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Mercredi 30 avril 2025, retrouvez Etienne Gorgeon (Responsable de l’activité obligataire, Sanso Longchamp AM), Éric Venet (Directeur de la gestion, Montbleu Finance) et Sophie Chauvellier (Gérante allocation d'actifs, Dorval AM) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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00:10Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Sophie Chauvelier est avec nous, gérante allocataire chez Dorval Asset Management.
00:16Bonsoir Sophie.
00:17Bonsoir.
00:18Eric Venet nous accompagne, directeur de la gestion de Montbleu Finance.
00:21Bonsoir Eric.
00:21Bonsoir Grégoire.
00:22Et Étienne Gorjon est avec nous également, responsable de l'activité obligataire de Sanso Longchamp Asset Management.
00:28Bonsoir Étienne.
00:28Bonsoir Grégoire.
00:29Bon un peu d'analyse des chiffres macro qu'on a pu avoir à commencer par la croissance américaine du premier trimestre.
00:35Moins 0,3% en rythme annualisé.
00:38Et en le disant en introduction, on en discutait même entre nous, cette contribution négative historique du commerce extérieur qui révèle quoi Sophie ?
00:48Des effets d'anticipation importants déjà de la part des agents économiques américains avant même la mise en place de tarifs douaniers.
00:57Oui tout à fait.
00:57C'était prévu donc la plupart des entreprises ont fait venir leurs intrants en provenance de Chine et d'ailleurs avant la mise en place des droits de douane.
01:06Et donc en fait on a un déséquilibre donc du commerce extérieur américain qui est à un niveau historiquement extrêmement élevé puisqu'on est à moins une contribution de 5% négative.
01:16Moins 4,8%.
01:18Moins 4,8% au PIB.
01:19Alors si on retraite de cet élément quand même, on voit une économie américaine qui dans ce premier trimestre reste stable.
01:25Il n'y a pas à proprement parler d'écroulement de la consommation.
01:29Oui on tourne aux alentours de 2%.
01:31Et évidemment parce que les américains n'ont pas encore vu les effets de la politique douanière sur les biens de consommation qui sont à même d'acheter.
01:41Il commence juste à avoir un des débuts de hausse de prix.
01:44D'ailleurs on en parlait aussi aux rentaines mais la cote de popularité de Donald Trump commence à s'effriter un petit peu parce qu'il y a quand même des hausses de prix tangibles qui commencent à s'observer.
01:52Si on enlève effectivement le commerce écriteur et également je crois les dépenses gouvernementales, les dépenses publiques qui contribuent légèrement négativement à ce trimestre,
02:01toutes les autres composantes sont des contributeurs positifs, la consommation, l'investissement privé, etc.
02:08Oui tout à fait. Les dépenses publiques baissent aussi. On a vu le travail qui a été fait par le Doge.
02:12Un petit effet Doge qui a quand même licencié 120 000 fonctionnaires en en reprenant un certain nombre pendant le trimestre.
02:19mais effectivement des coupes franches assez notables.
02:23Bon, qu'est-ce que ça nous dit alors du trimestre écoulé mais est-ce que ça nous apporte des enseignements sur la suite de la course de l'économie américaine une fois soumise aux tarifs ?
02:34Ce que je trouve intéressant c'est qu'il y a les indicateurs, ce qu'on appelle les soft data.
02:39Donc toutes les études sont catastrophiques. On a eu le consumer board hier, que ce soit la confiance du consommateur, des chefs d'entreprise.
02:45Il n'y en a pas un qui dit que ça va bien.
02:50Je dirais que c'est vraiment des niveaux aberrants.
02:53Dépressifs quoi.
02:54On est en 2008 pour certains d'entre eux, vraiment à des niveaux.
02:58Et évidemment qu'on sait depuis 2022 que tous ces indicateurs sont beaucoup moins efficaces pour plein de raisons,
03:05que cette récession annoncée par ces indicateurs n'est jamais arrivée aux Etats-Unis en 2023, etc.
03:09Donc nous on regarde évidemment les données dures et surtout on se focalise sur les données dures à haute fréquence.
03:17Parce que c'est elles qui sont censées encapsuler les variations qui vont arriver dû à ces hausses de prix.
03:25Qu'est-ce qu'on voit pour le moment ?
03:26On voit que sur ces données à haute fréquence, on voit que les boîtes ne se débarrassent pas.
03:33Il n'y a pas de licenciement.
03:33On voit que la consommation tient et tient plutôt même de manière assez forte.
03:39Et on voit que dans certains secteurs, c'est vraiment difficile.
03:43Tout ce qui est logement, voyage, on parle de récession.
03:47Il y a le CEO de Southwest Airlines qui disait mais nous on est vraiment dans une grosse récession.
03:53Et après il y a des indicateurs qui sont plus ou moins avancés, qui sont des données dures,
03:58mais qui sont vraiment reliés à ce qui est en train de se mettre en place par l'administration Trump.
04:03On voit la baisse très marquée des ventes de camions.
04:07Et on est vraiment effectivement dans cette phase où on passe d'une récession technique à quelque chose d'autre
04:12qui pourrait être probablement un tout petit peu...
04:14Une récession technique, ce n'est pas très grave, a priori, puisque c'est dû à un choc qui est censé se normaliser.
04:22Là où ça va être réellement intéressant, c'est de voir dans quelle mesure l'implémentation des tarifs
04:29va se transformer dans quelque chose qui pourrait sortir d'un cadre local ou sectoriel.
04:36Je m'exprime un peu plus clair.
04:37Quelque chose d'endogène et plus large.
04:38C'est ça.
04:38C'est quand les retailers, quand les distributeurs américains disent on a du mal à alimenter nos rayons,
04:44quand les gérants de camions disent, nous, le fret, tout ce qui est fret, que ce soit le fret de bateau
04:53ou distribution par les camions, disent mais on a une surcapacité incroyable et qui commence à fermer.
05:00La question qui va se poser, c'est de quelle manière ça se propage.
05:03Et c'est probable qu'on voit d'abord les effets de ces faillites-là,
05:08avant de voir les effets négatifs d'une consommation qui semble toujours assez résiliente.
05:13Vous dites que c'est d'abord un choc d'offre massif pour les Etats-Unis,
05:16avec le risque que ce choc d'offre se diffuse et se traduise aussi par un choc de demande ultérieurement.
05:24Exactement.
05:24Et je pense qu'il va falloir jouer ces séquences.
