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Les Clefs d'une vie avec l'auteur Clémence Pernoud.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-02-19##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:05Votre grand-mère a donné naissance à des livres sur les enfants qui ont fait beaucoup de petits.
00:10Vous assurez aujourd'hui la relève d'une aventure familiale
00:13qui n'a visiblement pas fini de faire d'autres petits dans les librairies.
00:17Bonjour Clémence Pernoud.
00:18Bonjour.
00:19Alors, vous êtes la petite-fille de Laurence Pernoud
00:21dont le nom est archi-connu dans le monde entier à travers ses livres
00:24« J'attends un enfant, je lèche mon enfant ».
00:27Vous publiez les éditions 2025 en assurant la relève.
00:30On va l'évoquer bien sûr.
00:32Mais on va évoquer Laurence Pernoud qui est quelque chose d'extraordinaire dans l'édition
00:35et qu'on connaît peu parce qu'elle parlait peu.
00:37C'était votre grand-mère.
00:38Tout à fait.
00:39Elle était, c'est vrai, assez réservée, timide de premier abord
00:43parce qu'une fois qu'on la connaissait, elle était plutôt bavarde et plutôt très à l'aise.
00:48Mais c'est vrai qu'elle se protégeait je pense
00:52et c'était un petit bout de femme, toute petite comme ça, toute discrète.
00:56Alors on connaît son nom, on ne connaît pas son parcours.
00:58Donc « J'attends un enfant, je lèche mon enfant », une nouvelle édition,
01:01sort chez Albin Michel cette année, on va en parler bien sûr.
01:04Mais on va évoquer aussi cette femme dont on va entendre la voix.
01:08Peu, mais par exemple quand on parle de faire assister les enfants à l'accouchement,
01:13là je dis non.
01:14Pourquoi ?
01:15Parce que je crois que c'est plutôt pour satisfaire le désir des parents.
01:19Elle avait vraiment un caractère et elle savait ce qu'elle voulait.
01:22Alors on va évoquer ce parcours à travers des attelés
01:25et la première attelée que j'ai trouvée c'est le 27 mai 1972.
01:29Finalement c'est sa première télé.
01:31Sa première télé à la foire nationale du livre au format de poche à Strasbourg.
01:35Et là elle est avec une femme, c'est un grand hôtel, Maison Rouge,
01:39et elle explique à une femme ce que peut être la maternité et la naissance des enfants.
01:45Je ne sais pas si vous connaissez cette séquence.
01:47Je ne sais pas, peut-être.
01:49Elle est très sérieuse.
01:50Cette lectrice parle de l'écriture des enfants.
01:53Elle écoute, elle écoute, mais vraiment avec attention.
01:56Car chaque personne comptait pour elle.
02:00Absolument.
02:01J'ai un très fort souvenir dans mon enfance de la voir passer des heures et des heures
02:07à lire et à répondre au courrier d'électrice.
02:09C'était vraiment fondamental pour elle d'être proche d'elle
02:12et de répondre à chacune de ses lettres.
02:15Oui, surtout que cette dame-là était assez critique sur le problème des enfants et de l'écriture.
02:20Il faut rabâcher sans arrêt.
02:21Elle lui répondait avec une gentillesse étonnante.
02:23Et ce qui est étonnant, c'est que juste après elle, dans la séquence,
02:26elle leur dit bonjour.
02:27Il y a Péhio et Franquin, les créateurs des Schtroumpf et de Gaston, qui discutent.
02:32C'est vraiment un autre côté enfantin.
02:34Alors, on sait peu de choses sur votre grand-mère,
02:37donc Laurence Pernaut, qui s'appelait au départ Georgette Zoé Laurence Secrétan.
02:41Tout à fait.
02:42Elle est née en Suisse, je crois.
02:43Elle est née en Suisse et elle s'est toujours appelée Georgette.
02:46Parce que figurez-vous qu'elle n'a pas officiellement changé de prénom.
02:49Donc moi, je me souviens, je ne sais plus quel âge j'avais,
02:52mais voir un jour arriver un courrier à Georgette.
02:54Et je me dis, mais c'est qui cette Georgette ?
02:57C'était tout simplement Laurence qui n'avait pas officiellement changé de prénom.
03:01Elle est née, je crois, un peu avant l'armistice de 1918,
03:04mais dans un pays en paix, en Suisse, à Lausanne.
03:06Oui, tout à fait.
03:07Parce que je crois que son père était suisse.
03:09Son père était suisse.
03:10En fait, alors, elle avait un mélange assez incroyable
03:13parce qu'elle était à moitié suisse et à moitié grecque.
03:16Donc, des origines tout à fait différentes.
03:18Et ce qui faisait qu'elle avait à la fois quelque chose de très droit,
03:22très strict, très suisse et à la fois une espèce de folie,
03:25un peu comme ça, grecque.
03:27Son père s'appelait Philippe-André Secrétan, je crois.
03:30Sa mère, Catherine Perrotis, c'est ça.
03:32Et je crois que son père avait une profession assez particulière.
03:36Il était écrivain, mais aussi réassureur.
03:39Alors là, vous en savez plus que moi, je dois vous l'avouer.
03:41C'est assez étonnant.
03:42Oui.
03:43Et je crois que c'était une famille bourgeoise cultivée.
03:46Donc, elle a vraiment appris la vie dans cette famille.
03:49Oui, oui, tout à fait.
03:51C'est vrai que quand elle me parlait de ses parents,
03:54elle me parlait d'un père très strict,
03:55mais qui à la fois lui avait donné des valeurs
03:58et quelque chose de très fondamental
04:00qui avait fait sa personnalité aussi riche et curieuse de tout un tas de choses.
04:05Oui, et avec son père, elle avait découvert,
04:08Laurence Pernoud, les milieux politiques et médiatiques déjà.
04:10Oui.
04:11Parce que je crois qu'ils se fréquentaient, ces gens-là.
04:13Probablement, oui.
04:15Alors, il y a aussi un grand-père, je ne sais pas si vous le savez,
04:17Édouard Secrétan, qui est mort juste avant sa naissance
04:20et qui a été un des hommes importants de la presse en Suisse,
04:22puisqu'il a fondé la Gazette de Lausanne et l'association de la presse suisse.
04:27Tout à fait.
04:28Et il y a d'ailleurs une statue à son effigie à Lausanne.
04:31Donc, il y avait une voie journalistique ouverte pour Laurence Pernoud.
04:34Absolument, oui.
04:35Et c'est vrai qu'elle avait envie de faire ça.
04:37Je crois qu'elle arrive à Paris à 10 ans.
04:38Au départ, elle fait des études de lettres, Laurence Pernoud.
04:40Alors, elle avait un rêve secret qui était d'être chanteuse d'opéra.
04:44C'était vraiment sa passion la plus folle.
04:47Mais elle n'a jamais réussi à vaincre son trac.
04:50Donc, effectivement, elle a fait des études de lettres.
04:54Et ensuite, des études de droit aussi un petit peu.
04:56Tout à fait.
04:57D'ailleurs, je l'ai rejoint plus tard et j'ai fait moi-même des études de droit.
05:00Qu'est-ce qu'elle voulait faire à l'époque ?
05:02Je vous dis, elle voulait absolument être chanteuse.
05:05Ça ne marchait pas.
05:06Finalement, après, elle est partie aux États-Unis comme jeune fille opère.
05:10Et c'est là où elle a trouvé du travail.
05:12Tout à fait.
05:13Elle a trouvé du travail et un mari.
05:15Oui.
05:16Le travail, c'était l'agence Unité de presse.
05:18C'était une des plus grosses agences des États-Unis.
05:21Il y avait, je crois, 369 journaux américains qui étaient abonnés.
05:25Et ça a été aussi une pionnière de la radio.
05:27Elle est rentrée comme rédactrice.
05:29Oui.
05:30Oui, oui.
05:31Et puis, tout est allé assez vite parce qu'elle est rentrée.
05:35Elle a rencontré son futur mari.
05:37En fait, il y a eu une espèce d'explosion de sa vie, je pense,
05:40quand elle est partie aux États-Unis.
05:41Elle vous parlait des États-Unis, de ce travail aux États-Unis ?
05:44Pas tellement.
05:45Elle me parlait plutôt de sa vie actuelle, en fait.
05:49Parce que c'était une époque bénie.
05:51C'était les débuts de la radio.
05:52C'était la TSF.
05:53Et elle a fait partie, je crois, en écrivant des textes qui ont été repris à la radio.
05:57Elle a fait partie des pionnières de la radio.
05:59Oui.
06:00Et puis, en fait, elle ne me parlait pas tant de son travail à New York,
06:02mais plutôt de sa vie parce que c'était assez incroyable, si vous voulez.
06:05Elle avait...
06:06Elle avait...
06:07Elle vivait un rêve.
06:08Et je me souviens qu'elle m'avait dit qu'elle avait rencontré Audrey Heard.
