Avec Marika Bret
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NewsTranscription
00:00Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles, 7 janvier 2015, 7 janvier 2025, évidemment
00:18les attentats à Charlie Hebdo aujourd'hui occupent l'actualité, occupent nos cœurs,
00:24nos pensées.
00:25Vous vous souvenez où vous étiez le 7 janvier ?
00:27Oui.
00:28Tout le monde un peu, c'est comme la date du 11 septembre.
00:33J'étais dans une rédaction et j'ai vu les choses apparaître avec effroi comme tout
00:40le monde et l'incertitude parce que c'était ça, c'est-à-dire qu'on ne savait pas si les
00:45destinateurs étaient à l'hôpital, blessés, vivants, morts, il y avait peu de choses qui
00:52filtraient et c'était surtout ça.
00:55C'était l'horreur et on va en parler avec Marie Cabrette qui est présidente du Printemps
01:00Républicain, chargée de la transmission de la mémoire de Charbes et ancienne responsable
01:04des ressources humaines de Charlie Hebdo et on va évoquer avec elle cette triste commémoration.
01:12Je suis comme vous Gilles, j'ai du mal avec anniversaire qui a une connotation plutôt
01:15joyeuse et là on est un peu… Et c'est vrai que ça fout un coup, on a parlé un
01:19petit peu avec elle avant, ces 10 ans c'est plus dur que les autres années parce qu'on
01:24se rend compte que c'était il y a 10 ans qu'on se dit « qu'est-ce qui a changé
01:28depuis ? »
01:29Et puis on lui parlerait de la difficulté de transmettre l'esprit Charlie dans les
01:35écoles ou une nouvelle génération.
01:37Vous lui avez dit tout à l'heure, alors qu'elle nous attendait, quelque chose qui
01:42m'a beaucoup marqué, c'est que les gens qui ont maintenant 20 ans ou 21 ans avaient
01:4910 ans.
01:5010 ans à l'époque, donc c'est vrai qu'ils se sentaient peut-être moins concernés aujourd'hui.
01:55Alors il y a un sondage, on va en reparler tout à l'heure dans les débats, les gens
01:58se disent toujours Charlie, mais qu'est-ce que ça veut dire être Charlie ?
02:02Allez, on commence avec le zapping.
02:03On en parlera avec Malka Bredt, j'ai un petit souci, vous voulez que je vous dise une chose,
02:15c'est que juste avant l'émission on a eu une galette des rois à Sud Radio et j'ai
02:19un bout de galette de coincé.
02:21Et bien voilà, je vous partage le thé de mon grand Hermos à thé, et donc c'est du
02:26direct live.
02:27Je suis vraiment désolé Valérie.
02:29Alors, le zapping, allez on balance le son.
02:32Le zapping, on en parlera avec Marie Cabrette aujourd'hui, on commémore les attentats
02:39du 7 janvier au journal Satirique Charlie et Hebdo.
02:42Hier, l'avocat du journal, Richard Malkin, dont 7 à vous reprochait à la France Insoumise
02:47des nombreuses critiques, mais pour l'avocat, les Insoumis ont oublié le combat principal,
02:52celui de la liberté d'expression, c'est la clé de tout.
02:56Faire le choix de la liberté d'expression, c'est faire le choix de la démocratie contre
03:01la tyrannie, c'est faire le choix de l'état de droit contre l'arbitraire, c'est faire
03:05le choix de la culture contre le fanatisme, c'est faire le choix du doute contre le dogme,
03:10c'est faire le choix de la liberté contre l'esclavage, c'est ça l'enjeu.
03:15Et quand on rejette la liberté d'expression, c'est qu'on fait le choix du dogme, de la
03:20dictature, de la barbarie et du fanatisme.
03:23C'est ça l'enjeu.
03:24C'est un joli discours.
03:27Il a fait beaucoup réagir, il s'est fait insulter.
03:30Il y a du chemin à faire, parce que quand on voit sous le tweet de 7 à vous, il y a
03:35beaucoup d'insultes.
03:36Hier soir sur M6, il y avait un document fort, ce qui nous lie avec ceux qui ont subi des
03:43attentats de Charlie Hebdo, du Stade de France, des Terrasse, du Thalys, de l'Hypercacher,
03:48parce qu'évidemment, derrière Charlie Hebdo, il y a eu un nombre d'attentats assez incroyables
03:55et c'était un moment fort de confidence, parce qu'ils n'ont pas vécu, Valérie, le
03:59même attentat, mais ils ont vécu les mêmes sensations, les mêmes émotions, les mêmes
04:04violences.
04:05Et il y avait le témoignage du dessinateur rescalpé de Charlie Hebdo, Riss, et il parlait
04:11de son état d'esprit dix ans après.
04:13C'est un peu difficile pour moi de passer à autre chose.
04:17J'ai tendance à dire que dix ans après, je pensais qu'avec les années, ça s'effacerait.
04:21En fait, ça ne s'est pas effacé.
04:22Et paradoxalement, c'est vrai que c'est peut-être maintenant, que c'est peut-être plus difficile.
04:27En tout cas, ce n'est pas plus facile qu'en 2015.
04:30Rien ne s'est effacé et rien ne s'est atténué.
04:32Hier, on a appris la disparition du comédien Benoît Allemane, Valérie.
04:36Alors, si ce nom ne vous dit rien, vous connaissez forcément sa voix, que ce soit dans les guignols,
04:42c'était la voix off.
04:43Et le narrateur, souvent, Descadie des guignols, il faisait la plupart du temps aussi les
04:50voix de...
04:51Il faisait également dans le du doublage, les voix de Morgan Freeman, Zeus dans Hercule
04:56ou le général Spangler dans Malcolm qu'on voit et revoit sur WNF.
05:00Allez, on écoute Benoît Allemane.
05:02Ravie de vous retrouver, monsieur Wayne.
05:05La CIA avait un programme dans les années 60 pour évaluer ses employés des points chauds,
05:11Skyhawk.
05:12Je peux jeter un coup d'œil ?
