Sudinfo vous propose l'émission "Home Cinéma" de VOO / Be TV consacrée à l'actualité du 7ème art. A l'honneur cette semaine: Philippe Rebbot pour un film très touchant « A bicyclette » réalisé par son ami Mathias Mlekuz. Un genre de docu-fiction dans lequel on suit deux copains pendant un voyage à l’honneur du fils décédé de Mathias Mlekuz et où l’on rit autant que l’on pleure.
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Court métrageTranscription
00:00Philippe Rebaud, je suis bien content Philippe de t'avoir, alors je vais te resituer brièvement.
00:12Tu es un acteur qu'on voit beaucoup depuis de nombreuses années, tu as commencé comme
00:16régisseur.
00:17De 30 à 45 ans j'ai fait ça et ça a été magnifique.
00:20Et puis tu es devenu acteur, donc là on t'a vu beaucoup dans plein de choses, que
00:24ce soit la télévision, courts-métrages, des longs-métrages.
00:26Bonjour monsieur, je cherche monsieur Touillon.
00:29Oui c'est moi.
00:30Non, c'est un monsieur de 85 ans.
00:34Oui oui c'est moi celui d'ici.
00:35Je pense à les faciles historiques d'Élipine Kervaine, Les goûts et les couleurs de Michel
00:40Leclerc, Les premiers et les derniers de Bully Lanners.
00:42Comment tu t'appelles ?
00:43Jésus.
00:44J'aimerais savoir ce qui t'amène au cinéma, au jeu d'acteur.
00:48J'étais régisseur comme on a dit, stagiaire régie, puis mes équipes de régie ont explosé
00:53et puis moi j'ai passé deux ans après à écrire, à faire un enfant déjà.
00:57Puis un jour, mon copain Édouard Deluc, qui est un réalisateur, me dit « Viens on va
01:02faire un court-métrage, mon coco, en Argentine ». Moi je pars en Argentine, je trouve ça
01:08sympa, je comprends rien à ce qu'on fait, on fait un court-métrage en noir et blanc
01:11et là, à partir de là, on le ramène en France et là tout le monde me dit « Bah
01:14t'es un acteur ».
01:15Il y a un film très important aussi, c'est « L'amour flou » que tu as fait avec ta
01:19femme, la mère de tes enfants et ta compagne, ta partenaire de vie, Romane Bourringer.
01:24Nouvellement, il se passe un truc, c'est que Romane et moi on se sépare.
01:27C'est réglé.
01:28On a décidé là, vraiment qu'on ne pouvait plus habiter ensemble donc on va se séparer
01:32pour deux.
01:33J'aimerais savoir comment ce film est né, de par ton histoire, j'imagine, ton histoire
01:38réelle, et c'est devenu aussi une série.
01:40Il y a deux choses là-dedans, on a fait ce petit bijou qui est « L'amour flou » parce
01:43que c'est Romane et parce que c'est moi et quand on ne sait pas quoi faire on fait
01:49un film.
01:50C'est ce que dit Cassavetes, quand t'as un problème faisant un film ou quand t'as
01:53une envie faisant un film.
01:54Ça va ? Qu'est-ce que tu fais ?
01:59Rien, et toi ?
02:01Je vaque.
02:02Et après la série, pour être tout à fait trivial avec Romane, on a fait un bijou,
02:09on est John Cassavetes et Gina Rolands, le mec où on ne va pas aller faire de la série
02:12télé.
02:13Et puis on a regardé nos comptes en banque et on a dit « Viens, on va faire de la série
02:17télé et on va essayer de la faire bien ».
02:19Et c'est vrai, on a eu cette chance et du coup la série ressemble au film, je crois
02:22qu'on l'est.
02:23Oui, tout à fait.
02:24On n'a pas modifié qui on était, on a juste eu plus de temps et on s'est tellement marrés.
02:28Oh putain, à 7h du mat' ça sent déjà la beuh et le chien.
02:31Tu fais le petit déj' chez toi et tu seras moins incommodé par l'odeur, d'accord ?
02:34Si je pouvais éviter de retrouver le string de tes gonzesses dans les affaires de mes
02:37gosses, ça serait sublime vraiment.
02:38Vous allez pas me ramener vos histoires de cul à l'hôpital, non ?
02:41Alors aujourd'hui, t'es dans un film très particulier, un film très beau, sur l'amitié.
02:46C'est presque un film d'amour, qui s'appelle La Bicyclette, qui est réalisé par ton vieux
02:51copain Mathias Mleucuse.
02:54Quand on refait le voyage que fait mon fils, il est parti de la Rochelle, il a fait un
02:58voyage de vélo et il était jusqu'en Turquie.
03:00Quel est le point d'origine du film ?
03:02J'ai eu cette idée de refaire le chemin pour continuer à le faire vivre.
03:05Comment vous avez décidé à un moment donné d'en faire un film ? Parce que c'est d'abord
03:08une tragédie.
03:09Oui, c'est comme ça.
03:10C'est-à-dire d'abord, Mathias, on est amis depuis 20 ans.
