Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Jeff Wittenberg revient sur les questions qui font l’actualité avec Sébastien Chenu, Député RN du Nord et Vice-président du Rassemblement National.
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00:00Bonjour M. Chenu.
00:02Bonjour et bonne année.
00:04Merci d'être avec nous ce matin.
00:06On va parler dans un instant de votre rencontre
00:08cet après-midi avec Jean-Philippe Tanguy,
00:10un autre député du RN, avec le ministre
00:12de l'Economie et des Finances. Vous allez parler du budget
00:14mais d'abord on revient quand même avec vous
00:16sur l'événement de la semaine, la disparition
00:18de Jean-Marie Le Pen.
00:20Vous avez été assez élogieux
00:22dans le message que vous avez
00:24publié après l'annonce. Vous avez dit
00:26qu'il était un immense patriote,
00:28un visionnaire, un homme d'une immense culture
00:30qui a porté l'espoir de millions de Français.
00:32Et pourtant, lorsque j'ai réécouté
00:34par exemple une interview de vous en novembre
00:362023, vous disiez, je vous cite encore,
00:38que vous aviez adhéré au RN
00:40parce que Marine Le Pen avait rompu
00:42avec Jean-Marie Le Pen
00:44et notamment ses propos antisémites
00:46qui lui avaient valu des condamnations.
00:48Pourquoi vous ne les avez pas rappelés ?
00:50Parce que je pense que c'est l'histoire
00:52aujourd'hui qui est faite. Moi j'ai rejoint
00:54c'était encore le Front National
00:56il y a 10 ans et Jean-Marie Le Pen
00:58était, j'allais dire, sur la voie de la sortie
01:00pour des désaccords politiques
01:02manifestes qu'avait acté
01:04Marine Le Pen. Il y avait un désaccord,
01:06moi je n'ai jamais voté pour Jean-Marie Le Pen
01:08mais avec beaucoup d'objectivité
01:10j'ai rappelé qu'il avait ouvert les yeux
01:12de beaucoup de Français, de la classe politique
01:14en particulier, sur l'immigration.
01:16C'était ce côté visionnaire,
01:18cet objectif. Je crois que sans lui
01:20aujourd'hui la classe politique n'aurait pas abordé
01:22de la même façon ses problématiques migratoires.
01:24Pourquoi ne pas avoir aussi rappelé
01:26les zones d'ombre ? Je vais citer juste
01:28trois affaires parmi d'autres.
01:30M. Le Pen a été condamné pour contestation de crimes
01:32contre l'humanité lorsqu'il avait parlé de l'occupation
01:34allemande pas particulièrement inhumaine,
01:36de provocation à la haine raciale
01:38pour avoir ciblé la communauté des Roms
01:40et même pour injure, ciblant les homosexuels
01:42pour avoir établi un lien entre
01:44la pédophilie et l'homosexualité. Je cite trois affaires.
01:46Est-ce que ça fait de lui,
01:48je reprends votre expression, un immense patriote ?
01:50Oui, ça n'a rien à voir.
01:52Jean-Marie Le Pen émet par-dessus tout la France.
01:54Au-delà de ça, c'est un homme qui a eu des provocations,
01:56qui a commis un certain nombre de dérapages
01:58et dont l'expression
02:00était de plus en plus
02:02en désaccord avec ce qu'on pouvait attendre
02:04d'un homme politique qui concourait
02:06aux plus hautes fonctions. Il y avait des désaccords
02:08politiques de fond et d'expression.
02:10Raison pour laquelle Marine Le Pen
02:12s'est séparée de lui. Jean-Marie Le Pen
02:14a été exclue
02:16du Front National pour des raisons
02:18politiques. Il n'empêche qu'il émet
02:20la France par-dessus tout. Je crois que personne ne peut lui ennuyer.
02:22Le politique est aussi condamné
02:24par la justice. Bien sûr.
02:26Il a gagné des procès,
02:28il en a perdu. C'est vrai que
02:30c'était un homme politique qui
02:32a été particulier.
02:34Il était aussi l'héritier,
02:36le dernier héritier de la Quatrième République.
02:38C'est le plus jeune député de la Quatrième
02:40et c'était le dernier député vivant
02:42de la Quatrième République. Donc c'est un homme,
02:44une époque, une histoire.
02:46Vous lui pardonnez, en quelque sorte, M. Chemin ?
02:48Il passe de l'autre côté.
02:50Oui, je crois qu'il faut retenir, deux,
02:52plutôt les bonnes choses que les mauvaises.
