Mercredi 13 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Benoit Vesco (Président, Delubac Asset Management) , Éric Venet (Directeur de la gestion, Montbleu Finance) , Florent Roulet (Partner & Head of Mobility, Bryan, Garnier & Co) et Hervé Goulletquer (Senior Economic Advisor, Accuracy)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h.
00:15Si vous nous écoutez et nous suivez en direct à la télévision via vos box, émissions
00:20que vous retrouvez chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble
00:24de vos plateformes préférées.
00:26Au sommaire de cette édition ce soir, une semaine après les résultats de l'élection
00:31américaine, un constat sans appel, Donald Trump fracture les marchés mondiaux, il y
00:37a les actifs américains et le reste du monde depuis une semaine, en tout cas c'est ainsi
00:43que les investisseurs jouent le facteur Trump ou intègrent l'arrivée du facteur Trump
00:49dans l'équation mondiale, autant les actifs américains ont été soutenus, que ce soit
00:55le dollar, que ce soit les small caps américaines ou les actions américaines dans leur ensemble,
01:00autant la situation est beaucoup plus compliquée, on l'a vu hier encore à travers une séance
01:05pour les actions européennes qui a été particulièrement douloureuse et le dollar qui est roi puisqu'on
01:10le voit à l'instant, le dollar qui continue sa progression face à l'ensemble des devises
01:15majeures et l'euro dollar qui passe donc en ce moment même sous le niveau de 1,06 avec
01:21en plus une inflation américaine qui reste un peu collante même si elle ressort en ligne
01:28avec les attentes du marché, le rapport sur l'inflation américaine pour le mois d'octobre
01:32a été publié en début d'après-midi, pas de surprise par rapport à ce qu'anticipait
01:36le consensus des économistes et on notera donc une légère remontée de l'inflation
01:41globale à 2,6% sur un an sous le coup notamment d'effets de base liés à l'énergie qui
01:47étaient beaucoup moins favorables au cours de ce mois d'octobre, pas de surprise donc
01:52sur les chiffres mais des chiffres qui restent quand même élevés, l'inflation coeur elle
01:56reste à un rythme de 3,3% sur un an à ce stade, voilà donc pour les enjeux du moment
02:04sur les marchés, nous en discuterons bien sûr avec nos invités d'ici quelques instants,
02:07Pauline Grattel vous aura rappelé avant cela toutes les informations clés du jour pour
02:12cette séance et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure
02:15thématique, nous nous focaliserons sur le thème de la mobilité, les acteurs de la mobilité qui
02:21ont connu des années très compliquées sont désormais entrés peut-être dans un âge différent,
02:26l'âge de la rentabilité pour les acteurs des nouvelles mobilités, des mobilités douces,
02:31nous en parlerons avec un spécialiste de la thématique chez Brian Garnier,
02:35Florent Roulet qui sera l'invité de ce dernier quart d'heure de Smart Bourse ce soir.
02:45On lance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur les
02:52marchés, Pauline Grattel est avec nous, bonsoir Pauline, le chiffre du jour donc c'était le
02:58chiffre de l'inflation américaine pour le mois d'octobre. Oui, les différentes données
03:01d'inflation ressortent parfaitement en ligne avec les attentes des analystes, l'indice des prix à
03:05la consommation progresse ainsi de 2,6% en octobre en hausse de 0,2% sur un mois,
03:12l'indicateur sous-jacent lui est en hausse de 0,3% sur un mois et s'établit à plus 3,3% sur un an en octobre.
03:20Quelle a été la réaction ou les réactions du marché obligataire après cette publication Pauline ?
03:25Le rendement de l'obligation américaine à 10 ans reste globalement stable autour de 4,40%,
03:30en Europe le rendement de l'obligation allemande à 10 ans est autour de 2,35%,
03:34à noter l'euro dollar aujourd'hui passe sous le niveau de 1,06.
03:39Du côté des indices actions aux Etats-Unis, c'est une tendance à l'équilibre à l'ouverture de Wall Street
03:45cet après-midi qui semble vouloir peut-être reprendre un peu son souffle.
03:49Oui, les grands indices consolident après les records de cette semaine et prennent note de la publication de l'inflation.
03:55En Europe, les marchés sont en repli, le CAC 40 perd encore du terrain après son décrochage de plus de 2,5% hier,
04:02résultat sous les 7200 points, le CAC est au plus bas depuis un an.
04:06N'oublions pas les crypto-actifs et le bitcoin dont on parle beaucoup depuis quelques jours à nouveau.
04:12Oui, le bitcoin évolue encore aujourd'hui à des records après avoir atteint les 91 000 dollars ces dernières heures.
04:18D'ailleurs, l'ETF bitcoin de BlackRock a atteint 40 milliards de dollars d'actifs en 211 jours, c'est un record pour un ETF.
04:26L'actualité des entreprises avec les fusions acquisitions et Sodexo qui signe un accord pour racheter un de ses concurrents américains, le groupe CRH Catering.
04:36Oui, cette acquisition dont le montant n'a pas été communiqué aura probablement lieu au premier semestre de l'année prochaine.
04:43Cette transaction va permettre à Sodexo d'être plus présent aux Etats-Unis, le titre étant légère hausse aujourd'hui.
04:48Nexens, de son côté, a présenté sa feuille de route stratégique Horizon 2028.
04:53Oui, l'entreprise portée par l'électrification dévoile donc ses nouveaux objectifs pour la période 2025-2028
04:59et attend un résultat opérationnel supérieur aux milliards d'euros.
05:04Sur la partie électrification en particulier, Nexens vise un taux de croissance entre 3 et 5% en organique.
05:10Le titre figure parmi les plus fortes hausses du SRD et gagne plus de 5% au cours de la séance.
05:15Et puis on a appris que BNP Paribas réduisait un peu la voilure en Chine avec quelques licenciements à la clé.
05:21Oui, selon Reuters, BNP Paribas a licencié une douzaine de salariés en Chine et à Hong Kong dans un contexte de ralentissement de l'activité sur le marché chinois.
05:29Plusieurs grandes banques mondiales réduisent également leurs effectifs sur ce marché depuis deux ans.
05:34Le titre BNP recule légèrement.
05:36Qu'est-ce qui marquera la séance de demain pour les investisseurs sur les marchés Pauline ?
05:40En zone euro, les investisseurs prendront connaissance de la deuxième estimation du PIB pour le troisième trimestre
05:44et de la production industrielle du mois de septembre.
05:47Aux Etats-Unis, les prix à la production d'octobre sont attendus.
05:50Enfin, Jerome Powell prendra la parole demain.
05:53Et côté micro, les investisseurs arbitreront les résultats de Alstom et de Cisco publiés ce soir.
05:58Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smartbourse, Pauline Grattel nous apporte les infos clés du jour sur les marchés.
06:14Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:17Eric Venet est avec nous, le directeur de la gestion de Montbleu Finance.
06:20Bonsoir Eric.
06:21Bonsoir Grégoire.
06:22Hervé Goulette-Kerr nous accompagne également, seigneur économique advisor d'Accuracy.
06:25Bonsoir Hervé.
06:26Bonsoir Grégoire.
06:27Benoît Vesco est également avec nous. Bonsoir Benoît.
06:29Bonsoir Grégoire.
06:30Vous êtes le président de l'UBAC Asset Management, une semaine après les résultats de l'élection américaine.
06:36Regardons un petit peu ce qui s'est passé sur les marchés.
06:38Le premier constat un peu grossier, Benoît, c'est de se dire qu'il y a effectivement les actifs américains d'un côté,
06:46le dollar, les actions, les small caps américaines qui ont largement profité du résultat de l'élection américaine,
06:53et le reste du monde qui, non seulement n'en a pas profité, mais en a même peut-être souffert.
06:58Je repense à la séance d'hier qu'on a eue sur les actions européennes,
07:02notamment avec une punition de l'ordre de 2% pour les grands indices actions en Europe.
07:07Oui, effectivement, la victoire de Trump est sans appel au niveau politique,
07:12mais les marchés US ont eux aussi engrangé une victoire sans appel face aux autres marchés, ça c'est clair.
07:18Alors ce qu'on voit là, c'est qu'on se raconte peut-être une trop belle histoire,
07:23mais on verra dans les mois et trimestres prochains.
07:25Si je résume, c'est un peu simpliste, mais c'est un peu l'idée générale.
07:30Plus de protectionnisme pour les entreprises américaines, donc moins de concurrence étrangère.
07:36Des baisses d'impôts, une fiscalité plus légère aussi bien pour les entreprises que pour les ménages.
07:41C'est un tableau un peu trop idyllique probablement,
07:46mais dont les marchés profitent à court terme, parce que clairement,
07:49à court terme, c'est plutôt une bonne nouvelle pour ces marchés américains.
07:53La suite est probablement plus compliquée.
07:55Quand on dit plus de protectionnisme, du soutien fiscal,
08:01ça aboutit quand même à un moment donné à des scénarios économiques plus inflationnistes,
08:07probablement un peu de pression sur la croissance.
