Le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Eric Coquerel, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour, Éric Coquerel.
00:01Bonjour, Sonia Mabrouk.
00:02Bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:04Vous êtes le président de la Commission des finances
00:07de l'Assemblée nationale,
00:08également député LFI de Seine-Saint-Denis.
00:10Votre parole est importante en ce jour.
00:12Il y a une motion de censure tout à l'heure sur le budget,
00:14un budget qui ne satisfait pas grand monde,
00:16Éric Coquerel, et pourtant,
00:17tout cela risque de passer, selon toute vraisemblance,
00:20les socialistes et l'ERA ne votant pas la censure.
00:24Est-ce qu'à cette heure-ci, vous en appelez à des dissidences,
00:27notamment au sein du Parti socialiste ?
00:28À cette heure-ci, j'appelle tous les opposants
00:31à voter pour la censure, donc contre le budget.
00:33Pourquoi ? Tout simplement parce que, vous le savez,
00:35le budget, ça détermine si vous êtes dans une majorité
00:38ou dans une opposition. C'est le texte à décisif.
00:41Et à partir du moment où il y a un 49-3,
00:43la seule façon de s'opposer au texte,
00:45c'est la motion de censure.
00:47Que ce soit les socialistes,
00:48ou même, d'ailleurs, le Rassemblement national,
00:50pour des raisons différentes...
00:51L'insoumis que vous êtes appelle aussi les dissidences au sein du RN.
00:54J'appelle les opposants, quelque part,
00:56à respecter leur engagement devant les électeurs.
01:00Et donc, sur nos bases, la motion de censure va être sur nos bases.
01:05La critique du budget, elle va être sur nos bases.
01:07Oui, ça ne me pose pas de problème d'en appeler à tous.
01:10Pourquoi ? Parce que je regarde l'intérêt général du pays.
01:12L'intérêt général du pays, c'est que ce budget ne passe pas,
01:14parce que c'est un mauvais budget, récessif, d'austérité,
01:18qui fait toujours la part belle, en réalité,
01:19aux plus riches et aux très grandes entreprises,
01:22au détriment de tous ceux qui travaillent.
01:24Donc, je trouve que mon rôle est de faire en sorte
01:28qu'il ne soit pas adopté.
01:30Et rentrant dans le détail, Eric Coquerel,
01:32vous dites pour l'intérêt général,
01:33mais chacun voit l'intérêt général du pays différemment.
01:36Par exemple, pour le Parti socialiste,
01:37les concessions ne vont pas à nos dignes.
01:39Sur le fonds, abandon du déremboursement des médicaments,
01:42annulation de la suppression des 4 000 postes dans l'éducation,
01:45augmentation du budget de l'hôpital public.
01:47Moi, je ne peux pas croire que vous y êtes opposé.
01:48Mais oui, mais malheureusement, ça, c'est la façade.
01:53Déjà, il y a beaucoup de choses de ce qu'a proposé M. Béroux
01:56qu'on n'avait gagné que la censure, d'accord ?
01:58C'était, par exemple, l'augmentation des taxes sur l'électricité.
02:01Vous savez qu'il était à un point, ils avaient dû le lâcher.
02:04Ou l'indexation des retraites, on l'avait gagnée que la censure.
02:08Donc, ce n'est pas M. Béroux qui fait des concessions.
02:10Les concessions de M. Béroux, elles sont infimes,
02:13et en réalité, elles sont, à chaque fois, des contreparties.
02:15Je donne juste un exemple, vous allez comprendre.
02:174 000 postes d'enseignants préservés,
02:19c'est 50 millions pour l'État.
02:22Mais d'un autre côté, le même M. Béroux
02:24baisse de 225 millions d'euros le budget de l'Éducation nationale.
02:27Voilà. Donc, tout est comme ça.
02:28Donc, en fait, en réalité, c'est des fausses concessions.
02:31Ça reste un budget qui est plus austéritaire
02:33que celui de M. Barnier,
02:34parce qu'il baisse les dépenses publiques
02:36de 6,5 milliards, de plus que M. Barnier.
