Elisabeth Lévy : "Je ne serais pas choqué que Salah Abdeslam soit condamné à l'abstinence"

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Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.

00:04Bien, Elisabeth Lévy, bonjour.

00:06Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.

00:08Vous revenez sur une rumeur qui a couru hier, et puis qui a été vite démentie,

00:13sur la future paternité de Salah Abdeslam.

00:17Alors, je parlerai d'une erreur, parce que celle qui l'a lancée, on la connaît,

00:21c'est une femme raisonnable, c'est l'avocate Samia Maktouf,

00:24qui est avocate de plusieurs victimes du 13 novembre.

00:27Donc, elle a dit ça, que Salah Abdeslam, dont je vous rappelle qu'il est l'instigateur

00:32et le seul survivant, d'ailleurs, des attentats du 13 novembre,

00:37il a été arrêté en mars 2016, il a été condamné à la perpétuité incompréhensible,

00:41ça veut dire qu'il ne devrait jamais sortir de prison.

00:45Et donc, Samia Maktouf nous a dit qu'il attendait un enfant,

00:48ce qui a été très vite démenti par les avocats d'Abdeslam, qui étaient furieux.

00:53Et qui ont dit, attention, on doit défendre la vie privée de notre client.

00:57Et bien oui, une vie privée, Jean-Jacques, il en a eu une,

01:01n'est-on ni prêtre ni psychanalyste, no comment sur les centaines de jeunes femmes

01:06qui l'ont sollicité par courrier, c'est tout à fait sidérant à chaque fois,

01:10pour les tueurs en série, c'est pareil.

01:13Le fameux tueur en série, qui est dans l'ISER.

01:19Oui, oui, oui, c'est incroyable.

01:23Donc, il n'a pas trouvé la perle, comme ça, dans ses courriers.

01:27Il a donc épousé religieusement, bien sûr, et par téléphone, en 2022,

01:33une inconnue qui avait été choisie par son père, on respecte la tradition dans cette famille.

01:38Bon, je ne devrais pas ironiser, parce que quand même, ça devrait marcher,

01:42puisque la fille est également connue pour radicalisation,

01:45et on se dit effectivement que ces deux-là auraient une belle descendance.

01:48Alors, apparemment, donc, il n'y a pas d'enfant,

01:51mais la nouvelle a déclenché des centaines de réactions outrées,

01:54c'est pour ça que j'ai eu envie d'en parler à Jean-Jacques,

01:57comment il a le droit d'avoir des relations sexuelles,

02:00il a le droit de fonder une famille, la prison, ça doit être zéro plaisir,

02:03déclare Mathieu Vallée, ex-policier et l'URN,

02:07et des imbéciles s'en prennent même aux avocats de Salah Abdeslam,

02:11publient leurs photos, parce qu'ils défendent leurs clients,

02:15ce qui est quand même consternant.

02:17Ce qui est assez consternant, bien.

02:19Est-ce que ça vous choque ?

02:20Alors qu'il ait une vie privée, alors instinctivement,

02:23qu'il ait des parloirs, en fait, disons-le clairement,

02:26instinctivement, animalement, que ce fauteur de mort pourrait,

02:30puisse, même si ce n'est pas le cas, donner la vie,

02:33ça crée une forme, personnellement, si vous voulez,

02:36ce n'est pas rationnel, ça crée une forme de dégoût et de malaise,

02:40on pense aux enfants qu'il a privés de parents,

02:43à ceux qui ne naîtront jamais à cause de lui,

02:46et on plaint aussi les enfants qu'il pourrait avoir,

02:48est-ce qu'on souhaite à un enfant, si vous voulez,

02:51cela d'être le fils de quelqu'un qui le verra aux parloirs.

02:54Mais, bien sûr, il y a une différence entre la justice et la vengeance,

02:58nous respectons la dignité du pire des criminels,

03:01on a du mal à le faire, et nous ne cherchons pas

03:04à lui infliger le même mal que celui qui l'a fait,

03:06sinon Salah Abdeslam ne serait pas en cellule.

03:08Et rappelez-vous, pendant sa préventive, il était déjà à l'isolement,

03:11il avait fallu, donc pour sa dignité et sa santé,

03:14lui construire une grande salle de gym,

03:16qu'on avait payée évidemment de nos frais,

03:18et ça avait un peu énervé les gens,

03:22bon, il était présumé innocent,

03:24mais tout de même, la détention, c'est une punition.

03:26Et là, je trouve qu'il y a une discussion,

03:28je ne vois pas pourquoi les détenus devraient avoir accès

03:32à tous les plaisirs de la vie dehors,

03:34qu'ils puissent étudier, qu'ils puissent cultiver,

03:36passer des diplômes dans une optique de réinsertion

03:40et à condition de ne pas mettre les personnels en danger,

03:43vous savez qu'on a récupéré hier, au passage,

03:45un détenu qui s'était évadé lors d'une sortie au musée.

03:48Alors qu'ils puissent faire des choses utiles pour leur réinsertion,

03:52pourquoi pas, très bien.

