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Pour la nouvelle pièce "Encore une journée divine" mis en scène par Emmanuel Noblet, le comédien François Cluzet est l'invité de Amandine Bégot et Thomas Sotto.
Regardez L'invité de 9h40 avec Amandine Bégot et Thomas Sotto du 06 février 2025.

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Transcription
00:009h44 sur RTL et notre invité, c'est un comédien qu'on aime, François Cluzet, bonjour !
00:08Bonjour !
00:09Et bienvenue sur RTL, vous êtes de retour au théâtre, au théâtre des bouffes parisiens.
00:14Paris, dans la pièce, encore une journée divine, c'est jusqu'au 18 avril.
00:19Avant de parler de la pièce, c'est quoi une journée divine pour vous ?
00:23Allez, ben ça commence chez vous là !
00:28Vous êtes content de vous être levé tôt alors que vous jouiez hier soir ?
00:31Si j'avais su, j'aurais dormi là, je serais encore plus en forme !
00:35C'est quoi, c'est une balade à moto, c'est lire un bouquin sous le soleil ?
00:39Il paraît que vous adorez bricoler aussi, souder les vieilles chaises, c'est vrai ça ou pas ?
00:42Oui, c'est ça exactement.
00:43C'est quand même une passion qui est peu commune.
00:45Oui, c'est vrai.
00:46J'ai trouvé un truc qui me plaît bien, c'est tenter de faire un objet courant tout en lui enlevant sa fonction,
00:52c'est-à-dire une chaise où on ne peut pas s'asseoir, ce genre de truc.
00:56Une lampe qu'on allume pas.
00:57Oui, voilà, c'est ça.
00:58Et quels intérêts, pardon ?
00:59Aucun.
01:00Très bien.
01:01C'est peut-être ça qui me plaît le plus.
01:03Alors en général, quand on vous reçoit depuis des années, François Cluzet, c'est pour nous parler d'un film.
01:06Là, c'est pour du théâtre, ça fait 25 ans que vous n'étiez pas remonté sur les planches.
01:09Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce qui fait que vous avez dit,
01:12j'imagine qu'on a dû vous proposer 40 pièces de théâtre pendant toutes ces années,
01:16pourquoi là vous avez dit, j'ai envie de retenter ce challenge-là ?
01:19Alors peut-être parce que ça faisait 50 ans que j'avais commencé ce métier,
01:22et que c'était un chiffre rond,
01:24que quand j'ai débuté, je me suis dit, je suis passionné, je vais y passer 50 ans,
01:28et puis après, j'aurai 70 ans, si c'est le cas, je ferai l'autre chose,
01:32je ferai un autre boulot, je parcourrai le monde et tout ça.
01:35Je suis arrivé à ces 50 ans en me disant, bah non, j'ai rien envie de faire d'autre,
01:38mais tiens, le théâtre me manque.
01:40Et comme vous le disiez, on m'a proposé des pièces, mais vous savez, jouer tous les soirs,
01:43ça nécessite, quand vous avez un peu d'expérience, d'avoir quelque chose d'un peu costaud.
01:47Si vous jouez mon cul sur la commode, bon, au bout de 15 fois, vous en avez marre.
01:53En termes de costaud, la pièce, elle est bien, quand même.
01:55Oui, moi, je trouve, en tout cas, j'ai été content d'y travailler pendant un an,
01:59parce qu'elle est complexe, et en même temps, c'est l'histoire d'un type qui a un complexe supériorité.
02:04C'est Robert.
02:05Robert, un psy particulier qui se retrouve interné en hôpital psychiatrique.
02:10Qui est mythomane, qui a écrit soi-disant un livre qui s'appelle « Changer le monde »,
02:15et puis qui a un discours très, très, très, très léché, machin,
02:21et finalement, il baratine sans cesse, puisque son idée, c'est
02:24« Mieux je montrerai que je suis en forme, plus on va me lâcher », quoi.
02:28C'est l'idée du psychiatre face à l'autre psychiatre.
02:31C'est assez drôle, parce que, dans cette idée d'être en forme, évidemment,
02:34elle fait beaucoup d'esprit, beaucoup de machin comme ça, et il y a beaucoup de densité.