02:39Et ça, c'est l'avis des Français qui va être impacté tous les jours
02:42en éducation, logement, travail, etc.
02:44Mais, Éric Coquerel, quand même, par rapport à un autre spécialiste...
02:46Vous êtes un spécialiste de ces questions-là.
02:47Il y a un autre spécialiste qui était sur ce plateau
02:49il y a quelques jours, que vous connaissez bien.
02:51Il n'est pas de votre parti, mais vous vous entendez bien avec lui.
02:53C'est Charles de Courson, rapporteur, justement, du budget.
02:55Il dit que ce n'est pas du tout un budget d'austérité.
02:58Contrairement à ce qu'assure le gouvernement,
03:00les dépenses publiques continuent d'augmenter avec une hausse,
03:02écoutez bien, de 27 milliards d'euros par rapport à 2024.
03:06C'est une austérité. Elle est douce.
03:08Comme vous l'avez dit, on s'entend bien,
03:09parce qu'on a le respect du Parlement chevillé au corps tous les deux.
03:12Voilà. Mais par contre, on n'est pas d'accord sur le plan politique.
03:15En fait, si vous voulez, pour bien comprendre,
03:17moi, je regarde les moyens de l'État.
03:19Ça s'appelle le périmètre de l'État, d'accord ?
03:20Et j'ai les mêmes chiffres que le gouvernement.
03:22C'est-à-dire ce qui permet à l'État de fonctionner,
03:24d'investir, de subventionner les associations.
03:27Et ça, ce périmètre-là, très clairement, il baisse de 24 milliards d'euros.
03:31Je parle plus juste du budget de l'État par rapport à 2024.
03:34Donc, c'est un budget d'austérité.
03:36Charles de Courson, pour aller vite, par exemple, je vous donne un exemple.
03:38Il regarde l'intérêt de la dette.
03:40Alors, effectivement, l'intérêt de la dette augmente.
03:42Ce n'est pas rien.
03:42Oui, mais vous comprenez que ça,
03:44ce n'est pas les services rendus aux Français.
03:46On va dire que dans les services rendus aux Français,
03:48dans ce que fait l'État, il y a une baisse considérable de budget.
03:52Donc, c'est un budget d'austérité.
03:53Et d'ailleurs, la ministre Monchalin,
03:54c'est un des seuls points d'accord que j'ai avec elle,
03:56revendique que c'est le budget le plus austère depuis 25 ans.
04:00Mais alors, autre point de désaccord,
04:01qu'est-ce que vous répondez, Éric Coquerel ?
04:02Et ici, encore, à votre place, il y a Jordan Bardet.
04:05Et dis-moi, je ne veux pas ajouter l'incertitude à l'incertitude.
04:07Le chaos au chaos en votant une nouvelle censure.
04:10Oui, mais ça, c'est tous ceux qui veulent
04:12que la politique de M. Macron continue jusqu'en 2027.
04:16Il fait partie de ces gens-là, très certainement,
04:18parce qu'il a très envie qu'il n'y ait pas
04:20une accélération des processus politiques.
04:22Vous savez que nous, on demande la démission de M. Macron.
04:24Lui, il ne la souhaite pas, parce qu'il se dit que 2027,
04:26c'est peut-être son tour par rapport à Mme Le Pen.
04:27Est-ce qu'il y aura un chaos ?
04:28Je pense que c'est ça qui le guide.
04:29Mais ça ne doit pas être ce genre de choses.
04:31Aujourd'hui, il faut bien comprendre qu'il y a un budget.
04:33Il faut qu'ils arrêtent de nous dire ça.
04:35Il y a une loi spéciale qui a été votée.
04:36Elle permet de dupliquer les budgets de 2024 cette année.
04:40Et il y a un pays qui fait ça depuis trois ans.
04:42Elle est très restrictive, cette loi spéciale.
04:44Elle est très restrictive parce que le gouvernement l'a voulu ainsi.
04:46Le gouvernement a choisi d'avoir la vision
04:49la plus restrictive du budget.
04:51Je vous donne un exemple.
