• il y a 20 heures
Au programme de ce nouveau numéro de "Et Maintenant !", nous reviendrons sur le grand oral de François Bayrou devant les parlementaires. Cette semaine, le Premier ministre s'est plié à l'exercice du discours de politique générale et mardi devant les députés il a détaillé sa feuille de route pour les semaines et les mois à venir. A cette occasion, il a affirmé que la réforme des retraites allait être « remise sur le chantier ». Dans la foulée du discours de politique générale, les Insoumis ont déposé une motion de censure pour faire tomber le gouvernement, les socialistes ne l'ont pas votée, ce qui ne passe pas du côté de ce qui semble être aujourd'hui leurs anciens alliés du Nouveau front populaire. Nous parlerons également, des deux ministres qui font le plus parler d'eux au sein du gouvernement : G. Darmanin, à la justice et B. Retailleau à l'intérieur. Travail en "concertation" ou ambitions contradictoires ? Et enfin, revoilà Donald Trump, à quelques jours de son investiture, un accord entre Israël et le Hamas a été conclu pour la libération des otages et un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. C'est Donald Trump a officialisé l'accord sur les réseaux sociaux avant même que les parties concernées ne s'expriment. Joe Biden est revenu sur cet accord, reconnaissant que ses équipes et celles du président avaient travaillé ensemble. Année de Production :

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00:00– Sous-titrage ST' 501
00:12– Amis téléspectateurs, bonjour, soyez les bienvenus,
00:14j'espère que vous allez bien, vous regardez, et maintenant,
00:16l'émission qui revient avec plaisir avec vous sur l'actualité politique de la semaine,
00:20vous connaissez le principe, hashtag et maintenant, si vous souhaitez réagir.
00:25Sur ce plateau, la crème de la crème de l'analyse politique,
00:27c'est un casting 5 étoiles, le professeur est avec nous,
00:31bonjour Pascal Perrineau, professeur des universités à Sciences Po,
00:36on vous doit le livre, Le goût de la politique,
00:38c'est à retrouver aux éditions Odile Jacob, merci d'être là,
00:42Sylvie-Pierre Brossolette, bonjour, vous êtes éditorialiste au magazine Le Point,
00:46on va voir la une de la semaine, elle est consacrée au réseau du régime algérien,
00:50merci d'être là, Denis Oliven, bonjour, vous êtes essayiste, président de CMI France,
00:55vous signez le livre La France doit travailler plus,
00:59c'est à lire aux éditions Albain Michel, merci d'être avec nous,
01:03et puis on accueille la grande Hélène Terzian, bonjour,
01:05vous êtes journaliste politique à RMC, merci d'être là.
01:10Dans cette émission, on se demandera s'il faut dire merci à Donald Trump
01:14pour l'accord de cesser le feu au conclu entre Israël et le Hamas,
01:18on verra si Bruno Retailleau et Gérald Darmanin sont vraiment deux flics à Miami
01:22ou s'ils ont des ambitions contradictoires,
01:25on se demandera s'il y a un problème de temps de travail en France
01:27et si cette semaine le NFP est définitivement mort.
01:31– La chaîne s'est ouverte.
01:32– Bonjour et merci président Larcher, mais d'abord la semaine de François Bayrou,
01:36le Premier ministre s'est plié à l'exercice du discours de politique générale
01:41devant les députés mardi, devant les sénateurs le lendemain,
01:44il a détaillé sa feuille de route pour les semaines et les mois à venir
01:47en essayant de convaincre qu'il était la bonne personne au bon endroit, au bon moment, écoutez.
01:53– Il y a eu un peu de mélange dans mes pages,
01:56c'est parce que je suis un néophyte et donc je suis bien obligé d'apprendre ce métier.
02:07Les enfants ne sont pas comme les poireaux, ils ne poussent pas tous à la même vitesse
02:11et vouloir sélectionner précocement, sans qu'aie mûri l'esprit et les attentes,
02:35je pense que c'est une erreur, en tout cas une faiblesse.
02:38– Pascal, sur la forme, c'était un discours original ?
02:42– C'est un discours comme Bayrou en fait l'habitude,
02:46depuis maintenant quelques années, le débit est hésitant, le débit est long,
02:52mais il a su surprendre aussi, l'accroche sur la dette est tout à fait originale,
03:00vous savez il y a une étude qui a été faite par un lexicologue de Toulouse
03:04qui a pris toutes les déclarations de politique générale de 59 à nos jours,
03:08et dans la litanie des déclarations de politique générale,
03:13c'est complètement en dehors de toute référence,
03:17c'est-à-dire qu'il a fait quelque chose qu'aucun prédécesseur de gauche ou de droite
03:22ou d'ailleurs n'avait fait, alors c'est marqué par le pragmatisme de Bayrou.
03:28– On va revenir sur le fond, je voulais vraiment vous interroger sur la forme.
03:32– Sur la forme, ça ne manquait pas, je reviendrai tout à l'heure,
03:35d'ailleurs ça ne manquait pas d'humour, et à qui s'adressait-il ?
03:39Certes il s'adressait aux députés, mais il s'adressait aussi,
03:42contrairement à ce que l'on dit très souvent, à l'opinion.
03:45Et vous savez quand vous regardez les enquêtes,
03:47beaucoup de Français se retrouvent dans ce discours hésitant,
03:52qui reconnaît ses erreurs, et je dis au fond,
03:54on a à Matignon un type qui est un peu comme moi.
03:57– Hélène, vous étiez aux Premières Loges,
03:58vous avez assisté à son discours mardi et mercredi,
04:01comment ça a été accueilli, reçu, dans les deux hémicycles ?
04:05– Alors, la déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale,
04:09effectivement sur la forme c'était long,
04:11c'était plus long que le discours d'Elisabeth Borne
04:13qu'elle a prononcé au même moment au Sénat,
04:15elle a fini avec 20 minutes d'avance,
04:17c'était hésitant, il s'est perdu dans ses feuilles,
04:19surtout ce qu'on est ressorti de la part des forces politiques qui étaient présentes,
04:23c'est que c'était un discours de politique très très général,
04:27François Bayrou n'a voulu fâcher personne,
04:30parce qu'il a fait plaisir, mine de rien, à la gauche, à la droite,
04:34et il a même épargné l'ERN.
04:35– C'était l'objectif, c'est ça ?
04:37– C'était l'objectif, la concession des retraites,
04:38on pourra en reparler, elle est quand même assez importante pour la gauche,
04:41à droite, il n'a pas abrogé la réforme des retraites,
04:45c'était une demande respectée,
04:48pour l'ERN, il a proposé de toucher à la proportionnelle
04:52et de remettre le comité des mandats sur le fond,
04:54mais voilà, il n'a épargné personne,
04:57et simplement sur la façon dont il endosse le rôle,
05:02François Bayrou est dans un rôle de missionnaire,
05:04c'est ce qu'on dit dans son entourage,
05:05il pense, il est persuadé qu'il est là au bon moment et à la bonne place,
05:08c'est d'ailleurs pour ça qu'il s'est imposé auprès d'Emmanuel Macron,
05:10il a toujours dit qu'il devait être nommé Premier ministre
05:13dans un moment de crise, c'est ce qu'il a démontré lors de ses discours.
05:16– Denis, après ce discours, vous vous êtes dit,
05:18c'est l'homme de la situation, François Bayrou ?
05:20– Je pensais à cette formule d'un ancien président
05:23de la Banque centrale américaine qui avait dit,
05:26si vous m'avez compris, c'est que je me suis mal expliqué,
05:30parce qu'en effet, comme il est obligé de gérer des contraintes,
05:33de faire plaisir à tout le monde, de ne fâcher personne,
05:36de se maintenir en équilibre, un bien malin est celui qui sait
05:40où on va après ce discours de politique générale
05:43qui avait peut-être quelques qualités rhétoriques,
05:46encore que moi j'ai un vague sentiment de retour d'une période
05:51que je n'ai d'ailleurs pas connue, mais qu'après les livres d'histoire,
05:54l'espèce de rhétorique de la Quatrième République
05:57et de situation de la Quatrième République,
06:00dans lequel on sent que, voilà, on tient des discours,
06:06mais ça n'est pas performatif, ça ne fait pas agir,
06:10ce n'est pas l'action.
06:11– Il y a un style, Bayrou ?
