Retrouvez L 'Affaire dans l'affaire, tous les samedis de 12h et 13h sur les ondes de Sud Radio, en partenariat avec la revue Affaire criminelle de McSkysz.
Avec Maitre Elodie Bayer, Maitre Julie Racoupeau, Maître Gilles William Goldnadelet Adrien Peltier
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NewsTranscription
00:00Sud Radio, L'Affaire dans l'Affaire, Stéphane Simon.
00:04Bonjour à tous, bienvenue, 12h-13h, c'est l'heure de votre rendez-vous avec l'actualité judiciaire,
00:09L'Affaire dans l'Affaire, une émission en partenariat avec la revue de Max Caille, Affaires Criminelles.
00:15Ensemble nous revisitons les affaires qui marquent l'actualité avec Jean-Marie Bordry.
00:20Toujours bonjour Stéphane.
00:21Bonjour Jean-Marie, ravi de vous accueillir, également notre cher Victor Lefebvre.
00:26Bonjour Stéphane Simon.
00:28Alors cette revue d'ailleurs, où en est-elle ?
00:31C'est pour bientôt, ça imprime, ce sera pour le 19 décembre en kiosque.
00:34D'accord, vous nous en parlerez d'ici là j'espère.
00:36C'est imminent, et on vous montrera quelques images.
00:38Parfait, Adrien Pelletier, expert en communication, vous avez également contribué à cette revue, m'attendiez.
00:43Bonjour Stéphane, tout à fait, un petit article sur le Collège Sévenol, une affaire qui a marqué la France.
00:48Absolument, alors aujourd'hui, rien de tout cela, nous allons vous parler de l'affaire Jean-Philippe Desbordes,
00:54du nom de ce journaliste et professeur d'Aïkido.
00:57Le procès s'est ouvert le lundi 18 novembre dernier, à Foix, devant la cour d'assises de l'Ariège.
01:02L'homme a été jugé pour viol et acte de torture, ainsi que pour barbarie.
01:07Également sur le banc des accusés, son ancienne compagne, jugée pour complicité.
01:12Et le récit des crimes reprochés a été très éprouvant.
01:16Près de 700 viols ont ainsi été recensés.
01:20C'est l'une des filles de sa compagne, qui porte le prénom de Neguineva,
01:26qui a tout révélé en portant plainte en 2020.
01:29Et à la barre, elle a raconté comment elle a vécu dans la maison de l'horreur pendant de longues années,
01:34très longues années.
01:36Mais si vous le voulez bien, commençons par rappeler les faits.
01:39C'est à vous, Victor Lefebvre.
01:44Jean-Philippe Desbordes n'est pas n'importe qui.
01:46A vrai dire, l'homme est bien connu dans le monde des médias.
01:49En tant que journaliste d'investigation, il s'intéresse à des domaines aussi variés
01:53que le nucléaire, le pétrole, l'alimentation, la santé, l'environnement.
01:57Il passe une partie de sa carrière dans le service public audiovisuel,
02:00à Radio France et France Info, au début des années 90 notamment.
02:04Puis vient le temps de la presse écrite.
02:06Il pige pour Charlie Hebdo, Le Canard Enchaîné, L'événement du Jeudi,
02:10le magazine hebdomadaire du journal Libération.
02:13Il est aussi chroniqueur et reporter dans des émissions bien connues du service public.
02:16La Marche du Siècle, Envoyé Spécial, Pièces à Conviction, Arte Info, Arte Reportage.
02:21Enfin, il réalise des reportages et des documentaires jusqu'au milieu des années 2000
02:25pour les chaînes du groupes France Télévisions, France 2, France 3 et France 5.
02:30Dans l'édition, ses essais consacrés à la filière nucléaire et le management,
02:33publiés chez Actes Sud, connaissent un petit succès.
02:36Il est même primé pour un documentaire consacré au nucléaire.
02:39En 2011, Jean-Philippe Desbordes, alors âgé de 42 ans, décide de tout plaquer.
02:44Il arrête le journalisme pour fonder l'agence One Shot.
02:48Il propose des ateliers de maîtrise de soi, de renoncement à la violence et d'acceptation de l'autorité.
02:54Desbordes s'improvise formateur en Aïkido via ce qu'il appelle des protocoles d'Aïki-thérapie.
03:01Une pratique respiratoire de son invention censée permettre de se libérer et de devenir pleinement soi-même.
03:09Les médias l'invitent régulièrement pour évoquer cette pratique sportive qui tient davantage de la pseudo-science.
03:14Il est notamment aperçu sur les plateaux de CNews d'Europe 1 ou encore de France Culture pour en détailler les supposés bienfaits.
03:20En 2016, afin de se consacrer pleinement à son activité de professeur d'Aïki-thérapie,
03:25Desbordes décide de s'installer à Mirepoix, une petite commune de l'Ariège, située en plein cœur des Pyrénées, à 800 km de Paris.
03:33Rien de répréhensible jusqu'alors ?
03:36Jusqu'ici, effectivement, rien de répréhensible.
03:38Sauf que Jean-Philippe Desbordes, unanimement décrit par ceux qui l'ont côtoyé comme un homme très intelligent, séducteur, cultivé,
03:45ça c'est pour la partie positive, mais aussi particulièrement retort et manipulateur,
03:49est en réalité un véritable pervers narcissique, ainsi que le diagnostiqueront plus tard les experts psychiatres chargés de l'examiner.
03:57L'ex-journaliste est aussi passablement mythomane.
04:00Il prétend être anthropologue et psychiatre, diplômé d'un doctorat d'anthropologie sociale au Collège de France,
04:06d'un DEA d'anthropologie sociale à l'EHESS et d'une licence d'histoire.
04:12Rien que ça. En réalité, il n'en est rien.
04:15Il n'a même pas le niveau requis pour enseigner l'Aïkido.
04:18Sa vie repose sur une succession de mensonges.
04:22A Paris, ses collègues de France 3 ont fini par découvrir qu'il n'était pas le directeur des programmes qu'il affirmait être.
04:28Dans la Drôme, la Fédération d'Aïkido réalise qu'il n'a même jamais été licencié.
04:33Car sous couvert de pratiques sportives et respiratoires,
04:36Desbordes exerce une véritable emprise sur certains de ses élèves.
04:40Il est soupçonné de violences sur au moins 3 d'entre eux.
04:44Une autre, âgée aujourd'hui d'une trentaine d'années, l'accuse de viol.
04:48Mais ce n'est pas tout.
04:50En 2017, Jean-Philippe Desbordes fait la rencontre de Sylvie,
04:5349 ans, mère de famille divorcée, de 3 enfants et aide-soignante dans un EHPAD.
04:58Au moment de leur rencontre, ces 3 filles sont âgées de 16, 14 et 9 ans.
05:03Très vite, Jean-Philippe Desbordes et Sylvie emménagent ensemble.