04:52Ça fait la une de l'actualité hier.
04:54Les emplois de services civiques.
04:56Les communes nous disent qu'on n'a pas de visibilité,
04:58qu'on ne sait pas, etc.
04:59Mais c'est le gouvernement qui a décidé
05:01de ne pas prendre les subventions votées en 2024,
05:03qui existaient, la ministre le reconnaît,
05:05et de les dupliquer en 2025.
05:06C'est un choix qu'ils ont fait pour après nous dire
05:09qu'il n'y a pas de budget, c'est une catastrophe.
05:11Mais ce serait d'un cynisme incroyable.
05:12Décider de couper les crédits pour dire ensuite...
05:15Je vous rappelle que c'est les mêmes qui nous expliquaient
05:17qu'avant la première censure, si on la votait,
05:19les fonctionnaires n'allaient plus être payés
05:20et les cartes vitales n'allaient plus fonctionner.
05:22Vous avez vu que tout ça n'a pas existé.
05:23L'argument n'était pas vrai sur les cartes vitales.
05:25Il n'y a pas eu de suite sociale sur le pays.
05:26Et là, c'est la même chose qu'on nous fait.
05:27La seule différence, c'est que cette fois-ci,
05:29il y a des opposants, je pense au Parti socialiste,
05:31je pense à des gens comme M. Bardella,
05:33qui, pour, quelque part, avoir le prétexte
05:35de ne pas voter la censure, abonde à ce récit.
05:38Et c'est un faux récit.
05:39Il y a un budget que les gens ne s'inquiètent pas.
05:41Que les gens ne s'inquiètent pas,
05:42mais ceux qui nous regardent et nous écoutent ce matin,
05:44M. Coquerel, est-ce que vous pouvez leur dire,
05:46les yeux dans les yeux,
05:47qu'il n'y aura pas d'augmentation d'impôts
05:50si le budget ne passe pas ?
05:51Alors là, une chose facile...
05:52Pas d'augmentation d'impôts.
05:54Vous avez cité Charles de Courson.
05:57D'accord ? Tous les deux,
05:58on a fait une proposition au gouvernement en décembre.
06:00On leur a dit, écoutez, il y a des mesures
06:02qui font l'unanimité au Sénat et la majorité.
06:05On fait passer une loi d'urgence,
06:07par exemple, sur cette histoire d'indexation
06:09des barèmes d'impôts.
06:10Et puis, voilà, ça passe.
06:11Comme ça, on arrête d'inquiéter les gens pour rien.
06:14Puis après, on discute du budget.
06:16Voilà, ça, c'est toujours possible.
06:17Si aujourd'hui, le budget a été censuré,
06:18le gouvernement, demain, peut très bien faire passer
06:20cette loi d'urgence, ça s'appelle le DDOF.
06:22Je vous embête pas avec les acronymes.
06:24C'est technique, mais c'est important.
06:25Et faire en sorte qu'en quatre jours,
06:27c'est voté à l'Assemblée, puisque nous sommes tous d'accord.
06:29Donc, qu'ils arrêtent de faire peur.
06:30C'est eux qui organisent le sabotage
06:32de leur propre budget pour inquiéter
06:34et pour faire en sorte qu'on se dit
06:36qu'il vaut mieux un mauvais budget que pas budget du tout.
06:38Mais c'est un faux choix.
06:39Et ça veut dire que tout à l'heure,
06:40tous ceux qui ne voteront pas la censure sur le budget,
06:43qui est, rappelons-le à nos téléspectateurs,
06:45la seule manière de s'opposer à un budget en cas de 49-3,
06:48ça veut dire que vous les considérez,
06:49Éric Coquerel, comme des appuis au gouvernement ?
06:52Très clairement.
06:53Le RN et le Parti socialiste des appuis.
06:55En tout cas, très clairement, c'est ce qui détermine
06:57si vous êtes en soutien ou contre un gouvernement.
06:59Si vous votez pas la censure, vous laissez passer un budget,
07:02dont je vous rappelle qu'il a des conséquences très graves.
