Avec Dominique Simonnet, journaliste spécialiste des Etats-Unis, auteur du livre “Les secrets de la Maison Blanche” aux éditions Tempus.
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00:00Les Vraies Voix Sud Radio, le code projecteur des vraies voix.
00:04On va continuer de parler d'Emmanuel Macron.
00:07Le président français est donc arrivé cette nuit à Washington
00:10en portant la fonction d'émissaire du vieux continent.
00:14Ce que je vais faire, c'est que je vais lui dire
00:16au fond, tu ne peux pas être faible face au président Poutine.
00:19Ce n'est pas toi, ce n'est pas ta manière de faire.
00:21Emmanuel Macron va surtout se heurter à la rugosité de Donald Trump.
00:26La deuxième chose, je vais lui dire, si tu laisses l'Ukraine prise,
00:29la Russie, elle sera inarrêtable. C'est une faute stratégique.
00:32Parce que les Européens ont compris que derrière une paix
00:36en forme de capitulation, pour reprendre les mots du président,
00:39se dévoilerait en réalité une menace existentielle
00:43pour quelques-uns des pays membres de l'Union Européenne.
00:46Trois ans de guerre, trois ans d'invasions russes en Ukraine.
00:49Beaucoup de dirigeants se retrouvent à Kiev,
00:51mais Emmanuel Macron est à Washington pour rencontrer Donald Trump.
00:54Il veut tenter d'infléchir cette position
00:56en plein rapprochement russo-américain.
00:58Alors parlons vrai, est-ce qu'à votre avis, la France a du poids
01:01pour parler entre le géant américain et le géant russe ?
01:04Et à cette question, rencontre avec Trump,
01:06la France a-t-elle encore du poids sur la scène internationale ?
01:09Vous dites non à 97%.
01:11Vous les réagir, le 0826 300 300.
01:14Et notre invité, Dominique Simonnet,
01:16qui est avec nous, journaliste spécialiste des Etats-Unis
01:19et auteur du livre « Le secret de la maison blanche » aux éditions Tempus.
01:23Bonsoir, merci d'avoir accepté notre invitation.
01:27Que la France n'ait plus beaucoup de poids dans la vie internationale,
01:32c'est évident.
01:33Mais il n'empêche que je ne saurais critiquer l'intervention d'Emmanuel Macron
01:40sans connaître évidemment la manière dont il pourra convaincre
01:45le président américain du caractère pour le moins discutable
01:51de certaines de ses initiatives.
01:53Françoise l'a souvent dit, Emmanuel Macron, sur le plan de l'Ukraine et de la Russie,
02:00en dehors de sa naïveté de l'origine,
02:03où il avait été étouffé par Poutine,
02:06depuis a fait en quelque sorte un sans faute.
02:09Et j'aurais mauvaise grâce à le critiquer dans cette visite,
02:13puisqu'il est le seul à tenter quelque chose
02:16pour persuader Donald Trump que ça n'est pas possible.
02:21Ce qu'il dit, ce qu'il a l'intention de faire.
02:24Oui, écoutez, moi, vous savez très bien que sur ce dossier,
02:27j'ai toujours défendu Emmanuel Macron,
02:29y compris même dans la volonté au début de dialoguer avec Vladimir Poutine.
02:33Et je rejoins Philippe sur l'idée, qui à part lui ?
02:36C'est-à-dire qu'on soit de gauche, qu'on soit de droite, d'extrême gauche ou d'extrême droite,
02:40la réalité c'est que si on veut que ça ne soit pas une paix russe,
02:44et si on veut que nos amis ukrainiens sortent au maximum par le haut,
02:49eh bien il faut que des gens agissent.
02:51Il y a très peu de gens en situation aujourd'hui dans le monde qui sont capables d'agir.
02:55Je ne parle même pas de la Chine qui ne veut pas se mêler de ce conflit.
02:58Mais qui ? Georgia Meloni, bien sûr,
03:01qui a à l'oreille de Donald Trump, qui est pro-ukrainienne,
03:04mais qui est peut-être plus Trumpienne que pro-ukrainienne,
03:07donc c'est un sujet, et il y a Emmanuel Macron.
03:09Donc moi, je ne peux pas en vouloir à Emmanuel Macron qui dit « je prends mon risque ».
03:14En réalité, il se met à porter de baffe, clairement, de Donald Trump.
03:17Il se met dans la position d'échouer.