06:10Enfin, voilà, c'était le rêve.
06:12Les grandes stars de Broadway qu'elle connaît.
06:14Parce qu'elle les rencontrait, elle les interviewait.
06:16Absolument.
06:17Et il n'y a aucune trace de ça.
06:19J'ai cherché.
06:20Il n'y a aucune trace de ce qu'elle a écrit.
06:21Parce qu'à l'époque, c'était anonyme.
06:22Oui.
06:23Et puis, je pense que ce n'était pas comme aujourd'hui où tout est partout.
06:27Il y a des traces de tout.
06:29Ça, c'était notre époque.
06:30Alors, son mari, c'est Georges Pernoud.
06:32Rien à voir.
06:33Je crois que c'est l'oncle de Georges Pernoud.
06:35Tout à fait.
06:37Et le parrain ?
06:38Alors, possiblement.
06:40Vous me l'apprenez aussi, décidément.
06:42J'apprends plein de choses.
06:43Et c'est vrai qu'on connaît à la sainte Georges Pernoud.
06:46Mais le mari de Laurence Pernoud s'appelait Georges Pernoud aussi.
06:48Tout à fait.
06:49C'est un hasard ? C'est un destin ?
06:50Bon, je ne sais pas.
06:53Ils étaient beaucoup de frères et sœurs, Georges Pernoud.
06:56Et il y a plusieurs prénoms qu'on retrouve.
07:00Et puis, c'était son parrain.
07:02Donc, c'était une époque où on donnait aussi facilement le nom du parrain.
07:06Alors, comment il se rencontre aux Etats-Unis ?
07:08Il se rencontre parce qu'il est journaliste aussi ?
07:11Je crois qu'il est journaliste.
07:12Oui, tout à fait.
07:13Lui, il travaillait pour Paris Match New York.
07:16Exactement.
07:17Et il rencontre Laurence Pernoud.
07:20Ça va être la grande histoire d'amour de sa vie.
07:22Absolument.
07:23Je crois qu'il y a eu un genre de coup de foudre.
07:25Il faut savoir à l'époque que Paris Match était un journal très particulier.
07:28Il avait été repris après la guerre.
07:30C'était un journal sportif avant la guerre.
07:32Le titre avait été repris parce qu'il n'y avait pas eu de problème avec les Allemands.
07:35Jean Prouveau l'a lancé.
07:37Et je crois que l'époque où Georges Pernoud a travaillé à Paris Match,
07:40c'était une époque totalement folle.
07:42On arrivait au bureau à midi.
07:43Les frais étaient illimités.
07:45On avait des belles voitures, des paparazzis.
07:48Je ne sais pas si elle vous a raconté tout ça.
07:50Alors, moi, j'ai des grands souvenirs de photos.
07:52Il y avait des photos sublimes chez ma grand-mère.
07:54Effectivement, de bureaux.
07:55On aurait dit des films des années 50.
07:57On aurait dit des films de Minnelli.
07:59Où il y avait tous ces hommes très chics qui fumaient.
08:01On voit dans ces photos une ambiance assez incroyable.
08:05En fait, ils arrivaient au bureau à midi.
08:07Ils allaient immédiatement au café d'à côté faire la réunion de rédaction jusqu'à 14h.
08:11Et ils travaillaient jusqu'à 1h du matin.
08:13Et je crois qu'effectivement, la photo était l'essentiel dans Paris Match.
08:17Ah bah oui.
08:19Le poids des mots, le choc des photos.
08:22Vraiment, c'était quelque chose d'extraordinaire.
08:25Et ça comptait plus que tout.
08:27Jean Prouveau a imposé quelque chose.
08:29Et Georges Pernoud était rédacteur en chef, je crois, à New York et ensuite à Paris.
08:32Oui, tout à fait.
08:33Et il s'occupait un petit peu de tout.
08:35Et là aussi, je ne sais pas si elle vous en a parlé, c'était une vie de rêve pour un journaliste.
08:38Oui, alors c'est pareil.
08:40Moi, je n'ai évidemment pas connu mon grand-père.
08:44Parce qu'il est parti très tôt.
08:46Elle était assez pudique, finalement.
08:48C'est vrai qu'ils n'en parlaient pas beaucoup.
08:50En même temps, il y a une chose extraordinaire à Paris Match.
08:52Un jour, Pierre Galland, qui était un journaliste, marié à Olivia de la Villande,
08:56autre star hollywoodienne, arrive en 1955 à Cannes pour le festival de Cannes.
09:01Il doit faire un reportage avec Grace Kelly.
09:03Il cherche un sujet.
09:05Et il dit, on va aller à Monaco.
09:07Ils sont allés à Monaco rencontrer le prince de Monaco qui était en retard,
09:10mais qui est venu juste à temps.
09:12On connaît la suite.
09:14Ça fait partie des histoires.
09:16Mais ce qui comptait à l'époque pour votre grand-mère, Clémence Pernoud,
09:19c'était d'être maman.
09:21Elle avait envie de devenir mère.
09:23Absolument.
09:25D'elle, c'était vraiment quelque chose qu'elle avait en elle,
09:28le fait de devenir maman.
09:30Et donc, par chance pour moi,
09:32elle est tombée enceinte de mon papa en 1953.
09:36Et lui est arrivé en 1954.
09:38Et c'est là que l'idée des livres est venue toute seule.
09:43Elle se posait plein de questions au départ.
09:45Comme toutes les mamans quand on est enceinte.
09:48Sauf qu'à l'époque, il n'y avait pas du tout d'informations.
09:51Les seuls moyens d'avoir des informations, c'était d'aller voir son médecin.
09:54Ou alors, il y avait du bouche à oreille entre femmes.
09:56Et on se disait un peu des choses.
09:58Mais autrement, il n'y avait rien.
10:00Il faut se dire qu'il n'y avait pas un seul livre
10:02qui expliquait aux mamans ce qui allait se passer dans leur corps.
10:05Mais on imagine mal cette époque aujourd'hui.
10:07C'est hallucinant.
10:08Ça paraît impensable.
10:09De se dire, il y a un être qui va vivre en soi.
10:12Et on va accoucher.
10:14Et on ne sait pas comment ça va se passer.
10:16Ça paraît vraiment inimaginable.
10:18Et donc, en fait,
10:20puisque c'était son métier d'aller chercher l'information
10:23et de la donner aux autres,
10:25tout simplement, elle l'a fait.
10:27Elle l'a fait pour ce sujet crucial de la maternité.
10:30Mais personne n'avait eu l'idée avant elle ?
10:32On ne saura pas.
10:34Mais en tout cas, elle a eu l'audace,
10:36elle a eu l'idée et l'audace de le faire.
10:38Ce qui n'était pas évident.
10:40Elle ne pensait pas au départ que ça donnerait ça, de toute façon.
10:43Je ne sais pas.
10:45Mais en tout cas, elle l'a fait.
10:47Et en plus de ça,
10:49non seulement elle a eu l'idée
10:51et la possibilité, l'audace, le courage de le faire.
10:54Et elle a tout de suite compris qu'il fallait
10:56le faire et le refaire,
10:58le mettre à jour parce que c'était évident
11:00que ce sont des sujets qui évoluent
11:02en permanence avec les changements de société,
11:04les découvertes de la science, de la médecine, etc.
11:07Elle a été doublement visionnaire
11:11puisqu'elle l'a fait et mis à jour ensuite.
11:13Justement, on va reparler de tout ça
11:15à travers une autre date importante
11:17qui est le 11 décembre 1956.
11:20A tout de suite sur Sud Radio avec Clémence Pernoud
11:23pour parler aussi de Laurence Pernoud et de votre actualité.
11:30Sud Radio, les clés d'une vie.
11:32Mon invité Clémence Pernoud,
11:34petite fille de Laurence Pernoud,
11:36célèbre pour des livres qu'on évoque bien sûr.
11:38On expliquera tout à l'heure comment vous avez repris le flambeau
11:41pour l'édition 2025 chez Albain Michel
11:43de J'attends un enfant et j'élève mon enfant.
11:46Mais on revient à une date importante dans la vie de votre grand-mère,
11:48Laurence Pernoud.
11:49Le 11 décembre 1956, ce jour-là,
11:52l'Académie de médecine décerne ses prix annuels
11:55et Laurence Pernoud reçoit un prix pour J'attends un enfant.
11:59Je crois que ça a été l'un des grands bonheurs de sa vie.
12:01Oui, parce que c'est une reconnaissance incroyable.
12:04C'est-à-dire qu'elle qui a voulu donner accès aux femmes à l'information
12:08et l'accès à l'information médicale,
12:10d'être reconnue par l'Académie de médecine,
12:12forcément c'est validé.
12:15Et puis c'est reconnaître aussi qu'il y avait ce besoin auquel elle a répondu.
12:19Il faut savoir que l'Académie royale de médecine, ça a été créé par Louis XVIII.