05:26Et c'est pour ça que ça va être un vrai challenge pour tout le monde.
05:29Le choc d'offre, ça rappelle le Covid.
05:30Oui, exactement.
05:31On se retrouve un peu dans ce même schéma.
05:34Exactement.
05:35Et le vrai sujet, c'est le consommateur américain.
05:37Là, on est toujours dans une phase de stimulus budgétaire.
05:39Alors, un peu moins, mais toujours pour l'instant.
05:42Encore une fois, il y a toujours cette histoire de budget.
05:45Et donc, il y a un consommateur qui tient.
05:47Il y a la réserve fédérale qui joue à plein son rôle.
05:50Elle injecte des liquidités, l'excès de réserve.
05:52Alors, même s'il a baissé au mois d'avril, il était quand même assez positif depuis le début de l'année.
05:55Un consommateur qui tient sous perfusion.
05:58J'aimerais presque dire...
06:00C'est un terme qui est peut-être un peu excessif, mais sous une forme de perfusion.
06:04Et on va voir quand est-ce qu'on va rentrer dans le dur avec une augmentation des prix.
06:08Et dans quelle mesure ça va nous emmener dans une récession plus cyclique, j'ai envie de dire.
06:14Bon, c'est un peu 50-50, j'ai l'impression, cette histoire de récession pour les États-Unis cette année, Eric.
06:19Quel est votre sentiment, là, par rapport à cette situation, par tant des chiffres qu'on commande ?
06:23Je crois que vous l'avez très bien dit. Pour moi, ce n'est pas une récession. C'est boum. C'est un choc d'offre, en fait.
06:27L'exemple du Covid est assez bon. C'est-à-dire qu'à un moment donné, l'offre se bloque.
06:31Enfin, on sait que l'offre s'est bloquée. La demande s'est agrippée à l'offre qui restait, d'où la consommation qui tient.
06:40Je dis, jusqu'ici, tout va bien. Après, quand les stocks sont épuisés parce qu'on n'a pas livré pendant X temps,
06:46et à condition qu'on relivre à nouveau parce que les choses se sont un peu éclairées, pour l'instant, on ne sait toujours pas.
06:53Donc, ça va durer un petit moment. Donc, cet écart-là, vous n'allez pas l'absorber tout de suite.
06:58Donc, on sait qu'on va de toute façon plonger. Et le consommateur, il attend de savoir la deuxième phase.
07:05C'est-à-dire, est-ce que l'offre va revenir avec une certaine stabilité ou par à-coups ?
07:10Et auquel cas, on refera à peu près la même chose de trimestre en trimestre.
07:13Donc, c'est totalement logique. On n'a rien vu. Et donc, économiquement parlant, on ne peut rien dire.
07:19Tout simplement que ça ne me paraît tout à fait normal. Bon, ça ralentissait, ça ralentit moins parce qu'on a amélioré la consommation.
07:29Mais le plus dur reste à venir.
07:32Et dans la séquence, comment les choses se déroulent ? Partant d'un choc d'offres, c'est d'abord les prix qui vont réagir.
07:38C'est d'abord une inflation, quand bien même elle serait temporaire, qui va tout de suite se matérialiser assez vite.
07:45Et puis ensuite, on verra des dommages peut-être sur l'emploi, la consommation, etc.
07:50C'est d'abord la croissance, en fait, parce que les quantités, parce que c'est pas...
07:55Donc, le marché des prix peut peut-être réagir.
07:57On a vu aussi, alors il y a eu tellement de chiffres aujourd'hui, il faudra peut-être quelques heures pour analyser tout ça.
08:01Mais les chiffres ADP, création d'emploi dans le secteur privé, on verra ce que donne le rapport mensuel vendredi.
08:06Mais ils sont déjà assez nettement en dessous des adhommes.
08:09Ça reste positif, mais un cran en dessous de ce que tout le monde attend.
08:13Parce qu'on attend, on attend et savoir comment ça va se passer.
08:15Mais après, on va forcément licencier si vous n'avez rien à vendre.
08:19Il y a une dichotomie entre les services qui sont...
08:22On ne sait pas comment ils sont touchés à la douane, en bateau, c'est simple, vous ne livrez plus.
08:27Mais dans les services, c'est un peu plus compliqué.
08:30Donc, c'est à modérer en plus avec la proportion de services et de consommation de biens industriels dans l'économie.
08:36Mais c'est pas les prix, c'est pas une question de prix.
08:39C'est une question brutale d'arrêt de l'économie.
08:41Oui, bien sûr.
08:42Et après, en fonction du comportement de l'offre, on verra si les prix...
08:47Il y aura mécaniquement des prix avec les droits de douane.
08:49Mais enfin, c'est pas ça la problématique pour l'économie, c'est la spirale.
08:53Je pense que pour l'instant, elle n'est pas prête à être engagée.
08:55Parce que la demande va s'éteindre.
08:57Sophie, le marché, c'est...
09:02Alors, on sort d'un mois d'avril très chaotique.
09:04Je ne sais pas ce qu'on peut faire dire au marché à ce stade.
09:07Mais il s'est positionné pour quel scénario ?
09:09On est passé par un quasi moins 20 du S&P.
09:11On a flirté avec la barre des moins 20 au pire du 8 avril, je crois.
09:17Il y a eu quand même un rebond de soulagement assez spectaculaire.
09:23Beaucoup d'indices, ou certains indices, sont revenus d'ailleurs sur les niveaux qui prévalaient avant Libération Day du 2 avril.
09:28Donc c'est vrai que le mois d'avril offre peut-être pas, quand on regarde comme ça, la photo finish, on voit des indices américains positifs sur le mois, etc.
09:35Et là, peut-être que ce n'est pas une photo qui reflète réellement ce qui a pu se passer et ce à quoi le marché s'est préparé.
09:41Alors le marché, ce qui est intéressant, c'est quand on décompose en fait ce mouvement.
09:45Parce que le marché a quand même pleinement intégré, alors pas pleinement, mais qui a quand même pas mal intégré ce choc pour les valeurs exportatrices européennes, japonaises, etc.
09:54Ce que je veux dire par là, c'est que bien que les marchés aient rebondi, ils n'ont pas rebondi avec les mêmes valeurs.
09:59De la même manière.
09:59Voilà.
10:00Donc il y a eu une dévalorisation des valeurs exportatrices très très forte, transverse, que ce soit au Japon, que ce soit en Europe, que ce soit...
