On débat de tout ça avec : Charlotte Lipinska, critique cinéma à Télématin, Théo Ribeton, critique cinéma aux Inrockuptibles et Laurent Delmas, critique cinéma, co-présente « On aura tout vu » sur notre antenne le samedi matin. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-debat-du-7-10/le-debat-du-7-10-du-jeudi-30-janvier-2025-1004453
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00:00Débat ce matin sur cette configuration astrale qui a vu sortir en salle la semaine dernière
00:06Better Man, un biopic sur Robbie Williams, hier Un Parfait Inconnu, biopic de Bob Dylan,
00:13et la semaine prochaine, Maria, biopic sur la Calas, alors pourquoi autant de biopics,
00:18quels sont les ingrédients du bon biopic ? Qu'est-ce que cette vague dit de l'industrie
00:25du cinéma et peut-être des attentes du public ? On va en discuter avec Charlotte Lipinska,
00:31critique cinéma à Télématin, avec Théo Ribeton, critique cinéma aux Inroccuptibles
00:36et avec Laurent Delmas, critique cinéma qui co-présente, vous le savez tous, on aura
00:42tout vu, le samedi matin sur Inter, soyez les bienvenus, bonjour ! Alors comment expliquez-vous
00:49qu'il y en ait autant, Charlotte Lipinska ?
00:51Là c'est vrai qu'il y a une configuration, les planètes sont alignées avec trois sorties
00:55simultanées en trois semaines, mais rien qu'en 2024, si on regarde un petit peu en arrière
01:01on en avait eu déjà pas mal avec Bob Marley, avec Amy Winehouse, avec M. Aznavour, avec
01:06Ravel, même sur Le Boléro si on ouvre à la musique classique.
01:10Je crois que finalement l'industrie quand elle trouve une recette qui marche, essaye
01:15encore et toujours de la réitérer, de l'user jusqu'à la corde, parce que c'est vrai
01:20que quand on parle de biopic et musicaux en l'occurrence, il y a quand même ce pré-requis
01:24pour les téléspectateurs avec cette promesse implicite, on va vous faire découvrir l'homme
01:30ou la femme derrière l'artiste, et on part quand même d'une personnalité célèbre
01:36identifiée dont les gens peuvent, on a tous un petit instinct un peu voyeur à vouloir
01:42aller voir comment ça se passe dans l'intimité de la star.
01:44Pour peu que le film le montre, ce qui n'est pas toujours le cas, on va en parler.
01:50Une recette industrielle, vous diriez les choses comme ça aussi, Théo Ribeton ?
01:56Une recette, je ne sais pas, il y a quand même des genres assez différents, c'est
02:00sûr que c'est une espèce de valeur refuge pour Hollywood, déjà parce qu'il y a quasiment
02:04tous les ans dans les grandes cérémonies des nominations dans les catégories acteur
02:08et actrice pour des biopics, donc pour les interprètes c'est forcément attirant pour
02:11ça, il y a quand même assez régulièrement des succès publics aussi, donc c'est une
02:15mise assez prudente pour Hollywood.
02:17Là on a un petit peu une espèce de petite explosion, mais je crois quand même que ça
02:21fait 20 ans que globalement on est dans cette donne avec un peu des hauts et des bas, disons
02:26que là on atteint un stade où ce n'est plus un genre mais carrément une espèce de
02:30chantier un peu inatteignable de biopiquisation du monde, c'est-à-dire que maintenant pour
02:34une superstar c'est presque suspect de ne pas encore avoir son biopic, là on va avoir
02:37Johnny Hallyday, les Beatles, Bruce Springsteen, etc, et on sent qu'on tend comme ça vers
02:43une espèce de couverture intégrale de notre imaginaire, et avec aussi un petit effet
02:48de lassitude où là on a vu aussi avec Better Man ou avec le film sur Pharrell Williams
02:52qu'il y a un peu un besoin de renouveler le genre, qu'on a besoin d'une espèce de
02:55supplément de concept avec des films un petit peu étranges parce que justement le côté
03:00format, le côté formule, ça peut finir par lasser le public.
03:02Alors votre point de vue Laurent Delmas ?
