• il y a 19 heures
Alors que le galeriste Christophe Hioco est originellement spécialisé dans les antiquités asiatiques, le marchand a fait le choix de développer une nouvelle spécialisation en réponse à un marché dynamique : celui de la céramique contemporaine japonaise. Une tendance plus développée aux États-Unis, qu'il souhaite désormais promouvoir en Europe.

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Transcription
00:00Et nous sommes désormais en présence de Christophe Yoko qui est fondateur de la galerie Christophe Yoko pour échanger autour des céramiques contemporaines japonaises, nouvelle spécialisation de la galerie, merci beaucoup d'être avec nous.
00:14Merci.
00:15Alors vous êtes plutôt spécialisé tout d'abord sur les antiquités asiatiques, depuis quand et comment est-ce que vous avez opté pour ce shift vers les céramiques contemporaines japonaises ?
00:28Alors je dirais il y a deux raisons, d'abord vous avez dit on est spécialisé dans les antiquités asiatiques mais je dirais en fait dans la sculpture asiatique, moi ce que j'aime, ce que l'on aime c'est la sculpture avant tout.
00:38Donc on présente maintenant, ça fait près de 20 ans d'ailleurs, de la sculpture indienne, de la sculpture du sud-est asiatique, je pense au Bouddha thaïlandais, ainsi de suite, donc on est vraiment dans la sculpture.
00:50Et ces céramiques japonaises, j'ai deux raisons, ça faisait d'abord longtemps que j'avais envie de faire quelque chose autour du Japon, parce que j'ai vécu, il y a de nombreuses années je reconnais, mais j'ai vécu quand même près de 3 ans à Tokyo où j'ai travaillé et donc bien évidemment étant à l'époque collectionneur, avec l'âme du collectionneur, je me suis intéressé à la culture japonaise, aux objets japonais et donc ça faisait longtemps que j'avais envie de faire quelque chose autour du Japon.
01:17Alors que ce soit de la sculpture ancienne comme des Bouddhas, ce qui m'arrive d'en avoir de temps en temps, et puis j'ai découvert en fait il y a quelques années ces céramiques japonaises.
01:27Mais en fait ces céramiques japonaises, dans ce que je présente, ce sont de véritables sculptures.
01:32Ah oui d'accord, et qu'est-ce qu'on entend par justement ces céramiques japonaises, comment est-ce que vous les caractérisez, comment vous les décririez ?
01:40Oui, alors je dirais que le Japon est connu pour ses céramiques depuis plus de mille ans, ça fait partie de la tradition au Japon comme d'ailleurs dans d'autres pays asiatiques ou européens, donc ça c'est pas quelque chose qui est nouveau.
01:53Mais en fait il y a eu une rupture un peu au milieu du XXe siècle où il y a eu un mouvement qui s'est créé où des céramistes ont décidé en fait d'innover, surtout que le Japon est quand même un pays qui est de très fortes traditions.
02:06Oui, l'héritage est très fort.
02:07Donc l'objectif en fait, ou disons la démarche de ces artistes, ça a été de rester fidèle à la tradition d'une certaine manière, au moins au niveau des techniques, mais également d'apporter énormément de modernité dans leur approche.
02:21Donc c'est une sorte de fusion, de réconciliation si on peut dire, entre la tradition et puis le besoin également de modernité, de contemporain à travers ces céramiques.
02:32Et donc ça se reflète, c'est pour ça que je reviens aux sculptures, comme je vous le disais, parce que moi je propose pas des assiettes, des vases, je ne sais quoi et tout, qui sont très intéressants.
02:40Moi j'aime beaucoup ce qui est fait au Japon au XIXe siècle ou avant, mais là on a vraiment des œuvres complètement sculpturales, qui sortent complètement de ce qui avait été fait au Japon en matière de céramique dans le passé.
02:52Oui, parce que la modernité se trouve plus dans la forme que dans la technique.
02:57Oui, oui, plus dans la forme, vous avez raison, c'est pour ça qu'on a cette réconciliation entre tradition et modernité.