12:22C'est-à-dire qu'il voulait répondre aux demandes du public
12:26et défendre à la santé publique les épidémies et les maladies particulières.
12:30Et ensuite, c'est d'après une expansion qu'on connaît aujourd'hui.
12:33Et c'est vrai que la reconnaissance des médecins pour une femme qui n'est pas médecin,
12:36c'est exceptionnel.
12:37Oui, mais en fait, c'est vrai qu'elle était un peu leur alliée
12:40parce qu'elle a aidé forcément la médecine.
12:43Puisqu'elle donnait l'information aux femmes,
12:45elle donnait aussi aux femmes le pouvoir d'être en meilleure santé.
12:49Puisqu'en fait, toutes ces informations, il fallait les avoir
12:52pour vivre au mieux sa grossesse et donc être en bonne santé.
12:55Alors, Laurence Pernoud commence son travail.
12:59Elle n'imagine pas que ça va durer 4 ans au départ pour préparer le premier livre ?
13:02Non, elle ne devait certainement pas imaginer.
13:06Parce qu'en fait, c'est comme dans tout travail de recherche.
13:08On pense, plus on avance et plus on découvre
13:11qu'il va falloir aller encore plus loin.
13:13Et en même temps, elle a sorti ce premier ouvrage
13:17et puis elle a continué à travailler.
13:18Ça ne s'est pas arrêté au bout de 4 ans.
13:20C'est-à-dire que systématiquement,
13:21elle a été encore plus loin chaque année.
13:23Alors, les 4 premières années, il faut savoir
13:25qu'elle a commencé par faire des enquêtes.
13:27Il n'y avait pas Internet à l'époque.
13:28Des enquêtes auprès des femmes qui se posaient des questions.
13:31Elle en a vu beaucoup dans toute la France, je crois.
13:33Oui, parce que c'était vraiment important pour elle
13:36de répondre, d'être au plus près des besoins des parents.
13:41Ça, c'est un intérêt qu'elle a gardé toute sa vie
13:43parce qu'il y avait ensuite le courrier des lecteurs.
13:45Enfin, vraiment, c'était le contact avec les parents.
13:48C'était ce qui était primordial pour elle
13:51pour rester au plus près de leurs besoins.
13:54Et c'était une vraie réussite, je pense.
13:57Oui, mais il fallait en plus les trouver, ces femmes,
13:59dans toute la France. Il fallait les chercher.
14:00Ce n'était pas évident.
14:01Il n'y avait pas les communications d'aujourd'hui.
14:03Ah ben non, mais comme tout.
14:04C'est vrai que tout ce qu'on fait aujourd'hui,
14:06on l'imagine, il y a 70 ans,
14:09tout était très différent.
14:11Mais je ne suis pas étonnée parce qu'elle avait une force,
14:13elle avait une telle passion aussi
14:15que quand on a une telle passion,
14:18finalement, déployer des montagnes comme ça,
14:21ça ne paraît pas si incroyable.
14:23Dans les années 50, les familles sont composées de 4 enfants.
14:27Il y a même 10 enfants dans certaines familles.
14:29Les hommes travaillent plus de 10 heures par jour.
14:32Les enfants peuvent travailler dès 14 ans.
14:34Et les femmes sont les mères au foyer
14:36et qui s'occupent uniquement des enfants et de la maison.
14:38Oui, c'est une autre époque.
14:41Et ce n'était pas son modèle parce qu'elle travaillait,
14:43je peux vous dire, plus de 10 heures par jour.
14:45J'imagine.
14:46Il y avait aussi la télévision.
14:47La télévision ne parlait pas de ce sujet.
14:49Il y avait juste une émission médicale d'Igor Barère
14:53qui s'appelait « Les médicales pour promouvoir la médecine »,
14:56qui était la première émission de télévision.
14:57Mais il n'y avait rien d'un côté.
14:58Là non plus, elle n'avait pas d'information.
15:00Ben non.
15:01Non, mais vraiment, j'essaye de m'imaginer,
15:04depuis quelques temps,
15:05j'essaye de m'imaginer ce que ça devait être,
15:07de tomber enceinte et de n'avoir aucune idée.
15:10Et ça me paraît effrayant.
15:12Donc vraiment, je comprends qu'elle ait ressenti ce besoin absolu.
15:16Alors, dans l'une des rares interviews que j'ai trouvées
15:18où elle évoque ce sujet,
15:20les questions que les femmes se posent à cette époque-là,
15:23c'est « Est-ce que mon enfant sera normal ? »
15:25et « Comment se passe la grossesse ? ».
15:27C'était les deux sujets évidents qui étaient les points de départ.
15:30Après, il fallait chercher d'autres choses.
15:32Oui, alors d'ailleurs, je remarque qu'on se pose toujours les mêmes questions.
15:35Sauf qu'aujourd'hui, on a beaucoup de moyens d'avoir des réponses.
15:38Mais finalement, je pense que quand on voit le test positif,
15:42on se pose à peu près les mêmes questions.
15:44Elle traitait des thèmes scientifiques, psychologiques et familiaux.
15:48Et bien sûr, elle posait des questions,
15:50elle cherchait les réponses et elle allait voir des médecins.
15:53Car tous ses livres, les de Laurence Pernoud,
15:56ont été vérifiés par des médecins.
15:58Ah oui, plus que vérifiés.
15:59C'est-à-dire que son travail, c'était de s'entourer d'un collège d'experts,
16:03d'aller identifier les médecins qui voudraient bien travailler avec elle.
16:08Parce que je pense que ça ne devait pas être si facile.
16:10Je pense qu'au début, il devait y avoir un peu de réticence.
16:12Bien sûr, elle n'était pas médecin.
16:14Mais par chance, elle a trouvé les gens qui voulaient bien collaborer avec elle.
16:20Et ils n'ont fait plus que vérifier.
16:22C'est-à-dire que littéralement, ils ont construit ensemble les choses
16:25pour que tout ce qui est écrit dans les livres
16:30vienne soit de la parole scientifique.
16:33Et je crois qu'elle a fait relire chaque ligne de ses livres par des médecins.
16:37Évidemment, il n'était pas question qu'elle publie un livre
16:42qui disait des choses qui n'étaient pas vraies.
16:45Et effectivement, les médecins étaient étonnés
16:47parce que personne n'avait jamais posé ces questions.
16:49Mais oui, parce que les médecins, je pense, et c'est toujours le cas aujourd'hui,
16:52ils ont des manuels scientifiques, ils ont des livres très scientifiques,
16:56mais qui ne sont pas du tout destinés au grand public.
16:59Et donc pour eux, c'était quelque chose de très nouveau,
17:01la vulgarisation d'une certaine manière.
17:03Elle vous en parlait de ses recherches, Clémence Pernoud ?
17:06Je la voyais, je la voyais.
17:08Elle me parlait plus, forcément, parce que j'étais enfant,
17:11donc elle me parlait des choses qui à moi me parlaient à ce stage-là.
17:15C'est-à-dire qu'elle me partageait beaucoup les photos, les illustrations,
17:19tout ce travail-là, et le courrier d'électrice, encore une fois,
17:21qui était très important pour elle.
17:22Mais par ailleurs, je la voyais.
17:23Je la voyais à son bureau, avec des piles de documents de partout.
17:26Et puis je la voyais.
17:27Alors j'ai eu la chance de rencontrer aussi certains des professeurs
17:31avec qui elle travaillait.
17:32Je pense au professeur Brazelton, qui était un grand pédiatre américain,
17:35qui a fait un travail incroyable, qui est très reconnu.
17:37Et lui, par exemple, j'ai eu la chance de le rencontrer,
17:39de pouvoir échanger avec lui, même si j'étais toute petite.
17:42Et donc je voyais, non seulement elle me racontait,
17:45mais je voyais son travail.
17:46Et même le travail des médecins.
17:47Les médecins avaient confiance en Laurence Pernoud.
17:49Oui, parce que comme elle avait été la première à faire ce travail-là,
17:55et qu'elle a tout de suite continué.
17:57Elle n'a pas juste fait un petit travail comme ça.
18:00Elle a fait un travail de fond incroyable.
18:02Et elle-même a re-questionné tous les ans son travail,
18:05en le mettant à jour.
18:06C'est-à-dire qu'elle l'admettait que peut-être,
18:08elle avait dit des choses qui avaient déjà évolué.
18:10Donc c'était comme un travail de recherche qui se re-questionne.
18:16Et donc ça, forcément, ça ne peut être que respecter,
18:23par les gens qui ont vu tout de suite le sérieux de sa démarche.
18:27Alors, elle a travaillé pendant 4 ans.
18:29Il fallait encore trouver un éditeur, ce qui n'était pas évident.
18:32Et je crois qu'elle a trouvé Pierre Auret,
18:34qui avait écrit l'édition du Flore,
18:35et qui était un éditeur hors normes, éclectique.
18:38Tout à fait.