05:07Jean-Philippe exerce une véritable fascination sur cette dernière
05:10qui se met à lui vouer un véritable culte et une admiration sans borne.
05:14Elle lui verse de l'argent, accepte de se plier à l'emploi du temps millimétré imposé par son nouveau compagnon.
05:20Un an après, en 2018, Jean-Philippe parvient à convaincre Sylvie
05:25de rapatrier ses 3 enfants au domicile familial.
05:29C'est le début d'un enfer qui va durer plus de 2 ans.
05:33Les 3 jeunes filles de Sylvie sont contraintes de couper toute relation extérieure
05:36et de tirer un trait sur leurs amis et sur leurs proches.
05:39Jean-Philippe Desbordes fait vivre un véritable calvaire aux 3 soeurs.
05:43Privation de repas, marche de plusieurs kilomètres dans le froid ou en plein cagnard,
05:47seule et sans eau, obligation de rester des heures sur les genoux.
05:51Il arrive que les coups pleuvent lorsque l'une des adolescentes a le malheur d'exprimer un désaccord.
05:57Parfois, c'est même Sylvie elle-même qui se dira plus tard sous l'emprise de Desbordes
06:01qu'il s'en prend physiquement à ses propres enfants.
06:04Vous parlez de violence physique mais cela va aussi beaucoup plus loin.
06:08Cela va beaucoup plus loin puisque Jean-Philippe Desbordes fait de Néguineva l'aînée de la fratrie
06:13à l'époque âgée de 16 ans, sa cible de prédilection.
06:16La jeune femme aujourd'hui âgée de 23 ans raconte avoir été contrainte plusieurs fois par jour
06:20entre août 2018 et novembre 2019 à des relations sexuelles particulièrement violentes avec son beau-père
06:27et ceci avec l'assentiment de sa propre mère.
06:31Ce qui commence par des attouchements à travers les vêtements devient très vite des actes de viol pur et simple.
06:37Le témoignage de Néguineva devenu au fil du temps l'esclave sexuel de Jean-Philippe Desbordes fait froid dans le dos.
06:44Mon beau-père pouvait me consommer comme il en avait envie.
06:46Il avait décidé que je devais lui faire une fellation matin et soir tous les jours, le midi aussi quand je n'avais pas école.
06:53Il aimait quand c'était douloureux pour moi, je vomissais.
06:57L'aîné de la fratrie est convaincu que ses deux jeunes sœurs pourraient subir les mêmes sévices si elles se refusaient à son beau-père.
07:03« J'étais une esclave » dit-elle. « Il me tenait en laisse. Il a commencé à me sodomiser.
07:08Je n'avais pas le droit de me doucher. Il voulait que je tombe enceinte » détaille Néguineva.
07:13La jeune femme estime avoir subi les centaines de viols de la part de Jean-Philippe Desbordes.
07:18Sylvie, elle, sa propre mère, reste muette.
07:22Encore une fois, Néguineva dit, notre mère avait parfaitement connaissance des faits.
07:26Elle nous disait de nous détendre car la sexualité, c'est normal à cet âge.
07:30Elle nous encourageait au silence pour protéger son compagnon.
07:34Comment Néguineva et ses sœurs sont-elles parvenues à se tirer des griffes de Jean-Philippe Desbordes ?
07:40En novembre 2019, Néguineva décide de quitter le domicile familial de l'Ariège.
07:46Elle prend conscience d'avoir été manipulée et lobotomisée par son beau-père.
07:50Trois mois plus tard, fin janvier 2020, elle donne l'alerte et dépose plainte au commissariat de Toulouse.
07:55Elle porte d'abord plainte pour acte de barbarie commis par Jean-Philippe Desbordes à son encontre.
08:00En septembre 2020, l'ancien journaliste est interpellé par la BRI à son domicile de Lorne après un énième changement de vie.
08:07Après deux jours de garde à vue, il est mis en examen pour des viols avec torture ou acte de barbarie,
08:13torture ou acte de barbarie et privation de soins répétées sur les trois filles de son ex-compagnon.
08:18Il est aussi soupçonné de violences sur au moins trois autres élèves de son association implantée dans l'Ariège,
08:24ainsi que pour le viol de l'une de ses élèves d'Aïkido.
08:28Sylvie est, quant à elle, accusée de complicité de viol. Elle est rapidement mise en examen.
08:33Jean-Philippe Desbordes et son ex-compagne sont tous deux placés en détention provisoire.
08:37Mais depuis le début de cette affaire, Jean-Philippe Desbordes ne cesse de clamer son innocence,
08:42assurant dans un premier temps que les relations sexuelles avec sa belle-fille étaient pleinement consenties.
08:48Par la suite, il est revenu sur cette version, affirmant n'avoir jamais eu de relations intimes avec Nekineva,
08:54ce qui l'accuse par ailleurs de s'être prostituée pour payer ses consommations de drogue.
08:59Il affirme désormais être victime d'un acharnement, se dit le bouc émissaire d'un complot orchestré par des féminazis.
09:07Et le 22 novembre dernier, Jean-Philippe Desbordes a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle
09:12par la Cour d'assises de l'Ariège, la peine requise par le parquet.
09:17En plus de sa condamnation, l'ancien journaliste est sujet à une mesure de suivi socio-judiciaire de 7 ans,
09:22avec injonction de soins. Il a aussi interdiction d'entrer en contact avec les trois victimes de son ex-compagne.
09:28S'il ne respecte pas ces règles, il pourrait purger 5 ans de prison supplémentaire.
09:32Jean-Philippe Desbordes a interjeté appel de cette décision, et Sylvie, aujourd'hui âgée de 55 ans,
09:37présentée à la barre comme dépressive et sous l'emprise de son ex-compagnon,
09:41a quant à elle écopé de 5 ans d'emprisonnement pour complicité.
09:45Quelle affaire ? Dans un instant, nous allons ouvrir nos micros aux trois avocats du dossier,
09:54c'est une première, et nous allons essayer ensemble de cerner la personnalité manipulatrice perverse de Jean-Philippe Desbordes.
10:01A tout de suite sur Sud Radio.
10:03Sud Radio, l'affaire dans l'affaire, Stéphane Simon.
10:07Retour dans l'affaire dans l'affaire, votre rendez-vous avec l'actualité judiciaire,
10:11une émission en partenariat avec la revue Affaires Criminelles.
10:15Nous sommes toujours en compagnie de Jean-Marie Borbory, de Victor Lefebvre et d'Adrien Pelletier.
10:21Nous parlons aujourd'hui de l'affaire Jean-Philippe Desbordes, du nom de ce journaliste et professeur d'Aïkido
10:27qui a été condamné à 20 ans de prison pour viol, acte de torture et barbarie,
10:32ainsi que son ancienne compagne jugée pour complicité.
10:35Les crimes reprochés sont épouvantables, on l'a vu, près de 700 viols,
10:39les médias restent malgré tout assez discrets sur cette affaire.