05:13Oui.
05:14D'accord, venez.
05:15Être l'apprenti du père Noël n'est pas qu'une partie de plaisir.
05:19Pour t'en rendre compte, tu vas passer le reste de ta journée derrière ça.
05:23Oh ! Un beau travail, mon fils, tu as gagné.
05:28Tu es un vrai héros.
05:31Monsieur, ils vont me faire la peau si jamais je gagne.
05:33Oh, je suis vraiment désolé.
05:35Que le meilleur perde.
05:38Hommage à Benoît Allemane qui nous a quittés.
05:41Le 6 janvier 1975, il y a 50 ans, c'était le démantèlement de l'ORTF qui donnait naissance
05:49à TF1.
05:50Depuis, la chaîne et ses programmes ont accompagné des générations de Français et puis évidemment,
05:54les fameuses spickrins.
05:56Oui, c'est moi qui sonne.
05:57C'est votre téléphone, je regarde partout.
05:59C'est un zapping de ma roue.
06:01N'importe quoi.
06:02C'est très très fort ce matin.
06:05Et donc avec, évidemment, ces fameuses spickrins, bon anniversaire au TF1.
06:12Le 6 janvier 1975, une star aînée déjà en première place et en trois signes, TF1,
06:20avec un tout premier jour forcément un peu balbutiant.
06:24Il s'agira d'une émission de Jacques, décidément, je suis perdue.
06:30Mais ceci est rapidement rattrapé par une autre mise à feu.
06:33Monsieur le ministre, attention, vous appuyez sur le bouton, que la couleur soit.
06:37Et hop, miracle.
06:38Bonne chance à la couleur, bonne chance à TF1.
06:41Lors de ces premières heures, toujours un petit peu hasardeuse.
06:44Mademoiselle va m'aider à mettre mon micro-cravate.
06:47Deux stars du petit écran sont intronisées.
06:49Alors votre village à vous, Denise, c'est ?
06:51Nice.
06:52Un grand village.
06:53Vous Evelyne ?
06:54Région Bordelaise.
06:55Evelyne Déliat et Denise Favre.
06:57Le 6 janvier.
06:58Coucou.
06:59Qu'est-ce que ça fait drôle d'en voir tout ça.
07:01Écoute, c'est fabuleux, on n'a pas changé.
07:04Un petit peu quand même.
07:06Et c'est un reportage dans le 20h de TF1.
07:10Sachez que mardi prochain, TF1 proposera une soirée spéciale avec Isabelle Hirth-Urburu et Gilles Boulot
07:17qui vont revenir sur les 50 ans de TF1.
07:20Ils vont faire une grande soirée en prime.
07:22Hier, c'est à vous, recevez Ferdi.
07:24C'est un petit prodige du saxophone.
07:26Vous l'avez vu ?
07:27Il a joué Carlos Whisper.
07:29Je me suis dit que c'était bien d'écouter.
07:30Il dit qu'il ne pouvait pas apparaître dans un endroit avec son saxophone sans qu'on lui demande ça.
07:34Un petit murmure.
07:46C'est pas mal.
07:47Non, c'est pas mal.
07:48Vous m'avez demandé quoi hier ?
07:49Je vous ai demandé quoi ? Je ne sais plus.
07:52On a bien fait d'aller chercher.
07:54Là, on apprend la mort de Gilles Dreux.
07:56Ça vous dit quelque chose, Gilles Dreux ?
07:58Il avait 90 ans et c'était ça, Gilles Dreux.
08:11Gilles Dreux, ça ne me parle pas.
08:13C'est les années 60.
08:14Il a été le premier Français après les Aphrodite Child et les Beatles,
08:18Claude François et Johnny.
08:19Ils étaient loin derrière lui.
08:21Ça a été un grand, grand succès.
08:25Il avait 90 ans.
08:26Ça ne vous dit rien ?
08:27Non, rien du tout.
08:28Donc, vous me piquez mon son musical de demain.
08:30Je vous pique votre son de demain.
08:32Est-ce qu'il va y avoir pas mal de dommages ?
08:33Non, c'est l'actualité.
08:34À 90 ans, si ça ne vous parle pas à vous, ça parle peut-être à certains de nos auditeurs malgré tout.
08:40Hommage à Gilles Dreux.
08:41Et hommage à Gilles Dreux.
08:42Je mettrai Nikos demain.
08:44Allez, on se retrouve dans un instant avec Marie Cabrette pour évoquer l'attentat de Charlie Hebdo.
08:50Attentat qui a décimé cette rédaction.
08:53Wolinski, Cabu, Schaarbe.
08:56Ils étaient 12 à avoir été assassinés dans cet attentat.
09:03Voilà.
09:05À tout de suite.
09:15Sud Radio Média.
09:17L'invité du jour.
09:19L'invité du jour, c'est Marie Cabrette.
09:21Bonjour.
09:22Bonjour.
09:23Je souffle parce que c'est une émission très pénible à faire pour moi aujourd'hui.
09:28Douloureuse, plus que pénible d'ailleurs.
09:30Douloureuse qui, je vous le disais juste avant l'émission, ravive des souvenirs très forts.
09:35Plus que les autres années d'ailleurs.
09:37L'anniversaire...
09:39Doit-on parler d'anniversaire ?
09:41La commémoration de l'assassinat
09:43des membres de la rédaction de Charlie Hebdo.
09:46Vous êtes présidente du mouvement du printemps républicain.
09:49Vous êtes en charge de la mémoire de Schaarbe.
09:51Vous transmettez sa mémoire.
09:53Vous nous racontez d'ailleurs la difficulté que vous avez parfois à faire jouer sa pièce dans de nombreux endroits.
09:58Vous avez été responsable des ressources humaines de Charlie Hebdo.
10:01Vous connaissiez évidemment très bien cette équipe.
10:05Aujourd'hui, pratiquement à la même heure, j'en ai des frissons,
10:09à la même heure, on commençait à voir apparaître sur les bandeaux des chaînes de télévision
10:14fusillades à Charlie Hebdo, 10 blessés, des morts.
