• il y a 7 heures
Retrouvez L 'Affaire dans l'affaire, tous les samedis de 12h et 13h sur les ondes de Sud Radio, en partenariat avec la revue Affaires Criminelles de McSkysz.

Avec Jade Serano, journaliste police-justice, Adrien Peltier, spécialiste en communication et Homayra Sellier, présidente de l'association "Innocence en danger".
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##L_AFFAIRE_DANS_L_AFFAIRE-2025-01-18##

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Transcription
00:00Bonjour à tous, bienvenue dans l'Affaire dans l'Affaire, une émission en partenariat
00:09avec la revue Affaire Criminel, une heure de décryptage de l'actualité judiciaire,
00:14une heure en compagnie de Jean-Marie Bordry, Jad Serrano, journaliste spécialisé dans
00:20l'investigation et Adrien Pelletier, expert en communication spécialiste des médias.
00:25Merci à tous les trois d'être là.
00:27Nous allons parler aujourd'hui d'une des plus importantes affaires de pédocriminalité
00:32de ces dernières années par l'ampleur de ses victimes, estimées pas moins de 1400
00:37mineurs rien que pour la ville de Rotterham, 2500 mineurs dans toute l'Angleterre victimes
00:43de gangs d'adultes violeurs.
00:45Mais c'est aussi une affaire hautement inflammable, peu médiatisée pendant longtemps, remise
00:53il y a quelques jours sur le devant de la scène, car ces gangs de violeurs organisés
00:57qui abusaient de mineurs sont des pakistanais qui s'attaquaient essentiellement à des
01:00jeunes femmes blanches, autant dire que certains ont eu peur de se faire taxer de racisme.
01:06Jeudi dernier, la ministre britannique de l'Intérieur Yvette Cooper a annoncé une
01:11série d'enquêtes locales sur ces affaires, une réaction tardive, attendue après des
01:16années de relative inertie des autorités britanniques, qui lui avait valu d'ailleurs
01:19de virulentes critiques d'Elon Musk.
01:22Alors, soyons précis, entre 1997 et 2013, à Rotterham, une ville industrielle du nord-est
01:29de l'Angleterre, 1400 jeunes filles ont été victimes de viols, et le plus grave est que
01:34la police et les services sociaux savaient, mais le scandale a mis des années à éclater.
01:38Leurs plaintes n'ont pas été prises au sérieux pendant longtemps, et les médias
01:41ont été tétanisés à l'idée d'être traités de racistes et ont préféré longtemps
01:45se taire, car les auteurs, comme je le disais, étaient pour la plupart des hommes d'origine
01:50pakistanaises.
01:51On va reparler de tout cela dans la deuxième partie de l'émission, avec notre invitée,
01:54Omera Sellier, qui est la présidente d'Innocence en Danger, mais tout d'abord, revenons sur
02:00les faits, et c'est Jade Serrano qui nous raconte les viols de Rotterham.
02:08Nous sommes en 1997 en Angleterre, la bourgade de Rotterham, située au sud du Yorkshire,
02:14compte 250 000 habitants.
02:16Une mosaïque d'anciens villages miniers, en pleine campagne, typique des paysages ruraux
02:21britanniques.
02:22Mais derrière l'allure de cartes postales champêtres, le chômage ravage la ville.
02:2611% des habitants n'ont pas d'emploi.
02:28Alors, pour les enfants et les adolescents de la petite ville de Rotterham, grandir ici
02:37n'a rien d'un rêve.
02:38Emma avait 13 ans, Lizzie 12, Jessica 14.
02:43Elles étaient collégiennes et devant leur établissement, des grands s'intéressent
02:46à elles.
02:47Eux sont au lycée, ils ont 15 et 16 ans, après tout, ces jeunes hommes ont presque
02:52leur âge.
02:53Emma, Lizzie et Jessica se sentent comprises, entendues, mises en valeur.
02:58En confiance quand ils les emmènent voir leurs grands frères, Oumar, Archide et Tariq,
03:03de 10 ans leurs aînés.
03:04Des hommes de 25 ans qui font découvrir aux trois jeunes filles mineures la délicieuse
03:08chaleur de la vodka.
03:10Lizzie, 12 ans, s'enivre.
03:12Elle tombe sous le charme d'Oumar, l'homme de 25 ans.
03:15À part le centre commercial et le McDonald's, il n'y a rien à faire à Rotterham.
03:19Sa nouvelle histoire d'amour la fait chavirer.
03:22Elle sait que c'est interdit et garde le secret.
03:23Ses parents ne doivent rien savoir.
03:26Oumar est beau, il a une voiture et lui dit « tu es ma princesse ». Avec lui, la colle
03:32coule à flot.
03:33Elle fume des cigarettes et ses premiers joints.
03:35Oumar la conduit dans une auberge de jeunesse de la ville de Rotterham.
03:38Lizzie est totalement étivre.
03:40Arrivé dans la chambre, d'autres hommes l'attendent.
03:43Son idylle vire au cauchemar.
03:51Lizzie va subir des violences effroyables.
03:53Rouer deux coups, violer à de multiples reprises.
03:56Oumar n'était pas un prince charmant, mais un prédateur sexuel.
03:59Ses amis, Emma et Jessica, subiront le même sort.
04:03Comme elle, 1 400 enfants de Rotterham, âgés de 11 à 16 ans, ont été, entre 1997 et
04:102013, victimes de viols à répétition par des agresseurs décrits comme des hommes britanniques
04:15d'origine pakistanaise.
04:16Mais dans cette affaire, le pire, si le pire est possible, est encore à venir.
04:25Depuis 16 ans, la police et les services sociaux savaient, et ont laissé faire.
04:30C'est ce que révèle un rapport à cas blanc conduit et publié en août 2014 par une travailleuse
04:34sociale, Alexandrina Jay.
04:37Elle réveille que pendant des années, des professionnels avaient pourtant donné l'alerte.
04:40Dès 2022, une chercheuse qui souhaite rester anonyme réunissait les noms des agresseurs,
04:45méthodes, lieux, descriptions des crimes et délits.
04:48Assez d'informations pour faire tomber le réseau pédocriminel.
04:51Elle décide de tout dire à la police de la ville de Rotterdam.
04:54La douche froide pour la chercheuse.
04:56Les policiers changent de ton et la menace.
04:58Si elle continue à fouiner, ils communiqueront son adresse aux agresseurs.
05:02La chercheuse ne baisse pas pour autant les bras.
05:04En compagnie d'une assistante sociale, Jane Senior, elle continue et tente de lever l'omerta.
05:10Il faudra attendre l'année 2011, soit dix ans, pour que le scandale éclate.
05:14Un journalisme du Times, Andrew Norfolk, dévoile l'affaire, comble de l'horreur.
05:19Une polémique enfle.
05:21Non pas autour du nombre de victimes effroyables, ni du réseau pédocriminel.