07:05Par exemple, pour les prix non réglementés de l'EDF.
07:07Pour tous les gens qui ont des prix non réglementés,
07:10ça va faire 8 à 9 % de prix de l'électricité.
07:12Par exemple, pour les auto-entrepreneurs,
07:14les toutes petites boîtes qui ont jusqu'à maintenant,
07:17qui ne collectent pas la TVH qu'il y a maintenant
07:19en dessous de 37 000 ou 85 000 euros,
07:21on va la baisser à 25 000,
07:22ils vont être dans des problèmes administratifs sans fin,
07:25ils vont devoir augmenter leurs prix,
07:26et donc la plupart ou beaucoup vont terminer
07:29à fermer la porte de leur boutique
07:31ou de leur petite boîte de services.
07:33Tout ça, c'est dans le budget.
07:34Ce budget, c'est un chaud strap à austérité.
07:36Par contre, ça protège les plus riches, les grandes entreprises,
07:38parce que vous avez remarqué que les taxes sur ces boîtes,
07:41c'était deux ans avec Barnier, là, c'est plus qu'un an.
07:43Et pourtant, une partie de la gauche,
07:44puisque les socialistes restent de gauche,
07:46va quand même ne pas voter cette censure.
07:48Certains de vos collègues ont eu des mots forts,
07:50les qualifiants de traîtres.
07:52Moi, je me dis, si vous qualifiez vos anciens amis de traîtres,
07:54qu'est-ce que vous pensez de vos adversaires ?
07:57C'est pas...
07:59Le terme traître, il est très clair.
08:00C'est qu'on a pris un engagement dans les électeurs.
08:03Excusez-moi, pour moi, c'est important, d'accord ?
08:04On est élus sur un programme.
08:06Première ligne, on s'oppose au macronisme.
08:08Et là, on va permettre de le perpétuer.
08:10Donc, ceux qui ne votent pas la censure
08:11trahissent leur engagement, c'est aussi simple que ça.
08:14Et je le regrette.
08:15Et c'est pour ça que, là, ce matin,
08:18on est à 8h20, à peu près, voilà.
08:19J'appelle les députés socialistes à rompre les rangs,
08:23à ne pas écouter les consignes de leur parti
08:25et à respecter leur mandat
08:26qu'ils ont pris devant leurs électeurs.
08:28Et puis, on verra bien à l'arrivée
08:29qui aura trahi ses engagements ou qui ne l'aura pas.
08:32J'espère que suffisamment l'auront fait
08:33pour que la censure passe. Je le crois encore.
08:35Je sais que la question vous est posée,
08:37mais là, vraiment, elle devient cruciale.
08:39Si tout à l'heure, le Parti socialiste vote
08:41comme un seul homme ou comme une seule femme...
08:43Je crois pas.
08:44Pourtant, en réunion de groupe, c'était à l'unanimité.
08:47Vous verrez qu'il y aura des dissidents.
08:48Le NFP est mort.
08:50Non, le Parti socialiste ne fera plus partie du NFP.
08:53C'est un cadavre à la renverse.
08:54Les pro-communistes, écologistes et insoumis
08:56vont voter ensemble la censure.
08:58Mais au fond, monsieur Gréel, pourquoi c'est LFI
09:00qui serait le seul maître à bord ?
09:02Je viens de vous citer trois groupes
09:03qui vont voter ensemble la censure.
09:05On n'est pas seul maître à bord.
09:07C'est le programme qui est seul maître à bord.
09:09C'est ça qui nous engage.
09:10Vous savez très bien que, à force de ne pas respecter
09:13les programmes, les gens en ont eu marre, de la politique.
09:16Ils se sont détachés de ces partis, de ces hommes politiques...
09:19Un NFP, c'est une alliance...
09:20Par exemple, notre ennemi, c'est la finance.
09:23Ils font tout l'inverse.
09:24Une des raisons pour lesquelles le Parti socialiste
09:27est en train de bouger, c'est le poids que M. Hollande
09:30reprend dans le Parti socialiste.
09:32Les gens n'en veulent plus.
