistes, sont humanistes,
05:54nous déclarent à nous qu'ils sont avec nous.
05:57Dans le secret des salles de montage, on se rend compte
06:00qu'entre eux, ils s'appellent, elles nous piquent le boulot.
06:03Nous, c'est aussi ça qui nous a activés.
06:06Quoi de neuf dans le doc, un article dans Paris Match,
06:09il y avait 4 réalisateurs, ça ne leur est pas monté au cerveau
06:12qu'ils auraient pu avoir une femme, ils l'ont remarqué
06:15mais ils ont donné l'interview. Donc nous, on s'est dit
06:18qu'ils ne nous laisseront jamais la place, donc on va se regrouper.
06:21Il ne s'agit pas de leur piquer le boulot, il s'agit de regarder
06:24ensemble le monde.
06:27Donc c'est une affirmation de façade ?
06:31Au bout d'un moment, nous, on nous traite comme des petites filles.
06:34Là où les réalisateurs sont des grands réalisateurs,
06:37des exigeants, ils savent ce qu'ils veulent.
06:40Nous, dès qu'on défend notre film, on est taxé d'hystérique,
06:43de folle, de compliqué, d'en souffrance, en colère.
06:46Mais jamais on n'entend un mot.
06:49Vous constatez encore ça ?
06:52Un producteur auprès de qui je défendais pour faire une projection
06:55d'un film sur les attentats, il m'a dit ta gueule.
06:58Il m'a coupé nette la parole, violemment.
07:01Il y a encore quelques mois, un producteur dit à la réalisatrice
07:04demain il y a le visionnage avec Arte,
07:07tu défais ta queue de cheval et tu mets ton décolleté.
07:10C'est là qu'on le vit au quotidien.
07:13Et quand on en parle, c'est vrai, c'est aussi pour ça
07:16qu'on fait ce collectif.
07:19C'est quoi le rôle des diffuseurs ?
07:22Parce que ce que vous décrivez là, c'est surtout au niveau de la prod.
07:25C'est un peu différent ?
07:28Vous avez vu dans l'enquête, les diffuseurs sont très bas.
07:31Je pense qu'il y a une prise de conscience chez les diffuseurs.
07:34Par exemple, France Télé, c'est aussi grâce au travail d'Elphine Ernotte.
07:37Les producteurs et les productrices,
07:40parce qu'il y a aussi du sexisme et de la misogynie chez les productrices.
07:43Nous, quand on leur parle,
07:46les diffuseurs nous disent, mais c'est les producteurs et les productrices
07:49qui nous ne présentent que des films réalisés par des hommes.
07:52Ils nous disent, mais les diffuseurs nous demandent des personnes confirmées.
07:55Et pour eux, c'est prendre un risque de prendre une femme.
07:58Nous, on a créé ce collectif pour qu'on se parle tous ensemble
08:01avec les pouvoirs publics, le CNC, l'ARCOM.
08:04Il ne s'agit plus de faire des déclarations d'intention.
08:07On soutient les femmes. Les femmes sont courageuses.
08:10En fait, nous, maintenant, on veut aussi mettre la pression.
08:13On veut des quotas et on veut mieux la pression.
08:16Le mot « quota » fait peur parfois.
08:19En fait, les quotas, on n'y arrive pas. Ce que vous décrivez existe toujours.
08:22Seuls les quotas font avancer aujourd'hui réellement les positions partout,
08:25dans les entreprises, bien sûr, de médias, mais les autres aussi.
08:28Est-ce que, par exemple, des diffuseurs comme France Télévisions
08:31ont un rôle très important à jouer ? Ils ont pris des objectifs de parité ?
08:34Ils les atteignent d'après vous ou pas ?
08:37Oui, pour nous, c'est vraiment... En fait, aussi, il y a eu le modèle du collectif 50-50
08:40qui a initié le bonus parité avec le CNC.
08:43Et France Télévisions et Delphine Arnaud, quand elle est arrivée en 2019,
08:46dans la fiction, elle a imposé...
08:49Ils ne disent pas quota, mais un objectif 50-50.
08:52Et moi, j'ai des copines réalisatrices de fiction, tout de suite, le téléphone s'est remis à sonner.
08:55Et donc, nous, ce qu'on aimerait, c'est que ces engagements-là
08:58soient aussi portés pour l'audiovisuel
09:01et pour le France Télé, pour les documentaires.
09:04Et d'autant plus que, vous l'avez bien dit,
09:07elle gagne des prix.
09:10Hélène Lamtrong, le prix Albert Londres.
09:13Les Emmy Awards, Ovidie, Anne Poiré.
