GRAND DÉBAT / Investiture de Donald Trump : ce qui attend les Américains et l'Europe...
« Le récap » par Bruno Donnet
Le lundi 20 janvier 2025 signe le retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis en tant que 47ème Président. Le milliardaire a décidé de jouer la carte du conservatisme mondial en invitant les personnalités politiques les plus réactionnaires du moment : des magnats de la « Tech » à Éric Zemmour en passant par Jair Bolsonaro et Georgia Meloni, cette sélection d'invités montre la nouvelle influence diplomatique de Donald Trump. Ce-dernier peut également compter sur le soutien des patrons de multinationales qui s'afficheront à ses côtés. Le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a fait un don d'un million de dollars pour financer l'événement. Le coût de cette cérémonie d'investiture, la plus chère de l'Histoire américaine, est estimé à 200 millions de dollars. Donne-t-elle un aperçu des années Trump à venir ? En quoi se distinguera-t-elle de la précédente ?
Invités :
- Sandro Gozi, eurodéputé « Renew »,
- Vincent Hugeux, enseignant à Sciences Po, ancien grand reporter,
- Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique au « Figaro »,
- Marie-Cécile Naves, politiste, autrice de « géopolitique des États-Unis » (éditions Eyrolles).
GRAND ENTRETIEN / Pierre Thomas : défendre les exploitations agricoles familiales
Éleveur de bovins dans l'Allier, producteur de céréales bio, Pierre Thomas se bat pour l'amélioration des conditions de vie des agriculteurs. En sa qualité de président du Modef, le Mouvement de défense des exploitants familiaux, il réclame une augmentation du revenu des agriculteurs. Dans l'optique de favoriser l'installation des jeunes producteurs, le syndicat agricole demande une facilitation de l'accès à l'emprunt. Il revendique également l'instauration de prix minimums garantis, l'interdiction de la vente à perte et l'encadrement des marges. Alors que la colère des agriculteurs perdure, le gouvernement de François Bayrou parviendra-t-il à répondre aux attentes des syndicats agricoles avant le Salon de l'agriculture ?
Grand invité : Pierre Thomas, Président du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux)
LA SÉANCE DE RATTRAPAGE / Dislocation, conclave et non-censure à l'Assemblée
Invités :
- David Revault d'Allonnes, rédacteur en chef de la revue « L'Hémicycle »,
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP,
- Jean-Baptiste Daoulas, journaliste politique à « Libération ».
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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Invités :
- Sandro Gozi, eurodéputé « Renew »,
- Vincent Hugeux, enseignant à Sciences Po, ancien grand reporter,
- Isabelle Lasserre, correspondante diplomatique au « Figaro »,
- Marie-Cécile Naves, politiste, autrice de « géopolitique des États-Unis » (éditions Eyrolles).
GRAND ENTRETIEN / Pierre Thomas : défendre les exploitations agricoles familiales
Éleveur de bovins dans l'Allier, producteur de céréales bio, Pierre Thomas se bat pour l'amélioration des conditions de vie des agriculteurs. En sa qualité de président du Modef, le Mouvement de défense des exploitants familiaux, il réclame une augmentation du revenu des agriculteurs. Dans l'optique de favoriser l'installation des jeunes producteurs, le syndicat agricole demande une facilitation de l'accès à l'emprunt. Il revendique également l'instauration de prix minimums garantis, l'interdiction de la vente à perte et l'encadrement des marges. Alors que la colère des agriculteurs perdure, le gouvernement de François Bayrou parviendra-t-il à répondre aux attentes des syndicats agricoles avant le Salon de l'agriculture ?
Grand invité : Pierre Thomas, Président du Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux)
LA SÉANCE DE RATTRAPAGE / Dislocation, conclave et non-censure à l'Assemblée
Invités :
- David Revault d'Allonnes, rédacteur en chef de la revue « L'Hémicycle »,
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP,
- Jean-Baptiste Daoulas, journaliste politique à « Libération ».
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NewsTranscription
00:00Bonsoir à tous, ravie de vous retrouver dans Savourgarde ce soir.
00:10La déflagration Trump, la planète aura les yeux rivés ce lundi sur la cérémonie d'investiture à Washington.
00:17Les festivités commencent demain. Alors à quoi peut-on s'attendre ?
00:20L'Amérique et le monde vont tanguer. Grand décryptage dans un instant avec mes invités.
00:26Notre invité se bat pour le renouvellement des générations dans l'agriculture.
00:32A l'heure où un exploitant sur deux part à la retraite d'ici dix ans, nous recevons Pierre Thomas,
00:37le président du MODEF, syndicat agricole marqué à gauche, en pleine campagne aux élections aux chambres d'agriculture.
00:45Enfin, ce sera la séance de rattrapage de l'Assemblée nationale avec nos chroniqueurs.
00:51Comme chaque vendredi, on va revenir sur ce qui s'est passé ces derniers jours.
00:55Semaine très importante où le PS a rompu avec la France insoumise. On verra cela à la fin de cette émission.
01:01Voilà pour le sommaire. Soyez les bienvenus, Savourgarde, ça commence tout de suite.
01:04...
01:16La cérémonie s'annonce grandiose. Le comité d'organisation parle même d'un week-end monumental.
01:22Elle commence demain, se déroulera sur quatre jours avec en point d'orgue le serment de Donald Trump
01:29sur la bible, gage de protection et de défense de la constitution des Etats-Unis d'Amérique.
01:35Rarement un chef d'Etat américain n'aura autant voulu mettre en scène sa puissance pour marquer son retour triomphal à la Maison Blanche.
01:42Alors on va revenir ce soir sur cette cérémonie, ce qu'on en connaît, sur l'effet Trump qui est déjà là et bien là,
01:49à la fois sur la scène américaine et sur la scène internationale. Avec vous, Sandro Gozzi, bonsoir.
01:54Bonsoir.
01:55Et merci d'être là. Vous êtes député européen Renaissance, c'est le parti macroniste au Parlement européen de Bruxelles.
02:02Bonsoir, Isabelle Lasserre.
02:03Bonsoir.
02:04Ravie de vous retrouver, correspondante diplomatique au Figaro. Bonsoir, Marie-Cécile Nave.
02:08Bonsoir.
02:09Bienvenue à vous. Vous êtes politiste, spécialiste des Etats-Unis, autrice de Géopolitique des Etats-Unis.
02:14C'est aux éditions Erol. Enfin, bonsoir, Vincent.
02:16Bonsoir, Marie.
02:17Vincent Ugeux, ancien grand reporter enseignant à Sciences Po.
02:21Alors, que sait-on de cette cérémonie ? Pour commencer, Bruno Donnet va tout nous dire dans son récap tout de suite.
02:36Bonsoir, Bruno.
02:37Bonsoir, Myriam. Bonsoir à tous.
02:38Alors, à quoi devrait ressembler la future Amérique de Donald Trump ?
02:42Alors, pour répondre à votre importante question, Myriam, on peut peut-être commencer par regarder
02:47qui seront les invités de la cérémonie d'investiture de lundi.
02:52Pour commencer, donc, il y aura des milliardaires.
02:55Elon Musk, l'homme le plus riche du monde.
02:57Jeff Bezos, le patron d'Amazon.
02:59Bill Gates, celui de Microsoft.
03:02Mais aussi Tim Cook, le boss d'Apple.
03:04Sans oublier le dernier converti, Mark Zuckerberg.
03:07Et puis, il y aura aussi, bien sûr, des représentants politiques.
03:10Alors, attention, ils ne sont pas tous de farouches partisans de la démocratie.
03:14On attend l'Italienne Georgia Meloni, l'Argentin Javier Milei et le Brésilien Jair Bolsonaro,
03:21à condition qu'il retrouve son passeport avant lundi.
03:24Et puis, enfin, on attend également des représentants de l'extrême droite européenne,
03:28Marion Maréchal et Éric Zemmour, ou encore Nigel Farage pour la Grande-Bretagne,
03:33tous espérant pouvoir se déhancher frénétiquement sur le YMCA des Village People.
03:45Voilà, et puis plus sérieusement, d'un point de vue strictement politique maintenant,
03:50Donald Trump a l'intention de baisser les impôts,
03:54de réduire le gouvernement et le poids de l'administration,
03:58mais aussi d'augmenter les droits de douane,
04:00et surtout de criminaliser l'immigration illégale
04:03et d'autoriser les défilés dans les rues avec des armes à feu,
04:07comme c'est déjà le cas dans l'État de l'Haïdao, par exemple.
04:12Oui, j'ai un fusil dans ma voiture et un flingue à la ceinture.
04:15Bref, vous l'avez compris, Myriam,
04:17ce sont là les contours d'une Amérique pas franchement rassurante qui se dessine.
04:21Et parmi les plus inquiets, il y a le toujours président,
04:24l'actuel locataire de la Maison Blanche.
04:26Joe Biden, qui au moment de faire ses adieux télévisés à l'Amérique,
04:30s'est inquiété pour l'avenir démocratique de son pays.
04:42Biden, pas content non plus que Donald Trump tente de s'attribuer
04:46les mérites du processus de paix signé cette semaine entre Israël et la Palestine.
05:02Enfin, pour terminer ce tableau sur une note, comment dire, diplomatique,
05:06en tout cas internationale, il faut encore que je vous dise
05:09que Donald Trump envisage de proposer au Canada d'entrer dans le giron américain
05:14et qu'il souhaite très sérieusement annexer le Groenland,
05:18qui jusqu'ici est placé sous administration danoise.
05:33Voilà, Myriam, bienvenue dans le nouveau Monde libre,
05:37version dansante Trump 2025, qui est prévu pour durer quatre ans.
05:43Merci. Merci beaucoup, Bruno.
05:46On va repartir de cette cérémonie.
05:49Marie-Cécile Naaf, c'est évident que les images vont être très importantes.
05:53On va scruter les présents, on va scruter les absents.
05:56Qu'est-ce qu'elle va dire de l'Amérique de Trump, cette investiture ?
06:00Quel est le message qu'il va envoyer au monde ?
06:04C'est déjà un boy's club.
06:06C'est vraiment la revanche sur l'Amérique progressiste,
06:11la revanche sur MeToo, la revanche sur l'antiracisme,
06:14la revanche sur les démocrates, mais vraiment la revanche au sens presque de vengeance
06:18et en affichant un club d'hommes blancs, milliardaires.