10:08Toutes les valeurs qui ont beaucoup à perdre de ces droits de douane se sont dévalorisées de façon extrêmement forte.
10:14Et dans le rebond, elles se sont contentées de rebondir en ligne avec le marché.
10:19C'est comme si on avait une marge d'escalier.
10:20Il y a eu une dévalorisation de ces valeurs et ce qui s'est beaucoup mieux comporté, c'est des valeurs qui ont une typologie ou bien tournées vers la demande locale.
10:27C'est le cas en Europe, puisque les valeurs qui permettent d'accompagner notamment le plan de relance allemand.
10:32Les financières ont bien rebondi, les financières sont quand même tournées vers la demande interne.
10:36Donc l'idée des contrefeux qui vont venir aider à absorber le choc des droits de douane.
10:42Donc toutes les valeurs qui sont sensibles à ça, demande interne ou demande pan-européenne, etc.
10:47se sont plutôt mieux comportées, ont surperformé très fortement ou bien les valeurs défensives.
10:54C'est comme si on redécouvrait qu'il y avait des dividendes dans les tels cours.
10:58Dans les utilities, etc.
11:00Oui, bien sûr, c'est les secteurs qui ont surperformé.
11:02Donc en fait, le marché a rebondi mais il n'a pas du tout rebondi en faisant abstraction de ce qui s'était passé.
11:09Le marché a intégré, il y a eu une grosse marge d'escalier sur les sociétés les plus sensibles et maintenant on attend.
11:16Donc le marché, je ne dirais pas qu'il a ignoré, il n'a pas balayé cette question-là.
11:21Il n'est pas passé à autre chose ?
11:22Non, il n'est pas du tout passé à autre chose.
11:24Mais ce qu'il dit, c'est que, un, effectivement c'est un choc d'offres et qu'il suffit d'un mot pour que ce choc d'offres se résolve.
11:31Donc ce n'est pas un choc structurel qui viendrait d'une crise de la dette, par exemple, quelque chose de très profond qui viendrait détruire les perspectives économiques dans la durée.
11:41C'est un choc d'offres qui dépend du bon vouloir, entre guillemets, et de la réaction d'une politique.
11:47Donc si Donald Trump dit, c'est bon, j'ai gagné et maintenant on va s'en sortir avec ça, on va rester avec nos 10% puis ça ira, ça va aller.
11:55— D'accord. Donc un simulacre de victoire peut suffire, effectivement, à apaiser la situation.
12:01— Pour l'instant, on n'en sait rien. Donc le marché, il s'est mis en position d'attente. Il y a eu une rotation en faveur des défensives, en faveur des entreprises qui adressent la demande locale
12:13et qui bénéficient des contrefeux locaux. Et il est resté à l'écart, il s'est désaisi, il a vendu les entreprises les plus fragiles et les plus liées au commerce mondial.
12:22— Donc non, je pense pas que le marché n'a pas du tout ignoré ce qui est en train de se passer. Il s'est plutôt mis en position d'attente, je veux dire.
12:29— Du point de vue des marchés obligataires, justement, qu'est-ce que les taux nous disent de la situation ? Ça a beaucoup valdingué quand même.
12:36— Oui, mais moi, je regarde le marché qui m'intéresse le plus en ce moment, c'est le dollar parce que lui, il donne une vision, je trouve, assez claire.
12:46Il y a une direction. C'est pas une lubie de l'administration américaine. C'est quelque chose de plus profond. C'est comme ça que j'interprète le mouvement sur le dollar.
12:55— Baisse de 10% pour le dollar pondéré face aux grandes devises majeures depuis le sommet de janvier.
13:01— Parce que c'est pas un petit mouvement. — Ah non ?
13:03— Et que c'est des mouvements qui s'intègrent souvent dans des cycles assez longs. Donc la première chose que je regarde, c'est lui qui dit
13:09« Attention, c'est pas une lubie. Il y a quelque chose de structurel. On est peut-être dans un renversement de table à la Nixon, à la Reagan en 85, Nixon en 71.
13:18Et peut-être que finalement, Trump, c'est l'arbre qui cache la forêt. Ils n'ont pas le choix. Il y a trop de dettes. Il faut renverser la table.
13:24Il faut trouver un moyen de réduire tous ces déséquilibres, tous ces déséquilibres, qu'il soit déficit commercial ou autre. »
13:31— Et cette hyposéa, ça nous dit qu'on est loin du pic des tensions et des frictions. Parce que dans un monde fragmenté comme il est aujourd'hui,
13:37à part passer par une coercition explicite, je vois pas comment vous mettez autour de la table les Japonais, les Chinois pour dire
13:44« C'est bien. Alors le Yen, maintenant, ça va être plus 30. » Et je dis rien de la Chine, dont le Yuan est au même niveau qu'en 2008.
13:51— Et ça, c'est presque un autre débat. Si on y touche tout de suite, moi, ce que j'avais étudié venant de la fac sur les cycles,
13:59c'est que sur les 40 dernières années, on a créé un... L'expression est, pour être visible et peut-être un peu grossière, on a créé un magma de dettes.
14:05Ce magma de dettes est devenu... Les économies sont tellement financiarisées. Pour faire simple, il y a 40 ans, avec un de dettes, on faisait un de PIB.
14:11Maintenant, il faut plus de 5 de dettes pour faire un de PIB aux États-Unis. Donc ça marche plus vraiment.
14:16Et à chaque fois qu'on essaye de contraindre cette évolution-là à la baisse ou même à la stabilité, on s'aperçoit que concomitamment,
14:24l'économie et les marchés réagissent négativement. Et donc on se retrouve dans une équation qui est compliquée où il va falloir passer soit
14:32un rétablissement des déséquilibres commerciaux. Et donc l'idée de tarif n'est pas bête, la méthode est discutable,
14:40mais l'idée de tarif n'est pas stupide.
14:42Elle est même peut-être contre-productive.
14:43Et c'est vrai que Miran qui dit 2% par an jusqu'à ce qu'on atteigne une négociation, ça me paraîtrait plus...
14:51L'aspect graduel, ça a été un peu mis de côté dans l'implémentation de la stratégie par Trump.
14:56Et négocier pouvait avoir du sens et tout le monde pouvait le comprendre que le côté probablement un peu plus massue à la Trump et Vance en particulier.
15:05Donc ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est que je pense que de la même manière que ce qui se passe en Europe et en France en particulier,
15:11avec de l'austérité, les Américains pourront pas y échapper. On parle de Medicare, Medicaid.