05:25Le journaliste est accusé de cibler injustement la minorité anglo-pakistanaise.
05:30Je n'y croyais pas moi-même.
05:31J'avais l'impression que c'était un canular monté par l'extrême droite.
05:34C'était le fond du journalisme du Times.
05:37Il rappelle aussi que la majorité des crimes sexuels sur enfants qui secouent régulièrement le Royaume-Uni
05:41sont perpétrés par des hommes blancs.
05:43Rien n'y fait.
05:45Même les premières arrestations et condamnations des agresseurs.
05:48En 2010, Jane Senior a convaincu un policier clean, Rupert Chung, de se mettre sur l'affaire.
05:54Le policier connaît certains de ces individus, des gens violents et dangereux.
05:59Des voyous notoirs impliqués dans des trafics de drogue qui venaient chercher les filles à l'école.
06:05À Rotterdam, c'est presque un business familial, explique le sergent Chung.
06:08Son enquête, baptisée Opération Centrale, est la première ayant conduit en 2010 à l'arrestation
06:14et à l'emprisonnement de cinq agresseurs d'une cinquantaine de filles, dont Umar, le bourreau de Lidzi,
06:20devenu entre temps celui de 18 autres jeunes filles.
06:24Umar récopera juste de quatre ans de prison ferme et rétapelle de cette condamnation.
06:29Relâché seulement douze mois plus tard, libre,
06:32Umar en profite pour retrouver Lidzi et la menace de faire exploser sa maison familiale.
06:37Aucune mesure de sécurité ne sera prise, ni par la justice, ni par la police.
06:43Pour les forces de l'ordre de Rotterdam, Lidzi est une fauteuse de troubles.
06:47Jane Senior, la travailleuse sociale, s'insurge.
06:50Qu'on arrête de punir les victimes à 13 ans, vous voulez être grandes, mais vous êtes vulnérables.
06:54Alors qu'elles ont été abusées pendant des années, personne n'a entendu leur voix.
06:57Elles ont besoin de soutien.
07:00Il est difficile de décrire la nature effroyable des violents dont ces petites victimes ont souffert.
07:04Asperger d'essence, puis menacer d'être enflammées, menacées avec des armes
07:08ou encore forcées d'être témoins de viols très violents avant d'en subir elles-mêmes.
07:13Pourquoi a-t-on laissé faire ?
07:14Maître Greenwood est avocat.
07:16Il défend aujourd'hui 34 victimes.
07:20« Je suis spécialiste des abus sexuels sur enfants », dit-il.
07:23« À ce titre, je travaille avec la police depuis 20 ans.
07:25J'ai une forte présomption de relations corrompues entre la police et les agresseurs.
07:29Par ailleurs, j'ai entendu dire que le succès du Parti travailliste à Rotterdam aux élections
07:33dépend du vote asiatique et pakistanais.
07:35Beaucoup, ici, pensent que les criminels sont ou ont été liés à des politiciens locaux.
07:39Je ne suis pas d'accord avec ce qu'ils disent.
07:41En effet, l'enquête menée par la travailleuse sociale Alexandrina Jey
07:44et rendue publique en 2014, tient pour responsable certains politiques
07:47et fonctionnaires de la ville de Rotterdam.
07:50L'ensemble du conseil municipal, le directeur des services à l'enfance,
07:54des élus locaux et le commissaire de police du Yorkshire du Sud,
07:57tous savaient et ont laissé faire.
08:01Prendre le risque de porter une telle accusation revenait à voir sa carrière ruinée.
08:05Personne n'a osé dénoncer ces pédocriminels de perte de conscience.
08:09Personne n'a osé dénoncer ces pédocriminels de peur d'être accusés de racisme.
08:13Tous ont préféré menacer les victimes et les abandonner, brisés à vie.
08:18Elles sont sous antidépresseurs, atteintes du syndrome de stress post-traumatique.
08:22Même si des protagonistes complices de l'OMERTA dans la ville de Rotterdam
08:25ont dû démissionner, ils ne sont toujours pas mis en cause par la justice.
08:31Entre 2015 et 2017, de nouveaux procès se tiennent.
08:34Cette fois-ci, la justice est moins clémente.
08:37Une trentaine d'hommes sont reconnus coupables par la justice britannique de viols et séquestration de mineurs.
08:42Ils écopent en moyenne de 10 à 20 ans de prison.
08:46Quant à leur chef de file, Arshid Hussein, il est condamné à 35 ans de prison ferme.
08:52Après l'annonce de leur peine, deux hommes ont crié en plein procès à la Ouagbar,
08:57alors qu'ils étaient expulsés de la cour.
09:00Étonnant ? Pas vraiment.
09:02Après le procès de 2017, un nouveau témoignage publié dans le très sérieux
09:06quotidien britannique The Independent souligne l'aspect religieux,
09:09voire terroriste, des abus menés par les gangs.
09:12Les membres de ces gangs croient fermement que les crimes qu'ils commettent
09:16sont justifiés par leurs croyances religieuses.
09:18Selon une rescapée des viols collectifs de Rotterdam,
09:21son violeur citait des sourates du courant lorsqu'il l'a batté.
09:25Le viol, utilisé comme tactique de guerre et de terrorisme,
09:28est désormais reconnu par le Conseil de sécurité des Nations Unies.
09:32De leur côté, les musulmans et les membres de la communauté pakistanaise
09:35ont condamné à la fois les crimes et leur dissimulation.
09:38L'islam dit que l'alcool, la drogue, le viol et les abus sont tous interdits.
09:42Mais ces hommes ont été entourés de toutes ces choses.
09:45Le Conseil hindou britannique et la fédération CIC ont insisté
09:48pour que ces criminels soient bien qualifiés de musulmans pakistanais.
09:51Pour eux, ce n'est pas la race des agresseurs qui les définit,
09:55mais leurs attitudes envers les femmes.
09:58En 2018, un nouveau rombondissement dans l'affaire du réseau criminel de Rotterdam.
10:02Un rapport diligenté par la National Crime Agency identifie 110 suspects,
10:06dont 80% sont bien d'origine pakistanaise.
10:09Et au total, non plus 1 500 victimes seulement à Dorotterdam,
10:13mais 2 500 victimes de violences sexuelles et physiques
10:15recensées aussi dans d'autres villes anglaises.
10:18Les enfants ont été échangés et emmenés à Bristol, Oxford
10:22ou encore Newcastle par le même réseau pakistanais.
10:25En attendant, Lidzi, Emma, Jessica et toutes les autres
10:29Lidzi, Emma, Jessica et toutes les autres
10:32croisent leurs agresseurs dans la rue, de nouveau libres parce que faiblement condamnés.
10:36Et comme la travailleuse sociale Alexandrina Jail l'affirmait déjà en 2014,
10:41plusieurs dizaines d'enfants sont encore à l'heure actuelle la proie du réseau pédophile.