03:12Comme t'es ami de 20 ans, tu regardes grandir ses gosses et tout ça.
03:15Un jour, Mathias m'a appelé en me disant, mon fils s'est suicidé.
03:18Ce jour-là, mon monde s'est un peu effondré, pardon pour l'émotion.
03:23Et puis après, il m'a dit, j'ai vu qu'il était dans une quête, lui dans un deuil où
03:28il voulait absolument récupérer des morceaux de son fils un peu partout.
03:32Donc un jour, on est à Montreuil, comme d'habitude, et puis il me dit, moi j'ai envie de faire
03:37la route qu'avait fait mon fils quatre ans auparavant à travers l'Europe.
03:41Et là, je lui dis, ben ouais, ouais, bien sûr, Mathias, parce que je suis comme tous
03:44les gens qui disent, si t'as besoin de quoi que ce soit, après un deuil, je suis là.
03:47Puis j'ai réfléchi quand même un peu et je me dis, mais tu pèses 130 kilos, Mathias.
03:52Tu fumes deux paquets de clopes par jour, ton fils a 25 ans, il a mis six mois à traverser.
03:56Nous, on peut pas faire ça.
03:57Donc je lui dis, ben viens, on fait un truc, ce qu'on sait faire, c'est-à-dire on va
04:01prendre un prétexte qu'on fait un film.
04:03Et d'un coup, je me suis dit, mais si on dit qu'on fait un film, qu'on se dit qu'on a
04:07quelque part un trajet à faire.
04:09Jusqu'à Istanbul.
04:10Jusqu'à Istanbul, ça va fermer le truc et on est sûr de rentrer, on est sûr de faire
04:14l'hommage.
04:15Voilà comment c'est dit.
04:16C'est pas un chemin triste, c'est une route de la vie en réalité.
04:19J'imagine qu'il y a une part d'improvisation, donc on est aussi vraiment entre le documentaire
04:22parce que vous jouez vos propres rôles, donc on est dans un truc assez documentaire, assez
04:26cru en fait.
04:27Mais il y a quand même des choses qui sont plus ou moins écrites.
04:29Ce qui était écrit, c'est l'itinéraire, c'est-à-dire qu'on savait d'où on partait,
04:34on savait où on allait.
04:35Entre temps, on avait des gens que j'appellerais nos logisticiens, nos mamans, qui disaient
04:41tel soir on doit être là parce que le camping est réservé à tel endroit.
04:45Après, tout le reste, c'est de l'impro.
04:47C'est-à-dire c'est deux copains en perdition, inquiétristes, et c'est deux mecs qui se parlent.
04:53Tous les jours, je parle à Yuri en lui disant, mec, regarde ton vieux père et son copain,
04:57ça fait chier que tu nous aies donné une leçon comme ça, mais c'est une leçon.
05:00On pleure beaucoup, mais on rit beaucoup.
05:01On est à fleur de peau en fait.
05:03Ça, c'est un peu ta personnalité, j'ai l'impression.
05:05Nous, on était parti sur une amitié légère de gens qui se marrent.
05:09Moi, je n'avais jamais anticipé le fait qu'il puisse y avoir du malheur dans notre amitié.
05:13Là, il y a eu le malheur, donc ça nous a chargés, ça nous a rendus intenses.
05:17Et après, notre nature, c'est comme les scorpions.
05:20Moi, ma nature, ce n'est pas de me piquer, c'est de rire.
05:24Ce qui est beau, c'est leur amitié.
05:25C'est la vraie vie.
05:26Louis !
05:30Je n'ai jamais pleuré autant à Angoulême.
05:32Vous avez rigolé.
05:33Oui, beaucoup.
05:34C'est la plus grosse crise de sourire que j'ai eue depuis très longtemps.
05:38On pleure autant qu'on rit.
05:39Mais ça, c'est très rare.
05:40Depuis le festival d'Angoulême, on voit qu'il y a un accueil assez incroyable.
05:45C'est carrément fou.
05:46Moi, je ne parle pas de succès.
05:48Si tu touches les gens, quoi.
05:50Voilà, c'est ça.
05:51Dans sa simplicité.
05:52C'est plutôt ça qui est cette intensité d'échange.
05:56Allez voir, allez voir, allez voir, allez voir à fond, quoi.
06:00Quand tu m'as dit qu'on allait prendre une piste cyclable,
06:02j'imaginais une espèce de truc plat qui traverse l'Europe.
06:04Je ne t'ai pas dit que c'était plat jusqu'en Turquie.
06:06On n'a pas de concept, mais on a juste proposé notre honnêteté.
06:09Notre honnêteté face à la mort de son gosse.
06:11C'est qu'on se rend compte que...
06:12Mais on se rend compte que ça transmet quelque chose.
06:16Et en fait, ce que ça transmet, c'est vraiment un truc de hippie.
06:20Les gars, on est tous fragiles.
06:22Alors, on se regarde bien.
06:23Le matin, on ne fait pas semblant qu'on n'est pas fragiles.
06:25Tu regardes ton voisin, tu fais ça va, toi ?
06:27Ben ouais.