08:10Donc le deuxième temps sera plus compliqué.
08:12Là, pour le moment, le marché US a envie de profiter de ce moment-là.
08:16Et puis la fin de l'année, il y est peut-être aussi pour quelque chose.
08:19C'est un bon timing pour finir au plus haut.
08:21Et clairement, de l'autre côté, les marchés étrangers hors US sont un peu sonnés,
08:25parce que vous avez en face de vous un président qui, on l'a appris, est parfois imprévisible.
08:32Et puis n'hésite pas à mettre de la pression très forte
08:36sur l'ensemble des négociations commerciales qui l'auront amené.
08:40Donc voilà, on est dans ce moment-là qui va se prolonger encore,
08:43parce qu'encore une fois, il y a la fin de l'année, il y a des annonces, il n'est pas encore honnête.
08:48– Le système fait qu'il sera en poste à partir du 20 janvier prochain.
08:52– Donc on va rester, on va probablement surfer sur cette vague d'optimisme.
08:57Arriveront les premières annonces qui sont probablement très proches de ce qu'il dit
09:01et ce qu'il a envie d'annoncer, puisqu'il est élu sur cette base-là.
09:05Et ensuite, on verra cette année.
09:07Et on ne sera pas probablement à l'abri de quelques surprises,
09:10parce que pour le moment, on raisonne très US et pro-US, ce qui est très bien.
09:14Mais on peut imaginer plein d'autres effets de bord à un moment donné.
09:19Regardez par exemple le secteur du luxe qui est très français.
09:22Si je baisse les impôts des plus riches américains,
09:25est-ce qu'à un moment donné, ils ne vont pas utiliser cet argent-là
09:28pour acheter quelques biens de luxe ?
09:32– Bien sûr, tout le jeu de l'investisseur va être d'essayer de trouver les opportunités
09:36que Trump va pouvoir créer pour des secteurs chez nous par exemple.
09:40– Voilà, c'est toute la difficulté, c'est-à-dire qu'il faut voir
09:44qu'est-ce qui est stable dans le temps, qu'est-ce qui ne l'est pas,
09:46qu'est-ce qu'il faut jouer à court terme pour capter cette tendance,
09:50qui est très favorable, et on ne peut pas rester à côté
09:52quand on doit générer de la performance.
09:55Mais ce moment est très intéressant et il évoluera dans le temps.
10:00Et parfois avec un président qui peut le faire évoluer de manière brutale.
10:04– Je reste frappé sur cette première semaine de marché,
10:07de la décorrélation qui a pu se créer tout de suite entre les actifs américains
10:10et le reste du monde américain.
10:13– Oui, je crois qu'il y a aussi un décrochage macroéconomique,
10:17c'est-à-dire que l'idée de Trump c'est la dérégulation.
10:20Donc en fait, on y va, on baisse les impôts, on dérégule…
10:24– Peut-être une de ses premières priorités, les nominations du jour
10:27avec Elon Musk, le département dédié à l'efficacité gouvernementale.
10:31Mais bien sûr que c'est énorme, mais ça montre bien dans l'agenda
10:34effectivement que la partie dérégulation est quelque chose de structurel dans la politique de Trump.
10:39– L'idée c'est de créer un appel d'air pour le business et pour la croissance.
10:44On sait que c'est inflationniste, donc pour moi c'est une course de vitesse en fait.
10:46Si ça fonctionne, la mayonnaise prend.
10:48Parce qu'en fait, c'est la psychologie qui est très importante, les enjeux économiques.
10:53On n'arrive pas à le capter en macroéconomie,
10:56mais pour moi ça me paraît tellement fondamental.
10:59Donc si vous créez un appel d'air et libérateur de croissance,
11:03qui va plus vite que l'inflation, qui de toute façon va arriver en fait,
11:09parce que ce même électeur américain qui a voté pour Trump,
11:13il a aussi voté parce qu'il y avait trop d'inflation.
11:16Donc il est prêt dans un premier temps à mettre un peu de côté l'inflation
11:21s'il voit des opportunités de croissance, de travail, ainsi de suite.
11:26Donc c'est un changement par rapport à nous les économistes
11:30où on attendait simplement une baisse d'état au cours,
11:33mécanique, ils disaient que la baisse d'état au cours,
11:36donc amélioration progressive de l'environnement économique.
11:39Là c'est fondamental, c'est un grand pari.
11:41Où ça fonctionne ?
11:43Eh bien on aura été sur le fil du rasoir avec ça.
11:46Où ça ne fonctionne pas très très bien tout de suite,
11:49et tout de suite la facture va être très lourde.
11:51C'est pour ça qu'on arrive.
11:53Et de toute façon, ça ne peut marcher qu'aux Etats-Unis,
11:56et l'Europe de toute façon ne peut que perdre dans un premier temps.
11:59Sauf si elle dit bon ben voilà,
12:01on va tellement perdre qu'il va falloir qu'on se bouge un peu.
12:03Donc c'est pour ça que ça me paraît logique,
12:05parce que c'est un appel d'air, on y va.
12:08Et donc si on y va, il faut acheter les marchés globalement.
12:12Et c'est important que le Russell monte,
12:14parce que ce n'est pas deux, trois valeurs.
12:16C'est bien visé, c'est-à-dire qu'en fait,
12:19allez, on lui donne un a priori qui va fonctionner.
12:24Fait crédit !
12:25Si on peut, enfin je ne sais pas si ça se trouve, il n'y a aucune...
12:28Mais si on veut essayer de donner une explication,
12:31pour moi c'est celle-là.
12:32Et donc ça va être très très vite,
12:34soit dans les prochaines statistiques,
12:37on a un peu de croissance et l'inflation ça va se maintenir,
12:41soit on n'a pas de croissance,
12:43comme on sait que l'inflation va arriver,
12:45tout de suite ça va peut-être arrêter,
12:48enfin ça va ralentir les expectatives, enfin les espérances.
12:52Les attentes, c'est le côté un peu fast and furious de Trump.
12:56Fast, il peut aller vite, il a les marges de manœuvre politique,
12:59et le Congrès pour aller vite.
13:01Furieux, s'il peut mettre la barre assez haut,
13:05et on verra dans quelle mesure ça peut fonctionner.
13:08Ah oui, non, non, mais alors,
13:10pour servir, c'est que comme on dérégule
13:12et qu'on licencie pas mal dans les agences fédérales,
13:15on va chuter en demande publique,
13:18donc en fait le pari il est double,
13:19c'est-à-dire qu'un, il faut que la croissance privée
13:23prenne le pas sur la croissance publique,
13:25et soit plus rapide que l'inflation,
13:27puisque ce qu'on a choisi avec les barrettes tarifiaires,
13:30enfin l'immigration, est de toute façon inflationniste.
13:34Bien sûr.
13:35Bon, ça pose la question de savoir effectivement,
13:37quelles sont les marges de manœuvre de Trump,
13:38et jusqu'où il aura intérêt à utiliser les marges de manœuvre politique
13:42qu'il a pu se dégager avec cette élection du 5 novembre dernier, Hervé.
13:48La partie régulation, c'est intéressant,
13:50parce que c'est vrai que ça fait partie des annonces du moment
13:52qui éclairent le nouveau mandat de Donald Trump.
13:56Elon Musk sera en charge d'un département d'État,
13:58ou en tout cas sera leader au sein d'un département d'État
14:02dédié à l'efficacité gouvernementale.
14:05Je crois qu'il en a beaucoup parlé avant, Elon Musk,
14:07et puis bon, il a quand même financé à hauteur de quoi ?
14:11130, 150 millions de dollars la campagne de Trump,
14:15il fallait bien qu'il y ait un truc qui lui revienne à un moment.
14:17Mais est-ce qu'effectivement l'agenda Trump et la dérégulation,
14:22est-ce que c'est quelque chose qui peut aller très vite, très fort ?
14:25Quel type d'effet est-ce que ça peut produire
14:26sur l'économie américaine, selon vous, Hervé ?
14:29Alors, première chose, les démocrates ont perdu à cause de l'économie,
14:34et Trump a gagné à cause de la politique,
14:37il a gagné par la politique.
14:40Ce qu'on attend de Trump, c'est du leadership et de l'initiative.
14:45Dans les sondages sortis des urnes, c'est tout à fait clair.
14:49Donc en fait, il y a Trump parlant aux électeurs,
14:54et Trump parlant à l'économie.
14:57Et est-ce que tout ça s'est emboîté correctement ?
15:00Ce n'est pas certain.
15:01Trump parlant aux électeurs,
15:04ça va être la question de l'immigration qui va être première.
15:08Il y a 12 millions d'immigrants en situation irrégulière aux États-Unis,
15:13quel va être leur sort ?
15:15Et je pense que dans le sentiment que les choses ne vont pas bien,
15:20il y a eu un tel coup de projecteur sur la question de l'immigration
15:24et je pense qu'on va avoir une réaction sans doute rapide.
15:27D'ailleurs, il n'y a qu'à voir dans les premières nominations,
15:29la question de l'immigration était sur le moment.
