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4GOOD du 17 février 2025

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00:00Les entreprises ne peuvent plus ignorer les effets du dérèglement climatique,
00:09qui impactent à la fois leurs chaînes d'approvisionnement,
00:12leurs infrastructures et leurs équipes.
00:15Il est aussi désormais largement admis que les entreprises sont au cœur des solutions.
00:20Mais la question demeure, comment conjuguer performance économique et transition écologique ?
00:26Pascal, on commence avec vous.
00:28Les entreprises sont-elles prêtes à faire face à ces impacts directs et indirects du dérèglement climatique ?
00:34Alors non, elles ne sont pas prêtes, c'est clair.
00:38Oui, le niveau de maturité, le niveau de conscience de la nécessité d'agir
00:44et parfois de l'urgence à agir monte progressivement.
00:49Mais peu d'entreprises, finalement, sont prêtes à réfléchir de manière un peu fondamentale.
00:54Et c'est ça qui est nécessaire, tout simplement à la modification de leurs chaînes de valeurs,
00:59de leur manière de produire.
01:01Donc vous avez des entreprises qui, beaucoup désormais,
01:04qui font des choses à la marge, à côté de leurs activités et des choses très positives.
01:09Mais c'est évidemment insuffisant.
01:11Le sujet, c'est de changer très profondément la manière dont on conduit ces activités.
01:18Et par ailleurs, les entreprises ont énormément de mal, souvent,
01:22à se représenter le fait que transformer une chaîne de production,
01:30transformer la manière d'assurer son activité pour être beaucoup plus vigilant
01:36à ses impacts écologiques, évidemment, mais aussi sociaux, d'ailleurs.
01:41Bien sûr, ça nécessite des investissements, du temps, des coûts,
01:45mais très peu considèrent ou se rendent compte que ça crée in fine énormément de performances.
01:52On pourra en reparler, que ce soit en matière de marque employeur, de marque commerciale,
01:56de vision de l'entreprise par le vaste monde.
02:00C'est extrêmement positif, en réalité.
02:03Marie, vous observez un décalage entre les attentes des investisseurs, d'une part,
02:07et les réels engagements des entreprises ?
02:12Moi, je dirais que c'est presque en sens inverse.
02:15C'est-à-dire que je vois beaucoup d'entreprises qui ont envie de bouger
02:19et qui, finalement, n'ont pas les investisseurs ou les actionnaires
02:24qui sont en capacité de reconnaître et de valoriser les mouvements
02:28et les transformations qu'elles font ou qu'elles désirent faire.
02:31C'est-à-dire qu'on oublie souvent que les entreprises, c'est des gens, en fait.
02:37C'est un groupe de personnes, c'est un collectif qui agit ensemble.
02:41Et moi, ce que je sens à l'intérieur des entreprises, c'est qu'il y a une dynamique de talents
02:46qui sont vraiment dans cette logique de transformation
02:49et qui cherchent et qui ont envie que ça arrive.
02:53Mais il y a un décalage après, parce que souvent, on n'a pas les outils,
02:58que ce n'est pas ce qu'il est demandé à l'entreprise
03:04au niveau de son conseil d'administration,
03:08au niveau de ses actionnaires et des contraintes financières qu'on leur pose
03:11et qui freinent un petit peu cette dynamique entrepreneuriale interne
03:15qu'il y a dans les entreprises.
03:18Et donc, ce que je trouve, c'est que...
03:22Alors moi, j'ai vécu la transformation digitale de l'intérieur
03:26et je vois beaucoup, beaucoup de parallèles entre ce qui est en train de se passer maintenant
03:29et ce qui s'est passé au début des années 2000 dans la transformation digitale.
03:33C'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'envie, il y a beaucoup d'appétence.
03:36Il y a des entreprises qui sont à la pointe sur ces sujets-là et qui tracent la voie.
03:40Mais on n'a pas encore les outils.
03:42C'est-à-dire que souvent, c'est comme si on demandait à une entreprise d'être agile.
03:47Agile, c'est vraiment la manière dont les startups fonctionnent,
03:50de manière très fluide, très innovante, etc., qui est la culture digitale.
03:56Mais ça, ça repose sur des outils qui ont été mis en place entre les années 2000 et les années 2010.
04:01Donc, on est dans une phase de R&D, en réalité, sur ça veut dire quoi ?
04:04Se transformer durablement.
04:07Quels sont les outils qui sont à nos dispositions, qu'on peut utiliser facilement ?
04:11Donc, il n'y a pas encore de mode d'emploi qui soit facile à disséminer au sein des entreprises
04:15parce que la plupart du temps, les entreprises sont habituées à fonctionner
04:19et à prendre des décisions en regardant le passé.
04:22C'est extrêmement frappant en finance.