10:18On ne savait pas, la situation était très confuse.
10:21Vous étiez où, vous, à ce moment-là, quand vous l'avez appris ?
10:24Je sortais d'un rendez-vous bancaire.
10:26J'avais éteint mon téléphone portable.
10:28J'ai allumé mon téléphone portable.
10:30J'ai vu un nombre de messages anormalement élevé.
10:33J'en ai écouté deux.
10:35J'ai compris tout de suite qu'il se passait quelque chose.
10:38J'ai appelé de manière frénétique, j'allais dire presque hystérique, Charles,
10:44désespérément.
10:46Je n'arrivais pas à le joindre.
10:48Je m'accrochais au fait qu'il soit vivant.
10:50Ensuite, je m'accrochais au fait qu'il était peut-être blessé.
10:54J'ai fini par apprendre qu'il était mort, qu'il avait été nommément assassiné.
11:02Là, j'ai hurlé comme jamais de ma vie.
11:06J'ai étouffé beaucoup.
11:08Il fallait que je hurle parce que je n'imaginais pas, comme personne d'ailleurs,
11:14des rafales de Kalachnikov dans une salle de rédaction en plein Paris.
11:18Mais je savais que Charles était menacé depuis des années.
11:23Pour rappel, l'affiche d'Al-Qaïda où il y avait sa photo,
11:27aux côtés de celle de Salman Rushdie, recherche pour crime contre l'islam.
11:33C'était bien une fatwa.
11:35Eh oui, ça s'appelle une fatwa.
11:37On peut rappeler que vous avez été la compagne de Charles pour nos auditeurs.
11:42Et surtout, moi, ce qui m'intéresse là-dedans, c'est que personne n'a vu les choses venir.
11:50Il n'y a pas eu de signes avant-coureurs ?
11:52Il y a eu des signes avant-coureurs depuis des années, en réalité.
11:57Le journal était menacé depuis des années.
12:02Et il y a eu des signes avant-coureurs qui n'ont pas été entendus
12:06sur la laïcité, sur la liberté d'expression,
12:10sur des sujets qui étaient, j'ai envie de dire, un peu comme l'air qu'on respire,
12:14une évidence, et qui ne le devenait plus.
12:17Et puis il y a eu la grande solitude du journal.
12:20Charles se battait pour le faire survivre.
12:23Il venait de trouver des fonds pour que le journal puisse continuer.
12:27C'était très difficile.
12:28Puis on rappelle quand même l'incendie des précédents locaux,
12:30où il y avait eu quand même, si on reprend les mots qui ont été prononcés,
12:34en particulier par les gens de la France Insoumise,
12:37enfin à l'époque ce n'était pas la France Insoumise,
12:39mais un certain nombre de personnalités qui étaient extrêmement choquants.
12:43Et encore aujourd'hui, ce sont les mêmes qui disent Ouimet.
12:47Ce sont des Ouimet qui inversent les choses, c'est-à-dire
12:51ce sont des Ouimet, il n'aurait pas fallu dessiner Mahomet,
12:54d'où on ne dessine pas Mahomet.
12:57Quelle loi dans notre République le dit ?
13:02Et ce sont des Ouimet qui inversent, qui mettent chacun,
13:08et qui a mis Charme en position d'accuser,
13:11et notamment cette accusation infâme, mais vraiment infâme, de raciste.
13:17Charme raciste, Cabu raciste.
13:19Comment, une seule seconde, on a pu laisser perdurer ces accusations-là ?
13:26Et ce mot d'islamophobie, Charme avait publié un livre
13:31en expliquant pourquoi ce terme n'avait pas de sens,
13:34était dévoyé, faisait le jeu justement des islamistes,
13:38qui faisaient bien la différence entre l'islam et l'islamisme.
13:42Et cette pièce, peut-être qu'on peut faire une petite parenthèse,
13:45enfin ce texte plus précisément, est joué régulièrement,
13:48et régulièrement vous vous êtes empêchés de la produire, de la faire jouer.
13:53Régulièrement on essaye, c'est surtout, si vous voulez,
13:58des réponses que je n'imaginais pas entendre,
14:02qui révèlent des choses qui me semblent assez graves.
14:06Notamment une d'entre elles, quand ce sont des élus
14:09qui me répondent que cette pièce est formidable,
14:12le projet de débat ensuite c'est formidable,
14:14mais qu'avant de donner un avis définitif,
14:18ils vont consulter l'imam de la ville.
14:21Depuis quand l'imam de la ville est l'adjoint à la culture ?
14:25Et ça, ça révèle quelque chose de précis,
14:28qu'un élu ou qu'un maire s'adresse à l'imam de la ville,
14:31c'est qu'il a peur.
14:33Et c'est qu'il a peur de quoi ?
14:35De dire la stigmatisation des musulmans,
14:38parce qu'on fait toujours ce genre de généralité,
14:41et moi ça me paraît excessivement grave.
14:43Mais s'il y a un attentat dans son théâtre,
14:45vous ne trouvez pas qu'il a raison d'avoir,
14:47je comprends ce que vous dites,
14:49mais il a aussi une responsabilité de se dire,
14:52si je joue cette pièce et il y a un attentat,
14:55est-ce que ça vaut le coup de perdre des vies
14:57pour une pièce de théâtre ?
14:59Non, ça ne vaut pas le coup de perdre des vies,
15:01jamais, pour rien.
15:03Mais on a une République qui nous protège.
15:06Et je suis bien placée pour vous le dire,
15:08puisque je vis depuis 10 ans sous protection policière.
15:11Donc effectivement, par rapport à la peur
15:15et par rapport à la crainte,
15:17il faut prendre toutes les mesures adéquates,
15:19et c'est le rôle des préfectures,
15:21et c'est un rôle qu'elles tiennent très très bien.
15:23Et vous, vous avez peur, disons, après ?
15:25Moi, je vis sous protection policière.
15:27Mais vous, est-ce que vous avez peur ?