15:31On a le tsar des borders, des frontières qui a été nommé,
15:34et Trump l'a répété après l'élection, il n'y a pas de price tag
15:37sur ce projet de renversement du flux migratoire,
15:40il n'y a pas d'étiquette à vendre, ce n'est pas un projet négociable.
15:43Donc on a ça, mais là, très vite, on bascule sur l'économie.
15:48Il y a 12 millions d'immigrés en situation irrégulière
15:54dont beaucoup travaillent, 7 ou 8 millions au moins,
15:58face à un chômage aujourd'hui qui est de 4%.
16:01Vous avez quand même là déjà un premier couac dans le système économique,
16:08vous voulez créer de la croissance, peut-être par la dérèglementation,
16:13peut-être par les baisses d'impôts,
16:15mais il faut être capable de créer cette croissance,
16:18et ce qu'on voit sur le marché du travail ne pourra pas complètement le créer.
16:23Donc ça, il y a une première difficulté.
16:26Donc en fait, voir les choses côté demande, la baisse de la fiscalité par exemple,
16:34ça vient vite buter sur la question offre.
16:37La déréglementation, oui, ça, on peut le faire,
16:41bon, il n'empêche qu'exactement quelles vont être les conséquences macroéconomiques
16:47de la déréglementation, c'est compliqué à dire.
16:50Alors, les conséquences de moyen terme, on pourrait dire que ça va pousser à une concentration,
16:55et donc on va peut-être avoir de la création, d'une part, des animal spirits,
17:02mais d'un autre côté, ça va renforcer les gros joueurs dans un certain nombre de secteurs,
17:07voir la synthèse de tout ça, c'est compliqué.
17:12Moi, j'ai envie de dire qu'il y a un coup de chapeau aujourd'hui,
17:16on a envie de rêver au caractère vertueux du programme de Trump,
17:21en sachant que ce n'est pas vertueux,
17:23parce que quand vous mettez l'immigration, quand vous mettez les droits de douane,
17:28tout ça, c'est inflationniste, sur un terrain qui s'est bien calmé,
17:32mais qui n'est pas encore complètement stabilisé,
17:34les chiffres du jour des prix à la consommation le rappellent.
17:37Donc, en fait, le moyen terme, on a envie de dire que si Trump va au bout de son programme,
17:43mais peut-être qu'il n'ira pas au bout de son programme,
17:45donc ça, il faut être bien prudent avec le sujet,
17:48on aurait plutôt plus d'inflation, moins de croissance,
17:51et ça va un peu à l'encontre de l'histoire qu'on a envie de raconter.
17:56Donc, pour moi, ce n'est pas une histoire, c'est un coup de chapeau.
18:00– Quant à M. Musk, et donc son rôle de remettre de l'ordre
18:07dans les dépenses de la Fédération américaine,
18:11il faut bien voir que les dépenses de la Fédération américaine,
18:14il y a des dépenses obligatoires qui sont pleines de dépenses sociales,
18:18et Musk ou pas, Trump ou pas,
18:21ça va être drôlement difficile de vendre aux Américains l'assurance santé.
18:27– Trump n'a jamais enlevé Obamacare ou tous ces sujets-là,
18:31comme il le promettait dans la première version de son mandat.
18:35– Et la retraite publique de base, on ne reviendra pas dessus non plus.
18:38Donc après, il faudrait s'attaquer aux autres dépenses discrétionnaires,
18:43dans les dépenses discrétionnaires, il y a de l'investissement,
18:46il y a des dépenses de défense,
18:48les dépenses de défense, on ne les touchera pas dans le contexte actuel,
18:52et les dépenses d'investissement, alors là, on peut faire un choix,
18:55aider certains, ne pas le faire avec d'autres.
18:57Mais en fait, Musk, il va quand même être sur un terrain
19:01où sa marge de manœuvre va être extrêmement faible.
19:04Donc voilà, moi, d'autant plus faible qu'il sera peut-être obligé
19:08quand même de se sortir de certains dossiers
19:09avec le nombre de conflits d'intérêts qu'il va y avoir.
19:12Je veux dire, il va piloter la dérégulation
19:15ou des coupes budgétaires dans des administrations
19:17qui sont ses autorités fidèles pour ces activités,
19:20que ce soit chez Tesla, chez SpaceX, etc.
19:23Enfin bref, ça va être un sac de noeuds pas possible, quoi.
19:26On est quand même dans un cadre américain institutionnel assez fort,
19:31donc il va vouloir agir par ordonnance, c'est vrai,
19:34pour aller plus vite que passer par la loi,
19:38mais quand même, on est dans un pays où le poids du juridique est très fort,
19:41et donc il va se prendre des procès partout.
19:45Alors après, il y a le temps du droit qui est un temps assez long,
19:48mais il y aura des contestations juridiques,
19:52de tout, et donc sur l'ambiance,
19:55et donc sur sa marge de manœuvre politique,
19:58voilà, c'est pas évident.
20:01Éric ?
20:02Je crois que c'est vraiment un découpage temporel.
20:04S'il arrive à maintenir cette illusion,
20:07enfin, ou cet cercle vertueux que j'ai essayé d'évoquer suffisamment longtemps,
20:13ça peut fonctionner.
20:16Peu importe la marge d'Elon Musk,
20:17le fait qu'Elon Musk soit nommé, c'est juste hallucinant.
20:22On aurait dit ça il y a deux mois, tu m'as dit, mais t'es genre, voilà.
20:25Il y a deux mois, on commençait à le voir,
20:27mais il y a six mois, oui, je suis d'accord avec vous.
20:29C'est que des symboles, enfin, c'est que des...
20:32Je crois qu'on réalise, enfin, peut-être que je me trompe,
20:36mais je crois que c'est la puissance des symboles, des attentes.
20:39Alors, il faut que ça délivre très vite,
20:41mais peu importe, si c'est business et que ça fonctionne,
20:45on mettra de côté tout ça, sauf si ça marche pas,
20:48et là, ça sera violent.
20:52C'est juste, pour moi, un risque important.
20:55Bon, ça va poser un certain nombre de sujets
20:57pour la réserve fédérale américaine également, j'imagine, Benoît,
21:01et les autres banques centrales par voie de conséquence.
21:03Le marché s'est déjà quand même bien réajusté sur le chemin,
21:09la vitesse de baisse de taux de la réserve fédérale américaine.
21:12Le marché voit un taux d'arrivée autour de 4% désormais,
21:15ce qui est quand même une correction assez notable
21:17par rapport à un moment où on devait voir peut-être 3%
21:19pour le taux d'arrivée américain.
21:21Le rôle de la réserve fédérale, il n'a pas été simple ces derniers mois,
21:26parce que, sous pression de l'arrivée de ces élections,
21:29on peut se poser la question de l'intérêt des premières baisses de taux directeurs
21:34dans un environnement où l'inflation n'était pas totalement jugulée,
21:38où le taux de chômage ne remontait pas encore clairement.
21:40Je pense qu'il y avait quand même cette pression électorale
21:44et faire monter le taux de chômage juste avant les élections.
21:46Il n'y aurait pas eu cette élection le 5 novembre 2024,
21:49ce n'était pas évident que la FED fasse 50 points de base le 18 septembre,
21:53suivi de 25 la réunion suivante le 7 novembre.
21:56Probablement que l'économie ne plaidait pas en faveur
21:59de temps de mouvement de la réserve fédérale.
22:02Même chose pour la prochaine réunion.
22:04Ça va être difficile, je pense, pour la réserve fédérale de passer son tour.
22:09Elle peut le faire, mais ce ne sera pas simple malgré tout.
22:12Pourquoi ? Elle s'est engagée et pour une question de crédibilité,
22:18ce serait dur pour elle de ne pas refaire encore 25 points de base en décembre ?
22:22Je pense aussi de polluer le débat politique
22:25et d'amener à des décisions politiques encore plus jusqu'au boutiste,
22:29qui ne ferait que compliquer ce sujet de terreau inflationniste
22:32qui n'est pas totalement éteint et qui peut se raviver très rapidement
22:36si un certain nombre de décisions sont prises.
22:38Je pense qu'ils sont dans une période vraiment compliquée,
22:41le marché l'a compris, et comme vous le disiez, il s'est réajusté.
22:44Il a bien compris qu'on anticipait successivement, mois après mois,
22:49des cycles de baisse de taux directeurs qu'on n'a jamais vraiment eus
22:52et qu'on n'aura peut-être jamais vraiment à ce point-là.
22:55Je pense qu'il faut attendre l'arrivée au pouvoir de Trump
23:00pour qu'elle revienne à une politique probablement un peu plus stricte
23:04ou en tout cas stable dans ces niveaux de taux directeurs.
23:08Du côté de la BCE, je dirais que le sujet est complètement différent.
23:11Là, je pense qu'il y a beaucoup moins de débats
23:13et qu'il y a encore peu de temps, la BCE regardait le niveau de l'euro-dollar
23:21en se disant « je ne veux pas d'inflation importée, ce n'est pas le moment ».