06:12– Oui, mais il a pu être plus brillant,
06:15je l'ai connu tout au long de sa carrière,
06:17il pouvait être éblouissant, d'ailleurs il épatait Mitterrand,
06:20Mitterrand disait, je n'ai jamais connu un démocrate chrétien
06:24de cette nature-là, un bègue aussi éloquent,
06:28un catholique aussi laïque et un centriste aussi ferme,
06:31parce qu'il est un peu à part dans le monde des centristes,
06:36c'est un peu un faux-mou, il a l'air mou,
06:38effectivement il a plus fait un discours général sur la politique
06:40qu'un discours de politique générale, il y en avait pour tout le monde,
06:44il a évité les mots clivants, sauf à deux, trois passages,
06:47où là il a montré les quelques angles aigus qu'il a
06:50et qu'il a toujours montré le long de sa vie,
06:51d'ailleurs il a fait sécession avec le modem,
06:53il n'est pas toujours très commode et arrangeant François Bayrou,
06:56et les deux points importants y étaient,
06:58c'était son message sur la dette, où tout le monde a pris pour son paquet,
07:02et sur le mot suspension qui n'a pas été prononcé,
07:06sinon sur le reste, effectivement c'est du Bayrou un peu désordonné,
07:09il n'avait pas assez travaillé son discours,
07:11la fin n'était plus qu'une litanie,
07:13il aurait dû avoir deux ou trois grands moments,
07:15si Bourlange lui avait écrit son discours, ça aurait été plus brillant.
07:18Précisément, jamais la France n'a été aussi lourdement endettée,
07:21plus de 3 300 milliards d'euros, le Premier ministre l'a rappelé,
07:24en pointant du doigt la responsabilité des présidents successifs,
07:27Mitterrand, Sarkozy, Hollande, Macron, ils les excusent tous,
07:31sauf un, écoutez, devinez lequel ?
07:34Je connais les raisons, François Mitterrand en 1981,
07:39c'était l'alternance, il fallait que les Français,
07:41comme on disait à l'époque, ils trouvent leur compte,
07:43Nicolas Sarkozy c'est la crise des subprimes,
07:47Emmanuel Macron coup sur coup, une cascade de crises,
07:51jamais vues et jamais imaginées.
07:55– Il a oublié quelqu'un, non ? Vous avez deviné qui ?
07:58François Hollande, qu'est-ce qu'il lui reproche à François Hollande ?
08:01– C'est assez habile, François Hollande est sur les trafés,
08:05il est au cœur du groupe socialiste, donc il y a des souplices stratégiques.
08:09– C'est un message.
08:10Alors sur le fonds, François Bayrou a fait plusieurs annonces,
08:12la remise en chantier de la réforme des retraites,
08:14la création d'un fonds spécial consacré à la réforme de l'État,
08:17la création d'une banque de la démocratie pour financer les partis politiques,
08:21la reprise de l'étude des cahiers d'oléance des gilets jaunes,
08:24la poursuite de la réflexion sur un changement du mode du scrutin
08:27et le passage à la proportionnelle.
08:28Il a aussi annoncé l'annulation de la suppression de 4000 postes d'enseignants.
08:32On va l'écouter et je vous fais réagir juste après.
08:35– Je veux faire un geste de bonne volonté,
08:38il y a cette proposition de la suppression de 4000 postes
08:42dans l'éducation nationale.
08:44Je suis prêt à renoncer à cette proposition de la suppression des 4000 postes.
08:50– Denis, on va revenir sur la réforme de retraite,
08:53mais parmi toutes les annonces que j'ai rappelées,
08:57laquelle selon vous est la plus importante et la plus fondamentale
09:00dans ce que François Bayrou a annoncé ?
09:02– Ce que je trouve inquiétant, c'est qu'il n'y a rien de très important,
09:06il n'y a rien de fondamental, mais une fois encore,
09:07ce n'est pas de sa faute, mais franchement…
09:10– C'est lui qui fait le discours quand même.
09:11– On est dans un pays qui connaît depuis une trentaine d'années
09:15une difficulté de plus en plus grande, des colères manifestes,
09:19qui a connu la crise des gilets jaunes, le blues des fonctionnaires,
09:23la crise des retraites, dont les extrêmes en politique progressent,
09:27qui est maintenant bloquée au Parlement.
09:29Chercher quelle est l'épine dorsale, la grande transformation
09:33qui va nous permettre de sortir de cette ornière.
09:36Il fait la liste des présidents de la République et des crises successives,
09:40mais les autres pays aussi ont connu des crises
09:42et pourtant ils ne sont pas dans la situation dans laquelle nous sommes.
09:44Donc il y a une espèce d'impuissance publique ou d'impuissance politique
09:49dont il est le dernier visage, ce n'est pas de sa faute, une fois encore,
09:54il arrive après tout le monde et dans une situation
09:56où il n'a aucune ressource politique, puisqu'il n'a pas de majorité,
09:59donc il est bien en peine de gouverner.
10:01– Donc il a fait ce qu'il a pu, si je vous comprends bien, il a fait…
10:03– Sa mission c'était de survivre et de faire survivre Emmanuel Macron à l'Élysée,
10:08donc sa mission n'était pas d'annoncer des grandes réformes,
10:11des grands bouleversements, il a essayé de dire qu'il allait redresser un peu la France
10:15en nous appelant à nous ressaisir, mais enfin, sans trop d'illusions,
10:19l'idée c'est de durer, donc il a fait ce qu'il a fallu pour éviter une censure
10:24et donc tout ce cinéma qui a eu lieu, parce que c'est quand même
10:28une grande part de cinéma, la négociation avec le PS,
10:31il fallait bien mettre en scène, on arrache les mesures,
10:34on cède un peu jusqu'au bout, on arrache une dernière chose,
10:36on envoie une lettre, ça faisait partie du scénario où tout le monde
10:40était d'accord sur l'issue, il fallait évidemment que le PS,
10:43une fois qu'il s'était engagé dans ce processus de se séparer de lfi,
10:47atterrisse sur quelque chose et il fallait que Bayrou l'ajuste assez,
10:52en tout cas facialement, pour que ça soit crédible, donc ils sont arrivés,
10:56je pense, Bayrou a lâché, ça a été estimé jusqu'à 6 milliards de mesures,
11:00mais enfin il les rattrapera sur les 30 milliards annoncés,
11:04donc c'est un jeu de dupe, ce n'est pas de l'argent magique,
11:06c'est toujours l'argent des Français, alors ce qu'on donne d'un côté,
11:09on ne le donnera pas de l'autre.
11:10– Regardez ce sondage Elab de la semaine sur le gouvernement Bayrou,
11:13les Français ne perçoivent pas de rupture avec les précédents gouvernements,
11:17il dit ça à 77% des Français, bon en fait c'est Barnibis,
11:22c'est un peu un Barnibis ce gouvernement, c'est ce que nous disent les Français.
11:26– Oui et puis surtout François Bayrou, il a renoncé,
11:29alors c'est estimé, je lisais 3 milliards, 6 milliards effectivement,
11:32il a acheté sa survie politique, François Bayrou, il veut à tout prix rester,
11:36la prochaine étape, c'est l'étape de l'examen des textes budgétaires,
11:41projet de loi PLFSS, PLF, budget de l'État, budget de la Sécurité sociale,
11:46c'est à ce moment-là aussi qu'on verra si tous ces renoncements
11:50qu'il a accordés au Parti Socialiste sont payants,
11:53le Parti Socialiste se laisse le droit de voter encore une fois la censure,
11:58mais voilà, c'est à ce moment-là qu'on verra s'il a gagné sa survie.
12:02– Juste les amis, vous avez vraiment des commentaires très techniques,
12:05vraiment sur des mesures techniques, mais le discours de politique générale,
12:08c'est pour donner un cap clair à la nation, une vision claire.
12:11– C'était très flou.
12:12– Mais vous ne l'avez pas vu, personne ne l'a vu.
12:14– C'est ça le problème, en fait comme son principe de base
12:18c'est pour durer il faut être immobile, mais ce qu'on peut regretter,
12:22parce qu'une fois encore ce n'est pas de sa faute,
12:24c'est des contraintes politiques dans lesquelles il est enserré,
12:26mais ce qu'on peut regretter c'est qu'il n'ait pas tiré avantage
12:28de la tribune qui lui était offerte pour poser un diagnostic au moins en rupture,
12:33pour poser clairement le diagnostic sur les difficultés de la France.
12:36– Il parle de la dette.
12:37– Non mais la dette est un symptôme, ce n'est pas une cause,
12:39la dette est un symptôme du mal français, il aurait pu,
12:42il a écrit avec Pierre Levade et tant d'autres,
12:44il a eu le temps de réfléchir, il était commissaire au plan,
12:47il aurait pu au moins profiter de cette tribune pour dire voilà quels sont les…
12:51– Il aurait dû dire quoi alors, qu'est-ce qui manquait,
12:53qu'est-ce qu'il aurait dû dire, et puis je vous donne la parole ensuite.
12:55– Vous allez m'entraîner sur un terrain qui va me conduire à parler de mon livre,
12:59mais il aurait dû dire ce qui me paraît moi le problème numéro 1
13:03et malheureusement c'est la 15ème déclaration de politique générale en 30 ans
13:07et ce problème n'est pas au centre des préoccupations,
13:09il aurait dû dire qu'on a un problème de travail,
13:13que la France, pas les français, individuellement chacun d'entre nous travaille assez,
13:17mais que nous ne sommes pas assez nombreux à travailler,
13:20pas assez nombreux à travailler parce qu'il n'y a pas d'incitation à travailler,
13:23on y reviendra et que ça explique que nous n'ayons pas assez de richesses.
