Mardi 11 mars 2025, SMART BOURSE reçoit Valentin François (Gérant Actions, Montpensier Arbevel) , Nourane Charraire (Directeur de la gestion, Mansartis) , David Belloc (Gérant-Stratégiste, Mirova) et Hervé Goulletquer (Senior Economic Advisor, Accuracy)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart4Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés.
00:13Chaque jour du lundi au vendredi, vous nous retrouvez à 20h30 si vous nous suivez à
00:16la télévision via vos box et vous nous retrouvez également chaque jour en replay sur bsmart.fr
00:21ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24Au sommaire de cette édition ce soir, quels sont les coupes-circuits possibles pour stopper
00:29peut-être la baisse et la glissade des marchés américains à laquelle on assiste depuis
00:36quelques jours, une baisse qui s'est accélérée.
00:38On a vu hier une séance très compliquée pour les marchés actions aux Etats-Unis qui
00:42tentent de se stabiliser aujourd'hui.
00:44Quels coupes-circuits et qu'est-ce qui pourrait infléchir peut-être la politique de Donald
00:51Trump, les incertitudes générées par les annonces politiques de Donald Trump.
00:54Dernier exemple en date, les droits de douane qui devaient s'appliquer à partir de demain
00:58sur l'acier et l'aluminium canadien viennent d'être doublés en quelques secondes par
01:02une annonce de Donald Trump.
01:03Ce sera donc 50% à partir de demain sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance
01:09du Canada sur le territoire américain.
01:12Tout ça génère une incertitude énorme.
01:15Qu'est-ce qui peut infléchir la politique de Trump ?
01:17A l'inverse, est-ce que le seuil de tolérance de Trump et de son administration face à
01:22la baisse des marchés est un seuil plus élevé que ce qu'on pouvait imaginer au démarrage
01:26de son mandat ?
01:27Vous me poseront à nous inviter le Planète Marché dans un instant.
01:30Au-delà des sujets trumpiens, le marché reste focalisé sur les indicateurs macroéconomiques
01:36du moment pour essayer de jauger le niveau de ralentissement que l'économie américaine
01:40est en train de subir sur ce premier trimestre.
01:43Nous aurons demain un chiffre d'inflation important pour le mois de février aux Etats-Unis
01:47et puis dans la série des publications, l'emblématique Rheinmetall publiera ses résultats demain,
01:52la star du secteur de la défense en Allemagne et en Europe bien sûr avec un cours de bourse
01:57pour Rheinmetall qui a déjà doublé depuis le 1er janvier, propulsé bien sûr à nouveau
02:03par les annonces européennes et les annonces du futur chancelier allemand.
02:07Voilà pour les sujets du moment des marchés européens qui se retrouvent un peu emportés
02:11aujourd'hui par la vague américaine avec une baisse de l'ordre de 1,5% sur les grands
02:16indices en Europe.
02:17Pauline Grattel vous apportera plus de détails dans un instant et puis dans le dernier quart
02:20d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique, nous nous focaliserons sur la
02:24technologie blockchain en phase de démocratisation, quels sont les usages derrière cette technologie
02:30blockchain qui mérite aujourd'hui d'être investie par des investisseurs professionnels.
02:36Nous en parlerons avec les équipes de Montpensier Arbevel et c'est le gérant action Valentin
02:40François qui sera avec nous en plateau dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse.
02:50Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, Pauline Grattel vous apporte
02:56les infos clés du jour sur les marchés.
02:58Bonsoir Pauline.
02:59Bonsoir.
03:00Les craintes sur l'économie américaine pèsent de plus en plus sur les marchés américains
03:04et les marchés globaux alors que Donald Trump vient de remettre une pièce dans la
03:07machine de la guerre commerciale.
03:09Oui, Donald Trump a annoncé donc doubler les tarifs sur les importations d'acier et
03:12d'aluminium en provenance du Canada.
03:15Les nouveaux droits de douane vont ainsi s'élever à 50% contre 25% actuellement et ce, d'une
03:20part, dès demain.
03:21Cette nouvelle mesure de Trump est la réponse à la contre-attaque de l'Ontario qui était
03:25d'imposer 25% des tarifs sur l'électricité entrant aux Etats-Unis.
03:29Et la réponse des marchés, elle, est d'évoluer en baisse à nouveau aujourd'hui.
03:33Oui, en Europe, le stock Saucisson perd 1,5%.
03:35En France, le CAC 40 est dans le rouge, cède 1% et repasse sous le seuil des 8000 points.
03:40Aux Etats-Unis, le Nasdaq a connu hier sa pire séance depuis septembre 2022 et a ainsi
03:46clôturé en repli de 4%.
03:48L'indice ouvre en repli à nouveau mais plus mesuré.
03:51Les autres indices américains sont également dans le rouge, le Dow Jones souffrant le plus
03:55aujourd'hui.
03:56La macro américaine, également, qui sera à l'honneur cette semaine avec des chiffres
04:02en provenance du marché du travail avec l'enquête JODS qui a été publiée pour le mois de
04:06janvier.
04:07Oui, qui recense les ouvertures de postes sur le marché du travail américain.
04:10Elle montre que le nombre de postes à pourvoir augmente légèrement avec 7,7 millions d'ouvertures.
04:16C'est au-delà des attentes.
04:17Le chiffre du mois précédent a été révisé à la baisse.
04:20A noter par ailleurs la baisse du moral des patrons des PME en février, mesurée par
04:24l'enquête NFIB.
04:25Quel est l'état des lieux qu'on peut dresser du marché obligataire après ces chiffres
04:29notamment et les annonces de Donald Trump ?
04:31Le rendement américain à 10 ans est stable aujourd'hui à 4,2%.
04:35Côté européen, le rendement allemand à 10 ans remonte d'une dizaine de points de
04:38base autour de 2,9%.
04:40Sur le marché des échanges, l'euro-dollar passe la barre des 1,09 aujourd'hui et évolue
04:45au-delà de ce seuil.
04:46Et puis en Allemagne, les discussions politiques se poursuivent.
04:50Les verts allemands opposés au fonds destiné à la défense sont peut-être en train d'avancer
04:54sur d'autres propositions et l'idée d'un compromis.
04:58Oui, ils ne voulaient pas apporter leur voix nécessaire pour le vote au Parlement du fonds
05:02destiné à la défense.
05:04Mais la co-directrice du parti a finalement fait savoir lors d'une interview donnée
05:07à Bloomberg qu'ils étaient prêts à négocier sur le plan d'investissement.
05:10Un accord est espéré d'ici la fin de semaine.
05:13Quelques résultats d'entreprises marquent également cette séance, Pauline, avec ceux
05:17d'Oracle, publiés hier soir aux Etats-Unis.
05:20Oui, des résultats au titre du troisième trimestre fiscal d'Oracle qui ont été sanctionnés.
05:24Le titre cède 5%.
05:26Les revenus de 14 milliards de dollars en hausse de 6% sont inférieurs aux attentes
05:30des analystes, tout comme le bénéfice net de 3 milliards de dollars.
05:34En revanche, le groupe table sur de fortes perspectives de croissance à long terme,
05:38boostées par une forte demande concernant l'IA.
05:40En Europe, Volkswagen publie également ses résultats de 2024.
05:43Et le groupe allemand fait état d'un chiffre d'affaires qui progresse légèrement mais
05:46grâce à l'activité « services financiers, pas automobiles » qui, elle, n'a pas augmenté.
05:51Le résultat net recule de plus de 30% à 12 milliards d'euros.
05:55Pour 2025, Volkswagen prévoit toutefois une augmentation de 5% de son chiffre d'affaires
06:00par rapport à l'année précédente.
06:01Le titre était en hausse avant de repartir légèrement à la baisse.
06:05Et puis côté consommation, on notera les mauvais chiffres et la mauvaise publication
06:08de calls aux Etats-Unis dans le secteur de la distribution ainsi que les chiffres
06:12de Delta Air Lines qui abaissent ses prévisions pour la suite.
06:15Oui, ses prévisions pour le premier trimestre de cette année à cause d'une faible demande
06:20ainsi que d'un repli de la confiance des consommateurs dans un contexte d'incertitude.
06:24Le titre ouvre un repli de 5%.
06:27Dans son sillage, Air France KLM cède 6%.
06:30Et d'ailleurs, Air France a dans le même temps déposé une offre de 300 millions d'euros
06:34pour une participation de 51% au capital d'Air Europa.
06:38Lufthansa a déposé une offre distincte de 240 millions de son côté.
06:42Quel sera le programme de demain sur les marchés pour les investisseurs Pauline ?
06:45Les investisseurs attendent l'inflation américaine de février, attendu légèrement plus faible
06:50qu'en janvier en hausse de 2,9% sur un an et de 0,3% sur un mois.
06:55Côté résultats, le géant de la défense européenne Rain Metal publiera ses comptes.