10:46Coup de théâtre !
10:47Le 16 janvier 2025, il y a deux jours, la presse britannique révèle
10:50la diligence de nouvelles enquêtes policières concernant le gang pédocriminel pakistanais,
10:55dont les membres n'en sortiront pas indemne.
10:57De nouvelles arrestations sont fermement attendues par les Britanniques
11:00et dorénavant par le monde occidental.
11:03Tous ont les yeux rivés sur cette affaire hors norme qui démontre encore
11:07un manque de compétence dans la lutte contre les violences faites aux enfants.
11:10Pourquoi un tel attentisme de la police et un si long silence médiatique ?
11:15Elon Musk a-t-il réellement relancé l'affaire et pourquoi ?
11:19L'affaire dans l'affaire revient tout de suite sur Sud Radio.
11:27De retour dans l'affaire dans l'affaire, votre rendez-vous du samedi midi
11:30pour décrypter l'actualité judiciaire sur Sud Radio.
11:34Un rendez-vous en partenariat avec la revue Affaire Criminelle.
11:38Toujours avec Jean-Marie Bordry, merci d'être là.
11:41Jade Serrano, notre journaliste d'investigation
11:45et Adrien Pelletier, expert en communication, spécialiste des médias.
11:49Merci d'être là.
11:50Rebonjour donc à tous les trois.
11:52Et avec nous, Omera Sellier, présidente et fondatrice
11:55de l'association Innocence en danger.
11:58Nous parlons aujourd'hui des viols de Rotterham,
12:01cette ville industrielle du nord de l'Angleterre, où pendant des années,
12:04les gangs d'hommes pakistanais ont semé la terreur et abusé
12:07de jeunes filles mineures, entre 1400 et 2500 victimes,
12:11si l'on élargit ça à l'ensemble du territoire britannique.
12:14Une affaire de pédocriminalité qui a duré donc des années
12:18avant que le gouvernement, jeudi dernier, décide de lancer des enquêtes sur ces faits.
12:22Alors, Omera Sellier, merci d'être avec nous.
12:25Bonjour. On a peine à croire au nombre des victimes dans cette affaire.
12:30Suivant les rapports, il y aurait eu entre 1400 et 2500
12:33jeunes femmes abusées par ces gangs pendant des années.
12:37C'est une affaire tout à fait exceptionnelle, n'est-ce pas ?
12:41C'est une affaire exceptionnelle, notamment
12:45à cause du nombre des victimes, mais je dirais surtout
12:49à cause de la manière dont l'affaire a été traitée en Angleterre.
12:54Vous savez, j'avais des bureaux en Angleterre, je les ai fermés
12:57à la suite de l'inaction du gouvernement dans cette affaire,
13:02parce que quand j'ai lu que les personnes, les chercheuses et autres,
13:06des médecins experts en criminologie et autres,
13:10il y a eu tellement de rapports de faits sur cette affaire.
13:14Et quand j'ai lu les témoignages de quelques unes de ces personnes
13:18et j'ai vu qu'elles avaient arrêté de signaler,
13:21arrêté de donner des informations parce que ça ne servait à rien.
13:26J'ai compris que j'étais une moustique et que si elles ne sont
13:30arrivées à rien pendant des années,
13:32j'étais en train de me battre contre des moulins à vent.
13:35Donc oui, affaire exceptionnelle, aussi dans son traitement.
13:39Oui, alors comment expliquer que les services sociaux,
13:43la municipalité de Telford et même les forces de police
13:47ont pu être si lentes dans leur réponse, si négligente ?
13:52Écoutez, d'abord, je vais vous dire, je n'ai forcément pas toutes les réponses,
13:56mais ce qui me vient à l'esprit,
14:00et c'est effectivement qu'il y a eu des complicités.
14:04Vous savez, ça fait 25 ans, un peu plus que je fais
14:07ce que je fais avec Innocence sans danger dans le monde entier.
14:12Je vais vous dire une chose.
14:13Lorsqu'il y a autant de victimes,
14:17lorsqu'il y a des prédateurs qui ont pu sévir pendant autant de temps,
14:22il y a forcément des complicités.
14:26Il y a forcément de la corruption.
14:29Il y a forcément des protections.
14:32Alors on peut dire, on peut labelliser ça
14:36de manière très lâche et quand on se fiche des victimes
14:40de complotisme ou je ne sais quoi, mais la conspiration du silence
14:45à laquelle on fait face quand on est dans ce combat,
14:50c'est aussi une, c'est une, je veux dire, à toutes les couches de la société.
14:55Il y a un certain nombre de personnes,
14:58des institutions qui ne veulent pas que la vérité
15:03soit révélée. C'est évident.
15:06Alors, est-ce que le fait que ce réseau d'agresseurs pédophiles
15:10soit d'origine indo-pakistanaise a joué
15:14et en quelle faveur ?
15:16C'est-à-dire qu'on a l'impression que, à lire les comptes rendus,
15:20y compris ceux que nous donnait Jade Serrano il y a quelques instants,
15:24que les médias ont eu peur d'être accusés tout de suite
15:29de pratiquer une forme de discrimination
15:33s'ils avaient parlé de ces gangs qui étaient essentiellement pakistanais.
15:36Est-ce que vous partagez ce point de vue ?
15:39Tout à fait, tout à fait.
15:40Malheureusement, il faut savoir déjà que dans cette affaire,
15:46il y avait, comme dans d'autres affaires de prostitution de mineurs
15:51et de trafic de mineurs, il y a des compagnies de taxis,
15:54de chauffeurs de taxis qui sont responsables de déplacer les victimes.
16:01Et dans ce cas, cette compagnie appartenait à un de ces,
16:07celui dont vous avez donné le nom, plutôt Jade, qui a été condamnée.
16:12Mais c'était des pakistanais qui tenaient cette compagnie.
16:15Evidemment, si ces gens sont en plus liés économiquement
16:21et que les travailleurs voudraient qu'on vote pour eux et qu'ils se votent,
16:26ça peut dépendre de la vote des travaillistes.
16:31Voilà, on ne peut rien, évidemment, rien ne justifie ce qui a été fait ou pas fait.
16:37Mais oui, les choses peuvent s'expliquer de cette manière-là.
16:42Pas qu'en Angleterre, d'ailleurs, je vais vous dire, les chauffeurs de taxis,
16:46les déplacements des victimes d'un endroit à l'autre,
16:51c'est des choses que j'ai rencontrées dans d'autres pays, notamment la France.
16:55Alors, justement, à Innocence en danger,
16:57vous intervenez dans ces affaires de réseaux pédocriminels.
17:00Vous avez créé cette association il y a à peu près une vingtaine d'années.
17:0325 ans pour être précis.
17:06Est-ce que cette affaire est pour vous totalement inhabituelle
17:10ou possède des caractéristiques que vous avez retrouvées
17:13dans d'autres affaires de cette dimension ?