23:25À mon avis, ce débat est terminé.
23:27Ça devient secondaire, là ?
23:28Je pense que ça devient secondaire et c'est même peut-être une petite bouffée d'air
23:32pour les entreprises européennes dans un monde un peu plus protectionniste,
23:35en tout cas à court terme.
23:37Et puis, on voit bien que la croissance est possible
23:40et qu'il faut faire absolument quelque chose face à des politiques
23:44qui sont forcément en zone euro en ordre dispersé, comme d'habitude,
23:47et qui doivent se battre avec un gouvernement américain
23:50qui lui arrive uni et avec les pleins pouvoirs.
23:52On a la seule autorité en zone euro qui est unique, c'est bien la Banque centrale.
23:58Donc c'est la seule, encore une fois, qui peut agir vite et faire quelque chose.
24:02Mais si j'entends bien, sous Trump, on va avoir,
24:05ça implique une réserve fédérale américaine sans doute moins accommodante
24:10que ce qu'on imaginait ou que ce qu'on aurait pu avoir,
24:13alors qu'à l'inverse, ça impliquerait pour la BCE d'être plus rapide,
24:18plus accommodante que ce qu'elle prévoit peut-être d'être aujourd'hui.
24:22En tout cas, ça a changé le chemin à suivre du côté de la Fed.
24:27Ça l'a clairement réduit, ce chemin de baisse des taux directeurs.
24:31Et pour le moment, ça ne change pas le mouvement de baisse des taux directeurs de la BCE.
24:35Et quand on regarde l'euro de vie, l'euro dollar, clairement, on en a pris conscience.
24:40Ça peut nous amener à la parité euro-dollar, ça, Hervé ?
24:44Si on extrapole un peu ces tendances ?
24:48Si on a moins de remontées des taux américains que ce qu'on pensait, peut-être pas.
24:54Mais moi, ce que j'aurais envie de dire sur la Banque centrale américaine,
24:59il suffit de regarder un taux à 10 ans américain, trésor public.
25:05Par rapport au point bas de septembre, on a fait plus 80 centimes, c'est quand même beaucoup.
25:10Il y a un peu d'inflation là-dedans, il y a 30 centimes à peu près d'inflation.
25:14Ce qui veut bien dire qu'on est dans un environnement où sur les prix, on se méfie un peu.
25:18Il y a de primes de termes, donc de mouvements attendus de taux courts demain.
25:25On a pris 40 centimes et sur le taux réel, on a pris 10 centimes.
25:30Donc en fait, le regard du marché obligataire sur Trump, il est assez pessimiste et il est assez orthogonal par rapport à celui des actions.
25:38Il nous dit en termes de croissance, rien ou à peu près rien.
25:42En termes d'inflation, on aura et la Banque centrale sera obligée d'agir.
25:46Et moi, je trouve que le regard du marché obligataire est plus sage que le regard du marché actions.
25:53Et en même temps, la volatilité obligataire est quand même assez haute,
25:58contrairement à une volatilité actions qui est très basse.
26:01Et là encore, la volatilité obligataire est synchrone avec un risque politique qui a augmenté, avec un risque géopolitique qui a augmenté.
26:10Donc il y a un environnement macro, macro réel, macro financier, qui est assez cohérent et qui rend prudent.
26:18Et puis d'un autre côté, il y a un environnement plus micro où on est un peu comme Perrette et son pot-au-lait.
26:25Où on espère des tas de trucs en faisant attention que tout ça ne tombe pas par terre.
26:30Donc en fait, sur les taux américains, oui, je suis d'accord.
26:35La Fed, avant qu'on lui torde éventuellement le bras, parce que ça, on n'en sait rien,
26:41et on ne sait pas bien quel sort sera réservé à Jerome Powell.
26:45En gros, est-ce qu'on va le pousser à démissionner ou pas ? C'est cette question.
26:49Il perdrait son meilleur ennemi, Donald Trump.
26:51Oui, mais je pense que des ennemis, il en a beaucoup, donc il en retrouvera.
26:58Le bouc émissaire facile, quoi.
27:00Donc en fait, c'est vrai qu'elle est forcée d'être prudente.
27:03Et donc le marché de taux a bien raison de revoir à la baisse le nombre de...
27:10Et nous, en Europe, on va s'aligner sur cette prudence de la Fed ?
27:13Ou est-ce qu'on va continuer à minimiser ce qu'on a prévu, voire un peu plus ?
27:18Moi, je trouve que la BCE, aujourd'hui...
27:20Enfin, on avait déjà eu un écart important par rapport à la pensée bundesbankienne avec Draghi,
27:27mais aujourd'hui, avec Christine Lagarde, en ne le montrant pas,
27:32mais on a quand même un écart assez incroyable.
27:35L'inflation, elle n'est pas sur la cible.
27:38Vous prenez le noyau dur, on est à plus de 3%.
27:42Et en fait, la BCE nous dit, scrogneugneu,
27:46j'ai des modèles qui nous disent que l'inflation va rentrer dans le rang.
27:49Alors, elle sait que c'est du côté des services que ça ne va pas.
27:52On est à plus de 4%.
27:53Mais elle dit, moi, mes modèles me disent que les services vont vite revenir vers 2%.
27:57Donc, on y est.
27:59Et ça, ce n'est pas l'inflation observée,
28:02c'est l'idée qu'elle se fait de l'inflation, possiblement demain,
28:06mais on pourrait avoir d'autres idées et dire que ce n'est pas le cas.
28:09Donc en fait, oui, aujourd'hui, elle pilote l'activité.
28:12Donc il y a 10 ans, la BCE n'aurait pas agi de la même manière ?
28:15Si on avait pris la BCE il y a 10 ans, on n'aurait pas eu ces 25 points de base
28:21avant la Fed, etc.
28:22Et donc, sur l'activité, évidemment, elle est inquiète.
28:26Ce n'était déjà pas fameux avant,
28:28même si le troisième trimestre a plutôt été une bonne surprise en termes de croissance.
28:32Donc, on pourrait avoir le sentiment que ça va un peu mieux.
28:34Le PMI d'octobre du secteur manufacturier était un peu moins mauvais.
28:38Un petit souffle cyclique, conjoncturel, porteur.
28:41Il n'empêche que face aux enjeux ou aux interrogations que l'on a,
28:46on craint pour la croissance, à juste titre, on craint pour la croissance.
28:50Et donc, elle s'est créée son nouveau mandat, si j'ose dire, un peu toute seule.
28:55Ce n'est pas complètement dans le débat démocratique,
28:58ce n'est pas dans les textes européens, tout ça.
29:01Mais voilà, elle le fait, donc elle va continuer à le faire.
29:04Aller jusqu'à 2 %, ce qui doit être à peu près les anticipations de marché,
29:09c'est peut-être gonflé.
29:10C'est peut-être gonflé, donc à mon avis, comme aux Etats-Unis,
29:13on reverra la hausse, mais pour le moment, elle est comme ça.
29:16On a des grandes banques qui sont à moins de 2 % sur le taux terminal
29:19de dépôt de l'ABCE fin 2025.
29:22Des grandes banques qui visent 1,50.
29:24Car moins l'ABCE ira vite, plus elle attendra,
29:27plus certains estiment qu'elle devra en faire beaucoup plus.
29:31C'est toujours un peu le problème de ces fonctions de réaction
29:34d'une banque centrale européenne, en l'occurrence.
29:37Les faits sont têtus, tout au moins, les prix sont têtus.
29:40Et un jour, ils vont quand même être face à tout.
29:42Je pense que ça a quand même changé pour l'ABCE,
29:45et que ça met une pression un peu plus sur l'ABCE pour baisser encore plus vite,
29:49ou plus longtemps, comme on veut.
29:52C'est tôt, parce que ce qu'on n'a pas en croissance,
29:57on l'a en frais financiers, donc comme on ne peut pas dynamiser la croissance,
30:02parce qu'on est empêtrés par plein de trucs,
30:06le seul levier qu'on a, c'est les frais financiers.
30:08J'ai discuté encore avec des PME, ils ont une demande,
30:12mais ils sont égorgés parce que les banques ne peuvent pas suivre,
30:14ou ne veulent pas suivre, peu importe, et les coûts financiers sont importants.
30:18Donc, le seul levier qu'on a, c'est appuyer peut-être un peu plus
30:24qu'on aurait dû il y a quelques temps, qu'on aurait fait il y a quelques temps,
30:27mais notre Trump à nous, c'est la garde, c'est dire, allez, il faut...
30:32C'est pour l'instant la première ligne de défense.
30:34Ou d'attaque, il ne faut pas être négatif,
30:37mais d'appuyer et d'avoir une volonté européenne de faire quelque chose.
30:42C'est pour ça que ce n'est pas de défense, je réfute le dossier.
30:45Allez, on va... Et ça peut être un signe...
30:49Encore une fois, si c'est bien vendu, là aussi, c'est un signe psychologique.
30:55Ok, on s'en prend plein, partout, c'est Trump, Trump, Trump,
30:58eh bien nous, on va essayer de prendre la main sur les taux.