06:28Et ça fait du bien à tout le monde.
06:30Je te remercie beaucoup, Philippe.
06:32Je t'en prie.
06:33Merci beaucoup.
06:34Ça t'a fait du bien.
06:35Oui, c'était très bien.
06:36Je te remercie bien.
06:37Merci.
06:41Europe, Afrique, Asie, Australie ou encore Amérique.
06:44Cette semaine, dans les salles, tous les continents sont à l'affiche.
06:47En route pour une invitation au voyage aux accents très colorés.
06:51C'était déjà tout prévu.
06:55Depuis que tu danses.
06:59Tu ressembles à une sainte.
07:00Tu m'as kissé secrètement.
07:06Un mystère.
07:09Inspiré par le charme de Naples, sa ville natale,
07:12Paolo Sorrentino signe un hommage à la beauté du cinéma dans l'Italie des années 50.
07:17Un voyage intérieur aux accents très féminins,
07:20sélectionné en compétition officielle à Cannes l'an dernier.
07:26Vous êtes au chômage ou sans activité ?
07:28J'élève mes filles.
07:29Enfin, j'en ai deux, mais elles comptent triple.
07:32Ton mari va continuer à travailler jour et nuit parce que tu veux pas t'abîmer les mains.
07:37Tu sais qui je suis, moi ?
07:38Moi, c'est ma mère qui employait des femmes de ménage.
07:40Je sais.
07:41Si on repartait en Tunisie ?
07:43Je resterai avec papa.
07:45Je partirai pas avec toi.
07:46T'as passé trop de temps chez les cathos, toi.
07:47Je te rappelle que chez nous, t'aimes d'abord ta mère, ensuite ta mère, après ta mère,
07:50et seulement après t'aimes ton père.
07:53Quand Camélia rime avec cinéma,
07:55coronée par le César du meilleur espoir féminin pour le brio d'Yvan Attal,
08:00la célèbre nouvelle star incarne cette fois l'irrévérence d'une Française d'origine tunisienne
08:05qui bouscule avec humour les mythes tricotés par l'histoire.
08:12Le conseil d'administration a pris la décision.
08:14Qu'est-ce qu'il se passe ?
08:15Il n'y a plus rien.
08:16De délocaliser notre site en Inde.
08:18En Inde ?
08:19Et pour le salaire, vous serez payés double.
08:21Double ?
08:22T'as plus grande peur.
08:23Peut-être qu'il t'emmène vivre en Algérie.
08:25Il a réussi à trouver pire.
08:27Avec mon salaire, on va vivre une vie de roi.
08:30On dirait Gandhi.
08:31Non, on dirait l'imam de la mosquée de Grandcy.
08:34Si votre employeur vous annonce que vous allez être payés double pour faire le même boulot,
08:38c'est a priori une bonne nouvelle.
08:40Mais s'il vous paie en roupies plutôt qu'en euros
08:43parce qu'il a délocalisé son usine en Inde,
08:45l'enthousiasme peut se transformer en révolution.
08:50Je sais que votre travail, c'est d'aider les personnes comme moi à vivre.
08:53Mais je veux mourir en Suisse.
08:56C'est prévu pour quand votre...
08:57La semaine prochaine.
08:59C'est la semaine prochaine et votre famille n'est pas au courant.
09:01Qu'est-ce que tu vas faire en Suisse ?
09:02J'ai reçu l'appel d'un notaire.
09:04Il faut y aller pour une histoire d'héritage.
09:06Il y a combien ?
09:07Je peux venir ?
09:08C'est un truc d'adulte.
09:09C'est un truc d'adulte et t'amènes papa.
09:10Il faut que vous parliez à votre famille.
09:13Vous ne pouvez pas mentir comme ça.
09:14Je vais trouver le bon moment.
09:15Mon portable ne passe pas.
09:17Je suis près de 10 euros.
09:18Tu veux t'acheter quoi ?
09:19Mais rien.
09:20Je vais te donner 10 euros pour t'acheter rien.
09:21C'est vraiment trop cher.
09:22C'est pas possible.
09:23Ils ont un gros problème de communication.
09:26Vous êtes une experte en communication, vous.
09:30Embarquement immédiat à bord du vieux camping-car familial.
09:33Au volant, Hélène Vincent, 80 ans, malade,
09:36qui voudrait bien profiter de ce voyage en solitaire
09:39pour mettre fin à six jours.
09:44Mon nom est Ernest Cole.
09:46Je suis né le 21 mars 1940, en Pétoria, en Afrique du Sud.
09:52Dans les années 60,
09:54chaque jour, chaque heure,
09:56malgré les dangers,
10:00j'ai photographié l'apartheid sans arrêter.
10:04Nominé à l'Oscar du meilleur documentaire en 2017
10:07pour I Am Not Your Negro,
10:09Raoul Peck signe ici un portrait d'une puissance infinie,
10:12celui d'Ernest Cole, photographe de l'apartheid,
10:15qui a poursuivi le même objectif toute sa vie,
10:18dénoncer la ségrégation raciale.
10:25À la semaine prochaine !