Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, invité du "8h30 franceinfo" le 27 décembre 2024
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00:00Alors, au moment où on se parle, la France pourrait bloquer l'accord tout seul, parce que l'accord n'est pas encore ce qu'on appelle
00:05splitté, c'est-à-dire que cet accord, il a un volet commercial, il a un volet coopération.
00:10Mais tout porte à croire que la présidente de la commission va
00:14splitter, diviser,
00:16c'est le terme bruxellois,
00:19va couper en deux cet accord, et s'il n'y a qu'un volet commercial, alors
00:23la France a délégué à l'Europe le choix d'arbitrer les choses. Et donc, nous, on a besoin à la fois de Mme Méleny, vous l'avez compris,
00:32on a besoin de la Pologne, on a besoin de l'Autriche, parce qu'on est évidemment convaincu que cet accord sera divisé.
00:37C'est vraiment si grave que ça, si l'accord avec le Mercosur finissait par s'appliquer ? On estime que le tonnage de viande
00:44sud-américaine qui arriverait dans l'Europe, équivaudrait à un steak par an, par européen, est-ce que c'est vraiment si grave que ça, s'il s'applique ?
00:50Non mais, les volumes, vous avez raison de dire, c'est 99 000 tonnes de viande bovine supplémentaires.
00:58Il y a déjà du commerce aujourd'hui avec le Brésil. Le sujet, c'est la vision politique que porte ce type d'accord, dans la manière dont on veut
01:07construire un avenir à la souveraineté alimentaire sur notre continent, et singulièrement en France.
01:12Vous savez, demain, on peut dire qu'on délègue la totalité de notre alimentation, je voudrais juste rappeler à vos auditeurs qu'aujourd'hui, on importe un poulet
01:19sur deux, 40% de nos légumes, 60% de nos fruits, 60% de nos ovins. On peut continuer comme ça, et un jour, on découvrira
01:25qu'on a perdu toute capacité de production en Europe, et qu'on dépend des autres pour se nourrir.
01:29Ce sera une catastrophe. Justement, quand Carrefour Intermarché indique qu'ils ne vont pas vendre de la viande originaire du Mercosur,
01:35c'est de la com' ? Ou vous espérez vraiment qu'ils vont tenir leurs promesses ? Et est-ce que vous invitez les autres à faire pareil ?
01:39Non mais, on espère, encore une fois,
01:42on espère que tout ça permettra de faire prendre conscience
01:46que si on a besoin de continuer à échanger, parce que
01:49les fruits exotiques, parce que le café, parce que tout ça ne sera pas produit en Europe, on n'a pas ailleurs besoin de s'assurer que
01:55il y ait de la réciprocité. Et moi, je remercie
01:58Carrefour et Intermarché, et d'autres qui, aujourd'hui,
02:01veulent travailler. Le sujet aussi, c'est qu'on travaille sur l'origine des produits, qu'on explique aux consommateurs
02:07d'où viennent les produits qu'ils achètent.
02:10Voilà, ce sont des combats que nous menons, et le sujet n'est pas le combat contre
02:13l'Argentine, le Brésil, ou tel ou tel pays. Le sujet, c'est pour qu'on reconnaisse qu'en Europe,
02:17on a des conditions de production qui sont parmi les plus élevées de la planète, et qu'on ne peut pas nous mettre en concurrence
02:22avec des secteurs ou des pays qui ne respectent
02:25aucune des normes auxquelles nous sommes soumis. Je crois que ça protège le consommateur, c'est sûr que ça protégera l'agriculteur.