06:59Tendance mon ami ! Chaque soir en ouverture de Smartbourse, Pauline Grattel vous apporte
07:02les infos clés du jour sur les marchés.
07:083 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
07:18Nourane Charette avec nous, directeur des investissements de Mansartis.
07:20Bonsoir Nourane.
07:21Bonsoir Grégoire.
07:22Hervé Goulette-Kerr nous accompagne, seigneur économique advisor d'Accuracy.
07:25Bonsoir Hervé.
07:26Bonsoir Grégoire.
07:27Et David Belloc est également à nos côtés, gérant et stratégiste chez Mirova.
07:30Bonsoir David.
07:31Bonsoir Grégoire.
07:32Un commentaire sur les 50 premiers jours de Donald Trump, un Trump 2.0 qui semble peut-être
07:40un peu plus déterminé à accepter une forme de douleur à la fois pour les marchés financiers
07:46et peut-être pour l'économie américaine également.
07:49Au courant février, il avait eu cette petite phrase « est-ce qu'il y aura de la douleur
07:53? ». Oui, peut-être un peu ou pas, mais en tout cas, ça vaudra le coup.
07:58Il y a eu cette petite phrase il y a quelques jours, l'idée qu'il y aurait « a little
08:02disturbance », but we are ok with that.
08:05Nous sommes d'accord avec quelques perturbations.
08:07Et puis dans l'interview diffusée sur Fox News dimanche soir où Donald Trump s'exprimait,
08:13il admet que l'économie américaine affronte désormais une période de transition qui
08:18semble nécessaire pour atteindre le Golden Age of America, l'âge d'or des Etats-Unis.
08:26Prépare le terrain à quelque chose là, Donald Trump ?
08:28C'est très difficile d'être dans la tête de Donald Trump, quel est le seuil de douleur
08:33pour lui, pour son administration ? C'est vrai qu'on a une très nette détérioration
08:39de tout ce qui est soft data aux Etats-Unis, les indices de confiance, on l'a vu sur le
08:44dernier ISM Manufacturer, notamment la composante nouvelle commande.
08:48Normalement, mais c'est inconfirmé encore, puisque pour l'instant, c'est avec les derniers
08:53chiffres qu'on appelle hard data, notamment d'emploi, restent très bons, donc le point
08:57de départ reste très bon, ce qui est également dans la tête de la Fed, d'où le discours
09:04de Powell par rapport au fait que l'économie restait solide, donc à quel moment on va
09:08voir basculer cette faiblesse des indices soft data dans des vrais chiffres décevants
09:17en termes de consommation, de production industrielle, ça c'est les prochains mois qui nous le
09:21diront.
09:22En parallèle, c'est vrai qu'on a un marché action, particulièrement le marché américain,
09:27qui se rapproche doucement, mais sûrement, des moins de 20% de baisse du pic au creux,
09:32qui correspond à un bear market, et qui en général est synonyme de récession.
09:37Pour l'instant, Donald Trump y accorde un peu d'importance, mais ça va très très
09:43vite.
09:44Il est à moins 10% pour l'instant.
09:45Le S&P est à peine à 10% de baisse par rapport au sommet, le Nasdaq est un peu plus vers
09:50les moins 15% que le S&P.
09:53Avec toutes les conséquences que ça peut avoir sur l'effet richesse, puisque l'on
09:57sait que la consommation a été très lente aux Etats-Unis du fait de l'effet richesse,
10:00on a aussi eu un bitcoin en forte baisse, et donc ça, ça peut aussi jouer quelque
10:06part sur l'économie réelle, puisque c'est ce qui semble particulièrement intéresser
10:09Donald Trump.
10:10Pour l'instant, c'est vrai que c'est essentiellement des flux techniques, quand même, il y avait
10:16un surpositionnement sur les actifs américains, particulièrement sur la technologie et particulièrement
10:21sur les assets magnifiques, avec des niveaux de valeurs qui étaient quand même très
10:25élevés relativement à l'historique, et effectivement un marché assez complaisant
10:31qui ne s'attendait pas à ce que Donald Trump implémente aussi fort, aussi vite, sa politique
10:36tarifaire.
10:37De ce point de vue-là, il a quand même clairement surpris.
10:40Plus le Doge, plus les coupes fédérales, plus le bruit également apporté par Elon
10:47Musk.
10:48Pour l'instant, il n'y a pas beaucoup de sweeteners dans sa politique, il n'y a pas
10:50beaucoup d'adoucissants ou d'adoucisseurs, on a vraiment plutôt le côté pro-business
10:56à ce stade.
10:57Tout était une question de séquençage pour l'exercice plutôt difficile d'anticipation
11:02fin d'année dernière, à savoir des politiques pro-business, de déréglementation, de baisse
11:07d'impôts, face effectivement à la réduction des flux migratoires, des tarifs douaniers,
11:13et effectivement à la réduction de la dépense publique via Doge qui n'était pas forcément
11:17complètement dans les tuyaux à l'époque.
11:18On voit que finalement dans le calendrier, il veut aller très très vite sur la politique
11:23tarifaire supérieure à ce que le marché attendait, et finalement, même s'il a demandé
11:28à Elon Musk d'y aller plutôt au scalpel et moins à la tronçonneuse, on voit quand
11:32même que cette politique surprend.
11:36Il a pour l'instant 100 milliards de cut.
11:42D'économie ?
11:43C'est difficile à savoir, moi j'ai vu 60, bon peut-être 100, ok, très bien.
11:47Donc on est très très loin du compte malheureusement par rapport à ce qu'il avait annoncé à
11:52savoir 1000 ou 2000 milliards, il n'y arrivera pas, mais on voit quand même que s'il commence
11:56à attaquer dans le dur, là ça sera franchement récessif, parce que sur le déficit américain
12:03on a effectivement une grande partie qui est liée à la sécurité sociale et aux dépenses
12:10de santé auxquelles on ne peut pas toucher, et sinon c'est un tiers, un tiers, un tiers,
12:12un tiers défense, donc là je pense qu'ils vont effectivement couper, sinon c'est un
12:17tiers lié à des dépenses d'éducation, recherche, et on voit qu'effectivement là
12:22il coupe assez fort et ça peut créer du chômage.
12:26La grosse question c'est savoir si ces emplois fédéraux vont être remplacés par les emplois
12:30privés, donc il y a beaucoup d'interrogations quand même.
12:33D'un point de vue macro, et conséquence sur l'économie réelle, c'est très difficile
12:36de répondre dès maintenant, mais on voit qu'effectivement il n'a pas l'air de trop
12:41se soucier pour l'instant de la réaction de marché.
12:43Nooran, qu'est-ce que vous inspirent ces 50 premiers jours de Donald Trump au pouvoir,
12:47et puis ce que ça peut impliquer pour l'économie et pour les marchés financiers ? La lune
12:53de miel semble bel et bien terminée là à ce stade, elle aura duré de l'élection
12:58en novembre à l'installation effective de Donald Trump le 20 janvier dernier à la
13:02Maison Blanche.
13:03Oui, alors c'est vrai qu'il y a quand même plusieurs éléments et c'est compliqué de
13:06prendre juste, si on analyse un peu les marchés, c'est compliqué de voir ou d'analyser la
13:11baisse des actions américaines sans analyser en parallèle la hausse des actions européennes
13:15parce qu'on a clairement effectivement un arbitrage qui s'effectue dans des environnements
13:20qui avaient débuté en début d'année, très positif, très rose, peut-être un peu trop
13:26optimiste aux Etats-Unis, alors qu'en fait en Europe on était vraiment dans un environnement
13:30un petit peu plutôt compliqué et très pessimiste.
13:34Donc si on analyse, je pense qu'en fait, bon il y a Donald Trump avec toutes les incertitudes
13:40que ça implique, mais quelque part le mouvement des marchés reste quand même globalement
13:46je trouve rationnel avec des éléments d'ordre fondamentaux, politiques et monétaires et
13:54quand on regarde en fait cette surperformance des marchés européens depuis l'élection
13:59de Trump, elle n'est pas récente, elle n'est pas survenue, elle s'est accélérée avec
14:04effectivement tous les discours autour des plans de relance allemands mais elle est réelle
14:09depuis fin novembre.
14:10C'est même depuis que le marché a anticipé la victoire de Trump, ça a même commencé
14:13sans doute un peu avant le 5 novembre et à partir de là, le DAX, si on prend l'indice
14:17allemand de référence, fait mieux que le marché américain depuis octobre-novembre.
