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On pourrait penser que la paie est bonne et les conditions de travail confortables. On se trompe. Les risques psychosociaux progressent dans le secteur bancaire, d’après la dernière étude du Syndicat National de la Banque : près de 44 % des professionnels risquent le burn-out.

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00:00Générique
00:12Le cerclérage pour parler des risques psychosociaux dans le secteur bancaire, c'est un sujet important.
00:17Et depuis 5 ans maintenant, le Syndicat National de la Banque fait sa propre étude, RPS,
00:22sonde les cœurs, demande aux collaborateurs dans toutes les banques
00:25la manière dont ils envisagent ou vivent leurs conditions de travail et leurs risques psychosociaux.
00:30On accueille Frédéric Guenet, bonjour.
00:32Bonjour Arnaud.
00:33Vous êtes le président du Syndicat National de la Banque rattaché à la CFE-CGC.
00:36C'est le premier syndicat, c'est le syndicat leader dans le secteur bancaire.
00:40Je précise que vous avez écrit un livre, Dialogue de sourds,
00:44Dialogue social, Dialogue de sourds.
00:46Dialogue de sourds, aux éditions Véron.
00:49Aux éditions Véron, et on le découvre.
00:50Et ce livre était intéressant, peut-être qu'on en parlera tout à l'heure,
00:53écrit à quatre mains avec un directeur de banque,
00:56comme quoi le SNB est un syndicat qui construit le dialogue,
01:00qui co-construit la transformation des entreprises.
01:03Cette étude, c'est la cinquième.
01:04Vous avez déjà une vision, un panorama des quatre années passées.
01:09Il ressort quand même des chiffres, d'une manière globale,
01:11peut-être qu'on réaffinera sur certaines banques,
01:13quelques chiffres inquiétants.
01:1544% de personnes se trouvent en situation de souffrance,
01:18voire même de situation de burn-out.
01:21Quand on voit ce chiffre, on se dit, mais qu'est-ce qui se passe dans les banques ?
01:24Alors, effectivement, c'est une enquête qu'on fait depuis 15 ans,
01:28tous les trois ans.
01:29Donc c'est la cinquième, effectivement.
01:31Qu'est-ce qu'on constate ?
01:33On constate que dans le secteur bancaire,
01:35on a des salariés qui vont de plus en plus mal,
01:40avec des risques psychosociaux qui sont flagrants,
01:44avec un épuisement professionnel important,
01:47un risque de burn-out à hauteur de 44% dans certains réseaux,
01:51et ça nous inquiète.
01:53Burn-out, ça veut dire des personnes qui, globalement,
01:57ont dépassé le cadre du désengagement ?
01:59Ce sont des gens qui se retrouvent en situation de souffrance ?
02:02En fait, dans l'enquête que l'on fait, nous avons différents items,
02:05et les items que l'on croise nous permettent,
02:08avec des psychologues cliniciens,
02:10de croiser les données et de faire ces constats-là.
02:14Donc ce sont effectivement des personnes qui sont en perte de repère,
02:19qui sont fatiguées, qui ont peu de vision sur l'avenir,
02:26et qui sont dans une grande fatigue.
02:30Deux sujets quand même qui sont intéressants,
02:33le secteur bancaire, et c'est pas à vous que je vais l'apprendre,
02:35il y a ceux qui sont en contact avec le public,
02:37puis évidemment les services back-office, on en parlera,
02:39parce que ceux-là en particulier, ceux qui sont en contact avec le public,
02:41parlent de peur, utilisent le mot de la peur,
02:43mais il y a quand même un sujet sur lequel je voudrais vous interroger,
02:46qui est la reconnaissance du travail,
02:48ou en tout cas le sentiment d'un manque de reconnaissance de leur travail.
02:51Ça ressort fortement, 50% estiment ne pas avoir les moyens nécessaires
02:56pour réaliser le travail de qualité,
02:58et ressentent une absence de reconnaissance.
03:01Il y a un problème avec la hiérarchie, de toute évidence.