04:24La finance fonctionne comme de l'intelligence artificielle.
04:27Elle regarde ce qui a marché dans le passé, marché étant gagner beaucoup d'argent.
04:32Et ils prennent des décisions aujourd'hui basées sur les données historiques de performance.
04:36Ils sont bien incapables de prendre des décisions différentes.
04:38Or, aujourd'hui, on n'a pas de données historiques de performance environnementale ou de performance sociale.
04:43Donc, même si elle voulait le faire, elle ne pourrait pas le faire sans changer la manière de prendre des décisions.
04:49On est obligé aujourd'hui, dans les entreprises et en particulier dans le monde de la finance,
04:55de prendre des décisions en regardant le futur, en se disant où est-ce que je veux aller, qu'est-ce que je veux construire,
05:01en comprenant aujourd'hui ce qui empêche, quelles sont les tensions qui empêchent les entreprises de pouvoir aller là où elles veulent aller,
05:08et du coup, prendre ces décisions dans ce sens-là,
05:12et pas en regardant les bonnes pratiques du passé et en continuant sur ce qu'on a déjà fait.
05:16Et donc, c'est vraiment pour moi, ce n'est pas un manque de volonté des entreprises, c'est un manque d'outils.
05:24C'est un changement profond de la manière dont on prend les décisions.
05:28Et c'est un sujet de comment est-ce qu'on peut communiquer cette performance-là,
05:34d'une manière qu'elle soit valorisée par ses autres parties prenantes et par ses actionnaires notamment.
05:41Et donc, l'industrie financière a un rôle massif à jouer parce qu'elle va être le catalyseur de toute la transformation du reste de l'industrie.
05:50On va revenir sur les outils, justement.
05:52Sonia, vous accompagnez des green tech industriels dans leur passage à l'échelle.
05:57Mais allons droit au but, on peut concilier croissance et impact environnemental ?
06:03Ça, c'est la question à un milliard.
06:09Est-ce qu'on peut concilier croissance et impact environnemental ?
06:12Dans certains cas, on peut le faire, notamment avec des entreprises qui vont se construire
06:19en tenant compte finalement de ce dans quoi elles vivent, c'est-à-dire la planète,
06:24et qui vont intégrer, dès leur développement, des business models circulaires.
06:30Elles vont faire de l'éco-conception, elles vont être sur des modèles d'économie de fonctionnalité.
06:35Donc, c'est ce qu'on les encourage à faire.
06:38Elles vont mesurer.
06:39Donc, c'est ça qui fait que finalement, oui, elles vont être en mesure de concilier l'impact profit.
06:44Moi, j'appelle ça ou impact création de valeur financière, l'impact environnemental et l'impact social aussi.
06:49Moi, j'aime bien regarder ces trois dimensions qui sont essentielles et c'est ce qu'on essaie de faire avec elles.
06:55Et il y a un élément qui leur permet aussi de faire ça, je pense, et c'est là où ces start-up,
07:01je trouve qu'elles sont aussi transformatrices pour l'ensemble du tissu économique.
07:05C'est le fait qu'aujourd'hui, la transition environnementale nécessite que maintenant, tout le monde coopère.
07:12On parlait de chaînes de valeur tout à l'heure.
07:13La coopération sur les chaînes de valeur est essentielle.
07:16La coopération transversale entre les différents acteurs est essentielle.
07:20Et la coopération start-up green tech industrielle et entreprise est aussi essentielle.
07:27Et donc, finalement, cette coopération permet aussi de concilier croissance.
07:33Mais en fait, on peut y passer des heures sur le thème de croissance.
07:37Qu'est-ce qu'on met derrière croissance, etc.?
07:38Mais en fait, se construire quand on est petit, en ayant un impact positif et en étant une entreprise qui va être régénératrice,
07:48c'est essentiel et c'est tellement facile quand on part de rien que c'est une superbe opportunité.
07:54Mais la plupart des entreprises, elles parlent d'un existant, d'un historique et c'est là que parfois c'est un peu plus difficile.
08:00Mais je voudrais rebondir en faisant aussi un lien avec l'édito et les nouveaux potentiels commerciaux,
08:04y compris que peuvent représenter les objectifs de lutte contre le dérèglement climatique.
08:09Marie évoquait le digital, il se trouve que c'est l'univers dans lequel œuvre Evernure 6.
08:13Il y a quelques années, on a voulu commencer à réfléchir à l'éco-conception des services numériques,
08:18puisque même s'il est aujourd'hui assez peu visible, l'impact environnemental du numérique est énorme
08:23et surtout le développement exponentiel du numérique va générer des impacts considérables à l'avenir.
08:28Et en réalité, là où le babe laissait le plus, ce n'était pas tant notre propre appétence en tant qu'entreprise qui voulait s'engager,
08:34c'était l'écosystème autour, les clients.