13:27Je vous donne juste un exemple, les dépenses publiques,
13:30on dit la France dépense trop la dette,
13:32si vous prenez les dépenses publiques par habitant des français,
13:35on va aller en euros, c'est exactement la même que l'Allemagne,
13:39donc notre problème n'est pas que nous dépensons trop,
13:42le problème n'est que nous ne gagnons pas assez,
13:44notre richesse nationale n'est pas suffisante
13:46et tant qu'on ne traite pas ce sujet,
13:47on ne peut traiter aucun des deux problèmes majeurs de la France,
13:50le pouvoir d'achat et le financement des services publics.
13:52Pascal, même question, qu'est-ce qu'il aurait dû dire dans ce discours ?
13:56Qu'est-ce qui a manqué ?
13:57Ce qui a manqué, en effet, c'est l'aspect projection.
14:01Dans une déclaration de politique générale,
14:03on ne peut pas se contenter d'un catalogue,
14:05ce n'était pas tout à fait un catalogue, d'ailleurs,
14:08et on doit avoir une dimension, on projette les français,
14:12j'allais dire, dans un horizon de deux à trois ans.
14:16Ça n'était pas le cas, il y a cette partie sur la promesse française,
14:21mais l'art est très difficile, parce qu'on peut dire qu'il aurait dû,
14:24mais la promesse française,
14:26dans le cadre de ce que Denis Oliven appelait tout à l'heure
14:29l'impuissance française, c'est un art assez difficile.
14:32Il y a une impuissance française, en particulier,
14:35à régler cette question du travail.
14:39Il a été, je trouve, courageux,
14:41il m'a surpris beaucoup au début,
14:43sur ce diagnostic sévère sur la dette,
14:47qui lui a permis ensuite de mettre en scène tout de même
14:50la nécessité d'un certain maintien de cap
14:54sur la réforme des retraites.
14:56Le problème, c'est que dès le lendemain,
14:58et dans les deux jours qui suivent, il continue à céder.
15:01Voilà, alors on y vient. Merci, cher Pascal.
15:04Mais pourquoi ? Parce qu'il fait de la politique.
15:07Il se dit, je crois, dans son fort intérieur,
15:10je ne vais pas rajouter à la crise sociale,
15:13à la crise de mauvaise humeur qui existe entre les Français,
15:17et le pouvoir politique, une crise politique,
15:20c'est-à-dire d'être là, à cet égard, un barniebis.
15:23C'est-à-dire de tenir simplement deux mois,
15:26parce qu'il y a un coût à l'instabilité gouvernementale.
15:29Le général vous a compris, je vous ai compris,
15:31les téléspectateurs.
15:33La réforme des retraites ne sera donc pas suspendue
15:35par François Bayrou, mais elle va être remise
15:37sur le chantier, selon les mots du Premier ministre.
15:40Dans la foulée du discours de politique générale,
15:42les Insoumis ont déposé une motion de censure
15:44pour faire tomber le gouvernement.
15:46Tout l'enjeu était de savoir si les socialistes allaient la voter.
15:49Eh bien non, malgré le refus de François Bayrou
15:51de dire bye-bye à la réforme des retraites,
15:53Olivier Faure n'a pas suivi ses alliés Insoumis.
15:56Écoutez.
15:58Vous avez accepté un premier pas en rouvant le débat.
16:01Je ne minimise pas le geste.
16:04Jusqu'ici, les gouvernements précédents étaient refusés
16:07à toute remise en cause de ce qui est apparu progressivement
16:11comme le totem de la Macronie.
16:14En reconnaissant qu'il était possible,
16:16vous l'avez dit, de parvenir au même résultat
16:19avec une réforme plus juste,
16:21vous avez ouvert la possibilité d'une alternative.
16:25Sylvie, pourquoi les retraites sont devenues,
16:28on peut appeler le mot psychodrame,
16:30mais en quelques jours, en quelques semaines,
16:32c'est devenu vraiment un élément majeur du débat politique ?
16:35On va revenir après sur les détails entre la gauche et la Macronie.
16:38Ce qui est vraiment très dommage, c'est que sur ce problème de retraite,
16:41où la planète entière constate
16:45qu'il y a une évolution démographique vers le vieillissement,
16:48et que chez nos pays voisins, ils en sont tous à 66, 67,
16:52voire plus, d'âge de départ à la retraite,
16:55nous, on serait une île immobile
16:58où il n'y aurait pas ce phénomène démographique.
17:01Et l'opinion s'est braquée contre,
17:03ce qui fait que les partis, qui sont souvent, malheureusement,
17:06plus le reflet de l'opinion que l'inverse,
17:08suivent leurs troupes,
17:09et le Parti socialiste, comme le reste de la gauche,
17:12en a fait un espèce de totem du combat électoral.
17:16Maintenant, dans les négociations avec le gouvernement,
17:19c'est devenu le point focal, parce que c'est vrai que l'opinion française
17:22est très hostile à cette réforme.
17:24Mais c'est là où je regrette, le Parti socialiste a fait un pas,
17:27on dit, ça y est, la logique de compromis,
17:29oui, peut-être tactiquement, politiquement,
17:31mais sur le fond, ils n'ont pas changé,
17:33ils continuent à penser que les retraites à 64 ans, c'est injuste,
17:36qu'il faut arracher des concessions sociales...
17:39Au lieu d'expliquer à l'électorat
17:41qu'il peut y avoir des possibilités de travailler plus longtemps
17:44sans que ça soit absolument un enfer,
17:46l'espérance de vie, ça, c'est des chiffres qui viennent de sortir,
17:49a augmenté, pour les femmes, en bonne santé,
17:52jusqu'à 77 ans, et pour les hommes, 75 ans et demi.
17:55Ça fait du temps, entre 64 ans et cet âge auguste,
17:58pour profiter de la vie.
18:00Non, ils font toute une dramatisation autour de cette affaire,
18:04comme quoi ça serait horriblement injuste.
18:07Mais toute la classe politique joue aussi le jeu.
18:10C'est ça que je dis.
18:12Il peut y avoir une évolution, tant mieux,
18:14on peut se féliciter qu'il y ait un compromis,
18:16mais s'il n'y a pas un compromis idéologique
18:18et une vraie mutation pour voir les réalités en face,
18:21ça sera pour rien.
18:23Hélène, la gauche et François Bayrou jouaient beaucoup
18:26sur cette question des retraites.
18:28Il y avait vraiment un bras de fer politique, ces derniers jours,
18:31autour de ça, vous étiez aux Premières Loges...
18:34C'était vraiment le sujet qui a cristallisé,
18:37les négociations dans lesquelles le Parti socialiste,
18:40les écologistes et les communistes ont accepté de s'engager,
18:43contrairement à la France insoumise,
18:45avec les deux ministres de Bercy,
18:47Éric Lombard et Amélie de Montchalin.
18:49C'était le sujet central.
18:51Initialement, Olivier Faure, le patron du Parti socialiste,
18:54avait demandé à ce qu'il y ait le mot suspension
18:57de la réforme des retraites dans l'administration politique générale.
19:01Il n'a pas prononcé suspension.
19:03Ce qui a particulièrement braqué les rangs socialistes,
19:05quand même, lors du discours de François Bayrou,
19:08c'est que François Bayrou a dit, initialement,
19:10nous allons donc lancer cette mission flash,
19:13nous allons lancer ce conclave
19:15et mettre les partenaires sociaux autour de la table,
19:17mais s'il n'y a pas de compromis,
19:19c'est la réforme initiale d'Elisabeth Borne qui s'appliquera.
19:22Et c'est à ce moment-là, d'ailleurs, c'était frappant,
19:24que la France insoumise se moquait d'eux en disant,
19:26bravo, quels avancées pour la France,
19:28en voyant les socialistes.
19:30Mais c'était effectivement central,
19:32d'autant que c'est la réforme emblématique
19:34du second mandat pour l'instant d'Emmanuel Macron,
19:36que les macronistes sont venus défendre,
19:38sans forcément y croire toujours sur les plateaux,
19:43et qui est passée au 49-3,
19:45parce que, rappelons que la droite
19:47ne voulait pas forcément voter cette réforme.
19:49L'un des arguments de François Bayrou pour refuser de suspendre,
19:52geler ou abroger la réforme, le voici.
19:55Sur les plus de 1 000 milliards de dettes supplémentaires
19:57accumulées par notre pays ces 10 dernières années,
20:00les retraites représentent 50 % de ce total.
20:05C'est un chiffre fou, Denis, non ?
20:07Moi, je ne le connaissais pas personnellement, mais...
20:09Oui, mais je trouve que ce sujet est au cœur du problème français.
20:14D'abord parce que c'est évident qu'on doit reculer l'âge de la retraite.
20:18Quand on se compare à l'Allemagne, je disais tout à l'heure,
20:20si on avait le même taux d'activité que les Allemands,
20:23on aurait à peu près 120 milliards d'euros de plus de recettes publiques.
