GREEN LIGHTS du 7 mars 2025
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00:00Bonjour. Bonjour Emmanuel Grégoire. Enchanté, ravie de vous rencontrer, ça va très bien.
00:08Allez on y va. On va faire un petit tour ? C'est parti. Emmanuel Grégoire, merci d'être
00:18avec nous ce matin. Avec plaisir. Pour ce troisième épisode de Greenlight, donc cette
00:22émission qui emmène un invité dans les rues de Paris sur une destination. Alors la première
00:26destination, c'est où va-t-on ? Là on va au Parc des Princes parce que je dois aller
00:30à la boutique. C'est l'occasion qui crée l'opportunité puisque je dois acheter un
00:34cadeau pour mon fils. Il a bien de la chance. Vous êtes donc député de la 7ème circonscription
00:40de Paris, porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale et candidat à
00:45la mairie de Paris avec Paris en Grand. Merci d'être avec nous. Vous êtes par ailleurs
00:51un habitué de la mairie de Paris puisque vous y avez travaillé pendant quelques années.
00:56Grosse dizaine d'années comme élu et avant j'ai travaillé auprès de Bertrand Delanoë.
01:00C'est une maison que je connais bien et que j'aime beaucoup. Et on y reviendra. Je parle
01:03un petit peu de vous. Vous êtes né un soir de réunion de Noël, le 24 décembre 1977,
01:09au Lilas en Seine-Saint-Denis. Une première question piège, est-ce que vous connaissez
01:13la devise des Lilas ? Non, je ne connais pas la devise des Lilas. Moi, je n'ai jamais
01:17vécu au Lilas. Je suis né à la Clinique des Lilas mais j'habitais Bagnolet et Montreuil,
01:22deux villes d'enfance. C'est quoi la devise des Lilas ? J'étais fleur, je suis cité.
01:26C'est beau. Vous grandissez ensuite à Jonzac, à quelques kilomètres de l'estuaire de
01:31la Gironde et non loin de Bordeaux où vous intégrez l'IEP et vous faites une licence
01:36de philo. Mais la politique, vous tombez d'entrée jeune, voire très très jeune puisque je
01:41crois que c'est une histoire de famille. Oui, c'est une histoire de famille. J'ai
01:44une famille qui est très engagée à gauche. Ils étaient militants au Parti communiste.
01:48Ça remonte même à mes grands-parents. C'est une famille très engagée à gauche qui les
01:52restait chacun avec ses différences et en fonction des partis. On a la politique chevillée
01:59au corps. En sachant que c'était d'abord moins une affaire de parti qu'une affaire
02:03de conviction et de débat. On a toujours beaucoup débattu dans la famille. On n'est
02:07jamais d'accord ou pas souvent. Mais en tout cas, c'est un cadre extrêmement agréable
02:11de discussion, de confrontation, dans la bonne humeur et dans le respect.
02:14S'en suivent après vos études, on en parlait à l'instant. Donc IEP et philo, un début
02:20dans le privé. Mais vous avez des activités, des mandats en politique et ça ne vous a
02:27jamais lâché. La politique, c'est impossible. Du fait de ces échanges, du fait de ces débats
02:33en famille, il était impossible d'imaginer une vie en dehors de la politique pour vous,
02:38bien que vous ayez essayé ou que vous travailliez dans le privé avant.
02:40Oui, à dire vrai, j'ai toujours été très engagé à titre personnel. D'abord plutôt
02:45dans les engagements associatifs et syndicaux. Moi, j'ai adhéré au parti socialiste pour
02:50la campagne de Lionel Jospin, la campagne de 2002, parce que c'était quelqu'un pour
02:54lequel j'avais beaucoup d'attachement. Et comme il affrontait Jacques Chirac, j'ai
02:58une relation un peu particulière à la probité, à l'éthique en politique. C'était un combat
03:03que j'avais envie de mener à ses côtés. Mais c'est vrai que pendant longtemps, j'ai
03:06été engagé politiquement sans avoir du tout envie d'y travailler. Et je n'envisageais
03:11pas vraiment au départ d'être élu. J'avais une vie dans le privé. Elle a duré 10 ans.
