L'Europe a-t-elle déjà perdu la bataille de l'IA ?
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00:00Ils échangent toujours avec le gouvernement.
00:02Et la pression que vous mettent les insoumis, elle est forte effectivement,
00:07puisqu'ils vous encouragent à voter la censure.
00:09Sinon, ils présenteront en cas de dissolution ou d'élection,
00:13des candidats partout dans vos circonscriptions.
00:15Est-ce que ça, ça vous met aussi la pression pour censurer ?
00:19Écoutez, je pense qu'il ne faut pas réagir à la pression d'où qu'elle vienne.
00:22Je crois que les pressions de la France insoumise ne font peur à personne.
00:27Nous ne faisons pas de la politique pour rester sur nos sièges.
00:32On la fait pour défendre l'intérêt des gens qu'on a vocation à défendre.
00:35Je veux quand même rappeler, si on n'arrive pas à avoir un accord sur le budget,
00:38c'est des centaines d'entreprises qui vont fermer,
00:41qui sont en grande difficulté aujourd'hui, qui sont fragiles.
00:43C'est des factures qui ne seront pas payées,
00:45les collectivités qui attendent les subventions qu'on leur a promises.
00:49C'est les exploitations agricoles qui vont se retrouver en difficulté.
00:52Nous sommes le parti des classes populaires et des classes moyennes.
00:54On doit défendre les classes populaires et les classes moyennes
00:56en trouvant un accord sur le budget.
00:57Pas le budget d'austérité qui ressort du Sénat, un autre budget.
01:00Et ça se joue dans les prochains jours.
01:02Un mot d'immigration, parce que Bruno Retailleau a présenté hier sa circulaire
01:06qui vise à durcir les régularisations, notamment de travailleurs sans papier,
01:10mais ça peut être aussi des étudiants ou des familles.
01:13Est-ce que cette circulaire va trop loin pour vous ?
01:16Il faudra justifier demain de sept ans de présence sur le territoire
01:21pour pouvoir être régularisé ?
01:23Écoutez, moi, je crois qu'il y a une volonté assez nette
01:27d'agiter le chiffon rouge et l'immigration
01:29pour faire oublier l'absence de programme de ce gouvernement.
01:32On a bien vu le discours de politique générale de François Bayrou.
01:35Il n'y avait rien.
01:36D'ailleurs, vous-même, je vois que vous aviez du mal à le commenter.
01:38Je vous ai rejoint, je me souviens, à la salle des quatre colonnes
01:42pour faire un direct.
01:42Qu'a annoncé François Bayrou ?
01:44Rien. Comme il n'y a rien, on essaye de faire de la mousse avec des petits sujets
01:48qui permettent de faire la une des chaînes d'info.
01:50On continue. Parmi ces sujets, il y a l'immigration,
01:53des lois immigration tous les ans.
01:55Et puis, un résultat qui est simple, à la fois une mauvaise intégration
01:59des étrangers que nous accueillons sur notre sol,
02:00qui sont harcelés juridiquement et bureaucratiquement
02:03par tout ce système complexe des titres de séjour.
02:06Et de l'autre, une très faible exécution des obligations
02:09de quitter le territoire français.
02:10Et les gens qui sont dangereux, il y en a, par définition,
02:14qui sont sur notre sol, ne sont pas expulsés.
02:16Tandis que ceux qui travaillent, sont intégrés, ont une famille,
02:18ont un logement et contribuent finalement au financement
02:22de notre protection sociale, à nos services publics,
02:24eh bien c'est eux à qui l'on promet aujourd'hui des difficultés.
02:28Donc, ce n'est pas le bon signal.
02:29Mais je comprends bien que c'est finalement là le seul moyen
02:33pour ce gouvernement d'exister, un gouvernement sans programme et sans projet.
02:38Merci Philippe Brun d'avoir été avec nous ce matin, député socialiste de l'heure.
02:43C'est la fin de la politique, c'est clair.