06:24Et puis, évidemment, l'extrême droite internationale
06:27ou l'internationale extrême droite, je ne sais pas dans quel sens il faut le dire.
06:32L'internationale réactionnaire, a dit cette semaine Emmanuel Macron.
06:35Oui, moi, je vais plus loin que ça.
06:37C'est vraiment une internationale extrême droite
06:40pour qui, évidemment, les images sont extrêmement importantes
06:45et le récit qui va en être fait,
06:47qui en est déjà fait, d'ailleurs, les jours les plus extraordinaires de l'Amérique,
06:52le récit d'une puissance surdimensionnée,
06:57à une époque où les États-Unis voient leur domination dans le monde
07:02quand même de plus en plus contestée,
07:04et ce n'est pas le fait uniquement de cette nouvelle présidence-là,
07:07c'était déjà là les quatre années qui précèdent,
07:09avec un grand nombre de pays qui remettent en cause cette domination,
07:13la domination monétaire, la domination diplomatique,
07:16la domination militaire également.
07:18Mais effectivement, on donne à voir une puissance
07:21et puis on verra s'il y a aussi ce jour-là les insurgés du 6 janvier 2021
07:25qui sont complètement réhabilités,
07:27avec le récit totalement mensonger de la victoire volée de 2020.
07:32Sandro Gozzi, la liste des chefs d'Etat invités en dit long,
07:36on les a vus, l'argentin Milei, le hongrois Orban a été invité,
07:41il n'y sera pas, mais il a été invité,
07:43Giorgia Melloni également, l'italienne,
07:45le président du Salvador, très populaire, autoritaire, Naïb Boukele.
07:50Normalement, dans ces cérémonies, il n'y a pas de chef d'Etat,
07:53il n'y a pas de tradition.
07:55Là, il envoie un message, vous reprendriez,
07:58international, d'extrême droite, au monde entier ?
08:01Oui, je suis tout à fait d'accord avec ce qui vient d'être dit.
08:04Les images que vous avez montrées indiquent les vrais dangers
08:08de cette nouvelle histoire Trump.
08:10Parce que finalement, de son point de vue,
08:12je comprends qu'il veut célébrer.
08:14En 2016, tout le monde l'avait considéré
08:16comme un accident de l'histoire.
08:18En 2024, c'est une nouvelle histoire américaine
08:20qui commence avec lui.
08:22Bien sûr, il va mettre en scène, quoi ?
08:24L'alliance entre le turbo-capitalisme numérique
08:28et les leaders d'extrême droite un peu partout dans le monde.
08:31Ce n'est pas un hasard si, dans les débats
08:34avec Kamala Harris du 12 septembre,
08:36les seuls débats télévisés qu'ils aient faits,
08:38le seul leader qui a été mentionné par Donald Trump,
08:42c'était Viktor Orban.
08:44Il est clair que Elon Musk, avec lui,
08:48travaille depuis longtemps.
08:50On le découvre maintenant.
08:52On le découvre maintenant.
08:54Il y en a certains, comme la personne qui vous parle,
08:56qui dénoncent ça depuis plusieurs années.
08:58Mais il travaille exactement pour créer
09:00une nouvelle internationale.
09:02Pour vous, c'est idéologique, l'alliance avec Musk ?
09:04Je ne sais pas si c'est idéologique,
09:06mais c'est une stratégie délibérée, politique,
09:08depuis longtemps.
09:10Elon Musk est allé à Rome,
09:12à l'université d'été de Giorgio Meloni.
09:14Il travaille avec Farage.
09:16Farage n'est pas assez extrémiste pour lui.
09:18Il soutient un autre.
09:20Il l'a fait depuis plusieurs années.
09:22C'est un projet ouvert
09:24et très inquiétant.
09:26L'Amérique change de modèle.
09:28C'est ça qu'il veut envoyer comme message.
09:30Dès ce lundi,
09:32la défense de la démocratie libérale,
09:34c'est fini.
09:36Quand on se pose la question
09:38de savoir si le ressort majeur
09:40est d'ordre affairiste
09:42ou d'ordre idéologique,
09:44c'est une interrogation spécieuse.
09:46Il y a une confusion absolue
09:48entre l'un et l'autre,
09:50autant chez un Trump que chez un Musk.
09:52Le concept, par exemple,
09:54d'équité des droits,
09:56de séparation des pouvoirs,
09:58de conflit d'intérêts,
10:00sont totalement étrangers
10:02à l'univers mental des gens dont on parle.
10:04Prenons l'exemple de ce pacte
10:06qui a été scellé avec Musk.
10:08Il faut rappeler que l'estimation
10:10confessée par Trump lui-même
10:12dans un entretien privé
10:14financière totale est de l'ordre
10:16de 500 millions de dollars,
10:18la nature de ce pacte,
10:20c'est précisément le fait
10:22que pile je gagne,
10:24face tu perds.
10:26On dit toujours que Trump,
10:28c'est la transaction et l'extorsion,
10:30pour reprendre l'analyse que faisait
10:32notre confrère ici même,
10:34hier soir, Gallagher-Fenwick.
10:36Mais si vous voulez,
10:38la transaction, oui,
10:40peut-être, mais à condition
10:42qu'on se rende aux arguments du plus fort.
10:44Il n'y a pas du tout
10:46de notion d'équité des droits.
10:48C'est la loi de la force,
10:50c'est plus la force de la loi.
10:52Là, on comprend qu'il y ait
10:54des alliances, qu'elles soient
10:56d'intérêt ou idéologiques.
10:58Vous dites qu'il y a un continuum
11:00entre les géants de la tech,
11:02tous, ils seront quasiment là,
11:04il n'y a plus de résistance
11:06au sein des géants de la tech.
11:08Il y a toute une série de présences
11:10des partis populistes qui veulent y aller,
11:12parce que c'est ça aussi.
11:14Tout le monde, parmi les populistes
11:16européens, on pense à Vox,
11:18en Espagne aussi, qui sera là.
11:20Au fond,
11:22c'est quoi ? C'est de dire avec moi
11:24ou contre moi, ce lundi ?
11:26C'est ça ?
11:28Je pense qu'il réunit, en fait,
11:30tous ceux qui pensent comme lui.
11:32Vous l'avez dit,
11:34c'est le monde de la force,
11:36mais Trump est à la fois un accélérateur
11:38et le représentant
11:40d'un monde qui a commencé à changer
11:42avant lui, c'est-à-dire
11:44en grande partie avec Vladimir Poutine,
11:46c'est-à-dire un monde révisionniste
11:48qui ne respecte pas ses voisins,
11:50qui ne respecte pas les droits de l'homme
11:52et qui, en fait,
11:54grossit de plus en plus.
11:56Ce qui est assez spectaculaire, il y a une étude,
11:58un sondage qui a été fait il y a quelques jours
12:00par le think tank ECFR, où on voit, dans 24 pays,
12:02qu'en fait,
12:04si Trump provoque une véritable peur
12:06et une anxiété en Europe,
12:08si on enlève les pays pro-trumpistes
12:10comme la Hongrie d'Orban,
12:12ailleurs, c'est pas du tout le cas.
12:14C'est-à-dire qu'il y a vraiment des pays
12:16qui attendent Trump et les autres
12:18qui se disent, finalement,
12:20enfin, un homme fort, c'est comme ça
12:22qu'on règle le pouvoir par la force, etc.
12:24Donc il n'y a pas du tout cette panique ailleurs.
12:26C'est vraiment, en fait, une réaction
12:28assez européenne.
12:30Le problème aujourd'hui, c'est qu'on vit
12:32aujourd'hui dans un monde trumpien,
12:34c'est-à-dire que de plus en plus,
12:36le système international qui datait
12:38de 1945 est en train de s'effondrer
12:40avec tous ces gardes-fous
12:42et toutes les organisations internationales
12:44qui avaient contribué à préserver la paix
12:46jusqu'à aujourd'hui. Donc on est dans cette période
12:48de transition où ce monde s'effondre
12:50et on n'a pas encore le Nouveau Monde,
12:52mais lui, il s'est érigé en chef
12:54de ce Nouveau Monde, comme Vladimir Poutine
12:56a pris l'axe, en fait,
12:58du clan anti-occidental.
13:00Et Donald Trump, il est un peu à cheval
13:02entre ce monde complètement occidental
13:04qui veut complètement casser les règles
13:06et le monde occidental
13:08qui vit quand même encore
13:10ce cas pour l'Europe avec des règles
13:12et des valeurs particulières.
13:14Avant de se poser la question de l'Europe
13:16et de ses moyens de résister,
13:18la scène intérieure, déjà.
13:20Marie-Cécile Nave, il est prêt.
13:22Il n'a jamais été aussi prêt.
13:24On est très, très loin de son arrivée.
13:26Il y a quatre ans, l'administration est déjà nommée.
13:28Il a dit qu'il allait
13:30signer une centaine de décrets
13:32dès lundi, le jour de son investiture.
13:34On pense aux expulsions
13:36massives qu'il a promises.
13:38Il a fait sa campagne sur l'immigration.
13:40À quoi peut-on s'attendre ?
13:42Il va y avoir des gens qui vont être
13:44expulsés sur leur lieu de travail
13:46par milliers, tout ça, devant les caméras.
13:48C'est ça qui va se passer ?
13:50Il est beaucoup plus prêt qu'en 2016, évidemment.
13:52Lui-même n'était pas du tout
13:54convaincu qu'il allait gagner.
13:56Lui-même était surpris de gagner,
13:58on se souvient des images.
14:00Il est beaucoup plus prêt, entouré d'une équipe
14:02de loyalistes, c'est-à-dire
14:04de gens qui lui baisent la bague.
14:06En premier rang des cales,
14:08sur les questions que vous venez de citer,
14:10Steve Miller, qui va jouer
14:12un rôle très important
14:14dans les politiques nationalistes,
14:16ethno-nationalistes, à ses côtés.
14:18En termes de décret, on verra.
14:20Le premier décret qu'il avait signé en 2017,
14:22c'était pour mettre fin aux aides
14:24de l'État fédéral, aux associations
14:26qui, dans le monde, luttent
14:28pour la santé des femmes
14:30et pour l'accès à la santé repositive.
14:32C'est les fonctionnaires fédéraux
14:34qui peuvent trembler avec Musk,
14:36qui pourraient totalement réorganiser l'État.