03:21Et d'échouer d'abord en tant que Président de la République française,
03:24avec toutes les récriminations qu'il y aura,
03:26en tant que représentant de l'Europe, parce qu'il est seul,
03:29il n'y a pas le Premier ministre britannique qui sera reçu jeudi,
03:33il est là, le représentant de l'Europe, il prend son risque.
03:37On connaît Emmanuel Macron, c'est un aspect de sa personnalité,
03:40il prend son risque.
03:41Et j'ai envie de dire, remercions-le, ça vient de moi, imaginez quand même,
03:45je le remercie de prendre un risque.
03:48Parce que, honnêtement, là, j'ai envie de pleurer.
03:51La façon dont les choses s'organisent pour la capitulation de l'Ukraine,
03:55sans rien, uniquement avec le triomphe de Poutine,
03:59excusez-moi, je ne peux pas le supporter, je ne peux pas l'accepter.
04:03Jean-Christophe Kouvi.
04:04C'est sûr qu'il faut sortir toujours par le haut, encore une fois,
04:07mais en même temps, l'Europe est en train de se faire lâcher par les Américains.
04:12Et justement, on a, depuis trop longtemps, laissé les Américains faire l'arbitre.
04:17Depuis trop longtemps, on a mis notre destin dans les bras des Américains.
04:20On le voit, aujourd'hui, on est seul.
04:22On est seul, pas forcément armé, d'ailleurs, quand on regarde autour de nous.
04:25La Pologne est forte, parce que la Pologne s'est réarmée.
04:28La Pologne, il y a plus d'armée nucléaire.
04:31Le but, c'est de ne pas s'en servir.
04:33On est d'accord, mais regardez ce qu'on va faire les Allemands.
04:36Les Allemands veulent passer sous le parapluie nucléaire franco-britannique.
04:39Ce n'est pas encore fait.
04:40– Excusez-moi, quand Mertz le fait…
04:42– Non, non, il en a parlé.
04:43Je vous rappelle qu'en 1963, de Gaulle était allé en Allemagne.
04:46Ils avaient dit que c'était le grand rapprochement franco-allemand.
04:48Les Américains ont dit niette et on est revenu dessus.
04:50– Ecoutez, c'est 1963.
04:52C'est historique ce qu'a fait Mertz, hier.
04:54Le moment de son élection, où il devait devenir chancelier,
04:57il dit, je réfléchis au parapluie.
04:59Jamais aucun Allemand n'a fait ça.
05:01– Il n'a pas le choix.
05:02– C'est pas qu'il n'a pas le choix.
05:03– Il réfléchit, ça ne veut pas dire que c'est fait.
05:05– Je pense qu'il n'a pas le choix, puisque les Américains nous lâchent.
05:08Donc en fait, on n'a pas le choix.
05:09Et quelque part, ils nous mettent une bonne taloche,
05:11mais en même temps, ça va peut-être nous réveiller.
05:12– Ah ça, je suis d'accord.
05:13– Mais se dire en même temps, aujourd'hui,
05:14on va reprendre notre destin dans nos mains.
05:15Et justement, on va redevenir des États forts.
05:17Parce qu'aujourd'hui, on est des États de consommateurs.
05:19– On n'est pas seuls, puisque Dominique Simon est…
05:21– Pardon, Dominique, pardon, pardon.
05:22– Journaliste spécialiste des États-Unis,
05:24auteur de ce livre « Les secrets de la Maison Blanche » aux éditions Tempus.
05:27Vous avez entendu nos vraies voix.
05:32Et vous, est-ce qu'il y a un espace pour vous ?
05:36– Écoutez, oui, je pense que vous avez raison de penser qu'il faut tenter.
05:43Il n'y a aucune raison d'en vouloir à Emmanuel Macron
05:47de ne pas essayer de tenter quelque chose avec Donald Trump.
05:50Après, toute la question est de savoir, est-ce qu'il peut réussir ?
05:52Est-ce qu'il va prendre des vaches, comme le disait Françoise ?
05:55Est-ce qu'il va réussir à obtenir quelque chose ?
05:58On voit quand même qu'il y a beaucoup d'initiatives un peu partout en ce moment.
06:01Les chefs d'État européens sont à Kiev.
06:03Vous venez de le dire, le Premier ministre britannique,
06:06j'allais aussi voir Donald Trump jeudi,
06:10Kaja Kallas qui est la chef de l'Union Européenne demain.