14:22Tout à fait et quand on analyse ces différents éléments, si on prend les éléments fondamentaux,
14:28si on fait un focus un peu sur la surperformance européenne, les éléments fondamentaux
14:33sont bien là, c'est-à-dire qu'on a une croissance bénéficiaire en Europe qui est meilleure
14:37et qui a été révisée à la hausse alors que la croissance bénéficiaire a été révisée
14:40à la baisse aux Etats-Unis, on est passé d'une croissance des bénéfices de 14% à
14:4611% sachant qu'on était dans un environnement de valorisation élevée qui nécessitait des
14:52niveaux en tout cas absolus très forts de croissance bénéficiaire.
14:55En Europe c'était l'inverse.
14:57Ça c'est le premier élément.
14:59Le deuxième élément, c'est quand on regarde, on en a un petit peu parlé, les surprises
15:03économiques sont positives en Europe et sont quand même négatives aux Etats-Unis, notamment
15:09en raison de la baisse de confiance des agents économiques, que ce soit des ménages ou
15:13que ce soit de la part des entreprises.
15:15Donc rien que ces facteurs qui sont factuels, je dirais en tout cas fondamentaux, on explique
15:21effectivement cette prise de bénéfice sur les actions américaines.
15:25Ensuite vient s'ajouter à ça des éléments d'ordre politique, donc grosse incertitude
15:31autour des politiques de droit de douane, sachant qu'on avait quand même anticipé
15:35qu'ils commenceraient par cette politique-là aux Etats-Unis.
15:40Ils commenceraient par les politiques douanières et ensuite viendraient effectivement avec
15:44l'aval du Congrès tout ce qui est politique réglementaire, des réglementations et surtout
15:51baisse d'impôts.
15:53Mais sur le plan politique, on voit qu'effectivement il revient, c'est trop irrégulier, son discours
16:00on a du mal à voir un petit peu où est-ce qu'il veut en venir, même dans sa politique
16:03tarifaire qui paraissait relativement claire au début.
16:06Aujourd'hui on a quand même une amélioration de la stabilité politique en Europe, notamment
16:12avec le gouvernement bipartite en Allemagne qui semble favoriser la fin de l'orthodoxie
16:19allemande.
16:20Donc ça c'est un point qui est relativement important parce que quand on regarde, si on
16:24a effectivement, alors c'est vrai que si on a ces plans de relance qui ne sont pas encore
16:28validés bien évidemment puisqu'on va avoir les votes dans quelques jours sur ces plans
16:33d'investissement, on a besoin bien évidemment de l'aval des votes des Verts pour avoir
16:40la majorité des deux tiers au Parlement.
16:42Les montants avancés sont très aléatoires, donc c'est vrai qu'ils reposent sur quelque
16:48chose qui n'est pas encore complètement concret, mais cela dit on sent quand même
16:52un espèce de sursaut collectif ou en tout cas une prise de conscience collective en
16:57Europe pour effectivement rendre une Europe un peu plus, une croissance un peu plus soutenue,
17:03un peu plus autonome et un peu plus soutenable à terme.
17:07Et ces éléments-là de relance budgétaire, on l'a vu aux Etats-Unis avec Joe Biden quand
17:13même qui a mis en place le plan LARPA en 2021 et on a bien vu les impacts finalement
17:19assez rapides sur ce plan de relance qui a contribué globalement à 50% de la croissance
17:24américaine en 2023.
17:26Donc ce n'est pas négligeable, en Europe on avait un plan similaire, un post-Covid,
17:30on avait le Next Gen qui était un plan relativement important, alors effectivement quand on regarde
17:35il n'a pas été complètement déployé.
17:37C'est souvent le problème avec les plans de relance en Europe, j'ai remarqué que très
17:40souvent à la fin, il manque un peu de projets pour les quelques dizaines de milliards qui
17:47restent.
17:48S'ils n'ont pas été complètement déployés, en tout cas les principaux contributeurs ont
17:52été l'Espagne et l'Italie et je ne dis pas que la croissance bénéficiaire des prêts
17:57et des subventions.
17:58Donc je ne dis pas que la croissance des pays de l'Europe du Sud est soutenue que par ce
18:03plan Next Gen mais en tout cas ça peut faire partie effectivement du dynamisme de croissance,
18:08il y a d'autres facteurs explicatifs bien évidemment.
18:10Vous dites qu'il y a un effet contraste, pour revenir à Trump, il y a Trump mais il
18:14y a aussi l'effet contraste proposé par l'Europe qui accentue encore un peu peut-être la défiance
18:19qu'on peut avoir.
18:20Il y a les politiques monétaires aussi, on voit une Fed un petit peu moins souple que
18:26la BCE dans la dynamique de politiques monétaires plus accommodantes et en plus on a des niveaux
18:32de taux d'intérêt en Europe qui rendent plus attractifs les actions européennes versus
18:37finalement une prime de risque qui est très négative.
18:40Donc oui, Donald Trump effectivement met beaucoup d'incertitude et de volatilité
18:44au marché mais face à ça on a effectivement une amélioration de la visibilité et peut-être
18:51que Donald Trump aura un effet plutôt positif sur l'Europe et qui permettra de booster
18:55enfin et d'améliorer la gouvernance européenne vers une Europe plus soudée et plus forte.
19:03Plus optimale.
19:04Plus optimale.
19:05Une version économique plus optimale de l'Europe.
19:07On verra Fed-BCE, le match est peut-être en train, les cartes sont peut-être en train
19:11d'être un peu redistribuées.
19:12On verra qui de la Fed ou de la BCE baissera le plus ses taux au cours de cette année
19:172025.
19:18Sur les 50 premiers jours de Trump, Hervé, qu'est-ce que vous comprenez de la stratégie ?
19:23Effectivement, c'est quand même comme ça qu'on a envie de poser la question notamment
19:27sur la partie douanière.
19:29Les droits de douane servent à tout, c'est pour tout le monde, c'est spécifique, c'est
19:34pour les alliés, c'est aussi pour les ennemis.
19:37On les mettra bientôt, on les mettra plus tard, on en enlève un peu, on en remet ensuite.
19:42Enfin bon, voilà.
19:43Il y a de la psychologie et de la stratégie et puis il y a du court terme et du moyen
19:51terme.
19:52La psychologie, c'est ni plus ni moins que la stratégie du fou.
19:56Ça nous rappelle Kissinger et Nixon au début des années 70 pendant les négociations de
20:03paix avec le Vietnam, Kissinger qui essayait de convaincre les Vietnamiens que Nixon était
20:07fou et qu'il fallait qu'ils acceptent tout maintenant parce que sinon, ça serait pire
20:11demain.
20:12J'ai l'impression que chez le président Trump, il y a un peu de cela, c'est vrai en économie
20:18avec ses droits de douane, c'est vrai en géopolitique avec l'Ukraine.
20:23Retenez-moi ou je fais un malheur.
20:24C'est cela.
20:25On verra bien où ça nous mène et on voit bien que la réaction à l'opposition du Premier
20:33ministre de l'Ontario, ben voilà, tu n'as pas compris exactement ce que je voulais faire,
20:37bing.
20:38Mais ça, c'est du court terme, de la psychologie.
20:41On voit que les Américains, qu'il s'agisse des ménages, des entreprises, des marchés
20:46de capitaux, sont très sensibles à ce court terme en disant mais ça ne marche pas comme
20:50ça.
20:51Et puis, il y a le plus stratégique, le plus moyen terme.
20:56Moi, j'ai quand même l'impression que Donald Trump est une sorte de passeur entre le moment
21:05d'hier et le moment de demain, donc la régulation d'hier, le néolibéralisme avec l'idée
21:11que les opportunités sont partout parce que l'économie de marché s'élargit au monde.
21:18Et on voit bien que, enfin on voit bien, moi j'ai le pressentiment qu'on entre plutôt
21:23dans un capitalisme de la finitude, c'est-à-dire que les ressources sont contraintes, on le
21:28sait bien, même si Trump a du mal à l'admettre, et puis on voit bien que les opportunités,
21:35elles se réduisent parce que géopolitiquement, tout est plus compliqué.
21:39Et Trump est l'homme du passage, je dirais, entre l'un et l'autre.
21:44Et c'est pour ça qu'il ne faut pas accorder trop d'importance au court terme.
21:48Dans le monde de demain, les Etats-Unis auront besoin d'alliés, auront besoin de ressources,
21:57auront besoin de marchés.
21:58Ça ne sera peut-être pas à la taille du monde, mais pour que les Américains réussissent
22:03leur précaré, il faut un peu mettre le monde au pas.
22:07Donc les alliés au pas d'abord, il faut qu'ils comprennent.
22:10Et puis l'enjeu au-delà des alliés, c'est tous les pays qui hésitent entre la Chine
22:16et les Etats-Unis, ce qu'on appelait les non-alignés autrefois, et la fermeté doit
22:22leur faire comprendre que quand Trump fronce le sourcil, voilà, il y a des choses à faire.