15:15Ils peuvent pas y échapper. Moi, je rappelle juste un truc. Il y a 30 milliards de dettes, il y a un tiers qui doit être rôlé cette année.
15:25C'est ça qui marche plus. Et il y a 2... J'ai dit milliards, non, c'est trillions.
15:28Trillions, trillions.
15:28C'est 10 trillions, donc un tiers. Il y a 2 trillions de plus que l'année dernière.
15:33Donc on est dans une spirale qui fonctionne plus.
15:37Et donc la complexité, c'est qu'ils vont probablement faire une combinaison d'un petit peu d'austérité, d'un petit peu de tarifs,
15:43qui vont probablement devoir ajuster je sais pas trop combien, comment, parce que la dernière option, c'est de ne rien faire.
15:49Je pense que ça sera la pire pour tout le monde, à terme.
15:52Et je dois avouer que... Je dois avouer que le marché... Enfin, le marché action, pour moi, me semble vraiment au perché quand j'intègre ça.
16:02C'est-à-dire que quand je me dis, si ça se trouve, on est... Et c'est peut-être la différence d'interprétation.
16:08Et vraiment, moi, je sympathise énormément avec le discours de Sophie.
16:13Mais s'il devait y avoir une différence d'interprétation, c'est que je me dis, si on est réellement dans un changement de paradigme,
16:19de politique économique, financière, monétaire, etc., et c'est un peu ce que me ferait comprendre le dollar,
16:24alors je me dis, le S&P est franchement au perché.
16:27Après, le dernier marché à regarder, évidemment, c'est l'obligataire.
16:30Là, il y a 2 marchés, la partie crédit et la partie obligataire.
16:32Moi, je trouve que l'obligataire, c'est pas où il habite, aux Etats-Unis.
16:34C'est qu'on tape les 4,50, on revient. On sent quand même qu'il y a un problème lié au trop de dettes,
16:40mais qu'il y a un risque sur l'économie, que le marché ne s'est pas acheté.
16:43S'il doit d'abord prendre l'inflation et regarder ensuite la croissance, ou d'abord la croissance et après...
16:47Sur la baisse des actions du jour, les taux, ils ne bougent pas.
16:50En Europe, c'est beaucoup plus simple. Et c'est vrai que ça, ça nous aide tellement.
16:54La BCE a une direction, elle peut la justifier, c'est simple.
16:57Moi, ce que je trouve vraiment intéressant, c'est que dans tout ce poids général,
17:01où tout le monde peut s'inquiéter de ne pas y voir beaucoup de clarté,
17:04le crédit, ça marche bien.
17:07Ça résiste bien.
17:08Le crédit en Europe, ça s'est un peu écarté, mais j'ai presque envie de dire,
17:11vu les challenges et quand même les moins 20 qu'on a vus sur l'S&P,
17:15et les corrélations historiques, on n'est quand même pas très loin du circuler,
17:19il ne s'est pas passé grand-chose.
17:21En tout cas, sur le crédit européen, c'est un peu moins vrai sur le crédit européen.
17:23L'Europe, havre de paix, de modération, de médiocrité, je ne sais pas.
17:29Mais en tout cas, dans un monde, dans le jeu, c'est toujours pareil, c'est le beauty contest,
17:33c'est le concours de beauté des marchés.
17:35Donc à partir du moment où la mariée américaine semble avoir perdu quelques plumes...
17:38Vous avez répondu, oui.
17:39Non, je voudrais dire, en fait, si la politique des États-Unis, c'était un problème de dette,
17:49ils se sont pris comme des manches, parce que finalement, tout ça ne se résout qu'avec des points supplémentaires
17:57de taux d'intérêt, parce qu'on a créé juste, on a généré de l'intérêt.
18:00La seule chose dont on est sûr, c'est que le monde n'est plus insécur qu'avant, ça c'est clair,
18:05en termes financiers.
18:06Moins optimal, oui.
18:06Voilà, donc, si vous n'aviez rien fait, vous rajoutez je ne sais pas combien de points,
18:11en tout cas, c'est clair, c'est-à-dire que moi, si j'étais prêt à acheter à 4,
18:15maintenant, c'est 4,5, enfin, peu importe.
18:16Oui, c'est ça.
18:17Donc, je ne vois pas la logique économique derrière, ça c'est clair.
18:22Je pense, enfin, je ne suis pas assez spécialiste là-dessus, mais en tout cas,
18:25je pense qu'un problème de dette, ils ont tout faux.
18:27Après, si c'était pour baisser le dollar, bravo.
18:32Encore une fois, je ne suis pas sûr que derrière, ça soit...
18:35Est-ce que c'est une bonne baisse du dollar ou pas, oui ?
18:37Voilà.
18:38Bon, donc, effectivement, quand on dit ça, l'Europe, finalement, on est bien dans notre ordre, finalement.
18:45C'est un goût tactique ou c'est différent ?
18:47Non, non, non, parce qu'il y a autre chose.
18:49Parce que pour une fois, on a de la chance, parce qu'en plus, nous, on a quelque chose endogène.
18:53C'est d'ailleurs qu'on a le plan de relance allemand, on a l'Europe qui s'ormit un peu sur l'armement.
19:00Et ce n'est pas par la demande, en fait, ça qui est très important.
19:05Ce n'est pas un coup de keynésien et en armée en plus sur les déficits.
19:09Non, non, non, c'est profondément industriel et de l'autre côté de l'offre.
19:13Et donc, pour une fois, on coche toutes les bonnes cases, en fait.
19:16Alors, il ne faudra pas que ça soit, après, perdu politiquement.
19:20Mais donc, je comprends.
19:21Si on rajoute le fait que, dans le monde de la finance, l'Europe, on ne sait pas où c'est.
19:26On va peut-être découvrir où c'est.
19:27Donc, en plus bénéficier de flux de capitaux, est ce qui est sur le gâteau.
19:33Nous aussi, on avait un problème de dette.
19:34Et en plus, comme on part des États-Unis, ben, venez chez nous.
19:38Donc, on va, nous, gagner la baisse de taux d'intérêt que les Américains vont perdre en hausse de taux d'intérêt.
19:45Donc, pour le coup, je suis bien en Europe.
19:48Mais ça implique quoi ?