03:54Quant au parloir privé, il me semble que ça devrait quand même

03:58être du cas par cas, pas automatique,

04:00exclusivement pour les détenus non dangereux.

04:03Dans le cas d'Abdeslam, qui, je l'espère,

04:06ne sortira jamais de sa cellule,

04:08eh bien moi, je ne serai pas choqué quand même, finalement,

04:11je réfléchis, je ne serai pas choqué.

04:13Qu'il soit condamné de fait à l'abstinence

04:15ou au plaisir solitaire, après tout,

04:17puisque des vierges l'attendent au paradis,

04:19ce n'est pas si grave.

04:20– Bien, Lelandé, je pensais à Lelandé.

04:22– Merci.

04:23– Pareil, je pensais à Lelandé,

04:25qui est sollicité, qui n'arrête pas,

04:28j'en parlais avec son avocat il n'y a pas longtemps,

04:30qui n'arrête pas d'être sollicité par des jeunes femmes.

04:33– C'est incroyable, mais moi, écoutez,

04:35pourquoi j'ai hésité à faire cette chronique,

04:37parce que ça arrive sur des sujets,

04:39j'ai pas de réponse tranchée.

04:42Je me suis juste posé la question,

04:44en voyant toutes ces réactions,

04:46en m'imaginant, est-ce que je trouverais ça tolérable ?

04:48J'en sais rien, mais il me semble

04:50que ça ne devrait pas être un droit absolu pour tout le monde,

04:52parce qu'après tout, la sexualité,

04:54ça fait partie de la liberté,

04:56ça fait partie aussi de la vie dehors.

04:58Je suis curieuse de savoir ce qu'en pense Jean-François.

05:01Je me défile.

05:03– Je crois qu'il y a autant d'avis sur la question

05:05que d'habitants dans ce pays,

05:07et tout ce qui se passe en détention

05:09fait toujours l'objet de commentaires à l'infini.

05:11Regardez ce qui s'est passé hier aux questions

05:13au gouvernement et à l'Assemblée nationale.

05:15Ce député du RN qui a posé une question légitime

05:17sur l'utilisation qui est faite

05:19des tablettes numériques

05:21qui sont livrées dans les cellules

05:23avec des avis totalement divergents sur la chose.

05:25Non, elles n'ont pas servi,

05:27dit le gouvernement,

05:29à permettre aux détenus de jouer en ligne.

05:32Oui, affirme ce député,

05:34il y a toujours des discussions à l'infini

05:36sur les conditions...

05:38– Mais elles sont supprimées les tablettes, non ?

05:40J'ai l'impression.

05:42– Sur les conditions de la détention,

05:44en fait il faut voir la chose jugée

05:46et moi j'aurais tendance à dire

05:48que les prisons

05:50ne sont pas

05:52des lieux d'exercice

05:54de la liberté en réalité.

05:56Il y a des condamnations qui sont prononcées,

05:58c'est de la privation de liberté.

06:00– Non mais mouillez-vous !

06:02Qu'est-ce que vous dites pour les parloirs ?

06:04Pour l'instant vous tournez autour du pot !

06:06– Non, j'aurais tendance à dire qu'en fonction

06:08des délits et des crimes

06:10qui ont été commis, il y a une gradation

06:12dans ce qui est autorisé ou pas

06:14derrière les barreaux.

06:16– Je suis d'accord, par exemple, on va quand même pas

06:18qu'il ait un parloir à un agresseur sexuel

06:20en lui disant

06:22« tiens maintenant va donc

06:24folloter avec sa femme ! »

06:26– Le parloir sexuel, je suis désolé, c'est en fonction

06:28des crimes et délits qui ont été effectués

06:30et des peines qui sont infligées.

06:32– Je voulais juste vous rappeler une phrase que disait

06:34souvent Robert Badinter, elle a l'air banale comme ça

06:36mais en fait non, parce qu'on parle souvent

06:38de ces affaires de prison, vous vous rappelez

06:40l'histoire du karting ?

06:42Et Badinter disait

06:44« il faut pour que la société le comprenne

06:46que la condition

06:48du meilleur du prisonnier

06:50soit légèrement en dessous

06:52de la condition du pire

06:54des gens libres », c'est-à-dire

06:56les gens ont quand même du mal à l'idée

06:58alors il faut quand même leur dire tout de suite la détention

07:00je crois que ça n'est pas le Club Med

07:02je crois que ça n'est pas du tout

07:04– Surtout avec la surpopulation carcérale

07:06– Moi j'ai un ami qui a travaillé en prison

07:08il m'a dit « tu rentres là-dedans, déjà ça sent mauvais »

07:10et ça c'est quand même

07:12pas bien non plus, mais pour ce qui est

07:14d'Abdeslam, pas de parloir

07:16– Eh bien demain, vous savez qui je reçois ?

07:18Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, le garde des Sceaux

07:20– Ah il a profité d'un jeudi où je suis pas là !

07:22– 8h21

07:24vous êtes sur

07:26l'antenne de Sud Radio

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