17:17Les deux, la réponse ne peut pas être très franche, en fait,
17:23parce que oui, il y a des caractéristiques dans cette affaire
17:27que j'ai rencontrées dans d'autres affaires,
17:29dans d'autres pays, dans d'autres circonstances.
17:31Mais je dois dire que ce que je trouve exceptionnel dans cette histoire,
17:39c'est que si on creuse un peu, le nombre de victimes
17:42peut arriver jusqu'à à peu près 4000 victimes, dit certains rapports.
17:46Vous voyez ?
17:47Donc, c'est vrai qu'au niveau de l'immobilisme des autorités est effrayant.
17:57Mais si des gens comme Tommy Robinson et Elon Musk
18:06n'avaient pas reparlé de cette affaire,
18:10on n'en aurait plus reparlé, les victimes auraient été livrées à elles-mêmes
18:15alors qu'elles ont besoin de soutien.
18:17Et je vais vous dire, c'est très grave de laisser continuer
18:23des personnes sous prétexte qu'on peut nous traiter de racisme,
18:28ce qui est la vérité, c'est vrai même en France,
18:32mais parce que c'est des crimes qui vont se perpétuer.
18:35Il y aura de plus en plus de victimes.
18:37Il faut faire un choix à un moment donné.
18:40Est-ce qu'on veut nourrir la criminalité au sein de son pays
18:46ou est-ce qu'on veut arrêter la criminalité dans l'intérêt de tout le monde ?
18:50Il faut savoir que ces criminalités-là sont des criminalités horizontales
18:55et non pas verticales, je m'explique.
18:57C'est-à-dire il y a de la drogue, il y a de l'alcool,
19:00il y a de trafic humain, il y a toutes sortes de trafic.
19:04C'est une criminalité horizontale qui peut être très néfaste pour tout le monde.
19:15Donc le choix revient quand même aux autorités qui, dans ce cas-là,
19:20si Elon Musk et Robinson n'avaient pas reparlé de cette affaire,
19:25auraient laissé dormir cette affaire.
19:27Alors on comprend bien les rouages en place,
19:31c'est-à-dire qu'on a une petite ville avec des hommes politiques
19:34qui sont soucieux de se faire réélire,
19:36donc qui vont chercher les voix de la communauté pakistanaise
19:40très présente à Rotterdam.
19:42Mais en revanche, on ne comprend pas bien pourquoi au niveau national,
19:46pourquoi est-ce qu'à Londres finalement, vu de Londres,
19:49pourquoi est-ce qu'on tape pas du point sur la table pendant tant d'années ?
19:54Et je rappelle que ce n'est que ce jeudi, jeudi dernier, là, ce jeudi,
19:58donc plus de 20 ans après les faits,
20:02qu'on se décide enfin à lancer des enquêtes très poussées.
20:08Après une longue polémique en plus, qui a pris des proportions internationales.
20:12Alors à votre avis ?
20:14Écoutez, l'Angleterre avance, enfin en parallèle de cette affaire,
20:20a couvert, la couronne a même anobli un autre prédateur notoire
20:29qui était Jimmy Savile, qui est devenu Sir,
20:32qui a reçu aussi, je ne sais pas quel titre du pop.
20:38Donc je veux dire, en Angleterre, malheureusement, il y a eu d'autres situations.
20:45Je ne l'explique pas.
20:47Je trouve que c'est une tâche sur la réputation du pays, sur la justice du pays.
20:55Mais je peux vous dire que pendant les années où mon bureau était ouvert en Angleterre,
21:00j'ai vu des choses qui m'ont fait comprendre qu'on n'arriverait à rien.
21:07À mon niveau.
21:09Je comprends votre décision d'avoir fermé vos bureaux.
21:12Alors Jade Serrano parlait tout à l'heure du viol considéré comme une arme d'attaque.
21:17Ça c'est assez nouveau.
21:18Enfin en tout cas, à la lecture de ces rapports,
21:21on voit qu'abuser d'une jeune femme, violer une jeune femme,
21:25parce qu'une femme est une arme de terroriste.
21:29C'est une arme de guerre aussi et ça s'est documenté depuis longtemps.
21:31C'est un crime contre l'humanité.
21:32Ça a été utilisé notamment par les extrémistes serbes en Bosnie et en particulier à Srebrenica.
21:38Et on a vu ça aussi durant les événements du 7 octobre sur les territoires israéliens.
21:45Alors à votre avis, c'est une arme d'attaque qui a été...
21:51Comment est-ce que je dirais, comment est-ce qu'on a les criminels élaborent,
21:55comment est-ce qu'ils s'excusent de leurs exactions en faisant appel à la religion comme ça ?
22:00Mais ils ne s'excusent pas.
22:02Mais ils ne s'excusent à aucun moment.
22:05Ils sont ivres de cette folie qui leur dicte que faire ces actes criminels,
22:13commettre ces actes criminels sont dans la lignée de la religion, notamment musulmane.
22:20Et donc ils ne s'excusent pas, ils ne s'expliquent pas, ils sont partis ailleurs.
22:26J'ai vu, il y a quelques années, lorsqu'il y a eu les problèmes avec Daesh, etc.,
22:33j'ai vu comment ces factions essaient d'enrôler des jeunes avec des croyances de cette nature.
22:46Souvenez-vous, vous l'avez lu, Jad, cette jeune fille qui raconte dans son témoignage
22:53que celui qui l'a batté en même temps récitait des sourates de Coran.
23:00Donc ils ne s'excusent pas du tout.
23:02Ça leur donne de la force.
23:03Mais puis, et là...
23:04– Rappelez-nous aussi, Homéra, que Boko Haram avait enlevé une centaine de jeunes filles.
23:08C'est pareil, qui violaient, torturaient.
23:10– On va continuer à parler de tout cela avec vous, Homéra Cellier.
23:14Nous continuons à évoquer ces viols sur les jeunes femmes par ces gangs de pédocriminels pakistanais.
23:20C'est tout de suite avec nos invités sur Sud Radio.
23:23On revient de suite.
23:24– Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
23:29– De retour dans l'affaire dans l'affaire, votre rendez-vous du samedi midi sur Sud Radio
23:32pour regarder l'actualité judiciaire à la loupe.
23:35Un rendez-vous en partenariat avec la revue Affaires Criminelles.
23:38Un rendez-vous avec nos chroniqueurs de luxe, Jean-Marie Bordry, Jad Serrano, journaliste-enquêtrice.
23:47Et puis, Adrien Pelletier, expert en communication.
23:51Nous sommes aujourd'hui, et nous avons invité aujourd'hui pour parler des viols de Rotterdam.
23:56Ces viols tout à fait spectaculaires par leur ampleur.
23:59Nous avons invité Homéra Cellier, Présidente de l'association Innocence en danger.