18:39Et c'est vrai qu'elle a beaucoup travaillé avec l'édition Auret.
18:42Et toute sa vie, ça a été une grande rencontre.
18:46Il a pris son livre.
18:47Vous en racontez comment il a pris son livre,
18:49ou c'est resté quelque chose de confidentiel ?
18:51Alors ça, je ne sais pas.
18:52Est-ce qu'apparemment, il a été le premier à en croire,
18:55alors que personne ne croyait en ce livre à l'époque ?
18:57C'est évident.
18:58Puisqu'il n'y en avait pas, c'est pas évident aussi de se dire...
19:00Elle avait eu le courage, mais encore fallait-il effectivement
19:03aller trouver les personnes qui allaient avoir le courage de la suivre.
19:06Et oui, je veux bien vous croire qu'il n'y en avait pas beaucoup
19:10qui avaient pris l'aventure en marche.
19:14Et à la sortie, elle ne fait qu'une émission,
19:16ce n'est pas La Média d'Aujourd'hui,
19:17qui s'appelle Rendez-vous à 5 heures sur la chaîne parisienne.
19:20Et elle dit que le problème, c'est qu'il n'y a aucun moyen
19:23pour déterminer le sexe du fœtus.
19:25Et elle numère une série de préjugés à badir
19:27quand l'état de grossesse est avancé.
19:31Oui, il y avait beaucoup de mystères à l'époque dans la grossesse.
19:35Je pense qu'il y avait beaucoup de choses qu'on découvrait à la naissance.
19:37Heureusement, je ne sais pas, mais aujourd'hui,
19:40les choses ont beaucoup changé.
19:42Il se trouve aussi que le livre est un succès immédiat,
19:44mais d'un triomphe que personne n'imaginait,
19:46à commencer par Laurence Pernoud.
19:48Mais tout simplement parce qu'il répondait à un besoin criant.
19:51Et je l'imagine tellement.
19:53Moi, si j'étais tombée enceinte et qu'il n'y avait rien,
19:56j'aurais été perdue.
19:58Évidemment, elle répondait à un tel besoin.
20:00Je ne suis pas du tout étonnée que ça ait eu du succès immédiatement.
20:02Mais ça a été une folie.
20:04C'était le grand livre de l'année.
20:06Il y a eu des éditions particulières.
20:08J'ai vu une édition recommandée par Marie Claire
20:11avec une préface de Georges Duhamel,
20:13qui était écrivain et médecin.
20:14Je ne sais pas si vous la connaissez.
20:15J'ai dû la voir,
20:16parce que c'est vrai qu'on avait pas mal de belles éditions.
20:18Et il y avait beaucoup de choses.
20:20On avait aussi, à un moment donné,
20:22toutes les éditions traduites dans 40 langues, je crois.
20:26Peut-être même plus.
20:2740 langues et 70 éditions en français.
20:30Oui, parce que non seulement ça a été un grand succès en France,
20:32mais en fait, à l'étranger, il n'y avait pas non plus ce genre d'ouvrage.
20:35Donc forcément, dès qu'il est apparu,
20:37il a aussi répondu à un besoin à l'étranger.
20:39Et il y a quand même quelqu'un qui a compté aussi à ce moment-là,
20:42qui l'a encouragé à travailler.
20:44Voici sa voix.
20:45J'ai toujours eu le goût d'avoir une vie partagée avec...
20:50Robert Debré, père de Michel Debré,
20:52grand-père de Jean-Louis Debré,
20:54qui a rassuré votre grand-mère
20:57en disant, vous n'êtes pas médecin, c'est pas grave,
20:59mais vous êtes maman, c'est l'essentiel pour écrire ce livre.
21:02Bah oui, et il avait tout dit.
21:04Parce que c'est, encore une fois,
21:05c'était une maman qui s'adressait aux parents.
21:08Et le professeur Debré a été très important pour elle.
21:11Elle vous en a parlé ?
21:13Pas tellement, mais je me souviens,
21:15pas à moi, mais je me souviens
21:17de l'avoir entendu en parler dans des discussions en famille.
21:20Et puis elle disait, si j'avais été médecin,
21:22je n'aurais pas écrit le même livre.
21:23Mais exactement, c'est tout à fait ça.
21:25C'est qu'elle avait à cœur
21:28d'être une maman qui parle aux mamans
21:32et de leur tenir la main et de les rassurer
21:34et d'avoir précisément, pas un discours médical,
21:37mais un discours d'entre-soi
21:42et d'empathie avec les mamans.
21:45Et ça a donné des résultats étonnants.
21:47Et on va continuer à en parler à travers encore une autre date.
21:50Clé de Laurence Pernoud,
21:52donc de vous Clémence Pernoud,
21:54le 2 avril 1993.
21:56A tout de suite sur Sud Radio avec Clémence Pernoud
21:58pour évoquer Laurence Pernoud.
22:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
22:03Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Clémence Pernoud.
22:06Vous avez pris la relève de Laurence Pernoud
22:09qui avait publié
22:10« J'élève mon enfant, j'attends un enfant » et réciproquement.
22:13De nouvelles éditions sortent chez Albain Michel,
22:15on va les évoquer dans quelques instants.
22:17Mais on en revient justement à la carrière de Laurence Pernoud,
22:19votre grand-mère.
22:20Et j'ai trouvé une date étonnante
22:21parce que c'est un salon pour l'enfance
22:23le 2 avril 1993 à Caen
22:26qui est sur le thème de « J'attends un enfant »
22:28et « J'élève mon enfant ».
22:30Laurence Pernoud est là
22:32et elle évoque le problème des enfants
22:34qui ne mangent pas.
22:35Il ne faut pas les forcer à manger.
22:37Elle préside ensuite un défilé d'enfants
22:40sur un podium.
22:41Ah oui !
22:43Et c'est vrai que ça a été aussi
22:45« J'élève un enfant », ça a été la suite.
22:47Mais ça a été une suite
22:48qu'elle n'a pas voulu faire au début.
22:50Non, parce qu'elle n'avait pas...
22:53Disons qu'au début elle était vraiment sur
22:55« J'attends un enfant »
22:56et c'était le premier projet qui répondait à ce besoin.
22:59Et puis finalement,
23:01les années passant,
23:02elle s'est rendue compte
23:03qu'il y avait aussi ce besoin
23:05d'aller soutenir les parents
23:07dans les premières années de vie de l'enfant.
23:10Mais c'est venu dans un second temps.
23:12Oui, c'est venu je crois neuf ans après.
23:14Elle a longuement hésité
23:15parce qu'il y avait beaucoup de travail
23:16avec le premier livre
23:17car elle suivait tout.
23:18Ah bah oui !
23:20C'est-à-dire qu'aujourd'hui
23:22on est bombardé d'informations
23:23donc on ne se rend pas compte
23:25qu'à l'époque il fallait aller chercher
23:27chaque information
23:29et où est-ce qu'on va ?
23:31Et où est-ce qu'on...
23:33Oui, d'où est-ce qu'on part ?
23:34Donc c'était un travail titanesque.
23:36Et en plus, il y avait les traductions
23:38car les éditeurs ont débarqué
23:39à sa grande surprise.
23:41Bah oui, c'est ce qu'on disait.
23:43Ce besoin, il était de partout dans le monde.
23:45Donc effectivement,
23:46il y a eu ces livres
23:48et puis ils ont été traduits
23:49dans plein de pays.
23:50Et puis après,
23:51il y a eu des collections.
23:53En fait, tout ça,
23:55ça a nourri beaucoup d'envie
23:59et elle est allée bien au-delà des livres.
24:01En plus, elle a ouvert la voie
24:03à un genre qui n'existait pas dans l'édition.
24:05Aujourd'hui, des livres, il y en a partout.
24:07Ce n'était pas le cas avant elle.
24:08Elle a donné des idées à d'autres.
24:10Absolument.
24:11Et ça, je pense que c'est une très bonne chose
24:13parce qu'elle a répondu à ce cri
24:15en besoin d'informations.
24:17Et encore une fois,
24:18la recherche appelle la recherche.
24:20Donc effectivement, maintenant,
24:21il y a beaucoup de livres
24:22et c'est très bien
24:23parce que ça veut dire que les gens
24:25vont toujours aller plus loin
24:27et se nourrir d'informations.
24:31C'est très positif.
24:32Ce qui est étonnant,
24:33c'est que le nom de Laurence Pernoud,
24:34tout le monde le connaît,
24:35mais elle a travaillé dans l'ombre
24:36sans jamais sacrifier au vedettariat.
24:38Clémence Pernoud.
24:39Oui, parce que c'était une travailleuse.
24:43C'était vraiment une bosseuse.
24:44Elle, ce qui lui importait,
24:46c'était les livres,
24:47la qualité de ses livres,
24:48la qualité de ce qu'elle allait mettre dedans
24:50et pas du tout d'être une vedette.
24:54Alors, c'était aussi notre époque.