03:04Ça fait 130 ans que ça dure en même temps, c'est-à-dire que le biopic il est quasiment
03:07né avec le cinéma, il y avait des biopics de Jésus et du Capitaine Dreyfus qui sont
03:12très très vite montés dans le cinématographe de la première période.
03:17Moi je trouve que c'est une absence totale d'imagination des scénaristes et des auteurs.
03:23C'est un vrai problème, c'est-à-dire qu'on a effectivement, la vie est bien plus grande
03:27que la fiction-cinéma contrairement à ce qu'on croit, donc évidemment quand vous
03:31avez un type, un petit militaire de carrière qui tout d'un coup s'exile à Londres et
03:36qui va parler contre le maréchal Pétain et qui va finalement gagner, aucun scénariste
03:42ne peut imaginer ça.
03:43Vous avez ça en réel, vous le prenez, c'est formidable.
03:45Mais ça fait une sorte de, c'est la vie des saints, moi je trouve que là le cinématographe,
03:49enfin le cinéma ressemble à une grande église, alors on fait la vie des saints, c'est très
03:53pieux, c'est des images pieuses, il y a des petites images, vous savez, on fait, c'est
03:57totalement agéographique en général, parfois même avec l'accord de la famille.
04:00On a eu par exemple Aznavour qui a choisi le réalisateur avant sa mort.
04:04Parfois produit par le modèle comme Elton John.
04:07Exactement, enfin on a des situations totalement aberrantes, parfois avec deux biopics qui se
04:11font face comme Saint-Laurent, l'un adoubé par Pierre Bergé, le gardien du Temple,
04:16et l'autre totalement non-officiel mais bien meilleur artistiquement d'ailleurs, c'est
04:21la preuve que ça va pas trop.
04:23Bref, moi ce que je déplore, c'est que, et c'est pour ça que j'ai demandé à votre
04:26micro régulièrement un moratoire, mais bien entendu, et je m'y tiens, franchement, je
04:34trouve que c'est un manque d'imagination.
04:36Alors, quand ça marche, c'est parce que les scénaristes font un pas de côté.
04:41C'est-à-dire, pardon ?
04:42Vous avez quoi en tête là ?
04:43J'ai Barbara de Mathieu Amalric par exemple, où c'est un vrai faux biopic sur Barbara,
04:49mais c'est surtout un film sur Mathieu Amalric, sur la relation qu'il a avec Barbara, mais
04:53aussi avec l'actrice qui joue le rôle de Barbara.
04:57Jeanne Balibar.
04:58Jeanne Balibar, exactement.
04:59Donc là on a des choses intéressantes, quand Odense fait Heimholzer sur Bob Dylan et qu'il
05:06prend 7 acteurs différents, dont une femme et un jeune enfant noir, voilà un point de
05:12vue qui m'intéresse.
05:13C'est-à-dire, c'est plus Bob Dylan, c'est Bob Dylan vu par.
05:16C'est-à-dire, c'est un auteur qui s'empare d'un sujet.
05:19Le problème aussi, et Théo le disait, c'est aussi le fait que ça devient pour un acteur,
05:24et singulièrement à Hollywood, mais pas seulement, quand on se souvient de Marion
05:27Cotillard et Piaf, ça devient une sorte de passage obligé, d'incarnation obligée, ça
05:32aussi c'est un vrai problème, il faut incarner, c'est-à-dire il faut rentrer dans une chair
05:35et il faut que la chair ressemble.
05:37Il n'y a rien de plus terrible qu'une ressemblance à l'écran.
05:40Pourquoi l'agiographie ?
05:42C'est vrai que là Laurent parlait de films qui étaient adoubés par les ayants droit,
05:48les enfants ou les veuves, et c'est ce qui pose quand même un sérieux problème de distance,
05:54de point de vue, d'agiographie, vous le disiez, et de passer sous silence, volontairement
06:01ou non, les zones d'ombre du sujet.
06:04Je dis volontairement ou non, parce que l'exemple le plus flagrant c'est quand même l'abbé
06:07Pierre, où on a un biopic qui est censé nous représenter en plus d'embrasser toute
06:12la vie de l'abbé Pierre, et dont on s'aperçoit à rebours que le film est passé complètement
06:17à côté du bonhomme, involontairement, pour les raisons que tout le monde connaît.
