Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Rafik Smati, bienvenue dans Patron en question.
00:02Merci pour votre invitation.
00:03Vous dirigez le groupe Aventers.
00:05Qu'est-ce que ça veut dire d'ailleurs ce nom ?
00:07Écoutez, Aventers, c'est le nom d'un groupe
00:10qui réunit en réalité des sites Internet grand public.
00:12Oui.
00:13Dromader.com.
00:14Oui, je connais. Super.
00:15Vous connaissez, qui est un site Internet
00:18qui est présent sur la toile depuis 98,
00:20spécialisé dans l'envoi de cartes de vœux.
00:21Un autre site qui s'appelle Uprint,
00:23qui est une imprimerie en ligne.
00:24Et plus récemment, un site qui cartonne d'ailleurs,
00:26qui s'appelle Kiseo,
00:27qui est spécialisé dans les cadeaux personnalisés.
00:31Et pourquoi ça s'appelle Aventers ?
00:32Ça veut dire quoi Aventers ?
00:33Tu mets bien les noms.
00:34C'est l'aventure,
00:36mais telle qu'on l'imaginait nous
00:39quand on a décidé cette marque au début des années 2000.
00:42Il y avait un petit côté Avengers,
00:43mais c'était créatif, disons.
00:48Mais on est assez peu connu en réalité sur le nom de groupe.
00:52Vous avez été le premier en fait.
00:53Oui, vous avez été le premier pour Dromader.
00:55On a été parmi les premiers.
00:57C'était un concept qui existait aux Etats-Unis,
00:59que j'ai créé alors que j'étais encore étudiant
01:02à l'école Centrale Paris.
01:03Et donc, je faisais les deux en même temps.
01:06Et d'ailleurs, quelque chose d'assez marrant,
01:08c'est que c'était au tout début de l'Internet.
01:12Je sentais que c'était un univers qui s'ouvrait devant nous.
01:16Et lorsque mon papa m'avait posé la question,
01:19alors que j'étais encore étudiant à Centrale,
01:21et j'avais lancé Dromader,
01:22il m'a dit, qu'est-ce que tu comptes faire comme stage ?
01:25Dans quel grand cabinet de conseil tu vas aller ?
01:27Non, mais non, papa, je vais continuer Dromader.
01:29Il me dit, mais attention, tu es sûr de ce que tu fais Internet ?
01:32Tu es sûr qu'il y a un business ?
01:33Je dis, tu verras.
01:35Alors, par contre, c'est intéressant comme question,
01:37parce que business, oui, mais si mes souvenirs sont bons,
01:39c'est gratuit les cartes Dromader ?
01:41Alors oui, les cartes Dromader sont gratuites.
01:44Oui.
01:44A l'origine, et c'est encore le cas en partie aujourd'hui,
01:47financées par un modèle publicitaire.
01:49Mais la publicité...
01:50Parce que si mes souvenirs sont bons,
01:52pour la fête des entreprises, je crois que j'ai été...
01:54Vous m'avez même fait une carte, il me semble, à l'époque.
01:57Sur J'aime ma boîte, la fête des entreprises.
01:58Exactement.
01:59Et donc, je me souviens très, très bien de ce site.
02:01Mais donc, où était le modèle économique si c'était gratuit ?
02:04Alors, au début, initialement, modèle économique publicitaire,
02:06c'est-à-dire qu'on réalise beaucoup d'audience,
02:07parce qu'il y a quand même des millions de cartes qui partent chaque année.
02:10Donc, on réalise beaucoup d'audience,
02:11qu'on monétise en partie en revenus publicitaires.
02:13Mais comment on les monétise ?
02:15Par les affichages de publicité sur le site Internet.
02:18D'accord, vous vendez de la pub sur Internet.
02:20Exactement, sauf que le marché de la pub a évolué.
02:22Aujourd'hui, il est phagocyté en très grande partie par les GAFAM.
02:25Aujourd'hui, quand vous voulez investir de la pub,
02:27vous l'investissez en priorité chez Google, chez Facebook
02:29et même maintenant chez TikTok.
02:31De sorte qu'on a diversifié le modèle économique.
02:33Et aujourd'hui, l'essentiel de notre modèle économique,
02:34c'est un modèle e-commerce.
02:36Et c'est comme ça qu'on a lancé Uprint pour faire de l'impression en ligne.
02:38Malin, vous imprimez les mêmes cartes qui sont gratuites.
02:41C'est un peu ça, c'est un peu ça.
02:43Mais aussi, bien sûr.
02:44C'est un peu ça.
02:44Et puis, avec Kiseo, ce sont des objets,
02:46c'est-à-dire que ce ne sont plus que des cartes pour souhaiter les jolis anniversaires.
02:49Et Kiseo, ça veut dire baiser ?
02:52Qui est-ce ? C'est écrit comment ?
02:54C'est K-I-S-E-O.