24:56On n'était pas du tout starisé
24:58comme c'est l'époque aujourd'hui.
25:02Vraiment, ce qui l'importait,
25:03c'était ses livres et le boulot.
25:07Et ses deux enfants,
25:08parce que je crois que le premier fils
25:10est né quand le premier livre est sorti.
25:13Pas tout à fait.
25:15Juste avant, et le second est né
25:16quand le livre est sorti.
25:17Exactement.
25:18Mon papa est né en 1954
25:20et mon oncle en 1956,
25:22au moment de la sortie du livre.
25:25Là aussi, elle consacrait beaucoup de temps
25:27à sa famille et à ses enfants.
25:28Oui, évidemment.
25:29En fait, tout allait de pair.
25:32En même temps qu'elle écrivait les livres,
25:36elle élevait ses enfants.
25:37Donc, ça allait très bien ensemble.
25:39Oui, en même temps,
25:40c'est un sujet qu'elle ne connaissait pas au départ.
25:42Elle n'avait pas fait d'études de médecine.
25:44Mais non, et comme tous les parents.
25:46Ça, c'est un énorme constat qu'elle a fait.
25:49C'est-à-dire qu'on fait des formations,
25:51on apprend un métier,
25:52on est assistant,
25:53on fait tout un tas de choses
25:54et puis ensuite, on accède au poste.
25:56Quand on tombe enceinte,
25:58il n'y a pas de formation,
26:00il n'y a pas de diplôme,
26:01il n'y a pas de poste d'assistant.
26:03On est tout de suite parent.
26:04Et donc, c'est en faisant précisément ce constat-là,
26:08en se rendant compte
26:09que tout d'un coup,
26:10elle allait être elle-même maman
26:11et qu'elle n'avait pas les formations en poche
26:13qu'il fallait répondre à ça.
26:15Alors, elle s'est aussi organisée.
26:17Parce que j'attends un enfant,
26:18elle l'a fait avec des spécialistes,
26:20mais toute seule dans son coin.
26:21Alors que j'élève mon enfant,
26:23qu'elle a fait quelques années après,
26:24là, elle a travaillé avec une équipe.
26:26C'est-à-dire que comme elle avait eu la reconnaissance,
26:29on avait vu le sérieux de son travail
26:31et de sa démarche
26:32et sa motivation à faire les choses vraiment très bien.
26:36Ensuite, forcément,
26:37ça a été plus facile de réunir des gens
26:40plus aisément pour aller sur J'élève mon enfant.
26:44Et J'élève mon enfant,
26:46l'idée, c'était de 0 à 5 ans.
26:48C'est ça, oui.
26:50Parce que c'était un moment clé
26:51et encore une fois,
26:52il n'y avait rien là-dessus.
26:53Non, il n'y avait rien.
26:54Tout comme il n'y avait rien pour la grossesse,
26:55il n'y avait rien pour les premières années.
26:57Et ce sont des années,
26:59on le voit maintenant.
27:00Alors maintenant, on le sait très bien
27:01que ces années,
27:02on parle des mille premiers jours,
27:03on parle de tout un tas de concepts.
27:04Ces années sont décisives pour tout être humain.
27:08C'est-à-dire que ça a aidé beaucoup de parents
27:10qui ne savaient pas trop comment élever leurs enfants ?
27:12Oui, parce que je pense qu'on voyait le pédiatre
27:16pour les questions de santé vraiment très précises.
27:21Mais il n'y avait pas de guide sur l'éducation.
27:25Et donc, l'école faisait un travail.
27:28Mais entre-temps, il y avait tout un laps de temps
27:30où qu'est-ce qu'on fait avec son enfant ?
27:32Et le courrier qu'elle recevait,
27:33c'était des questions ?
27:34C'était des compliments ?
27:35C'était des interrogations ?
27:37C'était un peu tout.
27:38C'était un peu tout.
27:40Je crois qu'il y avait beaucoup de questions
27:41parce que je me souviens qu'elle parlait aussi
27:43avec tous les collaborateurs avec qui elle travaillait
27:46pour écrire le livre.
27:47Elle les questionnait aussi
27:49en fonction des questions qu'elle recevait dans les courriers.
27:52Oui, car ça aidait en même temps à développer les livres.
27:55Alors, j'élève mon enfant,
27:57tout est étudié dans les moindres détails.
27:59C'est la vie quotidienne,
28:00les étapes du développement de l'enfant, sa santé.
28:02Tout y passe.
28:03Chaque chose est importante.
28:05Et là aussi, il n'y avait pas d'information à l'époque.
28:07Il fallait aller chercher.
28:08Oui, il fallait aller chercher.
28:10Il fallait se questionner sur tout ce qu'on fait avec l'enfant.
28:15Et puis, ça va de qu'est-ce qu'on met dans sa chambre
28:18à qu'est-ce qu'on lui donne à manger,
28:20comment il dort.
28:21Enfin, c'est infini,
28:23les questions qu'on se pose quand on a un enfant.
28:25Et puis, le plus compliqué encore,
28:27ce sont les formalités administratives.
28:29Oui.
28:30Et d'ailleurs, c'est très intéressant
28:32de regarder les premières éditions
28:34parce qu'on se rend compte que les aides de l'État
28:37étaient quand même très travaillées à l'époque
28:41et même mieux que maintenant.
28:44C'est-à-dire ?
28:45C'est-à-dire qu'il y avait des primes
28:47et puis des choses assez rigolotes.
28:49Par exemple, il y avait une prime.
28:51Quand on faisait un enfant avant 24 ans,
28:53on avait une prime qui était plus importante.
28:56Et si on refaisait un enfant très vite dans les deux ans,
28:58on avait encore une prime encore plus importante.
29:01Donc, il y avait un vrai effort de l'État
29:04pour booster la natalité à l'époque.
29:07C'était le baby-boom qu'on avait besoin.
29:09Exactement.
29:10On ne parlait pas encore du congé parental.
29:12Ouh là là, non !
29:14Et il y a aussi, vous évoquez ça dans ces livres-là,
29:16la déclaration à l'État civil
29:18qui était aussi quelque chose de particulier.
29:20Oui, et qui est toujours...
29:21Enfin, ça ce sont des choses qui sont toujours dans les livres
29:24parce que c'est toujours des questions...
29:26En fait, c'est des questions très importantes
29:28mais auxquelles, à ce moment-là,
29:29on a un peu la tête ailleurs.
29:30Donc, c'est très important de les rappeler très facilement
29:33et d'avoir l'information en deux secondes.
29:35Et elle avait commencé évidemment ce travail-là.
29:38Il se trouve qu'on ne pouvait pas à l'époque
29:40déposer n'importe quel prénom.
29:42Je me souviens de René Goscinny,
29:43sa fille Anne est née au lendemain 1968.
29:46Il a voulu déposer le prénom Anne Barricade.
29:48Ça a été refusé par l'officier d'État civil.
29:51Oui, alors pendant longtemps,
29:52c'était même restreint au prénom calendaire.
29:55Après, ça s'est ouvert.
29:57Mais aujourd'hui, il y a toujours des restrictions.
29:59Alors Barricade, oui, effectivement, c'est intéressant.
30:01Alors, il y avait aussi,
30:02et vous évoquez ça dans toutes les éditions,
30:04le langage de l'enfant.
30:05Parce que finalement,
30:06la communication avec l'enfant, avec son langage,
30:09est très importante au début, Clémence Pernot.
30:11Elle est primordiale.
30:12En fait, toutes les premières rencontres
30:16avec l'enfant sont primordiales.
30:18Le premier langage de l'enfant, ce sont les pleurs.
30:20On ne peut pas considérer les pleurs de l'enfant
30:23comme des pleurs qui sont injustifiées.
30:27C'est vraiment sa manière de parler.
30:28C'est tout ce qu'il sait faire.
30:29Il sait regarder et il sait pleurer.
30:31Et c'est sa manière de nous dire des choses.
30:33Il y a les mots,
30:34il y a le mot poupe que vous évoquez dans chaque édition.
30:36À l'époque, on ne connaissait pas les mots d'enfant.
30:39On ne s'y intéressait pas.
30:40Oui, et on sait maintenant qu'il construit sa manière de parler
30:45en commençant avec des premières syllabes
30:48et puis en essayant des nouvelles syllabes.
30:50Et vraiment, c'est tout un cheminement comme ça qui est fascinant.
30:53Que votre grand-mère, Laurence Pernot,
30:55a découvert en travaillant sur ses livres.
30:57Aujourd'hui, les enfants encore parlent de pestacles, de spectacles.
31:00C'est rester dans l'imagination collective.
31:03Oui, absolument.
31:04Il y a aussi l'autorité de savoir dire non.
31:07Que votre grand-mère était la première à évoquer dans ses livres.
31:10Parce que ça, on n'en parlait pas.
31:12Non, je pense qu'encore une fois, on ne parlait pas de grand-chose.
31:15L'éducation des enfants, ça se faisait un peu...