08:37Alors les investisseurs, dans notre cas, on est sur une entreprise familiale, donc ce n'est pas le problème,
08:42mais c'était plutôt aux côtés des clients que, dès lors que l'on parle de surcoûts, évidemment le babe laisse.
08:47Et en réalité, ce qui s'est passé, c'est que progressivement, en avançant quand même sur le sujet par conviction,
08:51on a commencé à trouver des leviers de sobriété.
08:54Donc la sobriété, dit autrement, c'est des économies de coûts.
08:56Exactement.
08:57Et que quand on a pu faire la preuve de cela et continuer à développer nos capacités à éco-concevoir
09:01en développant des services moins énergivores, mais qui sont aussi des économies de coûts pour les clients,
09:05tout d'un coup, ça a beaucoup mieux marché.
09:07Et c'est là qu'il faut qu'on gagne un petit peu en maturité,
09:09mais que les entreprises se saisissent le plus possible en amont de leur réflexion
09:13de l'impact économique positif que peuvent générer des gains écologiques de sobriété,
09:17parce que c'est le meilleur argument pour avoir des gains rapides à court terme
09:21et donc créer une dynamique qui, après, permet d'être plus ambitieux.
09:24Pascal, vous avez pris des engagements forts à la Maïf, dont celui de ne plus investir dans les énergies fossiles.
09:30Question simple, quels bénéfices est-ce que vous en tirez ?
09:34On n'en tire pas de bénéfices financiers.
09:37Par hypothèse, vous avez tout un champ de secteurs dans lesquels vous pouvez investir.
09:44Si vous dites non, en fait, moi, je ne vais pas investir dans cette partie-là,
09:49ça veut dire que par hypothèse, on se prive de possibilités d'investissement.
09:54Donc, de toute façon, il n'y a pas de bénéfices financiers à en tirer.
09:58En revanche, et alors, fort d'une expérience assez longue en la matière,
10:03puisqu'on s'est retiré complètement, en effet, des énergies fossiles depuis déjà pas mal d'années
10:09et on investit massivement, au contraire, dans les énergies renouvelables, notamment.
10:15Fort de cette expérience, on peut, malgré tout, avoir un rendement de l'actif,
10:21comme on dit, qui soit suffisamment élevé.
10:26Nous, nos sociétaires nous confient leur épargne sous forme d'assurance vie.
10:31Évidemment, on assure une rémunération à cette épargne qui est complètement dans les standards
10:37et souvent dans les standards les plus élevés du marché.
10:40Donc, on peut tout à fait avoir une gestion des actifs financiers
10:47qui soit complètement saine sur le plan du climat.
10:50Et c'est important parce que c'est un levier, en effet, Marie le soulignait,
10:54qui est extrêmement puissant et, malgré tout, avoir un taux de rendement qui soit tout à fait bon.
11:02Et par ailleurs, on ne prend pas de risques de long terme d'actifs échoués,
11:06d'actifs qui vont être considérablement dévalorisés le jour où, effectivement,
11:14enfin, on aura, comment dirais-je, pris véritablement le virage.
11:21En fait, ce que je trouve très intéressant, c'est qu'il y a trois aspects, je trouve, à la question.
11:27Il y a un premier aspect qui est, effectivement, est-ce qu'on peut avoir des nouveaux modèles économiques
11:31qui permettent de mieux valoriser même la production des entreprises.
11:36Donc, j'aime beaucoup l'exemple de Michelin qui est souvent cité,
11:39qui a tenté une expérience de faire payer les pneus au kilomètre roulé.
11:45Et ils se sont rendus compte, et c'est extrêmement intéressant parce que là,
11:48ce qu'on est en train de faire, c'est qu'on est en train d'aligner le modèle économique
11:51avec l'impact environnemental et social puisque on va gagner plus d'argent
11:57si le même nœud est utilisé pour rouler plus longtemps.
12:02Et donc, finalement, ça limite la matière produite.
12:06Donc, il y a un sujet quand même qui est de rentabiliser la matière ou la ressource première.
12:10Donc, quand on bascule sur des modèles plus à abonnement
12:14où on est, du coup, en réduction de l'impact environnemental
12:17ou alors si on est sur des modèles économiques,
12:20nous, on a investi ça dans une entreprise qui s'appelle Fifteen
12:23qui fait des réseaux d'infrastructures de vélos électriques.
12:27Et en réalité, le modèle économique naturel devrait être de dire
12:32on est payé au kilomètre, la même chose, au kilomètre parcouru
12:35parce que plus on a d'utilisation de vélos électriques,
12:39plus ça crée un impact sur la santé et pas uniquement sur la santé des cyclistes,
12:43mais aussi sur la santé des non-cyclistes, des citoyens dans la ville
12:46parce que ça permet de réduire la pollution de l'air
12:49qui est, en fait, la pollution de l'air, c'est une des grandes sources de maladies des citoyens.