31:03J'ai vu deux excellentes nouvelles en provenance de l'Europe,
31:05je guette maintenant les bonnes nouvelles,
31:07je ne regarde plus que les bonnes nouvelles en provenance de l'Europe.
31:10Hier a été annoncé, dans la foulée du Sommet européen qui se tenait en fin de semaine dernière,
31:16Bruxelles autorise, va autoriser et va donner de la flexibilité pour l'utilisation
31:21d'un fonds de cohésion, des fonds de cohésion européens
31:24qui sont distribués aux différents États membres,
31:26qui sont généralement des montants dédiés à la résorption des inégalités dans les différents pays.
31:32Il y avait plus de 390 milliards d'euros de fonds de cohésion sur la période 2021-2027
31:38qui sont budgétisés par l'Europe et encore à louer aux États,
31:43seuls 5% des montants ont été alloués.
31:45Bruxelles a dit, on va pouvoir réorienter ses fonds vers du financement de la défense,
31:51du financement de l'industrie de défense dans les différents États.
31:56On verra jusqu'où ça peut aller, mais c'est quand même déjà une flexibilité énorme
32:00qui est utilisée par Bruxelles, qui montre qu'à la fois il y a des ressources
32:03et qu'il suffit d'avoir la volonté de les employer au bon endroit.
32:07L'autre excellente nouvelle, selon moi, c'est le calendrier allemand qui s'accélère.
32:11C'est-à-dire que peut-être que le 23 février, on aura autre chose que simplement la BCE
32:17pour agir en première ligne, peut-être qu'on aura un paysage politique allemand
32:21plus allant, plus constructif, notamment sur la partie budgétaire et fiscale
32:28et donc plus en soutien également de la réponse européenne face à l'administration Trump.
32:35Qu'est-ce que vous en dites, Benoît ?
32:36Déjà que c'est bien de regarder les bonnes nouvelles et de nous les annoncer.
32:41Elle n'a pas été plus...
32:43Les fonds de cohésion, c'est un peu passé sous le radar, mais c'est beaucoup d'argent quand même.
32:47Mais c'est vrai que ce n'est pas une question de moyens en zone euro,
32:51c'est vraiment une question de cohésion et d'organisation.
32:55Et malheureusement, pour le moment, dans ce moment, on voit bien qu'il y a deux temps dans l'esprit.
32:59Il y a un premier temps où on est clairement challengé à l'international par les US,
33:05notre zone européenne, mais aussi en interne.
33:08Les élections anticipées en Allemagne sont un autre exemple en interne.
33:12Donc on a cette période de réorganisation.
33:14Alors effectivement, toute la question, c'est est-ce que ça nous permet un sursaut européen qui,
33:19à un moment donné, mais on voit bien que ça, c'est un temps un peu plus long,
33:23nous permet de réagir et de se réorganiser.
33:27On a les moyens financiers.
33:29C'est une question de volonté de les libérer, de les libérer suffisamment vite.
33:34On a eu l'épisode de l'Ira aux États-Unis et face à ça, l'Europe a réagi,
33:39mais toujours pareil, en mettant les moyens, mais en les déployant pas suffisamment vite.
33:44Donc c'est toujours ce problème là.
33:46Est-ce que ce nouvel avertissement, qui est quand même très fort du côté américain,
33:51est suffisant pour déclencher un sursaut ?
33:53Je pense que ça va prendre du temps encore malheureusement.
33:56Et ce qu'on se dit tout à l'heure, c'est qu'on a au moins cette Banque centrale européenne qui est encore là.
34:01Alors on peut le déplorer parce que c'est exactement le même épisode que l'épisode Draghi.
34:05On revient sur ces mêmes sujets, c'est-à-dire qu'on a une Banque centrale qui est capable d'agir à un moment donné.
34:10Ce qui est une bonne nouvelle.
34:12Il faudrait qu'on ait plus.
34:13Mais qui doit endosser effectivement la charge, toute la charge sur ses épaules.
34:16Exactement.
34:17Mais voilà, on a vraiment ce sujet politique, mais on a aussi un sujet de défense qui doivent petit à petit se mettre en place.
34:24Plutôt le sentiment que ça va prendre du temps encore, ces sujets-là.
34:29Hervé, sur la réponse de l'Europe, et mes bonnes nouvelles ?
34:32Écoutez, excusez-moi d'être désagréable, mais moi j'ai l'impression que les bonnes nouvelles ne sont pas aussi bonnes que ça.
34:40D'abord sur les fonds structurels, c'est vrai que traditionnellement on les dépense peu.
34:46Donc on est encore dans ce cadre-là.
34:48J'ai entendu une remarque d'une observatrice qui m'expliquait que certains pays en Europe ne sont pas aussi bons que d'autres pour dépenser les fonds qui leur sont attribués.
34:57Les fonds structurels.
34:58Il y a ceux qui savent dépenser, ceux qui savent moins bien dépenser.
35:00Ils sont plutôt alloués aux pays les moins riches de l'Union Européenne.
35:06Et donc si vous voulez les flécher vers l'industrie de défense, vous allez les flécher vers les gros pays européens pour beaucoup.
35:14Vous allez les flécher vers l'Allemagne, vers la France.
35:16En partie vers l'Italie.
35:18Et donc les autres vont hurler.
35:21Et donc en termes de cohésion, ça va être un peu compliqué.
35:24Donc voilà, moi je veux juste dire que l'exécution ne va pas être simple.
35:29Maintenant l'Allemagne, alors la situation politique était bloquée, on la débloque.
35:35Néanmoins, on est face à deux obstacles devant.
35:38D'abord, extrême droite et extrême gauche vont faire 30% des résultats.
35:43Et comme c'est un scrutin largement proportionnel, doublement proportionnel plutôt, ça va se voir au bout de stag.
35:52Et deuxièmement, la CDU de M. Merce, donc M. Merce, futur chancelier,
35:58Il y a 30%, elle aussi.
36:0035.
36:02Entre 30 et 35 selon les sondages.
36:07Mais en fait, avec Trump aux Etats-Unis,
36:12Merce, qui est plutôt de la droite de la démocratie chrétienne allemande,
36:16va avoir, je pense, un discours assez droitier.
36:21Donc en fait, ça va plutôt pas mal marcher avec une France qui est un peu à droite,
36:25avec une Italie qui est un peu à droite,
36:28des Pays-Bas qui sont assez à droite aussi.
36:31Et donc, on va avoir politiquement, je dirais,
36:35plutôt, pas un virage, mais une translation vers la droite,
36:40au Parlement européen.
36:42Dans ce cas-là, qu'est-ce qui va se passer ?
36:44Est-ce qu'on peut imaginer que la majorité de rechange qui existe,
36:48aujourd'hui, on a une union entre le centre-gauche...
36:51C'est le bloc central, toujours le bloc central.
36:53Mais en fait, le PPE, le Parti Populaire Européen,
36:58c'est l'expression, à Bruxelles, de la démocratie chrétienne allemande,
37:01pourrait très bien s'allier avec la droite dure.
37:04Est-ce qu'on va avoir ça ?
37:06Moi, je pense que ce n'est pas une hypothèse à oublier.
37:10Donc, on aurait cela.
37:12On s'entendrait mieux politiquement avec les Etats-Unis,
37:15donc on ferait plus amis-amis.
37:17Très bien, mais dans ce cas-là,
37:19l'idée d'aller plus loin dans l'intégration européenne,
37:23l'idée d'aller plus loin dans l'intégration de la défense européenne,
37:26ça ne se fera pas.
37:28Et donc, on aura un hiatus entre politique et économique,
37:31peut-être encore plus grand que celui que l'on a aujourd'hui.
37:35Et donc, je trouve que quand on tire le fil,
37:37je ne suis pas sûr que ça soit bien.
37:39Optiquement, on dira,
37:41l'alliance occidentale est confirmée, est renforcée.
37:45Mais dans la réalité d'une Europe capable de se prendre en main,
37:50moi, voilà, j'ai quelques doutes.
37:53Et donc, les nouvelles que je lis,
37:56peut-être que je suis grincheux, mais...
37:58Oh non, non, mais on a tous le droit d'être,
38:00déjà Hervé,
38:02je peux pêcher par excès d'optimisme sur l'Europe,
38:05notamment, il n'y a pas de doute là-dessus.
38:08Mais vous dites effectivement,
38:10attention,
38:12une Europe de la droite ou des droites
38:15ne serait pas forcément une incitation énorme
38:18à une autonomie stratégique vis-à-vis d'une administration Trump,
38:22par exemple.
38:24Éric, on est un peu dans la spéculation,
38:27je ne sais pas,
38:29mais je voudrais juste dire que
38:31c'est une bonne nouvelle de réalisme politique.
38:33Je me suis dit qu'il n'y en avait pas d'autre.
38:35Attendre jusqu'en septembre,
38:37je ne vois pas ce que ça apportait de mieux,
38:39plutôt que d'avoir un calendrier accéléré.