03:16Et j'étais très heureux ainsi. C'est plutôt les hasards et les opportunités
03:20qu'on fait que ça a bougé. C'est notamment avec l'équipe de Bertrand Delannoy en 2008
03:26que je me suis engagé. Au départ, je suis venu travailler en cabinet à la ville de
03:30Paris en me disant, c'est une toute petite parenthèse, je ne fais deux ans, pas plus,
03:34parce que je ne voudrais surtout pas me professionnaliser en politique. Et je me suis laissé embarquer.
03:40Et à dire vrai pour le meilleur, parce que j'ai découvert une passion pour l'action
03:44publique, une passion pour en particulier l'action locale à travers la ville de Paris.
03:49Et ce qui devait être une parenthèse est devenu ma vie.
03:52On se pose des vraies questions aujourd'hui dans cette voiture. Et en juillet 2024, vous
03:57fêtez 10 ans d'engagement aux côtés de la maire en démissionnant de votre fonction
04:02de premier adjoint à la mairie. C'est comme ça que vous avez choisi de fêter. Cela se
04:06passe à la suite de votre élection au premier tour comme député de la 7e circonscription.
04:11Vous succédez donc avec la manière à Clément Bonne, votre prédécesseur. On ne peut pas
04:17être député et adjoint au maire, mais on peut être premier ministre et maire.
04:21Oui, c'est tout à fait. C'est l'incongruité. D'abord, on ne peut pas. Ils trouvent que
04:26c'est juridiquement interdit de cumuler une fonction de parlementaire et d'adjoint
04:30ou de maire ou d'exécutif local. Et ce n'est pas possible. On ne peut pas vraiment
04:35faire son travail en étant maire et député. Et on ne peut pas vraiment faire son travail
04:40en étant premier ministre et maire en l'occurrence. Et je trouve ça extrêmement malsain qu'au
04:45moment où on s'interroge légitimement sur l'ancrage territorial des parlementaires,
04:51en particulier des députés, je trouve très bizarre qu'on veuille répondre à ce vrai
04:55problème par une mauvaise réponse, c'est-à-dire de réautoriser le cumul. L'interdiction
04:59du cumul a été une réelle avancée. Elle avait peut-être l'avantage de créer des
05:04barons locaux tellement forts que ça leur donnait de la capacité d'action. Mais c'est
05:09un très mauvais moyen, je trouve, de démocratiser le statut de parlementaire. Donc je suis farochement
05:18opposé au retour du cumul des mandats. Je trouve que ce serait la pire des réponses
05:22démocratiques à la crise. La réalité, c'est qu'aujourd'hui, rien n'interdit
05:27de cumuler par exemple avec un mandat local. Beaucoup de députés sont aujourd'hui des
05:31conseillers municipaux, des conseillers généraux, des conseillers régionaux. Et quand on s'interroge
05:35sur le rôle des députés, ce n'est pas en remettant du cumul qu'on y trouvera la réponse.
05:40Je trouve ça extrêmement malsain sur le plan démocratique, il y a bien autre chose
05:45à faire.
05:46Rapport d'étonnement, Emmanuel Grégoire, sur l'Assemblée nationale après un peu
05:50plus de six mois. Quelque chose de bien, quelque chose d'étonnant, quelque chose de bizarre
05:54que vous avez vécu dans votre nouvelle maison ?
05:56Formidable et bizarre. D'abord, je découvre la fonction, je connaissais très bien le
06:01fonctionnement de l'Assemblée, je travaillais régulièrement avec les députés, mais je
06:04ne l'avais jamais été moi-même, ni comme élu, ni comme collaborateur. C'est une institution
06:08dont j'ai découvert les profondeurs. D'abord, c'est une très belle maison parce que c'est
06:13le cœur de la démocratie parlementaire française et qu'ils se sont joué beaucoup de grandes
06:19pages de l'histoire. Des gens extrêmement prestigieux sont nos prédécesseurs et donc
06:24un peu de gravité et de solennité dans le mandat.
