Avec Béatrice Houchard, Journaliste & Bruno, auditeur de Béziers
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NewsTranscription
00:008h11 sur Sud Radio, on retrouve une autre voix familière de Sud Radio, c'est Béatrice
00:08Houchard.
00:09Bonjour ma chère Béatrice.
00:10Bonjour Jean-Marie.
00:11Journaliste, vous étiez éditorialiste au Sud Radio il y a quelques années dans le
00:13Grand Matin Sud Radio avec Patrick Roger et vous avez suivi, couvert on le dit dans
00:18le jargon comme ça pendant des années, voire des décennies, le Front National de Jean-Marie
00:23Le Pen.
00:24C'est aujourd'hui que le fondateur du parti sera inhumé auprès de ses proches d'ailleurs
00:27à la Trinité-sur-Mer.
00:28Les années Le Pen qui ont changé radicalement l'histoire politique de la France.
00:34On va se poser beaucoup de questions avec vous.
00:36Est-ce que la bataille des idées a été gagnée finalement, même de manière posthume, par
00:40Jean-Marie Le Pen ?
00:41Alors même, tiens d'ailleurs, on enterre Jean-Marie Le Pen aujourd'hui et la France
00:44est en pleine crise dans ses relations avec l'Algérie.
00:46C'est une ironie de l'histoire quand même particulièrement frappante.
00:49Oui, pour ce défenseur de l'Algérie française.
00:52La bataille des idées, en tout cas il a mis ses idées, et Marine Le Pen a pris la suite
00:59quand elle lui a succédé, il a mis ses idées au centre de la vie politique dès 1980, on
01:04pourrait presque dire 1984 quand il cartonne, si je puis dire, aux Européennes.
01:09C'était un véritable, on a souvent utilisé le mot séisme, pour séisme aux Européennes,
01:14séisme quand il était au second tour de la présidentielle.
01:16Vous aviez eu un premier résultat, c'était à Dreux dans l'Eure-et-Loire, 1983 au municipal,
01:20le tonnerre de Dreux.
01:21C'est en 1983 et une alliance, déjà la question de l'alliance elle ne se pose plus maintenant,
01:26les choses ont complètement changé, mais la question de l'alliance avec le RPR, il
01:29y avait eu à l'époque une alliance entre le Front National de Jean-Pierre Stirbois,
01:32qui était le numéro 2 à l'époque du Front National, et le RPR.
01:35Et la droite et le centre se sont englués jusqu'à quasiment au début des années 2000
01:41dans cette affaire faire alliance ou pas alliance.
01:44L'ironie de l'histoire c'est que Jean-Marie Le Pen disait « mais moi je ne veux pas d'alliance
01:47avec la droite, je veux les remplacer ». Et ça d'une certaine manière c'est ce qui s'est
01:50passé notamment avec les dernières législatives et Marine Le Pen maintenant.
01:53Exactement, et on va y revenir justement, on va se souvenir aussi de certaines séquences
01:57qui ont beaucoup marqué.
01:58Alors quand on parle de Jean-Marie Le Pen, il y a une date qui revient en premier, les
02:03français éberluaient devant leur poste de télévision ou alors en écoutant la radio
02:06qui découvre ceci.
02:0820 heures, voici notre estimation du résultat du premier tour de l'élection présidentielle.
02:15En tête Jacques Chirac, 20% des voix, énorme surprise Jean-Marie Le Pen, semble devoir
02:27être le second avec 17% des voix.
02:29Et le premier ministre Lionel Jospin qu'on croyait favori pour cette présidentielle
02:33en fait est éliminé dès le premier tour.
02:35Alors ça paraît banal aujourd'hui de voir le parti à la flamme tricolore au second tour
02:40de la présidentielle, ça ne l'était pas du tout à cette époque, c'était un choc
02:43immense et d'ailleurs c'est le seul premier tour qu'on connaisse par la date, on parle
02:47du 21 avril, tout le monde sait ce que c'est.
02:49C'est une date, ça a été un jour marquant dans la politique française, c'est certain.