24:06Donc, je vous le disais, nous parlons des viols de Rotterdam,
24:09cette ville industrielle du nord de l'Angleterre
24:11où pendant des années, des gangs d'hommes pakistanais ont semé la terreur,
24:15abusé de jeunes filles mineures, entre 1400 et 4000 victimes, nous disait Homéra.
24:20Il y a quelques instants, sur l'ensemble de l'Angleterre,
24:23c'est une affaire de pédocriminalité qui a duré des années,
24:27avant que le gouvernement, jeudi dernier, ce jeudi, décide de lancer des enquêtes sur les faits.
24:33Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est bien tardivement.
24:35Alors Adrien Pelletier, avant de revenir vers vous sur l'attitude des médias,
24:39j'aimerais que vous nous expliquiez ce qui s'est passé récemment avec Elon Musk,
24:43qui s'est soudainement mêlé de cette affaire et qui a embrasé la toile.
24:48Oui, Elon Musk a décidé de régler ses comptes avec le premier ministre britannique Keir Starmer,
24:53qu'il attaque déjà depuis plusieurs mois sur les réseaux sociaux,
24:55notamment depuis les émeutes qui ont secoué le pays en août dernier,
24:58après le meurtre de trois fillettes par un immigré rwandais.
25:01Et là, il a passé un cap, début janvier, en exhumant ce scandale des « grooming gangs »
25:05comme on les appelle, des gangs de pakistanais qui avaient sévi pendant des dizaines d'années
25:08dans plusieurs villes d'Angleterre, dont Rotterdam.
25:11Et il a ainsi accusé Starmer de complicité dans ces affaires,
25:14qu'il aurait négligé lorsqu'il était à la tête du service des poursuites judiciaires dans les années 2010.
25:18Et dans quelques centaines de tweets, il l'attaque.
25:20Il a appelé à son départ du gouvernement, il a même appelé à la prison.
25:24Et il a également attaqué la sous-secrétaire d'État à la Protection et contre la violence à l'égard des femmes et des filles,
25:30Jess Phillips, qu'il accuse d'apologie de viol génocidaire,
25:34pour avoir refusé d'autoriser une enquête publique sur les faits commis à Oldham,
25:38une autre ville qui avait subi les mêmes faits, considérant que c'était le travail des autorités locales.
25:42Le gouvernement britannique et le Premier ministre ont évidemment réagi à ces interpellations,
25:46qu'ils considèrent comme des mensonges et de la désinformation opportuniste,
25:49et rejoints même par des chefs d'État, notamment Emmanuel Macron,
25:53qui a regretté cette ingérence de Musk dans la politique étrangère.
25:56Alors, dans cette affaire, constate-t-on réellement un grand écart entre la gravité des faits et le traitement médiatique ?
26:03Comme nous avons pu l'entendre, c'est un petit peu exagéré.
26:07Il y a eu quand même, on a parlé de cette affaire, mais peut-être pas, je dirais, de la façon qu'il convenait.
26:14Oui, en fait, les choses sont en réalité plus complexes, ce qu'on veut dire, concernant cette mise en lumière des faits.
26:20D'une part, car les grooming gangs ne concernent pas qu'une, mais différentes affaires,
26:23dans différentes villes, durant plusieurs années, et elles n'ont pas toutes été traitées de la même manière.
26:28Rotterdam, par exemple, n'est pas du tout celle qui a été le moins traitée par la presse, bien au contraire.
26:32Différentes enquêtes avaient été menées, notamment une par le Times dans les années 2000,
26:36et de nombreux rapports, en particulier un commandé en 2013, au moment où l'entièreté des faits avait été révélée.
26:41Le rapport du professeur Alexis Jay sur l'exploitation sexuelle des mineurs au Royaume-Uni
26:44avait bénéficié d'une énorme couverture médiatique et fait la une de tous les quotidiens du pays.
26:48Il faut même dire et rendre hommage à notre confrère André Bercoff,
26:51qui sur l'antenne de Sud Radio a parlé déjà de cette affaire.
26:54Oui, ça faisait plusieurs années. Il y a au moins cinq ans, on en parlait déjà.
26:57Et d'ailleurs, Tommy Robinson, à l'époque, en parlait déjà aussi.
26:59C'est-à-dire que c'est une histoire qui circule quand même depuis longtemps, qui n'est pas cachée, qui n'est pas tue.
27:04Et ça fait longtemps, d'ailleurs, qu'on dit qu'elle est tue, tout en montrant d'ailleurs qu'on en parle.
27:08Paradoxalement, aujourd'hui, ce n'est plus l'affaire des viols, mais l'affaire de ce silence médiatique qui est mis en lumière.
27:13Alors, la peur de certains médias d'être accusés de racisme est-elle réelle ?
27:19Est-ce que c'est vraiment le motif de cette forme d'auto-censure ? Et est-ce que c'est fréquent ?
27:24Là encore, l'intention des médias n'est pas aussi binaire qu'on le pense.
27:27Eux-mêmes n'avaient pour la plupart pas accès à certaines informations,
27:30et donc n'étaient pas les initiateurs de cette communication verrouillée.
27:33Dans l'affaire de Rotterdam, par exemple, on sait que la police avait gardé secrète certaines informations.
27:37Pour d'autres procès, ce qui a été qualifié d'embargo médiatique,
27:39c'est-à-dire lorsque certains médias possèdent une information mais qu'ils n'ont pas le droit de la révéler avant un certain moment,
27:44finalement réside dans une loi anglaise connue sous le nom d'outrage au tribunal
27:47et qui permet au pouvoir public d'interdire la publication de certains articles avant un délai,
27:52afin de ne pas entraver la procédure judiciaire.
27:54Alors évidemment, ça a été perçu comme une entrave à la liberté d'informer, mais c'est en réalité plus complexe.
27:58Et malgré tout, la presse peut parfois être tenue responsable de la surmédiatisation ou sous-médiatisation de telles affaires.
28:04Notamment à Rotterdam encore, en 2024, des réfugiés dont des manifestants demandaient l'expulsion
28:13avaient été chassés par une horde d'anti-fascistes, comme ils avaient été qualifiés.
28:18Et là, la mobilisation avait été énorme de la part de la presse.
28:20C'est pareil en 2018, The Conversation d'ailleurs avait été allé jusqu'à qualifier d'islamophobe
28:27ce traitement médiatique anti-pakistanais.
28:30Il déplorait les conséquences mortelles d'histoires dépouvantes fabriquées de toutes pièces sur les groumingangs musulmans en Europe.
28:35Alors, c'est amusant parce qu'on dit souvent de la presse britannique qu'elle est assez intrusive.
28:40On sait que les tabloïds n'hésitent pas à aller faire les poubelles de la cour royale,
28:45n'hésitent pas à aller se mêler de vie privée.
28:49C'est quand même, je dirais, une vraie ligne de fracture avec la presse.
28:53Une marque de fabrique.
