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Regardez L'invité de RTL Matin Week-end avec Stéphane Carpentier du 19 janvier 2025.

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00:006h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:048h47 en ce dimanche matin, c'est RTL Matin face à l'actualité, vous le savez, l'actualité.
00:09C'est le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
00:12La trêve devait prendre effet tout à l'heure, à 7h30, heure française.
00:17Et on suit les événements en direct avec notre envoyée spéciale, Hermine Leclech.
00:21Je vous pose une question toute simple, Hermine, depuis Tel Aviv.
00:25On est d'accord, cette trêve, pour l'instant, elle n'a pas débuté ?
00:28Non, non, elle n'a pas débuté.
00:30C'est une situation qui est comme figée dans le temps ici,
00:32car Israël n'a pas reçu les noms des trois otages qui doivent être libérés aujourd'hui.
00:37Trois femmes, a priori.
00:39Je vous le rappelle, dans l'accord entre Israël et le Hamas,
00:43il est compris que l'organisation palestinienne
00:45transmette les noms des otages libérés 24h avant minimum.
00:49Et ce n'est pas le cas le matin, ce n'est toujours pas le cas ce matin.
00:52Ce qui fait que la situation se tend ici.
00:54Il n'y a pas de trêve.
00:55Les bombardements continuent à Gaza.
00:58Sans cesser le feu, ça veut dire qu'il n'y a pas de libération d'otages.
01:0233 doivent sortir de Gaza dans la première phase de cet accord
01:05qui va durer plusieurs semaines contre plus de 1800 prisonniers palestiniens.
01:09Hermine, on vous retrouve à 9h en direct, bien sûr,
01:11dans le journal CERTL depuis Tel Aviv.
01:14Merci à vous.
01:15Je salue Marilyn Baranes qui est en direct en studio.
01:18Bonjour à vous.
01:19Bonjour.
01:19Docteure en psychologie clinique, spécialiste du syndrome post-traumatique.
01:23Avant de parler de ces fameux otages,
01:25quelle épreuve supplémentaire encore ces minutes qui passent pour les proches et pour les familles ?
01:30Oui, en effet, c'est quelque chose d'extrêmement difficile.
01:33J'entendais hier un proche de famille qui disait
01:37« Moi, je ne veux rien espérer parce qu'on nous a déjà trompés.
01:41Donc, j'essaye de rester stoïque. »
01:44Et là, vous voyez, on est à quelques heures d'une annonce officielle.
01:48Et en fait, les premiers éléments pour l'instant sont trompeurs
01:53puisqu'on n'a pas de nom.
01:54Donc, c'est extrêmement angoissant.
01:56L'angoisse, c'est le vide.
01:57Et là, on est dans un vide multiple
02:01parce que d'une part, on ne sait pas qui va être libéré.
02:05Et d'autre part, on ne connaît pas non plus les gens qui sont décédés.
02:09Donc, les familles sont dans cette angoisse qui est complètement clivante.
02:13C'est-à-dire, à la fois, j'espère que mon proche va sortir.
02:17Et en même temps, j'espère qu'il ne va pas faire partie de la liste des morts.
02:22Et en même temps, est-ce que vraiment le Hamas va,
02:28oui ou non, une fois dans sa vie, tenir sa parole ?
02:31C'est aussi ça la question.
02:33Donc, c'est extrêmement angoissant.
02:36On apprend aussi aux familles à savoir recevoir des rescapés
02:43qui sont restés en captivité extrêmement longtemps
02:48parce qu'ils vont recevoir des gens qui sont différents
02:52de ceux qu'ils ont quittés il y a pratiquement un peu plus d'un an.
02:58Différents, ça veut dire quoi ?
03:00Différents physiquement, psychiquement, c'est ça ?
03:03Probablement physiquement.
03:05Parce que probablement physiquement, oui, ils ont maigri, on ne sait pas.
03:09Mais psychiquement, ça c'est certain.
03:12Il y a toujours dans un traumatisme de ce genre,
03:15en tout cas de gens qui ont été en captivité longtemps,
03:18il y a un avant et un après.
03:20Et c'est très compliqué.
03:24Si j'ai quelques minutes, une minute, je peux vous expliquer pourquoi.
03:30Mais le traumatisme, c'est ce qu'on appelle un...
03:34Je synthétise, je schématise.
03:37C'est ce qu'on appelle un gel psychique.
03:39Donc notre cerveau est, on va dire, dans un glaçon.
03:42Il est pris dans un glaçon, il est enfermé.