06:13Il y a des résolutions à l'ONU, il y a énormément de choses.
06:16Mais c'est vrai que l'Europe est très lourde en tant qu'Union Européenne.
06:19Elle marche avec des pieds de glaise.
06:23Elle n'arrive pas bien à faire avec cette nouvelle réalité qui est la rupture.
06:29Il faut bien le dire, la rupture de l'Alliance Atlantique et le tropisme maintenant,
06:35le rapprochement entre ces deux empires américains et russes.
06:40Emmanuel Macron va se retrouver, il est en train d'ailleurs d'en parler à cette heure-ci.
06:48Il veut croire qu'il a des relations privilégiées avec Donald Trump.
06:53C'est sans doute vrai.
06:55Il l'a connu pendant le premier mandat.
06:57On a vu qu'il y avait aussi un certain rapprochement entre les deux hommes au moment de Notre-Dame,
07:02au moment de la réouverture en décembre.
07:05Il pense peut-être pouvoir être capable d'influencer Donald Trump
07:10et de le faire revenir un petit peu dans le temps des démocraties
07:13et donc de ne pas lâcher l'Ukraine et d'éviter ce désastre dont vous parlez,
07:18c'est-à-dire le dépeçage de l'Ukraine par Poutine et par les Etats-Unis.
07:24Est-ce que je peux rappeler un chiffre ?
07:27On est là, on parle de l'ours russe, de la puissance militaire,
07:31la Russie s'est réarmée à l'évidence, les Pays-Baltes tremblent,
07:35d'ailleurs le Danemark change sa doctrine.
07:37Juste une chose, rappelez, ne pas faire la Russie plus grosse qu'elle n'est.
07:40La Russie est dix fois moins puissante que l'Europe.
07:43Dix fois moins économiquement.
07:45Elle a vingt fois plus de têtes nucléaires que les Anglais et les Français réunis.
07:49Je ne parle pas de ça, je parle de la puissance économique.
07:52Philippe, il y a ça, mais la réalité de la Russie,
07:56la réalité économique, parce que ça commence à secouer à l'intérieur de la Russie,
08:00parce que les Russes en ont marre en fait de cette guerre qu'ils ne comprennent pas.
08:04Dominique, il y a des papiers partout dans la presse internationale là-dessus,
08:08sur le fait que vraiment, il y a aussi le problème économique.
08:12Alors ils ont réussi à se relancer économiquement avec l'industrie, l'argent,
08:16mais c'est dix fois moins puissant que l'Europe.
08:18Il faut aussi remettre la Russie où elle est.
08:20Absolument, mais l'Europe est effectivement...
08:23C'est pas un petit truc l'Europe, c'est pas une petite chose minuscule.
08:27Elle doit se montrer à la hauteur.
08:31Moi je me souviens, en Californie, quand on va se promener dans les chemins dans le désert,
08:36on dit attention aux coyotes, et ce qu'on doit faire face aux coyotes,
08:39il faut se faire grand, se montrer grand.
08:41L'Europe, elle doit se montrer grande actuellement,
08:46et montrer qu'elle a de la force, de la puissance économique.
08:50Évidemment, c'est un sacré paquet de consommateurs,
08:54mais aussi sur le plan géopolitique, les Américains ont besoin de l'Europe.
08:58Ils ont besoin de l'Europe à tous les niveaux, et ils ne peuvent pas faire sans l'Europe.
09:03Donc on a des moyens de pression.
09:06On a des moyens de pression, simplement il faut qu'ils soient coordonnés.
09:10Emmanuel Macron a l'air de vouloir prendre un peu la tête de cet engagement nouveau.
09:17Est-ce qu'il peut y arriver ? On verra.
09:20Après, on est dans une situation tellement inédite,
09:25et c'est une question d'évaluation de la menace,
09:29et aussi d'évaluation de ce dont on est capable.
09:32Est-ce que le verre d'eau est à moitié plein ?
09:34Est-ce qu'on est pessimiste ou optimiste ?
09:37Je suis sûr qu'il faut que l'Europe se mobilise et qu'elle aille très vite.