38:41C'est mieux que rien, mais je trouve ça très bien.
38:43Sauf que c'est une réponse budgétaire.
38:45Mais c'est tellement symbolique,
38:47en fait.
38:49Ce n'est pas une réponse budgétaire dont on a besoin.
38:52C'est bien de l'avoir,
38:54surtout quand un pays comme l'Allemagne
38:56se porte trop bien du point de vue budgétaire.
38:58On est d'accord.
39:00Je pense qu'il faudrait qu'on ait une réponse
39:02qui ne soit pas budgétaire
39:04à la keynésienne.
39:06On a besoin de réformer complètement
39:08le circuit économique européen,
39:10tout simplement.
39:12Une fois qu'on a dit ça, on n'a rien dit.
39:14C'était juste que j'aimais le symbole.
39:16C'est toujours plus facile de le faire qu'en accommodant
39:18un peu les choses.
39:20La réponse budgétaire, ça aide aussi parfois
39:22le chemin des réformes.
39:24Effectivement.
39:26Merck n'a rien promis.
39:30D'ailleurs, le marché a brièvement interprété
39:32l'annonce d'une nouvelle élection
39:34comme étant que l'Allemagne va ouvrir
39:36les vannes budgétaires.
39:38On verra.
39:40Je pense que tout est à un degré différent
39:42peut-être en Allemagne de ce point de vue.
39:44Sur les marchés,
39:46actifs américains,
39:48il ne faut pas trop s'en éloigner.
39:50Le momentum est là.
39:52Il ne faut pas le renier totalement.
39:54Il est là jusqu'à la fin de l'année.
39:56Tout le monde y aura intérêt.
39:58En Europe, c'est clairement plus compliqué
40:00à court terme.
40:02Il faut trouver dans ces marchés
40:04les acteurs qui peuvent bénéficier de ce moment américain.
40:06Ce qui n'est jamais simple.
40:08Vous allez citer Dux ?
40:10Par ricochet, ça peut l'être
40:12la bonne surprise.
40:14Ce qui n'est pas toujours facile à anticiper.
40:16La difficulté, c'est que tant qu'on n'a pas
40:18le président aux manettes,
40:20c'est vraiment de l'anticipation
40:22d'une potentielle décision qui n'est pas prise.
40:24Ce n'est pas évident.
40:26Marché européen à court terme, un peu plus sous pression,
40:28c'est évident.
40:30On voit bien qu'ensuite, les choses vont se dérouler différemment
40:32puisqu'on est bien dans un cycle
40:34de baisse d'étau directeur en zone euro.
40:36Ça reste favorable aux marchés actions.
40:38Tout simplement.
40:40On pourra bénéficier de ce mouvement-là
40:42dans un deuxième temps, une fois que cet effet
40:44US-victoire électorale est passé.
40:46Je pense qu'on le retrouvera,
40:48mais probablement dans un deuxième temps,
40:50plutôt en début d'année prochaine,
40:52une fois cette période un peu passée.
40:54Sur les marchés obligataires,
40:56la bonne nouvelle, c'est qu'on a
40:58des taux monétaires qui restent
41:00favorables, qui vont baisser, mais qui restent favorables.
41:02On a un marché obligataire qui est resté
41:04au final à des niveaux de taux
41:06relativement attractifs, aux Etats-Unis
41:08clairement, et en zone euro aussi.
41:10Ça permet d'avoir des portefeuilles
41:12assez équilibrés, se donner
41:14un peu de temps pour bénéficier d'un potentiel
41:16sur les marchés actions, alors US
41:18à court terme, zone euro dans un deuxième temps,
41:20et puis capitaliser sur du rendement
41:22très attractif, sur des obligations
41:24de très bonne catégorie.
41:25Ça reste du fond de portefeuille.
41:27On est encore dans cet univers-là,
41:29et ce moment obligataire
41:31peut-être d'une génération, j'en sais rien.
41:33Clairement, c'est une bonne nouvelle.
41:35Les actifs émergents,
41:37dans ce contexte ?
41:39Plus challengés pour le moment à court terme,
41:41mais là aussi, il faudra regarder dans un deuxième temps
41:43parce qu'on va retrouver
41:45des bonnes affaires à un moment donné.
41:47Il y a la première réaction de marché,
41:49et puis effectivement, ce qui peut se passer
41:51derrière l'intégration
41:53de la vague rouge,
41:55la vague républicaine, j'entends, dans les marchés.
41:57Sur la logique d'investissement
41:59qui vous anime aujourd'hui, Eric ?
42:00C'est une bonne call.
42:02A chaque fois, je peux trouver quelque chose,
42:04mais là, en fait,
42:06j'achète pas
42:08les accidents.
42:11Il y a très longtemps,
42:13j'achète toujours les accidents.
42:15Là, j'arrête.
42:17Je sors mon épuisette
42:19de toutes les smalls
42:21européennes,
42:23c'est du grand n'importe quoi.
42:25Je mets des épuisettes en disant...
42:27Puis c'est logique, parce que je pense que
42:29de toute façon, on est condamné à une baisse de taux,
42:31mais drastique de chez drastique,
42:33donc ça viendra, mais pour l'instant...
42:35Les seules choses, c'est que je vais un peu à la pêche
42:37avec mes épuisettes, je vais chercher quelques dossiers
42:39qui sont tellement massacrés.
42:41Je renforce l'or,
42:43qui...
42:45Je sais pas pourquoi, mais bon...
42:47Enfin bref, il y a eu quand même...
42:49Un rallye ?
42:51Oui, mais il y a eu une réaction assez violente,
42:53quand même une correction assez violente,
42:55parce que quels que soient les scénarios,
42:57j'y gagne.
42:59Mais c'est du...
43:01très court terme.
43:03C'est un actif de momentum, l'or, aujourd'hui ?
43:05Je suis que dans le momentum, comme un Trump.
43:07Je suis incapable
43:09de créer une stratégie à moyen terme.
43:11J'attends.
43:13Comme disait
43:15Jérôme Poel, pour la Fed,
43:17on ne spécule pas,
43:19on n'anticipe pas,
43:21on ne fait pas d'hypothèses.
43:23On attend de voir.
43:27Sur la logique de marché,
43:29le dollar roi,
43:31les actions américaines,
43:33la prime de risque des actions américaines est négative,
43:35c'est toujours plus négatif, quand même.
43:37Moi, je voudrais revenir sur l'histoire
43:39des taux longs et ce que ça veut dire
43:41sur les marchés actions.
43:43Parce que vous avez deux régimes,
43:45soit les taux longs montent et les actions montent,
43:47c'est ce qu'on voit un peu aujourd'hui,
43:49soit les taux longs montent
43:51et les actions baissent.
43:53Et en fait, tout ça, ça dépend si
43:55les taux longs, ils montent à cause de l'inflation
43:57ou ils montent à cause des taux réels,
43:59de la croissance.
44:01Et aujourd'hui, au moins aux Etats-Unis,
44:03c'est plutôt une histoire d'inflation
44:05que de croissance.
44:07Moi, je dis qu'on a aujourd'hui un hiatus
44:09qu'on peut interpréter
44:11par le coup de chapeau
44:13à Trump et aux rêves
44:15qu'il nous donne,
44:17mais il y a un message
44:19tout de même que je trouve gênant.
44:21Et donc, à ce titre-là,
44:23je reviens, je n'extrapolerai pas trop.
44:25Après, il y a un autre élément à prendre en compte.
44:27Dans la baisse de l'or
44:29récente, après un joli parcours haussier,
44:31en même temps,
44:33on a le bitcoin qui fait des siennes.
44:35Parce que
44:37les cryptos
44:39actifs,
44:41en fait, au début, on nous les a présentés
44:43comme des monnaies. Maintenant,
44:45on nous les présente un peu comme
44:47des actifs de réserve
44:49qui pourraient remplacer l'or.
44:51Et moi, j'ai envie de dire aujourd'hui,
44:53peut-être qu'il y aura un coup de main
44:55donné par l'administration
44:57Trump à ces cryptos
44:59actifs. Or, cryptos actifs,
45:01quel arbitrage on a ?
45:03Ce n'est pas très clair pour moi.
45:05Il vaut mieux du bitcoin que de l'or,
45:07dans ce cadre-là, c'est clair. Pour moi, l'or,
45:09c'est le bitcoin, c'est clair.
45:11Mais ça ne me paraît pas devoir être durable.
45:13Moi, les cryptos actifs, j'ai plutôt tendance
45:15à me méfier, peut-être à tort.
45:17Mais il y a un mouvement entre les deux
45:19que je trouve assez intéressant
45:21aujourd'hui. Sur les taux,
45:23c'est le retour des bandes vigilantes,
45:25comme on dit ? Des ?
45:27Des vigilantes ? C'est le retour
45:29de la vigilance obligataire
45:31vis-à-vis de l'exceptionalisme
45:33américain.
45:35C'est possible que la vigilance
45:37du marché obligataire s'exprime
45:39sur de la dette américaine ?
45:41Tôt ou tard, on l'aura.
