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Transcription
00:00Mme Niazotto, dans l'un de vos ouvrages en 2022, vous appeliez déjà l'Europe à changer ou périr.
00:06Votre dernier livre, « Choisir l'avenir », tente de rompre avec la fatalité du pire et envisage plusieurs scénarios pour l'Europe,
00:14dont vous dénoncez l'atlantisme atavique. Peut-on échapper à la résurgence d'un atavisme ? Nous vous écoutons.
00:23Merci, M. le Président. Mesdames et messieurs les sénatrices et les sénateurs, mesdames et messieurs les ambassadrices et ambassadeurs,
00:33moi, je vais adopter dans les 10 minutes qui me sont imparties un point de vue très différent.
00:41Et je vais commencer très brutalement en disant qu'à mes yeux, ce qui se joue aujourd'hui aux États-Unis dans le discours de Trump,
00:50qui a valeur de politique, ce qui se joue, c'est un révisionnisme global. On connaissait le révisionnisme européen de la part de Vladimir Poutine,
01:02qui refuse l'ordre européen mis en place après la chute de l'Union soviétique en 1991. On connaît le révisionnisme asiatique de Xi Jinping,
01:11qui refuse la présence américaine en Asie et veut revoir l'ordre asiatique. On ne connaissait pas, mais on va découvrir le révisionnisme global
01:20du couple – et là, je suis complètement d'accord avec Alexandra – Trump-Elon Musk. Je crois que ce qu'ils essayent de faire, même s'ils ne se sont pas des philosophes au départ,
01:34mais ce qu'ils ont intuitivement l'intention de faire parce qu'ils pensent qu'ils peuvent y gagner de la puissance, c'est de remettre en cause
01:42les trois piliers de l'ordre international que l'on a créé depuis 1945, c'est-à-dire le libéralisme économique et ses contrôles, la démocratie politique
01:52et ses contre-pouvoirs et la liberté d'expression avec, effectivement, ses limites constitutionnelles. Et je crois que l'ensemble de leur discours,
02:07depuis quelques semaines, mais même depuis la campagne électorale de Donald Trump, c'est d'arriver à une révolution idéologique que je crois majeure.
02:20Je ne suis pas du tout sur la ligne de ceux qui pensent que c'est uniquement de la rhétorique commerciale, que s'agit de faire des deals pour obtenir l'accès
02:30aux ressources minières du Groenland ou un passage gratuit pour les flottes américaines dans le Panama. Je crois que ça va bien au-delà
02:37qu'une tactique de négociation, qu'il y a en germe dans le discours américain une révolution idéologique majeure dont l'objectif, c'est de supprimer le droit.
02:48Alors Donald Trump s'en prend aux droits internationaux quand il parle d'annexer ou de prendre militairement le Groenland ou d'annexer le Canada ou le Panama.
03:00Elon Musk s'en prend aux droits des affaires ou aux droits privés. Et d'ailleurs, il a mandat du président américain de déréguler au maximum l'économie américaine,
03:09la banque américaine, de façon à libérer au maximum l'initiative industrielle, technologique, etc. et de libérer au maximum la liberté d'information.
03:23Et donc, je crois que c'est le droit en tant que tel qui est le fondement en revanche de l'Union européenne qui est mis en cause, aussi bien sûr dans le droit international
03:32que dans le droit économique et commercial, qui est mis en cause par ce nouveau tandem Donald Trump et Elon Musk.
03:40Et donc, pour les Européens, je crois qu'il s'agit beaucoup plus que de répondre à une administration américaine qui sera difficile, qui sera grossière,
03:54qui sera raquetteuse, comme le promettait d'être le premier Trump. Je crois qu'il faut envisager ce deuxième mandat Trump comme quelque chose de nouveau,
04:06si l'on ne veut pas se faire complètement avoir dans une idéologie qu'on n'aurait pas préparée. Et quelle est la stratégie de Trump ?
04:15Je termine sur ce premier point avant de passer à l'Europe. Je crois que la stratégie de Donald Trump, elle est double.
04:20Elle est premièrement, effectivement, de s'en prendre d'abord amicalement à ses alliés. C'est une stratégie de prédation des atouts alliés qu'on ne peut pas refuser aux chefs de l'Alliance.
04:32Et donc, c'est une stratégie de pression amicale, de raquette amicale sur les alliés pour obtenir ce dont ils pensent que la puissance américaine a besoin,
04:40c'est-à-dire des terres, des mines, des voies maritimes, de façon à augmenter cette puissance américaine. Et dans un deuxième temps,
04:48je pense qu'effectivement, la stratégie de Donald Trump, ce sera d'affronter la puissance chinoise qui est effectivement la seule chose qui est capable de contrôler la puissance des États-Unis.
05:00Donc, si on part du principe qu'il s'agit de bien autre chose qu'une tactique de négociation, qu'une diplomatie transactionnelle comme Trump nous y avait habitué lors de son premier mandat,
05:14si l'on part du principe qu'il y a en germe la troisième révolution du XXe-XXIe siècle, on a eu la révolution communiste, on a eu la révolution fasciste,
05:24on a réintégré la révolution libérale à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et on va avoir maintenant une révolution révisionniste dont nous n'avons pas le vocabulaire en sciences politiques pour la définir.
05:36Mais si on part de ce principe, alors il faut regarder les atouts ou les faiblesses de l'Union européenne de façon un peu différente.
05:44Je crois que l'Europe, malheureusement, vit un moment extrêmement difficile. Le monde entier évolue contre l'Europe.