14:38Il y a des effets d'annonce aussi,
14:40parce que Musk commence à dire
14:42qu'il avait dit 2 000 milliards de dollars de coupe
14:44dans les dépenses fédérales.
14:46En fait, ça sera peut-être moins,
14:48parce qu'il y a beaucoup de choses qui se décident par la loi.
14:50Les décrets sont là, évidemment,
14:52pour annoncer,
14:54pour faire des effets d'annonce.
14:56On peut décider de certaines choses par décret,
14:58mais vraiment...
15:00Donc la démocratie américaine a aussi encore des contrepoints.
15:02Oui, mais attention, ils ont deux ans
15:04devant eux, les Républicains,
15:06jusqu'aux élections de mi-mandat
15:08dans deux ans, pour faire passer
15:10des grandes lois de réforme.
15:12Ils ont une majorité relativement confortable au Sénat,
15:14à l'Assemblée, à la Chambre des représentants,
15:16ça sera un peu plus difficile,
15:18mais sur le plan migratoire,
15:20oui, il y aura des images, des expulsions,
15:22il faut une grande loi
15:24au Congrès,
15:26pour lutter contre
15:28l'immigration illégale.
15:30Il y a 11 millions de clandestins dans le pays,
15:32il faut aller les chercher.
15:3411 millions de clandestins.
15:36Sandro Godi, tout le monde regarde l'Amérique,
15:38ces images d'expulsions,
15:40on pense à ça parce que ça fait partie
15:42de la pierre angulaire de son programme,
15:44il a fait campagne sur l'économie et l'inflation,
15:46mais aussi sur l'immigration,
15:48ça va avoir des effets en Europe terribles.
15:50Oui, sans doute, ses invités
15:52seront très contents,
15:54je ne sais pas s'ils vont danser ou à YMCA,
15:56mais ils vont sabrer les champagnes,
15:58et au début, il pourra le faire,
16:00parce qu'au début, il va expulser
16:02les immigrés qui ont été condamnés,
16:04qui se trouvent dans des prisons, dans des lieux de détention,
16:06et ça va aussi être relativement facile
16:08ou pas trop difficile.
16:10Mais il y aura une deuxième phase
16:12dans laquelle il voudra expulser les immigrés
16:14irréguliers qui travaillent.
16:16Et là, il y a déjà des premières dissensions
16:18au sein de son camp sur quoi faire
16:20avec ces migrants économiques.
16:22Donc déjà, il y aura une phase 1
16:24dans laquelle, évidemment, regardez,
16:26j'ai fait exactement ce que je vous ai dit,
16:28et une phase 2 dans laquelle les problèmes vont émerger.
16:30Certes, le message qu'il va donner
16:32au niveau international,
16:34on le disait avant,
16:36c'est la fin de l'internationalisme américain démocrate.
16:38Donc, plus d'alliances
16:40et rapports de pouvoir,
16:42moins de coopérations multilatérales,
16:44pas de libre-échange,
16:46pas de libre-échange, mais protectionnisme,
16:48et pas de défense des démocraties libérales.
16:50Et ça, c'est sans doute
16:52quelque chose qui inquiète,
16:54mais pas que les Européens.
16:56C'est pas seulement nous qui nous inquièterons.
16:58Je crois que les Mexicains seront inquiets,
17:00je crois que les Canadiens seront inquiets.
17:02Parce que c'est la même logique d'influence,
17:04des sphères d'influence impériale
17:06de Poutine et de Xi Jinping.
17:08– Impériale, vous utilisez le terme d'impérial.
17:10Il y a un impérialisme.
17:12– Ce qu'il a dit sur les Grands-Élans,
17:14c'est que Poutine, quand il parle du Caucase ou de l'Ukraine,
17:16comme la Chine quand il parle de Taïwan
17:18ou du Sud-Est Asiatique,
17:20c'est ça les dangers pour le monde.
17:22C'est qu'il légitime un discours d'autres
17:24qui sont en train déjà d'appliquer
17:26une logique impériale.
17:28Je ne dis pas que Poutine va faire ce qu'il fait.
17:30– On va y venir à l'Ukraine dans un instant.
17:32– Mais il légitime
17:34une logique uniquement.
17:36Rapport des forces, je suis grand,
17:38j'ai des voisins petits, eux, ils doivent rester
17:40sur mon influence.
17:42– L'impérialisme américain, il est très ancien.
17:44Sauf que là, avec Poutine,
17:46et il y en a des exemples,
17:48c'est de l'impérialisme concret, territorial.
17:50Est-ce que vous iriez jusqu'à penser
17:52qu'il a des visées, après ses propos
17:54sur le Canada, le Grands-Élans, le canal de Panama,
17:56dont la Chine,
17:58dont il veut récupérer le contrôle.
18:00Est-ce qu'il y a un impérialisme
18:02au premier sens du terme, ancien,
18:04XIXe siècle, chez Trump ?
18:06– Je crois qu'il y a de toute façon une variante
18:08au slogan originel de
18:10« America first », je pense que dans son esprit,
18:12c'est « America everywhere »,
18:14en tout cas partout où ses intérêts sont en jeu,
18:16y compris hors les murs.
18:18Au fond, on peut rappeler que
18:20les appétits pour le Groenland ne datent pas
18:22de l'irruption de Trump sur l'échiquier américain,
18:24l'on en s'en fout.
18:26Harry Truman, on peut même remonter à la doctrine Monroe
18:28de 1823, où on considérait
18:30déjà que le Groenland appartenait
18:32à la sphère sécuritaire des Etats-Unis.
18:34Mais ce qui est très intéressant, c'est de voir
18:36l'élasticité de sa conception de la souveraineté.
18:38Au fond, quand vous regardez
18:40ce qu'a été sa première réaction au moment
18:42de l'agression russe en Ukraine,
18:44ça n'a pas été d'invoquer le principe
18:46de respect de l'intégrité territoriale,
18:48c'était de saluer un coup de génie
18:50de Vladimir Poutine. Donc, pour cela,
18:52la souveraineté étant élastique,
18:54le canal de Panama, puisque c'est nous
18:56qui l'avons creusé, après le fiasco
18:58du Français de l'Esseps d'ailleurs,
19:00eh bien, il n'est anormal
19:02que les Chinois ne payent pas davantage,
19:04etc. Le Groenland,
19:06c'est une continuité. On a une base militaire
19:08et spatiale, certes, mais ça ne suffit pas.
19:10Et le 51e Etat des Etats-Unis
19:12pour le Canada relève de la même logique,
19:14même si, de mon point de vue,
19:16c'est plus, en l'occurrence, une galéjade
19:18qu'un véritable projet territorial.
19:20La souveraineté n'a pas
19:22de sens propre pour Trump,
19:24vraiment, parce qu'on a pu lire
19:26beaucoup d'experts expliquer que ces provocations
19:28récentes sur le Groenland, Panama,
19:30Canada, c'était une forme
19:32de chantage et d'obtenir,
19:34avec toutes ces provocations, ce qu'il attend.
19:36Oui, mais ça va avec. C'est-à-dire, l'Europe
19:38s'attendait à avoir
19:40un président Trump dont elle ne savait pas très bien
19:42comment il allait réagir par rapport
19:44à la défense de ses alliés
19:46face à Poutine. Elle se retrouve avec un président américain
19:48qui a des visées impérialistes
19:50contre ses propres alliés.
19:52Ça, c'était absolument pas...
19:54C'était pas prévu par les Européens,
19:56qui, d'ailleurs, sont complètement divisés et dans un état
19:58de sidération totale aujourd'hui.
20:00Et effectivement, le Groenland, c'est pas que
20:02la provocation. Si le fils Trump va là-bas
20:04avec des images complètement mises en scène
20:06avec des SDF à qui on met
20:08une casquette Make America Great Again
20:10et à qui on offre un café chaud pour être sur les images,
20:12c'est ça qui s'est passé.
20:14Il y a des envies d'ouvrir le territoire
20:16aux entreprises privées, pas forcément
20:18à l'État lui-même au sens pouvoir public,
20:20mais à des entreprises privées pour exploiter
20:22les routes maritimes,
20:25pour exploiter les sous-sols, etc.
20:27Donc oui, il y a des visées impérialistes.
20:29Mais pour répondre à votre question,
20:31effectivement, demander
20:33quelque chose d'excessif
20:35pour espérer obtenir
20:39des avantages,
20:41des intérêts matériels, territoriaux
20:43de moindre mesure, effectivement.
20:45Et c'est sa méthode aussi à Panama
20:47et dans d'autres territoires, probablement.
20:49Alors justement, la méthode Trump,
20:51j'aimerais qu'on s'arrête sur le dossier ukrainien
20:53un instant avec vous, Isabelle Lasserre.
20:55Vous suivez ça depuis le début.
20:57Qu'est-ce qu'il va faire ?
20:59Il avait dit qu'il allait arrêter la guerre
21:01en 24 heures.
21:03Est-ce qu'il est fasciné par Poutine ?
21:05Est-ce qu'il est
21:07admiratif de Poutine ?
21:09Est-ce qu'il pourrait résister à Poutine
21:11dans un accord de négociation ?
21:13Qu'attend d'ailleurs Zelensky
21:15sur le Donbass, sur la Crimée ?
21:17La seule chose dont on soit absolument certains,
21:19c'est que Trump est imprévisible.
21:21Donc on ne peut pas savoir comment ça va se terminer
21:23avec Vladimir Poutine. Ce qui est certain aussi,
21:25c'est qu'il aime et qu'il admire les dictateurs
21:27dont Vladimir Poutine.
21:29Une fois qu'on a posé ça, il est passé
21:31de je vais régler la guerre
21:33en 24 heures à je vais la régler
21:35en 6 mois. Ce qui va probablement
21:37se passer, parce que là,
21:39il a du répondant du côté ukrainien,
21:41c'est qu'il va essayer d'imposer
21:43un cessez-le-feu.
21:45Pourquoi pas ? Puisque
21:47même les Ukrainiens sont d'accord aujourd'hui.
21:49Ce qu'il veut essayer de...
21:51Aujourd'hui, d'ailleurs, Marco Rubio,
21:53son secrétaire d'Etat, l'a dit hier,
21:55une diplomatie audacieuse
21:57qui empêcherait la Russie d'avaler
21:59complètement l'Ukraine, qui est son but ultime,
22:01mais qui demanderait à l'Ukraine
22:03de renoncer aux territoires occupés,
22:05parce qu'elle n'a pas les moyens militairement
22:07de les récupérer.