03:03Alors c'est pas que la hiérarchie,
03:05il y a aussi de la reconnaissance vis-à-vis des clients,
03:08la question n'est pas forcément tournée sur la hiérarchie,
03:12c'est vraiment la reconnaissance dans le travail
03:15que l'on peut avoir en accomplissant son travail tous les jours.
03:20Ça peut être effectivement de la hiérarchie,
03:22mais aussi des clients, vous savez, il y a quelques années,
03:24les clients, lorsqu'ils étaient contents d'une opération,
03:28qu'on les suive sur des projets,
03:30on remerciait, ça se fait beaucoup moins en fait,
03:33c'est presque un dû maintenant.
03:35Mais on a le sentiment quand même,
03:37et on reviendra peut-être d'un mot sur la société générale,
03:39parce que celle-ci, en particulier dans votre étude,
03:42montre quand même des signes de plus grande difficulté
03:45encore au sein de la société générale.
03:47Est-ce qu'il faut le rattacher à des fusions,
03:51Crédit du Nord, une entreprise qui a été en mutation,
03:54et donc des salariés qui sont inquiets ?
03:56Est-ce que vous le reliez directement à cela ?
03:58Ce qui est sûr, c'est lorsque vous avez une entreprise
04:00qui va réorganiser, restructurer assez régulièrement,
04:04vous cassez les repères en fait.
04:08Vous prenez l'exemple de la Société Générale.
04:10La Société Générale vient de subir l'une des plus grosses fusions
04:14de réseaux bancaires qu'on a eues depuis ces dernières années,
04:17avec deux cultures d'entreprises,
04:19la culture d'entreprise du Crédit du Nord
04:21et celle de la Société Générale,
04:23qui vient se croiser pour faire une nouvelle entreprise SG,
04:26vous avez remarqué qu'ils ont changé aussi de nom.
04:28Exact.
04:29Et tout ça en fait, ça va prendre du temps,
04:31il va falloir que les salariés s'habituent
04:33à cette nouvelle culture d'entreprise,
04:35à prendre des nouveaux repères.
04:37Lorsque vous aviez deux agences l'une à côté de l'autre,
04:39une agence Crédit du Nord et une agence Société Générale
04:41avec deux managers, il n'en faut plus qu'un.
04:43Tout ça crée de l'angoisse au niveau des salariés.
04:49Et une Société Générale, une SG,
04:51qui, rappelons-le, a fait d'excellents résultats
04:53puisqu'ils ont été publiés il y a quelques jours,
04:55et la banque a plutôt fait d'excellents résultats.
04:57J'ai envie de dire, heureusement,
04:59vu la restructuration qu'ils ont faite,
05:01si le résultat n'était pas là, ce serait vraiment très inquiétant.
05:03Vous seriez très en colère.
05:05Un mot sur l'environnement de la banque.
05:07Je parlais de la peur pour ceux
05:09qui sont au contact du public.
05:11Vous étiez venu nous en parler sur le plateau,
05:13mais c'est intéressant de le rappeler.
05:15Il y a de plus en plus de violences verbales,
05:17de violences physiques des collaborateurs
05:19qui sont confrontés à des situations
05:21de conflits physiques.
05:23Et ça, c'est très nouveau.
05:25Les incivilités,
05:27ce qu'on appelle les incivilités
05:29ou les agressions physiques et verbales,
05:31elles sont toujours eues dans le secteur bancaire.
05:33Qu'est-ce qu'on remarque depuis quelques années ?
05:35On a des agressions qui sont de plus en plus nombreuses,
05:37avec aujourd'hui 10 000 agressions
05:39physiques et verbales sur l'année.
05:41Et puis des agressions
05:43qui vont être plus violentes aussi.
05:45C'est plus que du verbal,
05:47maintenant,
05:49il y a aussi du physique
05:51assez important.
05:53Et ça, ça nous inquiète.
05:55Mais ça, c'est la société d'aujourd'hui.
05:57C'est la violence de la société
05:59qui arrive aussi dans les banques,
06:01qui arrive dans les bus,
06:03qui arrive dans tous les espaces publics.