06:27En même temps, un intérêt réel pour la fonction parce qu'on y prend souvent des décisions
06:33importantes pour le pays. Peut-être le côté moins satisfaisant dans ma découverte de
06:39la fonction, c'est d'abord le contexte à la fois passionnant mais très instable qu'on
06:43y vit. Pour vous donner un exemple, quand vous travaillez des centaines d'heures et
06:48que c'est écrasé par un 49.3, il faut comprendre que ça détruit dans l'instant l'énergie
06:53collective déployée dont on aurait pu se passer. Ce sont des milliers de personnes
06:57avec tous les écosystèmes, les fonctionnaires de l'Assemblée nationale, les députés,
07:01leurs collaborateurs qui ont, d'une certaine manière, travaillé pour rien pendant deux
07:05mois, trois mois parfois. Donc ça, il se trouve qu'il y a quelques fragilités ou quelques
07:11faiblesses institutionnelles qui peuvent être frustrantes. L'autre chose, c'est que je
07:16ne peux pas m'empêcher de penser que notre système juridique à la française donne trop
07:22de puissance, paradoxalement, aux députés. C'est-à-dire que je pense que trop de décisions
07:26relèvent du niveau de la loi. Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que c'est un processus
07:31long de penser la transformation de la loi parce qu'on découvre des problèmes qu'on
07:35veut régler. Ensuite, d'écrire les textes, de les voter, la navette et ensuite ce qu'on
07:41appelle la promulgation et la publication des textes, des textes d'application. C'est
07:45un processus qui peut parfois prendre plusieurs années. Or, il me semble que sur un grand
07:50nombre de champs, les parlementaires devraient se consacrer à l'essentiel, aux grandes
07:56lignes directrices, faire du contrôle de l'action parlementaire, mais peut-être devraient
08:01donner un peu plus d'agilité à notre système juridique. Il y a des pays dans lesquels,
08:05par exemple, les collectivités locales ont beaucoup plus de capacité d'action, contrôlée
08:09par le Parlement. Pour vous donner des exemples sur notamment les grands sujets de transformation
08:16ou d'innovation des villes, à chaque fois qu'on a découvert des nouveaux sujets qui
08:20ont émergé en matière de mobilité, exemple, évidemment, l'apparition du phénomène
08:24des VTC, exemple avec les trottinettes électriques, en gros toutes ces grandes phases disruptives
08:31qui sont venues bousculer les villes, à chaque fois, ça relève de la loi. Il faut des années
08:35et des années pour que notre système s'adapte, là où il y a des pays où c'est à la main
08:40des collectivités locales et donc ça permet d'agir plus vite. Grosso modo, peut-être
08:44revenir à l'essentiel et donner plus de pouvoir, plus de décentraliser, donner plus
08:49de rôles à des niveaux différents d'action.
08:52Juste avant cette période à la mairie, vous y étiez déjà, mais vous le disiez en tant
08:57que chef de cabinet de Bertrand Delanoë, puis vous avez été chef de cabinet de Jean-Marc
09:02Ayrault de 2012 à 2014, donc là au gouvernement avec le Premier ministre et je voulais vous
09:08demander, est-ce qu'il y a un peu de nostalgie de cette époque dans le gouvernement sur
09:15d'autres aspects de l'exercice du pouvoir et si vous avez un souvenir qui vous a particulièrement
09:20marqué à cette époque ?
09:21Alors de la nostalgie non, des beaux souvenirs par contre oui, ça a été une période passionnante
09:27de ma vie, de formation personnelle, c'est vrai que j'y ai acquis une expérience de
09:31l'État et qu'elle me sera utile, je l'espère, dans mes fonctions de maire parce que j'ai
09:36appris à rencontrer des gens formidables, tout un écosystème d'administration de
09:41l'État et des collectivités locales et des parlementaires.
09:45Des anecdotes, j'en aurais mille parce que ça a été une période incroyable comme
09:51l'est toute action gouvernementale, je pense que nous n'avons pas été à l'abri de
09:56difficultés également parce que évidemment la situation économique était tendue.
10:02Des souvenirs, peut-être un souvenir merveilleux, y compris parce que j'ai une pensée pour
10:06ce territoire que j'aime infiniment, dans lequel j'avais eu l'occasion de travailler
10:10avant dans le privé, c'est la Nouvelle-Calédonie.
10:12La Nouvelle-Calédonie, ce petit bout de France à l'autre bout du monde, est une terre
10:18exceptionnelle dans laquelle la France doit démontrer sa capacité d'abord à accompagner
10:25en luttant contre les inégalités, contre la ségrégation, le développement et l'avenir
10:30et dans la réconciliation avec les Kanaks.
10:33Deuxièmement, parce que j'ai moi-même assisté à une cérémonie très émouvante
10:38de réconciliation, la première rencontre qui était réorganisée entre les descendants
10:44de la famille Djibaou et les descendants des assassins.