22:09Donc il prône une diplomatie
22:11basée sur le réalisme.
22:13Alors là, c'est là que les problèmes commencent.
22:15C'est après le cessez-le-feu.
22:17Quelle garantie de sécurité
22:19on donne à l'Ukraine ? Parce que c'est là
22:21qu'on va avoir le destin
22:23de l'Ukraine, il va s'écrire...
22:25Volodymyr Zelensky, il en est
22:27aux garanties de sécurité. Uniquement,
22:29il a déjà perdu tout espoir
22:31d'une garantie de souveraineté,
22:33de retrouver une partie
22:35de son territoire.
22:37La question sera, est-ce qu'on gèle ces territoires
22:39ou est-ce qu'on les abandonne
22:41pour toujours ?
22:43Volodymyr Zelensky est aussi réaliste
22:45et il sait qu'il n'a pas les moyens d'aller plus loin.
22:47Il sait qu'il va falloir geler le conflit.
22:49Tout est dans la manière
22:51de le faire et tout est dans les garanties
22:53de sécurité qui vont être accordées à l'Ukraine.
22:55Parce que le gel d'un conflit
22:57et un cessez-le-feu pour Vladimir Poutine,
22:59ce n'est qu'une autre manière
23:01de poursuivre la guerre.
23:03C'est-à-dire que c'est un conflit qui se réchauffe
23:05dans 3 ans, dans 4 ans, quand l'armée russe
23:07aura été reconstituée et Vladimir Poutine
23:09attaquera à nouveau l'Ukraine.
23:11Donc toute la question, c'est qui va faire respecter
23:13en fait, quelles garanties
23:15on va accorder aux Ukrainiens ?
23:17Et c'est là que c'est très compliqué
23:19parce que les Américains n'ont pas envie
23:21d'y aller eux-mêmes et les Européens
23:23aujourd'hui
23:25ne sont pas suffisamment
23:27au niveau pour...
23:29Alors on y vient, aux Européens.
23:31L'OTAN, c'est non pour l'OTAN,
23:33parce que les Etats-Unis ne veulent pas
23:35et que l'OTAN serait, pour les Ukrainiens,
23:37la garantie ultime.
23:39On ne peut pas exclure totalement
23:41que Vladimir Poutine, 60 ans en position de force
23:43sur le terrain, n'accorde aucune concession
23:45à Donald Trump et que Donald Trump
23:47observe et que finalement
23:49il ne passe pas de deal avec Poutine
23:51et puis que le truc repart dans l'autre sens
23:53et qu'il aide les Ukrainiens.
23:55Et d'ailleurs, il n'est pas pressé de le rencontrer.
23:57Écoutons-le, Vladimir Zelensky.
23:59C'était justement dans la foulée de l'élection
24:01de Donald Trump. Il espérait
24:03une forme d'opportunité pour son pays.
24:05Il est clair
24:07qu'un nouveau chapitre s'ouvre
24:09pour l'Europe et le monde entier
24:11et je vois cela comme une période
24:13d'opportunités.
24:15Alors,
24:17le député européen, quel rôle va jouer l'Europe ?
24:19Est-ce qu'elle est hors jeu dans cette négociation
24:21qui arrive ?
24:23On a vu les Européens essayer
24:25d'armer, d'accélérer encore
24:27et encore l'armement pour essayer
24:29de donner toutes les cartes, les meilleures cartes
24:31au président ukrainien pour négocier.
24:33Accélérer mollement.
24:35Il y a les Britanniques
24:37qui commencent à essayer
24:39de donner quelques garanties supplémentaires.
24:41Honnêtement,
24:43que peut faire l'Europe ?
24:45Je partage l'analyse d'Isabelle Lasserre.
24:47On a une crise de sécurité.
24:49On vit une crise de sécurité et les Européens
24:51doivent tirer les leçons de cette crise de sécurité.
24:53Comment concrètement ?
24:55Comme ils l'ont fait pendant la crise financière,
24:57comme ils l'ont fait pendant la crise sanitaire.
24:59Donc, il est clair qu'aujourd'hui,
25:01si je dois répondre à votre question,
25:03et non, même si, en aide militaire,
25:05en aide économique, les Européens ont fait
25:07énormément et
25:09je suis allé souvent dans les
25:11dernières années au Congrès américain,
25:13je me rendais compte que même les membres du Congrès
25:15démocrate n'étaient pas véritablement
25:17informés sur tout ce que les Européens font.
25:19Après, pour garantir la sécurité
25:21après un possible accord,
25:23les Européens
25:25ne sont pas encore là.
25:27C'est la raison pour laquelle la sécurité,
25:29la défense, la construction d'une défense européenne,
25:31parce qu'en plus,
25:33c'est vrai que dans l'immédiat,
25:35je ne vois pas l'Ukraine s'approcher de l'OTAN
25:37et je ne vois pas non plus les Américains
25:39vouloir assumer les responsabilités
25:41de la sécurité d'un accord possible,
25:43suite à un accord possible entre Zelensky et Poutine,
25:45donc ce sera les Européens
25:47qui doivent le faire. Aujourd'hui,
25:49ils n'ont pas les moyens et ils doivent se les donner.
25:51C'est le débat qu'on a lancé, je dois dire,
25:53Emmanuel Macron a lancé depuis...
25:55Donc il y a un aveu de faiblesse, c'est-à-dire que vous reconnaissez de l'Europe.
25:57Un aveu d'absence. Après, si on part du commerce,
25:59je vous dirais que l'Europe est là, mais sur la défense,
26:01l'Europe, aujourd'hui, je ne dis pas
26:03qu'elle est aux abonnés absents.
26:05Elle n'est pas capable d'assumer
26:07les responsabilités géopolitiques
26:09qu'un accord à Kiev
26:11devrait... va impliquer.
26:13Donc, il a les mains libres et on ne sait pas
26:15ce qu'il va faire. Ce qui est préoccupant,
26:17c'est le fait que l'Europe, certes, a réagi
26:19aux appétits et de Trump
26:21et de Musk, mais en ordre dispersé.
26:23Et que le silence assourdissant
26:25de la Commission, à commencer par Ursula von der Leyen,
26:27dont on a appris entre-temps
26:29qu'elle souffrait du pneumonia, soit,
26:31notamment sur l'affaire du Groenland,
26:33qui concerne un territoire qui est attaché
26:35aux membres de l'Union européenne et de l'OTAN,
26:37ce silence est quand même, en quelque sorte,
26:39l'aveu d'une forme de panique.
26:41Et ça va conforter l'administration Trump
26:43dans la foi qui est la sienne
26:45dans la stratégie de l'éléphant
26:47dans le magasin de porcelaine.
26:49Pourquoi se gêner, puisqu'on a
26:51un pseudo-exécutif européen
26:53qui est timide, qui est tiède,
26:55qui est irrésolu et qui est incapable
26:57de forger une parole
26:59forte et commune ?
27:01Les autres secousses pour l'Europe vont être économiques.
27:03Vous l'envisagiez à l'instant,
27:05Sandro Godi, avec l'augmentation
27:07des droits de douane.
27:09Trump promet au 27 une guerre commerciale
27:11bien plus dure qu'il y a 4 ans.
27:13On en parle juste après le sujet de Marion Becker.
27:15Regardez.
27:21Je vais imposer des droits de douane
27:23au monde extérieur, qui devra payer
27:25pour avoir le privilège de venir
27:27voler nos emplois et nos entreprises
27:29pendant des années et des années.
27:31Pour moi, le plus beau mot
27:33du dictionnaire, c'est droits de douane.
27:35Va-t-il tenir parole ?
27:37A quel taux vont
27:39finalement s'élever les droits de douane
27:41que Donald Trump a promis de doubler
27:43vers l'Europe ? 10% ?
27:45Voir même 20% ?
27:47Les Européens guettent les rumeurs
27:49et les déclarations du président américain
27:51pour évaluer les futures
27:53turbulences économiques.
27:55L'Allemagne serait le principal pays
27:57touché par une hausse des droits de douane,
27:59alors que ses exportations
28:01vers les Etats-Unis ont atteint
28:03un niveau record cette année.
28:05Vient ensuite l'Irlande.
28:07Elle a le plus gros excédent
28:09commercial outre-Atlantique.
28:11Puis le Royaume-Uni pour son
28:13industrie pharmaceutique et automobile.
28:15Mais aussi l'Italie
28:17et la France. Les Etats-Unis
28:19sont le quatrième pays client
28:21des Français, avec 45
28:23milliards de produits vendus l'an dernier.
28:25Les producteurs de
28:27droits de douane et spiritueux sont particulièrement
28:29inquiets. Reste à savoir
28:31quelle sera la réponse de l'Europe
28:33tiraillée entre deux stratégies.
28:35L'une défensive,
28:37qui entend négocier,
28:39mener un partenariat avec les
28:41Américains, c'est celle de la
28:43présidente de la Commission européenne,
28:45Ursula von der Leyen.
28:47L'autre stratégie
28:49offensive, souhaite mettre en place
28:51une réciprocité absolue
28:53pour chaque taxe américaine.
28:55Face à la menace,
28:57les pays européens
28:59resteront-ils unis ?
29:01Sandro Godzi, elle est pour vous
29:03cette question. Quelle stratégie ?
29:05Moi je suis très déçu
29:07de mes réactions sur les dossiers numériques
29:09parce que c'est un test par rapport
29:11au dossier commercial. Et laissez-moi dire une chose,
29:13on n'a rien contre le long-masque.
29:15Moi j'admire énormément
29:17le long-masque innovateur, génie
29:19de l'entreprise. Mais le problème
29:21c'est qu'aujourd'hui il y a une concentration de pouvoir
29:23industriel, parce qu'il est très bon,
29:25financier, parce qu'il a réussi,
29:27mais aussi numérique et politique.
29:29Ah oui, c'est quasiment de la diplomatie là.
29:31Numérique. Personne ne veut
29:33limiter la liberté d'expression des personnes.
29:35Mais tout le monde doit
29:37respecter les principes et les lois européennes.
29:39Alors qu'est-ce que vous attendez à Bruxelles
29:41pour le sanctionner ?
29:43C'est qu'on donne pouvoir politique parce qu'il s'apprête
29:45à être un membre officiel
29:47de l'administration. Il y a des paquets
29:49de sanctions possibles qui ont été votées.
