Avec le Dr Abdelhalim Bensaidi, diabétologue à Nanterre (Hauts-de-Seine) et vice-président de l’association IPADECC (Intégration Praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise)
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Ils sont médecins, ils nous soignent, ils vous soignent.
00:08Les médecins étrangers à diplôme étranger sont très nombreux en France.
00:125 000 et peut-être plus même de 5 000, ils sont sous-payés.
00:18Ils sont mal payés, mal considérés.
00:21Avec nous le docteur Abdel Halim Ben Saidi, bonjour.
00:24Bonjour Jean-Jacques.
00:25Merci d'être avec nous.
00:26Vous êtes diabétologue de profession, vous êtes médecin.
00:30Vous avez obtenu votre diplôme en Algérie, c'est cela ?
00:33C'est ça.
00:34Bien. Vous êtes diabétologue à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine.
00:37Vous exercez, vous soignez à Nanterre.
00:41Vous soignez des patients.
00:43Vous êtes président de l'association intégration praticien à diplôme étranger,
00:47engagé contre la crise.
00:49Vous avez engagé tous.
00:52Vous, vous avez mis fin à votre grève de la faim
00:54parce que vous avez eu un malaise,
00:56parce que vous avez un enfant qui est très jeune.
00:58Je vais vous poser une simple question.
01:02Combien gagnez-vous ?
01:04Les salaires s'en disparaissent entre les pas durs
01:07parce qu'il y a différents statuts.
01:08Moi je gagne 2 000 euros par mois.
01:092 000 euros par mois ?
01:11Pour un temps plein, avec les mêmes prérogatives.
01:15Je fais exactement le même boulot que mes collègues français.
01:17Voilà. Vous gagnez 2 000 euros par mois.
01:19Vous faites exactement le même boulot que vos collègues français.
01:22Combien gagnent vos collègues français ?
01:245 000 euros.
01:265 000 euros. Voilà la différence.
01:28Entre 2 000 et 5 000 euros.
01:30Il y a déjà une injustice absolument inadmissible.
01:33Pourquoi ? Parce que votre diplôme,
01:35obtenu à l'étranger, n'est pas reconnu, c'est cela ?
01:38Le diplôme n'est pas reconnu.
01:40Après, on fait exactement le même boulot
01:42et on nous demande de passer un concours.
01:44On a passé le concours.
01:45On nous supprime 20% des postes à la fin
01:47en nous disant que le jury était souverain
01:49et il trouvait que les notes n'étaient pas satisfaisantes.
01:51Oui.
01:52Or, il y a vraiment une grande différence.
01:55Il y a une inégalité, une inéquité
01:57entre les différentes spécialités
01:59parce qu'on voit qu'il y a dans certaines spécialités
02:01des lauréats qui sont reçus avec 8 de moyenne
02:04et nous, on est recalés avec 11, 12, 13,
02:06voire 14 de moyenne dans certaines autres spécialités.
02:08Oui, parce qu'on a besoin de médecins.
02:10On donne le diplôme équivalent
02:13quand on n'en a pas besoin, on ne le donne pas.
02:15C'est ça.
02:16Alors qu'aujourd'hui, on en a besoin.
02:18Alors qu'aujourd'hui, on en a besoin.
02:19Mais alors vous exercez malgré tout.
02:21On exerce. Moi, personnellement, j'ai un panel de patients.
02:23Je fais des consultations, de l'hôpital de jour, de l'hospitalisation.
02:25Je fais exactement le même boulot que mes concerns.
02:28Quelle hypocrisie !
02:29C'est-à-dire qu'on vous refuse
02:31on vous refuse de vous payer comme les autres
02:34mais on vous demande d'exercer comme les autres.
02:36Voilà. Et sachant que le salaire, c'est pas notre seule revendication
02:39parce que ce qu'on revendique aujourd'hui
02:41c'est d'avoir une autorisation pérenne d'exercer.
02:43C'est de pouvoir envisager un jour
02:45d'être inscrit au Conseil de l'Ordre
02:47de pouvoir continuer à cotiser pour nos retraites
02:50parce qu'aujourd'hui, on est complètement lésé par le système.
02:53Combien de médecins étrangers
02:55à diplôme étranger, à diplôme obtenu hors Union Européenne
02:58exercent en France ?
03:00Il n'y a pas de chiffres.
03:01Il n'y a pas eu de vrais recensements faits par l'administration aujourd'hui.
03:04Nous, on en dénombre 1000 dans notre association
03:06mais on est persuadé qu'il y en a 4000 à 5000
03:08qui ne sont pas encore régularisés
03:10dont, il faut le souligner
03:12plus de 50% aujourd'hui sont naturalisés français.
03:15Oui, parce qu'en plus
03:17beaucoup de ces médecins qui ont obtenu des diplômes étrangers
03:20sont naturalisés français.