31:18Il fallait un peu, disons, improviser.
31:21Et c'est vrai que donner un cadre aux enfants, c'est très important.
31:25Et on a tendance à mal voir le mot autorité
31:30alors qu'en fait, donner un cadre, c'est vraiment ce qui rassure les enfants.
31:34Il y a aussi des choses étonnantes dans ces livres-là.
31:37Un jour, elle a même utilisé la voix de la chanson, Laurence Pernot,
31:41pour évoquer un sujet.
31:43Un enfant, ça vous décroche un rêve.
31:51Un enfant, chanson de Brel peu connue,
31:55qui est présente dans les livres de Laurence Pernot.
31:58Je ne savais pas, mais je ne suis pas étonnée
32:00parce que c'était une grande mélomane.
32:02Bref, Brel avait une façon très particulière d'élever ses enfants.
32:05Il était à Bruxelles trois jours par an, à peu près.
32:08Il fallait se taire parce qu'il se reposait.
32:10Il surveillait les devoirs de ses trois filles.
32:13Et quand il y avait une mauvaise note, il disait
32:15« Les filles, je connais un couvent en Alsace
32:18où vous travaillerez tranquillement pendant trois ans. »
32:21C'était une façon très particulière pour un père...
32:24L'éducation par la terreur, c'est une autre façon de parler.
32:27J'élève un enfant, c'est un succès, j'élève mon enfant
32:31à tel point qu'elle va lancer des collections derrière.
32:33« La femme au temps », plein de collections.
32:36Ça va devenir une industrie, pratiquement.
32:39C'est-à-dire qu'elle était portée par, encore une fois, sa passion.
32:43Et je pense que le fait d'avoir commencé ses livres
32:45et qu'ils aient eu un tel succès,
32:47et son envie...
32:49En fait, elle avait une espèce de boue limite-travail comme ça
32:52quand elle a été lancée.
32:54Et elle s'est dit « Mais en fait, il y a tellement de choses à faire,
32:57il y a tellement de choses à dire. »
32:58Et effectivement, elle a commencé cette collection
33:00« La femme au temps 2 ».
33:01Et notamment, elle travaillait beaucoup avec sa belle-sœur,
33:05ma grande-tante Régine Pernoud, qui était une grande historienne.
33:08Et elles ont fait ensemble pas mal de choses.
33:11Et « La femme au temps 2 », c'était très inspiré par Régine.
33:15Et puis en 1981, elle s'exprime dans une émission de télévision,
33:18« Passez donc me voir », parce qu'elle sort un livre
33:20qui est un événement.
33:21« Il ne fait pas bon être mère par les temps qui courent ».
33:24Et ça aussi, ça a été quelque chose d'étonnant,
33:26parce que là aussi, elle a balayé des idées reçues, Laurence Pernoud.
33:29Oui, parce qu'en fait, c'était une grande féministe à cette époque-là,
33:33parce qu'elle se rendait compte, elle parlait de la condition des femmes
33:38et qu'elle disait les choses.
33:40C'est-à-dire qu'elle disait « c'est pas facile ».
33:42Oui, parce qu'à l'époque, le MLF était un petit mouvement
33:45dans une petite rue, dans un petit bureau.
33:47Mais elle a été une pionnière du féminisme, Laurence Pernoud.
33:49Mais totalement.
33:50Parce qu'en fait, la première chose, c'était qu'elle voulait
33:53redonner le pouvoir aux femmes.
33:54La première chose de ses livres, c'est de donner l'information
33:58et donc de libérer les femmes du fait qu'elles ne savaient pas
34:03ce qui se passait dans leur corps.
34:04Donc, leur donner cette information, c'était quand même extraordinaire.
34:07Ça les libérait.
34:08Et puis ensuite, pour aller plus loin, il y a eu « La femme autant d'eux »,
34:12qui était aussi une façon d'honorer les femmes et de les raconter.
34:16Et puis après, « Il n'est fait pas pour être femme ».
34:18Ça, c'était vraiment une manière de dire les choses.
34:22Oui, et en même temps, dans ses livres, elle a proposé une formule
34:26soi-disant révolutionnaire à l'époque, qui est « La semaine des 35 heures
34:29pour les mères de famille ».
34:30Oui.
34:31À l'époque, c'était un tollé contre elle.
34:33Oui, mais elle a eu le courage de le faire.
34:36Et le MLF ne s'en menait pas mêlée.
34:38Elle a été tranquille de ce côté-là ?
34:39Non, elle a pu continuer son travail.
34:43Qu'est-ce qu'elle dirait dans le monde d'aujourd'hui, justement,
34:45par rapport aux femmes, Laurence Pernoud ?
34:50Qu'est-ce qu'elle dirait aujourd'hui ?
34:51Qu'est-ce qu'elle dirait aujourd'hui ? Je pense que...
34:54Oh, vous me posez une colle. Je ne me suis pas vraiment posée la question.
34:57Elle a tellement fait pour le féminisme, est-ce qu'elle serait heureuse aujourd'hui ?
35:00Je pense qu'elle dirait qu'on en demande beaucoup aux femmes.
35:04Voilà ce qu'elle dirait.
35:05En tout cas, vous en donnez beaucoup, vous, à travers ses livres,
35:08qu'on va évoquer à travers la date de la sortie de la nouvelle édition,
35:11le 8 janvier 2025.
35:13A tout de suite sur Sud Radio, avec Clément Pernoud.
35:16Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
35:19Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Clément Pernoud,
35:22petite fille de Laurence Pernoud.
35:24On a évoqué son parcours avec J'élève mon enfant, J'attends mon enfant
35:28et tous les livres qu'elle a sortis.
35:30Aujourd'hui, en 2025, vous assurez la relève,
35:34avec les nouvelles éditions de J'attends un enfant,
35:37le livre référence de la maternité, J'élève mon enfant,
35:40le livre référence de la parentalité, chez Alba Michel.
35:43Pourquoi aujourd'hui avoir assuré la relève Clément Pernoud ?
35:46En fait, ça s'est fait un peu naturellement et comme une évidence.
35:51Moi, je suis maman depuis pas très longtemps,
35:56depuis trois ans.
35:58Il y a deux choses. D'abord, j'ai vécu avec ces livres.
36:01Ils ont toujours été dans ma vie, j'ai toujours été fascinée par ces livres.
36:04Je voyais ma grand-mère travailler, on l'a évoqué.
36:06Je voyais sa passion, je voyais non seulement son travail,
36:10mais je voyais la ferveur autour
36:14et les courriers des mamans, tout ça.
36:17Je sentais qu'il y avait vraiment quelque chose de puissant dans ces livres-là.
36:20Et puis, elle m'impliquait particulièrement.
36:24Je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'elle avait peut-être une idée derrière la tête.
36:28Elle vous impliquait de quelle manière ?
36:29Elle m'impliquait, c'est-à-dire qu'elle me montrait vraiment son travail.
36:33Elle me montrait ce qu'elle faisait, on choisissait les couvertures ensemble.
36:38Elle me parlait du courrier d'électricité,
36:40sans me dévoiler de choses indiscrètes,
36:43mais je voyais qu'elle aimait le partager.
36:46C'était tellement fort pour elle, cette passion, qu'elle avait envie de le partager.
36:51Surtout qu'il y avait des éditions nouvelles chaque année
36:53et qu'elles avaient autant de succès que les précédentes.
36:55Oui, parce qu'il fallait absolument répondre aux parents de maintenant.
37:02Les questions de maintenant, ce n'était pas celles d'il y a deux ans.
37:06C'était évident qu'il allait y avoir des nouvelles éditions.
37:10C'était un besoin, il fallait y répondre.
37:13J'ai suivi ça.
37:16Forcément, quand je suis devenue maman,
37:19d'abord j'ai utilisé les livres, je les ai lus.
37:22Il y a eu, dans les discussions avec l'éditeur,
37:29parce que nous, on a toujours été très proches de l'éditeur.
37:33Quand ma grand-mère est partie,
37:35il a toujours été très important pour nous, la famille,
37:38de rester proches des livres.
37:41Donc, on est restés en contact très étroit avec les éditeurs.
37:44Et moi, dernièrement, sans m'en rendre compte,
37:47je voyais que j'étais de plus en plus motivée dans les discussions
37:52et je prenais de plus en plus part aux discussions.
37:54Et en fait, c'est devenu une évidence au cours d'une discussion avec l'éditeur.
37:58En disant, maintenant c'est Laurence et Clémence.
38:00Exactement.
38:01Mais vous n'avez jamais parlé de son vivant ?
38:04Non, mais j'ai découvert, justement c'est drôle,
38:07parce que j'ai découvert il y a peu de temps,
38:09j'ai eu un mail, on parlait des éditions Oray,
38:11j'ai reçu un mail de Sophie Oray il y a quelques jours,
38:14qui me félicitait parce qu'elle avait découvert tout ça
38:16et elle me disait qu'effectivement, dans son fort intérieur,
38:19ma grand-mère aurait beaucoup aimé ça.