22:28Donc moi, je crois que les Européens s'inscrivent plutôt dans le bon réflexe, c'est-à-dire
22:34qu'ils disent, c'est la stratégie et le moyen terme, le monde change, je m'adapte,
22:39les Américains sont en mode panique, mais tout ça ne durera pas.
22:43Je pense que si Trump réussit la tactique court terme, et je ne suis pas sûr qu'il
22:49réussisse, mais s'il la réussit, il va se détendre après.
22:53Et donc le monde diplomatique, les grands équilibres internationaux ne vont pas être
23:00complètement transformés, et donc on aura un Trump qui sera sans doute avec une tonalité
23:06plus faible que celle qu'on a aujourd'hui, mais les Etats-Unis, à mon avis, se trompent.
23:11L'Europe a raison plutôt.
23:13Alors après, mettre en place tout ce qu'on essaie de faire, c'est très compliqué.
23:19Il faudra faire bien, il faudra faire ensemble, ça va demander des financements.
23:25Alors on a les yeux focalisés sur l'Allemagne parce qu'eux, ils peuvent payer, donc moi
23:29c'est formidable.
23:30Les autres, ils auront beaucoup plus de mal à payer.
23:33Mais les autres avant payaient et l'Allemagne ne payait pas, donc c'est-à-dire qu'il y
23:39a quand même aussi un effort qui va être fait par une économie qui a les moyens de
23:42le faire.
23:43Mais il faudra que, en fait, aujourd'hui, tout le monde est convaincu qu'on va jouer
23:47groupé parce qu'on est à un moment de tension, si j'ai raison et que la voix de Trump va
23:54baisser un peu en tonalité une fois qu'il aura obtenu ce qu'il veut, est-ce qu'on va
23:58continuer à jouer groupé en Europe ou est-ce qu'on va se perdre dans des...
24:04La fragmentation est un risque toujours possible pour l'Europe.
24:07En Europe, ça reste toujours un risque.
24:09Il ne faut pas oublier qu'économiquement, hélas, les concurrents principaux d'un pays
24:16européen, c'est l'autre pays européen, c'est moins le reste du monde et donc il y a une
24:21discipline qu'il faudra garder mais faire mieux et faire ensemble, c'est ce qu'il faut
24:27faire mais ce n'est pas acquis.
24:28Donc voilà.
24:29Aujourd'hui, je trouve qu'on a les bons réflexes, les bonnes attitudes et je pense qu'on a raison
24:34d'être content de cela mais ça demande confirmation.
24:38Je reviens quand même à Trump.
24:40J'entends la vision stratégique long terme mais est-ce que ces objectifs-là peuvent
24:47quand même supporter un risque économique important à court terme ? Peut-être d'abord
24:52un risque de marché mais derrière le risque de marché, c'est aussi peut-être un risque
24:55économique.
24:56On faisait le point avec des économistes hier.
24:59Aucun d'eux ne note des déséquilibres fondamentaux dans l'économie américaine qui pourraient
25:07appeler une récession rapide.
25:08Il y a quand même l'aspect marché et derrière ça, on sait que les effets psychologiques,
25:15les effets de richesse peuvent aussi entraîner une économie comme l'économie américaine
25:18assez vite dans quelque chose d'un peu moins exceptionnel ou spectaculaire, David.
25:22Alors c'est vrai qu'il y a l'effet marché où les conditions financières qui se détériorent
25:27à vue d'oeil.
25:28Pas tant par la hausse du taux d'Izan qui est plutôt considérée comme un actif refuge
25:33pour l'instant mais une hausse, une baisse des marchés actions.
25:37Les spread de crédit en remontent un peu.
25:39Je pense qu'il y a encore de la place malheureusement pour une hausse des spread de crédit en tout
25:43cas sur le compartiment Aïd américain qui n'a pas intégré forcément toutes ces mauvaises
25:49nouvelles.
25:50Mais il y a aussi surtout, et moi c'est ça qui m'inquiète un peu plus, mais heureusement
25:54je pense que la fête pour le coup veille, c'est le marché de l'emploi qui est extrêmement
25:58solide et le marché de l'emploi c'est une consommation résiliente, c'est des revenus
26:04réels disponibles finalement en hausse puisque le mouvement d'inflation, enfin on connait
26:11tant des inflations, même si on était sur un plateau on avait encore un gain marginal
26:16pour les consommateurs et ce marché de l'emploi il peut effectivement s'il se détériore
26:22malheureusement se détériore d'une manière non linéaire, c'est-à-dire qu'en fait si
26:26on commence à avoir des destructions d'emploi il y aura moins de consommation donc des plans
26:31de licenciement dans les entreprises et finalement ça peut aller très vite.
26:35Sous les 100 000 créations d'emplois mensuelles, là on était encore à 150 000, en moyenne
26:40trois mois on doit être autour de 200 000, c'est Harker, un des présidents de la réserve
26:44fédérale américaine qui disait qu'à 800 000 créations d'emplois là la donne commence
26:49à changer, on est dans des niveaux qui commencent à déjà réveiller un certain nombre d'alertes.
26:54Voilà, donc je pense effectivement que la Fed a un double mandat, elle va surveiller
27:00très près ce marché de l'emploi et pour le coup elle serait plutôt proactive si effectivement
27:05ce marché de l'emploi venait à vraiment se dégrader.
27:07Et l'inflation permettrait à la Fed d'avoir des marges de manœuvre pour piloter ce double
27:12mandat ? David ?
27:13Alors c'est toute la difficulté de la Fed et c'est aussi lié au discours de Powell
27:18ce week-end qui est à l'aise avec le pricing de marché, à savoir 3-4 cette année, mais
27:22il n'est pas allé plus loin non plus, il n'a pas dit on sera prêt à venir à la
27:25rescousse si nécessaire, c'est qu'on a quand même malgré tout ces tarifs douaniers
27:28qui, on entend des arguments comme quoi c'est un one-shot, c'est-à-dire une hausse du
27:34prix d'inflation mais avec pas de diffusion, sauf que si on prend l'exemple de l'acier
27:37par exemple, une hausse des prix de l'acier, 50% là, décidée par Trump, vieille du Canada,
27:42c'est-à-dire des voitures neuves plus chères, ça veut dire demain des pièces de rechange
27:48plus chères, donc des services de réparation plus chères, et ça veut dire après-demain
27:52une hausse des tarifs d'assurance pour le secteur auto avec 6 ou 12 mois de retard.
27:56Donc c'est très difficile pour la Fed de dissocier, comme en 2018, l'effet tarif one-shot,
28:02des effets diffusion, voire opportunité pour certains acteurs du privé, et donc là c'est
28:08un manque profond de visibilité pour la Fed.
28:11Non mais point important, cette politique de tarif, ça peut être une incitation pour
28:17des entreprises locales américaines à repartir dans l'inflation va générer méprofit quoi.
28:24En face il faut qu'il y ait de la demande, donc si au vu des indices de confiance, et
28:30potentiellement dans le rendement de marché de l'emploi on a moins de demandes, il y
28:33aura peut-être moins de pricing power aussi, et puis ensuite, et c'est ça toute la difficulté
28:38avec Trump, et donc où est le Fed put ? Le Trump put on ne l'a pas pour l'instant,
28:46il aura peut-être 10% plus bas mais on ne l'a clairement pas, et donc où est le Trump
28:50put ? C'est le fait que Trump peut changer du tout au tout sa politique, c'est-à-dire
28:54que si demain il décide de retirer cet arrêt douanier qui met l'accent sur les baisses
29:00d'impôts d'ici la fin de l'année et qui demande à Musk de se calmer, d'aller voir
29:05ailleurs, c'est un game changer évident au niveau de l'économie et des marchés, donc
29:11c'est toute la difficulté.
29:12C'est ce que vous disiez hier, un moment il va se détendre.
29:14Oui, un moment il va se détendre, mais il faut bien voir aussi où sont les attentes
29:20des américains, il faut se rappeler qu'on a élu Trump aux Etats-Unis parce que les
29:29américains ont pensé que c'était l'homme qui était capable de faire que ça change
29:33alors qu'on reprochait à Biden une situation économique qui n'était pas bonne parce que
29:38l'inflation était forte.
29:39Ce que nous disent les américains en termes économiques, ils disent l'inflation elle
29:44est toujours trop forte et ils nous disent que l'activisme du pouvoir américain est
29:52trop fort.
29:53Il faut que la politique budgétaire très expansionniste qu'on a connue jusqu'à maintenant,
30:00ça se calme.
30:01Pour le moment, on ne suit pas trop ni l'une ni l'autre de ses voies.
30:06La première, on ne la suit pas du tout avec les droits de douane, la seconde peut-être
30:10qu'on la suit mais avec Elon Musk d'une façon un petit peu bizarre, donc je ne suis pas
30:15sûr que l'on arrive à suivre et la cote de popularité du président Trump baisse.