15:29Moi, j'ai peur des 10 ans à venir en réalité,
15:35vu l'état des lieux, vu l'état des choses.
15:3810 ans, pour moi, c'est à la fois 10 ans de tristesse,
15:42il n'y a pas une journée où je ne pense pas à Charme,
15:44et je ne pense pas au 7 janvier,
15:46mais c'est aussi 10 ans de colère,
15:48quand je vois l'état des lieux,
15:50et tout ce qui s'est passé quand même pendant 10 ans.
15:52C'est ça, qu'est-ce qui s'est passé ?
15:54Qu'est-ce qui a changé ?
15:55Il y a eu ce formidable mouvement,
15:57cette manifestation dont on revoit les images,
15:59il y avait quoi, près de 2 millions de personnes
16:01dans les rues à Paris,
16:03« Je suis Charlie »,
16:04c'est la question que tout le monde pose aujourd'hui,
16:06et qu'est-ce qui reste de ce « Je suis Charlie » ?
16:08Qu'est-ce qui a changé ?
16:09Pas grand-chose finalement,
16:10puisqu'on voit qu'il y a encore des gens
16:12qui s'auto-censurent,
16:14et que la peur est toujours là ?
16:16Oui, tout à fait,
16:18et le slogan c'était « Je suis Charlie »,
16:20« Je suis policier », « Je suis juif ».
16:22Il y avait ces trois idées-là,
16:24fortes,
16:26notre socle commun.
16:28Aujourd'hui,
16:30qu'en est-il de l'antisémitisme ?
16:32Qu'en est-il de ce qui se passe
16:34avec nos policiers ?
16:36Faut-il rappeler Magnanville,
16:38un couple de policiers
16:40égorgés à son domicile ?
16:42Et ce « Je suis Charlie »,
16:44oui, mais,
16:46est toujours là.
16:48Tout à fait récemment,
16:50ce qui ne s'est dit,
16:52ou plutôt ce qui ne s'est pas dit
16:54à gauche,
16:56pour la libération de Boilem-Sensal.
16:58Vous en avez parlé à Jean-Luc Mélenchon ?
17:00Vous avez eu l'envie de l'appeler ?
17:02Non, je n'ai...
17:04Vous n'avez pas eu de contact avec lui depuis longtemps ?
17:06Non, je n'ai pas eu de contact
17:08direct avec lui,
17:10bien sûr qu'il va m'avoir au téléphone,
17:12mais ce...
17:14ce retournement
17:16entre ce discours
17:18qu'il a tenu
17:20pour l'enterrement de Charme,
17:22où il parle explicitement
17:24du fanatisme religieux,
17:26et son...
17:30la version où,
17:32en 2019, il va marcher,
17:34déchiller, à l'appel
17:36d'intégristes religieux,
17:38à l'appel d'imams radicaux.
17:40Voilà.
17:42Toute la journée d'aujourd'hui,
17:44il va y avoir beaucoup de programmes sur France 2,
17:46sur les chaînes de télé,
17:48on va rediffuser en boucle
17:50les extraits, avec évidemment
17:52les images de cette fusillade,
17:54on ne sait pas ce qui se passe...
17:56Non, pas les images, je n'ai pas eu d'images.
17:58Il y a eu des images en direct au moment
18:00où il y avait les caméras.
18:02Comment vous vivez de revoir ces choses-là ?
18:04Vous voulez échapper à ça,
18:06ou vous allez quand même regarder tous les hommages,
18:08ou ce qu'il va y avoir sur les chaînes d'info ?
18:10Je vais prendre sur moi,
18:12et je regarderai les images.
18:14Parce que, moi, je suis
18:16obnubilé,
18:18et je pense que je ne suis pas la seule.
18:20Pas d'oubli.
18:22Ni oubli, ni pardon.
18:24Pas d'oubli, ni pardon.
18:26Ce serait quand même un con qu'on me demande
18:28en plus de pardonner.
18:30Donc pas d'oubli, et l'autre chose,
18:32c'est pas d'oubli, mais c'est pourquoi
18:34c'est passé. C'est ça qui me paraît
18:36quand même un peu essentiel et important,
18:38de nommer
18:40cette idéologie,
18:42on l'appelle l'islamisme, on l'appelle l'islam politique,
18:44comme on veut,
18:46qui déteste la démocratie,
18:48qui déteste nos libertés,
18:50qui déteste
18:52les juifs parce qu'ils le sont,
18:54qui déteste les homosexuels parce qu'ils le sont.
18:56Donc ça me paraît aussi
18:58de mettre au cœur
19:00de ces commémorations ce qui a
19:02animé les 7, 8,
19:049 janvier 2015 et tout le reste.
19:06Mais à travers ça, est-ce qu'on stigmatise pas
19:08les musulmans qui, eux,
19:10n'y sont pas forcément ou peut-être pour grand-chose ?
19:12Il est hors de question de stigmatiser
19:14les musulmans et...
19:16Vous comprenez ma question.
19:18Je comprends votre question et je comprends,
19:20je sais aussi,
19:22parce que je suis entourée
19:24de tout un tas de gens, dont des musulmans
19:26qui savent très bien faire la différence,
19:28qui n'ont pas envie d'être pris pour des imbéciles,
19:30qui savent très bien
19:32la différence déjà entre
19:34l'islam et l'islamisme, quand même,
19:36et qui sont
19:38avant tout
19:40des républicains laïcs.
19:42C'est effectivement la question
19:44de se poser, de se positionner
19:46aux côtés de ces républicains
19:48laïcs, de confession musulmane
19:50ou pas d'ailleurs, parce qu'un athée
19:52et musulman ça existe aussi,
19:54et d'être à leurs côtés, d'entendre leur voix
19:56et à mon goût pas assez.
19:58Beaucoup de lâcheté,
20:00très peu de soutien
20:02finalement au cours de ces dix ans.
20:04Je ne sais plus, sur les réseaux,
20:06quelqu'un suggérait
20:08que tous les journaux publient
20:10des caricatures, c'est vous Marika,
20:12c'est ça, je l'ai retweeté, si tous les journaux
20:14le faisaient.