09:33Tout à l'heure, se joue un peu cette question.
09:35Est-ce que la gauche, que nous avons reconstituée
09:38avec le Nouveau Front Populaire, respecte ses engagements ou pas ?
09:41Si le Parti socialiste ne le fait pas,
09:43c'est eux qui en paieront les conséquences.
09:46Quel bilan vous faites de votre stratégie politique, électorale ?
09:49Il y a très peu de chances pour que vous renversiez le gouvernement.
09:53Les socialistes ont pris leur distance avec vous.
09:55Vous avez été défait à Villeneuve-Saint-Georges
09:58après avoir, pour certains, fanfaronné.
10:00Vous ne voyez aucun signal d'alerte qui s'allume ?
10:03Non, à Villeneuve-Saint-Georges, on a fait grimper
10:05le résultat de la gauche au deuxième tour des municipales
10:08de 10 points.
10:09La défaite est une victoire.
10:11Ne reprenez pas les trucs de Ruffin comme ça.
10:13Je cite...
10:15Il ferait mieux, des fois, d'arrêter de tirer contre son camp,
10:18mais c'est quelque chose qu'il pratique depuis trop longtemps.
10:21Donc, arrêtons avec ce genre de choses.
10:23On a augmenté le résultat de 10 points.
10:26Je ne dis pas que c'est suffisant, que c'est une victoire,
10:29mais c'est pour nous un acquis.
10:30Mais ce que je considère, c'est que la bataille que nous menons,
10:34elle part d'un point, c'est qu'en juillet dernier,
10:36nous étions la coalition arrivée en tête.
10:39Aujourd'hui, ceux qui nous gouvernent sont illégitimes
10:42car ils n'auraient jamais dû appliquer leur politique.
10:45Cette bataille-là, on va continuer à l'amener.
10:47Le Parti socialiste va revenir sur sa décision,
10:50en tout cas, avec les députés socialistes.
10:52Si ce n'est pas le cas, on le fera avec tous ceux
10:55qui restent fidèles à leurs engagements.
10:57Bataille politique, culturelle.
10:59Hier, Jean-Luc Mélenchon, à Nantes, a appelé aux grands remplacements.
11:03Je cite... Vous écoutez votre patron, quand même.
11:06Pas tous les jours, mais souvent, ce week-end, notamment.
11:09Il a parlé de grands remplacements.
11:11Il m'arrive de citer Jean-Luc Mélenchon dans le texte.
11:14Il a parlé de grands remplacements,
11:15d'un changement des populations dans les territoires ruraux.
11:19Vous reprenez le mot, de grands remplacements ?
11:21Vous me l'assortez du contexte.
11:23Vous pouvez me faire confiance.
11:25Allez-y, continuez. Je sais pas.
11:26On peut peut-être retrouver l'extrait et le passer tout de suite ?
11:30Non, mais allez-y.
11:31Vous avez été l'un des théoriciens, d'ailleurs,
11:34de cette créolisation expresse.
11:35Ma question, est-ce que vous appelez
11:37un grand remplacement des populations,
11:39des moeurs de la culture française ?
11:41Je vais reprendre les propos de Mélenchon.
11:43Dans quel cadre ?
11:45Nous disons qu'il y a une nouvelle France.
11:47Par exemple, en 1958, un Français sur dix
11:49avait un grand-père, un grand-parent étranger.
11:52Aujourd'hui, c'est un sur quatre.
11:54Je peux vous donner beaucoup d'éléments comme ça.
11:57En 1958, 50 % des Français habitaient en Léville.
11:59Aujourd'hui, 80 %.
12:00Donc, il y a un nouveau pays, une nouvelle France,
12:03des nouvelles générations, qui n'ont ni les mêmes modes de vie...
12:07J'allais dire qu'ils ne sont pas...
12:08Parce que ce que je viens de vous déterminer...
12:11L'assimilation, c'est épouser les modes de vie du pays...
12:14Les modes de vie du pays, c'est pas...
12:16Il n'y a pas des modes de vie du pays hérités.
12:19Il y a ce que le pays est.