20:27Autrement dit, les problèmes de profs non remplacés,
20:29d'urgence hospitalière embouteillée, de policiers trop peu nombreux,
20:33de rémunération, tout ça serait derrière nous.
20:35Et par ailleurs, on distribuerait de l'ordre de 300 euros
20:39par actif occupé de pouvoir d'achat en plus.
20:42Donc on résorberait la crise française.
20:45Et parmi les questions de ce taux d'activité,
20:47il y a le fait qu'on a des retraités plus précoces.
20:49Donc c'est au cœur du sujet français.
20:51C'est évident qu'on doit faire ça.
20:53Et d'un autre côté, il y a une énorme réticence à faire cette réforme,
20:58pas simplement des représentants des partis,
21:00mais de la population française.
21:02Pourquoi ? Pour une raison qui me paraît évidente.
21:05C'est que nous, en France, nous taxons les revenus du travail
21:09beaucoup plus que nos voisins.
21:11Vous commencez à partir du mercredi midi, vous ne travaillez plus pour vous,
21:15vous travaillez pour payer les cotisations et les impôts
21:18qui pèsent le travail.
21:19Donc vous n'exploitez pas les taxes pour augmenter les salaires ?
21:21Si on avait allégé les taxations et les cotisations sur le travail,
21:26si on versait plus de salaire net,
21:28la question du travail serait très différente.
21:30Si on avait dit aux gens, vous allez travailler deux ans de plus,
21:34mais vous allez gagner 15 ou 20 % de plus que votre rémunération actuelle,
21:38je pense que leur propension à l'accepter aurait été très différente.
21:42Donc tant qu'on ne règle pas la question de la rémunération du travail,
21:45la question de l'imposition des impôts et des taxes
21:48qui pèsent sur les revenus du travail,
21:50qui est anormale par rapport à nos concurrents,
21:55on n'arrivera pas à régler le cœur du problème français.
21:59On va voir les étapes proposées par François Bayrou
22:01pour remettre sur le chantier cette réforme des retraites.
22:03La Cour des comptes va être chargée d'une mission flash
22:06avec l'idée d'aboutir rapidement sur un état des lieux précis
22:09du système des retraites, puis les partenaires sociaux
22:11auront trois mois pour plancher sur une voie de réforme nouvelle,
22:14selon les mots du Premier ministre.
22:16Aucune ligne rouge fixée par François Bayrou
22:18hormis la nécessité d'aboutir à un équilibre du système des retraites.
22:22Quand on veut enterrer une décision,
22:24on crée une commission, Pascal ?
22:26Non, pas forcément.
22:27Vous avez tout de même dans ce scénario prévu par François Bayrou
22:32quelque chose qui est sain,
22:34c'est-à-dire de se tourner vers les forces sociales
22:38et vers celles et ceux qui paient les cotisations,
22:42les patrons et les salariés,
22:44et de les mettre complètement dans le jeu.
22:47Vous pensez vraiment qu'ils vont revenir à 63 ans, à 62 ans ?
22:51Non, mais vous avez d'autres éléments
22:53sur lesquels on peut discuter.
22:55Les carrières hachées des femmes, la pénibilité.
23:00Il peut y avoir, là, des marges de manoeuvre.
23:03Et quand vous écoutez, d'ailleurs, aujourd'hui,
23:05le mouvement syndical et les syndicats de salariés,
23:08vous apercevez qu'il y a des propositions.
23:10Ces mouvements de salariés ne sont pas d'accord entre eux.
23:13Au sein du patronat, c'est la même chose.
23:15Les syndicats de cadres apportent aussi un regard.
23:19Il faut faire confiance.
23:20Si vous laissez uniquement la classe politique à la manoeuvre,
23:24ce sont des gens qui ne représentent pas grand-chose.
23:27Les partis, aujourd'hui, ça ne représente pas grand-chose.
23:30Venant de vous, c'est intéressant.
23:32Au moins, donner la parole au syndicat
23:34qui ne représente pas grand-chose par rapport à notre voisin allemand,
23:38beaucoup plus que les partis, je crois que c'est une bonne chose.
23:41Vous n'êtes pas raisonnable.
23:43Je crois surtout qu'ils vont avoir des chiffres impressionnants.
23:48Pierre Moscovici...
23:50Le rapport de la Cour des comptes va faire quelque chose de très important
23:55parce que les chiffres du COR,
23:57qui est supposé s'occuper de ça, le Conseil d'orientation des retraites,
24:01a beaucoup cafouillé dans le passé, a dit des choses contradictoires.
24:05On n'a plus confiance dans les chiffres fournis par cet organisme.
24:09La Cour des comptes, le 1er président et socialiste,
24:12Pierre Moscovici, quand il leur a délivré son diagnostic,
24:16qui est sévère et comparable à celui de François Bayrou,
24:19des chiffres que vous avez opportunément cités,
24:22le déficit est hallucinant.
24:24La moitié du déficit est due au déficit des retraites.
24:28Malheureusement, je trouve ça très bien de déplacer le débat
24:32chez les partenaires sociaux, qui sont conscients de ces chiffres,
24:36mais je crois qu'ils les connaissent.
24:38L'ennui, c'est que ce n'est pas qu'eux qui payent.
24:41Le déficit est dû au régime de la fonction publique.
24:44Le régime général du secteur privé est presque équilibré.
24:47On sait qu'il va falloir reculer l'âge de la retraite
24:50pour qu'il continue à l'être, mais c'est moins prégnant
24:53que le régime de la fonction publique.
24:55Là, c'est l'Etat, nos impôts qui payent les retraites des fonctionnaires.
24:59Sur le principe, c'est plutôt une bonne idée.
25:02J'espère qu'ils seront convaincus par les chiffres
25:05donnés par la Cour des comptes.
25:07Les socialistes n'ont pas voté la motion de censure.
25:10Le gouvernement Bayrou n'est pas tombé.
25:12Les socialistes font partie de la coalition.
25:15C'est ce qu'a rappelé Olivier Faure,
25:17qui s'en est pris par la même occasion aux Insoumis.
25:20Vous êtes gênés, prenez la parole après moi.
25:22Vous l'avez prise avant moi, faites-le.
25:25Mais si vous pensez que ce que je dis là n'a aucun intérêt
25:28pour les Français qui ne sont pas heureux de voir une gauche qui propose,
25:32une gauche qui avance, qui fait céder le gouvernement, alors dites-le.
25:36Premier acte d'insoumission vers les Insoumis d'Olivier Faure ?
25:39C'est assez frappant de voir la métamorphose
25:43d'Olivier Faure, quand même, ces dernières semaines.
25:47Olivier Faure est connu jusque-là pour être le gauchiste,
25:53être dans l'aile gauche du PS,
25:55très opposé à la ligne de François Hollande, notamment,
25:59et plutôt attaché à cette alliance du Nouveau Front populaire
26:02avec Jean-Luc Mélenchon.
26:04Depuis plusieurs semaines, on sent un mouvement qui s'est effectué.
26:08Jean-Luc Mélenchon a essayé d'aller chercher la négociation
26:11et d'aller chercher ce pacte de non-censure.
26:14Olivier Faure a été applaudi par François Hollande
26:17lors de ce discours. C'est assez exceptionnel.
26:20On sait que les deux hommes se détestent.
26:23Ce qui est assez intéressant, aussi,
26:25c'est de voir qu'il y a une rupture qui est en train de s'effectuer,
26:29entre les Insoumis qui cherchent le chaos,
26:31les socialistes qui veulent se détacher de cette alliance,
26:34pour plusieurs raisons.
26:36Leurs électeurs, les socialistes,
26:38ne veulent pas voir une nouvelle censure du gouvernement.
26:41Il y a la question du Congrès et la place d'Olivier Faure au PS.
26:45Mais sur le fond, ils n'ont pas obtenu grand-chose,
26:48les socialistes d'Olivier Faure.
26:50Sur l'essentiel, c'est-à-dire l'abrogation,
26:52parce que la suspension, c'était une abrogation de la loi Borne,
26:55ça, ils ne l'ont pas obtenu.
26:57Et le fameux changement de cap général qu'ils demandaient,
27:00il n'y a pas de changement de cap général.
27:02Pour autant, on entend Olivier Faure crier victoire.
27:04Il a arrêté de se faire des illusions sur sa mutation soudaine.
27:08Il n'a jamais été ni gauchiste, ni réformiste,
27:11il est d'abord fauriste.
27:13Son intérêt était d'abord de jouer l'union de la gauche
27:17pour avoir le maximum de circonscriptions,
27:20tenir son Congrès, etc.
27:22Et là, son opposition a tellement cru,
27:25dans le sens augmenté,
27:27vu la proportion de Mélenchon à dire des horreurs et à les insulter,
27:31qu'il a compris que s'il voulait sauver sa tête
27:34et la tête du Congrès, il ferait bien de tenir compte.
27:36C'est purement opportuniste.
27:38Mais c'est un principe de réalité.
27:40Il y a un moment où il ne pouvait plus tenir une ligne indéniable.
27:43Je pense que c'est un très bon acteur politique.