10:43Alors on va être dans un instant avec les avocats de la partie civile et de la compagne de Jean-Philippe Desbordes,
10:48mais je voudrais auparavant que l'on donne la parole à la Défense,
10:52que l'on écoute l'avocat de Jean-Philippe Desbordes.
10:54Nous avons pu lui poser quelques questions.
10:56Maître Nicolas Renaud Delage, la personnalité de Jean-Philippe Desbordes est très intrigante
11:03et a occupé une place centrale dans ce procès.
11:06Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire ?
11:08La personnalité de Jean-Philippe Desbordes est très riche, très complexe.
11:13Elle est même luxuriante.
11:16C'est un homme très cultivé, intelligent, qui a eu, comme j'ai pu l'expliquer,
11:22mille vies et qui a parcouru la planète dans le cadre de son activité professionnelle
11:29de journaliste d'investigation.
11:31Et pas que, il a été écrivain, il a été reporter, grand reporter.
11:35Il a été également journaliste sur des émissions télévisuelles.
11:41C'est un homme qui, effectivement, a de multiples facettes.
11:46Et à l'audience pénale, on retient, on met en exergue une facette
11:51qui est la facette peut-être la moins qualitative.
11:58Mais je pense qu'on ne peut pas résumer ce que j'expliquais antérieurement
12:04Jean-Philippe Desbordes à cette seule facette-là.
12:09Ce qui est assez incroyable, c'est que votre client n'y être coupable,
12:14il a décidé d'interjeter appel de la décision de la cour d'assises de l'Ariège.
12:18Dites-nous-en un peu plus.
12:20Alors, Jean-Philippe Desbordes a décidé d'enlever appel de la décision
12:24de condamnation de la cour d'assises de l'Ariège
12:26parce que la semaine d'audience qui s'est déroulée
12:31a retranscrit le tragédie de cet homme
12:35avec un prisme un petit peu déformé ou déformant.
12:41Sont venus se succéder beaucoup ce que j'appelle le bal des ex,
12:46les ex-compagnes, les ex-petites-amis, les ex-collègues, les ex-amis
12:51qui sont venus retranscrire une personnalité sur 50 ans de vie
12:57alors que l'on parle de 18 mois de son existence
13:00avec des personnes qui n'ont rien à voir les unes avec les autres.
13:03Donc, il a eu le sentiment qu'on lui faisait le procès de toute sa vie
13:09alors qu'en fait, on est là pour parler que de 18 mois
13:14d'une relation avec sa dernière compagne et les enfants de cette dernière.
13:21Alors, vous avez estimé lors du procès, pardonnez-moi,
13:23que votre client n'était pas le seul responsable dans cette affaire.
13:27Selon vous, Sylvie, son ex-compagne, est complice
13:31des crimes commis par Jean-Philippe Desbordes.
13:35Alors, c'est tout à fait bien résumé ainsi
13:37parce que d'abord, la décision de première instance
13:41qui a été rendue a validé la culpabilité de sa compagne.
13:49Ensuite, il est indéniable.
13:52Il y a eu dans ce dossier, dans cette histoire, un effet d'entraînement
13:57ou du moins le fait que le regard de sa compagne
14:02ne vienne pas interdire, censurer, stopper, ralentir
14:08ou du moins empêcher quoi que ce soit
14:10mais au contraire, les favoriser et encourager
14:14ce qui a pu se passer entre Jean-Philippe Desbordes
14:19et la principale plaignante,
14:22c'est quelque chose qui a concouru pour grande partie
14:26à ce qui s'est déroulé.
14:28On est sur cette relation qui n'est pas une relation bilatérale
14:33mais triangulaire.
14:34Et je crois que si on ne comprend pas ça,
14:36on n'a pas saisi la particularité de ce dossier.
14:39Alors, sa compagne, Sylvie, estimait qu'elle était sous emprise.
14:43On va y revenir avec son conseil qui est avec nous,
14:46Maître Julie Racoupeau.
14:48Maître, il y a quelque chose d'assez frappant dans ce dossier,
14:51c'est que les versions données par votre client
14:53n'ont pas cessé de changer au long de l'instruction et du procès.
14:57Votre client, par exemple, a affirmé dans un premier temps
15:00que les relations avec Négui, Néva, la fille aînée de Sylvie
15:03étaient pleinement consenties.
15:05Puis au procès, il a juré ne jamais avoir eu
15:07de relations intimes avec elle.
15:09C'est quand même assez troublant.
15:10Comment expliquer ce changement de version ?
15:12Alors, les explications qu'il a pu fournir
15:15ont été effectivement changeantes, évolutives.
15:19C'est compliqué de peut-être sonder les âmes
15:24et de voir tous les ressorts psychologiques
15:26qui peuvent s'additionner et provoquer des modifications
15:32ou du moins des diversions différentes.
15:35C'est compliqué.
15:37Je n'ai pas forcément la clé
15:39de ce qui a pu susciter ces évolutions.
15:44Je crois que la seule chose que l'on puisse retenir,
15:48c'est qu'il conteste être coupable
15:52des infractions qui lui sont reprochées
15:55et d'avoir été dans la commission,
16:00une succession de commissions d'infractions
16:03qui auraient été au-delà de ce qui aurait été souhaité,
16:07voulu par l'ensemble des partis,
16:09que ce soit son ex-campagne ou l'affilée.
16:12Après, les explications qu'il peut donner,
16:15c'est peut-être ce qui sont les ressorts psychologiques,
16:22les cadenas de l'inconscient
16:26ou les difficultés parfois ou la fatigue de l'audience
16:30qui peuvent générer effectivement des réponses
16:32qui ne sont peut-être pas identiques
16:34à ce qui a pu être exprimé antérieurement.
16:36Bon, merci Maître Nicolas Renaud-Delage
16:38d'avoir répondu à nos questions.
16:40Nous a rejoint justement Maître Julie Racoupeau,
16:43que je salue ici, l'avocate de Sylvie,
16:47l'ex-compagne de Jean-Philippe Desbordes.
16:50Maître, votre cliente a été condamnée également.
16:53Elle a regretté à la barre d'avoir fermé les yeux
16:55sur les relations de son mari avec sa fille.
16:59Elle s'est dit sous emprise.
17:01J'aimerais que vous nous expliquiez cela.
17:04Oui, effectivement.
17:05Sylvie Bordes, la difficulté de ce dossier,
17:09vous l'avez compris, je pense que c'est effectivement
17:11la notion d'emprise.
17:12Alors, la Cour d'Assise, je suis d'accord,
17:14est là pour se décider sur 18 mois de vie
17:18de Jean-Philippe Desbordes.
17:19Toutefois, les témoins que l'on a pu entendre
17:21apportent et éclairent la juridiction
17:24sur le mode de fonctionnement mis en place
17:26par Jean-Philippe Desbordes
17:27et mis en place depuis très longtemps.