10:49C'était une période, et Jean-Marc Ayrault, le premier ministre qui était en fonction,
10:53il veillait beaucoup, où se dessinait une réconciliation et j'ai fait un voyage exceptionnel
10:59en Nouvelle-Calédonie.
11:00J'en ai fait d'autres.
11:01Je suis allé aux obsèques du roi Sianouk.
11:02Le roi Sianouk, pour moi, c'était un livre d'histoire.
11:04J'étais aux côtés du premier ministre qui représentait la France.
11:07C'est aussi une aventure humaine, un cabinet de premier ministre, on bosse 20 heures par
11:15jour.
11:16C'est exceptionnellement dense, mais c'est passionnant.
11:19On va se concentrer un peu sur les élections, si vous le voulez bien.
11:22Vous venez de dire un mot qui est réconciliation.
11:24Rattaché à une période de votre vie, c'est un des deux mots forts que vous avez évoqués
11:31lorsque vous avez annoncé votre volonté d'accéder au siège de maire de Paris avec
11:37l'autre mot qui est apaisé.
11:39Apaisé, réconcilié, c'est selon vous ce dont a vraiment besoin Paris, ce dont ont
11:46vraiment besoin les Parisiens et les Parisiennes.
11:48Pour vous donner mon analyse complète, d'abord, il ne s'agit pas de parler que de Paris,
11:52mais de comprendre les grands mouvements d'opinion qu'on observe.
11:55On le voit à l'aune de la situation mondiale, de la conflictualité extrêmement forte.
12:02Il y a un sujet qui me préoccupe, c'est le piège d'opinion dans lequel nous nous sommes
12:07engagés collectivement qui est celui, d'une certaine manière, de la prime à l'extrémisme,
12:12de la prime à la confrontation, à la violence des affrontements, comme si, d'une certaine
12:18manière, il n'y avait plus d'espace pour les voix nuancées, les voix modérées.
12:24Il ne s'agit pas du tout, quand je dis ça, de manquer d'ambition, que ce soit dans les
12:29projets politiques, etc., mais le sentiment que lorsque l'on échappe à l'invective et
12:35quand on échappe au bruit et à la fureur, il n'y a pas de capacité à trouver un espace
12:41d'expression.
12:42C'est, à mon avis, l'un des défauts de la confrontation électorale qu'il y a eu
12:47aux Etats-Unis, par exemple, c'est également le sujet en France quand on voit la prime
12:55médiatique et on a l'impression, d'une certaine manière, qu'il y a tout un système
12:58technologique dans l'espace médiatique qui vient primer ça.
13:01C'est à la fois l'algorithmie des réseaux sociaux, c'est à la fois les stratégies,
13:06on va dire, de susciter le clic et pour susciter le clic, il faut évidemment titiller les
13:13formes les plus dures.
13:16Je pense que le débat public ou notre rôle comme politique, c'est de nous abstraire
13:21de ça, c'est de prendre des chemins, qu'ils soient ceux du débat, du dialogue, de la
13:25confrontation, mais de le faire dans le respect.
13:27Et d'une certaine manière, cette tension sociétale, cette tension qu'on voit dans
13:31la société de confrontation permanente, elle a ses manifestations à Paris, dans le
13:38débat public, dans la gestion, dans ce sujet éternel de régulation des confrontations
13:44dans l'espace public, etc.
13:46Moi je crois que notre rôle à nous d'élus, c'est de dénouer ça, c'est de ne pas s'y
13:51laisser piéger.
13:52Vous êtes donc le protagoniste de votre combat aujourd'hui, les deux prochaines années
13:56vont être chargées, les 18 mois à venir, et celle-là déjà depuis que vous êtes député.
14:02Comment vivez-vous ce passage à ce rôle de protagoniste dans un contexte où on voit
14:07que les sondages aujourd'hui positionnent une candidate d'un autre bord comme plutôt
14:13bien positionné.
14:14Vous avez encore ce sujet des primaires qui arrive où il va falloir clarifier les choses
14:18vis-à-vis d'un candidat qui a été proposé par Anne Hidalgo.
14:22Comment vivez-vous ce passage en rôle de protagoniste alors même que la situation
14:25est déjà touffue ?
14:26Écoutez, d'abord, mon expérience de parlementaire est très utile dans cette aventure parce
14:31que moi je me suis lancé dans cette bataille pour devenir député pour deux raisons.
14:35La première, c'est parce que pesait très lourdement la menace que le Rassemblement
14:39national arrive aux responsabilités.