30:21Elle n'a jamais été très haute mais aujourd'hui je crois qu'au bout d'un mois elle est plus
30:26basse qu'elle ne l'était au bout de 50 jours il y a 8 ans.
30:31Donc en fait il y a un moment, il faudra bien qu'ils prennent cela en compte aussi, l'inflation
30:37moi je crois que les tarifs ce n'est pas bon, David a raison, on ne sait pas bien ce
30:43que tout cela donne et donc on gèle la capacité d'action de la Fed et il ne faut pas oublier
30:49quoi.
30:50Le message des années 30 qui a été un très mauvais message c'est que lorsqu'on entre
30:56dans la guerre commerciale, si on n'accompagne pas cela malgré tout ce qui peut se passer
31:02sur les prix par une détente monétaire, par une baisse de la devise, ça se passe
31:08mal.
31:09Donc en fait se lancer dans la guerre commerciale en gelant un peu la capacité d'action de
31:15la banque centrale ce n'est vraiment pas une bonne idée.
31:18C'est la pire des situations.
31:20Donc en fait il y a là une confusion je trouve dans la politique économique des Etats-Unis
31:24et il faudra bien qu'on l'allève, donc à mon avis les droits de douane ça n'ira pas
31:29aussi loin que ce que l'on imagine maintenant et ça permettra si besoin de libérer de
31:35la place pour la Fed, si besoin, on ne sait pas aujourd'hui s'il y en a vraiment besoin
31:39mais si on reste avec l'incertitude, la confiance qui baisse, les chiffres de croissance seront
31:47pas bons et les chiffres de marché d'action non plus.
31:51On a eu une enquête aujourd'hui qui est regardée par les économistes, l'enquête NFIB, le
31:55moral des patrons de PME aux Etats-Unis, c'est une enquête très républicaine, il y a un
32:00gros biais républicain dans cette enquête, c'est quand même la base électorale de Trump
32:03en grande partie, il y a plein de questions effectivement sur l'idée, est-ce que c'est
32:07le bon moment d'étendre, d'augmenter votre business dans les six prochains mois ? Bon
32:12la proportion baisse de je crois 5 points de mémoire, ce qui est la plus violente baisse
32:16sur un mois depuis avril 2020 qui nous ramène à la période Covid quoi.
32:21Il y a trois messages dans cette enquête, l'activité c'est pas bon, les prix on les
32:26fait monter, nous patrons de PME, ça reste une préoccupation et trouver le personnel
32:31avec les qualifications voulues c'est compliqué, ce n'est pas un très bon message.
32:36Nouran, comment est-ce qu'en tant qu'investisseur, gestionnaire d'actifs, comment on garde
32:41un cap, une boussole, qu'est-ce qu'on fait ? Parce que c'est quand même toujours la
32:44question à la fin de la journée, qui est Trump ou qui n'est pas Trump.
32:47Alors comment on garde le cap ? Déjà il y a différentes analyses, il y a les impacts
32:51court terme et les impacts à plus long terme.
32:53Les impacts court terme, on en a un peu parlé, sur les politiques douanières et impacts
32:57sur l'inflation et la croissance, ça semble j'allais dire presque évident, évident sur
33:02la croissance parce qu'il y a deux facteurs, on a parlé du manque de confiance des ménages
33:06et des entreprises, de toute façon ces incertitudes vont amener en fait à des attitudes, à des
33:11comportements attentistes qui vont se faire ressentir dans la croissance bénéficiaire
33:18des entreprises, globalement qui est estimée avec une baisse de 4 à 5% et donc dans la
33:23croissance économique.
33:24L'autre élément sur la croissance qui milite quand même pour un affaiblissement de la
33:29croissance à court terme, c'est le déficit commercial.
33:34Le déficit commercial qui s'est creusé de manière très forte en raison des achats
33:38d'anticipation liés en fait à cette politique protectionniste, donc en fait on a effectivement
33:45ces éléments-là qui sont des éléments importants pour la croissance économique
33:49qui vont être pénalisés, donc ça c'est la première chose et c'est les impacts à
33:52court terme.
33:53Sur l'inflation, il y a d'autres éléments qui effectivement peuvent jouer, je pense
33:58que l'impact des politiques protectionnistes sur l'inflation dépend fortement de l'évolution
34:03du dollar.
34:04Pourquoi ? Parce qu'on voit bien qu'en 2018, la montée des tarifs douaniers envers
34:09la Chine de 10 à 20% alors que la Chine était le premier partenaire commercial des Etats-Unis
34:15n'a pas du tout engendré de choc inflationniste.
34:18Donc ça c'est la première chose.
34:19Protégé par le dollar ?
34:20Protégé par le dollar.
34:21Donc il y avait la protection de la hausse du dollar, une protection qui est en train
34:25de s'affaiblir.
34:26Parce qu'effectivement la hausse du dollar vient d'essayer le prix des produits importés
34:31et donc limiter l'impact inflationniste des tarifs douaniers.
34:34Aujourd'hui, effectivement, la problématique c'est qu'on n'a pas cet élément-là.
34:37On a plutôt un affaiblissement du dollar.
34:39Alors pourquoi on a un affaiblissement du dollar ? Quand on regarde l'évolution euro-dollar,
34:44il est très clairement corrélé aux écarts de taux entre le taux de 2 ans aux Etats-Unis
34:50et le taux de 2 ans allemand.
34:51On a eu un écart qui s'est creusé de manière très importante.
34:55Pourquoi ? Parce qu'on a eu un fly to quality sur l'ensemble de la courbe aux Etats-Unis
34:59alors qu'en Europe, ce qu'on price c'est plutôt effectivement une amélioration de
35:03la croissance, des plans de relance, etc.
35:05Et donc on a eu des taux qui ont baissé.
35:07Alors l'écart s'est réduit entre le 2 ans allemand et le 2 ans américain ?
35:10Non, il s'est creusé.
35:11Ah, il s'est creusé ?
35:12Non, non, non.
35:13Récemment, il s'est clairement réduit.
35:14Oui, mais alors depuis novembre, en fait, on a eu les taux 2 ans américains qui ont
35:20fortement baissé et on a les taux 2 ans européens qui ont fortement montré.
35:25Oui, c'est ça ! Donc l'écart s'est réduit ?
35:26Donc l'écart s'est réduit.
35:27Oui, c'est ça.
35:28Ok, on y est.
35:29C'est bon.
35:30Oui, oui.
35:31Non, non, non.
35:34C'est l'idée.
35:35D'accord.
35:36Et donc cette réduction de l'écart, c'est positif euro, ça ?
35:38Tout à fait.
35:39C'est ce qui a engendré, effectivement, on voit la corrélation historique qui est quasiment
35:43parfaite avec l'évolution de l'euro-dollar.
35:45Donc, effectivement, la problématique, c'est de savoir qu'est-ce qui va se passer, en fait,
35:50au niveau de l'incertitude politique-économique ? Est-ce que ça va continuer à engendrer
35:54un flight politique, comme on a vu, aux Etats-Unis ? Et quid, en fait, des mouvements de hausse
36:00des taux en Europe ?
36:01Donc, ça, c'est un élément qui est central et, à mon avis, qui va falloir suivre de
36:06manière attentive pour, effectivement, peut-être commencer à évaluer vraiment l'impact inflationniste.
36:11Donc, ça, c'est des impacts court terme qu'on peut avoir sur les politiques, sur l'inflation
36:16et sur la croissance.
36:17Les impacts à plus long terme sur la croissance, globalement, on considère qu'ils vont être
36:24atténués.
36:25En tout cas, les impacts initiaux vont être, en général, atténués parce qu'on va avoir
36:29un ajustement du comportement des agents économiques.
36:33Donc, comment on fait sur le plan de l'investissement quand on fait, globalement, ce constat ?
36:40En fait, ce constat, j'allais dire, même peu importe ce qu'on vient de vivre sur les
36:46marchés financiers, il faut lacter, il faut prendre, effectivement, les éléments factuels
36:51et structurants d'un côté et les éléments d'incertitude de l'autre.
36:54Donc, en fait, on réduit, bien évidemment, l'exposition aux risques sur les actions
37:02américaines.
37:03Ce risque général, globalement, c'est ce qu'on disait tout à l'heure, c'est-à-dire
37:07qu'on est dans un environnement économique où on est quand même toujours dans des politiques
37:12monétaires accommodantes, les hard data restent, globalement, plutôt bien orientées, en tout
37:19cas, solides aujourd'hui.
37:20Donc, on est dans un environnement qui n'est pas forcément très négatif pour les actifs
37:24risqués, une position neutre et plutôt une position…
37:27Ok.
37:28Mais il est encore temps de réduire le risque sur les actions américaines aujourd'hui.