03:45Donc là où on avait avant une souplesse, une plasticité
03:50au niveau de la sphère psychique, des réseaux neuronaux, il n'y a plus.
03:56Donc je ne peux plus ressentir.
03:59Ma mémoire est focalisée sur une chose ou deux choses qui ont été traumatiques.
04:06Je suis là physiquement, mais psychiquement je ne suis pas là, je ne suis plus là.
04:11Je n'arrive plus à ressentir, je ne peux plus vous parler.
04:14Les mots n'ont plus le même sens.
04:17Et là où il y a des effusions, on imagine la famille qui veut enlacer son frère, sa soeur, etc.
04:25C'est extrêmement pénible pour quelqu'un qui est traumatisé.
04:31On ne peut plus le toucher comme ça.
04:33Donc on retrouve quelqu'un de différent.
04:35Différent, ça c'est le mot qu'on retient ce matin.
04:36Qu'est-ce qui va se passer une fois qu'ils seront libres ?
04:38Il faut agir très très vite dans les premières heures.
04:41Alors oui, il y a une méthode israélienne très connue, mais qui est aujourd'hui utilisée par toutes les armées du monde,
04:49qui est la méthode du déchoquage, qu'on appelle la fameuse méthode des 6 C.
04:55Et où on va au fur et à mesure, enfin on va très très vite, très très vite,
05:01arrêter, c'est le lien que je fais avec le gel psychique,
05:06arrêter la zone du cerveau qui s'appelle l'amygdale qui est en feu.
05:10L'amygdale dans le cerveau, c'est la zone de la peur, d'accord ?
05:13Elle est en feu, c'est-à-dire que c'est un embrasement permanent.
05:17Il va falloir très vite arrêter cette zone du cerveau qui est en feu de la peur, d'accord ?
05:23Et repasser très très vite dans le raisonnement.
05:26Et on fait comment ? On les fait parler ?
05:28Non, on les fait, enfin, c'est pas simplement qu'on les fait parler.
05:31On va déjà essayer de sécuriser les gens.
05:36Donc en fait, tout ça, ça se fait par des méthodes,
05:39il n'y a pas de comprimés, il n'y a pas de prises de sang, il n'y a pas de piqûres.
05:44Mais on va très vite, par exemple, quand les gens vont vouloir vous parler,
05:50on va leur demander, on va arrêter cette zone du cerveau qui est en feu.
05:54Donc on va leur dire quelle heure il est. Vous êtes sûr qu'il est 12h15 ?
05:57Vous m'avez dit tout à l'heure 12h15, il n'est pas plutôt 12h14 ?
06:00Donc ce sont des méthodes comme ça, si vous voulez, assez shocking, ok ?
06:05Pour que la personne se remette dans un mode de raisonnement.
06:10Et au fur et à mesure de ce mode de raisonnement,
06:12on va évidemment sécuriser les gens pour les mettre dans un sentiment de bien-être, d'accord ?
06:18Mais toujours, on va les faire raisonner, raisonner, pour que la peur s'estompe et s'efface.
06:25Et ensuite, on va arriver à leur faire trier des souvenirs et les faire parler dans un second temps.
06:32Mais tout ça, on dit 6h, mais en fait, ça va être une prise en charge à long terme, de toute façon.
06:38Il y a toutes les générations chez les otages, est-ce que c'est plus facile chez les enfants ?
06:41Il y a des très jeunes enfants qui vont sortir, on l'espère ?
06:44Écoutez, chez les très très jeunes enfants, de toute façon, on va observer et s'adapter.
06:51Les jeunes enfants, à la fois, l'avantage, c'est qu'ils n'ont pas de projection,
06:57comment dirais-je, de projection, ils ne connaissent pas la vie.
07:01Donc, en fait, ils se sont adaptés pour survivre à leur environnement.
07:06Et en même temps, il va falloir leur montrer, parce qu'ils se sont habitués pour pouvoir survivre,
07:12et maintenant, il va falloir leur montrer que la vie, c'est autre chose.
07:17Donc, on va s'adapter à eux, et on va essayer de les amener à la vie.
07:23Et pour l'instant, les gens sont en survie.
07:26Il faut les ramener à la vie.
07:28Merci d'avoir expliqué tout ça aux auditeurs de RTL, c'est passionnant.
07:30Marie-Nine Baranes, docteure en psychologie clinique et spécialiste du syndrome post-traumatique.
07:35Merci.
07:36Des infos qu'on va retrouver, bien sûr, sur RTL.fr.
07:38On est à Tel Aviv, je vous le rappelle, dès le début du journal, de 9h.

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