02:44Tout de suite, vous avez rendez-vous avec Les Informés sur France Info.
03:25Bienvenue dans Les Informés de l'Europe,
03:2920 minutes pour vous aider à mieux comprendre l'actualité européenne,
03:33en compagnie de François Bodonnet, rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télévisions.
03:37Bonjour François.
03:38Bonjour Benjamin, bonjour à tous.
03:39On se demande aujourd'hui si l'Europe a déjà ou non perdu la guerre
03:43de l'intelligence artificielle face aux Etats-Unis notamment.
03:46Et pour en parler, nous avons deux invités.
03:48Eh bien, nos deux informés du jour sont Alexandre Kounis,
03:50rédacteur en chef au quotidien économique Les Echos,
03:54et Louise Baudet, chef du pôle Europe de la rédaction internationale de Radio France.
03:57Alors, Donald Trump était à la Maison Blanche depuis une semaine.
04:00Maintenant, ça nous paraît déjà une éternité parce qu'il multiplie les annonces depuis lundi.
04:05Et il y en a une qui nous intéresse donc particulièrement aujourd'hui sur l'intelligence artificielle.
04:09Absolument, et une annonce, on va dire, à la Donald Trump,
04:11c'est-à-dire dans la démesure, 500 milliards de dollars investis pour construire
04:16un réseau de centres de traitement de données.
04:18Alors, ce sont ces fameux datacenters qui permettent de faire fonctionner
04:22les différentes intelligences artificielles.
04:24Cette initiative, inédite par son ampleur, a un nom, Stargate, la porte des étoiles.
04:31Je vous annonce la création de Stargate.
04:34Retenez bien ce nom, notez-le quelque part parce que vous allez en entendre parler à l'avenir.
04:39Une nouvelle entreprise américaine qui va investir 500 milliards de dollars,
04:43au bas mot, dans les infrastructures d'intelligence artificielle aux Etats-Unis
04:47et qui évolue vraiment très vite.
04:51Et si Donald Trump veut faire des Etats-Unis le leader mondial de l'intelligence artificielle,
04:56comme il l'a annoncé à Davos cette semaine,
04:58c'est parce qu'aujourd'hui l'intelligence artificielle est devenue
05:00un véritable enjeu de souveraineté pour les Etats.
05:03Le pays qui maîtrisera l'IA sera celui qui dominera le monde.
05:07Les experts estiment en effet que l'intelligence artificielle conférera à ce pays,
05:11à cette puissance, dans tous les domaines,
05:13une hégémonie comparable à la détention de l'arme nucléaire,
05:16dont le seul domaine militaire c'est dire.
05:18Alors bien sûr, attention aux effets d'annonce,
05:21mais le lancement de Stargate par Donald Trump a créé une onde de choc mondiale
05:25et a infligé une véritable gifle à l'Europe,
05:28qui accuse un si gros retard sur l'intelligence artificielle
05:31qu'on est en droit de se demander si l'Europe n'a pas déjà perdu la guerre de l'IA.
05:35Alexandre Kounis, François parlait à l'instant d'effet d'annonce,
05:38parce qu'il faut bien réexpliquer ce que c'est que Stargate et qui investit.
05:42Oui, alors Stargate c'est plusieurs choses.
05:44Stargate d'abord c'est une entreprise,
05:46il faut bien comprendre ça,
05:47c'est ce qu'a dit Donald Trump dans le passage qu'on vient d'entendre à l'instant,
05:51et c'est important parce que c'est donc pensé comme quelque chose de très opérationnel.
05:54Ce n'est pas un grand programme perdu, un grand programme politique dans les limbes,
05:58non pas du tout.
05:59Donc elle sera pilotée par OpenAI, l'éditeur du fameux JPT,
06:03et puis Softbank, le japonais, qui va apporter des fonds.