29:51La Commission européenne
29:53pourrait déjà
29:55infliger des sanctions.
29:57J'étais un des négociateurs
29:59de la loi sur le service numérique.
30:01Je suis très déçu. On a demandé un débat
30:03la semaine prochaine en plein air
30:05à Strasbourg au Parlement européen
30:07pour encourager, pousser
30:09la Commission à utiliser
30:11les instruments dont elle a, parce qu'on parlait
30:13de la défense. L'Europe de la défense n'existait pas,
30:15mais l'Europe numérique existe.
30:17L'Europe de la politique commerciale existe
30:19et ça ne sera rien de s'affaiblir
30:21en rénonçant à protéger ses intérêts dès le départ
30:23pour négocier.
30:25Sur la politique commerciale,
30:27quels sont nos moyens, nos leviers ?
30:29Parce qu'après tout, s'il les met partout,
30:31même si on dépend en partie
30:33de nos exportations vers les Etats-Unis,
30:35ça va augmenter considérablement
30:37les prix des voitures allemandes
30:39et les Américains les aiment, ces voitures.
30:41Donc, il y a aussi beaucoup à perdre
30:43dans cette guerre commerciale si l'inflation
30:45repart à la hausse.
30:47Les premières victimes, ce seront les consommateurs
30:49et les entreprises américaines
30:51parce que c'est elles et eux
30:53qui vont souffrir
30:55des droits de douane,
30:57il y aura une augmentation des prix,
30:59il y aura un effet inflationniste.
31:01Ensuite, les menaces d'augmentation
31:03des droits de douane
31:05et leur effectivité très probable,
31:07ça ne fera pas un changement
31:09brutal par rapport à une administration
31:11démocrate. Enfin, ça, c'est des relations
31:13qu'on a classiquement avec les Etats-Unis,
31:15que ce soit la couleur politique de la Maison-Blanche.
31:17C'est la brutalité
31:19des négociations et des transactions
31:21qui va sans doute changer.
31:23Moi, je vois...
31:25Il est possible qu'il impose des droits de douane
31:27à l'Europe tout entière,
31:29mais je le vois plutôt jouer sur la division de l'Europe
31:31qui est très présente, on l'a dit.
31:33Donc, en jouant, par exemple,
31:35dur avec les Français ou les Allemands
31:37et plus ouvert avec des droits de douane
31:39moindres pour les Hongrois, par exemple.
31:41Pour nous diviser un peu plus,
31:43il y a une détestation de l'Allemagne
31:45justement à cause des voitures allemandes
31:47qui concurrencent les voitures américaines.
31:49Il peut aussi faire du chantage sur
31:51le fait de dire je n'augmenterai pas les droits de douane
31:53à condition que l'Europe ferme son marché
31:55à la Chine, par exemple.
31:57Mais il peut faire ça alors qu'on a un marché commun,
31:59économique ? Il peut différencier ses droits de douane par pays ?
32:01Il peut décider de sanctionner plus
32:03les voitures et les foie gras
32:05au lieu que les vins de Toscane
32:07et je ne sais pas d'autres...
32:09Du Tokay hongrois, oui.
32:11Alors est-ce que c'est une arme à nouveau ?
32:13Une arme économique pour obtenir
32:15d'autres choses, d'autres concessions,
32:17peut-être politiques ? Ou est-ce qu'on est dans
32:19une guerre commerciale et là il va falloir faire
32:21oeil pour oeil, dent pour dent, en lui montant aussi,
32:23après tout il nous donne du gaz,
32:25ses droits de douane à lui ?
32:27Isabelle, est-ce qu'il s'est tout à l'heure eu une analogie
32:29entre la psyché d'un Poutine et celle d'un Trump ?
32:31Dans les deux cas, en tout cas,
32:33ils ont la vision d'une Europe qui est au fond
32:35le reflet d'un vieux monde, bureaucratique,
32:37socialiste, voire crypto-marxiste
32:39et obsédé par la régulation.
32:41Or, ces gens-là exècrent la norme
32:43et la règle. Pour eux, ce sont des entraves
32:45à la créativité, à l'innovation
32:47et à l'audace. Et un capitalisme qui n'a pas
32:49de compte à rendre aussi. Voilà.
32:51Et donc, la seule réponse, en réalité,
32:53ce serait une Europe unie
32:55qui reste à construire et à forger
32:57et surtout, ce serait de taper au portefeuille
32:59là où on le peut. C'est-à-dire, après tout,
33:01les dispositions sont là
33:03pour frapper ceux qui bafouent
33:05les règles, notamment celles du numérique,
33:07d'amendes colossales.
33:09Et pour cela, il faut évidemment qu'il n'y ait
33:11pas un coin qui ait été enfoncé
33:13entre les tièdes et les fermes.
33:15Est-ce qu'on est trop tiède ? Est-ce qu'on a cette capacité
33:17encore à parler d'une seule voix
33:19et à monter le niveau de sanctions ?
33:21Pour terminer l'avis de Trump,
33:23comme vis-à-vis de Vladimir Poutine,
33:25quand Justin Trudeau va voir Trump
33:27en lui disant « je ne peux jamais réussir à payer
33:29les droits de taxes,
33:31de douanes, etc., fais-moi une petite réduction,
33:33etc. », il a dit « c'est pas grave,
33:35je connexe le Canada ». Donc c'est exactement
33:37l'exemple à ne pas suivre.
33:39Quand Von der Leyen propose à Trump
33:41« achetons plus de gaz
33:43aux Etats-Unis,
33:45on va les calmer, etc. »,
33:47c'est absolument le contre-exemple.
33:49C'est-à-dire que l'Europe doit arriver unie,
33:51doit s'adapter au monde qui est autour d'elle,
33:53qui est un monde de rapports de force
33:55et un monde violent, mais si elle n'adapte pas,
33:57si elle ne répond pas sur le même ton,
33:59elle va perdre.
34:01On va se quitter sur ça, cet appel à muscler
34:03les discours et les actes. Vous êtes d'accord ?
34:05Allez-y !
34:07Faites-vous l'acteur politique
34:09sur ce plateau.
34:11Merci beaucoup.
34:13J'espère vous revoir très vite parce que
34:15ça ne fait que commencer. C'est 4 ans
34:17qui commencent de Présidente Trumpienne.
34:19Merci à vous. Et bonsoir,
34:21Pierre Thomas, merci d'être mon invité.
34:23Franck Parley, dans un instant, vous présidez
34:25le MoDef, c'est un syndicat agricole de gauche.
34:27Vous êtes candidat dans cette
34:29élection aux chambres d'agriculture,
34:31qui se choisit. D'ailleurs, c'est représentant
34:33sur fond de colère et de grand désarroi,
34:35comme nous l'expliquait Hélène Bonduelle,
34:37interview juste après.
34:39Si on vous invite, Pierre Thomas,
34:41c'est parce que comme les 4 principaux
34:43syndicats agricoles lundi dernier,
34:45vous serez reçu par le Premier ministre
34:47la semaine prochaine
34:49pour évoquer les urgences de la filière.
34:51Éleveur bovin bio dans l'Allier,
34:53vous êtes aussi le président du
34:55MoDef, le mouvement syndical
34:57qui défend les exploitants familiaux,
34:59les petites fermes face
35:01aux grandes structures.
35:03Vous dénoncez d'ailleurs l'hégémonie
35:05du syndicat majoritaire, la FNSEA,
35:07et défendez une agriculture
35:09à taille humaine, durable,
35:11qui, selon vous, doit rompre
35:13avec le modèle agro-industriel.
35:15Et pour y parvenir,
35:17il y a un impondérable.
35:19Si on ne règle pas le problème du revenu,
35:21on pourra mettre tout ce qu'on veut en place,
35:23on n'arrivera à rien.
35:25Pour cela, il faut des prix rémunérateurs.
35:27Votre mouvement réclame ainsi
35:29des prix planchers garantis par l'Etat
35:31pour couvrir les coûts de production
35:33des agriculteurs.
35:35Des agriculteurs bien rémunérés !
35:37Le projet de loi d'orientation agricole,
35:39interrompu par la dissolution,
35:41ne vous a d'ailleurs pas convaincu.
35:43Et vous attendez
35:45du nouveau Premier ministre
35:47des mesures d'urgence.
35:49Pour notre agriculture,
35:51le principal enjeu aujourd'hui
35:53est celui de l'égalité des armes
35:55à l'intérieur même de l'Europe.
35:57Toutes ces questions seront traitées
35:59dans la loi d'orientation agricole.
36:01Je m'engage à ceci.
36:03Pour ces élections,
36:05votre mouvement, le MoDef,
36:07présente des candidats
36:09dans 17 des 88 chambres d'agriculture.
36:11Et bienvenue à vous,
36:13Pierre Thomas, merci d'être là.
36:15Le MoDef que vous présidez
36:17défend les petites exploitations
36:19dans cette élection
36:21pour les chambres d'agriculture.
36:23Qui sont les petites qui souffrent le plus
36:25du malaise et de la crise agricole
36:27qui ne date pas d'hier ?
36:29Le malaise agricole est profond
36:31et concerne beaucoup
36:33d'exploitations agricoles.
36:35Les petites, étant les plus fragiles,
36:37souffrent le plus.
36:39Mais le monde agricole souffre en général.
36:41Vous avez participé au Premier chef
36:43avec le syndicat
36:45à ce mouvement de colère, bloquer les autoroutes ?
36:47Nous avons participé depuis un an
36:49à un certain nombre de mouvements
36:51de colère, bien sûr,
36:53parce qu'il faut faire entendre notre voix.
36:55L'agriculture est véritablement en danger
36:57aujourd'hui.
36:59C'est notre point de vue.
37:01Si on ne change pas de modèle agricole,
37:03on risque de se retrouver dans une situation
37:05où on va perdre l'agriculture française.
37:07Changer de modèle agricole économique
37:09ou climatique, environnemental,
37:11il faudra à terme passer au dérèglement,
37:13changer même les cultures ?
37:15Il y a tout ça dont il va falloir
37:17tenir compte.
37:19On va parler du revenu,
37:21parce que c'est vraiment le principal problème.
37:23Mais d'abord, le contexte de cette élection
37:25aux chambres d'agriculture,
37:27c'est la censure de Michel Barnier
37:29qui prive de fait les agriculteurs
37:31de 400 millions d'aides sociales et fiscales,
37:33notamment sur la question de la transmission.