38:21C'est fou.
38:22Alors, vous êtes repartie pour une nouvelle édition,
38:25avec Le Monde d'Aujourd'hui.
38:26D'abord, il a fallu vous entourer d'une équipe et d'experts,
38:28parce que les experts ont changé aussi.
38:30Oui, absolument.
38:31Alors, les experts ont changé,
38:33les livres ont continué à être mis à jour,
38:36donc il y a des éditions 2024,
38:38dont le contenu est tout à fait juste,
38:41et donc il y a des experts avec qui j'ai continué à travailler.
38:44Je pense à Philippe Diruel,
38:45qui est un professeur en gynécologie remarquable,
38:48avec qui on a beaucoup retravaillé la partie sur l'accouchement.
38:51Je pense aussi à deux pédiatres
38:52qui ont travaillé sur les éditions précédentes
38:54et qui ont continué aussi,
38:56notamment le professeur Alain de Broca,
39:00qui avait fait déjà un gros travail
39:02sur tout le développement de l'enfant
39:06et qu'on a encore approfondi cette année.
39:09Et puis, il y a eu des nouvelles personnes,
39:11donc j'ai fait appel à Léa Kourganoff,
39:13qui est une sage femme,
39:15avec qui on a aussi beaucoup retravaillé
39:17toute la préparation de l'accouchement
39:19et tout l'accouchement en lui-même,
39:21et surtout le postpartum,
39:22qui faisait aussi partie des grands chantiers
39:24que je voulais revoir.
39:25Il y a aussi une consultante en lactation.
39:27En fait, ce qui est très important pour moi,
39:28c'est que les experts soient
39:31des professionnels en activité
39:33qui travaillent avec des patients,
39:35donc des parents d'aujourd'hui,
39:36parce qu'eux, ils savent,
39:38ils voient les parents,
39:39ils les voient vivre leur parentalité,
39:41ils voient les enjeux,
39:42ils voient les questionnements,
39:43et donc eux sont à même de nous dire
39:47quels sont les besoins aujourd'hui.
39:49Et les besoins des parents d'aujourd'hui
39:51sont très différents
39:52de ceux d'il y a 10, 20 ou 30 ans ?
39:54Évidemment, puisque la société a changé,
39:55la médecine a changé,
39:56on a découvert des nouvelles choses.
39:57Il y a encore 10 ans,
39:59on disait qu'il fallait coucher les enfants sur le ventre.
40:02Maintenant, on sait que ça fait partie
40:04des risques de mort imminente
40:06inattendus du nourrisson.
40:08Donc, il y a des choses qui vont,
40:10et on va continuer à faire des nouvelles découvertes.
40:12Mais là aussi, comme votre grand-mère,
40:13Clément Spirdeau, vous n'êtes pas médecin,
40:15et vous vous êtes mis à ce travail.
40:17Exactement.
40:18Et en fait, j'ai fait un travail de recherche
40:21comme elle l'a fait.
40:23Et ce qui est important, en fait,
40:25et c'est comme dans tout,
40:26quand on travaille avec passion
40:28et qu'on n'a pas peur de travailler,
40:29de se retrousser les manches,
40:30tout est possible.
40:32Donc, si vous voulez,
40:33moi, en plus, j'ai fait un parcours universitaire,
40:35donc la recherche,
40:36c'est quelque chose que je savais faire.
40:38Donc, je suis allée chercher,
40:39je suis allée voir ces experts,
40:42et on a travaillé d'arrache-pied.
40:44Et voilà, j'ai continué le travail,
40:46et je vois, là,
40:48je commence déjà à travailler pour les éditions 2026.
40:51Et en fait, c'est sans fin,
40:52et c'est fascinant, de toute façon.
40:54C'est sans fin,
40:55mais on ne sait jamais quel sujet évolue.
40:57Ce sont les experts qui vous disent
40:58« Tiens, ça, ça change »
40:59ou c'est vous qui, instinctivement, le savez ?
41:01C'est les deux, parce qu'en fait,
41:02je me tiens au courant.
41:03Donc, je regarde, par exemple,
41:05il y a des choses qui sont très parlantes,
41:07ce sont tous les congrès de médecins.
41:09Et ça permet de voir, en fait,
41:11ce vers quoi va la science et la recherche.
41:15Parce que, eux, c'est de ça
41:17qu'ils échangent pendant les congrès.
41:18Donc, ça, ça fait partie des choses que je surveille.
41:20Mais je regarde aussi
41:21toutes les évolutions de la société,
41:23même les projets de loi.
41:24Parce que tout ça, voilà.
41:25En fait, c'est un tout
41:27qui fait que, petit à petit,
41:29on avance, comme ça,
41:31dans les nouvelles éditions.
41:32Oui, parce qu'en plus,
41:33aujourd'hui, il y a Internet,
41:34toutes les informations y sont,
41:35sauf qu'elles sont dans tous les sens
41:37et qu'il n'y a pas de synthèse.
41:38Et vos livres permettent de faire la synthèse.
41:40Exactement.
41:41Voilà, vous allez être chargés
41:42de communication,
41:43parce que c'est exactement ça.
41:45Non, mais c'est vrai,
41:46on ne peut pas mieux le dire.
41:47C'est-à-dire qu'Internet, il y a tout.
41:48Et donc, il y a des choses remarquables,
41:50mais il y a aussi des choses
41:51moins intéressantes.
41:52Et même fausses, d'ailleurs.
41:54Et même fausses, absolument.
41:55Et même dangereuses.
41:56Donc, voilà, moi,
41:58ce que je fais,
42:00c'est que je réunis
42:01toutes les informations validées
42:03par les corps professionnels,
42:07donc les médecins,
42:08mais aussi la psychologie,
42:09la sociologie,
42:10enfin, vraiment,
42:11tout ce qui a fait ces preuves.
42:12Et ensuite,
42:13je les remets aux parents
42:14pour qu'eux, ils puissent
42:15faire leur chemin,
42:17leur propre chemin.
42:18Ce qui a changé aussi, Clémence Pernoud,
42:20c'est l'écriture.
42:21Car, aujourd'hui,
42:22on écrit de façon plus courte
42:23et l'empathie est
42:24beaucoup plus nécessaire.
42:25Absolument.
42:26Alors, là, je...
42:29Encore une fois,
42:30vous êtes un très bon
42:31chargé de communication
42:32parce que l'empathie,
42:33l'empathie, ça fait partie
42:34vraiment des clés
42:35à plusieurs égards
42:36parce qu'on est dans une époque
42:38qui peut être très culpabilisante
42:40parce qu'il y a beaucoup
42:41d'injonctions sur les parents.
42:42Voilà quelque chose
42:43que ma grand-mère aurait redit
42:44quand elle disait
42:45il ne fait pas bon être mère
42:46par les temps qui courent.
42:47Encore maintenant,
42:49il y a des choses...
42:50C'est très dur, en fait,
42:51d'être parent aujourd'hui
42:52parce qu'il faut être
42:53un parent parfait.
42:54Il faut réussir dans son travail.
42:55Dans sa vie personnelle,
42:56il faut être accompli.
42:57Il faut tout faire
42:58merveilleusement, parfaitement.
42:59Alors qu'on sait que
43:00devenir parent,
43:01c'est quand même...
43:02C'est quand même vraiment
43:03un challenge énorme
43:04et tout d'un coup,
43:05on a un petit être
43:06qui a besoin de tout
43:07et on ne sait pas
43:08forcément comment faire.
43:09Donc, il faut absolument
43:11rassurer les parents
43:13et faire preuve d'empathie
43:14pour eux en leur disant
43:16ça va être bien
43:17mais ça va aussi être difficile
43:18parfois et ne vous inquiétez pas,
43:19ça va aller.
43:20Et pour rester sur l'empathie,
43:22ça fait aussi partie
43:23des clés dans l'éducation.
43:25L'empathie et observer son enfant,
43:27ce sont vraiment des clés
43:28de l'éducation
43:29qu'on sait aujourd'hui.
43:31Et puis il y a aussi
43:32la nourriture qui a évolué
43:33avec notre époque.
43:34C'est-à-dire,
43:35les régimes ont évolué,
43:36on ne mange plus
43:37de la même façon
43:38même pour les enfants.
43:39Oui, absolument.
43:40Alors, ça c'est un petit clin d'œil
43:41mais dans les conseils,
43:43dans les premiers conseils du livre,
43:44il était indiqué de ne pas boire
43:46plus d'un verre de vin
43:47par jour pendant la grossesse.
43:48Parce que c'était l'état
43:49des recherches à l'époque.
43:50Effectivement, alors ça,
43:51ça a énormément changé.
43:53Et cet exemple,
43:56il y en a des tas,
43:57il y en a des tas.