14:40Moi, l'engagement dans la lutte contre le racisme et l'antisémitisme est antérieur
14:45à mon engagement à gauche ou en tout cas concomitant et j'ai d'abord commencé sur
14:48ces modes d'action-là.
14:49Et donc, qu'empêche la menace de l'arrivée du Rassemblement national, je voulais m'engager
14:55dans cette bataille.
14:56Et deuxième chose, c'est qu'aujourd'hui à l'Assemblée nationale, je voulais faire
15:03avancer des dossiers que comme premier adjoint j'avais identifié comme des problèmes
15:08et des manques.
15:09Je peux citer évidemment, je m'engage beaucoup sur les sujets de logement, sur les sujets
15:14à la fois de comment on régule les prix de marché et les loyers.
15:19Deuxièmement, m'engager sur les sujets des moyens des collectivités locales et puis
15:25sur l'école publique qui est un combat central dans ma vie d'engagement.
15:30Je considère que l'école publique est le lieu par excellence de l'émancipation, de
15:35la lutte contre le déterminisme.
15:36C'est le lieu de l'égalité républicaine et l'école publique souffre beaucoup aujourd'hui
15:42et mérite qu'on se batte pour elle.
15:43Et puis enfin, j'ai choisi ici de m'engager sur les sujets culturels.
15:46La culture, là aussi c'est l'émancipation, c'est la liberté et ça compte évidemment
15:52beaucoup à Paris.
15:53Et j'ai voulu mettre ce mandat de député au service de cette ville et nourrir mon expérience,
15:59nourrir mes réflexions pour préparer la suite, en l'occurrence les élections municipales.
16:03On doit parler un peu de bilan, parce que vous avez plus de dix ans à la mairie et
16:06dont quelques années avec Anne Hidalgo, on doit parler un peu de bilan.
16:10Est-ce que vous trouvez qu'elle mérite aujourd'hui ce… ce n'est pas une impopularité mais
16:14il y a quand même dans le discours public, il y a quand même souvent « ah ben c'est
16:18encore une mesure à la Hidalgo » et ainsi de suite, je cite entre guillemets évidemment.
16:24Deux tiers des Parisiens ne sont pas satisfaits, que ce soit sur son bilan ou sa personne,
16:27ce sont les statistiques publiques.
16:29Qu'est-ce que vous en pensez vous de cela ?
16:31D'abord j'ai suffisamment travaillé auprès de Bertrand Delannoy, Anne Hidalgo et puis
16:36quand je travaille auprès de Jean-Marc Ayrault pour savoir que l'exercice du pouvoir est
16:40très difficile et qu'il n'y a qu'une seule forme de confort dans l'action publique,
16:46c'est de ne rien faire, de ne pas prendre de risque, c'est le meilleur moyen de ne
16:49fâcher personne.
16:50Et moi je veux saluer les personnalités qui ont le courage de leur conviction, le courage
16:55de les transformer en action et d'agir.
16:59Et moi ce que je me dis et ce que je me suis toujours dit aux côtés de Anne Hidalgo, c'est
17:03qu'elle avait un volontarisme, un courage immense qui provoque des frottements par évidemment
17:10les changements qu'il impose, mais que l'histoire lui rendra hommage.
17:15Et aujourd'hui quand j'observe le niveau des débats, je me dis que beaucoup des combats
17:20qu'elle a menés vont dans le sens de l'histoire et sont lus ainsi y compris par nos adversaires
17:26et quand nos adversaires disent, bah oui il faut le faire mais pas comme ça, c'est
17:30que vous avez déjà gagné au moins la moitié de la bataille.
17:32La bataille culturelle elle est majeure et Anne Hidalgo a mené deux mandats de transformation
17:38de Paris, beaucoup autour de l'enjeu écologique, j'en suis évidemment solidaire et fier.
17:45Le sujet après c'est de trouver pour les prochaines années les sujets sur lesquels
17:50on va travailler.
17:51Moi je vais pendant la campagne expliquer combien l'enjeu environnemental reste un
17:55enjeu central.
17:56Beaucoup a été fait mais nous devons poursuivre ces efforts, nous nourrir aussi de l'expérience
18:02de ces mandats pour donner d'autres inflexions, d'autres sujets à apporter, mais ce que
18:09je veux vous dire c'est que j'ai travaillé dix ans comme adjoint à Anne Hidalgo, six
18:13ans comme premier adjoint donc à un rôle très central et donc son bilan c'est évidemment
18:18le mien.