02:57C'est une marque qui est porteuse d'affectifs,
03:00parce que nous, on est un site familial.
03:01On est au cœur des moments de vie des Français.
03:04Et c'est une marque qui a le mérite d'être internationale,
03:07ce qui est important pour nous,
03:08puisque nous sommes également très forts en Allemagne, notamment,
03:10et présents aussi en Italie et en Espagne.
03:14Oui, ce qui est encore plus affectif.
03:16Et ça se développe bien à l'étranger ?
03:18En Allemagne, ça cartonne.
03:20On est l'un des acteurs majeurs du marché allemand.
03:23C'est plus symbolique sur l'Italie et sur l'Espagne.
03:26Alors, ce qui m'a intéressée beaucoup, figurez-vous,
03:29c'est que vous vous êtes planté, de temps en temps,
03:32et que, je veux dire, nous, on reçoit les vrais patrons.
03:34Ceux qui commencent de rien, qui démarrent à Centrale ou ailleurs,
03:39et qui ont des échecs.
03:40Or, vous avez eu des échecs.
03:42Parce qu'effectivement, d'abord, le modèle économique au début,
03:44ce n'est pas évident.
03:47Quels sont les échecs qui vous ont fait rebondir ?
03:50Il y en a eu plusieurs, mais le plus marquant, c'est le premier.
03:53J'ai lancé ma boîte, c'était le début de la bulle Internet.
03:57Donc, quand vous êtes dans la bulle Internet, au début des années 2000,
04:00vous avez très vite fait, en particulier quand vous avez 20 ans ou 23 ans,
04:02d'avoir la grosse tête.
04:04Et vous vous prenez pour le maître du monde et vous vous dites que,
04:06finalement, tout est facile, tout déroule.
04:09Et lorsque la bulle Internet s'est écroulée en 2001,
04:12on s'est retrouvés du jour au lendemain.
04:14Mais quand je vous dis, Sophie, du jour au lendemain,
04:15c'est vraiment du jour au lendemain, sans revenu.
04:17Plus rien.
04:19Et ce que je dis parfois, c'est que ce que j'ai compris avec le temps,
04:23c'est que je suis devenu entrepreneur ce jour-là.
04:26C'est-à-dire lorsque j'ai eu à affronter ma première crise.
04:28Pas quand j'ai créé mon entreprise.
04:29Quand j'ai affronté la première crise.
04:31Et ça, je crois que c'est un...
04:34Je pense que tous les entrepreneurs qui nous écoutent le comprendront.
04:36C'est dans l'adversité que l'on se forge et que l'on se...
04:39On le sait toujours, Pierre.
04:39Je veux dire, en ce moment, on sait ce que ça veut dire.
04:42Parce que tous les entrepreneurs qu'on voit sont en train d'essayer de rebondir,
04:46de quand même réussir à transformer.
04:48Tout est arrêté.
04:49Et je veux dire qu'on a vraiment des messages à faire passer
04:53à tout l'univers politique qui pense que c'est lui qui doit gérer les entreprises.
04:56Alors ça, c'est quelque chose de terrible.
04:58Donc vous avez rebondi. Et comment ?
05:00En deux mots.
05:00En faisant évoluer le modèle économique et en se lançant dans l'e-commerce.
05:03Et c'est comme ça qu'on faisait de la carte électronique.
05:05On s'était dit on va faire de la carte papier.
05:06Et cette fois-ci, on va la vendre.
05:08On va la vendre.
05:08C'est du commerce plus traditionnel, mais c'est tangible et c'est intelligible.
05:13Très bien.
05:14Alors maintenant, et pour conclure, vous rêvez de quoi ?
05:17Vous avez senti l'abus de l'Internet.
05:20Maintenant, quel est le rêve d'un entrepreneur ?
05:24Il y a un sujet qui me passionne et qui me fascine et qui m'inquiète en même temps.
05:29C'est la révolution de l'intelligence artificielle.
05:31Moi, je fais partie des pionniers du web français.
05:34Ce que je constate avec l'avènement de l'intelligence artificielle,
05:36c'est ce que j'ai vu dans l'Internet, mais puissance 100.
05:39Pour le meilleur et pour le pire.
05:41Pour le meilleur, avec des gains de productivité énormes, énormes.
05:44Et une vraie révolution en termes de business.
05:45Et pour le pire, aujourd'hui, nous, en Europe, nous sommes inexistants dans ce marché-là
05:49et on est en train de se faire laminer par les autres.
05:51Donc, c'est le mot de la fin.
05:52Vous allez sauver ça et vous allez être notre représentant de l'intelligence artificielle.
05:55Il faut encore trouver le modèle économique, mais ça va venir.
05:58Merci infiniment.
05:59En tout cas, je prends part à ce débat.
06:01Vous avez tout à fait raison.
06:02Merci beaucoup et bonne chance.
06:04On en a besoin.
06:05Merci à vous.