03:03Alors c'est vrai qu'après, je pense à un artiste en particulier avec qui on travaille, Toru Kurokawa, qui lui va essayer des techniques aussi de glaçure et autres, de faire évoluer en fait.
03:14Mais il ne faut pas oublier que ces artistes ont tous été formés dans les grandes universités de Kyoto, ils ont appris la céramique auprès de Maître Potier également.
03:23Donc ils ont d'abord appris la technique elle-même qui avait été pratiquée pendant des siècles et des siècles au Japon.
03:29Et après, ils s'en sont affranchis d'une certaine manière, maîtrisant la technique, ils s'en sont affranchis au niveau des goûts, au niveau des formes et au niveau des techniques de réalisation.
03:39Est-ce qu'il y a une école ou un mouvement qui fédère tous ces artistes ou c'est des artistes qui sont tous assez autonomes ?
03:47Non, il y a eu clairement en effet un mouvement mais le mouvement qui était plus de réaction par rapport aux formes traditionnelles.
03:53Et après, chacun a trouvé son style et c'est ça qui est intéressant d'ailleurs dans ce que l'on présente, dans ce que l'on découvre en fait tous les jours.
04:02C'est qu'on va trouver des formes complètement différentes.
04:04Certaines vont être purement empreintes de la nature par exemple, de l'environnement, ça c'est très important pour nombre d'artistes japonais.
04:12D'autres, je pense à un autre artiste, il est fasciné par les mathématiques, par les algorithmes et donc il crée ses oeuvres,
04:19influencées justement par des formules qu'il doit développer et qui amènent des formes complètement nouvelles, complètement étonnantes.
04:26Et vous, comment est-ce que vous avez découvert ça ? Parce que vous étiez animé par votre passion personnelle ou aussi parce que vous avez vu qu'il y avait un réel écho de ces céramiques à l'international ?
04:36Oui, je dirais, la première démarche ça a été un peu une découverte, je ne veux pas dire par hasard, mais en regardant ce qui touchait au Japon.
04:43Et ça, ça fait partie du bonheur de notre métier, c'est la découverte et puis après c'est d'expérimenter.
04:48Donc j'ai commencé à voir des céramiques, ça m'a plu et donc justement ça me ramenait vers le Japon avec des choses que j'aimais et j'ai commencé à en montrer.
04:59Et puis je dirais, ça n'a pas été une bonne surprise mais j'ai eu beaucoup d'intérêt.
05:03Est-ce qu'il y a un véritable intérêt ? C'est vrai que les métiers d'art, la céramique, c'est vraiment quelque chose de croissant dans ce marché.
05:10Est-ce qu'il y a un véritable intérêt pour la céramique contemporaine japonaise en particulier ?
05:15Oui, alors il y a eu un véritable intérêt, il y a toujours un véritable intérêt qui était aux Etats-Unis.
05:20Ça a d'abord été très connu aux Etats-Unis et je pense que la raison c'est...
05:24Bon, il y a toujours un peu une proximité entre les Japonais et les Américains ou les Etats-Unis mais surtout sous l'influence de plusieurs galeristes importantes,
05:32je pense à Johann Mervis à New York, qui ont fait connaître ces céramiques japonaises.
05:37Et par voie de conséquence, il y a eu des expositions qui ont été faites, en particulier dans les musées.
05:42Et aujourd'hui, d'ailleurs, les céramistes japonais que je propose sont pour la plupart des artistes reconnus présents dans les grands musées américains.
05:51Tandis qu'en Europe, c'est un peu nouveau.
05:53D'accord.
05:54On commence, il y en a au Viennais, il y en a au musée, mais c'est quand même assez récent comme développement.
06:00Mais vous, votre galerie, vous vous adressez principalement aux Américains ou quand même vous restez avec des clients européens et vous faites ce travail de promotion ?
06:07Non, le travail justement, comme vous dites, de promotion et tout, c'est de le faire connaître en Europe.
06:11Ce qui est logique puisque, bon, aux Etats-Unis, cela n'empêche d'avoir des clients également aux Etats-Unis.