20:16Et si à l'époque Charlie avait été plus soutenu,
20:18les choses ne se seraient peut-être pas
20:20passées comme ça aussi. Il y avait ce coup de projecteur
20:22qui a été mis sur Charlie Hebdo
20:24et Philippe Vall qui était interviewé ce week-end
20:26et qui a marqué un long silence quand on lui dit
20:28est-ce que vous regrettez d'avoir publié
20:30ces caricatures ?
20:32Donc il n'y a pas eu de soutien des autres journaux non plus tellement.
20:34Non, il n'y a pas eu de soutien
20:36et j'ai effectivement posté ce message
20:38en disant
20:40est-ce que
20:42sur toutes les unes
20:44des journaux pour le
20:467 janvier 2015, il y aura un dessin
20:48de presse thème
20:50les dix ans, les commémorations.
20:52Je l'ai dit
20:54parce que je suis absolument persuadée
20:56que si
20:58les caricatures, les fameuses
21:00caricatures de Mahomet avaient été postées
21:02par tous les journaux,
21:04non pas par appréciation du dessin
21:06mais par soutien à la liberté
21:08d'expression, il n'y aurait pas eu de 7 janvier 2015.
21:10Pourquoi ils ne l'ont pas fait ?
21:12L'acheter,
21:14peur, hypocrisie, je ne sais pas, il y a un mélange
21:16de tout et puis je pense surtout
21:18à ce moment-là
21:20une inconscience, ne pas vouloir
21:22voir les choses.
21:24Est-ce qu'il y a des familles des autres dessinateurs, sans les citer,
21:26qui sont venues vous voir après coup
21:28en disant
21:30Charme n'aurait pas dû publier
21:32et voulant peut-être reprocher
21:34d'avoir pris cette décision
21:36où il y a eu une solidarité
21:38parmi les familles
21:40de tous ceux qui ont disparu,
21:42Cabu et les autres, où il y a eu un moment
21:44de se dire
21:46si on n'avait pas publié.
21:48Il y a plutôt une solidarité
21:50parce que
21:52si vous voulez, ce 7 janvier
21:54c'est indicible. Par contre,
21:56la question s'est posée.
21:58Alors,
22:00moi non, parce que
22:02je suis tellement en lien avec Charme
22:04qu'il n'y avait
22:06vraiment aucun regret.
22:08Mais la question, vous avez raison,
22:10et puis la question,
22:12moi je veux bien entendre la question
22:14et y répondre
22:16et répondre que
22:18si la peur
22:20gagne du terrain,
22:22c'en est fini de nos libertés.
22:24C'est ça qu'il faut entendre.
22:26Et ce que dit Philippe Valle dans cette interview
22:28ce week-end, c'est que tout le monde était d'accord
22:30pour les publier. Il dit s'il y en avait eu un
22:32qui s'y était opposé,
22:34je ne les aurais pas publiés. Donc toute la rédaction
22:36était solidaire
22:38et était d'accord pour publier ces dessins
22:40sans imaginer malgré tout
22:42les conséquences. Mais absolument,
22:44suite à la publication de ces caricatures,
22:46il y a eu un procès
22:48qui a été intenté par la Grande Mosquée.
22:50Et j'ai envie de dire ça, c'est très bien.
22:52Quand on n'est pas content, on va au tribunal.
22:54Le procès, le jugement
22:56a donné raison au journal.
22:58Ça aurait dû s'arrêter là.
23:00Sauf que ça ne sait pas ce qui s'est passé.
23:02On reste avec vous dans un instant, Marie Cabrette,
23:04juste après la pub.
23:06On va parler, on va continuer
23:08à évoquer la mémoire
23:10de tous ceux qui sont tombés
23:12sous les balles des terroristes et puis de Charlie Hebdo
23:14qui continue depuis dix ans à apparaître
23:16avec un numéro spécial
23:18de 45 pages qui paraît
23:20aujourd'hui.
23:24Le Supplément Média, toujours avec
23:26Marie Cabrette, présidente du
23:28Printemps Républicain. Vous êtes
23:30également celle qui transmettait la mémoire
23:32de Charbes et vous avez été
23:34l'ex-responsable
23:36des ressources humaines de Charlie Hebdo.
23:38Depuis dix ans,
23:40vous êtes évidemment
23:42extrêmement impliqué
23:44autour de cette
23:46mémoire, de l'explication
23:48de ce qui s'est passé.
23:50En tout cas, qu'on n'oublie pas
23:52Charlie Hebdo. Je redis qu'il y a un numéro
23:54spécial. C'est un
23:56aller en kiosque, l'acheter. Charlie Hebdo
23:58qui aujourd'hui tire à 50 000 à peu près
24:00exemplaires, 30 000 d'abonnements, 20 000
24:02en kiosque.
24:04Et vous, ça
24:06occupe 80 % de votre
24:08vie aujourd'hui ?
24:10De transmettre la mémoire de Charbes, oui.
24:12Ça occupe beaucoup
24:14de temps, d'autant plus avec
24:16les refus divers et variés.
24:18Ça occupe beaucoup
24:20de temps. C'est à la fois
24:22quelque chose de
24:24magnifique de transmettre l'œuvre de Charbes.
24:26D'abord parce que je raconte l'homme
24:28qui était magique,
24:30qui était généreux, qui était cultivé.
24:32Qui était d'une tolérance
24:34absolue pour l'avoir eu pendant des
24:36dizaines, pas des dizaines,
24:38d'années, mais pendant près de dix ans
24:40sur LCI dans mon émission.
24:42Il parlait avec tout le monde.
24:44Et il avait cette fulgurance
24:46qu'ont les dessinateurs de presse, de tout de suite
24:48voir où est
24:50le dessin et il dessinait
24:52comme ça sur les plateaux. Mais il n'avait aucun
24:54tabou, il parlait aussi bien avec des gens
24:56de droite,
24:58voire de droite extrême, sans tabou
25:00et sans aucun jugement
25:02et a priori. Aucun.