19:49Ça implique, pour un investisseur global, que, oui, on peut avoir une surperformance, une performance relative des actions européennes,
19:56dans le temps, qu'il soit meilleur, ou en tout cas, que l'écart soit moins important,
20:02avec ce qu'on a observé entre le marché américain et le reste du monde depuis deux ans, Eric ?
20:06Oui, alors, dans le temps, si on considère que tout ce qu'on vient de vivre, c'est un changement d'air.
20:11Alors, mais j'en suppose qu'on m'a vaincu.
20:13Peut-être que dans deux mois, on aura oublié tout ça, qu'il se sera...
20:16Enfin, bon, pour les trucs, excusez-moi, j'ai...
20:18Bon, enfin, bref.
20:19Et qu'il sera passé à autre chose.
20:20Il aura fait de la géopolitique.
20:22Et du coup, l'économie sera moins...
20:24Alors, c'est sûr que, dans sa séquence, à un moment, on va reparler de dérégulation, on va reparler de baisse d'impôts, etc.
20:31Bessent était là pour le rappeler hier.
20:33Là, on est dans le dur du dur.
20:35Trump le dit aujourd'hui, alors, en moquant la réaction du marché actions, qui est le marché actions de Biden et pas le sien,
20:41il dit que ça va être dur pendant quelques temps.
20:43Mais après, vous allez voir, la croissance va être là.
20:45Une fois qu'on aura tout fait, il y a toujours cette promesse.
20:48C'est valable s'il enchaîne assez vite.
20:49Et le retail suit.
20:50Ce que je veux dire, c'est que l'investisseur retail, pour l'instant, lui, il continue d'appliquer la même logique.
20:55Le moindre creux de marché, c'est à mettre à profit pour continuer d'investir, de réinvestir et d'acheter, notamment, des NVIDIA, des Amazon, etc.
21:01C'est ce qu'on a vu tout au long du mois d'avril.
21:03Oui, parce qu'on n'est pas encore sûr qu'on ait changé de baires.
21:05Donc, que les soldats baissent pour Trump, ok.
21:07Mais l'investisseur particulier américain, lui, il continue de faire confiance au stock market de Trump.
21:12Oui, parce qu'il y a un plan.
21:13On considère que, certes, bon, il y a eu un gros choc.
21:17Ceci va un peu se calmer.
21:18On va, à la limite, peut-être, linéariser tout ceci.
21:22Et après, boum, très vite, je sors mon plan de ma poche.
21:24Et vous allez voir.
21:26Et ça peut fonctionner, en fait.
21:29Donc, dans ce cas-là, le plus optimiste, on aura perdu un trimestre de croissance avec quand même pas mal de morts sur le côté.
21:37Mais bon, globalement, ça tient.
21:39Et puis, ça peut repartir un certain temps.
21:45Et donc, assez vite oublier cette séquence.
21:50Mais en tout cas, pendant quelques mois, on a encore ça à l'esprit.
21:56Ça ne va pas disparaître aussi vite.
21:57Ça ne va pas disparaître aussi vite.
21:59Et donc, pour le marché européen, là, je veux dire, quand on regarde un peu les valos, les perspectives bénéficiaires, on est en pleine saison de résultats.
22:05Il y a de la place, encore, pour avoir de la hausse en Europe ?
22:11Oui, d'autant plus que le marché réagit assez violemment, en fait, moi, je trouve.
22:20Donc, il suffit d'être contrariant.
22:22Et puis, en termes d'indice, je ne sais pas.
22:24En tout cas, il y a de quoi faire ses courses tous les jours.
22:26et de façon assez serein.
22:30Et de rester sur l'Europe, moi, je...
22:32Et si vous voyez, d'ailleurs, depuis le temps que je parle des smalls et ainsi de suite,
22:36il y a un retour sur ces petites valeurs-là.
22:45Alors, certes, elles ont pris moins 20 quand le marché, les fameux jours, parce qu'il n'y avait pas de liquidité.
22:50Mais ça revient.
22:51Et aujourd'hui, vous arrivez à faire de la performance avec un mix de smalls et des grosses capes européennes.
22:59Et moi, je ne bouge pas de là.
23:02Sur la logique d'investissement, là, aujourd'hui, Sophie, est-ce qu'on décroche de l'idée de ce qu'on a vu du marché américain pendant deux ans ?
23:12C'est-à-dire cette concentration, ce qu'on a traduit par l'exceptionnalisme américain,
23:17une surperformance incroyable tirée par cette valeur, etc.
23:20Là, on va voir les publications qui commencent pour les Max 7.
23:23Est-ce que ce schéma-là est à ranger ou remiser sur l'armoire au moins pendant un temps ?
23:29Temporairement, on est en train d'assister, effectivement, à un rééquilibrage.
23:33Nous, on partage aussi l'idée que la configuration européenne est plus attractive.
23:39Elle est plus attractive qu'elle ne l'avait été depuis bien longtemps.
23:44Donc, effectivement, on reste dans une incertitude très, très forte.
23:48Vous parliez de pouvoir faire ses courses tous les jours.
23:50C'est lié aussi au régime de volatilité.
23:52Donc, on avance, entre guillemets, à pas modéré, avec une relative confiance, mais à pas modéré.
23:58Je pense que du point de vue de l'investissement, il y a quand même, moi, le facteur qui me paraît le plus intéressant.
24:03C'est la question des obligations, c'est-à-dire qu'on est incapable d'acheter les obligations jusqu'à il y a encore quelques semaines.
24:11Et qu'avec l'évolution qu'on a eue sur les taux, on retrouve, en fait, une attractivité, une asymétrie sur la partie obligataire,
24:19où non seulement on a une rémunération qui est supérieure à celle du...
24:22Il y a de la pente, il y a un peu de pente.
24:25On a enfin de la rémunération sur la partie la plus longue.
24:27On a le pouls de la BCE, donc l'action explicite de la BCE.
24:33Et puis, si, effectivement, on a un trou d'air économique qui serait lié, effectivement, à ce choc, quand même,
24:39on a potentiellement 100 points de base de baisse dans les taux européens qui vont venir protéger les portefeuilles.
24:45Donc, nous, on a vraiment, pour la première fois depuis maintenant 3 ans, on a racheté les obligations, remis de la duration,
24:55parce qu'il y a de la symétrie à nouveau, parce qu'on peut reconstruire des portefeuilles.
24:59Et puis, après, en face de ça, effectivement, plutôt les idées de demande interne.
25:04C'est-à-dire que sur la partie où on n'a aucune idée de ce qui va se passer, c'est-à-dire les gagnants, en fait, du cycle précédent.