06:07C'est aussi un réseau et je pense qu'il faut qu'on le comprenne dès aujourd'hui comme ça,
06:11c'est à dire qu'elle est là pour fédérer les énergies,
06:16pour coordonner les efforts, pour investir de manière aussi centralisée,
06:22notamment dans les puces auprès d'NVIDIA qui seront nécessaires pour ces data centers.
06:27Et donc je pense qu'il faut qu'on voit le danger comme ça,
06:33plutôt que seulement dans le chiffre de 500 milliards qui est effectivement étourdissant,
06:36effrayant, qui marque les esprits, je crois qu'il est aussi là pour ça.
06:41Vous dites voir le danger.
06:42Voilà, oui, parce que le danger pour nous Européens, c'est de bien comprendre que
06:49là le message envoyé, c'est que un, le gouvernement américain a compris justement l'enjeu,
06:53et l'enjeu en termes de stratégie et de souveraineté,
06:56et deux, que désormais les efforts vont être coordonnés aux Etats-Unis
06:59pour aller plus vite, plus fort, plus loin.
07:00Même si Elon Musk lui-même a mis quelques bémols sur ce financement en disant
07:04qu'OpenAI n'avait pas beaucoup d'argent finalement, que c'était...
07:07Alors c'est vrai, il y a eu un peu de touche-touche et de polémique sur les réseaux sociaux
07:12parce qu'il y a de la jalousie également qui s'exprime.
07:14Mais effectivement, Musk a mis en cause la réalité de l'argent qui est disponible.
07:21100 milliards tout de suite, Deep South Bank, est-ce que c'est vrai ?
07:24C'est vrai que OpenAI n'est pas rentable, n'est pas une entreprise rentable.
07:27Donc on peut se poser la question de la réalité de l'argent immédiatement disponible.
07:31Mais par contre, je crois qu'on ne peut pas douter de ce qui s'enclenche maintenant
07:35et qui est une vraie mécanique de guerre.
07:36Louise Bodé, face à ces 500 milliards qui vont peut-être être investis,
07:40qu'est-ce que l'Europe a à proposer en face ?
07:42En termes d'investissement, ce n'est pas du tout la même échelle.
07:45Je vais quand même parler un petit peu de chiffres,
07:47même si c'est vrai qu'il y a beaucoup d'effets d'annonce.
07:49Vous venez de l'expliquer dans ce qu'a dit Donald Trump.
07:52Les montants ne sont pas comparables.
07:54Pour vous donner une idée, la Commission européenne a sélectionné en décembre dernier 7 sites
07:59où vont être construits des supercalculateurs, 7 sites en Europe.
08:03Et le montant total de cet investissement, c'est 1,5 milliard d'euros.
08:071,5 milliard d'euros pour moitié payé par les fonds communautaires,
08:10pour moitié par les pays concernés.
08:121,5 milliard d'euros contre 100 milliards immédiatement pour le projet Stargate.
08:16On voit qu'on n'est pas du tout dans la même échelle.
08:21Vous vous rappelez sans doute le rapport Draghi,
08:23dont on a beaucoup parlé au début de l'automne dernier.
08:26Le rapport Draghi, il appelait justement à un changement d'échelle,
08:29notamment au doublement des fonds attribués à l'innovation et la recherche,
08:33pas seulement l'IA, mais toute l'innovation et la recherche.
08:35Actuellement, c'est 93,5 milliards d'euros sur 7 ans.
08:41Lui disait qu'il fallait doubler cette somme.
08:43Pour l'instant, grand bon à l'avance, c'est plutôt aux Etats-Unis qu'il a lieu.
08:46Alors, François Bodonnet, l'Europe est régulièrement critiquée
08:50parce qu'on dit d'elle qu'elle légifère, qu'elle contrôle en la matière au lieu d'investir, justement.
08:55Oui, ça c'est très fort. Depuis quelques jours et quelques semaines, on entend ça.
08:58C'est-à-dire l'Europe légifère et les Etats-Unis investissent.