09:42On ne va pas constituer une Europe de la défense en cinq minutes,
09:45mais on peut quand même avoir un certain nombre de propositions,
09:48d'éléments, je crois que c'est d'ailleurs ce que le président de la République est en train de proposer à Donald Trump,
09:52des forces de sécurité qui pourraient se substituer un peu après un cessez-le-feu
10:02et garantir la souveraineté de l'Ukraine,
10:05mais avec les Etats-Unis, ça ne peut pas se faire sans les renseignements des Etats-Unis,
10:10sans la logistique aérienne des Etats-Unis,
10:12sans toute l'interopérabilité qu'il y a entre les différentes armées au sein de l'OTAN.
10:17Donc tout ça est absolument essentiel.
10:19Je pense que ça peut encore se négocier, ça doit pouvoir se négocier,
10:23après à chacun de mesurer la détermination de Donald Trump.
10:28On a vu que J.Divens faisait une leçon assez rude aux Européens.
10:35Donc la part de détermination idéologique anti-européenne,
10:40ça reste encore à voir.
10:43Mais tout peut encore se dérouler.
10:46– Françoise, même si toutefois Emmanuel Macron ne gagnait pas cette bataille,
10:53on ne pourrait pas lui reprocher en fait ?
10:56– Juste, à votre avis, est-ce que l'extrême difficulté d'un échange avec Donald Trump,
11:03de la part d'Emmanuel Macron, c'est que le premier peut-être est moins sensible
11:09à des arguments politiques qu'à des données purement psychologiques ?
11:14Est-ce qu'au fond, il ne va pas falloir davantage flatter sa vanité
11:19que démontrer des réalités politiques ?
11:23– En une minute, s'il vous plaît, Dominique Simonnet.
11:26– Oui, c'est effectivement le pari d'Emmanuel Macron,
11:29c'est très bien vu, c'est exactement ça.
11:31Il pense qu'il a une possibilité, un petit interstice
11:36pour jouer la psychologie avec Donald Trump,
11:39lui parler d'homme à homme, lui taper dans le dos et dire
11:42« Bon écoute Donald, on ne va quand même pas aller au désastre,
11:45il faut qu'on trouve une solution. »
11:47Je pense qu'il est dans cet état d'esprit.
11:49Est-ce qu'il peut réussir ?
11:51Impossible, en tout cas, peut-être d'infléchir un petit peu
11:54la position de Donald Trump, sachant que c'est un homme
11:56quand même très influençable.
11:58Après, tout reste à évaluer les liens que Donald Trump a avec la Russie
12:04et jusqu'où il est capable d'aller, ça c'est une vraie question
12:09mais je pense que personne n'a la réponse.
12:11– Suite au prochain épisode, merci beaucoup Dominique Simonnet
12:13d'avoir eu la chance d'y être.
12:15– Sylvie tient ses promesses, en une minute, il fait 47 secondes.
12:17– C'est ça, c'est ça, vous auriez pu parler 3 secondes de plus
12:20mais bon, voilà.
12:22– Je peux vous dire au revoir en 3 secondes.
12:24– Merci.
12:26– Merci à vous.
12:27– Merci beaucoup journaliste spécialiste des Etats-Unis
12:29et auteur de ce livre « Les secrets de la Maison Blanche »
12:31aux éditions Tempus.
12:32Merci d'avoir accepté notre invitation.
12:34À très bientôt Dominique Simonnet, merci Philippe Bilger,
12:36merci Françoise de Gaulle, merci beaucoup Jean-Christophe Couvy.
12:39Dans un instant on va parler citoyenneté avec Philippe David et ses invités.
12:42– Avec une émission spéciale, on n'a pas Aurélie Gros et Stéphane Pelé
12:45ce soir, on va faire une émission spéciale agriculture
12:48avec des personnalités du monde agricole, en amont, en aval,
12:51qui vont tout nous raconter du monde agricole.
12:54Alors vive les veaux, les vaches, les cochons et les couvées.
12:57– Si avec ça il n'y a pas un saucisson, je n'y comprends rien.
12:59– Si, si.
13:00– Voilà, je me disais aussi.
13:02Allez, j'en profite pour vous dire que le 27,
13:04on sera en direct avec Philippe David et toute l'équipe
13:07du Salon de l'agriculture chez les vignerons indépendants.
13:10– Oui, hall 2.3, stand B061.
13:12– Ils auraient bien retenu, vous avez raison.
13:14Et on se retrouve demain à 17h.
13:16Merci à notre équipe formidable, bisous à demain.
13:18– Soudradio.
13:20– Soudradio.
13:21– Parlons vrai.
13:22– Parlons vrai.
13:23– Soudradio.
13:24– Parlons vrai.