25:10Parce qu'il faut bien voir que quand on regarde aujourd'hui les grands indices européens, toutes les premières lignes, c'est des grands multinationales.
25:16Bon, ben, moins de multinationales. Et puis, plus d'entreprises qui servent la demande interne, pan-européenne, etc.
25:22Donc, il y a, effectivement, des choses qui sont intéressantes à faire.
25:27Vous mentionniez le crédit. C'est sûr qu'effectivement, dans une Europe qui se tient bien avec des sprites de crédit qui sont un petit peu écartés,
25:34il y a probablement aussi des choses à faire dans le domaine du crédit,
25:37avec un rapport rendement risque qui est un petit peu plus intéressant.
25:41Une Europe qui se tient bien. Alors, bon, 0,3% de croissance au prix du crédit, oui, c'est un peu mieux que prévu.
25:47C'est un ennui agréable.
25:48Voilà. Mais ce que je veux dire, c'est que pour des actifs, non, mais pour des classes d'actifs comme le crédit, pardon,
25:54je ne vais pas dire que c'est un sweet spot, mais si, c'est quand même un équilibre, un agréable ennui.
25:59Oui, peut-être juste compléter par rapport sur l'Europe. Moi, je pense que l'Europe a fortement souffert du fait qu'à côté d'elle,
26:09il y avait les États-Unis qui mettaient une charge de dette spectaculaire, qui a favorisé des marges incroyables.
26:16Au plus haut, les baisses de taxes, ça aide énormément les marges. Enfin, tout ça, ça a été prouvé et expliqué de manière académique.
26:24Ces déficits budgétaires qui étaient 2 à 3 points, parfois jusqu'à 5 points de plus que chez nous.
26:30Et puis, évidemment, l'IA et ce boom, c'est vrai que l'Europe ne faisait pas le figure.
26:38Mais depuis qu'on commence à comprendre que l'exceptionnalisme américain, c'est dans le meilleur, l'IA, et aussi dans le pire,
26:45le pire étant du déficit sur du déficit et que cet exceptionnalisme s'explique en grande partie dû à l'utilisation du budget et du bilan de la Fed
26:55et également des résultats concrets de choses qui sont parfois même désespérantes.
27:01Enfin, il y a ce ratio, justement, qui s'appelle le ratio de la désespérance aux États-Unis.
27:05L'espérance de vie des Américains pour un pays développé, c'est la seule qui décroît.
27:12– Ça, vous dites que c'est l'autre face de l'exceptionnalisme américain.
27:16On a vu le bon côté, le marché a vu le bon côté, mais il y a aussi un revers à cet exceptionnalisme un peu forcené.
27:22– C'est 43% d'obèses, c'est un taux de suicide qui dépasse toutes les normes des pays développés.
27:30C'est une classe moyenne qui a été fortement challengée, qui a fortement souffert sur l'envolée de la globalisation.
27:39Et tout ça, ça se retrouve également, évidemment, dans les votes.
27:43Et peut-être que les marchés sont en train de se dire, c'est vrai que l'Europe, ça ne nous a jamais fait vraiment rêver.
27:49Et que nous, dans les marchés, on aime bien rêver un petit peu.
27:51On aime bien acheter des choses qui sont un petit peu, qui brillent.
27:55– Tu mets des étoiles dans les yeux.
27:56– Et puis là, d'un seul coup, ça brille beaucoup moins de l'autre côté de l'Atlantique.
27:59Et du coup, ça rebrille un tout petit peu plus chez nous.
28:02Et ça, c'est la bonne nouvelle.
28:04Donc à voir si ça, ça va durer.
28:06C'est la question, donc, est-ce que c'est une politique de transition, une politique structurelle ?
28:12– La pente des courbes de taux, ce phénomène de pontification, il y a encore de la place ?
28:17C'est encore un mouvement aux États-Unis et en Europe, d'ailleurs ?
28:21– En Europe, je pense qu'on est vraiment proche de la fin.
28:24Je pense que le marché anticipe un peu trop de bonnes nouvelles sur les baisses des taux.
28:29– Il y a un peu trop de baisse de taux.
28:30– Oui, je pense qu'il y a un peu trop de baisse de taux de mon point de vue.
28:33Aux États-Unis, je dois vous avouer que je ne touche plus la courbe américaine depuis un mois et demi, deux mois,
28:38parce que, encore une fois, c'est toujours cette question dont on parle tous les cas depuis tout à l'heure.
28:43C'est la séquence.
28:43Moi, je pense que c'est d'abord l'inflation et après la baisse de la croissance par la chute de la consommation.
28:49Et si j'ai raison, ça va faire très mal sur la courbe américaine.
28:52Et ça ne va pas être une pontification, mais un aplatissement assez méchant.
28:55Et évidemment, si j'ai tort, si la croissance commence à pénétrer très vite,
29:01la pontification, il y en a encore pour 150 points de base, probablement.
29:06– Pontification par la baisse des taux courts ?
29:08– Par la baisse des taux courts, oui.
29:09– D'accord. En cas de récession, comment réagissent les taux longs américains ?
29:12– Si vous avez récession, pontification et pontification violente,
29:17si c'est l'inflation qui tape en premier, qui refait surface en premier,
29:22j'ai peur que ça soit très compliqué pour le marché obligataire
29:25parce que les taux courts vont remonter fortement.
29:27– Donc on va voir la courbe se réaplatir.
29:29– Et c'est pour ça que je ne touche pas à la courbe américaine.
29:32C'est parce que je travaille énormément, j'adore mon métier,
29:35mais sincèrement, je n'arrive pas à savoir lequel va le prendre.
29:37Je pense que l'inflation va arriver avant, ça me paraît le plus logique.
29:42Et c'est aussi pour ça que je ne touche pas aux taux.
29:44Je pourrais mettre un short, mais je n'ai pas assez de conviction.
29:47Donc on reste tranquillement en Europe.
29:48– Bon, on suivra les chiffres.
29:50On va avoir des chiffres d'emploi cette semaine.
29:52Et puis la Fed qui se réunit la semaine prochaine aussi,
29:54dans ce contexte, les banques centrales,
29:57qu'est-ce qu'elles peuvent apporter comme message, Eric ?
30:01– Juste un air sur le scénario rose obligataire en Europe,
30:06il y a un souci qu'on a loin d'être réglé,
30:10c'est le déficit français et la finance, voilà.