27:45Il a changé de numéro juste à temps.
27:48Il peut peut-être sauver sa tête comme ça.
27:50Tant mieux pour tout le monde.
27:52Ce que je trouve triste, c'est que la rupture entre Faure et Léphine
27:56n'est pas sur le fond.
27:58Et c'est pas qu'il est revenu tout à coup au mouvement central
28:02de la social-démocratie en Europe,
28:04qu'il faut qu'on réforme les retraites.
28:06Je vais dire un mot là-dessus.
28:08Non, lui, c'est la tactique.
28:10Ce qu'il veut, c'est l'abolition de la réforme des retraites.
28:13Sur le fond, il n'y a pas de désaccord avec LFI.
28:16Or, je reviens un instant sur...
28:18Il y a trois manières d'équilibrer le système des retraites.
28:21Il y a retarder l'âge de la retraite,
28:23qui a un énorme avantage,
28:25c'est que ça augmente notre capacité de production.
28:27Les gens qui travaillent, c'est le problème français numéro un.
28:29Sinon, qu'est-ce qu'on peut faire ?
28:32C'est-à-dire à nouveau taxer le travail,
28:34à nouveau désinciter au travail,
28:36à nouveau nous enfoncer dans la désincitation à produire des richesses,
28:39ou bien on peut réduire le niveau des pensions des retraités.
28:42Personne ne proposera ça.
28:44Donc, au fond, on sait très bien vers quoi on va.
28:46On va vers plus de taxation du travail.
28:48Donc, si la grande rupture idéologique de Olivier Faure
28:51avec l'ELFI, c'est de dire
28:53qu'on va obtenir ce que vous n'arrivez pas à obtenir,
28:56c'est-à-dire on va obtenir de ne pas travailler plus
28:59et de taxer davantage le travail...
29:01Il n'est pas du tout dans le socialisme réformiste
29:04que les Anglais, les Allemands ou même ses prédécesseurs
29:08au Parti socialiste qu'autrefois ont connus.
29:10Il est toujours sur une ligne idéologique, archaïque
29:12et qui ne fait qu'enfoncer le pays dans la détresse dans laquelle il se trouve.
29:15Vous êtes d'accord, Pascal ?
29:16Oui, tout à fait.
29:17Si vous voulez, là, on redécouvre...
29:19C'est de la comédie.
29:20Vous me dites qu'il n'y a pas de rupture profonde.
29:22Il est là, dans la tactique. C'est ça, Pascal ?
29:24Il a tout de même trouvé dans le groupe parlementaire
29:27une immense majorité pour soutenir ce pacte.
29:31Pourquoi ?
29:32Parce que beaucoup de députés socialistes sont retournés sur le terrain
29:37et les retours de terrain, ils ont rencontré à l'occasion des vœux
29:40beaucoup les maires de leur département et de leur circonscription
29:43et les maires leur ont dit maintenant vous arrêtez.
29:46Cette ligne de soutien absolu, de servitude volontaire vis-à-vis de LFI,
29:53il faut stopper.
29:54Mais ce que l'on redécouvre, c'est la limite du socialisme français.
29:57Le socialisme français n'a jamais été une social-démocratie
30:01assumée comme telle, un véritable socialisme réformiste.
30:05Et donc, on redécouvre cette ambiguïté des socialistes
30:09par rapport au pouvoir et le fait que les socialistes,
30:13ils sont toujours gênés par rapport à leur gauche.
30:16Ils ne sont jamais assez à gauche.
30:18Alors quand vous avez une gauche aussi caricaturale
30:20et tonitruante que celle de LFI, ça donne ce que ça donne,
30:23ce que ça donne le Nouveau Front Populaire.
30:25Pour Jean-Luc Mélenchon, la rupture avec les socialistes est consommée.
30:29Sur X, il écrit la chose suivante, le PS fracture le NFP
30:33mais il capitule seul, les trois autres groupes votent la censure,
30:36nous continuons le combat.
30:38Autre tweet, quelques heures plus tôt, il menaçait ouvertement
30:41d'investir des candidats LFI face à des candidats socialistes
30:44qui n'auraient pas voté la censure.
30:47On passe vraiment un palier dans les tensions là ?
30:49Là, c'est le chantage général, mesures de rétorsion.
30:53Jean-Luc Mélenchon n'arrêtait pas de tweeter
30:55au moment des déclarations d'Olivier Faure.
30:57Mathilde Panot a rappelé ces mesures de rétorsion.
30:59On va, si c'est ça, tous ceux qui n'ont pas voté la censure
31:02chez les socialistes, on leur mettra un candidat LFI face à eux.
31:05Encore faut-il qu'il gagne, ça c'est un autre sujet.
31:09Mais je pense qu'il y a une chose qui est quand même sincère
31:12dans la volonté du Parti Socialiste de ne pas avoir censuré,
31:15c'est qu'ils sont quand même contents de se débarrasser de la tutelle,
31:18de sortir de cette tutelle de Jean-Luc Mélenchon.
31:21Ils sont sortis de la tutelle ?
31:23Là, ils commencent plutôt franchement à sortir de cette tutelle.
31:28Et il y a une stratégie du chaos qui est très assumée
31:32par Jean-Luc Mélenchon.
31:34Manuel Bompard l'a rappelé dans son discours.
31:36Leur objectif, c'est de faire tomber François Bayrou
31:38et de faire tomber le monarque.
31:40C'est ce qu'a dit Emmanuel Bompard, faire démissionner Emmanuel Macron.
31:44Il y a deux choses différentes.
31:46Là où le NFP, une forme ou une autre, n'est pas mort,
31:49c'est que dès qu'il y aura une élection,
31:51il y aura forcément une alliance électorale à gauche.
31:53Même quand il y a eu la rupture du programme commun,
31:55il y avait une réunion à gauche.
31:57Il ne faut pas se faire d'illusions.
31:59Et en attendant...
32:01Sauf s'il y a un accord avec Bayrou pour la proportionnelle,
32:04qui permettra au PS d'échapper à la tutelle.
32:07Mais ça ne règle pas tout. Il y a quand même des municipales,
32:09il y a des alliances à affaires.
32:11La prochaine élection, c'est l'élection électorale.
32:13Mais il y a quand même alliance électorale contre, là maintenant,
32:17acte visible qu'on n'a pas la même stratégie.
32:20Mélenchon veut faire partir Macron alors que les socialistes
32:23veulent durer pour pouvoir avoir le temps de préparer un candidat.
32:26On en reparlera.
32:27Qui est aujourd'hui le premier flic de France ?
32:29En théorie, c'est le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
32:32devenu un poids lourd du gouvernement Bayrou.
32:34Mais ce titre est ces jours-ci contesté
32:36par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin,
32:38poids lourd lui aussi de l'équipe gouvernementale.
32:40Tous les deux multiplient les annonces
32:42et tous les deux ont les faveurs du patron, écoutez.
32:45Je vous donne acte, en effet, que je soutiens M. Retailleau.
32:50Vous vous en êtes réjouis à la tribune.
32:54C'est pas seulement que je le soutiens,
32:57c'est que j'ai souhaité qu'il soit ministre d'Etat,
33:00ministre de l'Intérieur.
33:02De même que je soutiens, un certain nombre d'orateurs
33:04s'en sont étonnés, l'action du ministre d'Etat,
33:07ministre de la Justice.
33:09C'est un peu les deux chouchous de...
33:11Oui, c'est les deux chouchous qui, pour l'instant,
33:14forment un duo efficace et qui mettent en scène
33:17leur complicité ou, en tout cas, le fait qu'ils soient tout à fait
33:21raccords et sur la même ligne, très sécuritaires.
33:24Ils mettent en scène leur déjeuner,
33:26ils mettent en scène le fait que la chaîne pénale
33:29est peut-être de façon très inédite sur la même longueur d'onde.
33:33Ca, c'est ce qui est officiel.
33:35Officieusement, il y a une rivalité évidente entre les deux hommes.
33:39Il y a deux styles, deux salles, deux ambiances.
33:41On a un Retailleau qui est fionniste, droite, catholique, assumé,
33:45qui n'a jamais flirté avec la Macronie.
33:47On a un sarcosiste, adepte des coups médiatiques.
33:50Il a fait trois déplacements en dix jours.
33:52Gérald Darmanin.
33:53Retailleau a gagné en popularité.
33:56Gérald Darmanin est très populaire.
33:59Je vais vous montrer les chiffres.
34:01Le classement est là des personnalités politiques
34:03pour le journal Les Echos.
34:04Gérald Darmanin recueille 32 % d'images positives.
34:07En progression de 4 points sur un mois,
34:09le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
34:11bénéficie de 31 % d'images positives.
34:13C'est une hausse de 5 points.
34:15Tous les deux occupent respectivement la 5e et la 6e place
34:18du classement auprès des Français.
34:20Pascal, qu'est-ce qui séduit chez les deux hommes ?
34:22Qu'est-ce qui séduit les Français ?