12:53Ça permet de limiter le bruit, ça rend des villes plus sûres.
12:56Et donc, en fait, il y a vraiment cette logique d'alignement des modèles économiques
12:59qu'il faut repenser en se disant comment est-ce qu'on peut faire en sorte
13:03que plus finalement mon produit est utilisé,
13:06plus il a un impact social ou environnemental qui est positif
13:11et moins le coût a dans l'autre sens.
13:14Donc, c'est extrêmement intéressant de penser comme ça.
13:16Mais il y a aussi la réduction des coûts.
13:18Quand on se dit qu'en l'an 2030, dans six ans,
13:22les projections sont qu'il y a à peu près 40% des besoins d'eau dans l'industrie
13:25qui ne vont pas être satisfaits, on voit bien que le prix de l'eau va monter
13:28et que donc arriver à être dans un modèle de sobriété des ressources
13:32qui sont des ressources qui vont être plus rares dans le temps,
13:35que ce soit des métaux rares ou que ce soit de l'eau
13:38ou que ce soit de l'énergie dont on ne sait pas comment le mix énergétique va évoluer dans le temps
13:43et le prix va évoluer dans le temps.
13:45C'est un gage de résilience et un gage d'économie de coûts dans le temps aussi.
13:51Et la troisième chose, donc il y a vraiment ce côté
13:53comment on repense les modèles économiques pour les aligner avec l'impact,
13:55comment on utilise finalement, on revoit sa consommation
13:59de manière à ce qu'elle soit la plus sobre possible pour être en résilience
14:03et en maîtrise de ses coûts dans le temps.
14:07Et puis après, il y a la question des risques,
14:08c'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce qui est une question du temps,
14:13on se met à risque à combien de temps,
14:14c'est-à-dire que les économies qu'on fait à court terme,
14:16combien elles nous coûtent à long terme.
14:18Et donc de vraiment se positionner, non pas dans des décisions à court terme,
14:22mais de se redire où est-ce qu'on veut aller et de penser les décisions aujourd'hui
14:26dans une économie ou dans une équation qui fait vivre la société sur son temps long.
14:32C'est d'ailleurs ce qui rend la CSRD extrêmement intéressante,
14:34parce que quand on regarde la façon dont les entreprises,
14:36les premières concernées, donc les grandes entreprises s'en sont saisies,
14:39ce sont des équipes et des services financiers qui ont traité le sujet,
14:42alors qu'historiquement, les sujets dits de RSE, développement durable,
14:45étaient gérés par des services dédiés qui avaient une approche assez différente.
14:48On voit le niveau d'anticipation, de projection à long terme
14:51sur les coûts économiques de tout ça, qui je pense,
14:53et c'est pour ça qu'il faut absolument que la CSRD soit maintenue
14:55avec le niveau d'ambition actuel,
14:57permet aux entreprises de vraiment changer leur mode de pensée
15:00et de bien mieux considérer les conséquences économiques.
15:02Donc, je pense prendre conscience de l'importance de désormais avoir des stratégies
15:06de décarbonation, etc., qui soient hyper ambitieuses avec des gains à court terme.
15:11Sonia, l'économie circulaire et le réemploi sont des leviers de choix pour la durabilité,
15:16mais ces modèles sont-ils réellement viables à court terme ?
15:21Alors, viables à court terme, c'est une bonne question,
15:23parce que pour l'instant, ils ne le sont pas.
15:25On voit bien aujourd'hui que ce sont des activités qui sont subventionnées
15:31d'une façon ou d'une autre, que ce soit par des entreprises privées
15:33ou par des fonds publics.
15:35On a mis quand même en place beaucoup de choses.
15:38Au niveau de l'Europe et en France aussi, avec la loi AGEC qui nous met dans la bonne dynamique,
15:44notamment pour vraiment aller sur une circularisation complète de la chaîne de valeur,
15:49c'est-à-dire depuis l'éco-conception jusqu'à « j'arrête de mettre dans les décharges »
15:54et plutôt « je vais réparer, réemployer, etc. ».
15:59C'est une dynamique qu'il faut poursuivre, qu'il faut réussir à passer à l'échelle.
16:03Je pense que pendant un certain temps, il va falloir qu'elle continue à être subventionnée,
16:07mais elle est essentielle, notamment parce que c'est un levier pour décarboner,
16:12pour utiliser moins de ressources, parce qu'on va moins produire.
16:16Donc oui, à court terme, ça n'est pas viable, y compris les start-up ou les grandes entreprises,
16:25mais c'est vraiment…
16:26Non, mais est-ce que vous avez des exemples d'entreprises qui intègrent ces pratiques
16:30et qui sont rentables ?
