• il y a 4 minutes
Avec Hervé Lehman, ancien juge d'instruction, avocat au barreau de Paris et auteur de "Le procès Dupond-Moretti" publié aux éditions du Cerf.

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Transcription
00:00— Ici Sud Radio. Les Français parlent au français. Les carottes sont cuites. Les carottes sont cuites.
00:13— Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:17— Eh bien vous allez écouter une voix, un ancien ministre. Il y a pratiquement 7 ans... 7 ans, c'est ça.
00:28Il disait des choses à la radio très intéressantes. En fait, il était avocat à l'époque. On va en parler tout de suite.
00:37— Sud Radio André Bercov.
00:39— Ça balance pas mal.
00:42— Bercov dans tous ses états. Ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:45— Nous sommes en avril 2018 sur LCI. Et avec la journaliste Audrey Crespo-Marat, elle interview quelqu'un.
00:56Et il lui tient à peu près ce langage écouté.
01:00— Si on vous proposait un poste de ministre de la Justice, vous l'accepteriez ? — Non.
01:04— Sûr ? — Oui, sûr. Vous voulez que je vous le signe ? — Oui.
01:08— Non. D'abord, personne ne me le proposera. Ce sera un bordel. Mais alors... Non mais personne n'aurait jamais l'idée.
01:14Saute totalement saugrenu, incongru, invraisemblable de me proposer cela. Et moi, franchement, je n'accepterai jamais un truc pareil. Non, non.
01:22— Pourquoi ? — Parce que c'est pas mon métier. C'est pas mon métier. Il faut en avaler des couleurs pour faire de la politique.
01:28D'abord, il faut être d'accord avec tous les copains du gouvernement auquel on appartient soi-même, c'est-à-dire quoi.
01:33Il faut manger son chapeau de temps en temps. Non, c'est une discipline. C'est un exercice. J'en ai pas les compétences. Et puis... Non, non, pas du tout. J'aimerais pas faire ça.
01:41— Voilà. Pas du tout. J'aimerais pas faire ça. Je ferai jamais ça. Jamais. Et qui est cette personne ?
01:48Vous l'avez tous reconnu, bien sûr. Il s'agit d'Éric Dupond-Moretti, qui est devenu quelques 2 ans plus tard ministre de la Justice
01:59sous Emmanuel Macron, disons cela. Alors Erwin Lehmann, bonjour. — Bonjour.
02:07— Vous êtes ancien juge d'instruction. Vous êtes aujourd'hui avocat au Parc de Paris. Et vous venez d'écrire le procès Dupond-Moretti aux éditions du Cerf.
02:16Alors justement, c'est quand même tout à fait intéressant. Et vous analysez dans ce bouquin, vous racontez un peu tous les sous-bassements,
02:23comment c'est arrivé et tout, qu'un ministre, qu'un avocat qui s'est fait connaître d'abord sous le surnom d'Aquitator,
02:31parce qu'il a beaucoup de talent et il acquit tout bien, il a fait acquitter en tout cas, et qui, avec les juges, a des relations plutôt conflictuelles,
02:40c'est le moins que l'on puisse dire. Ils n'ont pas pour le side Moretti les yeux de Chimène et vice-versa. Et il devient ministre de la Justice,
02:50garde des Sceaux. Alors d'abord, qu'est-ce que ça signifie avec le recul ? Vous regardez le bilan Dupond-Moretti, vous racontez effectivement
03:00son ascension, avocat ou trop, tout ce qui s'est passé, et puis son combat contre un certain nombre de juges. Et puis le voilà en 2020,
03:10en juillet 2020, il est garde des Sceaux. Et au fond, quelles leçons tirer de là ? Parce que votre livre raconte très très bien ça
03:17avec moult détails. Quelles leçons on peut en tirer ?
03:21— Écoutez, c'était une très très mauvaise idée de nommer Éric Dupond-Moretti garde des Sceaux. Vous l'avez dit, c'était un très grand avocat d'assises,
03:29et il l'était pas du tout fait pour être garde des Sceaux. Il le savait, d'ailleurs, puisque l'interview que vous venez de diffuser le montre.
03:37Il était parfaitement lucide sur ce que... Il dit « ce serait un bordel ». Effectivement, c'est ce qui s'est passé, et c'est ce qui s'est passé ensuite.
03:46Nommer garde des Sceaux, quelqu'un qui tenait des propos aussi virulents à l'égard de la magistrature – je le rappelle dans mon livre,
03:54je vais pas les tenir ici, parce que je les fais pas miens – des propos aussi virulents à l'égard des magistrats, ça ne pouvait que provoquer
04:01une réaction d'hostilité de la part des magistrats. Ça serait comme aller nommer ministre de l'Écologie le président de la Fédération des Chasseurs,
04:08si vous voulez. C'est une provocation. — Ou Marc Dutroux au ministère des Droits de l'Enfance.
04:13— Voilà, exactement. C'est une provocation. Et ça a été ressenti comme tel par les syndicats de magistrats, puisque la présidente
04:20de l'Union syndicale des magistrats, qui est le magistrat majoritaire, considérée comme modérée, a réagi immédiatement en disant
04:28« c'est une déclaration de guerre ». Voilà. Et effectivement, ça a été pris par les magistrats comme une déclaration de guerre.