28:54Une marque de fabrique, exactement.
28:55Et là, curieusement, sur ces affaires-là, des affaires judiciaires, on voit qu'elle a manqué de curiosité.
29:02Une curiosité, mais elle n'a pas été nourrie suffisamment non plus.
29:04Oui, mais la presse d'investigation, c'est son honneur, c'est d'aller chercher les informations
29:12là où justement, elles ne sont pas disponibles à travers des communiqués de presse.
29:15On a surtout l'impression dans cette histoire qu'au-delà du nombre de gens qui savaient
29:18qu'il devait y en avoir et qu'ils l'ont tué, il y a surtout beaucoup de gens qui n'ont pas voulu savoir.
29:22Alors même que des indices leur ont été présentés ou des bribes d'histoire et qu'ils ne voulaient pas justement se pencher sur la question.
29:26Ce qui est intéressant, c'est aussi la coïntance entre les agresseurs et la police, les agresseurs et les services sociaux.
29:31C'est quand même aberrant.
29:32Et à ce propos, question importante, parce qu'on parle beaucoup du nombre de victimes,
29:35donc 1 400 dans l'affaire qui nous intéresse, à peu près, victime présumée, nombre présumé de victimes.
29:40Combien de personnes directement étaient mêlées à ces actes ?
29:45Combien de personnes connues et retrouvées ?
29:48Est-ce qu'il y en avait davantage ?
29:49Et surtout, pour un réseau aussi important, est-ce qu'il faisait autre chose ?
29:52Parce qu'on a un réseau qui, effectivement, torture, brutalise, viole des fillettes et les enlève.
29:57Mais il devait bien vivre de quelque chose d'autre.
29:59Du narcotrafic.
30:01Donc on a un réseau complètement tentaculaire, malgré tout.
30:03On a 110 auteurs connus, repérés, avec à peu près 42 condamnations.
30:08Avec une puissance économique importante sur une ville de cette taille.
30:11Voilà, en sachant que sur les 42, t'en as au moins...
30:13Capacité de corrompre aussi.
30:15Sur les premiers procès, comme je l'ai dit, en 2010, on a eu des condamnations dérisoires.
30:20C'est-à-dire que ce sont des hommes susceptibles, encore, d'être des récidivistes et de recommencer.
30:25On a encore, à Rotterdam, des jeunes filles qui errent dans la rue.
30:28Alors, avant de retrouver Onéra Célier, je voulais quand même finir avec vous, Adrien Pelletier, pardonnez-moi.
30:34Peut-on parler d'un effet Elon Musk pour qualifier cette impressionnante vague d'émotions
30:40qui a secoué l'opinion, les réseaux sociaux et qui a remis dans l'obligation les pouvoirs publics britanniques de réagir ?
30:47Oui, totalement. Il est, j'ai envie de dire, l'unique déclencheur de cette médiatisation.
30:51Il est même l'amplificateur. Il a quand même publié pas moins de 50 tweets uniquement sur les grooming gangs, ce terme, depuis le 3 janvier.
30:59C'est pas très vieux. Date à laquelle il a accusé Jess Phillips de compromission.
31:04Et ce tweet avait été vu par 43 millions de personnes, rendez-vous compte, et a généré ensuite 4 millions de tweets.
31:10Donc c'est dire l'ampleur qu'il a eue. Et d'ailleurs, c'est pas l'influence de l'homme le plus riche du monde,
31:16c'est aussi l'influence maintenant d'un homme politique, et d'ailleurs qui a permis de rouvrir cette enquête hier par la...
31:22Avant-hier.
31:23Excusez-moi, je me permets, c'est qu'il y a eu une nouvelle enquête non-gouvernementale qui a été publiée début janvier,
31:30qui a mené à Elon Musk à tweeter. Donc c'est pas parce qu'Elon Musk a tweeté qu'il a eu des...
31:35C'est un relais massif, c'est quand ça s'appelle une récupération politique.
31:39Jean-Marie Bordry, avant de demander sa réaction...
31:41C'est important de le préciser, parce que si on en parlait déjà de cette affaire, et c'est déjà arrivé il y a plusieurs années,
31:46cette affaire, elle circulait, ça veut pas dire que c'était dans les articles papiers, mais elle circulait notamment sur un réseau social,
31:52qui était le réseau social Twitter, qui appartenait pas à Musk, et qui était même censé être ce réseau social ultra-progressiste et woke,
31:57qui a dénoncé Elon Musk avant de le transformer en virant tous ceux qui y travaillaient.
32:01Donc elle était pas non plus complètement cachée, il l'a pas sortie des limbes.
32:04Quand on voit la volumétrie, c'est quand même...
32:06Oui, il l'a fait exploser.
32:07Je voudrais demander à notre invité Honera Cellier, est-ce que le silence des médias est un allié pour ces gangs de pédocriminels,
32:16ou finalement ça n'a pas beaucoup d'importance sur le temps judiciaire ?
32:20Non, c'est évident que le silence des médias est un allié pour les gangs criminels.
32:26Regardez, dans l'affaire dont on parle, il faut rendre à César ce qui est à César.
32:32C'est Andrew Norfolk de The Times qui est celui qui a enquêté en 2000, je me souviens plus dans quelle année, 2010-2011, voilà.
32:41Et qui est journaliste.
32:44Et qui est journaliste, absolument.
32:46C'est lui qui a révélé cette affaire, et c'est lui à qui les victimes se sont confiées.
32:54Il lui a donné des informations que tout le monde connaissait.
32:59Donc c'est vraiment grâce à lui.
33:02Et souvenez-vous de l'affaire de... comment ça s'appelait, de l'Église catholique, Spotlight.
33:09Le film de Spotlight était sur... j'ai oublié le nom des journalistes et du magazine qui a fait ça.
33:16Donc les journalistes ont un rôle très important.
33:18Quand ils sont libres, et quand ils sont courageux, c'est ça qui manque, surtout.
33:24Vous pensez que la presse française, mais aussi britannique...
33:29La presse française, elle est aux ordres.
33:31La presse française, c'est pas une presse...
33:33Pardon, je parle avec des journalistes, je ne parle pas à vous, particulièrement.
33:39Mais j'ai été dans des affaires, des procès d'assises,
33:45où, dépendant de qui a fait quoi, les faits ont été relatés ou non,
33:52et la manière dont les affaires ont été relatées parlent pour elles-mêmes.
33:58Donc oui, je parle de journalistes qui voudraient vraiment rendre honneur à leur profession.
34:07Comme était le cas d'Andrew Nolfolk, qui a vraiment rendu...
34:12Parce que les victimes l'ont remercié, l'ont remercié encore aujourd'hui.
34:16Mais la direction du Times a permis ça aussi, Omera, on le sait très bien toutes les deux.
34:20Moi, plein de fois, j'ai voulu traiter des affaires faits de criminels et j'ai été censurée par les rédactions.