45:43On l'aura parce que la politique
45:45de Trump sera inflationniste
45:47et on l'aura parce que, comme il tape sur les autres,
45:49il faudrait que la situation soit
45:51très très mauvaise ailleurs dans le monde
45:53pour que, en même temps qu'on se fait taper
45:55dessus, on aille mettre les sous là-bas.
45:57C'est possible, mais c'est pas certain.
45:59Merci à vous trois d'avoir été
46:01les invités de Planète Marché ce soir.
46:03Hervé Goulet-Dekker, senior economic advisor
46:05d'Accuracy, Benoît Vesco, le président
46:07de Delubac Asset Management et Éric Venet,
46:09directeur de la gestion de Montbleu Finance.
46:21Le dernier quart d'heure de Smart Bourges
46:23chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
46:25Le thème de ce soir, c'est celui de la
46:27mobilité, un thème que nous avons traité
46:29récemment dans l'émission avec Florent Roulet,
46:31qui est partenaire chez Brian Garnier
46:33et responsable de l'analyse
46:35de ce thème de la mobilité.
46:37L'idée étant de savoir si
46:39les acteurs de la mobilité urbaine,
46:41de la mobilité douce, des nouvelles
46:43mobilités, est-ce que ces acteurs entrent
46:45dans une phase différente de leur
46:47histoire, à savoir l'âge de la rentabilité.
46:49Écoutez les réponses que nous
46:51apportait à ce sujet. Florent Roulet,
46:53partenaire chez Brian Garnier.
46:59Déjà, on inclut les VTC,
47:01tous les Uber, Bolt, qui sont assez
47:03connus et compris. Moi, ce que j'ai voulu
47:05de plus en plus inclure, c'est la mobilité partagée,
47:07c'est les acteurs, soit de la voiture
47:09partagée, de l'autopartage, les get around
47:11que les gens utilisent peut-être, mais c'est aussi
47:13tout ce qui est vélo partagé. À Paris,
47:15on est habitué à Vélib, à Lime, Dot,
47:17Voy, qui sont des acteurs un peu pan-européens.
47:19Également, les scooters partagés.
47:21On était tous habitués, à Paris, à avoir
47:23des city scoot, mais malheureusement,
47:25ils ont fait faillite et c'est un peu le thème de notre discussion.
47:27Et de plus en plus,
47:29il y a des acteurs qui émergent, comme
47:31Kultra des Espagnols, Iego des Espagnols
47:33également. Donc tout ça, c'est un écosystème
47:35d'acteurs, soit de la
47:37micromobilité, soit de la mobilité partagée,
47:39qui ont émergé dans les 5-10 dernières années
47:41et qui arrivent un peu à la prochaine étape.
47:43C'est ça. Alors, avant de parler
47:45de la prochaine étape, qu'est-ce qui s'est passé
47:47depuis 2-3 ans, j'allais dire,
47:49pendant ces années Covid-Post-Covid ?
47:51Parce que vous citiez l'exemple, effectivement,
47:53de city scoot à Paris.
47:55On a l'impression qu'on sort de plusieurs années
47:57de mobility bashing,
47:59peut-être, de défiance
48:01des investisseurs, du capital risque,
48:03du capital investissement, vis-à-vis de ces entreprises.
48:05Alors, peut-être qu'on leur a
48:07pas laissé leur chance, ou qu'on leur a laissé
48:09trop peu de temps pour faire leur preuve. En tout cas,
48:11le fait est qu'il y a eu un divorce, quand même, entre
48:13les investisseurs et ces acteurs,
48:15au moins sur ces dernières années.
48:17Je dirais que le Covid a été un élément marquant,
48:19parce qu'il y a eu beaucoup d'investissements faits
48:21avant le Covid. Malgré le bashing,
48:23on avait tous tendance à critiquer
48:25les trottinettes sur les trottoirs.
48:27Mais le Covid a été un élément un peu
48:29de blocage pour la plupart d'entre elles, parce que pendant
48:31un an, deux ans, on n'a pas pu bouger.
48:33Ils ont tous eu un chiffre d'affaires de zéro pendant deux ans.
48:35Au moment où on est sortis du Covid,
48:37tout le monde voulait prendre des modes de transport
48:39verts. Malheureusement,
48:41ces acteurs-là avaient tellement souffert pendant le Covid
48:43qu'ils ont eu du mal à redémarrer.
48:45Et au moment où vous étiez en train de redémarrer,
48:47a commencé la guerre en Ukraine,
48:49et là, les investisseurs, à peu près
48:51tous les investisseurs, ont commencé à dire
48:53qu'on investissait dans la mobilité.
48:55C'est un thème sur la technologie
48:57en général, pas uniquement dans la mobilité,
48:59mais étant donné que ces acteurs-là n'avaient pas réussi
49:01à démontrer leur modèle économique,
49:03ils ont été ceux qui ont souffert
49:05parmi les plus, parce qu'ils n'arrivaient
49:07pas à justifier
49:09un autre tour de table.
49:11Et ce qui s'est passé, c'est que la plupart d'entre eux,
49:13beaucoup d'entre eux, je dirais,
49:15ont malheureusement mis la clé
49:17sous la porte. C'est Cityscout,
49:19c'est d'autres qui ont été obligés de se vendre
49:21un peu à la casse
49:23et de trouver des solutions assez rapidement.
49:25Beaucoup d'entre eux, mais pas tous.
49:27C'est là où le nouveau chapitre commence peut-être
49:29aujourd'hui, Florent. Du point de vue
49:31du marché, comment est-ce que ce marché s'est
49:33rationalisé, comment est-ce qu'il s'est recomposé ?
49:35Il y a eu effectivement des...
49:37Sur le côté de la route, il y a eu des cadavres
49:39pour dire les choses trivialement.
49:41Mais il y a eu aussi, j'imagine, des
49:43restructurations, une recomposition
49:45au sein des différents acteurs.
49:47Quel est l'état des lieux qu'on peut dresser aujourd'hui ?
49:49Déjà, je vais juste donner un chiffre
49:51pour qu'on soit clair sur de quoi on parle.
49:53On parle d'une industrie qui aujourd'hui fait
49:55300 milliards de dollars dans le monde.
49:57L'Europe a à peu près 25% sur ça.
49:59Qui va tripler
50:01sur les 10 prochaines années.
50:03Donc c'est un trillion à l'arrivée.
50:05C'est un trillard à l'arrivée, oui.
50:07C'est ce que nous donne Oliver Wyman,
50:09un cabinet CAM qui sait de quoi il parle.
50:11Donc ça va tripler à l'arrivée.
50:13Un trillard, donc 25% en Europe, c'est ça qu'on vise.
50:15Avec tous les éléments
50:17qu'on a discuté ensemble.
50:19Ce qui s'est passé, c'est que la plupart ont dû
50:21rationaliser leurs ambitions.
50:23Peut-être qu'ils voulaient tous ouvrir
50:25des bureaux partout dans le monde.
50:27Et finalement, ils se sont recentrés
50:29sur là où ça marchait.
50:31Ils ont coupé les coups, comme la plupart
50:33des startups. Et finalement,
50:35ceux qui avaient réussi la meilleure exécution
50:37ont survécu.
50:39Et c'est ceux-là, pour moi, qui sont intéressants aujourd'hui.
50:41Déjà en tant que banquier d'affaires, parce que je vais pouvoir
50:43travailler avec eux. Et du coup,
50:45il émerge ce qu'on appelle des catégories
50:47winner, des gens qui vraiment
50:49ont réussi à prouver leur modèle
50:51économique et qui sont capables de
50:53faire d'autres choses maintenant. On parle de qui,
50:55par exemple, Florent ? Le plus gros, je dirais,
50:57que les gens connaissent, c'est Bolt, je pense,
50:59les Estoniens, qui au début
51:01étaient partis sur le VTC et qui se sont
51:03un peu étendus sur la livraison
51:05de nourriture, mais aussi sur la micromobilité.
51:07Et c'est des gens qui réfléchissent à l'introduction en bourse
51:09sur 2025.
51:11Donc ils sont arrivés
51:13à la taille critique qui fait
51:15qu'ils sont rentables,
51:17ils ont grossi et ils sont capables
51:19d'arriver sur les marchés publics.
51:21C'est quoi la stratégie, justement, de ces catégories
51:23winner, comme vous dites, Florent ?
51:25Maintenant qu'ils ont survécu à tout ce qui s'est
51:27passé, qu'ils sont peut-être plus forts
51:29aujourd'hui qu'ils ne l'étaient
51:31il y a quelques années, c'est quoi la stratégie
51:33de ces acteurs de la mobilité, maintenant ?
51:35La stratégie pour eux, c'est de continuer à être
51:37rentable. C'est vraiment ça.
51:39On ne sacrifiera plus la rentabilité ?
51:41On ne peut plus.
51:43On ne peut plus parce que les investisseurs ne nous suivront pas.
51:45C'est des acteurs qui,
51:47il faut aussi réfléchir, c'est des véhicules, c'est des vélos,
51:49c'est des trottinettes, c'est des voitures.