17:29C'est pour ça que ses anciennes compagnes
17:31avaient été entendues.
17:33Donc, l'emprise, elle est compliquée à comprendre.
17:36En fait, Mme Bordes, à l'audience, on le dit,
17:39elle a été condamnée.
17:40Elle est acquittée pour les actes les plus graves,
17:42c'est-à-dire la complicité d'actes de torture
17:44et de barbarie.
17:45Elle est condamnée pour le reste.
17:46Est-ce qu'elle se sent coupable de ce qui s'est passé ?
17:48Oui, moralement, intellectuellement.
17:51Dans sa responsabilité parentale,
17:53elle se sent coupable.
17:54Après, est-ce qu'aux yeux de ce que moi,
17:59j'ai souhaité démontrer, c'est-à-dire l'emprise,
18:01obtenir vraiment une notion de culpabilité ?
18:03Je ne suis pas certaine.
18:05Le mécanisme que met en place Jean-Philippe Desbordes,
18:07il est le même pour toutes les personnes
18:09qui sont entendues.
18:10Il est très bien ficelé pour reprendre
18:13les déclarations de certaines de ses femmes
18:15et il va emmener ce mécanisme
18:17des choses absolument terribles
18:20pour ces femmes-là,
18:21pour pas que des femmes d'ailleurs,
18:23pour ces personnes-là.
18:24D'accord. On va se retrouver avec vous
18:26dans un instant, Mme Maître Racoupeau,
18:28mais je voudrais également tout de suite
18:30donner la parole à Maître Élodie Bayer,
18:32l'avocate des Trois Filles Parti Civil.
18:35Maître, comment vont vos clientes ?
18:38Dans quelle étape psychologique sortent-elles
18:40du procès et de cette terrible période
18:42de souffrance ?
18:44Écoutez, un procès sur une semaine,
18:46ça a été une épreuve particulièrement difficile
18:48parce qu'il a fallu se replonger
18:50alors que chacune avait, jusque-là,
18:52ce que je qualifierais de mécanisme
18:54un peu d'évitement.
18:56Soit qu'elles se replongent dans leur travail,
18:58soit qu'elles évitent d'y penser.
19:00C'était également la première confrontation
19:02avec leur mère et c'était, je crois,
19:04l'enjeu principal pour ces jeunes femmes
19:06de voir comment allaient se projeter
19:08leur maman, quelle allait être leur attitude,
19:10est-ce qu'elles allaient s'excuser,
19:12demander pardon, prendre ses responsabilités.
19:14En fait, ça a été difficile.
19:16Après une semaine d'assises,
19:17c'est également extrêmement riche,
19:18en ce sens qu'elles ont pu, justement,
19:20entendre la parole de toutes ces anciennes compagnes
19:22et voir à quel point ce jean-Philippe
19:24déborde qui était vénéré,
19:26qui était très impressionnant à l'époque
19:28pour les petites jeunes filles qu'elles étaient,
19:30avaient pu tout aussi bien
19:32avoir un charisme
19:34et une emprise très forte
19:36sur d'autres personnes qui étaient
19:38à des moments beaucoup plus avancés de leur vie,
19:40dans une vie sexuelle établie,
19:42dans une vie professionnelle établie.
19:44Il s'est établi dans cette salle d'audience
19:46et c'est assez intéressant
19:48et très émouvant aussi, une forme de solidarité,
19:50d'entraide et de compréhension mutuelle
19:52de toutes ces femmes de tous les âges,
19:54mes clientes comprises,
19:56pour comprendre que cet homme
19:58était vraiment nocif, toxique.
20:00La seconde étape, c'est qu'elles ont,
20:02je les ai informées effectivement de cet appel,
20:04elles appréhendent beaucoup ce second procès,
20:06même si sa structure
20:08sera différente,
20:10puisqu'il semblerait que Mme Bohr,
20:12elle, ne sera pas présente à ce procès.
20:14Nous attendons l'arrêt pour avoir confirmation.
20:16D'accord. Alors, je vous propose
20:18que l'on se retrouve dans un instant
20:20pour revenir sur l'ensemble de cette affaire.
20:22Ce journaliste violeur
20:24à la personnalité très glaçante.
20:26On parlera aussi
20:28de Négui Neva, évidemment,
20:30puisqu'elle est sortie absolument
20:32brisée de ce procès.
20:34Je vous propose de continuer d'en parler
20:36sur Sud Radio, dans un instant.
20:38A tout de suite.
20:40Sud Radio, l'affaire dans l'affaire,
20:42Stéphane Simon.
20:44Retour dans l'affaire dans l'affaire, une émission en partenariat
20:46avec la revue Affaires Criminelles
20:48qui sortira mi-décembre, nous a rappelé.
20:50Le 19, exactement.
20:52Victor Lefèvre, rebonjour.
20:54Jean-Marie Bordry, toujours présent.
20:56Adrien Pelletier, également.
20:58Nous parlons de l'affaire Jean-Philippe
21:00Desbordes, du nom de ce journaliste et professeur d'Aïkido
21:02qui a été condamné à 20 ans
21:04de prison pour viol, acte de torture
21:06et de barbarie. Une affaire absolument
21:08terrible. Et nous sommes en compagnie
21:10et je les salue, de
21:12Maître Julie Racoupeau, l'avocate de
21:14Sylvie, la compagne de
21:16Jean-Philippe Desbordes, et Maître Elodie
21:18Bayer, l'avocate des trois filles
21:20civiles.
21:22Maître Racoupeau, je voudrais
21:24qu'on essaye de cerner
21:26la personnalité de Jean-Philippe Desbordes.
21:28Quel genre d'homme est-ce
21:30vu de
21:32votre prisme ? C'est-à-dire,
21:34je le rappelle, la défense de
21:36sa compagne. Comment vous a-t-elle
21:38parlé de lui ?
21:40C'est difficile pour moi
21:42de m'aventurer sur le sujet. Jean-Philippe Desbordes,
21:44il a une personnalité, à mon avis, qui est quand même très
21:46particulière, qui mériterait
21:50de demander des exercices
21:52non plutôt à un expert psychiatre qu'à moi.
21:54Mon prisme, de ce que j'en sais,
21:56de ce qu'a pu dire Sylvie Bordes,
21:58et également de ce que j'ai entendu lors de cette
22:00semaine d'ACIDE, qui a réuni
22:02de nombreuses anciennes compagnes et de
22:04fréquentations de Jean-Philippe Desbordes, c'est que c'est un
22:06homme qui va
22:08être très doué dans tout ce qu'il fait,
22:10donc une attention
22:12fulgurante, qui va ensuite
22:14être très reconnue pour ce qu'il fait
22:16dans tous les domaines dans lesquels il a pu exercer,
22:18que ce soit le journalisme,
22:20que ce soit l'aïkido, etc.