34:24C'est à la fois certainement un style,
34:27mais surtout la capacité de ces deux hommes,
34:31et particulièrement, je dirais, de Bruno Retailleau,
34:34à incarner et à développer aussi un sens de l'action
34:38sur deux thématiques, on le voit,
34:41qui, derrière la question du pouvoir d'achat,
34:43sont essentielles aux yeux des Français,
34:45la sécurité, l'immigration.
34:47Et là, les Français ont l'impression, pour la première fois,
34:50que dans l'axe justice intérieure, ça marche,
34:54que les deux hommes marchent à peu près du même pas,
34:58même s'ils sont dans une structure concurrentielle.
35:00Mais je rappellerai tout de même
35:02que Bruno Retailleau, c'est la droite.
35:05Gérald Darmanin, c'est beaucoup plus un homme
35:08qui joue au sein de la Macronie, où l'avenir...
35:11Vous dites que c'est pas un homme de droite.
35:13Il vient de l'espace central.
35:15Il en vient, oui, mais c'est pas le seul.
35:17François Mitterrand aussi venait de la droite.
35:19Donc, voilà.
35:21C'est un homme qui est en concurrence
35:25avec toutes celles et ceux qui, au sein de la Macronie,
35:28pensent déjà, sont dans l'après Macron.
35:30A LR, l'espace, certes,
35:34il y a Laurent Wauquiez, mais l'espace est beaucoup moins occupé
35:37et la dynamique, pour l'instant, étonnante,
35:39quand vous regardez les chiffres, sur le très court terme,
35:42c'est une dynamique Retailleau.
35:44Il faut pas se cacher une chose, et qu'ils ont très bien compris,
35:47la France a glissé de plus en plus à droite,
35:49en tout cas sur ces thèmes-là.
35:51Sécurité et immigration, ça fait la fortune
35:53du FN puis du RN.
35:56A force de se cacher cette réalité,
35:58la gauche ne s'en occupe pas
36:00et la droite le fait au compte-goutte,
36:02avec toujours la peur d'être accusée,
36:04d'être devenue fasciste, raciste ou je ne sais quoi.
36:07Donc là, il y a deux hommes politiques de premier plan
36:10à des postes les plus importants sur ces questions
36:13qui assument cette envie, ce désir
36:16et cette attente des Français sur des sujets
36:19qui ont été quasi tabous pendant des années.
36:22Effectivement, ils sont en concurrence,
36:24mais au moins, ils tirent dans le même sens.
36:26C'est à qui fera mieux dans son domaine
36:28pour répondre à l'attente des Français.
36:30Ils sont tous les deux présidentiables,
36:32tous les deux avec cette idée-là.
36:34Bien sûr, un jour, ils se le vivent comme ça.
36:36Maintenant, on est présidentiables pour un rien.
36:38On va écouter un son de Bruno Retailleau.
36:40Précisément, jusqu'où iront-ils ?
36:42Lequel des deux serait le mieux placé éventuellement pour 2027 ?
36:45Cette semaine, Bruno Retailleau est allé
36:47à la rencontre des jeunes Républicains.
36:49Écoutez.
36:50J'avais demandé au Premier ministre, à François Bayrou,
36:53de me donner un certain nombre de garanties
36:55sur le régalien, bien sûr, mais pas seulement.
36:57Sur le régalien, sur la sécurité,
37:00sur le narcotrafic, sur l'immigration,
37:02parce que trop, c'est trop.
37:04Sur l'islamisme, je pense qu'on n'en a pas fini
37:07dans le combat contre l'islamisme.
37:09Il y a le terrorisme, il y a le séparatisme.
37:11Désormais, il y a l'antrisme.
37:13– Devant de jeunes militants LR,
37:15ça fait un peu meeting de campagne, non ?
37:17– Oui, mais moi, je crois que c'est le phénomène politique
37:20le plus intéressant, comme observateur.
37:22Cette doublette, comme on dit à la pétanque,
37:25Retailleau, Darmanin, parce que je ne suis pas du tout…
37:27– Vous ne parlez pas de tandem, vous ?
37:29– Oui, ça peut être un tandem, je ne suis pas sûr qu'ils soient…
37:32Ils sont très complémentaires.
37:33Retailleau ratisse l'électorat de droite et d'extrême droite
37:37et Darmanin, comme ça vient d'être dit,
37:39ratisse plutôt l'électorat de centre droit.
37:42Et leur alliance est un énorme bélier puissant
37:46pour faire éclater les perspectives politiques actuelles.
37:51Ils peuvent se trouver ensemble dans la configuration
37:54où se trouvait Nicolas Sarkozy,
37:56d'arriver à siphonner à la fois les voix du centre
37:59et les voix de l'extrême droite.
38:00Et donc, dans un système politique,
38:03alors là, je parle sous le contrôle des spécialistes,
38:05qui est désormais tripolaire,
38:07une gauche qui s'est radicalisée, une droite qui s'est radicalisée,
38:11et au centre, les partis qui étaient feu, les partis de gouvernement,
38:14ils peuvent être la tête de proue ensemble.
38:18Ils peuvent être le ticket qui est capable de faire pièce
38:22à la fois à Mélenchon d'un côté, à Marine Le Pen de l'autre,
38:24et offrir une alternative aux forces centrales.
38:27Pascal, précisément, ils ratissent, comme dit Denis,
38:30l'électorat RN.
38:31Ils ont une capacité de séduction sur cet électorat ?
38:34Je regardais, par exemple, dans l'extraordinaire,
38:36depuis octobre dernier, l'extraordinaire poussée de Retailleau.
38:40Retailleau, vous savez, avant, en termes de cote,
38:42il était entre 8 et 10.
38:44Et tout d'un coup, à partir du moment où il devient ministre de l'Intérieur,
38:4719, 25, 32, bon, voilà.
38:50Donc, une poussée extrêmement importante.
38:53Et quand vous regardez la structure de cette poussée,
38:56ce qui est très intéressant, c'est qu'en effet,
38:59ce qui est très rare dans la droite française,
39:01il parle à une partie de l'électorat du RN.
39:03Et très souvent, d'ailleurs, à d'anciens électeurs de droite
39:06qui, épuisés par l'attitude de LR, sont partis vers le RN.
39:10Mais ce sont des brebis égarées qui peuvent venir au Bercail.
39:14Et il connaît également une poussée très forte,
39:16la poussée la plus forte, c'est dans l'électorat Macron.
39:19Parce que...
39:20Oui.
39:21C'est encore plus fort que dans l'électorat RN.
39:24Bien sûr, dans l'électorat LR, c'est son socle,
39:26mais enfin, LR, c'est pas non plus...
39:28C'est comme l'EPS, c'est plus grand-chose, au plan électoral.
39:31Mais dans l'espace central, il connaît une dynamique très forte.
39:34C'est-à-dire que, si vous voulez, cet espace central,
39:37c'est à la fois un électorat qui est à la recherche
39:40de solutions audacieuses en termes économique et social,
39:43sur le terrain du travail, sur le terrain des retraites,
39:46sur d'autres terrains également, sur le terrain du chômage, etc.,
39:49et de la lutte contre le chômage.
39:51Et puis, c'est un électorat qui, tout de même,
39:53au point de vue sociétal, pour parler vite,
39:55est un électorat conservateur.
39:57Et enfin, si vous voulez, en France,
39:59l'espace conservateur se pose la question
40:02de la reconquête des deux côtés et trouve peut-être,
40:06on verra, peut-être les hommes qui sont capables
40:09d'organiser ce, au meilleur sens du terme,
40:12ce ratissage électoral des deux côtés.
40:14Sur la manière de faire, Sylvie, moi, ça me rappelle un peu...
40:18que chez Retailleau, la méthode Sarkozy,
40:20ils occupent l'espace médiatique, ils saturent l'espace médiatique.
40:23On sature l'espace médiatique, on n'a pas peur de dire les choses,
40:26on veut entrer dans le concret.
40:29Et pour l'instant, je trouve effectivement, comme le dit Pascal,
40:33ça marche, ça correspond à quelque chose
40:35et surtout, ça prive d'oxygène le Rassemblement national.
40:38Avouez qu'ils sont dans une mauvaise passe.
40:40On peut au moins se réjouir de ça.
40:42Ça fait quelques semaines, voire quelques mois,
40:44qu'avec Retailleau et Darmanin aux manettes,
40:47avec le Parti socialiste qui, certes, n'a pas fait sa mue,
40:51mais au moins qui concède le fait que Bayrou va durer,
40:54ils se retrouvent le bec dans l'eau, le Rassemblement national.
40:57Ils ne tiennent plus le gouvernement par la barbichette
41:00et sur leur thème favori, ils ont des champions meilleurs qu'eux.
41:03Parce que leur proposition à eux et leur action à eux,
41:06c'est un peu bancal.
41:07Donc là, ils ont trouvé deux personnages
41:10qui ne les fait pas lire beaucoup,
41:12surtout que le Rassemblement national
41:15est sur le plan social beaucoup plus à gauche
41:18que Darmanin et Retailleau.