18:19Si des nuances peuvent s'observer, elle l'a fait elle-même, nous le corrigerons
18:26pour l'avenir, mais j'ai été fier chaque matin de venir au boulot, j'ai eu un immense
18:32plaisir à le faire et je vais vous dire aujourd'hui quand je suis député, la réalité c'est
18:36que ça me manque un peu et donc j'ai hâte d'y revenir.
18:39Alors quand vous serez de retour, ce qu'on vous souhaite, quelle sera votre première
18:42décision en tant que maire ou en tout cas sur ces 100 jours, quelle sera la première
18:46chose qui va vous occuper ?
18:47Alors je vais vous dire, je ne veux pas céder à la facilité du c'est quoi le
18:50premier truc que tu veux faire, ça renverrait à une forme de simplisme sur la vision de
18:56l'action publique.
18:57Quand vous êtes maire, c'est tous les matins que ça recommence, le soleil se lève et
19:00il faut recommencer la journée, on se parle dans le cœur des compétences d'une municipalité
19:04qui est de gérer les déchets, de s'occuper de la voirie, de s'occuper de la circulation
19:09etc.
19:10Le cœur du métier de maire c'est de s'occuper du quotidien et par définition
19:14le quotidien il s'agence tous les jours.
19:16Evidemment on aura un programme d'action qu'on va construire dans les mois qui viennent,
19:22peut-être d'abord dire un point de méthode, on a un moment interne au parti socialiste
19:27de construction du projet, mais assez vite, c'est pour ça qu'il faut qu'on tranche
19:31le sujet du leadership rapidement, et bien nous engagerons un dialogue avec les autres
19:37partenaires politiques, le monde associatif, le monde syndical, le monde de l'entreprise
19:41et puis avec les parisiens et les parisiens, et en temps utile on fera.
19:45Moi je ne vais pas vous dire que j'ai un projet tout fisté dans ma tête et qu'il
19:48est bon, j'ai une idée de programme et évidemment je fleurais personnellement sur
19:54ce programme, mais je veux donner aussi le sentiment que je suis ouvert à écouter les
19:59bonnes idées d'où qu'elles viennent, et je sais que notamment la société civile
20:02parisienne a beaucoup à dire et veut beaucoup dire, et que d'une certaine manière mon
20:05rôle c'est un peu cet exercice de synthèse qui nous permettra d'avancer, en revanche
20:11je veux vous dire, les premières actions que je mènerai, elles interviendront dans
20:14les premiers jours de mon élection, c'est sur les deux sujets majeurs que je souhaite
20:19porter pendant ma mandature, le logement, le logement est tout en haut de la pile et
20:23on détaillera en temps utile ce qu'on veut faire, le logement et l'école.
20:28Vous jouez pleinement avec le PS du coup, effectivement ce rôle dans la négociation,
20:33dans le dialogue, est-ce que le PS dans deux ans sera capable, sera en mesure de se relever
20:39et de jouer son rôle de parti dans le top 3 en France, ou est-ce que les extrêmes,
20:44et pour revenir à ce que vous disiez en introduction, les partis plus vindicatifs ont définitivement
20:49mis le pied dans la porte ? Ils ont plus que mis le pied dans la porte,
20:52la question c'est est-ce qu'on peut leur retirer le pied de la porte, d'abord moi
20:57je suis content du positionnement actuel du PS, pourquoi ? Parce que moi je suis convaincu
21:03et je crois que c'est le cas de quasiment tous les députés socialistes, que nous avons
21:07un rôle particulier dans l'histoire et qui est quand même un rôle de responsabilité.
21:11Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que quand bien même on n'est pas content
21:14qu'il n'ait pas nommé un premier ministre du Nouveau Front Populaire, on ne peut pas
21:17se réjouir d'une instabilité parlementaire, d'une instabilité gouvernementale et de
21:22l'absence de budget.
21:23C'est important de le souligner parce que si jamais il y avait une crise institutionnelle
21:27longue qui s'installait, eh bien ce seront toujours les plus fragiles qui trinqueront
21:32parce qu'il y aura une crise financière, une crise monétaire, plusieurs sujets qui
21:36nous inquiètent et qu'on ne veut pas.
21:37Et notre responsabilité c'est toujours de rechercher le meilleur mais c'est aussi d'éviter
21:42le pire.
