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00:00Et à 7h19 sur Europe 1, Dimitri Pablenko place à l'édito éco.
00:04Bonjour Olivier Babour, bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:07Ce matin, Olivier, vous nous parlez d'une passion bien française, taxée pour nous faire changer de comportement.
00:12Vous nous dites que cette fiscalité comportementale, elle pose question.
00:16Oui Dimitri, il y a en France une véritable fascination pour la fiscalité comportementale.
00:20L'idée est simple, on taxe davantage certains produits, alcool, tabac, sucre, pour nous inciter à moins les consommer.
00:26Bon, principe économique bien connu, si on augmente le prix d'un bien, la demande baisse.
00:30Mais dans les faits, ce mécanisme est quand même loin d'être aussi efficace qu'on ne le pense.
00:34Alors la première chose qui nous vient à l'esprit en matière de fiscalité comportementale, c'est le tabac.
00:38Eh oui, en 2000, un paquet de cigarettes coûtait environ 3 euros.
00:41Aujourd'hui, il frôlerait les 12,50.
00:43Alors je ne fume pas, je ne suis pas très au courant, mais je crois que c'est ça.
00:46L'État, lui, il en récupère plus de 10 euros sur les 12,50.
00:49Pourtant, donc multiplication par 4, pourtant la consommation n'a baissé que de 7 points en 20 ans.
00:54Déjà ça, mais on aurait pu espérer plus.
00:55Alors pire encore, cette fiscalité est profondément inégalitaire car régressive.
00:59Elle touche beaucoup plus les pauvres.
01:01Et oui, il faut savoir que la prévalence tabagique augmente à mesure que les revenus baissent.
01:0529% des non-diplômés fument quotidiennement contre 16% des diplômés de l'enseignement supérieur.
01:10Un chômeur qui fume, et c'est le cas pour 36% d'entre eux,
01:14paie chaque année environ 2 000 euros en taxes.
01:16C'est énorme.
01:17Pas étonnant que 40% du marché du tabac soit devenu clandestin,
01:20c'est-à-dire pas acheté sur le réseau des burealistes.
01:22Comme toujours, trop d'impôts tuent l'impôt.
01:24Et pour les sodas, c'est la même chose.
01:25Exactement, la taxe sur les boissons sucrées instaurée en 2012 a rapporté près de 500 millions d'euros l'année dernière.
01:31Mais ce n'est pas assez, le prochain projet de loi de la Financement de la Sécurité Sociale
01:34prévoit de l'augmenter à 750 millions, soit 35 centimes par litre.
01:38Qui va payer ? Ceux qui consomment des sodas.
01:41Et là encore, il faut le dire, c'est une consommation qui est inversement proportionnelle au niveau social.
01:45Plus on est modeste, plus on boit de soda, c'est ça l'idée.
01:47Pendant ce temps, le vin, il échappe un peu à cette logique.
01:51Oui, la France et son vin, c'est quand même spécial.
01:53Évidemment, un litre de vin, il est taxé 4 centimes, donc c'est 10 fois moins qu'un litre de Coca-Cola.
01:57Donc l'alcool qui est présent dans le vin, c'est 4 centimes par litre, et c'est 35 centimes pour le sucre dans les sodas.
02:02C'est quasiment 10 fois plus.
02:03Et pourtant, depuis 2005, la consommation de vin a chuté de 25%
02:06sans qu'on ait besoin de sortir l'arme fiscale, ce qui prouve bien que les comportements peuvent évoluer indépendamment du prix.
02:11Pourquoi on s'acharne alors avec ces taxes comportementales si elles ne fonctionnent pas ?
02:16C'est très simple, c'est une manière discrète mais redoucement efficace de ponctionner toujours plus d'argent.
02:20L'État compte bien sur ses recettes, et si elle a tenu leur but, c'est-à-dire de stopper les consommations,
02:24ces recettes manqueraient, il faudrait trouver une autre moyen d'avoir l'argent.
02:27Mais ces deux choses que je viens de décrire vont quand même devenir de plus en plus évidentes.
02:30D'une part, l'hypocrisie de taxes censées changer les comportements,
02:34mais qui font face à des consommations relativement inélastiques au prix, comme disent les économistes.
02:37Et puis, d'autre part, l'effet régressif assez gênant, puisqu'il touche principalement les classes populaires.
02:42Alors peut-être alors parlera-t-on plus d'autres solutions plus convaincantes pour faire changer les comportements.
02:46Éducation, prévention, action sur l'environnement social et familial, accès à des produits moins risqués,
02:51et à des solutions pratiques de comparaison.
02:53C'est de l'économie finalement, l'éducation aux comportements.
02:56Ah totalement.
02:57Signature en ropin, Olivier Rabeau.
02:58Bonne journée, merci Olivier.