25:04Et il était d'autant
25:06plus
25:08passionné par son métier
25:10qu'il allait dans les écoles pour l'expliquer.
25:12Et ça c'est quelque chose que
25:14leur avait dit Cabu, il faut
25:16transmettre ce
25:18que c'est que le métier de dessinateur de presse
25:20parce que si nous on le fait pas,
25:22il n'y aura plus de dessinateur de presse.
25:24Et vous, vous continuez, vous allez dans les écoles
25:26pour expliquer ce que c'est
25:28que le dessin de presse, ce que c'est que la caricature.
25:30Comment est-ce que vous êtes accueillis ?
25:32Plantez-nous, faites un peu cet exercice
25:34aussi, il raconte qu'au début
25:36en tout cas, on lui disait, ils l'ont bien cherché
25:38tes copains. Ça existe.
25:40Cette réflexion là, elle existe.
25:42Moi je l'entends, bien sûr que je
25:44l'entends, mais moi j'ai
25:46envie d'aller au bout de ces discussions.
25:48Quand un élève me dit, finalement
25:50ils l'ont bien cherché, je veux absolument
25:52aller au bout de la discussion parce que si on la rend
25:54tabou cette question, on n'avancera pas
25:56voire pire, on reculera.
25:58Donc ça existe mais il y a aussi des belles réactions.
26:00Il y a aussi des élèves
26:02qui, quand j'explique ce que c'est
26:04que Charlie, le langage satirique, le dessin de presse
26:06etc. Il y a aussi des élèves
26:08qui me disent
26:10ah c'est ça, de façon aussi simple
26:12que ça. C'est ce moment où ils sortent des réseaux sociaux
26:14où on a cette discussion
26:16et finalement ils comprennent
26:18très très bien. Ils comprennent la liberté d'expression
26:20ils comprennent la laïcité
26:22ils comprennent tout ça. Et j'ai en mémoire
26:24cette réaction très récente
26:26d'une jeune fille, je pense qu'elle a
26:2812 ou 13 ans
26:30qui a vu que j'étais
26:32sous protection policière et qui a vu
26:34les deux hommes dans
26:36la salle qui n'auraient pas dû y être
26:38et qui me dit, il me regarde
26:40avec à la fois
26:42la tristesse dans son regard et aussi
26:44une certaine énergie. Il me dit mais
26:46liberté d'expression et protection policière
26:48ça ne va pas bien ensemble.
26:50Est-ce que lorsqu'on voit
26:52aujourd'hui est apparu
26:54je suis toujours
26:56Charlie, de plus en plus
26:58sur les réseaux sociaux, c'est un peu
27:00le petit logo qui apparaît après avoir
27:02eu le je suis Charlie
27:04est-ce que ça signifie encore
27:06quelque chose d'être Charlie
27:08quand on voit que
27:10par exemple on pourrait diffuser des
27:12dessins de Woloski, on dirait
27:14on rabaisse la femme
27:16on pourrait diffuser des dessins de Cabu
27:18ah il tape sur les vieux
27:20c'est honteux
27:22aujourd'hui on ne peut plus faire certains dessins
27:24même pas
27:26parce qu'ils sont religieux mais par exemple
27:28je parle de Woloski qui était très cul
27:30ou très sur la femme
27:32ça serait très critiqué
27:34donc le je suis Charlie n'est pas
27:36simplement religieux. Charlie continue
27:38c'est la meilleure des réponses
27:40c'est effectivement que Charlie continue, Charlie est un kiosque
27:42chaque semaine mais vous avez raison
27:44la notion d'offense
27:46et d'outrage a dépassé
27:48le domaine religieux
27:50avec ses
27:52qualificatifs de boomer
27:54et de choses comme ça
27:56ce qui est terrible c'est que ça ferme le débat
27:58quand on dit ça
28:00il va suffire effectivement de dire
28:02Woloski se misogyne
28:04et hop ça y est la discussion est terminée
28:06au lieu d'appréhender
28:08le dessin de Woloski encore faut-il
28:10le lire et de comprendre par exemple
28:12chez Woloski ces angoisses
28:14justement
28:16ce ne sont pas des dessins misogynes
28:18ce sont ces dessins qui racontent
28:20lui son rapport aux femmes
28:22et les angoisses qu'il avait
28:24par rapport à ça mais pour ça
28:26il faut le lire. Et quand vous voyez
28:28Cyril Hanouna qui met plusieurs unes de Charlie Hebdo
28:30même récemment parce qu'il est
28:32choqué, surpris
28:34et qui dit que c'est un journal honteux
28:36est-ce que vous le voyez ça ? Est-ce qu'on vous le rapporte ?
28:38Et lui qui a une parole
28:40auprès de la jeunesse, comment vous le vivez ?
28:42Ça m'est
28:44plutôt rapporté parce que je vais vous
28:46avouer je ne regarde pas Cyril Hanouna
28:48Mais on vous le rapporte. Mais on me le rapporte
28:50et puis surtout c'est diffusé sur les réseaux
28:52bien évidemment.
28:54Je regrette profondément que
28:56Cyril Hanouna
28:58se comporte de cette façon-là
29:00et pas que lui d'ailleurs
29:02et d'autres chroniqueurs sur son plateau
29:04parce que si
29:06Cyril Hanouna peut faire l'émission
29:08telle qu'il a fait aujourd'hui
29:10et il le sait, c'est parce
29:12qu'on a cette
29:14liberté d'expression
29:16en France. Elle est encadrée, il faut
29:18le répéter.
29:20La liberté de penser
29:22est absolue, la liberté d'expression
29:24ne l'est pas, elle est encadrée
29:26contre l'antisémitisme,
29:28le racisme, la phobie, etc.
29:30Et il y a des tribunaux
29:32mais simplement
29:34c'est avec cette liberté-là qu'il peut faire
29:36son émission, une émission qu'il ne pourrait
29:38pas faire dans de nombreux pays.