04:34Et il y a eu une guerre. Et c'est ce que je raconte dans ce livre. C'est cette guerre que je raconte.
04:38Alors cette guerre a fait... Alors justement, parlons-en. Vous racontez dans ce livre – et encore une fois – vraiment qu'il est très intéressant
04:45de lire, parce que... Et cette guerre a eu beaucoup d'épisodes. Vous vous rappelez... D'ailleurs, ça précède tout cela.
04:52Vous vous rappelez Sarkozy. Vous vous rappelez ce qui s'est passé avec Fillon, avec le parquet national financier, etc., etc.
05:01Et en fait, cette guerre, vous diriez que... Alors lui n'est plus ministre de la Justice. On le sait. Les magistrats sont en place.
05:11Est-ce qu'il y a eu un vainqueur ou un vaincu ou pas ? – Alors je dirais qu'on peut considérer qu'Emmanuel Macron et Éric Dupond-Moretti
05:20ont gagné cette guerre, puisque finalement, Éric Dupond-Moretti a été relaxé par la Cour de justice de la République à la fin de l'histoire.
05:28Mais c'est une victoire à l'apyrus. C'est-à-dire que les guerres, ça laisse des champs de ruines. Et donc...
05:35– Et des blessures, et des rancœurs. – Oui. Absolument. Tout à fait. Vous avez tout à fait raison. Et donc on a eu un ministère de la Justice
05:43qui a été quasiment bloqué pendant plusieurs années à cause de cette nomination et des conflits qui s'en sont suivis.
05:49– Ah oui. Véritablement, il y a eu un blocage. – Oui. Imaginez que vous avez un ministre qui peut pas parler à ses syndicats,
05:54et dont les plus hauts responsables des plus hautes juridictions refusent également de le rencontrer et de parler avec lui.
06:02– Et puis il a poursuivi trois juges. – Et puis alors c'est, je dirais, en quelque sorte le point d'accroche de la part des syndicats,
06:11c'est qu'il a deux maladresses lorsqu'il arrive à la chancellerie. La première, c'est de nommer comme directrice de l'école de la magistrature une avocate.
06:20Là encore, c'est une nouvelle provocation. C'est la même que la précédente, si je puis dire.
06:24C'est évidemment très très mal ressenti par les magistrats. Et ensuite, il va engager une enquête, ce qu'on appelle une enquête administrative,
06:34mais qui est en fait une enquête disciplinaire à l'égard de trois magistrats du parquet national financier,
06:38dont la chef du parquet national financier, sur les conditions dans lesquelles une enquête a été menée
06:47et qui a amené à examiner les factures téléphoniques détaillées d'un certain nombre d'avocats, dont Éric Dupond-Moretti.
06:55Et les syndicats de magistrats vont sauter sur cette occasion pour dire « Ah, mais vous êtes en conflit d'intérêt.
07:00Vous commettez une prise illégale d'intérêt puisque vous engagez une procédure disciplinaire comme ministre
07:06sur des faits dont vous vous êtes plaint quand vous étiez avocat. » C'est ça.
07:11— Et donc vous jouez la victime et le bourreau. Enfin le bourreau, en tout cas.
07:16— J'allais dire « Vous êtes jugé parti », si on peut dire. Et en tout cas, vous êtes en conflit d'intérêt.
07:20Et donc ça constitue le délit de prise illégale d'intérêt. Et donc les syndicats de magistrats, le syndicat de la magistrature,
07:27qui est très à gauche, mais également l'union syndicale des magistrats, qui est beaucoup plus modérée et qui représente 60 % des magistrats,
07:34vont ensemble – c'est pas courant – déposer une plainte pénale contre leur ministre.
07:40C'est ça qui est extraordinaire dans cette histoire. — C'est une première, je crois. — Ah oui, c'est une première.
07:45Le syndicat de la magistrature avait déposé une plainte pénale contre Alain Perfit il y a très longtemps, mais qui n'avait pas donné grand-chose.
07:50Mais une plainte pénale de cette consistance, c'est une première. Et c'est une situation qui est absolument insensée.
07:59Cette procédure dans laquelle les syndicats de magistrats, qui représentent 90 % des magistrats,
08:05déposent une plainte pénale contre leur ministre, c'est quelque chose d'absolument insensé. C'est du jamais-vu dans l'histoire de la République
08:13et probablement dans l'histoire de France. — Alors oui, et puis c'est sur fond d'élections présidentielles, c'est sur fond de beaucoup de choses.
08:20Mais moi, ce qui m'a absolument fasciné... Et je voudrais le lire, parce que c'est votre morale. Vous tirez morale de votre livre.
08:27Et j'aimerais le dire aux éditeurs de Sud Radio, aux résistants, à toutes. Vous dites ceci, et je voudrais que vous le commentiez aussi,
08:36comme dans un conte de fées, tout est bien qui finit bien. Écoutez bien. « Le ministre a été relaxé, bien qu'il ait commis deux prises illégales d'intérêt,
08:45mais sans le vouloir, car avocat pénaliste depuis 35 ans, il savait pas trop ce que c'était. Il a pu reprendre son travail normalement.