37:31Par contre, effectivement, je pense que tout le travail qui est en train d'être fait
37:35en Europe, il ne faut pas complètement l'acheter aujourd'hui parce qu'effectivement, il
37:38y a quand même encore, en fait, des points d'interrogation sur la manière dont ça
37:43va être mis en place et sur les impacts réels à court et moyen terme.
37:47Mais globalement, il faut effectivement acheter ces nouvelles positives structurantes pour
37:52l'Europe et plutôt prendre des bénéfices parce qu'en fait, aujourd'hui, c'est toujours
37:57prendre des bénéfices sur vraiment le rallye des actions américaines qu'on a connu depuis
38:02plusieurs années.
38:03Je comprends.
38:04Stratégie d'investissement, enfin, stratégie et tactique, je ne sais pas d'ailleurs parce
38:07que les marchés vont tellement vite aujourd'hui, ce n'est pas nouveau, pas depuis Trump, mais
38:10ces dernières années.
38:11David, est-ce qu'il est encore temps de se protéger contre la baisse des marchés américains
38:17ou est-ce qu'on est déjà dans l'idée des opportunités qui arriveront à un moment
38:20sur ce marché d'action aux Etats-Unis ? Et question inverse sur l'Europe, est-ce qu'il
38:25est encore temps de se laisser porter au moins ou d'acheter la hausse des actions européennes
38:30ou est-ce que ce mouvement-là est déjà en train de basculer dans autre chose ?
38:34Nous, on avait réduit clairement l'exposition action américaine du fait justement de cet
38:41indice Citigroup qui est passé négatif, donc l'indice de surprises économiques.
38:44Déjà en fin d'année, fin d'année dernière déjà.
38:47Et tout au long de l'année.
38:48Donc en fait, notre action depuis le début de l'année, on allait chercher à des actions
38:52européennes.
38:53D'accord.
38:54Et clairement, ce qui a été annoncé par l'Allemagne, c'est un vrai changement de
38:57paradigme.
38:58C'est quand même 900 milliards de relance sur 10 ans.
39:02Il y a un vrai rehaussement de potentiel de croissance pour l'Allemagne et pour l'Europe.
39:08Il y a potentiellement une réindustrialisation des secteurs qui profiteront de ces dépenses
39:13d'infrastructures.
39:14Et je pense que Trump nous fasse telle ou telle déclaration, il y a un point de non-retour
39:19par rapport à ce qui a été annoncé.
39:22Alors comme toujours en Europe, on verra s'il y a un cessez-le-feu en Ukraine, on n'aura
39:25peut-être pas tout dépensé et puis certaines dépenses d'armement se feront peut-être
39:31via des drones, étant donné que la guerre est en train de changer de nature et pas des
39:36lignes de réindustrialisation comme on peut attendre.
39:38Mais l'implant d'infrastructures à 500 milliards, c'est énorme.
39:40Déjà, il ne se passe que ça.
39:41Et ça, ça crée de la croissance ?
39:42Et ça, ça crée de la croissance.
39:44Donc pour un marché européen, mais ça on l'avait dit et redit, qui était complètement
39:49sous-détenu, qui était attractif d'un point de vue valorisation, avec une BCE qui est
39:54quand même malgré tout à la manette et toutes sortes de catalyseurs qui jouent favorablement.
39:58La surperformance en euros est très violente par rapport à l'action américaine, on pense
40:01qu'il y a encore un peu de place.
40:02Alors là, tactiquement, il y a peut-être effectivement un mouvement risque-off, action,
40:08qui peut engendrer des prises de profit, notamment avec l'énormance de tarifs douaniers de Trump,
40:13mais globalement, on reste clairement long action européenne.
40:16Pour ce qui est des actions, et y compris cycliques, et y compris bancaires.
40:22Et y compris de tailles un peu moins larges ?
40:26Gentiment, sur les mid-cap et les small.
40:31Sur le MDAX, il y a encore de la place.
40:33Après, c'est des indices qui ont rebondi quand même, effectivement.
40:36Après, sur les actions américaines, oui, il y a un moment où il y aura une capitulation.
40:39Le problème, c'est ce qu'on disait, c'est où sont les poutres, que ce soit les poutres
40:44de Trump, les poutres de la Fed, et on voit que c'est alimenté par des flux mécaniques,
40:49et le retail américain n'a pas encore complètement vendu.
40:52Là, il n'y a pas de capitulation, à une baisse de 4% du Nasdaq, c'est pas un phénomène
40:56de capitulation.
40:57On a encore un peu de place par rapport à une capitulation, ce qui va être vraiment
40:59très technique, très court terme, on a encore un peu de place.
41:02Et globalement, pour ce qui est des taux, dernier mot, je pense quand même, après
41:06la hausse très, très forte des taux allemands, là encore, c'est un vrai game changer.
41:11Et il y a peut-être, nous typiquement, sur ce mouvement de pontification de 10 sur l'Allemagne,
41:17on l'a joué, on l'amplifie même, et on pense potentiellement qu'à terme, on peut aller
41:23toucher les 3%, ce n'est pas impossible sur ce taux de 10 en allemand.
41:25Et là, ça se paye, ça s'achète le Bund à 3% de rendement quand même ?
41:28Là, oui.
41:29Là, il ne fallait pas trop l'acheter ces derniers temps, effectivement.
41:32Là, oui, a priori, oui.
41:36Bon, sur l'Europe, il nous reste quelques minutes, Hervé.
41:39Vous avez dit, l'enjeu, c'est d'être resté groupé.
41:43La gouvernance aussi de ces plans de relance, c'est toujours un point important.
41:47Est-ce que le fait que ce soit porté par une Allemagne qui a sous-investi chroniquement
41:51pendant peut-être plusieurs décennies maintenant, quand on connaît la tension de l'Allemagne
41:56portée à un euro de dépenses publiques, est-ce qu'on peut imaginer que la gouvernance
42:00de ces plans d'infrastructure sera quand même pertinente et permettra des résultats
42:07en termes de croissance et pourquoi pas d'élévation de la croissance potentielle de l'Allemagne
42:11et pourquoi pas de l'Europe demain ?
42:12La question de l'Allemagne, il faut se souvenir d'il y a 20 ans ou 25 ans, au moment de la
42:22mondialisation heureuse, l'Allemagne s'était posé la question, est-ce que je dois être
42:28la plus petite des grandes puissances économiques ou est-ce que je dois me contenter d'être
42:35le leader de l'Europe ?
42:37Finalement, une Allemagne pas très à l'aise dans la politique, elle était sortie de l'histoire
42:43en 1945, on le sait tous, finalement elle avait dit allons-y pour être un leader en
42:49Europe et on voit bien qu'elle a été tout au long des décennies passées un leader
42:55qui a traîné des pieds, qui a toujours agi avec retard.
42:59Aujourd'hui, on est en train de dire financièrement l'Allemagne a les moyens, enfin elle accepte
43:07de dépenser et elle va le faire bien et au profit de tous.
43:11On voit bien que le passé ne plaide pas pour cela, aujourd'hui on a des mots très forts
43:19de Friedrich Merckx, le futur Premier Ministre et on se félicite de cela.
43:24Mais en fait, faisons attention, je pense que si on a un environnement géopolitique
43:29qui reste assez stressé, qui reste inquiétant, dans ce cas-là, l'Allemagne jouera groupé.
43:35L'Allemagne jouera un rôle de leader européen, si jamais on se retrouvait avec un environnement
43:42géopolitique plus calme, les tentations allemandes de jouer plus solo, elles seraient présentes.
43:48A ce point-là, après l'Ukraine, après les déconvenues avec la Chine, c'est tout
43:54le modèle économique allemand qui s'effondrait en quelques années, Hervé, dans six mois
43:58il y a un cessez-le-feu entre la Russie et l'Ukraine, les esprits retombent et vous
44:02dites chacun va retourner vaquer à ses occupations comme ça ?
44:04Si on croit le jeu qu'essaie de faire Trump, on faisait référence à Nixon et Kissinger,
44:11mais en fait il y a une autre référence, c'est la triangulation, donc là c'est la
44:15diplomatie chinoise de ce couple, en fait c'était comment on arrive à désencapsuler
44:20la Chine de l'URSS pour affaiblir l'URSS et le néolibéralisme est quand même né
44:27de cela, donc ça a été un élément très structurant, aujourd'hui on peut avoir une
44:31lecture, moi c'est celle que j'ai, de la désencapsulation de la Russie, de la Chine,
44:38imaginons qu'on y arrive, que la Russie brusquement soit plus aimable avec l'Occident, la Russie
44:46avec l'Europe, ça a toujours été je t'aime, je te hais, et donc là on est dans une phase
44:51je te hais, l'histoire nous apprend que la phase suivante c'est je t'aime, et donc la
44:56réaction de nous autres puissances européennes, le jeu européen ça a toujours été une incapacité
45:03à être unis parce qu'un jouait l'un contre les autres, est-ce qu'on est capable de remettre
45:10cela en cause, c'est tout le pari, l'espoir de l'Union Européenne, mais en fait le poids
45:17des réflexes historiques est quand même important, donc sur l'Allemagne, très très bien, il
45:22faut applaudir, mais il faut le faire quand même avec un peu de prudence parce qu'on
45:26a parfois été déçus, et on a été déçus récemment, l'expérience Merkel, ça a quand
45:31même plutôt été moyen moyen quoi.