02:54Donc aujourd'hui, vous ne voulez plus parler des mauvaises choses
02:56et le respect personnel que l'on doit,
02:58notamment au deuil à sa famille.
03:00Elles existent, mais il s'est battu honnêtement et sincèrement
03:02pour le pays. Donc c'est plutôt
03:04un modèle, aujourd'hui, vous diriez ?
03:06Vous savez, c'est la phrase d'Aragon. Je ne suis ni un modèle
03:08ni une excuse. Jean-Marie Le Pen n'est
03:10ni un modèle ni une excuse.
03:12Vous serez donc, je le disais, reçu tout à l'heure
03:14par Éric Lombard, le ministre de l'Économie et des Finances.
03:16Quelles vont être vos exigences,
03:18cette fois-ci ? On se souvient de vos lignes rouges
03:20avec le précédent gouvernement. Vous en avez des nouvelles ?
03:22Alors, nous n'avons pas de nouvelles lignes rouges,
03:24mais nous avons une logique.
03:26On va remettre, d'abord au ministre
03:28de l'Économie et des Finances, une liste
03:30de propositions d'économie. Nous,
03:32ce qu'on va lui demander, c'est, attaquez-vous
03:34aux économies tabou,
03:36au sujet tabou, l'immigration,
03:38l'aide au développement, la contribution
03:40à l'Union Européenne. Là, il y a de l'argent
03:42à aller chercher ailleurs
03:44que dans la poche des Français. Vous avez des propositions
03:46précises ? Nous avons des propositions précises.
03:48Je vous ai parlé de l'aide au développement. Par exemple, c'est
03:502 milliards et demi. On donne de l'argent à la Chine.
03:52Est-ce que ça, c'est bien raisonnable,
03:54lorsque la France a besoin de trouver
03:56des pistes d'économie ? Et on va lui dire
03:58une deuxième chose, pas d'impôts
04:00supplémentaires pour la France
04:02qui travaille ou qui a travaillé.
04:04Ça, c'est une ligne rouge très forte
04:06chez nous. Ne venez pas pénaliser
04:08les Français qui se lèvent tôt ou qui
04:10se sont toute leur vie levés tôt. Mais on se
04:12souvient, au mois de novembre et décembre,
04:14de ce que vous ne vouliez pas, la hausse de la taxe
04:16sur l'électricité, le déremboursement
04:18de certaines
04:20prestations médicales.
04:22Là-dessus, pour l'instant, vous n'avez pas
04:24d'inquiétude.
04:26Est-ce que c'est aussi concret que c'était
04:28il y a quelques semaines ? Quand c'était Michel Barnier,
04:30on nous avait dit que ce serait un budget
04:32qui ne fera pas la poche des Français. Et puis, on s'est aperçu
04:34que non seulement ce budget tapait
04:36les classes moyennes, les classes populaires, mais
04:38qu'en plus, il n'avait aucune incidence sur
04:40la réduction du déficit. Nous, on va dire
04:42à Éric Lombard, l'objectif,
04:44c'est quand même de réduire le déficit.
04:46Donc, il va falloir trouver des pistes d'économie
04:48et s'attaquer avec du courage à des économies
04:50qui, jusque-là, sont tabous.
04:52Aujourd'hui, je n'ai pas de signes. Je ne sais pas
04:54ce que le gouvernement veut faire. Pas de signes
04:56sur, par exemple, l'outre-mer,
04:58qui est important aussi dans le budget.
05:00Elle a dit, elle, lundi,
05:02justement, qu'elle entendait un mauvais signal
05:04lorsqu'elle croit comprendre
05:06que M. Lombard, le nouveau ministre de l'Économie
05:08et des Finances, va plutôt s'adresser à la gauche
05:10pour trouver des compromis qu'à vous.
05:12Vous avez eu cette sensation aussi ?
05:14Ça, c'est des jeux tactiques et politiques.
05:16Nous, on a été élus sur des idées.
05:18On a été élus sur un programme. Dans ce programme, c'est la défense
05:20du pouvoir d'achat des Français,
05:22en premier lieu. Donc, on va continuer à se battre
05:24pour les idées pour lesquelles nous avons été élus.
05:26On imagine bien qu'ils ne vont pas reprendre,
05:28que le ministre des Finances ne va pas reprendre le programme du Rassemblement
05:30National. Mais nous, on est là pour empêcher
05:32les sorties de route, empêcher que la France
05:34qui travaille soit pénalisée et
05:36s'attaquer réellement à la rente,
05:38au gaspillage,
05:40au train de vie de l'État. Il y a
05:42des milliards d'euros à aller chercher.