29:40Alors à l'occasion
29:42aujourd'hui il y a beaucoup d'émissions
29:44en mages, en printemps, mais également
29:46toute la journée avec des éditions spéciales
29:48qui ont même démarré
29:50dans Télématins pour France 2.
29:52Écoutez ce reportage
29:54de BFM d'un jeune
29:56qui raconte son engagement pour que l'esprit Charlie
29:58soit toujours là.
30:00Dans la jeune génération, Charlie Hebdo
30:02est de plus en plus décrié, voire critiqué.
30:04Martin Lhomme a 20 ans,
30:06il est journaliste à Charlie Hebdo
30:08et il a ressenti le besoin
30:10de créer une association pour aller parler
30:12de son journal aux jeunes de sa génération.
30:14Quand j'échange avec
30:16mes camarades de promo,
30:18qu'on échange avec d'autres jeunes
30:20à travers notre tour de France avec Génération Charlie,
30:22on se rend compte qu'aujourd'hui
30:24au sein de la jeunesse,
30:26le message que porte Charlie n'est parfois
30:28plus du tout compris. La jeunesse aujourd'hui
30:30est plus préoccupée par la
30:32libre expression
30:34de la religion que par
30:36finalement la protection de la liberté de conscience,
30:38de la liberté d'expression.
30:40Alors l'équipe de Charlie Hebdo,
30:42les anciens comme les nouveaux,
30:44tente d'expliquer et de transmettre
30:46cet esprit Charlie en allant voir
30:48cette jeune génération. Riss est ici
30:50avec des lycéens en Alsace
30:52pour la fabrication d'un numéro spécial
30:54du 7 janvier entièrement fabriqué
30:56par ses élèves.
30:58C'est une belle initiative.
31:00C'est une belle initiative et je rejoins
31:02Martin Lhomme. Il faut
31:04y aller.
31:06Au sein du Printemps Républicain,
31:08il y a une antenne jeune,
31:1018-21 ans
31:12et ils ont très vite compris
31:14qu'il fallait
31:16qu'eux aillent
31:18au front, comme on dit, pour expliquer
31:20les choses et pour
31:22s'adresser
31:24à ceux avec qui ils étudient
31:26tous les jours pour expliquer tout ça.
31:28Il y avait le projet d'un amphithéâtre charbe à la Sorbonne,
31:30ça en est où ? Nulle part.
31:32On n'a toujours pas de réponse,
31:34rien de clair.
31:36Je pense que ça n'ira nulle part.
31:38C'est quoi la réponse ? C'est la peur ?
31:40La pièce, est-ce que vous avez
31:42pu la jouer ? Je rappelle le titre.
31:44Le livre est toujours disponible
31:46et je vous recommande de le lire.
31:48Lettres aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes.
31:50Vous avez pu la jouer ?
31:52Jouer ce texte à la Sorbonne ou jamais ?
31:54On l'a
31:56joué
31:58une fois.
32:02Ça s'est d'ailleurs très bien passé.
32:04C'est là aussi où, à un moment,
32:06il faut arrêter d'anticiper.
32:08Vous parliez tout à l'heure des réactions et des possibles
32:10attentats. Il faut aussi penser
32:12que ça peut se passer très bien.
32:14Surtout qu'après
32:16la représentation, il y a un dialogue,
32:18il y a un débat. Donc on l'a joué
32:20une fois et c'est tout.
32:22Est-ce qu'il y a une captation ? Pourquoi ce n'est pas
32:24diffusé sur le service public ?
32:26La captation, c'est parce que
32:28nous, avec Gérald Dumont, qui est le
32:30metteur en scène du Théâtre K
32:32et qui fait cette proposition théâtrale
32:34et qu'on veut continuer à la jouer en direct,
32:36on veut continuer à proposer
32:38justement cet échange.
32:40Vous pouvez diffuser le débat après ?
32:42Après chaque représentation.
32:44On veut continuer à parler
32:46du blasphème, ce mot tabou,
32:48c'est-à-dire
32:50la critique du
32:52sacré, qui est aussi un
32:54cœur du sujet parce que
32:56dès que vous dites critique du sacré,
32:58vous avez tout de suite des personnes,
33:00et moi ce qui m'énerve le plus, à gauche,
33:02qui vous répondent stigmatisation.
33:04Mais non !
33:06La critique de divinité éternelle
33:08ne stigmatise personne.
33:10Et Charlie se moquait de toutes
33:12les religions, des curés,
33:14des prêtres,
33:16des imams et
33:18des rabbins. Il y avait
33:20énormément de... Et ce n'était pas
33:22la majorité. Je ne sais pas, il y a un camembert
33:24qui circule aussi sur les réseaux, qui montre
33:26que la majorité des dessins de Charlie Hebdo
33:28ne concernaient pas
33:30la religion. Et mourir
33:32pour des dessins, quand on y pense, c'est quand même
33:34d'une folie,
33:36d'une absurdité incroyable.
33:38Non seulement, ce n'était pas
33:40la majorité des dessins
33:42et des unes, d'abord parce
33:44qu'ils ne inventaient pas l'actualité,
33:46ils la commentaient. Et surtout,
33:48la religion qui a été
33:50particulièrement
33:52ciblée,
33:54c'est la religion catholique,
33:56c'est-à-dire, et notamment,
33:58c'est ces responsables religieux
34:00catholiques qui veulent continuer
34:02à se mêler de notre vie civile
34:04et politique. Et de toutes
34:06ces associations satellites
34:08qui ont intenté je ne sais pas
34:10combien de procès à Charlie sur des
34:12dessins qu'ils jugeaient offensants.
34:14Alors, au-delà de ça, au-delà de
34:16cet attentat, vous, vous avez perdu
34:18un compagnon. Et puis,
34:20il y a deux personnes qui ont perdu leur
34:22fils. Dimanche,
34:24il y a eu, dans le 20h de
34:26TF1, un sujet avec les parents
34:28de Charme, de la mère et du père
34:30de Charme. Et ça a montré
34:32aussi que l'attentat
34:34m'a mis aussi
34:36des familles dans un drame
34:38incroyable. Et ce n'était pas
34:40simplement Charlie Hebdo, c'était aussi
34:42des drames familiaux. Écoutez.