06:23Bob Marley, le film était produit par sa veuve et son fils, donc le côté polygame,
06:30mes neuf femmes doivent pas travailler, restent à la maison, c'était complètement
06:34sous le tapis, et la question va se poser probablement avec les deux films à venir
06:39sur Johnny Hallyday.
06:40Là où je rejoins Laurent, c'est qu'il y a quand même des films qui font un pas de
06:44côté, qui circonscrivent l'action narrative.
06:47Je vais vous laisser finir, donc la géographie est consubstantielle au concept ?
06:53Pas forcément.
06:54Dès lors qu'il y a des intérêts croisés ?
06:55Pas forcément, là on parle de « Un Parfait Inconnu » par exemple, du Bob Dylan, puisqu'il
07:00est dans l'actualité en étant sorti hier, ce qu'on ne va pas débattre sur le film,
07:06moi que j'aime beaucoup personnellement, mais là où je le trouve très intéressant
07:08c'est que Bob Dylan est une énigme, est un mystère, et le film ne prétend pas résoudre
07:13quoi que ce soit du bonhomme.
07:14Il embrasse l'histoire du folk et la carrière musicale, vraiment juste sur quatre années
07:19très déterminantes.
07:20Est-ce qu'on n'en sait plus sur Bob Dylan au bout de deux heures vingt-deux films ? Non,
07:24et ce n'est pas grave, l'intérêt du film il est ailleurs.
07:26Mais c'est parce que, disons que la question de la géographie c'est surtout que le biopic
07:30en fait matériellement se fabrique avec l'assentiment nécessaire de personnes qui sont en mesure
07:35de bloquer des films trop enflétaires, donc c'est vrai que c'est quand même un petit
07:38peu plus rare, mais récemment on a eu The Apprentice avec Sébastien Stan dont un des
07:44financiers de Trump qui a essayé de bloquer le film parce qu'il s'était fait avoir
07:50par les réalisateurs qui l'avaient fait croire qu'il allait faire un film assez complaisant
07:55et en fait pas du tout, donc effectivement c'est un problème qui vient régulièrement
07:58mais les stars qui contrôlent leur biopic savent aussi que ça passera un peu mal si
08:03elles ne montrent pas quelques zones d'ombre et donc il y a toujours une manière de distiller
08:07à doses très contrôlées une autocritique tant qu'elle reste l'agent de leur chute.
08:13Je vous ai interrompu, Charlotte Lévinca.
08:15C'est même complète sur Better Man, c'est-à-dire que Robbie Williams, d'abord il faut aussi
08:19distinguer les biopiques qui se font du vivant de l'artiste ou bien après son décès,
08:24c'est assez différent et c'est rare.
08:26C'est vrai que là un biopic sur Robbie Williams, on se dit c'est peut-être un petit peu tôt
08:29puisque sa carrière n'est pas finie, mais why not ? Et que là on a justement le contre-exemple
08:34de l'artiste qui n'hésite pas à parler de ses zones d'ombre, de ses addictions, du
08:40fait que c'était un petit ami terrible, un copain de merde, qu'il a vraiment foutu
08:45en l'air aussi tout son entourage et qu'il était lui-même toxique.
08:48Donc on est là pour le coup complètement dans l'excès inverse.
08:51Donc non, je ne pense pas que le biopic doit forcément être agéographique.
08:55Au contraire même, parce que c'est évidemment pas intéressant, aucune de ses stars ne peut
09:00être 100% positive et c'est tout de suite tellement suspect et un peu risible quand
09:05on ne montre qu'un grand artiste qui par ailleurs est un époux formidable et un père
09:09de famille exemplaire, on y croit qu'à moitié quand même.
09:11L'exemple nous vient de loin, il y a un très très grand cinéaste qui s'appelait Shakespeare,
09:16quand il fait Riffard 3, ce n'est pas agéographique, c'est le moins qu'on puisse dire.
09:19Donc la voix elle est là, c'est-à-dire quand on a quelque chose à dire, quand on
09:23a un regard et qui peut être effectivement aigu, Félini n'aimait pas Casanova.