02:38Mais il est assez radical, quand même, non ?
02:39Ensuite, la manière de soigner, c'est très radical.
02:42En gros, s'il y a quelqu'un qui vous revient pas, vous le supprimez ?
02:44Oui. C'est aussi un peu ce que je pense, mais...
02:50Vous êtes seul en scène. Un an de travail, vous le disiez, c'est énorme ?
02:56Oui, mais finalement, c'est un peu ça.
02:58Dès que vous voulez faire un truc...
03:00Vous savez, un metteur en scène fait un film, il y passe deux ou trois ans.
03:03Bon, là, un acteur, on pourrait tout enchaîner,
03:05mais disons que, déjà, le texte est compliqué à apprendre,
03:08et puis ensuite, comme vous le disiez, ça fait longtemps que je n'étais pas venu au théâtre,
03:12j'avais envie, non seulement qu'il y ait une pièce qui me demande du travail,
03:15mais aussi d'essayer d'approcher un truc qui me plaise,
03:19qui soit divertissant aussi pour moi et pour les gens.
03:21Mais qu'est-ce qui vous a plu sur ce Robert ?
03:24C'est long, le complexe.
03:25C'est un sale type, quand même.
03:27Non, il n'a pas fait de mal à qui que ce soit, c'est à lui qu'il fait du mal, quoi.
03:31Parce qu'il est ciré, complet, enfin, complètement dingo, quoi.
03:35Comme le disait Thomas...
03:36Il est un peu manipulateur, il est un peu complotiste,
03:38il est un peu mytho, il est un peu populiste, il est un peu parano...
03:41Plutôt bien, non ?
03:43Quand je vous vois là, je vous trouve plus sympathique que tout ça, mais...
03:46Et en tout cas, c'est du surmesure, cette pièce.
03:49Parce qu'Emmanuel Loblet, en fait, l'a conçue pour vous.
03:52Oui, c'est aussi ça qui m'a décidé.
03:54C'est rare, vous savez, un metteur en scène, un auteur qui, d'un seul coup,
03:57je dis, j'écris ce truc-là pour vous, si vous ne le faites pas, je ne le fais pas.
04:00Bon, j'ai regardé à deux fois, mais j'y ai trouvé autant de profondeur que de légèreté.
04:04Je me suis dit, tiens, c'est un peu plus dramatique, finalement,
04:06quand on a commencé à travailler.
04:08Non, non, le type essaie d'être très léger pendant au moins une heure
04:12pour convaincre l'autre picade qu'il va très bien et qu'il faut qu'il sorte.
04:16J'adore votre voix. Vous n'allez pas nous parler, j'adore votre voix.
04:19C'est vrai ?
04:20Mais franchement, je pense que...
04:21Je crois à ma bourgoise !
04:23Ah non, mais c'est un atout, cette voix, quand même, non ?
04:26Écoutez, moi, je ne m'entends pas parler.
04:29Non, je ne sais pas.
04:31Je sais que quand, par exemple, je n'ai plus du tout envie de dire, oui, c'est moi,
04:34et que je dis, non, non, écoutez, on me le dit souvent,
04:37non, non, mais ce n'est pas moi.
04:39Les gens dans la rue qui disent, vous êtes François Cluset et vous dites, non, ce n'est pas moi ?
04:41Voilà, oui, c'est ça.
04:42Ah ouais ?
04:43Non, mais pas dans la rue, parce que là, je peux m'échapper.
04:46Mais dans les supermarchés, parce que moi, j'adore continuer à vivre.
04:49Je vais au supermarché, je fais mes courses et tout ça.
04:52Des fois, il y a quelqu'un, ah, je vous reconnais, tout ça.
04:55Si c'est ça, ça va, mais si c'est l'un à côté de l'autre,
04:57et d'un seul coup, le type ou la venette ne me lâche pas, je dis,
05:00non, non, mais franchement, je vous assure, on me le dit souvent,
05:02ah, ah, ah, je vous reconnais à votre voix.
05:04Et là, je suis foutu.
05:06Et pourtant, vous faites ce métier pour l'amour que ça vous procure aussi.