34:44Comment vous l'apprenez ? Par la radio,
34:46par la télé.
34:48Donc, je lui laisse des messages où ça en est,
34:50qu'est-ce qui se passe et tout. Toujours rien.
34:52Donc, on va
34:54voir devant la télé. On met la télé.
34:56Et là, la télé, ça défile
34:58blessé, Charme, blessé.
35:00Oh, il est blessé, peut-être.
35:02Mais bon. Puis après, c'est
35:04la brochette de mort.
35:06Donc, on se...
35:08On se... On tourne
35:10en rond.
35:12On est paniqués. On sait
35:14plus. C'est pas vrai. C'est pas
35:16arrivé. C'est pas... J'ai eu
35:18Hollande, le lendemain.
35:20Il m'a dit, je vais vous dire quelque chose,
35:22votre fils est un héros. Non.
35:24Mon fils, c'est pas un héros.
35:26Enfin, voilà.
35:28À 47 ans, Charme avait réalisé son rêve
35:30d'enfant. C'est un témoignage très
35:32fort, ce reportage de BFM.
35:34C'est Denise, sa maman.
35:36Le France 2, pardon. Et on voit
35:38son papa, Michel.
35:40Des parents
35:42que je trouve
35:44incroyablement dignes et courageux.
35:46Et vous avez raison
35:48de rappeler que
35:50ce jour-là, ce sont des histoires
35:52avec un petit H,
35:54mais formidables, des belles histoires.
35:56Des histoires de parents, des histoires
35:58de compagnons, des histoires
36:00de frères, de sœurs qui sont devenus
36:02l'histoire nationale avec un grand H.
36:04Et ça, c'est difficile à vivre
36:06parce qu'on a l'impression de perdre
36:08un petit bout de quelque chose.
36:10Je le dis d'autant plus que
36:12oui, Charme
36:14était mon compagnon et que
36:16quand nous étions sur des
36:18émissions de télé
36:20ensemble,
36:22vous voyiez pour séparer
36:24la vie privée,
36:26intime et la vie publique, justement.
36:28Ce ne sont pas des héros ?
36:30Aujourd'hui, ce sont des héros.
36:32Mais
36:34au 7
36:36janvier au matin, ce n'était
36:38pas des héros. C'était une bande
36:40d'amis
36:42qui faisaient un journal
36:44ensemble, qui
36:46se marraient souvent, qui s'engueulaient
36:48parfois
36:50et qui étaient contents
36:52d'être ensemble
36:54parce qu'on a beaucoup souligné
36:56des pseudos
36:58d'invergences et autres.
37:00Comme dans tout débat politique,
37:02il y en a. Mais avant tout,
37:04c'était une bande de potes.
37:06Il fallait assister à leur conférence de rédaction
37:08qui était quelque chose
37:10d'assez incroyable. Et même leurs engueulades étaient drôles.
37:12Par rapport à tout ce qu'on voit,
37:14c'est une question difficile.
37:16Ils ont vu la mort venir ?
37:20C'est une question
37:22qui, moi, me tarote concernant Charb.
37:26Puisque
37:28ça a été confirmé
37:30au procès de Peter
37:32Scheriff en septembre
37:342023.
37:36Charb a été
37:38nommément ciblé.
37:40Ils étaient à la recherche
37:42de Charb.
37:44Effectivement,
37:46son nom a été prononcé
37:48ce jour-là.
37:50Est-ce
37:52qu'il l'a vu ?
37:54Est-ce qu'il l'a vu ou pas vu ?
37:56Je n'aurai jamais la réponse. Par contre, je suis
37:58sûre d'une chose, c'est que jusqu'à la
38:00dernière seconde, il aura été debout.
38:02C'était ce qu'il disait.
38:04Je préfère vivre debout que mourir à genoux.
38:06On peut rappeler ceux qui sont
38:08morts, Cabu, Wolinsky,
38:10Charb, Tignous,
38:12Honoré, Bernard Maris,
38:14Elsa Kayad, Moustapha Hourad, Michel
38:16Renaud, Frédéric Boisseau, Franck
38:18Prince-Arlo, Ahmed Merabet,
38:20et plus récemment, Simon
38:22Fieschi, qui est
38:24décédé aussi, qui, lui, en avait
38:26réchappé, mais avec de terribles
38:28souffrances et de terribles blessures.
38:30Et puis, il y a tous les survivants, Luz,
38:32Ries,
38:34on pense à Philippe Lanson aussi, qui est resté,
38:36qui en a fait un livre magnifique,
38:38Ni oubli, ni pardon.
38:40Et de la tristesse et de la colère
38:42aussi, comme vous le disiez
38:44ce matin.
38:46Il y a ce petit livre
38:48qui est paru dans la collection
38:50Tenir la ligne, 40 dessins pour Charlie.
38:52Je ne sais pas si vous l'avez vu, qui est paru
38:54chez Galilée Marre, avec des dessinateurs
38:56du monde entier qui rendent hommage
38:58à Charlie Hebdo.
39:00C'est formidable, ça vaut 3,90 euros.
39:02Et puis, évidemment,
39:04le numéro de Charlie Hebdo, qui est en kiosque
39:06aujourd'hui,
39:08achetez-le, allez-y, ce sera un collecteur.
39:10Et au-delà de ça,
39:12un merveilleux
39:14hommage à ses victimes.
39:16Et plus il y aura de livres, plus je serai contente.
39:18De livres ?
39:20Bien sûr, sur les dessins, avec des dessins.
39:22Et dans les colonnes de journaux,
39:24plus je serai effectivement
39:26contente et plus je me dirai,
39:28ils n'ont pas gagné, les terroristes n'ont pas gagné.
39:30Merci Marie Cabrette d'avoir été avec nous
39:32ce matin. Nous, on se retrouve dans un instant
39:34pour les débats.