06:05À la tête d'un syndicat leader
06:07et qui est frontalement
06:09dans le dialogue social avec la direction,
06:11cette étude, vous la déposez
06:13sur les bureaux des DRH.
06:15Comment vous la portez, cette étude ?
06:17Effectivement, on va rencontrer
06:19les directions avec les résultats
06:21que nous avons.
06:23Chaque banque fait des études en interne
06:25pour mesurer
06:27le bien-être des salariés.
06:29Là, en fait, cette étude,
06:31vu qu'elle est prise au niveau du secteur,
06:33on est les seuls à le faire,
06:35ça permet de comparer les marques entre elles.
06:37Je ne sais pas si vous avez les mêmes chiffres,
06:39mais on a 70% de votre étude,
06:41faible perspective de promotion liée au RPS,
06:4350% d'absence de reconnaissance,
06:4546% problème relationnel avec la hiérarchie.
06:47Ça, c'est votre étude.
06:49Et 25% d'agressions physiques ou verbales,
06:5116 à 18% violences psychologiques au travail.
06:53On voit quand même que la hôte est pleine
06:55Je ne sais pas si vos chiffres correspondent
06:57à ceux qui vous sont apportés,
06:59parce que j'imagine que vous comparez
07:01vos études.
07:03Ça colle ou ça ne colle pas ?
07:05On a un débat avec la direction
07:07sur ces sujets-là parce que
07:09le secteur bancaire,
07:11c'est 400 000 salariés.
07:13On a 10 000 répondants, c'est un échantillonnage quand même.
07:17L'enquête, elle est diffusée auprès
07:19de tous les salariés.
07:21Après, répond qui a envie de répondre.
07:23C'est comme dans n'importe quelle enquête
07:25qui est faite au niveau national.
07:2710 000, ça représente quand même un panel suffisant.
07:29Supérieur à 1 000, en fait,
07:31on était déjà représentatif.
07:33Donc à 10 000, on est très très bien.
07:35Ces chiffres-là sont des chiffres référentiels pour l'HRH.
07:37Quel regard vous portez-vous sur ce mot
07:39dialogue social ?
07:41Vous avez vu que les représentants syndicaux
07:43des grands syndicats sont en conclave.
07:45C'était le mot utilisé
07:47pour négocier ou renégocier
07:49les retraites.
07:51Quel regard vous portez sur ce mot
07:53dialogue social ?
07:55Vous êtes l'homme des coups de menton ou vous êtes l'homme
07:57du vrai dialogue social ?
07:59Le dialogue social, pour dialoguer,
08:01c'est dans le mot, il faut être deux.
08:03Il faut avoir une écoute, il faut avoir une compréhension
08:05l'un de l'autre.
08:09C'est ce que nous mettons en place, en tous les cas,
08:11avec le syndicat national de la banque.
08:13On est vraiment un syndicat qui est dans le dialogue,
08:15qui est dans la construction, voire dans la co-construction
08:17dans certaines entreprises.
08:19C'est important.
08:21Ce n'est pas un gros mot pour vous, c'est important de le dire.
08:23Co-construire.
08:25Souvent des fois,
08:27les dirigeants passent dans les entreprises,
08:29ils restent beaucoup moins longtemps que les salariés.
08:31Nous, on est là pour
08:3340 ans.
08:35On représente
08:37l'ensemble des salariés dans la durée.
08:39Ce qui n'est pas forcément le cas des dirigeants.
08:41Quelquefois,
08:43on a besoin de discuter pour comprendre
08:45les problématiques des uns et des autres.
08:47Il faut qu'eux aussi puissent nous comprendre.
08:49Pour ça, il faut dialoguer.
08:51La communication, c'est très important.
08:53Quelques mots pour être un syndicat leader.
08:55Il faut des élus sur le terrain
08:57qui portent la voix du SNB.
08:59Est-ce qu'eux aussi sont en première ligne ?
09:01Est-ce qu'ils sont victimes à leur manière ?
09:03Parce qu'ils recueillent, ils reçoivent,
09:05ils écoutent beaucoup.
09:07Est-ce qu'eux aussi sont parfois
09:09gagnés par une forme d'épuisement syndical ?