21:43Et donc nous souhaitons convaincre que notre rôle à nous est un rôle de stabilisateur
21:48démocratique qui protège les plus vulnérables.
21:52Parce que l'autre hypothèse c'est celle de la crise qui conduit à une présidentielle
21:56anticipée.
21:57Et c'est un pari...
21:58Et dans un premier temps peut-être un enchaînement de gouvernements jusqu'à ce qu'on décide
22:01qu'effectivement ça ne marche plus ?
22:03Oui c'est ça.
22:04C'est en gros une instabilité gouvernementale qui fait que la crise est énorme et on voit
22:07bien qu'à l'extrême droite et à l'FI, ils cherchent cette présidentielle anticipée.
22:12La présidentielle anticipée n'est pas quelque chose que nous souhaitons et il faut comprendre
22:16pourquoi.
22:17C'est que quand un président de la République démissionne, d'abord ça traduit une crise
22:20majeure évidemment politique et deuxièmement que nous n'avons que quelques jours derrière
22:26pour organiser une présidentielle et ce n'est pas les conditions saines d'un débat démocratique
22:31de devoir organiser une présidentielle en 30 jours.
22:33Ce n'est pas sérieux.
22:34Et c'est véritablement une prime aux extrêmes et voire même en sortant parfois, je le dis
22:40au passage.
22:41Et donc si présidentielle il y a, et il y en aura eu dans 2027, elle doit permettre
22:48de déployer un débat public sain, approfondi, démocratique sinon ce sera une blitzkrieg
22:55d'opportunistes.
22:56On passe du coup devant l'Assemblée nationale, Emmanuel Grégoire en a parlé tout à l'heure
23:04et ça fait une bonne transition puisque nous avons un message d'une personne, on a traditionnellement
23:10dans cette émission une question posée par une connaissance de l'invité et donc je vous
23:15montre ce message.
23:16Bonjour Emmanuel, j'espère que tu vas bien, il ne m'a pas échappé que tu étais candidat
23:21à la mairie de Paris et c'est une formidable nouvelle pour les parisiennes et les parisiens
23:25qui apprendront à mieux te connaître et connaître ta passion pour cette ville et
23:30justement j'aimerais savoir d'où te vient cet amour pour Paris, à bientôt.
23:35Ça me fait très plaisir, il s'appelle Maxime, c'est un copain du 12e arrondissement qui
23:42a refait sa vie ailleurs, qui est parti habiter d'abord à Libourne et maintenant qui est
23:48engagé à Bordeaux.
23:49C'est un petit clin d'œil sympa parce que j'ai fait mes études à Bordeaux et évidemment
23:54c'est une ville que j'aime beaucoup aussi.
23:56D'où me vient ma passion de Paris, elle me vient de mon enfance très clairement.
24:02Comme on le disait tout à l'heure, je suis né en Seine-Saint-Denis mais j'ai très
24:06jeune nourri une passion infinie pour cette ville, pour son histoire.
24:10Peut-être qu'il y a des anecdotes perso d'enfance, quand j'étais petit je venais
24:16beaucoup à Paris pour des visites de musées dans les cadres scolaires et tout mais enfin
24:20c'était pas mon terrain de vie, moi c'était la Seine-Saint-Denis et mon père, ma famille
24:26a toujours eu une passion pour Paris, ils sont tous férus d'histoire et mon père
24:31faisait un truc marrant qui s'appelait les Paris by Night.
24:33Les Paris by Night, il avait une R18 break à l'époque et il nous achetait des paquets
24:41de bonbons et on faisait des tours en Paris en voiture la nuit et donc le Paris by Night
24:47c'était de rouler les fenêtres ouvertes en mangeant des bonbons et en regardant les monuments et il
24:53nous expliquait l'histoire des monuments et les Paris by Night, c'est un souvenir
24:58de gamin extraordinaire, on faisait le tour de Paris en bagnole, on va le dire ainsi aujourd'hui.
25:05Et donc j'ai toujours beaucoup lu sur l'histoire de Paris, son lien avec le pays, son lien
25:12dans l'histoire de France, je connais très intimement cette ville et son histoire avant
25:18même d'y avoir habité et après c'est la résonance de ma passion pour la ville et
25:24de mon engagement politique qui a fait le reste.
25:27Nous passons au Green Light Challenge, ça commence dans un instant.