09:01C'est assez vrai. Et à la fois, je pense qu'il faut être très prudent
09:04parce que l'Europe est effectivement le premier continent à s'être doté d'une loi
09:09pour réguler l'intelligence artificielle.
09:11En fait, ce n'est pas une loi, c'est un règlement,
09:13mais qui a été adopté l'an dernier, qui est en train d'entrer progressivement en vigueur,
09:20qui s'appelle l'IA Act.
09:23Ça propose quoi ? C'est une approche fondée sur les risques.
09:25Il va les classer en quatre niveaux de risque.
09:29Le risque inacceptable pour une intelligence artificielle dans le cadre de l'IA Act,
09:32c'est par exemple la notation sociale.
09:34Vous savez comme ça se fait en Chine.
09:35Ça, en Europe, ça sera absolument interdit.
09:38Et puis, le risque le plus faible, c'est le risque minimal.
09:40À ce moment-là, il n'y aura aucune restriction.
09:43Alors, ce qui est dit, c'est qu'effectivement, cette loi va freiner l'innovation.
09:51Moi, je crois que ce n'est pas ça, en fait.
09:53Cette loi européenne n'est pas incompatible avec l'investissement.
09:58Et je crois même que ça peut être au contraire bénéfique pour les entreprises de l'IA
10:01parce qu'elles ont besoin d'un cadre.
10:03En fait, il y a une concurrence entre elles.
10:05Et donc, elles ont besoin de savoir où elles peuvent aller.
10:07Limite droite, limite gauche.
10:08Et donc, l'IA Act, en soi, n'est pas un frein.
10:12Mais par contre, il manque l'autre jambe.
10:14Effectivement, et c'est ce que disait Louise Baudet, il manque la jambe de l'investissement.
10:19Et ça, c'est important que l'Europe se réveille sur ce point-là.
10:22On parle des normes, malgré tout, Alexandre Kounis.
10:24Est-ce que trop de normes, ça ne risque pas de pénaliser l'Europe ?
10:27Alors, c'est toujours le grand débat, François.
10:30On en parlait à l'instant, mais j'irais assez dans son sens.
10:32C'est-à-dire que c'est vrai que l'Europe a souvent tendance à réguler,
10:39souvent avant tout le monde, avec le risque de tirer trop tôt ou d'avoir la main trop lourde.
10:45Mais ce que je voudrais dire, c'est...
10:47D'abord, je voudrais rappeler que, premièrement, c'est ce qu'on lui demande, en fait.
10:50On l'a quand même créée pour ça.
10:51Et on la moque un petit peu parce qu'elle normalise.
10:55Mais en vérité, si c'est une machine à produire des normes,
10:58c'est aussi pour protéger les consommateurs.
11:01C'est aussi pour éviter les abus des géants de la tech.
11:03Et ça, il ne faut quand même pas l'oublier.
11:05Et puis, pour reprendre un peu ce que disait François, je dirais aussi que,
11:09contrairement à une facilité qu'on pourrait avoir,
11:15je pense que la régulation ne va pas forcément au détriment de l'innovation.
11:18Et elle est là pour lui fixer des limites.
11:20OK, d'accord. Bon, ça, c'est vrai.
11:22Mais aussi pour vérifier que le jeu entre les acteurs reste ouvert,
11:26que la concurrence reste saine.
11:27Et ça, ça peut être très favorable à l'innovation,
11:29notamment celle qui vient des petits acteurs.
11:31Après, je dirais aussi un peu comme François que le problème,
11:36ce n'est pas tant que l'Europe régule trop,
11:39c'est qu'elle n'innove pas assez et qu'elle n'a pas assez de moyens pour innover.
11:44Elle a du mal à se lancer sur des grands projets de manière coordonnée,
11:48à fédérer les énergies, à se fixer une priorité.
11:51C'est tout ce que fait en fait Stargate là, en l'occurrence.
11:53Et qu'est-ce qui explique ça selon vous, justement, Louise Baudet,
11:55que l'Europe ne soit pas capable de mobiliser ses forces
11:57pour se jeter dans cette bataille de l'IA ?