45:34Oui, en 15 ans, effectivement le poids économique de l'Union Européenne qui était équivalent
45:40à celui des Etats-Unis en dollars en 2009 a été coupé en deux, ça a été une partie
45:47du bilan effectivement de ces 15 dernières années, bon merci en tout cas à vous trois
45:50d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir, Hervé Goulet-Dekerre, Akurasi était
45:54à nos côtés, David Bellocq, Mirova et Nourane Charrer, Mansartis.
46:03Le dernier quart d'heure de Smart Bourg, chaque soir c'est le quart d'heure thématique,
46:12le thème ce soir c'est celui de la blockchain, qu'est-ce que la technologie blockchain, pour
46:16ceux qui auraient raté quelques épisodes, quels sont les usages et comment investir
46:20dans les usages autorisés, permis et démocratisés aujourd'hui par la technologie blockchain.
46:26Nous en parlons avec un spécialiste de la question, gérant action chez Mon Pensier
46:30Arbevel, c'est Valentin François qui est à ma côté en plateau, Valentin bonsoir.
46:34Merci beaucoup d'être avec nous, donc il y a un fonds, une stratégie, un fonds chez
46:38Mon Pensier Arbevel qui s'appelle PLUVALCAC Global Blockchain Equity, c'est un fonds
46:43qui a été lancé en fin d'année 2022, avant de nous expliquer comment vous avez
46:48structuré la philosophie d'investissement de ce fonds Valentin, comment est-ce qu'on
46:52explique ce que c'est que la blockchain en 2025 ? Je disais pour ceux qui ont raté quelques
46:56épisodes parce qu'on en a entend parler quand même depuis de nombreuses années,
46:59tout le monde a compris que c'était sans doute la technologie sous-jacente qui avait
47:02permis l'arrivée de Bitcoin et d'autres cryptos, une fois qu'on a dit ça, comment
47:07est-ce qu'il faut encore expliquer peut-être à quoi sert cette technologie aujourd'hui
47:11?
47:12C'est une très bonne question et je pense qu'en fait il ne faut plus s'arrêter
47:14à la définition parce que je pense qu'on l'a répété 150 fois et personne n'a
47:18compris réellement les quatre usages qu'il y avait derrière, on comprend qu'effectivement
47:23les cryptos existent sur ces fameuses blockchains, donc il y a plusieurs blockchains qui existent
47:27aujourd'hui et donc c'est pour ça que nous on prend le parti pris à chaque fois
47:31de l'expliquer en donnant la proposition de valeur de la blockchain, pour comprendre
47:36vraiment à quoi sert la blockchain, il faut comprendre à quoi sert internet et à internet
47:40il y a un abus de langage où on dit on transfère des fichiers et finalement on ne transfère
47:44rien du tout, c'est faux technologiquement parlant de dire ça parce qu'imaginons
47:49on converse par email et puis je vous envoie un fichier, je ne vous ai pas transféré
47:53un fichier, c'est simplement une copie de fichier qui est réalisée, vous avez simplement
47:57la copie qui vous est envoyée, qui arrive sur votre ordinateur, elle n'a pas disparu
48:01de mon ordinateur a priori alors que là dans le monde physique si je vous donnais mon téléphone
48:06portable il disparaît de ma main et on a réalisé un véritable transfert de propriété
48:10à la fin.
48:11Donc internet c'est le copier-coller, c'est ça qu'il faut comprendre, là le copier-coller
48:14tout le monde comprend.
48:15D'ailleurs on en parle à chaque fois, c'est le duplicata à l'infini et donc les banques
48:21dans les années 90 quand elles s'intéressent à internet, elles se disent c'est génial
48:25on a créé l'email par au-dessus, on arrive à communiquer à la vitesse de la lumière
48:29alors pourquoi pas créer une monnaie numérique.
48:31D'ailleurs c'est un sujet d'actualité, l'Europe regarde ça aussi avec la banque
48:34centrale européenne et donc elles ont essayé et puis elles se sont dit mince en fait auprès
48:39de l'utilisateur à la fin quand il reçoit finalement son dollar digital il peut le copier
48:43à l'infini.
48:44Alors le problème ce n'est pas qu'il peut le copier à l'infini, ça c'est en premier
48:46point, mais le deuxième problème c'est qu'on n'a pas le moyen d'authentifier quel est
48:49l'original du duplicata et donc est arrivée la blockchain avec le bitcoin juste après
48:54la crise financière et c'est comme ça qu'on arrive à cette couche de technologie sur internet
48:59qui permet quoi ? Le transfert de propriétés, d'actifs, alors on l'a vu avec les cryptos
49:04puisque certaines cryptos sont considérées comme des actifs aujourd'hui en soi, mais
49:08on peut transférer la propriété d'actifs qui sont réels, qui se retrouvent aussi dans
49:13le monde réel, alors ça peut être la propriété de biens immobiliers, ça peut être des actions
49:17d'une société non cotée, des parts de fonds, des actions, des obligations, mais aussi par
49:22exemple des sacs dans l'industrie du luxe, ça peut être tout ce qu'on peut s'échanger
49:27aujourd'hui.
49:28Et donc là, si je reprends l'image du copier-coller, là c'est un couper-coller, c'est ça, c'est
49:32le cut and paste, ok, donc on a bien en tête à quoi sert la blockchain et la différence
49:38entre la blockchain et internet, avant de passer en revue quelques cas d'usage qui sont
49:42pour vous à la pointe justement des phénomènes d'adoption de cette technologie à travers
49:47différentes industries, globalement quelle est la vitesse d'adoption de cette technologie
49:52par rapport à des historiques comparables de technologies qui ont pu émerger, internet
49:57en étant une par exemple, Valentin ?
50:00Internet, en fait, juste pour parler de ça dix secondes, en fait on se rend compte dans
50:05les années 2000, et on voit des articles de presse qui titrent, hormis les mails et
50:10encore on peut forcer à écrire des courriers, il y a le téléphone, ça ne sert pas à grand-chose
50:14et c'est l'avènement du e-commerce et des réseaux sociaux qui vont vraiment doper
50:18l'économie autour d'internet.
50:20Là aujourd'hui sur la blockchain, si on prend le point de départ de Bitcoin, on a 15 ans
50:24à peu près d'historique aujourd'hui, 15-16 ans, si on prend le départ de d'autres blockchains
50:28qui sont plus innovantes sur lesquels on peut bâtir les cas d'usage dont on va parler,
50:32c'est plutôt une dizaine d'années, alors on aurait voulu dès 2019-2020 déjà être
50:39là où on va décrire les cas d'usage, mais ça a pris plus de temps, ça prend plus de
50:44temps parce que c'est une économie qui est totalement décentralisée, ce n'est pas une
50:48entreprise qui décide de faire ci, de faire ça, il y a des régulations aussi qu'il faut
50:52mettre en place, on commence à le voir aux Etats-Unis, on l'a déjà un peu en place,
50:55même beaucoup ou trop peut-être en place en Europe, mais on sait très bien faire les
50:58régulations en Europe, et donc il faut mettre tout le monde d'accord, tout le monde autour
51:03d'une table, donc ça prend un peu plus de temps, mais quand on voit les forces en présence,
51:07on va le voir à travers par exemple les cas d'usage autour de la finance, c'est des forces
51:13en présence qui sont totalement incroyables.
51:15Ce qui est intéressant dans la stratégie du fonds, donc ce n'est pas un fonds crypto,
51:19mais c'est un fonds qui va investir à travers des grandes franchises bien établies qui
51:25sont des accélérateurs d'adoption de cette technologie blockchain, c'est ça ?
51:30Sous condition que ces entreprises ont une certaine matérialité du chiffre d'affaires
51:34ou des investissements liés à la blockchain, alors ce qui nous intéresse c'est de connaître
51:39ces forces en présence et de se dire tiens il y a peut-être des sociétés comme LVMH,
51:44BlackRock ou autres qui sont là en fait dans cet écosystème et ça c'est des entreprises
51:49qui sont capables de créer des standards de technologie et d'usage, mais c'est peut-être
51:54pas nécessairement des sociétés qu'on aura en portefeuille pour une question de matérialité
51:59de la technologie et on aura plutôt tendance à aller chercher par exemple dans la finance
52:03et dans le paiement les fintechs qui sont effectivement cotés en bourse et on ne fait
52:07pas, vous avez raison de le préciser, deux crypto-monnaies dans le portefeuille, c'est
52:11un interdit par le prospectus et deux dans les fonds USIT c'est interdit tout simplement
52:15par l'AMF.