22:22Et puis une phase où il va être sans doute
22:24un peu découvert, mis à mal,
22:26parce qu'il se prévaut de diplômes
22:28qu'il n'a pas, parce que
22:30pour reprendre aussi l'expression
22:32de certains des témoins qui sont
22:34venus à la barre devant la Cour
22:36d'ACIDE de l'Ariège il y a quelques jours,
22:38il va se prendre un peu pour le calife à la place du
22:40calife, et puis quand il est découvert
22:42comme ça on passe à une phase un peu de
22:44déconstruction, d'auto-sabotage
22:46sans doute, dans laquelle il emporte un peu
22:48les gens qui sont autour de lui.
22:50Après sur la personnalité de ce qu'en dit Mme Bohr,
22:52c'est que c'est quelqu'un qui est toujours vénéré,
22:54qui a un grand charisme sans doute,
22:56qui est brillant,
22:58c'est un mot qui revient
23:00constamment dans la bouche de tous les témoins,
23:02il est brillant, il réussit tout ce qu'il
23:04fait, et puis
23:06il va s'employer
23:08ensuite à devenir
23:10un peu l'unique voix,
23:12l'unique boussole et l'unique
23:14guide des personnes qui le fréquentent.
23:16Alors ça c'est une chose, mais comment on peut en arriver
23:18à une telle cruauté présumée ?
23:20Parce que c'est surtout ça qui frappe dans la
23:22description des faits, c'est la
23:24cruauté des actes présumés.
23:28Oui, ça je pense qu'il faudrait poser la question
23:30plutôt à une experte psychiatre, la cruauté vous savez,
23:32je crois qu'elle fait partie de la nature humaine,
23:34je ne sais pas ce qui fait que
23:36pour Jean-Philippe Desbordes c'est plus
23:38perturbé que pour d'autres, en tout cas
23:40ce qui est sûr c'est qu'il va,
23:42parce que sans doute il est brillant,
23:44arriver à se
23:46positionner très rapidement face à ses
23:48interlocuteurs comme quelqu'un de l'indispensable,
23:50comme quelqu'un qu'on va écouter,
23:52comme quelqu'un que l'on va suivre, comme quelqu'un
23:54que l'on va croire également.
23:56Entendu, alors je voudrais demander
23:58à Maître Bayer, d'ailleurs elle pourra
24:00ajouter un complément à ce que vous venez
24:02de dire Maître Racoupeau,
24:04mais je voudrais demander à Maître Bayer aussi
24:06de vous expliquer comment Jean-Philippe Desbordes
24:08a réussi à totalement
24:10couper du monde les trois
24:12filles
24:14de Sylvie,
24:16parce qu'on voit que c'est
24:18une personnalité qui a un certain charisme,
24:20vous le rappeliez, mais c'est aussi une personnalité
24:22qui va totalement couper du monde
24:24sa belle
24:26famille entre guillemets.
24:28Alors d'abord il faut savoir que
24:30Jean-Philippe Desbordes il avait justement
24:32un vécu et si on a vu à l'audience toutes
24:34les compagnes qui se sont succédées d'âges différents
24:36et qui étaient nombreuses et qui ne se connaissaient pas,
24:38c'était intéressant de voir
24:40dans leur discours à quel point il avait eu
24:42déjà des tentatives de faire les mêmes choses
24:44avec ses femmes. Pour ce qui concerne
24:46les trois clientes, il faut rappeler qu'elles sont
24:48mineures, donc après une année de
24:50césure sans voir leur maman, elles arrivent
24:52assez en détresse
24:54dans un petit hameau
24:56en Ariège qui s'appelle Serre-Longue,
24:58et là Jean-Philippe Desbordes va
25:00les enfermer, les couper du monde
25:02à différents niveaux, d'abord il y a
25:04un isolement géographique qui fait que
25:06dans ce hameau il n'y a pas de transport et qu'on dépend
25:08des adultes pour aller au collège,
25:10pour aller au lycée, pour être scolarisé,
25:12il n'y a pas de médecin, il n'y a pas d'extérieur,
25:14il n'y a pas de camarades,
25:16il n'y a absolument aucune vie sociale
25:18et très rapidement qu'on se mettra en place
25:20des mécanismes, alors à commencer par
25:22une pratique qu'il aura aussi
25:24avec Madame Borc et celle de la pratique
25:26de l'aïkido à outrance et de façon
25:28détournée, c'est-à-dire de façon violente
25:30et en sortant totalement de l'esprit
25:32de ce sport, de cet art martial,
25:34c'est aussi une
25:36privation de sommeil, toutes les filles
25:38et toutes les personnes qui ont rencontré Monsieur
25:40Desbordes vont parler de monologue,
25:42de monologue sans queue ni tête,
25:44et ça se voit
25:46à l'audience parce que lorsque vous lui posez une question
25:48en réalité il répond avec
25:50tellement de digression qu'au final on perd le
25:52sens de ce que l'on souhaitait
25:54lui dire ou lui questionner,
25:56c'est quelqu'un qui va
25:58priver également de nourriture,
26:00qui va imposer des punitions
26:02qui sont de l'ordre du châtiment corporel
26:04fort comme dormir dehors,
26:06obliger à faire
26:08des randonnées très longues en plein soleil,
26:10et si vous voulez des
26:12enchaînements à la fois de choses
26:14psychologiques, de brimades
26:16et de reproches qui sont absolument constants
26:18dans son discours parce que si cet homme
26:20fait cela pour cette famille,
26:22pour cette mère et pour ses filles, c'est parce que,
26:24dit-il, elles sont mauvaises,
26:26elles veulent tuer leur maman,
26:28il y a des cancers
26:30dans cette famille, il faut les soigner,
26:32les prendre en charge, et tout cet
26:34enchevêtrement fait que rapidement vous ne pouvez
26:36plus penser, en tout cas quand vous avez
26:3810 ans, 13 ans,
26:40vous n'êtes pas en capacité de vous sortir
26:42des griffes de ce
26:44beau-père qui est absolument
26:46omnipotent partout,
26:48qui fait en sorte qu'on puisse
26:50pas se parler les uns les autres pour
26:52essayer de réfléchir.
26:54J'ai l'impression en plus que Jean-Philippe Desbordes
26:56utilise parfois des stratagèmes
26:58pour culpabiliser ses victimes,
27:00c'est ainsi qu'il a traité durant
27:02l'enquête Néguineva, l'aîné de la famille
27:04de toxicomanes,
27:06qui se prostitue pour se payer de la drogue,
27:08donc il ajoute de l'humiliation
27:10et de la culpabilisation
27:12assez, j'allais dire, assez abjectes
27:14quand même pour une femme dont
27:16il abuse par ailleurs, Maître.