02:53Un jour très marquant qui a tout changé, des millions de français vont se retrouver
02:57dans la rue pour faire barrage à l'extrême droite entre les deux tours, c'était le
03:01premier mai qu'avaient eu ces manifestations, c'est le premier mai qui a été le plus
03:03fréquenté à peu près où on a plus battu le pavé et ça a été un changement politique
03:08majeur.
03:09J'aimerais qu'on pose la question à quelqu'un qui nous appelle au 0826 300 300 du côté
03:12de Béziers.
03:13Bruno, bonjour.
03:14Bonjour Jean-Marie, bonjour à tous.
03:16Soyez le bienvenu sur Sud Radio.
03:18Vous, vous avez milité au Front National pour le coup pendant des années, vous êtes
03:22entré quand dans ce parti ?
03:23Je suis rentré en 1995, j'ai pris ma carte cette année-là.
03:28Pour la présidentielle ?
03:29Voilà, c'est ça, j'avais 20 ans et donc j'ai eu l'occasion de connaître Jean-Marie
03:36Le Pen quand je faisais des universités d'été du Front National de la Jeunesse au château
03:40de Roger Houlain, à Neuviss-sur-Barrinjon et donc j'ai eu cette énorme chance de le
03:47connaître dans un cadre un petit peu privé et intime, on va dire, entre 98 et 2002 lorsque
03:54je participais aux universités d'été du FNJ.
03:58Oui, du Front National de la Jeunesse, c'est comme ça qu'on l'appelait à l'époque
04:02cette organisation de jeunesse du parti.
04:04Quelle date la plus importante pour vous dans sa carrière politique, pour le militant que
04:08vous étiez ?
04:10Pour le militant que j'étais, je vais vous surprendre, 2002 évidemment, ça a été
04:15une énorme surprise.
04:16Le 21 avril ?
04:17Oui, mais moi, la date que je retiendrai le plus, c'est 58, parce que je me suis longtemps
04:22intéressé quand même à la vie et à la carrière de Jean-Marie Le Pen et donnez-moi
04:28aujourd'hui un homme ou femme politique du Sénat ou du Front National prêt à mettre
04:33son mandat de député à la poubelle et à aller mettre le tri pour aller se battre pour
04:38ses idées.
04:40Il était parti, effectivement, on rappelle un petit peu de contexte, en 1958, il est
04:42député poujadiste.
04:43Il part faire la guerre d'Algérie, il est engagé volontaire, il va s'engager dans
04:48la Légion étrangère et devenir parachutiste et c'est ça que vous retenez vous en tant
04:53que proche finalement et plus que sympathisant de Jean-Marie Le Pen.
04:58On va revenir avec vous dans quelques instants Bruno, avec Béatrice Houchard aussi parce
05:02qu'on va essayer de se poser plusieurs questions.
05:04Qu'est-ce qu'il reste des années Jean-Marie Le Pen ? En quoi son parti a changé ? A-t-il
05:09changé ? Est-ce qu'on a oublié ce qu'était aussi le Front National de cette époque ? On
05:13va se retrouver avec un certain nombre d'archives qu'on va retrouver avec vous tous à tout
05:17de suite sur Sud Radio.
05:18Sud Radio, le grand matin week-end, 6h-10h, Jean-Marie Bordry.
05:22Je crois aux choses réelles, je crois aux attachements et je crois aux devoirs hiérarchiques.
05:30C'est ce que je dis quand je dis j'aime mieux mes filles que mes nièces, mes nièces que
05:33mes cousines etc.
05:34Moi j'aime mieux les Français, j'aime mieux la France, puis j'aime mieux l'Europe et
05:38puis j'aime mieux l'Occident et puis j'aime mieux le monde libre.
05:42Une hiérarchie des 10 élections comme disait Jean-Marie Le Pen, avec le sens de la formule
05:46qu'on lui connaissait Jean-Marie Le Pen, le fondateur du Front National qui sera inhumé
05:50aujourd'hui à la Trinité-sur-Mer.
05:51On en parle avec notre invité, Béatrice Houchard, journaliste, éditorialiste et avec Bruno
05:57qui est avec nous, 0826-300-300 depuis Bézier, militant historique du Front National.
06:02Bruno, en un mot d'abord, militant historique, vous êtes toujours au Rassemblement national
06:06ou pas ?