43:58Et l'alimentation a changé,
44:01on sait que les perturbateurs endocriniens,
44:05il y a beaucoup de choses
44:06qui ont changé.
44:07La liste, forcément, est très longue.
44:08Et puis il y a ces fameuses
44:09démarches administratives
44:10qui, elles aussi,
44:11ne cessent d'évoluer.
44:12Et là, c'est vraiment,
44:13c'est proche de Kafka quelquefois.
44:15Là, c'est complètement Kafka
44:16et il y a quelqu'un
44:17qui fait un travail remarquable,
44:18une assistante sociale,
44:20parce qu'en fait,
44:21il faut s'y consacrer à pleinement
44:23pour tout comprendre.
44:24Oui, c'est costaud.
44:25Mais il y a quelqu'un
44:26qui fait le travail merveilleusement
44:27et ça nous permet ensuite
44:29de préciser ça
44:31avec une grande clarté.
44:32Vous avez fait un cahier spécial
44:34dans chaque livre,
44:35J'attends un enfant
44:36ou j'ai mon enfant,
44:37parce que c'était le seul moyen
44:38de s'y retrouver.
44:39Exactement.
44:40Et ça s'appelle une boîte à outils.
44:41Alors, il y a aussi le problème
44:43du travail quand on est enceinte.
44:45Là aussi, ça a évolué.
44:47Ben oui.
44:48Alors ça, heureusement,
44:49ça a évolué.
44:50Il y a encore,
44:51on pourrait encore aller plus loin,
44:53évidemment.
44:54Et je pense notamment
44:56au congé maternité post-accouchement
44:59qui pourrait être encore plus long
45:01et ce serait pas mal.
45:03Mais oui, évidemment,
45:05les choses ont beaucoup changé
45:07et on peut adapter son cadre de travail.
45:09Il y a beaucoup de choses à savoir
45:10et qu'on indique.
45:11Il y a même des sièges spéciaux
45:13pour les femmes enceintes
45:14dans les bureaux.
45:15Mais il y a, par exemple,
45:16un pays étonnant,
45:17les Pays-Bas,
45:18où ce genre de démarche n'existe pas.
45:20Par exemple, les femmes en cuisine
45:21qui travaillent dans les restaurants,
45:22il n'y a aucune protection pour elles
45:24actuellement dans ce pays.
45:25Oui.
45:26Donc, ça peut arriver.
45:27Oui, bien sûr.
45:28Il y a encore du boulot.
45:29Alors, il y a aussi l'éducation,
45:31le processus d'éducation,
45:32parce qu'aujourd'hui,
45:33on est beaucoup plus proches des enfants
45:36dans les sociétés que jadis.
45:38Oui.
45:39Alors ça, moi,
45:40c'est quelque chose qui me réjouit,
45:41évidemment.
45:42C'est-à-dire que pendant longtemps,
45:43on a considéré les enfants
45:45dans leur statut d'enfant
45:47et il fallait qu'ils restent de leur côté
45:49et les adultes étaient de l'autre côté.
45:50Tout à fait.
45:51Voilà.
45:52Tais-toi, dis bonjour aux amis.
45:53Tais-toi, l'adulte parle.
45:55Et bon, c'était comme ça.
45:56C'était la société.
45:57Heureusement, les choses évoluent
45:59et il y a des recherches incroyables
46:01sur le cerveau des enfants.
46:02On sait à quel point
46:03le cerveau d'un enfant,
46:04c'est incroyable.
46:05En fait, il se développe
46:06mille fois plus vite.
46:07En fait, ce qui est fascinant,
46:08c'est de se dire que
46:09pendant de nombreuses années,
46:10les premières années de vie,
46:11tout ce que fait l'enfant,
46:13c'est la première fois qu'il le fait.
46:15Et donc ça, c'est une espèce de...
46:17C'est fabuleux de se dire
46:19nous, après, on ne vit plus ça.
46:21Et donc, en fait,
46:22quand on se dit ça,
46:23on ne met pas l'enfant plus bas
46:26à un statut d'enfant.
46:27Au contraire, il faudrait se dire
46:28mais c'est incroyable
46:29ce qui est en train de se passer
46:30dans sa tête.
46:31Et puis, il y a une évolution
46:32que vous évoquez aussi,
46:33ce sont les tablettes et les médias.
46:35Car ça, il faut faire très attention,
46:36Clémence Perdon.
46:37Bah oui, alors là,
46:38on touche un des points
46:40un peu difficiles de notre époque.
46:42C'est comment est-ce qu'on fait
46:44pour élever un enfant
46:46dans cette époque
46:47où les écrans sont partout.
46:48Et on sait,
46:49alors les études sont encore en cours
46:51parce que, bah oui,
46:52les enfants qu'on étudie,
46:53ils sont encore jeunes.
46:54Mais on sait que, forcément,
46:56mettre un enfant devant un écran,
46:58c'est pas bon pour son cerveau.
47:01On le sait, un enfant,
47:02il a besoin d'attachement,
47:04il a besoin d'être avec son parent
47:07ou avec une autre figure
47:09et qu'il y ait du répondant.
47:11Parce que l'enfant apprend en imitant.
47:13Donc si en face de lui,
47:14il a un écran
47:15qui n'interagit pas avec lui,
47:17c'est pas bon.
47:18Mais il y en a de plus en plus,
47:19en tout cas.
47:20Bah oui, il y en a de plus en plus
47:21et ça, ça fait partie encore des choses
47:22que je vais approfondir encore plus
47:23dans les prochaines éditions.
47:25C'est que, là,
47:26je mets des gros panneaux d'alerte
47:29sur attention,
47:30le moins d'écrans possible.
47:32Mais effectivement,
47:33je vais aller encore plus loin
47:34pour dire comment,
47:35c'est bien de mettre des alertes,
47:36mais il faut savoir
47:37comment est-ce qu'on vit dans ce monde
47:38où les écrans sont omniprésents.
47:40Il y a plein de questions
47:41qui peuvent se poser ?
47:42Bah oui,
47:43il y a plein de questions
47:44qui se posent
47:45et en plus,
47:46elles se posent au quotidien
47:47et en plus,
47:48on fait attention, nous,
47:49avec nos propres enfants,
47:50mais par exemple,
47:51on monte dans le tram
47:52et tout le monde
47:53est sur son téléphone.
47:54Alors qu'est-ce que ça dit ça à l'enfant ?
47:55C'est-à-dire qu'il y a son foyer
47:58et puis il y a aussi
47:59le monde extérieur
48:00et ça, ce sont des défis
48:02très importants pour les parents.
48:03Ça veut dire de nouveaux livres
48:04en perspective
48:05et à chaque fois,
48:06un travail de plus en plus important.
48:07C'est des mois de travail
48:08pour arriver à actualiser ?
48:09Bah oui,
48:10mais c'est super.
48:12En même temps,
48:13vous avez un enfant,
48:14donc le modèle qu'il faut
48:15et ce qu'il faut pour suivre ses conseils
48:18et pour s'adapter.
48:19Exactement,
48:20je fais exactement comme ma grand-mère,
48:21c'est-à-dire que je fais en même temps
48:23la théorie et la pratique.
48:26Mais non,
48:27en fait,
48:29moi, je suis partie de ces gens
48:31que la maternité a totalement transformé.
48:33Vraiment,
48:34moi, devenir maman,
48:35ça a été un tournant dans ma vie.
48:39Et donc,
48:40pour moi,
48:41c'est l'évidence même
48:42de mettre ces sujets-là
48:45au cœur de ma vie.
48:48Et puis,
48:49c'est un travail de recherche fascinant.
48:50Vraiment,
48:51encore une fois,
48:52tout ce qu'il y a à découvrir
48:53et aller questionner les médecins
48:56et parler ensemble.
48:58Parce qu'il y a des choses
48:59qui ne font pas polémique.
49:01Je veux dire,
49:02on parle de quel vaccin,
49:03quelle chose,
49:04qu'est-ce qu'on découvre,
49:05qu'est-ce que la science découvre.
49:07Mais il y a aussi des questions d'éducation
49:09où il y a des vrais échanges,
49:11des vrais enjeux.
49:12Et c'est passionnant.
49:13En tout cas,
49:14ces livres sont passionnants.
49:15Et je pense que celles et ceux
49:16qui nous écoutent,
49:17qu'elles soient mamans,
49:18papas ou qui vont devenir,
49:19auront intérêt à découvrir
49:20ces éditions 2025
49:21mise à jour de
49:22J'attends un enfant
49:23et j'élève mon enfant
49:24chez Albain Michel.
49:25Et puis,
49:26merci.
49:27Et puis,
49:28bon courage pour continuer
49:29à assurer la relève
49:30de votre grand-mère,
49:31Laurence Pernoud.
49:32Merci à vous.
49:33Merci.
49:34L'équipe d'Une vie,
49:35c'est terminé pour aujourd'hui.
49:36A bientôt.
49:37Restez fidèles à l'écoute
49:38de Sud Radio.