08:53Le procureur national financier n'a pas été sanctionné, bien qu'il ait commis des manquements déontologiques constitués par un harcèlement moral
09:01et une violation de secret professionnel, ce qui ne constitue pas des fautes disciplinaires. Il profite d'une retraite heureuse.
09:08Le vice-procureur national financier n'a pas été sanctionné, bien qu'il ait commis un manquement déontologique en dénonçant sa chef de service
09:16comme une délinquante, ce qui ne constitue pas une faute disciplinaire. Il a pu donc reprendre son travail normalement sur les affaires politico-financières.
09:25Personne n'a été sanctionné, ni même poursuivi, pour l'enquête parallèle sur les fadettes des avocats, dont celle de Dupond-Moretti.
09:32Mais tout est bien qui finit bien, Hervé Léman. Tout va bien. Personne n'est sanctionné.
09:37Tout va bien qui finit bien. Personne n'est responsable de rien. Simplement, ce que montre aussi toute cette affaire, et ça, c'est quand même assez grave,
09:47c'est les dysfonctionnements très importants du parquet national financier pendant ces années-là, pendant les procédures contre Fillon,
09:54pendant les procédures contre Sarkozy, qui continuent encore aujourd'hui. On voit des dysfonctionnements qui sont quand même assez sidérants.
10:04L'État a été condamné parce que le procureur national financier faisait du harcèlement moral sur ses adjoints.
10:11On lui reproche d'avoir prévenu des avocats de perquisition imminente. Enfin tout ça, c'est quand même des faits qui font froid dans le dos.
10:19Et à la fin, on dit non, non, il n'y a pas de problème. — Circuler, il n'y a rien à voir. — Circuler, il n'y a rien à voir. Tout ça, c'est...
10:25On remet le couvercle sur la marmite, et tout va bien. Mais quand on remet le couvercle sur la marmite, généralement, la marmite, elle continue à bouillonner.
10:32— Oui. Alors c'est pour ça qu'il faudra voir ce qui se passe. C'est pour ça que votre livre est très intéressant. D'ailleurs, le procureur dont vous parlez,
10:39c'était le procureur qui coule des jours heureux le procureur national financier de l'époque. — C'était Eliane Ouellet.
10:45— Eliane Ouellet, absolument, qui a dit d'ailleurs qu'elle a subi des pressions. — Absolument. — On vous en parlait.
10:50— Absolument. Eliane Ouellet, qui a reconnu une fois la retraite... La retraite, ça donne du courage. — Ah, c'est sûr. C'est sûr.
10:58— En fait, les héros et les rebelles, il faut les prendre uniquement parmi les retraités. C'est là que ça commence à bouger.
11:03— Voilà. Et une fois qu'elle était à la retraite, elle a reconnu devant une commission d'enquête parlementaire qu'elle avait subi des pressions
11:10très importantes de sa hiérarchie pour ouvrir une instruction judiciaire qui permettait de mettre en examen François Fillon juste avant l'élection présidentielle.
11:17— Comme par hasard. — C'est quand même un événement important, parce que ça aussi, ça a changé l'histoire de France.
11:23C'est ce qui a fait que Fillon a perdu, qu'Emmanuel Macron a été élu, et donc tout... — Ouais. Le crime n'était même pas presque parfait. Il était parfait.
11:32— Oui, voilà. Le crime était parfait, absolument. Et donc elle l'a reconnu. Et c'est à partir de là qu'on a commencé à voir que ce parquet national et financier,
11:40à l'époque, fonctionnait quand même d'une drôle de ligne. — Mais il est toujours là, le parquet national et financier.
11:44— Il est toujours là. Mais on peut espérer que ces errements qui ont été mis à jour n'existent plus. Il n'y a pas de raison de penser qu'ils continuent à exister.
11:56Il y a une information intéressante. Le parquet national et financier a rendu un rapport cette semaine dans lequel il dit qu'il y a quelque chose
12:04qui est inquiétant, c'est que 40% des personnes que nous poursuivons sont relaxées. C'est beaucoup. — Oui. C'est pas mal, oui.
12:12— Alors soit les juges ne comprennent rien, soit peut-être que le parquet national et financier a la main un peu lourde.
12:18— Bah écoutez, comme vous avez dit, aujourd'hui, on relaxe. Ce soir, on improvise, disait l'autre. Et aujourd'hui, on relaxe.
12:25En tout cas, c'est un livre vraiment que je recommande. Hervé Léman, le procès Dupont-Moretti aux élus sons du Cerf, il explique très bien
12:33pourquoi on peut toujours avoir confiance dans la justice de notre pays, n'est-ce pas ? Merci. — Merci.
12:39Sud Radio, votre avis fait la différence. — Vous êtes une super radio. Vraiment, vous êtes la radio du moment. Continuez. C'est super.
12:47Sud Radio, parlons vrai.

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