27:20Complètement, et il fait ça à chaque
27:22fois avec chaque personne, c'est-à-dire que
27:24Néguineva, qui est une victime
27:26absolue, puisqu'il va
27:28lui prendre sa virginité,
27:30lui prendre sa vie sexuelle, sa vie de jeune
27:32femme, son cerveau, il va avoir
27:34des mots très forts à son encombre pour la dégrader
27:36et pour que sa parole, finalement,
27:38si un jour elle sort, soit totalement
27:40décrédibilisée de façon
27:42amorcée. Mais de la même façon,
27:44la petite Zarinja, qui pendant les faits a
27:46entre 8 et 10 ans, il va lui faire
27:48écrire des lettres d'excuses, comme
27:50on fera faire à d'autres femmes, d'autres
27:52compagnes, bien Mme Boh,
27:54pendant le temps de la vie commune,
27:56et la petite Zarinja, dont on a en procédure
27:58des lettres avec sa toute petite
28:00écriture d'enfant, disant qu'elle s'excuse.
28:02Et ça va lui servir notamment
28:04pour arriver à
28:06désamorcer
28:08des difficultés à une procédure lorsque l'enfant
28:10parlera spontanément à son
28:12ancien à l'école de violences qu'elle a pu subir
28:14sur le tatami. Donc oui, c'est vrai que c'est un
28:16homme qui est à la fois intelligent dans les violences
28:18qu'il inflige, mais qui aussi de façon constante
28:20a conscience de la notion du bien
28:22et du mal, des limites qu'il dépasse
28:24de façon criminelle, outrageuse,
28:26et qui donc va chercher à mettre en place
28:28des mécanismes de défense pour
28:30décrédibiliser les personnes qui pourraient
28:32venir se dire victimes
28:34de lui. – D'ailleurs au moment où elle
28:36prend la décision de quitter le domicile
28:38familial de l'Ariège, donc Néguineva,
28:40on est en novembre 2019, est-ce que c'est
28:42une décision qu'elle prend seule ou est-ce qu'elle est
28:44à ce moment-là encouragée par certains de ses amis
28:46ou peut-être des proches avec lesquels
28:48elle serait parvenue à renouer le contact ?
28:50– Non, il est évident qu'il est
28:52très difficile de s'extraire d'une telle situation
28:54seule. Ce sont des amis
28:56qui la prennent en charge, qui vont l'extraire,
28:58l'amener à Toulouse, lui trouver un logement
29:00en colocation avec une amie et qui vont
29:02ensuite l'amener à déposer
29:04cette plainte qui va être à la fois très compliquée
29:06mais aussi totalement salvatrice
29:08à peu près un mois et demi après.
29:10Donc c'est à la fois un petit peu long
29:12et aussi extrêmement
29:14rapide à l'aune de ce qu'on connaît
29:16des traumatismes de ces femmes
29:18qui ont du mal à se
29:20reconnaître comme victime, victime
29:22de viol, de viol au pluriel
29:24d'une personne qui avait autorité,
29:26qui faisait vraiment image,
29:28figure de père, figure
29:30de sachant absolue.
29:32Il faut quand même rappeler que dans ce dossier
29:34cet homme a également été condamné
29:36pour un délit qui est annexe mais qui est une clé
29:38de compréhension majeure qui est
29:40ce délit de prise
29:42de qualité de façon
29:44illégale, c'est-à-dire qu'il se présentait comme
29:46un sachant médical, il se présentait
29:48comme un psychiatre, il se présentait comme un
29:50thérapeute, il savait absolument tout.
29:52C'était pas uniquement des affirmations mais il y avait
29:54cette prime de diplôme qui venait
29:56ancrer sa parole. Donc effectivement
29:58pour s'en sortir, Néguiméval a eu
30:00besoin de l'aide de camarades
30:02qui ont dit que c'était anormal,
30:04qu'elle était en grande souffrance à tous
30:06égards corporel et psychique.
30:08Est-ce que la mère des victimes aujourd'hui a pris
30:10mesure de l'ampleur des faits
30:12qu'ont subi ces filles ?
30:14On va demander à Maitre Julie Racoupeau
30:16et je compte aussi sur elle pour
30:18nous expliquer comment Jean-Philippe
30:20Desbordes a réussi
30:22à fasciner autant
30:24sa compagne.
30:28Oui, alors comment il a réussi
30:30à la fasciner ? Je pense que c'est le processus
30:32qui a été décrit
30:34lors de l'audience par le professeur
30:36Parquet qui a été mis en place, c'est-à-dire le processus de
30:38prise qui a été rappelé brièvement
30:40par Maitre Bayerre, c'est-à-dire
30:42qu'on va retrouver dans ce dossier toutes les étapes
30:44qui permettent
30:46de mettre en place une emprise sectaire, ce soit
30:48l'isolement, la privation
30:50de sommeil, la privation de l'implantation,
30:52donc par là l'épuisement physique
30:54et psychique, et puis ces étapes-là
30:56vont amener à croire
30:58tout ce que dit
31:00la personne qui met en place l'emprise.
31:02Donc l'isolement,
31:04vous en avez parlé tout à l'heure,
31:06on rebondit dessus, c'est quelque chose qui se met en place
31:08et c'est une des étapes qui permet
31:10de mettre en place l'emprise sectaire.
31:12L'isolement, pour Jean-Philippe Desbordes,
31:14il va se mettre en place, et j'imagine que c'est souvent
31:16comme ça dans l'emprise, on va désigner
31:18tous les autres, tous les tiers, comme un mauvais objet.
31:20Le mauvais objet, il est
31:22toxique à la fois pour la personne à qui
31:24il s'adresse, en l'occurrence Mme Bors,
31:26mais également pour lui-même, c'est-à-dire
31:28qu'au bout d'un moment, il va lui faire croire
31:30que toutes les personnes auxquelles elle a
31:32accès, avec lesquelles elle a des contacts
31:34en dehors de lui,
31:36ça lui fait du mal, et d'ailleurs
31:38dans ces moments-là, il l'écarte
31:40parce que ça lui fait trop de mal.
31:42C'est une notion de pureté,
31:44de toxicité
31:46qu'on retrouve clairement dans l'emprise sectaire
31:48la plupart du temps, et elle
31:50va être complètement isolée,
31:52elle se retrouve seule dans un département
31:54qu'elle ne connaît pas, en Ariège,
31:56elle ne connaît personne.
31:58De la même manière, vous avez parlé
32:00de déresponsabilisation,
32:02il se déresponsabilise tout le temps,
32:04Jean-Philippe Desbordes, que ce soit
32:06en reportant la faute sur les enfants mineurs
32:08dont on vient de parler, notamment
32:10les Guinevans, mais en fait c'est son schéma
32:12habituel, il se déresponsabilise constamment.
32:14Alors comment il crée la fascination ?
32:16Il la crée parce qu'il est extrêmement
32:18brillant, que quand il
32:20se prévaut de titres qu'il n'a pas,
32:22mais en fait ce qui est très difficile
32:24avec Jean-Philippe Desbordes, c'est que dans son récit,
32:26il y a des choses qui sont vraies, qui sont vérifiables,
32:28et d'autres qui sont complètement fausses
32:30comme certains de ses titres.
