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Retrouvez « En toute subjectivité » avec Anne Rosencher sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

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00:00« Il est 7h20, en toute subjectivité, Anne Rosancher, ce matin, Anne, vous posez la
00:10question, pourquoi les comédies tournées dans les Hauts-de-France cartonnent-elles
00:15autant ? » Oui, c'est le succès d'un film qui m'a
00:18inspiré ce sujet, le film, c'est « En fanfare » d'Emmanuel Courcol, qui a déjà
00:22totalisé plus de 2 250 000 entrées depuis sa sortie le 28 novembre dernier, et qui cartonne
00:28aussi bien à Paris qu'en dehors de la capitale.
00:31Peut-être, chers auditeurs, l'avez-vous vu, et peut-être avez-vous expérimenté
00:35comme moi, les applaudissements de la salle à la fin de la séance, ce qui n'est plus
00:39si fréquent par les temps qui courent.
00:41Alors cette histoire de deux Frances que tout oppose, culturellement, socialement, géographiquement,
00:47et qui finissent quand même par fraterniser et raconter avec une grande finesse ce qui
00:52fait, je pense, le succès de ce long métrage.
00:55Mais ce qui m'a frappée, donc, c'est qu'encore une fois, les Hauts-de-France servent
00:59de décor à un succès populaire.
01:01On pourrait remonter à « La vie est un long fleuve tranquille » qui, déjà en 1988,
01:06y situait son intrigue, mais c'est surtout depuis le carton inégalé de « Bienvenue
01:11chez les ch'tis », plus de 20 millions d'entrées en 2008, que le Nord est devenu
01:15le lieu de prédilection de la satire sociale à la française.
01:19Avec ma consoeur Céline Delbecq, nous y avons consacré une enquête de trois pages dans
01:23le Nexpress, où on a listé notamment les comédies nordistes qui ont eu un énorme
01:28succès ces deux dernières décennies.
01:30En plus des ch'tis et d'enfants phares, on trouve ainsi « Rien n'a déclaré »,
01:358 millions d'entrées en 2011, « La ch'ti de famille », 5,6 millions d'encrées
01:40en 2018, « Les Invisibles », 1,3 en 2018 aussi, ou encore « La saga des tuches »,
01:46dont les quatre premiers opus, le cinquième et le dernier sortis hier, ont déjà totalisé
01:5114 millions d'entrées depuis 2010.
01:53Et alors, comment explique-t-on, Anne, ces cartons à répétition ?
01:57Eh bien, on pourrait pointer le fait que la région a investi intelligemment dans
02:01le secteur.
02:02Elle se targue désormais de pouvoir mobiliser rapidement 650 techniciens et 1 200 décors
02:08naturels ou bâtis dans un réseau de 16 villes adaptées au tournage.
02:12Mais je pense que ça n'est pas la raison du succès, non.
02:15La vraie raison tient en une statistique simple.
02:19Entre 1975 et 2019, l'emploi industriel dans les Hauts-de-France s'est vidé de
02:25plus de 62% de ses effectifs.
02:28Voilà.
02:29C'est ainsi que les briques rouges des villes et des bourgs du Nord sont devenus le décor
02:34subliminal d'un traumatisme français nommé « désindustrialisation ».
02:38D'ailleurs, le réalisateur d'Enfant Phare rapporte qu'à la fin de la première de
02:42son film adoué, la salle s'est mise à entonner les corons.
02:47Encore une fois, c'est donc un exemple de ce soft power social et culturel dont je
02:52vous parle souvent, ici, qui a trouvé à faire son chemin, cette fois, par les salles
02:56obscures.
02:57Plus les fractures se creusent, plus nous semblons avoir besoin de les exorciser.
03:01Dans les films, ça se termine souvent bien, dans les urnes, ça tangue sérieusement.

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