09:16Hier, record d'audience sur France 5 avec un documentaire sur l'avortement
09:19qui est magnifique.
09:22Sonia Gonzalez, elle fait partie de notre collectif.
09:25Et donc, nous, on propose aussi à France Télé de mettre en avant
09:28ces femmes qui gagnent des prix parce qu'elles sont des femmes.
09:31Aussi, juste pas dire, super, notre doc a remporté un record d'audience.
09:34Mais si on les regroupe,
09:37toutes ces femmes qui gagnent des prix malgré des conditions de travail
09:40sont souvent plus difficiles pour les hommes.
09:43Alors, vous avez dit tout à l'heure, ces comportements, c'est aussi
09:46le comportement parfois de femmes réalisatrices.
09:49Pourquoi il y a encore, alors c'est un peu une question que je vous pose
09:52mais je connais un peu la réponse, mais quand même, on va se la poser.
09:55Pourquoi des femmes qui devraient être en sororité,
09:58comme un mot qu'on emploie beaucoup aujourd'hui,
10:01pourquoi elles continuent elles aussi à avoir des comportements un peu sexistes ?
10:04C'est la peur ? La peur de perdre leur propre job, leur propre territoire ?
10:07C'est la peur et puis peut-être, moi je constate une différence
10:10avec les jeunes générations de femmes productrices ou de femmes réalisatrices.
10:13Je pense que dans les années 90, 2000 ou 80,
10:16moi je les ai côtoyées,
10:19les productrices par exemple, elles se sont construites
10:22sur des modèles masculins de compétitivité, de compétition
10:25et heureusement qu'elles ont fait ça, sinon elles ne seraient jamais devenues productrices.
10:28Donc tant mieux, mais aujourd'hui je pense que
10:31ces jeunes productrices sont beaucoup plus solidaires
10:35à imposer des films de femmes, à faire travailler des femmes
10:38et donc c'est ça qui nous porte aussi,
10:41d'être dans leur sillage.
10:44Il y a un phénomène qui s'appelle les pick-me qui est documenté aux Etats-Unis,
10:47c'est-à-dire les femmes qui grimpent dans la hiérarchie sous la protection d'un homme.
10:50Effectivement, après quand elles grimpent, les autres femmes
10:53sont en compétition. Mais je pense que ce modèle-là
10:56il est en train de disparaître.
10:59Il est en train de bouger un peu dans les jeunes générations.
11:02J'en suis consciente, on est très loin du bout du chemin.
11:05Seuls 17% des employeurs prennent des mesures
11:08après un signalement. C'est extrêmement peu.
11:11Alors comment vous, avec l'ASCAM et puis même
11:14avec votre collectif, vous avez l'intention de les responsabiliser
11:17davantage ces producteurs qui sont d'ailleurs soumis à des obligations de formation
11:20normalement ? Oui, alors c'est 17%
11:23quand c'est des agissements sexistes et 30% quand c'est
11:26des signalements d'agressions sexuelles. Mais même 30% si on dénonce
11:29une agression sexuelle, le chiffre est délire. Enfin,
11:32on interroge beaucoup. Les producteurs et productrices depuis quelques années
11:35sont obligés de suivre une formation une demi-journée dans les sous-sols
11:38du CNC sur les VHSS. La veille, moi j'ai eu cette expérience,
11:41la veille le producteur il ricane, on va rien apprendre.
11:44Le lendemain quand il sort de la session,
11:47il est content parce que déjà ça a une seule vertu, c'est de rappeler
11:50que c'est du droit du travail. Ils sont responsables de la sécurité
11:53de leurs employés. Mais ça, je pense qu'ils ne l'avaient pas perçu.
11:56Je pense que oui, ils ne l'avaient pas perçu.
11:59C'est une responsabilité pénale et prud'hommale, les deux.
12:02C'est ça. Donc déjà cette formation c'est génial.
12:05Ensuite, nous je pense qu'il faut qu'on encourage
12:08les femmes à parler, mais je pense que c'est aussi
12:11une responsabilité des hommes de s'autoréguler
12:14et quand on entend une blague sexiste
12:17de ne plus rigoler, de dire
12:20tu ne peux plus parler comme ça, tu n'as pas le droit de parler.
12:23Juste sans être agressif, sans porter plainte.
12:26Il y a toute une base de comportement
12:29un peu ordinaire. Les blagues sexistes, vraiment, c'est un gros problème.
12:32D'ailleurs, j'ai tué ma femme, elle est dans le placard.
12:35Tout le monde rigole, mais en fait ce n'est pas drôle.