52:16Bon bah parlons de ces cas d'usage effectivement qui sont des accélérateurs ou des fabricants
52:21de standards effectivement, alors vous avez cité LVMH, BlackRock, vous avez cité le
52:25secteur des paiements, prenons effectivement ces deux trois dimensions pour nous expliquer
52:30pourquoi ces cas d'usage vous intéressent et déjà de quel type de cas d'usage est-ce
52:34qu'on parle, dans l'industrie du luxe par exemple alors Valentin ?
52:36Et bien là dans l'industrie du luxe c'est peut-être quelque chose qu'on n'attendait
52:39pas spécialement de la blockchain à l'origine parce qu'on pensait que c'était plutôt
52:42lié simplement au paiement et à la circulation de la monnaie, en fait on s'est rendu compte
52:47que la blockchain permettait une traçabilité quasi parfaite, en tout cas quand on enregistre
52:51l'information elle n'est plus modifiable et donc on a vraiment cette traçabilité
52:55et cette transparence de l'information parce que c'est public et transparent une blockchain
52:59et donc l'industrie du luxe a commencé à s'emparer de cette technologie, ils ont
53:03formé des consortiums notamment entre Richemont et LVMH en se disant mettons des moyens en
53:09commun pour aller chercher effectivement de l'innovation et puis finalement l'Union
53:13Européenne s'est aussi occupée de réguler le suivi des biens qui étaient commercialisés
53:19en Europe et produits en Europe et donc est venue cette idée de créer un passeport digital
53:25des produits.
53:26Et donc sans imposer quoi que ce soit en termes de technologie, je parle au niveau de l'Europe,
53:31et bien les entreprises ont d'elles-mêmes choisi la technologie blockchain, c'est ça
53:34qui est intéressant.
53:35C'est un vrai choix industriel contrairement à d'autres choix réglementaires qui sont
53:41imposés aux industries, là c'est un choix qui est venu de l'industrie elle-même.
53:44Donc ce fameux passeport digital il est obligatoire depuis 2024 et évidemment qu'il y a une
53:49mise en conformité il y a un certain temps qui est donné aux entreprises et à partir
53:53de 2027 tous les produits auront un passeport numérique, alors que ce soit sur la blockchain
53:56ou non mais en tout cas c'est la voie qu'empruntent les sociétés du luxe à travers toutes leurs
54:02maisons, pour certains grands groupes, IWC une célèbre marque d'horlogerie, aujourd'hui
54:11vous achetez une montre chez IWC et bien vous avez ce passeport digital émis sur la blockchain
54:17directement et ça c'est assez formidable, il y a plus de 50 millions de produits qui
54:20sont aujourd'hui tracés sur la blockchain et si on va plus loin, si on prend l'industrie
54:25de la consommation en général donc du textile, alors j'avais un chiffre il y a quelques
54:29mois c'était 450 millions de produits tracés dans l'industrie du textile, en fait maintenant
54:34c'est un milliard, un milliard de produits tracés, alors une goutte d'eau dans l'industrie
54:38du textile.
54:39Oui c'est ça j'allais dire effectivement, il y a beaucoup de pièces, bon très intéressant
54:44donc le côté traçabilité avec l'industrie du luxe en pointe sur l'adoption et sur la
54:49création de standards autour de la blockchain pour la traçabilité des produits, le paiement
54:54on avait dit c'était d'ailleurs naturellement la première évidence, la première intuition
54:59qu'on avait en pensant blockchain.
55:00Oui parce qu'en fait c'est assez rigolo parce que tout le monde a trouvé ça formidable
55:06au début puis après on s'est dit finalement le paiement bon voilà c'est pas si innovant
55:10que ça.
55:11C'est pas fun.
55:12Finalement on en revient là et on se dit ah oui en fait le paiement instantané avec
55:16un règlement livraison parce que c'est ce que permet la blockchain, instantané, donc
55:20c'est pas J plus 2 ouvré, les week-ends, l'argent d'or, c'est débité de votre compte
55:25mais c'est pas arrivé chez le commerçant, quand on parle de virements internationaux
55:28c'est encore pire.
55:29Ici c'est l'idée de ce qu'on appelle les stable coins, qu'est-ce qu'un stable coin
55:34c'est la représentation digitale d'un euro, d'un dollar, donc quand quelqu'un veut émettre
55:40un dollar digitalisé, un stable coin, et bien c'est que l'entreprise a reçu un dollar
55:45dans ses comptes.
55:46Il y a vraiment une parité un pour un et qui revêt du coup derrière les caractéristiques
55:50techniques de la blockchain, ce fameux règlement livraison qui peut être international, voilà
55:55il n'y a pas d'histoire de frontières, avec quasiment pas de frais, et donc là,
55:58dans les forces en présence qu'on retrouve là-dedans, on a des sociétés un peu connues
56:02comme Paypal qui a aujourd'hui émis son propre stable coin et qui veut en faire un
56:06paiement dans le B2B, un moyen de paiement dans le B2B pour les entreprises, et là on
56:09parle de dizaines, centaines de millions par transaction, et puis des sociétés plus
56:16innovantes comme Coinbase aujourd'hui qui est co-émetteur d'un stable coin extrêmement
56:20connu qui s'appelle l'USDC, et puis après on retrouve des sociétés très traditionnelles
56:25du paiement par carte par exemple comme Visa et Mastercard.
56:27Oui les mastodontes, et justement c'est intéressant, combien de transactions blockchain est capable
56:32de supporter à la seconde ou à la minute par rapport à ce que sont capables de faire
56:36une Visa ou un Mastercard aujourd'hui dans le monde de la carte bancaire ?
56:39Alors ce n'est pas une technologie qui sera très compétitrice en termes de transactions
56:45par seconde.
56:46D'accord.
56:47Certaines arriveraient à faire quasiment ce que fait un Mastercard et un Visa en termes
56:51de transactions par seconde.
56:52Mais l'intérêt est ailleurs.
56:55L'intérêt est un peu ailleurs.
56:56En tout cas de notre point de vue, l'intérêt est ailleurs, c'est-à-dire que pour des
57:00virements, des paiements transfrontaliers de grosses entreprises, ce serait plus intéressant
57:05de transférer de l'argent via les blockchains.
57:07C'est vrai que pour acheter une baguette de pain aujourd'hui en l'état actuel, je
57:11dis bien, ce n'est pas le plus fluide, même en termes d'usage tout de suite maintenant,
57:17mais ça va venir.
57:18C'est une certitude.
57:19Est-ce qu'ils sont compétiteurs ? Non.
57:20Et d'ailleurs, c'est pour ça que Visa et Mastercard vont là-dessus.
57:22C'est un nouveau canal d'acheminement de l'argent.
57:26Donc, ça fait partie des moyens de paiement.
57:29Il nous reste une minute, mais pour dire un mot aussi de la tokenisation d'actifs qui
57:33impliquent d'ailleurs des banques et des gérants d'actifs aujourd'hui, Valentin.
57:38Ça, c'est aussi quand on a le cash qui est digitalisé, qui circule sur les blockchains,
57:43qu'est-ce qu'on en fait ?
57:45On propose des produits financiers en face.
57:48Les grandes sociétés de gestion comme BlackRock, on a eu UBS l'année dernière aussi, ont
57:54créé leur fonds monétaire digitalisé sur la blockchain.
57:57C'est ce qu'on appelle la tokenisation, c'est-à-dire rendre échangeable un actif
58:00sur une blockchain.
58:01Et pourquoi ils ont fait ça ? Parce qu'il y avait du cash qui transitait sur les blockchains
58:05et qui n'était pas rémunéré.
58:06Le flux naturel vient vers eux.
58:08Il y a quand même 200 milliards de dollars de stable coins en circulation qu'il faut
58:12aller chercher.
58:13Les grands financiers sont là.
58:15Aujourd'hui, encore une fois, la tokenisation, c'est une goutte d'eau dans l'océan des
58:18actifs financiers.
58:19Mais ça va devenir une infrastructure de marché commune à tout le monde.
58:24Ça commence par le monétaire, mais on va retrouver ça sur d'autres types de produits
58:27demain, c'est ça ?
58:28Dans la volonté des PDG, des grandes banques américaines et notamment de BlackRock, qui
58:33a martelé qu'ils voulaient tokeniser les actions, le marché actions coté, et les
58:38obligations.
58:39Merci beaucoup Valentin pour ce point blockchain et les perspectives ouvertes par cette technologie
58:45et ces blockchains aujourd'hui.
58:47Valentin François, gérant action chez Montpensier Arbevel, était l'invité du quart d'heure
58:50thématique de Smart Bourse ce soir.