30:14– Oui.
30:14– Parce que, en fait, à un moment donné, ça va nous...
30:16– Non, non, mais...
30:17– Oui.
30:18– OK.
30:19– Oui, pardon.
30:20– Oui.
30:23Parce qu'effectivement, mon scénario macro-Europe
30:26est basé sur la relance allemande essentiellement,
30:30et donc un effet d'entraînement aussi sur l'Europe.
30:32– Et des pays périphériques qui se retrouvent dans des positions
30:36beaucoup plus saines, avec des surpubles libéraires.
30:38– Eux sont déjà bien, l'Europe du Sud est déjà bien parti.
30:43Donc, en fait, le moteur allemand,
30:46il ne ferait pas qu'on ait un choc politique, en plus, en France,
30:50en fait, qui nous ferait écarter les spécifiques.
30:53– Quand on a l'Allemagne qui relance,
30:54quand on a les périphériques qui sont sortis,
30:56qui ont assaini leurs comptes publics,
30:58est-ce que ce qui se passe en France, c'est grave ?
31:00– Si, si, si. Alors, à mon avis, si vous avez encore une...
31:04Enfin, je ne sais pas, une dissolution ou un saut,
31:09le gouvernement qui saute, on n'a rien réglé.
31:12On sait qu'on a un mur, voilà, ça c'est clair.
31:15Et donc, ça reviendra, de toute façon.
31:16C'est pour ça que je ne suis pas à l'aise avec l'obligataire.
31:20Alors, sur les crédits, oui, mais sur l'OAT,
31:25enfin, sur l'OAT, sur les taux longs européens,
31:27je ne suis pas non plus très à l'aise.
31:29Alors, américains, je ne touche pas non plus.
31:30– Après, c'est plus facile de faire un ajustement seul
31:33quand les autres ont fait déjà les ajustements, quoi.
31:35Qu'on ne soit pas tous obligés d'être en même temps dans l'austérité,
31:38c'est pas mal non plus, quoi.
31:39Ça laisse un peu de place, justement, à la France
31:42pour prendre le temps de faire ce travail nécessaire.
31:44– Prendre le temps de faire l'austérité.
31:45– Justement, non, mais je...
31:48– Comme tout le monde doit faire,
31:49ou quand on pousse tout le monde à faire de l'austérité en même temps,
31:52c'est là où il y a un problème.
31:52– Là, justement, il y a des effets de balancier différents
31:58autour de la France.
32:00– Alors, pour revenir à la question,
32:02je pense que la BCE nous aidera avec,
32:06déjà, la baisse des taux courts,
32:09mais au niveau aussi du bilan, certainement.
32:13– Oui, en cas de bête sur la bête française.
32:17– Oui, oui, oui, ou pour aider,
32:19parce qu'il y a quand même un problème de financement.
32:22On ne sort pas comme ça, 500 milliards, on a chapeau.
32:24Donc, voilà, en plus, on a le put de la Banque centrale.
32:29Donc, bon.
32:31– La France, c'est grave, alors, du coup,
32:32dans le paysage macro, de marché, Sophie ?
32:36– On est bien embêtée.
32:37– Honnêtement, on est bien embêtée.
32:39– Honnêtement, on est bien embêtée.
32:41C'est, entre guillemets, c'est un peu le maillon faible en ce moment.
32:45– Oui, enfin, l'Allemagne, elle a été pendant 4 ou 5 ans.
32:48– Absolument, absolument.
32:50Dans tout le scénario européen,
32:51et c'est difficile de voir comment tout ça va se redessiner.
32:54C'est difficile de voir ça s'améliorer beaucoup, honnêtement,
32:57sur le front des finances publiques.
32:59La difficulté à faire passer le moindre mouvement,
33:02la moindre réforme, le moindre effort, et...
33:05Donc, non.
33:07– Mais ça veut dire...
33:08C'est complètement déconnecté de l'investissement en actions européennes ?
33:15– Relativement, quand même.
33:15– Oui, d'accord.
33:16Il n'y a pas une prime particulière sur les actions françaises
33:19liées à cette situation nationale de nos finances publiques ?
33:23– Non.
33:23– Oui, bon.
33:25– Tiens, question sur la France, du coup ?
33:27– La France, je trouve, c'est toujours le...
33:29C'est évidemment les sujets qui nous passionnent,
33:31mais avec tout ce que le pays a vécu,
33:37entre la dissolution, tout ce qui s'est passé,
33:38moi, je trouve que la structure économique
33:41et ce dernier budget que moi, je ne trouve pas bon,
33:43parce qu'austère, je trouve que l'économie française
33:47montre une résilience, moi, je trouve absolument incroyable.
33:51Ensuite, on est plutôt dans une phase de...
33:53– Ça me rappelle l'Allemagne avec le choc énergétique, un peu.
33:55– Mais c'est ça.
33:55– Oui, l'Allemagne n'a pas fait de croissance
33:57pendant plusieurs années,
33:59mais ça aurait pu être un effondrement de la croissance allemande.
34:02– Et on ne s'effondre pas parce qu'il y a une richesse,
34:04parce qu'il y a beaucoup de choses.
34:05Il y a des marges de manœuvre.
34:06Alors après, il y a une volonté politique
34:07et c'est tout ça qui inquiète énormément à la fois
34:09plus les investisseurs que réellement les marchés pour l'instant,
34:13parce que quand même, franchement,
34:15avec toute l'incertitude,
34:16notamment pendant la période où on n'avait pas de gouvernement,
34:20finalement, le spread, il ne s'est pas non plus envolé.
34:24Donc on comprend bien que la France,
34:27il y a potentiellement plein de choses à faire
34:29et tout le monde sait ce qu'il faut faire,
34:30c'est simplement qu'il faut un peu de courage politique.
34:32Il y a toujours un espoir qu'à un moment ou à un autre,
34:34on puisse y arriver
34:34et qu'en attendant, finalement, ça tient à peu près.
34:39La bonne nouvelle, c'est qu'on est dans un environnement macro
34:42relativement désinflationniste
34:43et que si la BCE devait intervenir,
34:45elle est beaucoup plus libre que la Réserve fédérale.
34:49Donc ça, c'est les bonnes nouvelles.
34:50Moi, je reste un optimiste
34:52sur les hauts fonctionnaires français.
34:55Je me dis que dans les périodes vraiment compliquées,
34:58ils savent faire les choses,
34:59mais c'est toujours à la dernière minute,
35:02le dernier quart d'heure.