34:24En tout cas, vous êtes libre sur Sud Radio de le faire et on s'en félicite.
34:28Dans un instant, on va continuer à parler d'Omerta médiatique.
34:31On va continuer à parler de ces gangs de violeurs de Rotterdam.
34:34On va se demander aussi quelle est la part de réalité et théorie du complot.
34:37Parce que souvent, on entend ce mot, c'est une théorie du complot,
34:42souvent associée à ces réseaux de pédocriminalité.
34:45A tout de suite sur Sud Radio, nous revenons.
34:47Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
34:51De retour dans votre rendez-vous sur Sud Radio pour parler de l'actualité judiciaire.
34:56Un rendez-vous en partenariat avec la revue Affaires Criminelles
34:59et un rendez-vous où l'on parle aujourd'hui d'une affaire absolument tentaculaire.
35:03Une affaire dont les chiffres donnent le vertige.
35:05Plus de 1400 victimes, peut-être même 4000 à l'échelle du territoire britannique.
35:10Je veux parler de l'affaire des violeurs, des gangs de violeurs pakistanais.
35:15L'affaire de Rotterdam.
35:17Toujours en compagnie de Jean-Marie Bordry.
35:19Toujours.
35:20Toujours, oui. Merci d'être là.
35:22Jade Serrano est avec nous également.
35:24Bonjour.
35:24Adrien Pelletier, notre expert en communication.
35:27Et avec nous, Omera Sellier, présidente et fondatrice de l'ONG Innocence en danger.
35:33Alors, Jade Serrano, pour les auditeurs qui prennent l'émission en cours,
35:37pouvez-vous nous résumer cette affaire incroyable des gangs de violeurs pédocriminels
35:42et les questions que l'enquête pose d'une part et les silences de la presse de l'autre ?
35:48Oui, bien sûr, Stéphane Simon.
35:49Entre 1997 et 2013, ce sont 2500 jeunes filles qui ont été violées, torturées,
35:56des mineures à travers l'Angleterre par un gang pédocriminel surnommé le réseau pakistanais
36:02en raison de leur origine ethnique.
36:04Une donnée essentielle qui va pousser la presse à ne pas lever l'omerta sur l'affaire
36:08pour ne pas être considérée raciste.
36:11Pendant cinq ans, les victimes vont parler à la police, aux services sociaux.
36:15Elles ne seront pas entendues.
36:17La raison, hormis la dimension ethnique des criminels,
36:20deux enquêtes menées en 2010 par un policier et une travailleuse sociale
36:24vont révéler une incoïtance entre la police et les réseaux criminels.
36:29En 2014, la publication de l'enquête menée par cette travailleuse sociale
36:33confirmera ces liens et obligera le commissaire du Yorkshire du Sud,
36:37des élus locaux et le directeur des services sociaux à démissionner.
36:41En 2024, le réseau n'est pas encore enrayé.
36:45Une nouvelle enquête en ce début d'année 2025 est de nouveau déligentée
36:49et pourrait conduire à de nouvelles arrestations.
36:51Alors, Roméra Célier, je le rappelais, ça fait 25 ans que votre combat
36:56va pour protéger l'enfance de ces réseaux pédocriminels.
37:01On a l'impression parfois d'être dans une mauvaise fiction dans ce type d'affaires.
37:06Il y a toujours des politiques qui essayent de couvrir des criminels,
37:10des journalistes qui ne font pas leur travail.
37:12Est-ce que c'est complotiste de dire ça ou est-ce que c'est ce que vous observez
37:17depuis tant d'années dans ce type d'affaires ?
37:21Malheureusement, c'est ce que nous observons dans ce type d'affaires.
37:25Et je trouve que de dire que c'est complotiste,
37:28c'est comme si on disait deux et deux ne font pas quatre.
37:32Et je suis désolée, on est devant des affaires où il y a des instances
37:36qui étaient au courant de ce qui se passait, qui n'ont pas fait ce qu'il fallait.
37:41On est devant des patrons de presse ou des groupes de médias
37:45qui décident de ne pas parler de telle ou telle affaire
37:48pour ne pas déranger telle ou telle personne.
37:51Voilà, je veux dire, tout est dit.
37:53Alors on peut dire que c'est complotiste, ça ne l'est pas, ça ne l'est pas.
37:57Il faut aussi, je dis à toutes les personnes qui disent que c'est complotiste,
38:06qui l'abélisent sans avoir jamais levé le petit doigt pour soutenir une victime,
38:12qu'est-ce que vous auriez fait, vous, si vous étiez…
38:16On nous traite de complotiste parfois parce qu'on défend les victimes.
38:20Il faut savoir de quel côté on se place.
38:23Est-ce qu'on est du côté des victimes ou est-ce qu'on est du côté de ceux qui sont…
38:28Parce qu'il n'y a pas de zone grise.
38:30On est avec les victimes ou on est contre les victimes.
38:33Je vois ce que vous voulez dire.
38:34Alors, vous le rappeliez tout à l'heure,
38:36vous aviez des bureaux en Angleterre que vous avez fermés suite à cette affaire
38:41puisque vous n'arriviez pas à vous faire entendre.
38:44On a l'impression que la pédocriminalité, ça touche vraiment tous les pays.
38:48Est-ce qu'il y a quand même des pays qui protègent mieux ces mineurs que d'autres ?
38:52C'est une question difficile.
38:54C'est une question difficile.
38:56Il y a des pays où les choses vont particulièrement mal,
39:01où il y a énormément de victimes.
39:03Il y a des pays où les choses vont légèrement mieux.
39:09Mais je peux dire malheureusement que dans l'ensemble, c'est un phénomène.
39:14C'est une criminalité qui ne connaît pas de religion,
39:17qui ne connaît pas de niveau socio-économique,
39:20qui ne connaît pas des barrières culturelles, etc.
39:23Ça arrive partout, dans tous les milieux, dans tous les pays.
39:26C'est universel.
39:27Malheureusement.
39:30Est-ce que l'on consacre assez de moyens pour lutter contre cette criminalité
39:35ou est-ce qu'on est un petit peu comme dans d'autres secteurs judiciaires
39:40où malheureusement on souffre beaucoup du manque de moyens pour la justice et pour la police ?
39:45Est-ce que c'est l'argent qui manque pour lutter contre la pédocriminalité
39:49ou c'est plutôt la volonté ?
39:52Écoutez, c'est le mariage des deux.
39:54Il y a un autre critère qui est qu'il faut des gens compétents,
40:01il faut des ressources et il faut une volonté politique.
40:05Lorsqu'il n'y a pas de ressources, on n'embauche pas des gens compétents,
40:10on donne des rôles à des personnes qui ne sont pas faites pour faire ce type de travail.
40:16Et puis les choses continuent, continuent.