05:44Vous voyez aussi ce qui se passe. Le Parti Socialiste est allé plusieurs fois
05:46à la table, et de M. Bayrou,
05:48et de M. Lombard, pour dire peut-être
05:50qu'on va pouvoir négocier, notamment,
05:52sur la réforme des retraites.
05:54On verra, en tout cas,
05:56connaître une évolution.
05:58Est-ce qu'on reviendra sur la barrière d'âge des 64 ans ?
06:00Si le Parti Socialiste obtient quelque chose
06:02et dit qu'on ne censurera pas ce gouvernement,
06:04ça vous enlève
06:06votre arme fatale, en quelque sorte ?
06:08Il y a plusieurs choses. On sait qu'Eric Lombard,
06:10le ministre des Finances, a probablement raison.
06:12Les socialistes s'achètent pour pas cher.
06:14C'est pas cher de renoncer à la réforme des retraites ?
06:16Non, parce qu'à la fin, en réalité,
06:18ils ne vont pas renoncer à la réforme des retraites.
06:20Qui peut croire qu'Emmanuel Macron va laisser
06:22se découdre
06:24ce qu'il estime être
06:26sa grande œuvre de réforme ?
06:28À la fin, on va atterrir sur des mesures
06:30souvent inapplicables, sur la pénibilité.
06:32Et je crois que les socialistes, une fois encore,
06:34se seront fait avoir, mais ils le savent déjà.
06:36Parce qu'en fait, leur but, c'est pas de sortir le pays de l'ornière,
06:38c'est eux sortir de l'ornière de leur alliance
06:40avec la France insoumise.
06:42Donc ils sont prêts à devenir la béquille
06:44d'un gouvernement pour pouvoir se sortir
06:46d'un piège qui les intéresse eux
06:48mais qui n'intéresse pas les Français.
06:50Mais est-ce que vous vous satisferiez d'un gel
06:52de cette réforme ou vous voulez une abrogation
06:54pure et simple ?
06:56Nous, on souhaite une abrogation de cette réforme.
06:58Et d'ailleurs, c'est parce que la gauche a refusé
07:00de tricoter notre texte sur l'abrogation
07:02de la réforme des retraites qu'elle existe toujours.
07:04Cette réforme des retraites, nous, on l'avait proposée
07:06à l'Assemblée nationale. La gauche n'a pas voulu.
07:08Donc aujourd'hui, ils sont là à tourner autour du pot.
07:10La réalité, c'est que, évidemment,
07:12personne ne croit qu'Emmanuel Macron
07:14va laisser se détricoter cette réforme-là.
07:16Donc nous, on veut évidemment l'abrogation.
07:18Mais ça, c'est le rôle du Parlement.
07:20Faisons un débat, mettons les choses sur la table,
07:22faisons un vote, enfin,
07:24à l'Assemblée nationale, puisqu'il n'y a jamais eu de vote
07:26sur la réforme telle qu'elle est.
07:28Est-ce que vous vous sentez toujours en mesure
07:30de censurer ce gouvernement ?
07:32Rien ne nous en empêche. Moi, je vais découvrir
07:34avec le collègue Tanguy, nous allons découvrir
07:36les pistes qu'Éric Lombard
07:38propose aux Français.
07:40Nous allons lui faire nos propositions,
07:42parce qu'on ne le prend pas en traître, comme Michel Barnier.
07:44Nous, on explique ce qu'on veut. On ne prend pas
07:46le ministre des Finances en traître.
07:48Une dernière question. Marine Le Pen est-elle, oui ou non,
07:50invitée à la cérémonie d'investiture de Donald Trump ?
07:52Beaucoup de personnes au RN disent que non,
07:54mais certaines sources diplomatiques disent que oui.
07:56À ma connaissance, il n'y a pas d'invitation officielle
07:58qui a été faite à la présidente de notre pays.
08:00Et si elle l'est, vous lui conseillez d'y aller ?
08:02Non, je crois que ce n'est pas sa place
08:04ni son rôle que d'être à l'investiture
08:06de Donald Trump. Donald Trump n'est pas
08:08un président qui défend les intérêts des États-Unis.
08:10Contrairement à Éric Zemmour, qui lui ira et...
08:12C'est ce qu'il veut, Éric Zemmour. Mais attention,
08:14Donald Trump va défendre les intérêts des États-Unis,
08:16non les intérêts de la France.
08:18Merci beaucoup Sébastien Chenu, député du Nord,
08:20vice-président du RN.