35:04Bon, on aura fait le tour de table sur la France.
35:07Logique d'investissement, terminons avec ça.
35:10On n'a pas parlé des émergents aussi.
35:11Est-ce qu'il y a un intérêt particulier aussi
35:13dans le contexte actuel sur des zones émergentes ?
35:17On était un peu hasardeuse jusque-là, pour dire les choses.
35:19Zone émergente, probablement en devise locale.
35:22Évidemment, en dollars, il y a toujours la problématique du hedge
35:27ou de la baisse du dollar lui-même.
35:30Du coup, en fait, ça reste un sujet.
35:33Mais effectivement, il y a des choses intéressantes à faire
35:35pour les clients en quête de diversification.
35:39Après, en Europe, moi, ce que j'aime bien en Europe,
35:41dans le crédit, encore une fois,
35:44taux un petit peu moins en ce moment
35:45parce que trop de bonnes nouvelles pricées, je pense.
35:47Mais dans le crédit, on arrive encore à faire
35:49des portefeuilles d'à peu près 4 à 4,5
35:51sans prendre des risques démesurés.
35:54Et si on veut pousser un peu plus,
35:55on s'aperçoit...
35:56Je ne sais pas si vous vous rappelez, Grégoire,
35:58la dernière fois qu'on s'est vus, je vous avais dit
35:59les résultats des boîtes en Europe,
36:02donc des ETI que nous, on finance,
36:04c'était de la résilience dans la médiocrité.
36:06Je ne sais pas si vous vous rappelez l'expression.
36:07Là, maintenant, le message, c'est
36:09ça ne va plutôt pas trop mal,
36:11mais on est dans « control the controllable ».
36:13Parce qu'effectivement, il y a cette incertitude
36:15liée à ce que font les États-Unis.
36:17Et donc, ce n'est pas la top line qui souffre,
36:21c'est plutôt les dépenses de CAPEX,
36:22c'est plutôt ce type de choses qu'on voit.
36:24Et si on se focalise sur des sociétés
36:27de taille intermédiaire comme nous,
36:28on aime bien les financer,
36:29plutôt avec une économie locale,
36:32vous pouvez faire des choses qui sont
36:34assez simples à expliquer à vos clients,
36:36du 3 ans avec du 5, 6,
36:39même pour certains portefeuilles,
36:41j'ai des portefeuilles à 7%.
36:43Donc, vous avez un échelonnage assez sympathique
36:45en fonction des maturités.
36:48Et encore une fois,
36:48avec ce support potentiel
36:51de relance économique en Europe,
36:53le contrôle de « controllable »
36:55m'embête beaucoup moins
36:56que c'est la top line qui souffre.
36:59Et donc, je trouve que c'est un environnement
37:00qui est plutôt sympathique.
37:02Agréable.
37:04Eric ?
37:05Les émergents, je ne peux pas trop en parler.
37:08Par contre, la partie
37:09qu'on mettrait dans le portrait émergents,
37:11je la mets dans les mines d'or.
37:11Dans les mines d'or.
37:13Mais depuis un petit moment,
37:15je garde.
37:16Là, c'est pareil.
37:17Vous avez une volatilité
37:19qui est impressionnante.
37:20Mais plus que l'or,
37:22vous avez les mines
37:23parce qu'en plus,
37:25vous gagnez sur les deux tableaux
37:26en termes d'entreprise.
37:28C'est bien corrélé au cours de l'or ?
37:30Oui, en plus.
37:31Mais en plus,
37:32vous avez une baisse des coûts
37:34des mines
37:35en fonction du prix d'énergie.
37:38Après, il y a l'effet devise.
37:39Donc, je suis à au moins 10%
37:42sur les minières.
37:43Oui, oui.
37:44Et minières orifères.
37:46Bon.
37:46Sophie, moi, je voulais bien
37:47un petit mot des émergents.
37:48Oui, je ne sais pas.
37:48Parce que c'est aussi un domaine
37:50que vous connaissez bien.
37:50Oui, tout ce segment-là,
37:53j'aurais tendance à dire
37:54que tant qu'on est
37:55dans un tel monde d'incertitudes
37:57et notamment sur toute la partie asiatique,
38:00c'est quand même toute la supply chain,
38:04toutes les chaînes d'approvisionnement
38:06en lien avec la Chine, etc.
38:08C'est beaucoup, beaucoup trop compliqué
38:10pour le moment
38:11pour vraiment aller faire
38:12ses courses là-dedans.
38:13On a besoin d'y voir un petit peu long.
38:15On avait remis des positions
38:17sur la Chine,
38:18dans le sillage de l'assouplissement
38:19du gouvernement,
38:20l'histoire d'Ipsic, etc.
38:21On a rétropé
38:22très, très rapidement.
38:23Il est ressorti très, très rapidement.
38:24Non, ça tient bien,
38:25ce marché chinois.
38:26Ça tient.
38:27Ça tient.
38:27Mais c'est extrêmement,
38:30extrêmement compliqué.
38:32Et on n'a pas,
38:33à ce stade,
38:35la Chine ne sort pas le bazooka.
38:36Non.
38:36On n'est pas du tout
38:37en train d'essayer
38:39d'accommoder ça.
38:40On est plus dans le...
38:42Je pense que le gouvernement chinois
38:43s'inscrit plus dans la durée
38:44en disant,
38:44nous, on a le temps.
38:45Oui, on peut,
38:46de toute façon,
38:47nous, on peut prendre
38:48un peu de souffrance.
38:49Qui appellera l'autre le premier, quoi ?
38:50Voilà.
38:50On est toujours un peu...
38:51Et donc, c'est pas...
38:53C'est vraiment...
38:54Ça reste très, très compliqué.
38:55Toute cette chaîne de valeurs...
38:57Effectivement,
38:59c'est une phase de la mondialisation,
39:01enfin, une nouvelle étape
39:01de la mondialisation,
39:03une recomposition
39:03de la mondialisation à minima.
39:05Merci à vous trois
39:06d'avoir été les invités
39:06de Planète Marché ce soir.
39:07Sophie Chevelier,
39:09gérante allocataire
39:09chez Dorval Asset Management,
39:11Eric Venet,
39:11directeur de la gestion
39:12de Montbleu Finance,
39:13et Étienne Gorgon,
39:14responsable de l'activité obligataire
39:15de Sanso Longchamp Asset Management.

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