11:59Déjà, la difficulté, c'est la question d'où vient l'argent.
12:04En fait, Stargate, ça mobilise des fonds privés.
12:06Trump, il amène l'éther, l'eau, l'électricité pour faire tourner les usines, c'est tout.
12:11Et nous, on est obligés de passer par un financement public.
12:13Ça, pour plusieurs raisons.
12:14On n'a pas de géant du numérique qui, comme ça, lève des fonds.
12:17Et on a des marchés de capitaux très fragmentés.
12:2027 États membres, 27 marchés de capitaux, ça bloque les investissements et l'innovation.
12:25Le deuxième handicap, c'est quand même le prix de l'énergie,
12:27qui est beaucoup plus élevé en Europe que les États-Unis.
12:31Mais est-ce que nous aussi, on veut forer, forer, forer,
12:33abandonner le Green Deal, abandonner l'électrification pour faire baisser les prix ?
12:38C'est un choix politique.
12:40Et en fait, il y a aussi beaucoup de politique là-dedans.
12:42Parce que la dernière chose, c'est cette fameuse culture du risque
12:44que nous, Européens, on serait censés ne pas avoir,
12:47alors que les Américains seraient des gens qui ont la culture du risque.
12:50Mais la culture du risque, voilà, ce sont des choix.
12:52Est-ce que, par exemple, financiariser nos systèmes de retraite,
12:55est-ce que ça, on est, nous, Européens, d'accord pour le faire ?
12:58Les fameux fonds de pension qui financent notamment l'IA aux États-Unis.
13:01Est-ce qu'on est bien d'accord pour que nos retraites à nous, Européens,
13:05on les jette comme ça sur le tapis ?
13:07C'est un débat.
13:07Et c'est cette culture du risque, en effet, qui est naturelle aux États-Unis
13:11et qui l'est nettement moins en Europe.
13:12Et on va poursuivre cette discussion dans un instant avec vous, Louise Baudet,
13:15et avec vous, Alexandre Kounis, dans les Informer de l'Europe.
13:17Ce sera juste après le Fil Info à 9h51 avec Magalie Homo.
13:21Des centaines de Libanais sur les routes.
13:23Ce matin, ils tentent de rentrer chez eux dans le sud du pays
13:26où se trouve toujours l'armée israélienne.
13:29Elle avait jusqu'à aujourd'hui pour se retirer, comme prévu, dans la corde trêve.
13:32Mais elle est toujours là et elle a ouvert le feu ce matin.
13:35Le ministère libanais de la Santé fait état d'un mort et 17 blessés.
13:39Par ailleurs, sur le front de la bande de Gaza,
13:41Israël empêche les déplacés palestiniens de rentrer dans le nord du territoire,
13:46accusant le Hamas de ne pas respecter la trêve.
13:49En France, une attaque au couteau hier en fin d'après-midi a apte.
13:52Dans le Vaucluse, un homme s'en est pris au client et employé
13:55d'un supermarché blessant deux personnes légèrement.
13:58L'enquête est désormais menée par le parquet national antiterroriste.
14:02Ça souffle fort ce matin sur les côtes bretonnes.
14:05Des rafales jusqu'à 130 km heure conséquence de la tempête Herminia
14:09qui frappe l'ouest de la France.
14:10Des pluies importantes sont également à prévoir.
14:13Neuf départements sont en vigilance orange.
14:16Yannick Sinner versus Alexander Zverev.
14:18C'est l'affiche de la finale de l'Open d'Australie.
14:20Le numéro 1 mondial contre le numéro 2 du tennis.
14:23Ça vient tout juste de commencer.
14:36De retour avec les informés de l'Europe.
14:38Louise Baudet, chef du pôle Europe de la rédaction internationale de Radio France.
14:42Et Alexandre Kounis, rédacteur en chef au quotidien économique Les Échos,
14:45ancien correspondant à Bruxelles.