16:33Alors, on parlait de Veolia tout à l'heure,
16:37il y a des entreprises qui sont au cœur de l'économie circulaire parce qu'elles en ont fait leur activité,
16:42c'est-à-dire qu'eux collectent, trient, vont se lancer dans le réemploi, etc.
16:47Donc eux, ils en bénéficient.
16:50Les entreprises, les fabricants qui mettent les produits sur le marché,
16:55pour eux, aujourd'hui, l'économie circulaire, c'est important.
17:00Ils ont des obligations, notamment de contribuer avec des éco-participations,
17:05mais c'est finalement un point de marge,
17:12une certaine quantité de marge qui n'est pas là
17:16et qui fait qu'ils sont très sensibles à la concurrence,
17:21notamment des produits qui viennent des pays asiatiques.
17:23Et on revient aux problématiques de réglementation, de carbone aux frontières, etc.
17:29En fait, par rapport au sujet de l'économie circulaire,
17:32c'est un problème aussi extrêmement systémique
17:36qui relève de travaux et d'actions au sein de coalitions,
17:42sur des chaînes de valeurs où les entreprises vont ensemble y travailler.
17:46Il y a un exemple hyper intéressant aujourd'hui,
17:49il y a les acteurs de la cosmétique qui se sont associés dans une coalition
17:53avec une société qui fait du conseil dans ce domaine qui s'appelle Circulaire.
17:57Ils ont créé une coalition pour en un an tester
18:00et mettre en œuvre du réemploi dans les cosmétiques.
18:05Donc il y a Chanel, Clarins, L'Oréal, Sephora, etc.
18:11Et aussi Citeo qui est un éco-organisme,
18:14mais ensemble ils travaillent sur comment,
18:17en partageant les risques, en partageant les coûts,
18:20on va répondre à une problématique qui nous concerne tous et qui est essentielle,
18:25parce que marque employeur, parce que nos clients commencent aussi à vouloir y aller.
18:29Et nous, en tant que fabricants, on a besoin de réduire nos coûts
18:32et de trouver un système qui tourne.
18:35Donc à court terme, c'est compliqué,
18:37mais moi je pense que c'est un levier essentiel et que ça va se faire.
18:42Pascal, vous encouragez, vous assurez à choisir des véhicules électriques,
18:45une démarche qui peut sembler coûteuse sur papier
18:48quand on sait que les frais de réparation sont plus courants
18:51et plus élevés que pour des véhicules thermiques.
18:54Quelle est la stratégie derrière ce choix ?
18:57La stratégie, c'est vraiment la stratégie d'impact et d'impact positif.
19:01On voit bien qu'il y a la nécessité de basculer assez rapidement,
19:05somme toute, le parc de véhicules vers l'électrique.
19:10Et donc nous, on prend notre part en tant qu'assureurs
19:12pour aider les consommateurs à cette bascule
19:15en faisant payer moins cher, toutes choses égales par ailleurs,
19:19les détenteurs de véhicules électriques que ceux de véhicules thermiques.
19:24Alors même, vous avez raison, qu'en réalité, pour l'assureur,
19:28les véhicules électriques coûtent un peu plus cher,
19:32à la fois parce qu'il y a un peu plus d'accidents.
19:34Ce sont des véhicules qui sont très silencieux,
19:37donc en ville, on ne les entend pas arriver.
19:40Ce sont des véhicules qui, généralement, ont des accélérations assez fortes.
19:44Et puis, par ailleurs, le coût de réparation des véhicules électriques
19:47est beaucoup plus important.
19:50Et bien tant pis, on prend sur nous pour, malgré tout...
19:53Et est-ce que ça devient rentable à long terme pour la Maïf ?
19:56Écoutez, on accorde ce bonus écologique.
20:01C'est un pari.
20:02C'est aussi un pari qui permet de convaincre les détenteurs de véhicules électriques
20:09de plutôt venir chez nous que s'assurer ailleurs.
20:13Donc, c'est aussi un pari sur l'avenir et sur le développement futur de l'entreprise.
20:18Et puis, peut-être que ça peut convaincre aussi les industriels,
20:20les constructeurs automobiles européens et français
20:24de basculer aussi beaucoup plus vite vers cette mobilité.
20:30Parce qu'aujourd'hui, on voit bien qu'on est un petit peu en retard.
20:34Et ce genre d'action incitative, auprès du consommateur,
20:39je trouve extrêmement vertueuse parce qu'elle entraîne, en fait, toute la filière.
20:44Et il faut aussi que cette transition, elle vienne aussi des attentes des consommateurs.
20:49C'est essentiel.
20:50C'est même complètement essentiel.