37:35J'imagine qu'elle vous tient à cœur.
37:37Et sur les retraites, est-ce que vous la dénoncez,
37:39cette censure ? Vous la regrettez ?
37:41Censure de la gauche et du RN ?
37:43Moi, je n'ai pas envie de rentrer
37:45dans ce débat politique. Il faut laisser les politiques.
37:47Contrairement à la FNSE,
37:49qui a dit très clairement...
37:51Nous, ce que nous demandons, c'est une stabilité politique.
37:53Au niveau agricole, on travaille sur du temps long.
37:55Et sur un temps long,
37:57il faut qu'on puisse faire des choses.
37:59On ne peut pas travailler tous les six mois
38:01et changer de système tous les six mois.
38:03Il faut qu'on travaille sur du temps long
38:05et on a besoin de réfléchir,
38:07d'organiser les choses,
38:09et il nous faut du temps pour le faire.
38:11La crise politique a aussi des conséquences.
38:13Elle retarde la loi très attendue
38:15d'orientation agricole,
38:17qui prévoit de simplifier les contrôles des agriculteurs,
38:19d'en finir avec la surtransposition
38:21des normes, c'est-à-dire
38:23faire encore plus que ce que nous demande
38:25Bruxelles.
38:27On n'arrive pas à jouer
38:29à armes égales avec le Rhum.
38:31Vous attendez vraiment cette loi ?
38:33Vous allez rencontrer François Bayrou pour lui dire quoi ?
38:35On va rencontrer François Bayrou
38:37pour lui dire qu'il faut
38:39penser aux revenus des agriculteurs.
38:41Il y a le problème des normes qui est important,
38:43certes, et qui pose un certain nombre de soucis
38:45dans notre manière
38:47de gérer nos exploitations,
38:49mais le problème du revenu est le problème essentiel.
38:51Egalim,
38:53il y a eu plein de lois,
38:55ça ne marche pas ?
38:57Ça ne marche pas parce que
38:59on laisse toujours la négociation sans mettre
39:01de barrière à un moment donné pour dire
39:03qu'on peut négocier,
39:05mais en dessous de ça, on ne peut pas négocier.
39:07C'est ce qu'on appelle les prix minimum garantis.
39:09Des prix planchers.
39:11C'est pour le producteur.
39:13Fixés par qui et comment ?
39:15Les prix planchers,
39:17ça peut être fixé par
39:19à la fois l'interprofession,
39:21l'Etat et le monde agricole.
39:23C'est quelque chose qu'on doit...
39:25Mais c'est des chiffres qu'on connaît aujourd'hui.
39:27On connaît ces chiffres-là.
39:29C'est quelque chose que nous revendiquons depuis fort longtemps
39:31au niveau du MoDef.
39:33Ces chiffres-là, on les connaît.
39:35Il faut faire quelque chose de simple.
39:37Le prix du lait, on sait combien ça coûte
39:39entre chaque agriculteur.
39:41Il y a des divergences.
39:43C'est l'argument qu'on retient toujours.
39:45D'une production à une autre,
39:47une exploitation ne va pas avoir les mêmes coûts.
39:49Entre les régions, en fonction du climat.
39:51C'est évident.
39:53C'est une usine à gaz, les prix planchers.
39:55Non, ce ne sera pas une usine à gaz.
39:57Aujourd'hui, on sait qu'en moyenne,
39:59pour faire un prix de base du lait,
40:01il faut rémunérer l'agriculteur.
40:03Il y en a qui seront
40:05peut-être un peu plus en difficulté
40:07et qui auront tendance à s'organiser
40:09pour essayer, d'autres qui vont
40:11peut-être mieux gagner leur vie,
40:13mais il faut ce minimum.
40:15Une fois qu'on a ce minimum...
40:17Par production, c'est-à-dire
40:19élevage, viande, volaille...
40:21On les connaît.
40:23On pourrait garantir ces prix.
40:25La loi EGalim,
40:27aujourd'hui, quand on parle
40:29des négociations au niveau de la loi EGalim,
40:31on parle sur les bases
40:33de ces prix qu'on connaît.
40:35On dit que là-dessus, c'est cette base-là.
40:37Pourquoi le gouvernement,
40:39quel qu'il soit, ne les mette pas en place ?
40:41On parle de l'économie administrée.
40:43Les prix planchers, c'est bloquer les prix.
40:45Pour beaucoup, on reste
40:47dans un système très libéral au niveau agricole.
40:49On ne veut pas en sortir.
40:51C'est un système simple.
40:53On ne peut pas vendre en dessous de tel prix.
40:55On ne peut pas vendre à perte.
40:57C'est garanti, ça.
40:59Dans les faits, non.
41:01Dans les objectifs de la loi,
41:03c'était ça.
41:05Mais dans les faits, non.
41:07Vous avez un négociant,
41:09y compris même,
41:11parfois, certaines coopératives,
41:13qui vont négocier en disant
41:15qu'on ne peut pas vous le prendre.
41:17Les centrales d'achat aussi.
41:19Ca doit être interdit.
41:21Il y a une loi d'écrosailles qui a été votée.
41:23Ca ne marche pas, la grande distribution.
41:25Elle va négocier avec ces centrales
41:27pour contourner la loi.
41:29Il faut mettre de l'ordre dans tout ça.
41:31Il y a aussi la question du libre-échange.
41:33Vous en avez parlé.
41:35Tous les syndicats agricoles
41:37sont hostiles au MERCOSUR,
41:39ce traité avec les pays d'Amérique latine.
41:41Vous, sur le libre-échange,
41:43qui êtes marqué plus à gauche,
41:45est-ce que vous dites
41:47qu'il faut quand même
41:49le commerce agricole international ?
41:51Ca a du bon pour les viticulteurs,
41:53pour nos fromages,
41:55même nos céréales.
41:57Ou vous dites qu'on arrête tous les traités ?
41:59Le libre-échange, ça suffit ?
42:01On peut avoir de la coopération,
42:03ça ne pose pas de problème.
42:05Le libre-échange, il faut l'arrêter en tant que tel.
42:07C'est pas rien qu'un problème économique.
42:09C'est aussi un problème...
42:11Chaque nation, chaque pays
42:13a le droit à sa propre alimentation.
42:15Un pays qui va être dépendant d'autres
42:17pour sa propre alimentation
42:19est un pays qui est fragile.
42:21En termes de liberté, c'est quelque chose d'important.
42:23On demande de sortir l'agriculture
42:25de l'Organisation mondiale du commerce.
42:27On demande de sortir l'agriculture.
42:29Ce qui ne peut pas empêcher
42:31qu'il y ait des échanges.
42:33Evidemment qu'on aura besoin d'échanges.
42:35Entre différents pays,
42:37on ne produit pas tous nos besoins
42:39et d'autres pays, on va produire des choses...
42:41Mais ça doit se passer autrement
42:43que sur la partie très libérale
42:45et au niveau simplement du marché.
42:47Sur la concurrence entre les différents pays agricoles
42:49au sein de l'Union européenne,
42:51le kilo de clémentine qui est toujours
42:53deux fois moins cher que le kilo de clémentine corse,
42:55est-ce qu'on est d'accord quand même
42:57avec le marché commun agricole
42:59ou est-ce qu'il faudrait aussi changer les règles ?
43:01L'Europe est une entité à part entière
43:03et il ne faut pas la casser.
43:05Il faut faire attention de ne pas la casser.
43:07Par contre, il faut s'harmoniser à l'intérieur de l'Europe.
43:09On ne peut pas continuer à avoir
43:11une Espagne qui a
43:13des coûts de production moitié moins
43:15qu'en France et qui sont directement nos concurrents.
43:17Donc on a besoin...
43:19Qu'est-ce qu'on attend d'une Europe ?
43:21C'est une harmonisation entre tous nos pays ?
43:23Avec une sorte de prix planché pour tout le monde alors ?
43:25Avec une sorte de prix planché...
43:27A 27, c'est l'idée pour le MoDef.
43:29Mais il faut qu'on trouve une organisation.
43:31On sait très bien qu'il y a des pays qui produisent
43:33à moins cher que d'autres parce que c'est leur histoire.
43:35Vous êtes un petit syndicat agricole.
43:37Je ne sais pas vous faire offense que de le dire.
43:39Non, ce n'est pas nous faire offense, pas du tout.
43:41Vous faites campagne, d'ailleurs, sur 17, c'est sa chambre
43:43alors qu'il y en a 101.
43:45D'ailleurs, elles sont toutes quasiment FNSEA.
43:47Est-ce qu'il a trop de pouvoir,
43:49ce syndicat,
43:51ce premier syndicat agricole ?
43:53Il contrôle 97 chambres sur 101 aujourd'hui.
43:55Oui. Alors, est-ce qu'il a trop de pouvoir ?
43:57Alors, il faut refaire
43:59l'histoire du syndicalisme.
44:01Rapidement, parce qu'on n'a pas beaucoup de temps.
44:03On ne va pas rentrer là-dedans, sinon on ne s'en sortira pas.
44:05La FNSEA
44:07est issue de la CGA
44:09qui était, à l'issue de la guerre,
44:11il fallait un syndicalisme
44:13unitaire pour pouvoir reconstruire.
44:15Et il a évolué.
44:17C'est passé de la CGA à la FNSEA.
44:19Enfin, il y a eu un certain nombre de choses.
44:21Mais le monopole est resté.
44:23Donc, il ne faut plus de pluralisme dans le monde agricole.
44:25Il ne faut pas de pluralisme au niveau agricole.
44:27C'est absolument indispensable.
44:29Sur l'écologie, où est-ce que vous vous situez ?
44:31Il y a le pacte vert européen qui a été largement
44:33vidé de sa substance parce qu'il y a eu la colère
44:35des agriculteurs dans toute l'Europe.
44:37On a fait une pause sur les pesticides,
44:39sur les obligations de mettre en jachère
44:414 % des champs agricoles.
44:43Vous dites, ouf !
44:45Bienvenue, cette pause. On arrête d'en faire davantage ?
44:47Je pense que le problème m'a l'été posé.
44:49Le problème m'a l'été posé.
44:51Aujourd'hui,
44:53on a un énorme problème qui est celui
44:55du changement climatique.
44:57Les agriculteurs y contribuent.
44:59Pas que l'agriculture, elle y contribue pour sa part.
45:01Ça peut être aussi une solution
45:03par rapport à ça, parce qu'on peut
45:05effectivement stocker du carbone.