41:20Donc si c'est pour rassembler la droite,
41:22là, effectivement, Darmanin et Retailleau
41:24peuvent repomper tout ce que Nicolas Sarkozy avait essayé de pomper.
41:28C'est d'ailleurs l'étage qui manque à leur fusée pour l'instant.
41:31Ils ne sont que sur leur égalien.
41:33S'ils veulent grandir et occuper tout l'espace,
41:35il va falloir qu'ils fassent des propositions aussi
41:37dans le domaine de l'économie et du social.
41:39Il faut travailler plus.
41:41Pour accélérer ça.
41:42Vous ne croyez pas si bien dire,
41:44parce que Gérald Darmanin est le seul homme politique
41:47qui a fait ce thème.
41:49A mon avis, il l'a pris sous un mauvais angle,
41:51qui est celui de l'augmentation individuelle de la durée du travail,
41:54au lieu du fait d'augmenter le nombre des actifs.
41:56Mais il est le seul qui a compris ou pensé que ce thème était un bon thème.
42:00Et c'est vrai que c'est une manière de contrer
42:02et la gauche et l'extrême droite avec une ligne qui soit différente.
42:05Allez, revoilà Donald Trump.
42:07Merci, président Larcherot.
42:09Donald Trump, ce lundi, le milliardaire va redéposer ses valises à la Maison-Blanche
42:13après avoir été investi 47e président des États-Unis.
42:16Coïncidence ou pas, cette semaine,
42:18un accord entre Israël et le Hamas a été conclu pour la libération des otages
42:22et un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
42:24C'est Donald Trump himself qui, sur les réseaux sociaux,
42:27a officialisé l'accord avant même que les partis concernés ne s'expriment.
42:31Alors quand on demande à Joe Biden à qui revient le mérite de tout ça,
42:35écoutez sa réaction.
42:40Is that a joke ?
42:43Oh, thank you.
42:45Voilà.
42:46Pour cet accord, Pascal, il faut dire bravo, voire merci à Donald Trump ?
42:51Écoutez, il faut dire d'abord merci au président sortant,
42:55Joe Biden, qui a mis à l'agenda depuis longtemps
42:59et s'est donné les moyens d'essayer,
43:02de tenter de faire avancer les négociations
43:05entre Israël et le Hamas à Doha.
43:09Bien sûr, ensuite, il y a eu la position personnelle de Donald Trump,
43:15qui a d'ailleurs tout de suite cherché à confisquer à son seul profit,
43:19ce qui n'est pas très élégant, mais il nous avait déjà habitués
43:22à un manque d'élégance sur d'autres affaires.
43:25Et Donald Trump, oui, a pesé de tout son poids,
43:28mais parce que aussi, je ne sais pas si vous avez remarqué,
43:31l'équipe démocrate avait accepté que le promoteur immobilier
43:35que Trump avait envoyé en Israël et à Doha...
43:40Steve Witkoff.
43:41Steve Witkoff participe aux négociations.
43:45Donc, d'une certaine manière, il y a les deux présidents américains,
43:50et on voit bien que rien ne se passe sans que les Etats-Unis,
43:54et là, dans toute leur diversité, y mettent le paquet.
43:57Vous tirez votre chapeau à Joe Biden, mais sans Trump,
44:00peut-être que cet accord n'aurait jamais vu le jour, Denis.
44:04Il me semble assez évident qu'il y a deux raisons
44:06pour lesquelles Trump a joué un rôle décisif.
44:09La première, vous vous souvenez qu'en novembre,
44:11il avait dit que si les otages n'étaient pas libérés,
44:15et si un accord n'était pas trouvé, avant sa date d'investiture,
44:18un déluge de feu s'abattrait comme sur le Hamas,
44:22comme il n'en avait jamais connu.
44:24Et comme il est pris au mot,
44:27je pense que cette menace a fait bouger les lignes.
44:31Donc ça, c'est du côté Hamas ou Qatar.
44:34Et d'autre part, Netanyahou, qui avait de très mauvaises relations,
44:38le gouvernement israélien qui avait de très mauvaises relations
44:41avec Joe Biden, avait envie de faire une fleur à Trump
44:45et de saluer son arrivée de manière positive
44:47pour créer avec lui un momentum qui soit plus aimable
44:50que celui qui précède.
44:51Donc si d'un côté, des deux parties à la négociation,
44:55les premiers ont peur d'une rétorsion violente
44:58et les seconds ont envie de faire plaisir aux Américains,
45:00il est clair que ce Trump joue un rôle décisif
45:03dans le rapprochement des points de vue.
45:05Et nous, dans tout ça, Emmanuel Macron a tweeté ce vendredi,
45:08nos concitoyens au fer et au hade figurent dans la liste des 33 otages
45:12qui doivent être libérés dans la première phase de l'accord.
45:14Nous restons mobilisés sans relâche.
45:18On a joué un rôle, on a essayé de faire quelque chose ?
45:21Honnêtement, non.
45:22Bien sûr qu'on a essayé, on essaie d'être dans le coup,
45:25on essaye au Liban.
45:26D'ailleurs, le Drian fait des très bonnes choses au Liban.
45:28Si les choses se sont dénouées là-bas, c'est en grande partie grâce à lui.
45:31Mais sur l'affaire Hamas-Israël, c'est vraiment les Etats-Unis.
45:36Et il faut noter, au passage, le poids énorme de cette puissance
45:40qu'on dit régulièrement déclinante, hors-jeu, isolationniste, etc.
45:44Quand ils mettent le paquet et qu'ils disent maintenant,
45:46il faut régler le problème, le problème se règle.
45:48Alors bien sûr, ça arrive à un moment où les forces localement sont épuisées,
45:53même le Hamas s'en peut plus.
45:55Israël était quand même au bout de ce qu'il pouvait faire
45:58comme destruction à Gaza.
46:00Mais c'est vrai que quand une puissance comme la puissance américaine
46:05doublée du petit grain de folie de Trump,
46:09dont on se dit qu'on va le prendre au sérieux
46:11parce qu'on sait jamais ce qu'il pourrait vraiment faire,
46:13entre en scène, les choses se règlent provisoirement
46:18parce qu'hélas, il ne faut pas se faire trop d'illusions,
46:20la situation au Moyen-Orient,
46:22on n'a pas fini de voir des drames,
46:24il faut se réjouir évidemment d'un cessez-le-feu,
46:27à tout moment, tout peut déraper,
46:29et la reconstruction et la construction d'un accord pour la suite,
46:34on est loin du compte.
46:36Mais c'est un début et qu'il faut saluer,
46:38et évidemment, Trump, il faut être honnête, il a pris sa part.
46:40– Alors, on en a parlé tout à l'heure, Pascal,
46:42c'est de Steve Witkoff, l'envoyé spécial de Donald Trump au Moyen-Orient,
46:46c'est un ami de Golf, du futur président,
46:48il a lui aussi fait fortune dans l'immobilier,
46:50il était à Tadoua ces derniers jours,
46:52il s'est rendu à Jérusalem samedi, il y a une semaine,
46:54dans le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou,
46:57des discussions décrites comme décisives par les médias israéliens.
47:01Sur la manière de faire, on est hors des structures étatiques,
47:05ce n'est pas un envoyé officiel, c'est un ami de Donald Trump,
47:08c'est un peu la méthode Trump, c'est ça ?
47:10– Oui, c'est la méthode Trump, ce sont les réseaux Trump,
47:15alors il faut voir ce que ça veut dire
47:18sur la mutation de la structure du pouvoir aux Etats-Unis,
47:21c'est ce que s'est permis de dire dans son adieu au peuple américain Joe Biden,
47:27en parlant d'une dérive oligarchique.
47:30– L'oligarchie.
47:31– Ce n'est pas la première fois que ce thème arrive au premier…
47:34– On va écouter Joe Biden là-dessus, puis je vous redonne la parole,
47:38on écoute Joe Biden.
47:40– Aujourd'hui, une oligarchie prend forme en Amérique avec une richesse,
47:44un pouvoir et une influence extrême
47:46qui menacent littéralement notre démocratie tout entière,
47:50nos droits et libertés fondamentaux
47:52et la possibilité pour chacun d'avoir une chance équitable de progresser.
47:56– Je vous redonne la parole cher Pascal.
47:58– Oui, on voit bien qu'en effet Trump illustre,
48:01et ce n'est pas nouveau, mais dans la mise en place cette fois-ci
48:04par rapport à la première présidence Trump du pouvoir,
48:08là véritablement ça fonctionne vraiment beaucoup,
48:12c'est véritablement on sert les copains avant tout,
48:17on sert la famille et on sert les copains,
48:20parfois en s'assayant complètement sur toute forme de compétences,
48:25on envoie un promoteur immobilier pour régler des problèmes,
48:29mais parfois…
48:30– Mais ça marche, il indule.
48:32– C'est pour ça que des amateurs audacieux,
48:34et là on reste dans la culture américaine,
48:36des amateurs audacieux peuvent déplacer les lignes
48:40que les sachants, avec de multiples guillemets, sont incapables de déplacer.