14:46On se demande ce matin comment l'Europe peut remporter la bataille
14:49de l'intelligence artificielle face aux États-Unis,
14:52notamment alors que Donald Trump annonce des investissements colossaux.
14:56Question justement à vous, François Baudonnet.
14:58Maintenant, quelles solutions l'Europe pourrait-elle trouver
15:01pour lutter à armes égales contre Trump ?
15:03Alors, je crois qu'il y a deux choses, deux éléments de solution.
15:07Alors tout d'abord, la semaine prochaine, en fait, l'Europe va faire
15:09une annonce sur un plan plus large sur la compétitivité,
15:13puisque c'est un énorme problème.
15:14On sait qu'on n'est pas compétitif et en particulier vis-à-vis des États-Unis.
15:19Et dans ce plan qu'elle va annoncer le 29 janvier,
15:22il y aura entre autres la création d'un 28e régime juridique unique
15:26pour les sociétés innovantes.
15:27Aujourd'hui, quand vous êtes une start-up,
15:29si vous êtes une start-up française, vous avez le régime juridique français.
15:33Si vous êtes une start-up allemande,
15:34vous avez le régime juridique en Allemagne, etc.
15:37Là, l'idée, c'est de faire un régime qui serait uniformisé
15:40pour toute l'Union européenne et qui permettrait d'avoir,
15:43par exemple, des démarches administratives simplifiées.
15:46Ça, c'est un premier élément.
15:47Ça ne sera sûrement pas suffisant.
15:49Après, on pourrait imaginer, alors là, c'est complètement personnel,
15:51c'est quelque chose que j'imagine, mais de faire sur l'intelligence artificielle
15:55un grand emprunt européen, comme ça s'est fait dans d'autres domaines.
16:01Le problème, c'est qu'on sait qu'il y a des pays frugaux,
16:03l'Allemagne, les Pays-Bas, etc., qui ne veulent pas d'un emprunt mutualisé.
16:08Si on ne fait pas ça, alors il va falloir trouver d'autres façons pour faire,
16:12comme l'a fait Donald Trump, faire venir les entreprises
16:16de l'intelligence artificielle sur le territoire européen.
16:18En France, par exemple, on a beaucoup d'avantages.
16:21D'abord, la France est plutôt bonne en matière d'intelligence artificielle.
16:24Et puis, par exemple, avec l'énergie nucléaire,
16:27on a une électricité qui n'est pas chère.
16:28Donc, on pourrait imaginer donner des avantages à ces entreprises
16:32pour qu'elles viennent peut-être créer leur data center en France.
16:35Donc, en fait, il y a une infinité de possibilités.
16:38Et ce qui manque, et je suis d'accord avec ce que disait Louise Baudet tout à l'heure,
16:42c'est la volonté politique de le faire.
16:43Et vous parlez de la France.
16:44Il y aura d'ailleurs un grand sommet sur l'intelligence artificielle
16:46le mois prochain avec l'Inde pour chercher justement à lever des fonds.
16:50Alexandre Kounis, ce qui est assez paradoxal dans cette histoire,
16:53c'est que l'Europe, finalement, a elle aussi de très bons ingénieurs,
16:56de très bonnes start-up en matière d'IA.
16:58Oui, c'est vrai. C'est vrai, Benjamin, mais ça ne suffit pas.
17:01Ça ne suffit pas. Il faut encore leur faciliter la vie,
17:06leur permettre de se développer, de croître et de se financer.
17:09Comme disait Louise à l'instant.
17:12En France, par exemple, on a Mistral AI qui est notre champion à nous dans la course à l'IA,
17:17qui est une super entreprise, mais qui pèse encore que 6 milliards d'euros.
17:24C'est déjà beaucoup, mais c'est à comparer avec les 157 milliards de dollars
17:29que pèse OpenAI maintenant.
17:30Donc, c'est 25 fois plus pour l'américain.
17:33OpenAI, c'est ChatGPT.