45:07Donc, il faut
45:09repenser et revoir l'agriculture différemment.
45:11Ce n'est pas
45:13simplement un coup de serpe qu'on peut
45:15régler un certain nombre de choses.
45:17Oui, on a besoin de faire très attention
45:19aux problèmes environnementaux.
45:21On a besoin de faire très attention aux problèmes
45:23du changement climatique.
45:25On a un certain nombre de produits qui sont considérés
45:27comme dangereux, qui sont
45:29laissés en utilisation
45:31dans un certain nombre de pays,
45:33parce qu'ils ont moins de soucis sur la santé
45:35humaine, sur la santé animale
45:37et sur l'environnement que la France.
45:39La France est peut-être en avant de ce côté-là.
45:41On doit faire attention
45:43à nos conditions de vie.
45:45Ça veut dire qu'il faut changer
45:47de système agricole pour arriver à produire
45:49autant qu'on produit aujourd'hui,
45:51sinon plus, parce qu'on est...
45:53Vous pouvez produire plus,
45:55ce qui vous différencie de la Confédération
45:57Paysanne, qui considère qu'il faut décroître
45:59en production agricole.
46:01On ne produit que 75 %
46:03de nos besoins, donc on a besoin
46:05de produire plus.
46:07Vous voulez vous battre
46:09pour le renouvellement des générations,
46:11les agriculteurs pour la moitié d'entre eux
46:13vont partir à la retraite d'ici 10 ans,
46:15mais on l'a appris aujourd'hui,
46:17la mort de Didier Guillaume,
46:19pour terminer cette interview, ancien ministre
46:21de l'Agriculture d'Edouard Philippe,
46:23un homme de gauche. Vous l'aviez connu ?
46:25J'ai connu Didier Guillaume,
46:27je viens juste de la prendre sans décès.
46:29Didier Guillaume était aussi
46:31le président du département
46:33de la Drôme,
46:35qui a fait de cette agriculture
46:37de la Drôme quelque chose qui est un peu
46:39en moteur dans ce pays,
46:41notamment toute la partie environnementale.
46:43La Drôme est le premier département
46:45à être...
46:47à utiliser
46:49le moins de pesticides,
46:51le premier département bio.
46:53Il avait fait tout ce travail-là.
46:55Je pense qu'on peut
46:57effectivement regretter
46:59sa disparition
47:01et saluer sa mémoire.
47:03C'est toujours triste.
47:05Il n'est pas vieux,
47:07mais il a M en âge.
47:09Je crois qu'il souffrait d'une maladie grave.
47:11Merci. Merci beaucoup, Pierre Thomas.
47:13Bonne campagne. Je rappelle qu'on peut voter,
47:15alors pas nous, tout le monde agricole,
47:17du 15 janvier
47:19au 31 janvier. C'est un vote
47:21électronique en ligne.
47:23Les enjeux sont importants car il s'agit
47:25du développement agricole pour les consommateurs
47:27que nous sommes. Merci beaucoup.
47:29La séance de rattrapage
47:31pour terminer, comme tous les vendredis,
47:33le meilleur de la semaine à l'Assemblée.
47:37...
47:45L'essentiel de la semaine
47:47à l'Assemblée, résumé et décrypté
47:49par nos fines lames de la politique.
47:51David Rebaud-Dallod, bonsoir.
47:53Rédacteur en chef de la revue
47:55L'Hémicycle, Elsa Mondingava, bienvenue à vous.
47:57D'LCP, bien sûr, aux manettes
47:59de l'émission Avant et après les questions au gouvernement.
48:01C'est tous les mardis, tous les mercredis
48:03sur LCP. Et Jean-Baptiste Daoulas,
48:05bonsoir, de Libération.
48:07Cette semaine, elle a été très, très riche.
48:09On pourrait presque parler
48:11d'un tournant politique à l'Assemblée
48:13quand le patron des socialistes
48:15a déclaré ça dans L'Hémicycle.
48:17Nous avons choisi
48:19de ne pas pratiquer la politique du pire
48:21parce qu'elle peut conduire
48:23à la pire des politiques, c'est-à-dire
48:25l'arrivée de l'extrême droite.
48:27C'est la raison pour laquelle nous ne vous en serons pas,
48:29monsieur le Premier ministre.
48:31Voilà Olivier Faure à la tribune
48:33de l'Assemblée nationale.
48:35C'était quand, ça ? Il y a deux jours ?
48:37Oui. Non, c'était hier.
48:39C'était hier, mais bien sûr.
48:41Mais ça n'était qu'hier, je suis un peu fatiguée.
48:43Ça change quand même beaucoup de choses.
48:45Elle a été longue, longue et difficile
48:47à prendre, cette décision
48:49des socialistes. Pourquoi c'était si difficile ?
48:51Oui, très douloureuse et le suspens
48:53a vraiment duré jusqu'au bout. On sentait
48:55que la pièce pouvait tomber d'un côté
48:57comme de l'autre. Pourquoi c'est difficile ?
48:59Parce qu'il y a beaucoup de choses en jeu
49:01pour les socialistes.
49:03D'abord, le fait de s'arracher
49:05à la tutelle
49:07des Insoumis, qui était
49:09une forme d'hégémonie mélenchoniste
49:11depuis la conclusion du NFP,
49:13qui était considérée comme quelque chose
49:15de positif, mais qui pourrait leur coûter cher,
49:17et très clairement, l'addition, ils pourraient
49:19la payer lors des prochaines élections
49:21municipales et législatives.
49:23On ne sait pas quand ces dernières auront lieu,
49:25puisqu'on ne sait pas quand aura lieu la dissolution,
49:27mais les Insoumis ont prévenu. Tous ceux qui ne votent pas
49:29auront un candidat contre eux
49:31dans leurs circonscriptions.
49:33La guerre est déclarée. Jean-Luc Mélenchon les accuse
49:35même d'avoir capitulé. On va y revenir.
49:37Mais quand même, c'était poussif.
49:39Ça ne s'est pas décidé du jour au lendemain,
49:41Jean-Baptiste Daoulas. Il a fallu
49:43s'y reprendre à plusieurs fois.
49:45Est-ce que cette non-censure s'est faite
49:47grâce à François Bayrou,
49:49ou un peu malgré lui ?
49:51On a envie de dire les deux.
49:53Il y a un problème de clarté qu'on a découvert
49:55cette semaine dans l'expression de François Bayrou.
49:57On pensait qu'avec ses 40 années
49:59de vie politique, il passait plutôt pour
50:01un bon orateur. En fait,
50:03il est d'une imprécision dans l'hémicycle
50:05assez totale. On voit parfois
50:07ses ministres qui lui font de grands signes
50:09parce qu'il a confondu des milliards et un pourcentage.
50:11Tout ça pour dire que les socialistes
50:13qui avaient négocié de manière
50:15assez précise à la fois avec les ministres de Bercy
50:17à Méline Monchalin et Éric Lombard
50:19et également avec François Bayrou
50:21à Matignon, ils n'ont pas retrouvé
50:23leur petit le mardi dans l'hémicycle.
50:25Et ils ont eu l'impression
50:27de se faire avoir.
50:29C'était tellement flou qu'il a fallu se reprendre.
50:31Les choses se sont vraiment décantées
50:33quand il y a eu ce courrier envoyé
50:35par François Bayrou aux deux présidents de groupe
50:37à l'Assemblée, Boris Vallaud, au Sénat, Patrick Cannaire,
50:39leur listant très précisément
50:41toutes les concessions qu'il leur faisait
50:43en leur donnant le point
50:45symboliquement et puis aussi en leur disant
50:47noir sur blanc que sur les retraites, le dernier mot irait
50:49au Parlement.
50:51On va y venir aux retraites mais
50:53en fait, il est meilleur à l'écrit qu'à l'oral.
50:55C'est-à-dire qu'une fois qu'on a eu
50:57cette lettre, tout s'est dénoué
50:59et les socialistes ont pu
51:01décider, d'ailleurs
51:03c'est une décision démocratique qu'ils ont
51:05soumis à leur parti, de ne pas
51:07censurer le gouvernement
51:09Bayrou. A quel prix ?
51:11Quelles sont ces concessions ?
51:13Oui, un peu comme un rebondissement, comme si c'était écrit
51:15la lettre parvient alors que les socialistes sont
51:17réunis en bureau national.
51:19Vraiment, ça tombe à pic. Trois pages
51:21dans lesquelles, et Jean-Baptiste le disait, c'était important
51:23pour les socialistes que François Bayrou dise
51:25« c'est des concessions que je vous fais à vous »
51:27parce que les socialistes, ils veulent ramener des victoires
51:29et des victoires qui sont estampillées bien grâce au PS.
51:31Donc, il y a plusieurs
51:33types de concessions. Tout tourne plus ou moins
51:35autour du budget. François Bayrou s'engage
51:37à ne pas revenir sur la suppression des 4000
51:39postes. Il y a plus de budget pour l'éducation
51:41par exemple. Il y a l'éducation
51:43il y a la question aussi des retraites.
51:45Donc, il y a une liste, un inventaire un peu
51:47la prédeste. Il y a de la justice fiscale.
51:49Plus de moyens pour l'hôpital et les EHPAD.
51:51C'est pas rien. Tout à fait.
51:53Une manière pour les socialistes d'avoir noir sur blanc
51:55toutes les concessions, toutes les victoires
51:57qu'ils peuvent après, devant leur électorat, raconter
51:59pour justifier de ne pas avoir censuré.
52:01Donc, tout ça, ça a des conséquences et on y revient
52:03avec vous. Vous l'évoquiez, David.
52:05Le divorce est déclaré.
52:07La rupture est consommée
52:09avec Jean-Luc Mélenchon.
52:11Ça, c'est quand même un fait politique majeur.
52:13Oui, la rupture couvait depuis quelques jours,
52:15quelques semaines, depuis que ce scénario
52:17d'une non-censure par les socialistes
52:19se profilait.
52:21Maintenant, c'est vrai que c'est assez violent
52:23et l'insoumis en chef, Jean-Luc Mélenchon et tous ses lieutenants
52:25ont sonné la charge.
52:27C'est quand même d'une grande brutalité, conformément
52:29à leurs us et coutumes politiques.
52:31Après, c'est vrai, vous avez parfaitement rappelé
52:33les gains, les scalpes, les trophées
52:35qu'ont obtenus les socialistes.