06:07Non, j'ai arrêté de prendre ma carte, il y a une année et demie.
06:09Vous nous direz pourquoi dans quelques instants, parce que c'est une des questions qu'on va
06:11se poser notamment avec vous, en quoi le parti a changé et vous nous direz aussi.
06:15Avant ça, Béatrice Houchard, je le disais, on entendait Jean-Marie Le Pen qui expliquait
06:21ses préférences en quelque sorte, j'aime mieux mes filles que mes cousines, mes cousines
06:24que mes nièces et ainsi de suite et ainsi de suite.
06:26Tout était histoire de hiérarchie chez Jean-Marie Le Pen.
06:29Oui, alors sur les filles, ce qui est amusant, c'est que ça ne l'a pas empêché de quasiment
06:32renier Marie-Caroline Le Pen, sa fille aînée, qu'il n'a quand même pas vue pendant 20 ans.
06:36Il l'a revue pour ses 90 ans, donc ça n'est pas si vieux.
06:39On rappelle, elle avait pris le parti.
06:41Voilà, elle était partie avec son mari Philippe Olivier, qui est maintenant revenu avec elle
06:46d'ailleurs au Rassemblement national.
06:47Elle avait soutenu Bruno Maigret lors d'une rupture, d'une très grande violence à la
06:51fin des années 90 avec Bruno Maigret et d'autres députés, députés actuels, je pense à Bruno
06:56Bild, qui est député direct, était également parti dans l'équipe de Bruno Maigret.
07:01Donc, c'est vrai que les histoires familiales ont été souvent absolument tempétueuses.
07:05C'est un feuilleton, il faudrait faire une série télévisée, en fait, la famille Le Pen.
07:09Que vous avez vécu de près d'ailleurs, tiens, Bruno, vous.
07:12Oui, après, on peut aussi dire quand même qu'il a beaucoup pardonné Jean-Marie Le Pen,
07:17parce que sa vie n'a pas été facile.
07:19Il a beaucoup été attaqué physiquement, verbalement, mais il a pardonné, donc peut-être
07:23un peu tard à certaines personnes, mais aussi il a pardonné à Pierrette Le Pen, qui l'a
07:26quand même humiliée en public.
07:28Son épouse, sa première épouse.
07:30Voilà, sa première épouse.
07:31Après, il s'est marié avec Jeannie et il a quand même récupéré Pierrette Le Pen,
07:36qui n'était plus...
07:39qui n'avait pas une vie facile.
07:41Il a pardonné aussi à ceux qui l'ont trahi politiquement en 98, effectivement, avec
07:45Bruno Maigret. Malgré tout ça, moi, je trouve que, bon, il a fait preuve de beaucoup
07:51d'honneur dans toute sa carrière.
07:52Evidemment, vous l'admirez, ce qui est logique, d'ailleurs, Bruno.
07:56Puisque, pardon, je vais vous appeler Bruno Maigret par lapsus, excusez-moi, mais prenez
08:00surtout pas mal, ça n'aurait été jamais qu'un lapsus.
08:04Bruno, je voudrais qu'on écoute aussi une autre archive de Jean-Marie Le Pen.
08:08Est-ce que vous voyez des aspects positifs à l'immigration, qui était la question, le
08:12deuxième partie de la question ?
08:13Dans un certain sens, oui, quand c'est, bien sûr, si c'est Léonard de Vinci, c'est
08:18sûr.
08:19Bon. Le gros avantage que j'ai sur votre auditoire, c'est que moi, j'ai été
08:29travailleur manuel.
08:31J'ai eu des camarades immigrés marocains dans les mines.
08:35Vous n'en avez jamais vu qu'au cinéma.
08:37J'ai été marin pêcheur de chalutiers.
08:39J'ai été mineur de charbon.
08:41Quand vous en aurez fait autant, vous viendrez me donner des leçons.
08:44Pour le contexte, cette séquence a eu lieu devant l'électrice du magazine Elle, qui
08:49recevait tous les candidats à la présidentielle de 1995.
08:52Sens de la formule, éboutade, évidemment, Béatrice Houchard.