17:35ChatGPT, oui, c'est vrai, qui est donc un des opérateurs de Stargate.
17:44Après, c'est vrai que Mistral AI va chercher encore à lever des fonds avec des levées XXL.
17:50Et ça, ils ne trouvent pas forcément ça en Europe.
17:53Donc, c'est là où on peut intervenir, on peut aider,
17:56peut-être pour qu'il y ait davantage de fonds spécialisés et avec des grosses levées.
18:01Est-ce qu'on peut espérer, Louise Baudet, que justement les annonces de Donald Trump
18:05servent un peu d'électrochoc en Europe ?
18:06L'électrochoc, beaucoup l'espèrent, certains l'espèrent en tout cas au sujet de l'IA,
18:10mais aussi en matière de défense commune et en matière de riposte commerciale.
18:14On entend beaucoup ces derniers jours rappeler les avancées de l'Europe en la matière,
18:20le fait que l'Europe se façonne et avance dans les crises.
18:23Le grand emprunt de 750 milliards, les achats communs de vaccins,
18:27le soutien à l'Ukraine, malgré tout.
18:30On fait beaucoup la liste de ces pas en avant décidés alors qu'on est au pied du mur.
18:34Le problème, c'est que là, le trumpisme, quelque part, on va beaucoup plus loin.
18:39Y compris dans ses ambitions pour l'IA, le trumpisme, c'est l'antithèse de l'UE
18:42et surtout de sa façon de fonctionner, de sa façon de décider.
18:46Il y a un peu un défi existentiel.
18:47La culture du dialogue, le compromis, les règles, l'ancien monde,
18:53le processus de décision à 27, très compliqué, très démocratique.
18:57C'est sûr que ce n'est pas Trump qui, seul en Seine,
18:59signe les décrets à la chaîne devant un parterre de fidèles.
19:03C'est plus lourd.
19:05Voilà, en plus, les 27, c'est donc un processus démocratique qui prend du temps.
19:09Et en plus, ce ne sont pas les mêmes intérêts économiques dans le rapport aux États-Unis,
19:12ni la même proximité idéologique entre négocier avec Trump ou s'opposer à lui.
19:17Il y a mille nuances de gris et chacun va choisir un peu la sienne.
19:21En fait, on est toujours face au même défi.
19:23C'est un peu le défi de l'unité pour l'Union européenne.
19:25Comment décider et comment trancher à 27 ?
19:27– On parle de la réaction de l'Europe,
19:28mais est-ce que finalement, c'est vraiment nous qui visent ou la Chine ?
19:31– Ah ! Bon, la Chine, ça reste le grand défi pour Trump.
19:36C'est évident, ça l'était déjà avant lui.
19:39Il y a un tropisme qui n'est plus vers l'Europe,
19:43mais beaucoup plus évidemment vers le Pacifique au-delà, vers la Chine.
19:46La Chine, déjà, à juste titre, parce que la Chine, de fait, c'est le principal défi.
19:51Un chiffre, là aussi, le chinois Dipsik vient de développer une IA
19:56aussi performante que Chattopiti pour 7% de son coût.
19:59Il faut dire aussi que les régimes autoritaires, c'est bien pratique.
20:02Il y a un avantage comparatif en termes d'IA,
20:04parce qu'on ne s'embête pas avec les réglementations,
20:06on ne s'embête pas avec les dérives, reconnaissance faciale, tout ça,
20:09respect des données personnelles, tout ça, tous ces facteurs de blocage.
20:12La Chine en est exonérée.
20:13– Et là aussi, il y a un peu plus de légèreté.
20:15Merci beaucoup, on va devoir s'arrêter là.
20:17Merci à vous, les informés de l'Europe.
20:19Louise Bodé, chef du Pôle Europe de la rédaction internationale de Radio France
20:22et Alexandre Counis, rédacteur en chef au quotidien économique Les Echos.
20:25Merci à vous, François Bodonnet.
20:27L'info continue sur France Info.