32:32Donc ça va être très difficile pour tout
32:34un chacun de faire le tri dans son
32:36récit.
32:38Surtout de jeunes enfants, oui.
32:40De jeunes enfants, mais en réalité,
32:42toutes les personnes avec qui il a été en contact,
32:44parce qu'on a beaucoup parlé de ses
32:46ex-compagnes, mais il n'y a pas que ces personnes-là,
32:48dans le cadre du dojo qu'il a créé
32:50dans l'Ariège, à l'Equithérapie,
32:52il y a aussi beaucoup de gens, et c'est pour ça
32:54que je disais, pas que des femmes, il y a aussi beaucoup d'hommes
32:56qui ont fréquenté le dojo et qui ont été, je pense,
32:58sous emprise de Jean-Philippe Desbordes.
33:00Mais au-delà de cette emprise, maître, est-ce que
33:02la mère a pris la mesure de
33:04ce qu'on subit ou ce qu'elle a laissé
33:06subir à ses enfants ? Parce que c'est
33:08quand même ça qui s'est passé. Et ce sont ses
33:10enfants, quel que soit
33:12le magnétisme toxique et redoutable
33:14de Jean-Philippe Desbordes, ce sont ses filles.
33:16Oui, ça complètement. C'est pour ça que je vous
33:18disais tout à l'heure, est-ce qu'elle
33:20se sent coupable ? Bien sûr qu'elle se sent
33:22coupable de ça, parce qu'elle réalise ce que
33:24ses filles ont vécu. Alors, vous savez, l'emprise,
33:26ça met du temps à se détricoter. Ce qui fait que moi,
33:28quand je la rencontre en septembre
33:302021 ou 2020,
33:32elle me parle
33:34de Jean-Philippe Desbordes, c'est un dieu, elle lui doit
33:36la vie, ses enfants aussi. Voilà, donc au départ,
33:38son discours, il est là-dedans.
33:40Et là, à ce moment-là, je ne suis pas certaine qu'elle se rende
33:42compte de ce que ses enfants ont vécu. Pour répondre
33:44à votre question, parce qu'elle est dans le délire,
33:46si vous voulez. Elle est dans le délire
33:48de tout ce petit monde,
33:50doit la vie à Jean-Philippe Desbordes. Et bien heureusement,
33:52il est là, parce que sinon, qu'est-ce qu'on
33:54ferait sans lui ? C'est stupéfiant.
33:56Merci beaucoup, Maître Julie
33:58Racoupeau. Merci également
34:00à Maître Élodie Bayer. Dans un instant,
34:02on va se demander, avec Adrien
34:04Pelletier, pourquoi la presse, les médias
34:06ont si peu rendu compte de cette affaire
34:08extrêmement grave. On en parle tout de suite
34:10sur Sud Radio.
34:12Sud Radio. L'affaire dans l'affaire.
34:14Stéphane Simon. Retour
34:16dans l'affaire dans l'affaire. Votre émission
34:18en partenariat avec la revue Affaires Criminelles
34:20qui rend compte de l'actualité
34:22judiciaire. Nous parlons aujourd'hui de l'affaire
34:24Jean-Philippe Desbordes.
34:26Du nom de ce journaliste et professeur d'Aïkido
34:28qui a été condamné à 20 ans de prison
34:30pour viol, acte de torture,
34:32barbarie, ainsi que son
34:34ancienne compagne jugée pour
34:36complicité. Une affaire
34:38dont nous vous rendons compte depuis maintenant 40 minutes
34:40et une affaire qui en revanche a été très
34:42peu traitée par l'ensemble des médias.
34:44Alors Adrien Pelletier, vous êtes un expert
34:46en communication. Vous avez mesuré
34:48le buzz médiatique dans cette affaire
34:50le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est faible.
34:52Effectivement, c'est un traitement
34:54médiatique qui est assez inhabituel
34:56pour des faits aussi graves, avec une condamnation
34:58à 20 ans de réclusion en première instance.
35:00C'est une mise en examen qui date de 2020
35:02et jusqu'alors personne
35:04n'avait cité son nom. Le Parisien
35:06en avait parlé dans un article sans évidemment le citer
35:08en parlant d'un journaliste, d'un professeur d'Aïkido.
35:10Il a fallu attendre l'ouverture du procès
35:12le 18 novembre pour que La Dépêche
35:14parle de l'affaire qui s'ouvrait en Ariège
35:16et depuis à peine
35:1810 médias en ont parlé, des médias
35:20régionaux pour la plupart, avec une quarantaine de mentions.
35:22Si on compare avec le procès
35:24qui avait lieu en même temps, celui de Mazan,
35:26c'est 4000 mentions du procès,
35:28et c'est 13000 de l'affaire. On voit qu'on est quand même sur un grand écart.
35:30Alors est-ce que c'est une pratique courante
35:32de passer sous silence médiatique
35:34certaines affaires dont les protagonistes ont des
35:36liens particuliers avec des
35:38groupes de presse, des médias ?
35:40Est-ce qu'on a d'autres exemples notables ?
35:42Oui, effectivement. Déjà, il faut savoir que
35:44avant même le procès,
35:46une mise en examen,
35:48même un dépôt de plainte en général, pour des faits pareils,
35:50sont traités par la presse.
35:52Là, on a une affaire
35:54très similaire d'un
35:56confrère, d'un collègue même, de France Inter,
35:58un journaliste, Philippe Bertrand,
36:00qui animait
36:02une émission jusqu'en 2022,
36:04de sa retraite, et qui était mis
36:06en examen pour viol sur mineur
36:08sur la fille de sa compagne,
36:10la belle-fille de sa compagne. Donc c'est un effet très similaire.
36:12Il se trouve que l'enquête a été
36:14traitée par deux médias en ligne,
36:16des médias un peu
36:18confidentiels, et que
36:20la plainte avait été classée sans suite,
36:22par erreur, et qu'elle a été rouverte
36:24en 2023, mais depuis, personne n'en parle
36:26dans les médias traditionnels.
36:28Il y a quelques voix, quand même, qui se sont élevées
36:30pour dénoncer ce silence
36:32que certains pourraient qualifier d'assourdissant.
36:34Ces dénonciations, d'ailleurs,
36:36de traitement préférentiel, est-ce qu'elles ont
36:38bénéficié d'une caisse de résonance ?
36:40Oui, à ce titre, c'est intéressant
36:42de comparer le traitement médiatique
36:44avec celui des réseaux sociaux.
36:46On l'a dit, à peine une dizaine de mentions,
36:48les réseaux sociaux, il y a eu une sorte d'effet strésante.