08:56Oui, grand sens de la formule, grand orateur.
08:58C'est un des plus grands orateurs que j'ai entendus en 40 ans.
09:02On pourrait citer d'autres noms.
09:03Jean-Luc Mélenchon, un très bon orateur.
09:05Je ne parle pas du contenu des discours des uns et des autres.
09:08Philippe Séguin était un grand orateur, mais Jean-Marie Le Pen était un formidable
09:11orateur dans ses grandes années.
09:14Goût de la provocation, envie de mettre, je cherche l'expression sans être grossière,
09:19de mettre le bazar dans le système politique, ce qu'il a parfaitement réussi.
09:22Il n'avait pas du tout envie de devenir président de la République.
09:25Avec quelques ans, on avait réussi à le lui faire dire, il y a quelques années.
09:29Mais être au centre du jeu et avec quelque chose, peut être qu'on dit moins,
09:33un grand besoin de critiquer le système,
09:39ce qu'il appelait l'établissement avec son expression.
09:41Et en fait, il avait très envie d'une espèce de respectabilité.
09:44Il avait très envie d'entrer quand même dans ce sérail et d'être reconnu.
09:48C'était, je pense que c'était quelque chose de très fort aussi chez lui.
09:50Alors, sens de la formule qu'on lui connaît.
09:52On ne reviendra pas aussi sur les dérapages antisémites et racistes multiples.
09:55D'ailleurs, il n'a pas tapé que sur les juifs, contrairement à ce qu'on raconte.
09:59Il a aussi raconté qu'il croyait en l'inégalité des races.
10:01Ça, il l'avait dit à la télévision et il parlait de toutes les races,
10:04de ce qu'il appelait en tout cas, lui, les races comme si elles existaient.
10:07J'aimerais aussi qu'on écoute cet extrait d'un congrès.
10:11C'était en 97, c'était à Strasbourg.
10:14Juste pour qu'on se rende compte aussi à quel point le discours de ce parti a changé.
10:19Écoutez la violence de la charge de Jean-Marie Le Pen contre tous ses adversaires politiques.
10:24Il prospère sur le fumier de la corruption politique,
10:28la décomposition morale, la pédophilie, l'insécurité,
10:33le chômage démoralisateur et le fiscalisme ruineux,
10:38l'injustice sociale et judiciaire, le totalitarisme pointe son mufle hideux.
10:4597, congrès du Front National à l'époque.
10:48On n'imagine pas Bruno, Marine Le Pen, parler comme ça ou même n'importe quel cadre du Front National.
10:54Oui, certainement pas.
10:56Mais ce discours-là que vous entendez de 1997, vous pouvez très bien le retranscrire aujourd'hui.
11:01La corruption,
11:04un régime qui vacille,
11:06des accords douteux entre certaines personnes, la fiscalité,
11:13qu'est-ce qui a changé aujourd'hui ?
11:15Et un autre mot quand même qu'il utilise, et ce n'était pas la première fois que le parti l'utilisait à cette époque,
11:19et qui était une accusation d'une violence et en plus un fondé à l'époque.
11:24Toujours, il accuse ses adversaires politiques de pédophilie quand même, Bruno, mais Béatrice Houchard,
11:29enfin c'est une violence inouïe.
11:31C'était un congrès en plus très particulier, alors moi j'y étais effectivement pour le travail, je précise.
11:38Il y avait à Strasbourg, il y avait des manifestations pendant deux jours en ville avec
11:43les people, je m'appelle le Patrick Bruel en tête de cortège, beaucoup de gens qui manifestaient.
11:48La ville de Strasbourg avait fait beaucoup de choses contre la venue du congrès.
11:52Et les militants du Front National qui étaient à ce congrès avaient pour consigne de ne pas aller dans le centre-ville
11:58pour éviter les affrontements éventuels.
12:01Donc c'était une tension qu'on a effectivement un peu de mal aujourd'hui à imaginer.
12:05Et je peux vous dire qu'à l'époque, quand on était dans la salle du congrès,
12:09et si on était journaliste, on se faisait plutôt insulter par les militants,
12:12ce qui n'est plus le cas du tout dans le Rassemblement National d'aujourd'hui.