03:22La plupart de nos collègues le sont dans l'association.
03:24Donc français.
03:25Voilà.
03:26Donc français.
03:27Mais dites-moi, que vous dit le gouvernement ?
03:29Vous avez interpellé le gouvernement ?
03:31On les a interpellés à plusieurs reprises.
03:33A chaque fois, on nous dit
03:34la législation ne nous permet pas de vous régulariser.
03:36La seule voie, c'est passer le concours
03:38et quand on passe le concours,
03:40on supprime 20% des postes.
03:41Alors que c'est des postes qui sont préalablement
03:43ouverts par décret ministériel.
03:45Donc on ne comprend pas.
03:46Le gouvernement nous dit
03:47c'est le jury qui supprime les postes
03:49et le jury nous dit non, c'est pas nous,
03:50c'est l'administration qui nous dit de prendre le minimum.
03:52Mais quelle est votre principale revendication ?
03:55Notre principale revendication aujourd'hui,
03:56c'est commencer notre parcours de consolidation.
03:58Parce qu'après le concours,
03:59il faut faire deux ans de stage encore
04:01avant de pouvoir passer devant une commission
04:03et être inscrit à l'Ordre.
04:04Ce qu'on demande, c'est qu'on a passé ce concours,
04:06on exerce en France,
04:07on a prouvé nos compétences sur le terrain,
04:09nos patients peuvent témoigner,
04:11nos chefs de service et tous nos collègues d'exercice.
04:14Ce qu'on demande, c'est de pouvoir entamer
04:16cette période de deux ans de stage
04:17avant de pouvoir envisager une inscription au Conseil de l'Ordre.
04:19Voilà.
04:20Est-ce que vous, par exemple,
04:21vous travaillez dans un service ?
04:22Oui, je travaille dans un service.
04:24Vous êtes dans un service ?
04:26On participe à la formation des internes.
04:27Vous étiez météorologue et vous formez ?
04:29Des internes et des externes.
04:30On leur fait des cours,
04:31on fait la visite avec eux le matin.
04:33Non mais c'est extraordinaire.
04:35C'est-à-dire qu'on ne vous considère pas comme un médecin.
04:38Mais on nous donne des tâches de responsabilité.
04:40On vous donne les responsabilités du médecin.
04:42Exactement.
04:43Et on vous demande de former les jeunes médecins français.
04:47Avec des grilles d'évaluation, avec des échos, c'est tout.
04:50Avec des grilles d'évaluation.
04:51Non mais c'est absolument un vrai...
04:52C'est ubuesque cette histoire.
04:54Ubuesque.
04:55Alors qu'on manque de médecins en France.
04:57On manque de médecins dans les hôpitaux,
04:58de personnes soignants.
05:00C'est l'une des raisons qui m'a poussé
05:01à mettre fin à la grève de la faim.
05:03Parce que cette semaine,
05:04je vais faire entre 60 et 70 heures par semaine
05:07parce qu'il y a deux collègues qui sont en vacances
05:09et en arrêt maladie pour des raisons.
05:12Donc je suis obligé de prendre plus de responsabilités.
05:15C'est une des raisons aussi qui m'a poussé
05:17à mettre fin à la grève de la faim.
05:19Tiens, je reçois la porte-parole du gouvernement.
05:22Quelle question voudriez-vous que je lui pose ?
05:25Je vais me faire le porte-parole.
05:26Parce que je trouve scandaleux cette histoire.
05:28Qu'est-ce qui les bloque aujourd'hui ?
05:29Surtout pour les gens qui sont là depuis de nombreuses années.
05:31S'ils n'étaient pas bons...
05:32Parce que cette idée de passer le concours, on l'a passé.
05:35Avoir des notes satisfaisantes, on l'a fait.
05:37Exercer et avoir prouvé ses compétences sur le terrain, on l'a fait.
05:40Donc qu'est-ce qui les bloque aujourd'hui ?
05:42Surtout qu'il y a eu des promesses du Président de la République
05:44et du Premier ministre.
05:45Pour valider vos diplômes.
05:46Et encore, c'est même pas nous donner une inscription à l'ordre direct.
05:49C'est de pouvoir entamer le parcours de consolidation.
05:52Certains l'appellent le parcours du combattant.
05:54Parce qu'on ne sait jamais quand est-ce qu'on sera inscrit à l'ordre.
05:56On peut juste avoir une visibilité, voir le bout du tunnel, c'est tout.
05:59Bien, je poserai la question tout à l'heure.
06:01Merci beaucoup Docteur.
06:02Merci.
06:03Merci Docteur Abdel Halim Ben Saidi.
06:05Merci beaucoup.
06:07N'hésitez pas 0826 300 300.
06:11Rappel des titres de l'actualité.
06:12Laurie Leclerc.