20:52Avec Sonia, je pense qu'on était connectés parce que je voulais avoir à peu près le même rapport.
20:56C'est-à-dire qu'on a évoqué les industriels, les investisseurs, les Etats,
20:59mais pas encore les citoyens et les consommateurs dans cette affaire.
21:03Bon, voilà l'initiative de la Maïf.
21:05Et heureusement, il y en a d'autres qui montrent à quel point les entreprises ont un rôle majeur à jouer,
21:09notamment à travers le marketing, pour rendre tout ça désirable.
21:12Et j'en parle parce que comment voulons-nous réellement réussir une forme de transition
21:16et mettre les entreprises dans des conditions de pérennité à long terme
21:19si on a des citoyens qui sont constamment tambourinés par 2000 pubs par jour,
21:23qui les poussent à acheter toujours plus de trucs ?
21:25Ça ne peut absolument pas tenir.
21:26Et on ne peut pas d'ailleurs reprocher à ces personnes de résister ou de ne pas résister
21:30face à autant d'injonctions à consommer.
21:33Donc ce qu'a fait la Maïf là, notamment pour avoir une incitation positive et très intéressante,
21:37je pourrais citer un autre exemple d'une entreprise qui marche bien,
21:40qui est dans la circularité, qui je pense d'ailleurs est même devenue ce qu'on appelle une licorne,
21:44qui s'appelle Back Market, qui travaille sur une offre désirable, attractive,
21:49de matériel reconditionné dans l'univers du numérique,
21:52et qui s'internationalise, qui est peut-être un des plus beaux exemples récents que nous ayons.
21:56Une entreprise qui se met sur le créneau de la circularité,
22:00autour de produits qui sont à un rythme de consommation très intense,
22:04on change de téléphone tous les deux ans en moyenne,
22:07et qui arrive assez bien aujourd'hui économiquement à se développer sur ce modèle-là.
22:10Alors je voudrais intervenir sur ce point et créer un petit peu de polémique.
22:14Ah, ça manquait !
22:16Back Market, magnifique, très bien,
22:21mais en fait, ce qui serait intéressant de regarder, c'est d'où viennent les produits qui sont recyclés.
22:27Est-ce que ce ne sont pas des produits qui viennent de flottes de téléphones des États-Unis,
22:31qui vont être réparés je ne sais où,
22:35et qu'on va importer, et qui vont avoir un impact environnemental pas si bon que ça, ou pas ?
22:41Je ne sais pas.
22:43On a une partie de la réponse, on le sait, mais c'est un marketplace.
22:47Mais c'est à ce point-là qu'on arrive à passer l'échelle.
22:49Je suis d'accord, mais il faut aussi...
22:51Oui, on arrive à passer l'échelle, mais est-ce que finalement,
22:54passer l'échelle en ayant au total sur l'ensemble du cycle de vie du produit,
23:00un produit qui est recyclé, reconditionné, mais qui finalement a un impact
23:04peut-être moins bien qu'un produit qui va être fabriqué dans d'autres circonstances,
23:10plutôt local, etc.
23:11Donc en fait, c'est ça aussi, je trouve, tous nos sujets,
23:15c'est qu'il faut qu'on soit vigilants aussi.
23:18Mais Thomas, je suis d'accord avec toi, c'est un bel exemple.
23:21On peut ne pas s'attaquer à ça.
23:22Mais c'est important de...
23:26En fait, c'est un sujet sans fin.
23:30Il faut regarder, je pense aussi, l'ensemble des problématiques du cycle de vie complet.
23:34Je prends un autre exemple, c'est la machine à laver.
23:37La machine à laver, le recyclage, le réemploi des machines à laver.
23:44Une machine à laver, c'est un produit qui est essentiel aujourd'hui.
23:49Dans tous les foyers, on est très équipé.
23:53Une machine à laver, elle a une certaine durée de vie de quelques années.
23:57Et ensuite, soit c'est une machine à laver qui est peu réparable
24:02et qui n'a pas été éco-conçue et qui va plutôt être démantelée.
24:07Et ensuite, on va récupérer certains métaux et le reste, on va le mettre en décharge.
24:12Ou c'est une machine à laver qui a été peut-être pas beaucoup utilisée
24:16pendant le temps où elle était chez vous,
24:19qui a été plutôt éco-conçue et qu'on va pouvoir faire réparer
24:23par des structures de l'ESS
24:25et qui vont vous permettre d'avoir une machine réemployée, etc.
24:29On a aujourd'hui des machines, on peut avoir aujourd'hui des machines
24:32qui sont remises dans le circuit,
24:34qui vont fonctionner en consommant beaucoup plus d'eau,
24:37en consommant beaucoup plus d'énergie
24:39et qui font que finalement, l'impact total n'est pas si positif.