40:19Et ce qu'on oublie, ce qu'oublient nos politiques qui ne donnent pas,
40:24qui ne permettent pas qu'il y ait suffisamment de ressources sur ces sujets,
40:28c'est que les enfants, c'est l'avenir d'un pays.
40:31Lorsqu'on aime un pays et qu'on se bat pour être élu,
40:34c'est ce que j'avais écrit à Emmanuel Macron lorsqu'il a voulu se représenter en 2022.
40:39Si on veut être réélu président d'un pays, ça veut dire qu'on aime le pays.
40:46Or, on ne peut pas aimer un pays si on n'aime pas ses enfants.
40:50Et on ne peut pas prétendre qu'on aime les enfants du pays
40:56lorsqu'on ne donne aucun moyen à la protection de l'enfance.
41:01La France est une très mauvaise élève sur la question.
41:05J'aimerais justement qu'on parle des victimes de ces gangs.
41:09Vous les appelez les « grooming gangs ».
41:13À rapport à leur mode opératoire.
41:15Alors, ce sont des victimes qui sont brisées à vie.
41:20Vous le rappeliez, atteintes de stress post-traumatique pour le reste de leur jour.
41:25Comment est-ce qu'on peut, Homéra, ça fait partie des attributions de votre ONG,
41:32comment est-ce qu'on arrive à se relever de ce type d'affaires ?
41:36Surtout quand on est amené à recroiser les bourreaux,
41:40ses propres bourreaux dans les rues de la ville que l'on n'a pas quitté.
41:44Comment on arrive à se reconstruire ? C'est difficile.
41:48Écoutez, votre question a en fait deux volets.
41:52Parce que si ces hommes sont encore libres et les victimes les croisent dans les rues,
41:56ça, ça relève de la justice.
42:00Ça ne se justifie pas, c'est la justice qui doit faire son boulot.
42:04C'est pour ça que les décisions qui ont été prises par le gouvernement anglais
42:08il y a deux jours en disant qu'ils vont faire ceci, cela,
42:10il faut vraiment une très grande dose de confiance
42:14pour que ces gens-là enquêtent sur ces gens-là.
42:16Donc, ça, c'est un autre sujet.
42:18Par contre, la résilience et la reconstruction sont possibles.
42:24Ça fait partie des choses que fait Innocence en danger.
42:28J'avais préparé, pour tout vous dire,
42:32une note à l'attention des victimes de cette affaire
42:36pour leur dire que si les moyens nous sont donnés,
42:44mais là aussi, quand l'affaire est sortie,
42:48je me coupe pour vous dire que quand l'affaire est sortie,
42:52j'ai voulu installer en Angleterre
42:57ce que j'ai fait dans d'autres pays,
42:59c'est-à-dire des séjours de résilience
43:01et des séjours de reconstruction
43:03qui sont basés sur des espaces thérapeutiques
43:07avec un mélange de thérapie cognitive,
43:11pas la psychothérapie.
43:13La psychothérapie n'est pas pour les victimes de violences sexuelles,
43:15mais les dernières thérapies qui peuvent vraiment aider
43:19qui sont des thérapies cognitives,
43:21mais en même temps de l'arthérapie,
43:23en même temps d'autres disciplines.
43:25Et je peux vous dire que je me suis donné
43:27tout le mal du monde, je ne suis pas arrivée,
43:29et c'est pour toutes ces raisons-là
43:31que je suis partie.
43:33Mais la reconstruction, petit à petit,
43:37est possible, mais il faut des moyens.
43:39Ça coûte très cher,
43:41mais ça coûte moins cher
43:43que ce que ces personnes peuvent coûter
43:45à l'économie d'un pays.
43:47Il faut regarder les chiffres
43:49que la CIVIS a publiés sur la question.
43:53La santé mentale, la santé publique,
43:55coûte des milliards chaque année
43:57à des pays comme la France ou l'Angleterre.
43:59Aider ces victimes à se remettre,
44:01à se reconstruire,
44:03coûte mille fois moins cher.
44:05Donc il y a des solutions.
44:07Il faut que ça demande autant d'énergie
44:09que de chance à leurs victimes,
44:11c'est-à-dire beaucoup,
44:13malheureusement dans ces cas-là.
44:15Un mot pour dire que ce genre de choses
44:17ne peut pas forcément arriver en Angleterre.
44:19Cette fameuse phrase qui revient à chaque fois,
44:21on l'a déjà entendue plein de fois,
44:23si on prend l'histoire la plus révoltante
44:25et la plus proche de nous
44:27et qui rebondit encore ces semaines,
44:29c'est celle qui est autour des actes de l'abbé Pierre
44:31qui ont duré plusieurs décennies,
44:33qui ont concerné je ne sais pas combien de victimes
44:35même s'ils n'étaient pas toujours le même âge.
44:37On a pu écouter des témoignages cette semaine
44:39de gens qui disaient, oui, on s'en doutait
44:41mais il fallait qu'on soit sûr avant de le dire
44:43et puis on n'allait surtout pas écorner l'image d'un saint homme
44:45ou du moins de celui qui se faisait passer pour tel
44:47tout en sachant ce qu'il faisait par ailleurs.
44:49Qu'est-ce que vous voulez de plus quand vous êtes témoin
44:51de faits comme ceux-ci
44:53de savoir les dénoncer
44:55d'une part auprès
44:57évidemment des institutions
44:59qui nous protègent
45:01qui sont censées nous protéger
45:03mais aussi aller en parler
45:05aux associations comme Innocence en danger
45:07qui est là
45:09pour essayer d'accompagner aussi
45:11les victimes de ces faits
45:13absolument inqualifiables.
45:15Et surtout, n'ayez pas peur de vous tromper,
45:17c'est inévitable, il vaut mieux dénoncer dans le vent
45:19que de rien dire du tout.
45:21Je voulais vous dire
45:23que le 25 février commence
45:25le procès d'un chirurgien français
45:27qui a fait près de 400 victimes
45:29alors tout le monde ne peut pas
45:31être considéré comme victime
45:33parce qu'il y a prescription
45:35mais il a sévi pendant 30 ans
45:37donc l'abbé Pierre, oui, mais il y a aussi
45:41Merci Onera de nous rappeler
45:43tout cela
45:46Merci à la fondatrice de l'ONG
45:48Innocence en danger
45:50Merci à tous les trois
45:52Vous pouvez retrouver notre émission sur la chaîne Youtube
45:54de Sud Radio. La semaine prochaine on se retrouve évidemment
45:56samedi à midi pour une nouvelle
45:58heure de l'affaire dans l'affaire
46:00mais tout de suite, Alain Marty
46:02nous emmène sur les routes des vins de France
46:04Mais il va essayer de nous remonter le moral tout simplement
46:06même si c'est avec modération. Vous allez découvrir après les infos
46:08que nos vignerons évoluent avec la société.
46:10A tout de suite sur Sud Radio, merci de votre attention.

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