05:10Oui, bien sûr, mais entre l'amour que ça vous procure quand vous êtes en scène
05:15et que les gens, il y a un silence très important dans la salle,
05:18ou des applaudissements, et le fait qu'un abruti, parce que ça arrive,
05:22a décidé qu'il vous ressemblait à quelqu'un qui veut cette photo,
05:26vous l'entendez dire, encore une, encore une, encore une, encore une.
05:30Il y en a un jour qui avait une casquette, il me la met sur la tête,
05:33il me dit, souriez maintenant avec ma casquette.
05:38On est au pays des dingos ou quoi ?
05:40Ça vous énerve, tous ces portables ?
05:42Non, moi, je fais souvent semblant de m'énerver.
05:45Un petit côté Bacri chez vous quand même, non ?
05:48C'était mon meilleur ami, Bacri, oui, c'est ça, un peu de sarcasme, un peu de trucs.
05:53Sauf que Bacri était intègre, moi, je suis plutôt hypocrite et lâche.
05:57Non, c'est pas vrai, c'est pas honnête.
05:59Mais est-ce que vous êtes un peu mytho comme Robert ?
06:01Je l'ai été longtemps, moi, mytho.
06:03Mon père et mon frère et moi, nous étions tous les trois mythomanes.
06:06Vous savez, mythomane, c'est-à-dire ne pas accepter sa condition sociale.
06:10Alors, on vendait des journaux, mais mon père avait une photo
06:14comme quoi il ouvrait la porte de la Rolls de son patron.
06:17On ne voyait pas le patron, on ne voyait que mon père.
06:19Donc, on avait cette photo.
06:21Et qu'est-ce que t'as comme bagnole ?
06:24On baratinait tout le temps.
06:25Mon père se faisait passer pour médecin.
06:27C'est drôle, c'est quand les gens, ils disaient
06:29« J'ai un peu de mal en ce moment, vous n'avez pas un petit médicament pour m'entendre ? »
06:33« Si, si, bien sûr, mais il n'avait rien. »
06:35C'était trop drôle.
06:37Bon, finalement, acteur, du coup, c'était prédestiné.
06:39C'est parfait.
06:41Mais vous savez, c'est drôle, parce que quand j'ai commencé,
06:43on m'a dit « Tu vas jouer une scène, le type s'appelle Sébastien Duval. »
06:48J'ai aucun problème.
06:50Et votre plus gros baratin pour décrocher un rôle ?
06:52Dans la vie, non.
06:54Dans la vie, je ne baratine pas.
06:56Parce que je suis foutu.
06:58J'étais mythomane, mais dès que j'ai commencé le théâtre,
07:00si je continue, là, c'est l'asile qui m'attend.
07:02D'où Robert !
07:04D'où Robert !
07:06La psychanalyse, vous en avez fait une.
07:08Est-ce que ça vous a servi pour ce rôle ou pas du tout ?
07:10Oui, certainement,
07:12puisque là, tout tourne autour de ça.
07:14Mais ça m'a surtout servi
07:16pour enlever une espèce de couche
07:18d'incompréhension,
07:20de pourquoi j'étais triste
07:22alors que je ne savais pas pourquoi.
07:24Ça n'a rien de plus chiant, vous savez,
07:26de porter un sac à dos avec 50 kilos
07:28d'incompréhension.
07:30Donc là, on y passe huit ans, trois fois par semaine.
07:32Le sac est plus léger ou pas ?
07:34Le sac est plus léger au final,
07:36après ces huit ans ?
07:38Oui, alors maintenant,
07:40l'âge aussi permet de s'alléger, c'est la bonne idée.
07:42C'est ça d'ailleurs,
07:44la bonne route,
07:46c'est de s'alléger en vieillissant.
07:48Beaucoup de gens font le contraire.
07:50Moi, je crois qu'il faut être de plus en plus léger.
07:52Vous avez l'air heureux, en tout cas.
07:54Oui, je le suis, mais ce n'est pas que grâce à moi,
07:56c'est grâce aussi à mon épouse
07:58et à mes enfants.
08:00Et au bricolage.
08:02C'est moins spectaculaire,
08:04ça, d'un coup.
08:06Encore une journée divine.

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