24:45Donc, il faut qu'on continue à pousser l'économie circulaire,
24:50mais il faut aussi qu'on continue à pousser de l'éco-conception
24:54et des approches beaucoup plus vertueuses et surtout dans les territoires.
24:58En fait, l'un des points qui est un peu implicite dans ce que Sonia a dit,
25:01c'est qu'on a besoin de mesurer en fait.
25:06Et l'un des sujets, quand je disais qu'on a besoin des outils,
25:10c'est qu'il en existe certains aujourd'hui.
25:12Donc, SWEEP dont on parlait au début en disant que j'étais administratrice de l'entreprise,
25:16c'est aussi un des investissements de 2050.
25:19Et c'est clairement ce type d'outils qui permet à chaque entreprise
25:22de comprendre à partir de son compte de résultats financiers,
25:28va arriver à avoir un compte de résultats extra-financiers
25:31où on peut comprendre à chaque fois
25:34quelles sont les différentes émissions de gaz à effet de serre sur l'ensemble de sa chaîne,
25:39c'est-à-dire pas uniquement sur l'entreprise elle-même
25:41en ce qu'on appelle scope 1 et 2, c'est-à-dire voilà,
25:43mais aussi en scope 3, c'est-à-dire comprendre aussi les fournisseurs,
25:47comment est-ce que la chaîne de valeur,
25:49et là on commence à avoir une analyse de sa chaîne de valeur
25:52et on commence à savoir où est-ce qu'on peut agir pour limiter son impact global.
25:58Mais on a besoin pour ça, on ne peut pas juste être en bonne intention.
26:02En fait, c'est un vrai travail et c'est un vrai travail de mesure
26:05et d'analyse de ces données et de son activité
26:07et on a besoin de s'outiller pour ça parce qu'en réalité,
26:10sinon on est un peu dans le vague parce qu'il y a des impacts de partout en fait.
26:14On parle d'un impact unique d'une entreprise, mais pas du tout.
26:17Donc, arriver à avoir une vision un peu holistique ou complète
26:22de l'intégralité de la performance de l'entreprise
26:28sur les enjeux sociaux ou environnementaux dans sa globalité,
26:31c'est extrêmement important pour derrière pouvoir prendre les bonnes décisions.
26:35Chers invités, on se rapproche déjà de la fin de ce débat.
26:39J'aimerais terminer par une question collective.
26:41On commence avec vous, Pascal.
26:43Si vous deviez convaincre une entreprise hésitante à s'engager,
26:47quel serait votre argument ?
26:49Alors moi, j'aimerais convaincre une entreprise.
26:51Je vais répondre à votre question, mais j'aimerais convaincre aussi les gouvernements
26:55parce que c'est extrêmement important de créer les conditions de la transition.
26:59Convaincre une entreprise, alors là, pour le coup, de manière très empirique.
27:05Moi, je mesure combien...
27:06Marie disait tout à l'heure, une entreprise, c'est d'abord une communauté humaine.
27:09C'est d'abord une communauté de salariés
27:12et c'est important le niveau de motivation, d'engagement, de fidélité des salariés.
27:18C'est important aujourd'hui sur le marché du travail que l'on connaît
27:21d'être capable d'attirer, de recruter des talents.
27:25Clairement, ça, vous pouvez le faire avec une entreprise qui est réellement
27:29et qui est sincèrement engagée et où c'est suffisamment visible
27:32et c'est complètement essentiel.
27:34C'est la même chose avec les clients, avec l'image de marque.
27:38Moi, je peux vous dire que la Maïf, depuis quelques années maintenant,
27:42a un niveau de développement qu'elle n'avait jamais connu dans son histoire
27:45alors qu'elle a été créée en 1934.
27:47C'est-à-dire que même pendant les Trente Glorieuses,
27:50cette période durant laquelle les ménages s'équipaient en logement, en voiture,
27:55avec en plus une croissance démographique forte
27:57et une très faible concurrence sur le marché de l'assurance à l'époque,
28:01on n'avait pas les mêmes niveaux de développement qu'aujourd'hui.
28:04Donc, c'est bien qu'effectivement, ça attire.
28:07Malheureusement, je pense que ça ne suffira pas,
28:10en tout cas, ça ne suffira pas à aller assez vite.
28:12Il faut impérativement que les pouvoirs publics
28:16créent un environnement juridique et fiscal qui soit réellement incitatif
28:21pour que les entreprises aient un bénéfice rapide, immédiat
28:25en termes d'accessibilité aux aides publiques, au marché public,
28:29en termes, pourquoi pas, de modulation de la fiscalité demain
28:32pour qu'il y ait ce bénéfice.
28:34Et puis, dernier point, très, très rapidement,
28:38on a commencé sur l'élection de Donald Trump.
28:41C'est évidemment une catastrophe pour l'humanité.