06:16Mais aujourd'hui, on se focalise en Europe et j'ai eu beaucoup de plaisir.
06:19On sort de la Brava qui a été un succès, qui a bien marché un peu pour tout le monde et tout.
06:26Et la Brava, on a vraiment mis l'accent cette année en plus des sculptures anciennes qui ont eu leur intérêt.
06:32Mais également, on a présenté quand même plusieurs artistes, les artistes que l'on aime.
06:37Et on a eu un intérêt, je vais dire, incroyable sur ces artistes.
06:42Ces collectionneurs qui viennent à la Brava pour aussi des antiquités, ils ont été aussi séduits par l'aspect contemporain de ce que vous présentez ?
06:49Oui, et en fait, je dirais, on a fait un certain nombre de ventes.
06:54On a rencontré beaucoup de nouveaux clients qui ne s'intéressaient pas vraiment à l'art asiatique ancien,
06:59mais qui ont vraiment apprécié, qui ont bien ressenti en fait, parce que c'est de l'émotion, c'est des œuvres que l'on présentait.
07:06Surtout que de nouveau, c'était des œuvres très sculpturales et donc il fallait un peu imaginer.
07:11Il fallait retenir en fait l'ambiance que cela représentait, les conditions dans lesquelles ça a été fait.
07:18Et on a eu un intérêt tout à fait certain, confirmé par des ventes.
07:22Oui, et c'est une nouvelle typologie de collectionneurs à qui vous vous adressez ou vous arrivez à faire des croisements ?
07:29Pour l'essentiel, c'est vrai que c'est une nouvelle typologie de collectionneurs.
07:33On a également des collectionneurs, oui j'ai eu quelques collectionneurs qui sont dans l'art ancien,
07:38qui se disaient, tiens c'est intéressant de mélanger les deux, comme nous on le fait en fait.
07:41Parce que finalement, c'est la démarche que j'ai suivie.
07:44Je ne suis pas passé au contemporain en disant, parce que le contemporain, c'est important d'être dans le contemporain.
07:48C'est purement une question de goût et de sensibilité vers le Japon.
07:53Ce n'est pas un besoin aussi pour une galerie, peut-être de se renouveler aussi, de proposer un nouveau regard sur les nouveaux objets ?
08:00Ça peut être aussi cet axe-là ?
08:02Je dirais qu'il faut toujours pour une galerie évoluer.
08:05D'abord parce qu'une galerie, c'est avant tout une passion.
08:08C'est avant tout des émotions que l'on partage avec des collectionneurs.
08:12Donc à partir du moment où l'on ressent, ce n'est pas le hasard, comme je l'expliquais.
08:17Je me suis tourné vers les céramiques contemporaines japonaises.
08:21Ce n'est pas de dire, oui ça se développe aux Etats-Unis et ainsi de suite, pourquoi ne pas le développer en Europe ?
08:25Ce n'est pas cette démarche.
08:26Et je ne pense pas que c'est une bonne démarche dans nos métiers.
08:28C'est une démarche de passion, de sensibilité et en particulier influencée par mes quelques années au Japon.
08:37Et en termes de prix, est-ce que des nouveaux collectionneurs peuvent se tourner vers ces œuvres-là ou ça reste des prix assez élevés ?
08:43Après, ça dépend de ce qu'on appelle des prix élevés, bien évidemment.
08:47On reste dans des niveaux de prix qui vont de quelques milliers d'euros à peut-être 15 000 euros.
08:54On est à peu près dans cette zone de prix.
08:56Il y a un prix, bien évidemment, si on parle de céramique.
08:59Mais c'est quand même un travail qui est très sophistiqué de la part de ces artistes.
09:04Et de nouveau, des artistes qui sont déjà présents dans des grands musées américains par exemple.
09:08Merci beaucoup Christophe Lioucaud.
09:10Je rappelle que vous êtes fondateur de la galerie Éponyme.
09:12Et c'était Arrêt Marché, édition Week-end.

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