51:51On va avoir besoin de renouveler leur flotte.
51:53Aujourd'hui, ils peuvent commencer,
51:55Bolt l'a fait, Voy, qui fait de la
51:57micromobilité, qui sont des Suédois, ont
51:59commencé à pouvoir émettre de la dette
52:01pour financer le renouvellement de leur flotte.
52:03Donc tout ça, pour moi, c'est des signes positifs
52:05parce que ça veut dire que c'est des acteurs
52:07qui ne sont plus des start-up, qui sont
52:09vraiment des business établis.
52:11Des boîtes normales, quoi. Ça devient des boîtes normales
52:13avec des accès à des
52:15capitaux, alors normaux, il n'y a pas de capitaux
52:17normaux ou anormaux, mais en tout cas une autre catégorie
52:19d'investisseurs et de capitaux
52:21pour se développer. Justement, je pense qu'au début
52:23c'était beaucoup financé
52:25par des fonds de capital risque. Bien sûr.
52:27Là, de plus en plus, moi j'ai des appels entrants
52:29de fonds de private equity qui veulent boire des boîtes
52:31rentables, qui me demandent, qui m'interrogent,
52:33je jure, quels sont les modèles économiques
52:35qui fonctionnent. Et donc, on voit
52:37de plus en plus de transactions sur le private equity,
52:39des fonds qui veulent rentrer, qui permettent
52:41à ces boîtes de grossir. Ça passera
52:43également par une phase de
52:45consolidation, c'est-à-dire qu'il y aura des plus petits acteurs
52:47qui viendront se faire
52:49acheter par ces plus gros
52:51catégories winner. La stratégie
52:53de services additionnels, c'est quelque chose
52:55qui fonctionne aussi au-delà du développement
52:57du core business sur des marchés géographiques.
52:59Vous avez cité l'exemple de Bolt,
53:01c'est de la livraison aussi de repas,
53:03de nourriture, comme Uber,
53:05évidemment, on a l'exemple Uber en tête.
53:07Mais ça, c'est
53:09de la diversification ou ça devient du core
53:11business pour eux ? Au début, ça peut
53:13aller au-delà en termes de diversification ?
53:15Au début, c'est la diversification. Mais petit à petit,
53:17ça devient vraiment des lignes de business
53:19à part entière. Et on peut imaginer d'autres types de services
53:21qui réfléchissent à d'autres types de services ? Ils réfléchissent tous.
53:23Si vous prenez Voï par exemple,
53:25que j'aime bien, ils sont de plus en plus
53:27vocaux sur... Ils rajouteront
53:29de certains véhicules dans leur offre
53:31de services. Ils feront
53:33des services, plus des apps, pour aider
53:35les gens de plus en plus. Donc tous en
53:37vocation à étendre
53:39au-delà de leur métier de base.
53:41Qu'est-ce que ça implique,
53:43encore une fois, pour ce marché
53:45et ses acteurs ? C'est-à-dire que
53:47est-ce qu'aujourd'hui,
53:49on a le bon
53:51nombre d'acteurs par rapport à la taille
53:53du marché ? Est-ce qu'il faut
53:55de plus gros acteurs encore et peut-être moins
53:57d'acteurs ? Comment le marché va évoluer
53:59vers ce trillion
54:01ou ce trilliard de dollars
54:03de taille ? Il y a sur la mobilité...
54:05Sur la micro-mobilité, en fait,
54:07la réponse, elle se pose presque
54:09dans les villes où elles sont.
54:11La ville de Paris, sur chacun des
54:13appels d'offres, ils veulent trois acteurs.
54:15Il y en avait trois sur les scooters électriques.
54:17Malheureusement, il y a la CityScoot qui a fait faillite.
54:19Là, ils vont lancer un appel d'offres
54:21sur les vélos partagés, en plus de Vélib,
54:23où ils sont prêts à en avoir trois.
54:25Je pense que deux ou trois est le bon nombre.
54:27C'est un peu le standard pour des villes de la taille
54:29de Paris aujourd'hui, une capitale européenne
54:31standard, quoi. Moi, je vois ça à Londres,
54:33je vois ça à Stockholm, c'est vraiment le standard
54:35d'avoir deux ou trois acteurs. Et pour moi, c'est ça qui va rester.
54:37D'accord. Mais ça se joue par ville.
54:39C'est pas les trois mêmes acteurs
54:41qui vont remporter l'ensemble des capitales
54:43européennes à la fin de l'histoire.
54:45À la fin de la CitéScoot. Justement,
54:47si on réussit à gagner
54:49une ville majeure,
54:51c'est eux qui gagnent les autres.
54:53D'accord.
54:55Et c'est là que la consolidation arrive,
54:57parce que potentiellement, vous rachetez une société
54:59parce qu'elle a gagné. J'entends.
55:01C'est un peu ça. Moi, je pense qu'à la fin,
55:03il y aura trois grands acteurs.
55:05Et c'est ce qu'ils disent également dans leur communication.
55:07La consolidation, là, elle se passe
55:09actuellement. Et je suis un peu inquiet
55:11pour les plus petits acteurs qui auront du mal
55:13potentiellement à grossir.
55:15Du coup, les investisseurs sont un peu rassurés, là ?
55:17Ils y reviennent ?
55:19Alors, c'est d'autres investisseurs qui arrivent aujourd'hui pour accompagner
55:21ces boîtes ?
55:23C'est ce que j'appelle le recyclage
55:25des retours sur investissement. Il y a besoin qu'il y ait des succès.
55:27Il y a besoin que des IPOs, il y a besoin que des fonds prêts-écoutis
55:29qui viennent
55:31apporter de l'argent et prouver que
55:33c'était un bon investissement, peut-être qu'il y a 10 ans.
55:35Et donc, ça, oui, pour moi, c'est positif.
55:37Et la bourse, vous citiez l'exemple
55:39de Bold. Oui, la bourse,
55:41elle a un rôle à jouer, j'allais dire, dans le financement
55:43et l'accompagnement du financement
55:45de ces entreprises de mobilité. Je pense, oui,
55:47parce qu'il y a eu... Parce qu'on a l'exemple d'Uber.
55:49Bon, je n'ai pas regardé, là, spécifiquement,
55:51mais Uber, c'est un peu vieux, même peut-être
55:53de ce point de vue-là. Uber, les Américains ont été
55:55les premiers à se lancer. Après, il y a eu,
55:57sur la bourse, il y a eu une vague de SPAC.
55:59C'est ça. Qui ont un peu
56:01terni le marché parce que c'était des boîtes
56:03qui n'étaient pas prêtes à être en bourse. Je pense que là,
56:05la prochaine génération, Bold sera le premier
56:07en 2025. J'ai plusieurs discussions
56:09avec des gens qui me disent qu'en 2026, 2027,
56:11ce sera des business plus établis. Et donc, je suis plus
56:13confiant sur leur capacité à grossir en bourse
56:15et à continuer à se financer.
56:17Il y a eu une partie du marché
56:19de la mobilité qu'on n'a pas évoqué avec vous,
56:21Florent, mais on le fait avec certains de vos confrères.
56:23Paul Defremont, notamment, chez Brian Garnier, qui est venu
56:25nous parler du marché, de la composition
56:27de ce marché des bornes de recharges électriques.
56:29Ça aussi, ça fait partie, pour vous,
56:31de l'univers de la mobilité ? Pour moi, ça fait partie
56:33et c'est compris dans les empires, justement.
56:35Et ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a des partenariats
56:37entre ces acteurs. Ce n'est pas deux univers
56:39qui ne se parlent pas. Il y a un partenariat entre Bolt
56:41et Electra, parce que les VTC de Bolt
56:43doivent recharger leur voiture électrique,
56:45leur Tesla au équivalent.
56:47C'est par ces acteurs de la mobilité que le
56:49déploiement des réseaux de charges va se faire
56:51également ? Ça va le faciliter. Ce n'est pas uniquement
56:53par eux, mais ça va le faciliter.
56:55Je pense que la différence, peut-être, entre les
56:57acteurs des bornes de recharges, c'est que leurs
56:59investisseurs, ça a été très vite
57:01des fonds d'infrastructure, alors que
57:03peut-être les services de mobilité
57:05ont plus été dans une optique capitaliste.
57:07Mais tout se retrouve.
57:12Le thème de la mobilité, des
57:14mobilités, que nous explorions dans le
57:16quart d'heure thématique de Smart Bourse, il y a
57:18quelques temps à peine, avec Florent Roulet,
57:20partenaire chez Brian Garnier, en charge de
57:22l'analyse de ce thème de la mobilité.
57:24Voilà donc pour ce
57:26dernier quart d'heure de Smart Bourse, comme le reste
57:28de l'émission, à retrouver bien sûr en replay
57:30sur bsmart.fr ou encore en podcast
57:32sur l'ensemble de vos plateformes
57:34préférées. Smart Bourse revient
57:36demain bien sûr en direct à 17h
57:38sur Bsmart for Change.