52:37C'est bien normal. Ils n'allaient pas
52:39se vendre pour un plat de lentilles.
52:41Je cite encore Jean-Luc Mélenchon.
52:43Simplement,
52:45que vont-ils gagner ?
52:47Je disais tout à l'heure qu'il y avait un risque électoral,
52:49parce que maintenant, la guerre à gauche est repartie.
52:51Donc, risque quand même
52:53pour les prochaines élections municipales et législatives.
52:55Et puis, en réalité,
52:57qu'ont-ils à espérer du gouvernement
52:59de François Bayrou ? Vous avez raison de dire
53:01qu'il a été très flou.
53:03Il avait un peu de métier.
53:05On a senti l'agrégé de lettres classique
53:07dans la forme de son discours mardi,
53:09mais c'est vrai que c'est très flou.
53:11Comme le disait Mme Martine Aubry,
53:13François Bayrou, c'est peut-être flou,
53:15mais c'est aussi un vieux renard.
53:17Et n'oubliez pas qu'il pourrait aussi blouser les socialistes,
53:19parce qu'on a assisté à un retournement
53:21d'Allianz. Michel Barnier s'était mis
53:23dans la main du RN,
53:25qui a baissé le pouce et l'a fait tomber.
53:27Là, les socialistes
53:29se sont quand même un petit peu lancés.
53:31Certes, ils ont un gain à court terme.
53:33C'est toutes ces mesures
53:35qui sont inscrites noir sur blanc.
53:37Ils apparaissent comme un parti de gouvernement,
53:39mais à terme, ils pourraient aussi...
53:41Oui, c'est vrai, vous avez raison.
53:43...dont les Français et les citoyens attendent.
53:45Donc une image de parti de gouvernement et de responsabilité,
53:47mais à court ou à moyen terme,
53:49peut-être que François Bayrou, le renard,
53:51va les abandonner en race campagne pour se retourner
53:53de l'autre côté, vers le RN.
53:55A moyen terme, il y a quand même le budget qui arrive.
53:57Est-ce que ce qui s'est passé, ça garantit
53:59à François Bayrou que son budget
54:01sera adopté ou plutôt pas censuré ?
54:03On va écouter Eric Lombard, le ministre de l'Economie.
54:05Sur le budget,
54:07je pense, mais ça c'est au Parti socialiste
54:09qui a exprimé son point de vue,
54:11que nous avons un accord.
54:13Nous avons un accord ?
54:15Alors est-ce qu'il dit vrai ?
54:17Les socialistes ne vont pas censurer le budget
54:19parce qu'après tout, les concessions sont écrites noir sur blanc.
54:21Donc là, on est parti pour au moins 3 mois
54:23de stabilité. C'est pas rien.
54:25Officiellement, il n'y a absolument aucun accord.
54:27Même s'il y a eu ce courrier listant
54:29les concessions au Parti socialiste.
54:31Mais les socialistes ne les qualifient
54:33que de premières avancées.
54:35Donc ça veut dire qu'ils attendent encore
54:37les premières avancées de François Bayrou
54:39d'ici les 2 ou 3 prochaines semaines.
54:41Il faut savoir qu'en ce moment même,
54:43le Sénat est en train d'examiner le budget
54:45et toutes les dépenses.
54:47Il y a plein de petites bombes potentiellement cachées
54:49puisque le gouvernement va un peu abattre ses cartes
54:51sur les dépenses qu'il compte faire.
54:53Donc il y a peut-être des choses qui vont déplaire au PS
54:55et où le PS va vouloir engager un bras de fer pour cela.
54:57Pour bien comprendre pour ceux qui nous regardent,
54:59ils sont dans l'opposition.
55:01C'est pas une nouvelle alliance,
55:03c'est pas une coalition qui est en train de se créer
55:05et ils voteront contre le budget probablement.
55:07Ils ne le censureront pas
55:09parce qu'il y aura un 49-3 sans doute.
55:11Il y aura sans doute un 49-3
55:13et le meilleur scénario possible pour le gouvernement
55:15c'est qu'il n'y ait pas de censure des socialistes.
55:17Ce qui ne veut pas dire que cette non-censure,
55:19ils ne vont pas la meneiller encore.
55:21Le film ne s'arrête pas forcément à se courrier
55:23à ces concessions que les socialistes ont obtenues de François Bayrou.
55:25Boris Vallaud, le président des députés PS,
55:27a tout de suite, une fois qu'Éric Lombard avait dit accord,
55:29non, non, non, attention, il n'y a pas d'accord.
55:31Chaque chose en son temps, rien n'est joué.
55:33Chaque jour, il peut y avoir des phrases,
55:35des choses comme Jean-Baptiste le disait.
55:37Ils sont arbitres mais pas alliés.
55:39On va passer au psychodrame des retraites
55:41parce qu'aujourd'hui s'est installé
55:43le début, le lancement
55:45de la concertation avec les partenaires sociaux.
55:47Est-ce que vous avez compris ce qu'il a voulu dire
55:49pour essayer de sortir un peu du flou,
55:51le Premier ministre ?
55:53Mais il peut se produire
55:55et il est peut-être probable
55:57qu'il se produise une situation
55:59dans laquelle
56:01des marges de progression,
56:03de mouvements, de changements,
56:05d'adaptations auront été identifiées
56:07sans qu'il y ait un accord général.
56:09Si c'est le cas,
56:11nous proposerons un texte qui reprendra
56:13ces adaptations
56:15et ces progrès
56:17et nous le soumettrons
56:19à l'Assemblée. Il n'y a rien de plus
56:21simple,
56:23de plus clair et de plus franc.
56:25Voilà, alors il faudrait mettre un peu
56:27cette longue
56:29phrase de François Bayrou dans son contexte
56:31et avant la lettre,
56:33qu'est-ce qui va se passer sur les retraites
56:35et en quoi, finalement,
56:37les socialistes peuvent revendiquer
56:39une victoire. Il y a la concertation, mais il y a aussi le Parlement.
56:41C'est vrai que c'est particulièrement alambiqué.
56:43On pourrait citer l'auteur
56:45qu'en termes délicats, ces choses-là sont dites.
56:47Mais, très clairement,
56:49pour répondre à votre question, ce que voulait le socialiste,
56:51c'est un retour devant le Parlement qui n'avait pas été
56:53initialement annoncé par le Premier ministre
56:55mardi lors de sa déclaration de politique générale.
56:57Et là, il a cédé,
56:59il a dit qu'effectivement,
57:01c'est très alambiqué, mais en gros,
57:03même s'il n'y a pas d'accord global entre les partenaires sociaux,
57:05si on a des avancées et des pistes
57:07de réforme ou de retour en arrière
57:09sur la réforme, il y a un projet de loi
57:11qui sera présenté au Parlement et ça, évidemment,
57:13ça fait partie des gains et des trophées
57:15accordés au Parti socialiste.
57:17Donc, belle avancée pour les socialistes.
57:19C'est pas un piège de François Bayrou. Les 64 ans,
57:21il y a une chance pour ceux
57:23qui nous regardent, qui étaient dans la rue,
57:25pour cette réforme, qu'ils soient remis en cause.
57:27C'est ni un piège, ni une avancée,
57:29en fait, tant qu'on n'a pas le contenu de ce projet de loi,
57:31en réalité, parce que c'est quand même
57:33extrêmement ambigu de dire qu'on va revenir au Parlement
57:35qui aura le dernier mot sans qu'on dise exactement ce que sera le contenu.
57:37Pour l'instant, il ne s'avance pas
57:39et dit qu'il n'y a pas de tabou, à condition
57:41qu'il y ait, là aussi, ça fait un peu pas mal
57:43de petites lignes comme en bas du contrat d'un assureur,
57:45c'est beaucoup de petites lignes, où on vous dit, à condition
57:47que l'accord entre les partenaires sociaux
57:49ne remette pas l'équilibre financier
57:51du système des retraites, qui est déjà
57:55pour dire qu'il y a quand même assez peu de chances
57:57qu'il y ait un accord sur les 64 ans, ou qu'il y ait même
57:59que le MEDEF, le patronat, aille
58:01faire un pas vers les syndicats.
58:03Donc, ce projet de loi
58:05a assez peu de chances de continuer.
58:07Juste, pardon, un petit mot très rapide,
58:09il ne s'avance pas, mais c'est quand même une avancée
58:11du point de vue du Président, le fait d'avoir expliqué
58:13que les 64 ans ne sont ni un tabou, ni un totem,
58:15parce que...
58:17C'est une avancée le jour où ça change la vie des gens,
58:19là, pour l'instant, c'est des mots.
58:21Par rapport à la vulgate macroniste,
58:23c'était Emmanuel Macron,
58:25vous le savez, et vent debout contre le fait d'avoir...
58:27Allez, il nous reste une poignée de secondes.
58:29Je signale quand même qu'aujourd'hui, les choses avancent,
58:31puisqu'on a un calendrier sur les retraites,
58:33et normalement, on aura la fin des négociations
58:35d'ici fin mai.
58:37Dernière question, Elsa.
58:39Finalement, est-ce que ce n'est pas un très bon stratège, François Bayrou ?
58:41C'est vrai qu'en fait, pour l'instant,
58:43il a réussi à faire ce que Michel Barnier
58:45n'avait pas réussi à faire, engager une négociation
58:47qui est très claire avec le Parti
58:49socialiste. Pour l'instant, ça fonctionne.
58:51Ce n'est pas dit que ça fonctionnera plus longtemps.
58:53C'est grâce à une nouvelle méthode, peut-être,
58:55de François Bayrou, notamment la personnalité aussi
58:57du ministre de l'Economie. C'est aussi parce que
58:59Michel Barnier a essuyé les plâtres avant
59:01et effectivement, c'est plus facile
59:03la deuxième fois, puisque les gens
59:05changent un peu leur mentalité.
59:07Les Français attendent de la stabilité.
59:09Une ouverture de négociation, effectivement.
59:11Merci beaucoup, d'accord. Chapeau l'artiste, Bayrou.
59:13En tout cas, pour l'instant, il mène bien sa barque,
59:15un peu mieux que Michel Barnier, mais attention
59:17au budget.
59:19Merci beaucoup. On s'arrête là.
59:21Merci pour cette très chouette séance
59:23de rattrapage à vendredi, les amis.
59:25C'est le week-end. Profitez bien.
59:27À la semaine prochaine.