12:38Moi je fais des documentaires sur les féminicides.
12:41Ce n'est pas drôle de rire de ça.
12:44Je pense aussi que ça peut se situer juste en échange.
12:47Tout simplement.
12:50Le sexisme, c'est la base des violences.
12:53Ça fait partie du continuum des violences.
12:56Quand on laisse installer un climat sexiste,
12:59c'est pas qu'on ne peut plus rien dire, qu'on ne peut plus rigoler.
13:02C'est que le sexisme, c'est la porte ouverte à d'autres types de violences.
13:05Parce qu'une fois qu'on s'autorise ça, et que tout le monde en rigole,
13:08c'est pourquoi ne pas aller un petit peu plus loin.
13:11La plupart des agressions dont on a parlé tout à l'heure
13:14se produisent pendant les tournages et dans les bureaux.
13:17Est-ce que vous préconisez des mesures pour créer des espaces de travail plus sûrs ?
13:20C'est possible ça ?
13:23C'est compliqué.
13:26Je pense que c'est une conscientisation de chacun.
13:29Moi j'ai été confrontée en tant que réalisatrice.
13:32Il y avait une assistante et la personne que j'interviewais
13:35lui a fait une blague horrible.
13:38J'ai moi-même été tellement sidérée que je ne l'ai pas protégée.
13:41Je n'ai pas su quoi dire. Il fallait que j'interviewe cette personne.
13:44On en a parlé tout de suite après, je lui ai dit que je me suis excusée.
13:47C'est compliqué.
13:50En en parlant ensemble, je pense qu'on peut créer des safe ways.
13:53Il faut absolument de l'information.
13:56Il y a aussi le statut des intermittents qui sont soumis à un boulot très aléatoire.
13:59Ceux-là ont beaucoup de mal à parler
14:02parce qu'ils ont peur de ne plus pouvoir revenir sur une prod.
14:05Vous le constatez j'imagine.
14:08C'est une réalité d'être blacklisté parce qu'on parle.
14:11Même si on dénonce des heures sub, on est blacklisté.
14:14Si on dénonce du sexisme ou même son propre chef à qui on le dénonce.
14:20C'est bien pour ça qu'en étant un collectif,
14:23on peut aussi se protéger mutuellement et on peut nous parler au nom de toutes.
14:26C'est vraiment une façon de se protéger.
14:29En étant intermittente, on est précaire et on est isolé.
14:32On enquête toute seule chez nous.
14:35On arrive dans une boîte de production mais on ne connaît pas les pratiques.
14:39A chaque fois, on est confronté à plein de producteurs différents
14:42dans des boîtes différentes.
14:45On rentre chez nous et on n'a personne à qui parler.
14:48Vous entendez tout ce qu'on dit ce matin.
14:51Il est temps vraiment de réagir.
14:54Est-ce qu'une des solutions ne serait pas de mettre davantage de femmes au poste à responsabilité ?
14:57Quand je suis arrivée à l'ASCA, on m'a dit
15:00qu'il n'y avait pas besoin.
15:03Il y a des femmes partout quand on va dans les chaînes.
15:06Ça ne veut pas dire la parité.
15:09Il y a un plafond de verre.
15:12Il faut grimper en légitimité et en responsabilité.
15:15C'est là où on nous barre la route.
15:18Être réalisatrice, c'est avoir du pouvoir, c'est diriger une équipe.
15:21C'est ça qu'on ne reconnaît pas.
15:24C'est la légitimité de savoir diriger un grand film à grande production internationale
15:27avec des gros budgets.
15:30On le réserve aux hommes.
15:33Les réalisatrices de ce collectif ne sont plus prêtes à accepter ce que certains ont accepté.
15:36Elles vont peut-être vous demander d'avoir des actions très puissantes.
15:39On les adore.
15:42Il y a un jeune collectif qui s'appelle La Claque.
15:45Le comité de la garde aussi.
15:48Toutes ces jeunes réalisatrices et jeunes réalisateurs.
15:51Quand on va voir des films féministes, il y a plein de jeunes garçons qui sont intéressés.
15:54Il faut embarquer les hommes.
15:57Les jeunes réalisateurs sont aussi avec nous.
16:00Merci Carine Dufour.
16:03Vous êtes la cofondatrice du collectif Nous réalisatrices.
16:06Un mot sur votre dernier documentaire ?
16:09C'est sur les bébés placés.
16:12En replay sur France Télé.
16:15Merci beaucoup.
16:18On vous retrouve dimanche prochain sur Sud Radio.
16:30Sous-titrage Société Radio-Canada

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