09:11J'allais dire presque pas de burn-out,
09:13mais de grande fatigue syndicale.
09:15Est-ce qu'eux aussi ont besoin d'accompagnement ?
09:17Les élus,
09:19effectivement,
09:21les représentants du personnel,
09:23lorsque vous avez des salariés qui les contactent,
09:25ce n'est pas pour des bonnes choses.
09:27Ce n'est pas pour dire que tout va bien.
09:29Les représentants du personnel
09:31se prennent du négatif
09:33à longueur de journée.
09:35On leur dit que ça ne va pas.
09:37C'est très lourd à porter.
09:39On a des salariés qui sont en pleurs.
09:41On a des salariés qui sont en colère.
09:43On a vraiment tout le négatif.
09:45La souffrance du salarié.
09:47La souffrance du salarié.
09:49On l'a en plein.
09:51Il faut réussir,
09:53lorsqu'on est représentant du personnel,
09:55à prendre un peu de hauteur.
09:57Ce qui peut paraître compliqué.
09:59C'est lourd.
10:01Si on a choisi ce métier-là,
10:03c'est qu'on a une sensibilité.
10:05On a envie d'aider les autres.
10:07On est pris par tout ça.
10:09C'est lourd.
10:11C'est vraiment compliqué,
10:13pour certains représentants du personnel.
10:15Il faut penser à eux.
10:17On les forme à ça.
10:19C'est très important.
10:21Un dernier mot.
10:23Tous les 3 ans,
10:25est-ce que vous n'avez pas envie,
10:27tous les ans,
10:29quand on voit les chiffres que vous nous proposez
10:31dans cette étude d'ERPS.
10:33C'est une étude qui est lourde,
10:35organisée pour un syndicat.
10:37Est-ce qu'il ne faut pas accélérer
10:39pour avoir plus de visibilité,
10:41de précision sur ce sujet ?
10:43Non. Pourquoi ?
10:45Tous les 3 ans, c'est très bien.
10:47Ça nous permet de constater des choses.
10:49Maintenant, on va arrêter de constater.
10:51On va passer à l'action.
10:53On va faire des propositions concrètes.
10:55Ça va prendre un peu de temps.
10:57Ce ne sera pas du luxe d'avoir 3 ans
10:59entre maintenant et la prochaine enquête
11:01pour mettre des choses en place.
11:03Le but, c'est de...
11:05De transformer, d'améliorer.
11:07On a des banques en ligne.
11:09On a des entreprises qui ferment des agences.
11:11On a le sentiment que ce secteur
11:13qui, auparavant, était un emploi à vie,
11:15on y était bien,
11:17on ne quittait pas la banque,
11:19aujourd'hui, il est disrupté.
11:21C'est un secteur qui vit.
11:23C'est un secteur qui est le reflet
11:25de l'économie française.
11:27On vit avec de nouvelles technologies.
11:29L'intelligence artificielle
11:31qui arrive dans notre secteur,
11:33c'est très impactant.
11:35C'est le rythme de notre société,
11:37de notre économie qui change.
11:39Du coup, nous aussi, on change.
11:41Merci Frédéric Guyonnet d'être venu nous éclairer.
11:43Allez voir cette étude.
11:45Elle est extrêmement détaillée,
11:47la main dans la main avec le cabinet Sextant,
11:49pour ne pas les citer.
11:51Une étude extrêmement approfondie,
11:53banque par banque, mais aussi de manière
11:55un peu plus globale, plus macroéconomique
11:57sur la situation du secteur bancaire
11:59et des collaborateurs du secteur de la banque.
12:01C'est un vrai plaisir de vous accueillir
12:03le syndicat national de la banque CFECGC,
12:05leader dans le secteur bancaire.
12:07Merci. Je vous dis à très bientôt.
12:09On tourne une page, on s'intéresse à un métier
12:11qui n'a rien à voir avec les métiers de la banque,
12:13les métiers de l'aéronautique
12:15et de l'armée qui souhaitent
12:17féminiser ces recrutements.
12:19On en parle tout de suite, c'est dans Fenêtre sur l'emploi.

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