28:46Ça peut être aussi une opportunité.
28:48Ça veut dire que derrière, on voit bien qu'on est en train de remettre en cause
28:52un modèle idéologique de libre-échange généralisé dans le monde entier.
28:58Je pense qu'aujourd'hui, on peut conjuguer transition écologique,
29:02protection d'un certain modèle social et souveraineté économique.
29:07Et le développement des mécanismes,
29:09ce qu'on appelle les mécanismes d'ajustement carbone aux frontières,
29:12c'est-à-dire de la taxe carbone.
29:14Et pourquoi pas, en mettant aussi des critères sociaux,
29:16me permet de dire au reste du monde, voilà, nous, on a des standards,
29:19des standards écologiques, des standards sociaux.
29:22Si vous n'êtes pas en dessous de ces standards, il y a forcément
29:25une compensation, une pénalisation pour rentrer sur le marché européen.
29:30Et on voit bien qu'on arrive à aligner l'ensemble des intérêts.
29:34Sonia, même question ?
29:36Bien sûr, la dimension employé, collaborateur et talent, c'est essentiel.
29:44Mais je dirais aussi, pour l'avoir moi-même vécu, c'est,
29:49faites-le d'un point de vue collectif avec votre écosystème, avec vos partenaires,
29:53avec vos fournisseurs, avec vos clients et travaillez dans votre territoire.
29:59Je pense que toutes les entreprises aujourd'hui ont beaucoup d'opportunités.
30:03Par exemple, on parlait des déchets et de l'économie circulaire.
30:05Il y a beaucoup de choses à faire pour revoir sa chaîne de valeur,
30:09travailler avec ses clients, ses fournisseurs, dans une logique de coalition d'impact,
30:13dans une logique de coopération.
30:16Parce qu'en fait, ce qu'on est en train de vivre, c'est complexe.
30:19Ça peut faire peur et je suis convaincue qu'en le faisant ensemble,
30:23de façon collective, on va mieux y arriver.
30:26Nous, on fait partie avec Fine Climate de la Conscience d'entreprise pour le climat industrie
30:31et on est avec une cinquantaine d'entreprises industrielles.
30:33Et en fait, on voit que ça crée une dynamique incroyable d'être avec des pairs
30:38et de voir que c'est possible de tester des choses, etc.
30:41Donc moi, ma conviction, c'est le collectif, la coopération.
30:45Marie, d'un mot, parce qu'on n'a plus beaucoup de temps.
30:48Je vais renforcer ce que Sonia vient de dire, parce que je suis parfaitement d'accord.
30:52C'est vraiment l'une des grandes différences que je vois entre la transformation digitale
30:56et la transformation durable.
30:57Le digital, on pouvait se transformer à l'échelle de l'entreprise elle-même.
31:01Sur le durable, on dépend de ce que ses fournisseurs font,
31:03on dépend de ce que ses clients font.
31:04Donc, c'est une bascule de chaîne de valeur.
31:07Donc, c'est nouveau aux accords de coopération
31:09et de penser différemment la relation à sa chaîne de valeur et comment on y va ensemble.
31:15C'est super clé et on doit même le penser au niveau financier.
31:19Donc, je terminerai par cet exemple pour reboucler la boucle aussi sur cette entreprise suédoise
31:24dont j'ai parlé au début, qui fait du ciment.
31:28Ce qu'ils font, c'est un matériau qui est un des constituants du ciment.
31:32Et comme on a besoin, quelque part, d'avoir aussi les fabricants de ciment,
31:38aussi les constructeurs et aussi les clients finaux qui soient en demande de ce matériau-là,
31:44et on a besoin en plus qu'ils prennent des risques avant la création de l'usine,
31:48donc à faire des accords de pré-achat pour pouvoir financer l'usine, etc.
31:54Ce qu'on a fait, c'est qu'au moment où on a levé des fonds pour l'entreprise,
31:59avant de se basculer sur le financement de cette usine et sur l'industrialisation de ce produit,
32:06on a fait rentrer au capital.
32:08Donc, on a Olsim au capital de l'entreprise,
32:11on a la famille Golbeck qui fait de la construction immobilière
32:16et on a aussi Amazon Climate Pledge Fund qui est le client final
32:21parce qu'ils se sont engagés à pré-acheter le matériau de Payball
32:25pour construire les murs de leur datacenter en Europe.
32:29Et donc, c'est un nouvel type de coalition qui n'est pas uniquement une coalition commerciale,
32:33mais qui peut aussi être une coalition d'intérêts et d'actionnariales
32:37pour aligner vraiment les intérêts de toute la chaîne et faire en sorte qu'on optimise le succès.
32:42Merci Marie. On passe à notre dernière séquence, c'est le Goûtouno.

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