05:52C'est-à-dire toutes les tendances que l'on peut voir dans l'évolution du système international et même dans la mondialisation économique sont antinomiques à ce qu'est profondément l'Union européenne,
06:02c'est-à-dire une entité fondée sur le droit, sur le respect des règles, sur la production de règles, sur la solidarité intérieure, sur la défense collective des intérêts.
06:12Toute l'évolution du monde, le nationalisme, le populisme, tout va à l'encontre de l'Union européenne.
06:18Et face aux États-Unis, les Européens sont paralysés, je crois aujourd'hui, sidérés, parce qu'ils sont en même temps victimes d'un nombre incalculable de vulnérabilités.
06:29C'est la première fois dans l'histoire de l'Europe, premièrement, qu'elle a à la fois une menace à l'Est, militaire, une menace d'agression, et une menace à l'Ouest, stratégique, une menace d'abandon.
06:40Moi, je ne crois pas une seconde que Trump va abandonner l'OTAN, mais c'est perçu comme ça. C'est une énorme vulnérabilité.
06:46Deuxième vulnérabilité, la vulnérabilité intérieure. C'est la première fois qu'il y a autant de mouvements populistes et de gouvernements d'extrême droite en Europe.
06:55Ce sont des mini-Trump qui, jusqu'à maintenant, faisaient un peu attention. Mais maintenant, ils n'arrivent peut-être pas au pied, à la cheville de Donald Trump.
07:03Mais ils vont se trouver magnifiés à bonne école avec celui-ci. Et c'est notre système démocratique qui est, je crois, en danger.
07:11Notre troisième vulnérabilité, c'est que nous sommes prisonniers de l'histoire. Les Européens restent attachés à l'histoire, l'Amérique est le sauveur par deux fois de l'Europe.
07:21Et donc ils n'arrivent pas à penser une seconde que ce paradigme-là est mort. Ils n'arrivent pas à penser une seconde que les États-Unis pourraient être un problème, voire un ennemi pour les intérêts européens.
07:34Et donc dans cette mesure-là, comment réagir ? Ce que l'on voit actuellement se dessiner en Europe, c'est trois stratégies.
07:43Il y a une première stratégie qui est une stratégie de soumission, d'apaisement, qui est exactement celle de Mme. Vanderleyen, de Mme. Christine Lagarde ou de Mme. Kayakalas.
07:55C'est de dire on va vous acheter plus, plus de gaz de schiste, plus d'armement. Mme. Christine Lagarde est sortie complètement de son mandat en disant qu'il fallait acheter plus d'armes américaines.
08:05Et Mme. Kayakalas répète que l'Amérique est notre meilleure alliée. Donc on a aujourd'hui de la part des institutions une stratégie qui est vraiment une stratégie d'apaisement,
08:13parce qu'encore une fois, on ne veut pas voir la gravité de ce qui se passe dans le discours américain.
08:18On peut avoir une deuxième stratégie qui n'est pas qu'antinomique avec la première d'ailleurs, qui est une stratégie de négociation séparée avec Washington,
08:27de relations privilégiées de façon à s'assurer le maximum de garanties et de contre-garanties si jamais l'alliance allait exploser.
08:37Et vous en avez cité l'Italie, la Hongrie sont dans cette optique de redoubler les alliances traditionnelles par des alliances bilatérales.
08:48Et puis troisièmement, on peut avoir une stratégie de résistance, de résistance raisonnée, comme mes camarades l'ont appelée de leur vœu et dont ils ont expliqué ce qui devrait être le contenu.
09:00Et je suis complètement d'accord. Mais pour avoir cette stratégie de résistance raisonnée, encore faut-il un accord politique entre les États.
09:09Pour l'instant, on a eu une déclaration franco-allemande rappelant l'importance de la souveraineté des États. Mais c'est à peu près tout.
09:15Moi, je compte énormément sur la présidence polonaise. Je me souviens que Donald Tusk, quand il était président du Conseil en 2016 pour le premier mandat de Donald Trump,
09:26avait été quand même l'homme qui a dit avec un ami comme ça, on n'a pas besoin d'ennemis. Autrement dit, Tusk connaît aussi bien l'Union européenne que Donald Trump.
09:35Et je compte énormément sur ce sommet informel géopolitique qu'il a convoqué avec Antonio Costa en invitant les Britanniques pour qu'enfin l'Europe réfléchisse,
09:45réfléchisse à ce qui se passe. Je termine en un point sur l'avenir de la relation transatlantique. Si vous m'avez suivi, vous pouvez en conclure qu'à mes yeux,
09:54la relation transatlantique va être premièrement conflictuelle et très conflictuelle, non seulement entre Européens et Américains, mais entre Européens eux-mêmes.
10:02Le seul exemple à mes yeux qui fait référence à cela, c'est 2003 avec l'intervention américaine en Irak, où nous étions divisés en transatlantiques et en intra-européens.
10:13Deuxièmement, cette relation transatlantique, à mon avis, va être fragile et perçue comme fragile par les autres, et notamment par la Russie.
10:22Le simple fait que Trump ait été élu président des États-Unis a affaibli l'OTAN. La simple victoire de Donald Trump a été perçue par les Russes comme un signe de faiblesse supplémentaire dans l'alliance.
10:38Déjà, personne ne croit une seconde que l'alliance des États-Unis en Europe est automatique, mais avec l'élection de Trump, on est persuadés maintenant que cette alliance est incertaine.
10:51Et je termine, dernier mot, cette relation transatlantique, il faut la penser peut-être comme en phase terminale.

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