36:50L'indignation qu'a généré
36:52ce silence médiatique a finalement
36:54porté une voix sur les réseaux sociaux
36:56avec quelques
36:58milliers, même centaines de milliers,
37:00de publications, de réactions, de partages,
37:02et notamment à l'initiative de
37:04l'avocat Maître J. William Goldanel,
37:06qui, sur Twitter, mais aussi
37:08dans les médias, notamment CNews,
37:10a dénoncé
37:12ce traitement préférentiel
37:14qui a coupé à M. Desbordes.
37:16Alors, ça tombe bien.
37:18Maître J. William Goldanel est avec nous
37:20au téléphone. Bonjour, Maître.
37:22Bonjour. Alors, je vous estimais
37:24que ce traitement médiatique
37:26n'a pas occupé
37:28la place que les horreurs
37:30de ces crimes méritaient. Je crois que
37:32on va commencer par vous poser cette question-là.
37:34Laissez-moi d'abord
37:36vous complimenter
37:38pour le fait que vous avez
37:40investigué, vous,
37:42largement sur cette affaire. Vous êtes les seuls.
37:44Les seuls. Je dis bien les seuls.
37:46À part cela, c'est vrai
37:48que je me suis ému
37:50de la différence
37:52de traitement, dans l'absolu
37:54déjà, entre les affaires
37:56Pélico et Desbordes.
37:58Et après mon être
38:00étonné parce que
38:02Desbordes est largement
38:04aussi grave que
38:06Pierre Pélico.
38:08Des belles filles de M. Desbordes
38:10qui sont
38:12gênées à 700 reprises
38:14avec la complicité
38:16de sa compagnie,
38:18avec des actes de barbarie,
38:20ça ne se trouve pas tous les jours.
38:22Et là, le féminisme
38:24qui est
38:26ambiant, n'a
38:28pas du tout fonctionné. Alors,
38:30ensuite, une fois que je me suis ému
38:32dans l'absolu
38:34de cette invraisemblable
38:36différence
38:38de traitement, je me suis posé des questions.
38:40J'ai
38:42effectivement conjecturé
38:44est-ce qu'il s'agissait
38:46de corporatisme ?
38:48Est-ce qu'il s'agissait
38:50de ce que j'appelle
38:52le privilège rouge ? Puisque
38:54M. Desbordes est un journaliste
38:56très à gauche.
38:58Et d'ailleurs, ma première
39:00supputation n'est pas
39:02contradictoire avec la seconde.
39:04Elles peuvent parfaitement se combiner.
39:06Et ce
39:08qui est extraordinaire,
39:10et alors même qu'on voulait bien
39:12reconnaître ce que j'ai
39:14fait, plutôt que
39:16de voir par exemple
39:18France Info,
39:20que de voir France Inter,
39:22que de voir plus largement Radio France
39:24et pas seulement,
39:26il pourrait y avoir Libé
39:28aussi, que Libé n'en a pas prêté
39:30non plus. Eh bien,
39:32j'ai reçu une
39:34volée de bois
39:36vert de la
39:38part de Radio France qui s'est fondue
39:40d'un communiqué
39:42dans lequel on m'indiquait
39:44que j'étais
39:46abjecte.
39:50Là, j'ai l'impression qu'on vous
39:52a perdu, Maître.
39:54Au moment où on apprenait
39:56que sur les réseaux sociaux,
39:58on vous dépeignait comme abjecte
40:00simplement pour avoir
40:02rappelé
40:04ces faits,
40:06c'est pour le moins assez
40:08étonnant. On peut quand même y noter quelques
40:10petites différences entre l'affaire de Mazan
40:12et l'affaire des Bordes, c'est que
40:14l'affaire de Mazan, ça relève
40:16de la sphère privée bien entendu, les deux,
40:18mais dans l'affaire de Mazan, il y a 50
40:20hommes qui... Il y a toute la société française
40:22en fait qui est impliquée dans cette série
40:24de viols. Après, on peut aussi rappeler
40:26que l'homme dont on parle, Jean-Philippe
40:28des Bordes, était dans les médias qui ont été cités
40:30il y a une dizaine, une quinzaine d'années
40:32et qui n'était pas non plus membre à part entière
40:34des rédactions, comme si vous le croisiez tous les jours dans les salles
40:36de conférences de rédaction, d'où la surprise
40:38sûrement d'un certain nombre de collègues
40:40ou confrères d'avoir appris, ne serait-ce que cet homme
40:42faisait partie de leurs médias, si on met un peu de contexte.
40:44Et puis il y a des contre-exemples aussi, parce qu'on peut
40:46prendre le cas par exemple de Patrick Poivre d'Arvor,
40:48ça a été largement couvert. Gérard Miller,
40:50certes, il n'est pas journaliste, mais c'était une figure présente
40:52du paysage audiovisuel français
40:54et de gauche, et ça a été largement documenté
40:56et couvert. Oui, alors Maître Golnadel,
40:58on vous a retrouvé.
41:00Donc, vous étiez...
41:02...
41:04...
41:06...
41:08...
41:10...
41:12...
41:14Bon, ça va être difficile, je pense, de toute façon,
41:16d'arriver au terme du propos, malheureusement.
41:18Je crois deviner ce que voulait
41:20ajouter Maître Golnadel.
41:22La Radio France s'est fendue d'un communiqué
41:24pour déplorer que
41:26Maître Golnadel ait à nouveau
41:28pris pour cible
41:30l'audiovisuel
41:32public, ce qui est
41:34assez étonnant.
41:36Adrien Pelletier, vous voyez
41:38rarement une antenne
41:40de radio comme ça
41:42s'émouvoir que l'on puisse...
41:44Il y a eu un cas un peu similaire
41:46avec le Dominique Boutonnat du CNC,
41:48je ne sais pas si vous vous rappelez, qui avait été maintenu à son poste,
41:50malgré les accusations, malgré la mise en examen,
41:52et il a fallu que l'actrice Judith Godrech
41:54dénonce ses faits
41:56pour qu'ils aient l'écho médiatique qu'ils méritent
41:58et qu'ils soient condamnés.
42:00Eh bien, en tout cas, cette affaire
42:02déborde. Nous en avons parlé,
42:04nous vous avons donné toutes les clés pour essayer
42:06de comprendre et de s'indigner.
42:08Et elle était effrayante.
42:10Absolument. Alors,
42:12je vous rappelle que vous pouvez soutenir la revue
42:14de l'affaire Criminel en vous rendant sur le site
42:16affaires-criminel.fr.
42:18Merci d'avoir été avec nous.
42:20Vous pouvez retrouver notre émission sur la chaîne YouTube
42:22de Sud Radio, bien sûr.
42:24La semaine prochaine, on se retrouvera samedi 12h
42:26pour une nouvelle affaire dans l'affaire.
42:28Mais tout de suite, c'est Alain Marty qui vous emmène
42:30sur les routes des vins de France.
42:32Exactement, dans les vignes, un peu partout dans le pays.
42:34Juste après les informations.
42:36Vins et spiritueux.
42:38Au programme, peut-être avec modération.
42:40A tout de suite sur Sud Radio.