48:44– C'est quelque chose d'inédit Denis, dans la culture politique américaine,
48:47dans notre culture même française, on n'a pas tellement l'habitude de ça,
48:51on envoie un promoteur immobilier négocier sur un des dossiers les plus chauds,
48:54des géopolitiques les plus chaudes de ce dernier siècle.
48:58– Je crois que la politique des émissaires est aussi vieille que la diplomatie elle-même,
49:02et j'ai le souvenir qu'y compris à l'époque du général de Gaulle,
49:06Jacques Focard par exemple, qui lui était lié,
49:09et qui n'avait pas de fonction, qui n'était pas diplomate,
49:12qui n'était pas au quai d'Orsay, qui était un français libre,
49:15qui avait des liens liés de la guerre avec le général de Gaulle,
49:18était son émissaire, donc c'est aussi vieux que la diplomatie.
49:21Mais j'en reviens d'un mot sur ce qu'a dit Joe Biden,
49:24parce que c'est très intéressant et très important me semble-t-il,
49:28parce qu'on voit une figure modernisatrice avec Trump,
49:32parce qu'il est avec des types de la Silicon Valley, de la high tech…
49:37C'est le progrès, ça va aller de l'avant.
49:40Récemment, le prix Nobel d'économie,
49:43le dernier prix Nobel d'économie assez moglou,
49:45a écrit un livre très intéressant dans lequel il montre que,
49:48bien sûr le progrès technique, la high tech, l'innovation,
49:52est une source possible de bien-être et de développement économique,
49:56sauf si la richesse est captée par précisément une oligarchie,
50:02et il pensait notamment à des gens comme Musk et d'autres.
50:06Donc ne soyons pas les dupes d'une image modernisatrice,
50:10encore faut-il, comme l'a dit très justement Biden,
50:13que les progrès économiques et les efforts ne soient pas captés par quelques-uns.
50:16Et le risque en effet du système personnel de pouvoir de Trump,
50:22c'est qu'il y ait au cœur du pouvoir des gens
50:26qui défendent leurs propres intérêts et pas ceux de la nation.
50:29Vous me faites un peu la transition, ça veut dire qu'en fait,
50:31Trump n'est ni l'ami d'Israël, ni l'ami des régimes arabes,
50:35il est l'ami de personne.
50:36Il fait du business.
50:37D'abord, son premier réflexe, c'est toujours l'efficacité comme un businessman.
50:42Les moyens pour y parvenir, les grands principes, les valeurs,
50:47tout ça, il s'assoit dessus.
50:48Il a toujours ce réflexe de la logique du résultat.
50:51Et effectivement, c'est un peu frustrant quand on dit
50:54que ça vient de la première démocratie du monde,
50:56qui a quand même eu un respect pour sa constitution,
50:59certains grands principes, etc.
51:01Et là, il s'assoit sur tout ça, on l'a vu pendant le premier mandat,
51:05ça risque d'être pire pendant le second.
51:07Mais donc, il n'a pas d'alliés, il n'a pas d'amis, il n'a que des intérêts.
51:11Je pense qu'il a surtout des intérêts et qu'effectivement,
51:15il voit plus l'avenir avec Israël qu'avec la Palestine.
51:18C'est une espèce de penchant, mais effectivement,
51:21pas plus idéologique que ça.
51:23Comme chaque semaine, les amis, on termine par un topflop,
51:26une question simple.
51:27Qui a marqué l'actualité de la semaine, en bien ou en mal ?
51:31Professeur, vous commencez le top de la semaine.
51:33Ca va surprendre, mais c'est François Bayrou pour son humour.
51:37J'ai beaucoup aimé, mais bien sûr, à plusieurs reprises,
51:40dans sa déclaration de politique générale, cet homme...
51:44Volontaire ou involontaire ?
51:46Volontaire.
51:47Quand il dit, voilà, je suis un néophyte,
51:50je suis en train d'apprendre le métier, etc.,
51:53je trouve ça assez savoureux.
51:55Il ne perd absolument pas ses moyens, il y a une forme de bonhomie.
51:58Je trouve ça sympathique à ce niveau
52:00et ça nous change de comportement habituel.
52:05Le flop ?
52:06Mon flop, c'est Cériel Chatelain.
52:08Pour ceux qui ne la connaissent pas,
52:10c'est la présidente du groupe écologiste
52:13qui, dans sa réaction au discours de François Bayrou,
52:16a dit que c'était un discours indigent,
52:19un discours, d'ailleurs, qu'elle ne semblait pas...
52:21Tout à l'heure, j'ai regardé l'image que vous projetiez,
52:24elle ne semblait pas écouter, elle était derrière son ordinateur
52:28et tous les écologistes ricanaient devant François Bayrou.
52:33C'est vrai que venant d'une experte en indigence comme Cériel Chatelain,
52:38qu'elle parle d'indigence, elle avait peut-être droit au chapitre.
52:43Sylvie, le top de la semaine ?
52:45Le top cette semaine, c'est le 50e anniversaire de la loi Veil,
52:49donc Simone Veil, on le fêtait exactement hier,
52:52et 50 ans après, c'est quand même entré dans le marbre
52:57grâce à la constitutionnalisation,
52:59et à l'époque, ce n'était pas évident,
53:02donc un grand chapeau rétrospectif.
53:05Le flop de la semaine ?
53:06Et le flop, on en parlait un petit peu tout à l'heure,
53:08Mark Zuckerberg, le patron de Meta,
53:10qui a fait des déclarations effarantes
53:12sur l'évolution de ses réseaux sociaux,
53:15qu'il a renoncé à modérer, à contrôler,
53:20donc on pourra de nouveau y dire absolument n'importe quoi,
53:23du racisme, des fake news, enfin, toutes les hommes qu'on veut,
53:26et il a en plus dit que son réseau n'était pas assez masculiniste,
53:30enfin, c'est incroyable, il est allé jusque-là
53:32pour flatter Donald Trump,
53:34et de ce point de vue, on peut vraiment s'inquiéter.
53:36Daniel Otam, sur les fake news ?
53:38Pour moi, c'est les accords du cessez-le-feu
53:40et de la libération des otages,
53:41parce que ça fait 15 mois que cette situation dramatique dure,
53:45elle a commencé par les crimes épouvantables du 7 octobre,
53:48elle s'est poursuivie par des bombardements à Gaza
53:50qui ont fait des milliers de victimes,
53:52il y a ces gens qui vont être libérés,
53:54les bombardements qui vont cesser,
53:56donc c'est quand même un événement majeur.
53:58Et le flop de la semaine ?
54:00C'est l'accord de Gaza,
54:01parce que je pense qu'il ne va déboucher sur rien de durable,
54:04tant que les Arabes, entre guillemets,
54:07la partie arabe du conflit,
54:09ne reconnaît pas l'existence de l'État d'Israël,
54:11et tant qu'une partie de l'opinion israélienne,
54:14notamment l'extrême droite,
54:15ne reconnaît pas le droit des Palestiniens à un État,
54:18les mêmes causes vont produire les mêmes effets.
54:21On sait qu'il faut une solution à deux États,
54:23mais pour ça, il faut qu'il y ait un échange
54:25entre les uns qui acceptent que les Palestiniens aient une terre,
54:28et les autres, les Palestiniens qui acceptent
54:30que les Israéliens aient de la sécurité.
54:32Et on est très loin de ça.
54:33Hélène, le top de la semaine ?
54:34Le top, c'est cette image plutôt joyeuse et qui fait du bien,
54:37c'est l'arrivée de Charlie Dalan,
54:39qui a pulvérisé le record du Vendée Globe.
54:4264 jours, 19 heures, 22 minutes, 49 secondes.
54:46J'ai pris des notes quand même.
54:47J'ai fait un petit pince-bête.
54:49Il a pulvérisé le record.
54:52Et mon flop, c'est donc les feux à Los Angeles
54:56qui ont ravagé plus de 10 000 habitations.
55:00J'ai des proches qui sont concernés,
55:02donc ça touche particulièrement.
55:04Et cette histoire de compagnie d'assurance
55:07qui, avant même ces incendies,
55:09avait commencé à ne plus assurer ces habitations
55:12parce qu'il y avait déjà des incendies
55:14qui avaient lieu dans ces zones-là.
55:16Ces personnes sont démunies.
55:19L'État a subventionné certaines choses,
55:21mais ils ne vont évidemment pas récupérer l'argent qu'ils avaient là-bas.
55:25– Merci beaucoup, chère Hélène.
55:27C'est la fin de cette émission.
55:28Merci à tous les quatre d'avoir participé.
55:30Salut à vous derrière votre écran.
55:32On me dit dans l'oreillette que vous êtes de plus en plus nombreux à nous suivre.
55:35Merci à vous.
55:36Vous pouvez voir cette émission en replay sur public-sénat.fr.
55:39On se retrouve la semaine prochaine,
55:41même jour, même heure et même endroit.
55:42Bye bye.

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