09:29Ça donne un grand film parce que c'est très intéressant finalement, même c'est
09:34peut-être plus intéressant de détester que de faire un exercice d'admiration, d'amour
09:40unilatéral, confit de dévotion.
09:42Là au moins on a un vrai propos dans le côté « je n'aime pas » et je vais presque
09:46vous dire pourquoi, et pourquoi ce personnage est malaisant, etc.
09:50On peut citer Amadeus aussi, qui reste quand même le paradigme du biopic.
09:54On peut quand même avoir un propos dans l'admiration et la géographie, il y a un contre-exemple
09:59de quelqu'un qui a fait beaucoup de biopics, qui est Sacha Guitry, et quand il fait Talleyrand,
10:03quand il fait Pasteur, quand il fait…
10:05Mais là ils parlent de lui !
10:06Oui, effectivement !
10:07Si tu veux eux on tirerait le biopic sur Sacha Guitry !
10:10C'est formidable !
10:11C'est merveilleux !
10:12L'acteur qui a le rôle doit-il ressembler au personnage ?
10:15Je dirais qu'il y a toujours une rencontre entre un interprète et un acteur dans un
10:19biopic, et je pense que l'erreur que vous demandiez tout à l'heure s'il y avait
10:22une formule, je pense qu'un biopic ne doit pas faire l'erreur de ne pas penser cela,
10:26et c'est vrai que les biopics avec des inconnus, c'est quand même un tout petit peu moins
10:30intéressant parce que ça va être un exercice de mimétisme, alors que si c'est la rencontre
10:34un peu étrange entre un acteur qui a quelque chose en commun avec son modèle et on va
10:37chercher quoi...
10:38Je trouve que c'est ce qu'il y a d'un petit peu intéressant dans le biopic d'Urdilane,
10:41parce qu'il se passe quelque chose entre Chalamet et Dylan, même si c'est limité,
10:44on n'a pas forcément le temps d'entrer dans les détails, mais je crois que les films
10:47doivent organiser cette rencontre-là.
10:49Charlotte Libesca sur la question de la ressemblance ?
10:51La question se pose aussi avec Angelina Jolie, avec le film « Maria » de Pablo Larraine
10:55qui sort donc mercredi prochain, parce que là aussi, le film parle uniquement des derniers
11:01jours de Maria Callas avant qu'elle ne s'éteigne à Paris en 1977, et quand on croise les questions
11:07de la renommée internationale, de l'isolement, de la solitude qui va avec, de l'exigence
11:13artistique au plus haut niveau, forcément on se dit que ce sont des questions qui ne
11:16sont pas totalement étrangères à Angelina Jolie, et à l'arrivée dans le film, je
11:20ne sais même pas si je vois un documentaire sur Angelina Jolie ou sur les derniers jours
11:25de Maria Callas, mais c'est ça qui est troublant et qui est assez beau quand même.
11:28Laurent Delmas ?
11:29La ressemblance physique pour moi, ça ne va pas du tout, c'est-à-dire que si on cherche
11:33la ressemblance physique, ça devient abominable, enfin, souvenons-nous quand même de Simone
11:37Veil et d'Elsa Silberstein récemment, vraiment ça confine à une pauvreté là aussi d'esprit,
11:45alors que par exemple Michel Bouquet dans « Le promeneur du champ de marge », c'est
11:48un Mitterrand extraordinaire et qui ne ressemble pas à Mitterrand, moi j'avais aussi beaucoup
11:52aimé Jean Dormesson dans le Mitterrand dans « Les saveurs du palais », il ne ressemble
11:57absolument pas à Mitterrand, et pourtant il se passe quelque chose, c'est une interprétation,
12:02le problème de l'incarnation c'est qu'on veut absolument faire coïncider une apparence
12:06physique qui après tout n'est qu'une apparence physique avec un personnage, or l'interprétation
12:11elle permet de dire voilà, j'interprète quelqu'un, voilà mon interprétation du
12:15personnage, je trouve ça beaucoup plus intéressant.