12:20Il n'y a pas de culture, il n'y a pas de nation,
12:23il n'y a pas de langue.
12:24Vous savez que notre nation est basée sur un fait politique,
12:27l'adhésion à la République.
12:29On est français, la carte d'identité française
12:31fait qu'on n'est pas français parce qu'on aurait une culture
12:36issue de plusieurs centaines d'années.
12:39On est français parce qu'il y a un moment donné,
12:41on considère que c'est un fait politique,
12:43on appartient à la République et on est français à part entière.
12:47Il y a la République, il y a la nation.
12:49La nation se définit sur une langue, sur une culture ?
12:52Non, pas du tout.
12:53La nation se définit sur la citoyenneté en France.
12:56Elle ne se définit pas sur des conceptions ethniques.
12:59C'est la différence avec l'extrême droite.
13:01Je suis pour la nation telle qu'elle est héritée
13:04depuis la Révolution française.
13:06Et à partir de là, cette nation-là,
13:08c'est les gens qui la composent, qui la font vivre, la font évoluer.
13:12Aujourd'hui, par rapport au passé, il y a des évolutions.
13:15Quand vous avez, par exemple, un pays
13:17où la paysannerie, en 45, représentait à peu près 50 %
13:21de la population active, aujourd'hui, elle représente 2 %,
13:24inévitablement, ça crée des différences.
13:27Je ne juge pas en termes de valeur, mais ça crée des différences.
13:30C'est ça que nous appelons la Nouvelle France.
13:32J'en fais partie.
13:34Est-ce que vous leur dites, venez comme vous êtes,
13:36il y a des mœurs ?
13:37Je vais terminer la question.
13:39Il y a une histoire partagée.
13:41Est-ce qu'il faut s'assimiler et partager cette même histoire ?
13:45Non, il faut partager les valeurs de la République,
13:48liberté, égalité, fraternité.
13:50Il n'y a pas aussi culture, mœurs ?
13:52Je ne sais pas ce que c'est.
13:54La culture française ?
13:55Je dois vous l'expliquer ?
13:57Vous êtes plus jeune que moi,
13:58mais dans la culture française,
14:00je suis né, par exemple,
14:02il n'y avait pas beaucoup de rock en France.
14:04Vous avez vu, aujourd'hui, que c'est des formes de musique.
14:07Le rap n'existait pas. Cette culture évolue.
14:10Elle évolue aussi en fonction, j'allais dire,
14:14d'une mondialisation au niveau de tout ce qui nous vient de l'étranger.
14:19C'est pas plus mal.
14:20Le tout, c'est que, quelque part, le creuset dans lequel tout se passe,
14:24c'est le creuset politique de la République.
14:26Liberté, égalité, fraternité.
14:28C'est ce qui fait la nation française et notre fierté dans le monde.
14:32Égalité homme-femme, un certain esprit français,
14:34le droit au blasphème, tout ça fait partie de la culture.
14:37Les femmes, dans les années 60,
14:39ne pouvaient pas avoir un compte-chèque à leur nom.
14:42Elles ne pouvaient pas décider d'un divorce.
14:44Je vous rappelle, la contraception était interdite.
14:47Tout ça a fait des évolutions
14:49qui permettent d'avoir les conditions matérielles.
14:52C'est pas encore réalité de l'égalité.
14:54Tout ça fait évoluer une population.
14:56C'est plutôt positif.
14:58Permettez-moi de saluer un grand français,
15:00écrivain français détenu depuis 81 jours.
15:03Bonalem Sansal...
15:04Il faut libérer.
15:05Merci de le dire.
15:06Vous n'êtes pas en accord avec certains dans votre groupe ?
15:09Je suis en accord avec les positions du groupe,
15:12qui est de dire qu'il doit être libéré
15:14et qu'il y a d'autres personnes comme ça
15:16dont la France devrait exiger des libérations.
15:19Je pense qu'on doit toujours être du côté de la liberté d'opinion.
15:22Rima Hassan appréciera. Merci, monsieur Coquerel.
15:25C'était votre grande interview. Bonne journée.