12:16Mais l'exemple le plus dingue là-dessus c'est Valérie Lemercier avec Aline, qui
12:20a une audace formelle incroyable, alors après on y adhère ou on n'y adhère pas, mais
12:24elle ose quelque chose d'invraisemblable en se rapetissant en petite Aline avec son
12:30visage actuel, visuellement c'était assez dingue.
12:32Un biopic, doit-il raconter toute une vie ou trouver son angle ?
12:36Ah ben un angle, alors là pour le coup non, c'est plus possible.
12:40Les derniers jours de la Calas pour vous ? Oui pour moi ça marche, mais c'est vrai
12:43que bon, Aznavour qui est de l'enfance à 80, printemps et plus, on a l'impression
12:49de voir une fiche Wikipédia illustrée en 2h10 de temps, ce qui est un enfer total,
12:55parce que du coup le film ne s'arrête que sur des faits un peu saillants que le grand
12:59public connaît, on en revient à cette valeur refuge dont parlait Théo, alors voilà,
13:05je suis un jeune artiste bohème, j'ai un pinceau en poche, je me balade sur les grands
13:09boulevards, je lève la tête, pof, la chanson, je me voyais déjà en haut de l'affiche.
13:12Là on a envie de crever quand même quand on voit ça, mais c'est pas le but du cinéma.
13:17Et puis surtout, ça ne fait que survoler, parce qu'une vie n'est évidemment pas
13:20réductible à 2h, quand bien même le film ferait 2h30 de temps, c'est pas possible.
13:26Donc on est en survol, en vol plané sur toute une vie, et rien n'est véritablement creusé.
13:32Quand il y a un angle, que ce soit sur un élément de la vie d'un artiste, en l'occurrence
13:38par exemple Bob Dylan, le film se circonscrit de 1961 à 1965, ce moment précis où il
13:43va tourner le dos au folk traditionnel et inventer le rock folk, on va dire, électrique.
13:49Un problème de tube, il est créé à ce moment-là, un nombre incroyable de tubes.
13:52Absolument, mais là voilà, le film s'arrête pile à ce moment-là, on n'a qu'un aperçu
13:58de ce moment de la vie de Bob Dylan qui est important et pour lui et dans l'histoire
14:02de la musique.
14:03Même avis pour vous Théo ?
14:04Ouais, alors je nuancerais un tout petit peu en disant que je pense qu'on peut couvrir
14:08toute une vie en termes de plage temporelle, tant qu'on sait se resserrer quand même
14:12sur un enjeu.
14:13J'ai un exemple pour ça qui est le maestro de Bradley Cooper que je trouvais très réussi
14:16sur Léonard Bernstein, qui passe quand même quasiment toute la vie de Bernstein, mais
14:21qui reste sur une question qui est sa relation avec Félicia Monté-Allégret, sa femme et
14:25son homosexualité cachée.
14:26Et le film en restant sur cette espèce de moelle épinière-là, réussit à ne pas
14:31se disperser.
14:32Pardon, je...
14:33Ferme ma voix.
14:34Parce qu'il est anglais.
14:35Parce que pour le coup, il y a un enjeu et le film est anglais.
14:37C'est ça.
14:38Et donc le film se tient parce qu'il a une seule structure.
14:40On en revient toujours là, la nécessité d'imaginer, de créer, d'interpréter.
14:46C'est pas parce qu'on prend une vie illustre que c'est intéressant.
14:50Il faut travailler le sujet, il faut en arriver à un regard, à une envie de raconter quelque
14:55chose qui n'est pas la vie de quelqu'un, mais qui est le regard qu'on a sur cette
14:59vie.
15:00C'est complètement différent.
15:01Un mot Charlotte ?
15:02Non, mais parce que par ailleurs, un grand artiste n'a pas forcément une vie intéressante.
15:05C'est ça qui est fou, c'est qu'il peut y avoir des artistes ou des interprètes absolument
15:08passionnants, mais il n'y a rien de particulier dans leur vie personnelle qui nécessite d'être
15:13raconté au cinéma.
15:14Je vous remercie tous les trois.
15:16Je vous souhaite d'avoir votre biopic de votre vivant, bien sûr, Charlotte Lipinska.