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Mardi 11 mars 2025, SMART BOURSE reçoit Valentin François (Gérant Actions, Montpensier Arbevel)

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00:00Le dernier quart d'heure de Smartboard. Chaque soir, c'est le quart d'heure thématique. Le thème ce soir, c'est celui de la blockchain.
00:16Qu'est-ce que la technologie blockchain ? Pour ceux qui auraient raté quelques épisodes, quels sont les usages et comment investir dans les usages autorisés, permis et démocratisés aujourd'hui par la technologie blockchain ?
00:28Nous en parlons avec un spécialiste de la question, gérant action chez Montpensier Arbevel, c'est Valentin François qui est à mes côtés en plateau.
00:34Valentin, bonsoir. Merci beaucoup d'être avec nous. Il y a un fonds, une stratégie, un fonds chez Montpensier Arbevel qui s'appelle Pluvalka Global Blockchain Equity.
00:44C'est un fonds qui a été lancé en fin d'année 2022. Avant de nous expliquer comment vous avez structuré la philosophie d'investissement de ce fonds, Valentin, comment est-ce qu'on explique ce que c'est que la blockchain en 2025 ?
00:56Je disais pour ceux qui ont raté quelques épisodes parce qu'on en entend parler quand même depuis de nombreuses années.
01:01Tout le monde a compris que c'était sans doute la techno sous-jacente qui avait permis l'arrivée de Bitcoin et d'autres cryptos.
01:07Une fois qu'on a dit ça, comment est-ce qu'il faut encore expliquer peut-être à quoi sert cette technologie aujourd'hui ?
01:13C'est une très bonne question et je pense qu'en fait il ne faut plus s'arrêter à la définition parce que je pense qu'on l'a répété 150 fois et personne n'a compris réellement les quatre usages qu'il y avait derrière.
01:23On comprend qu'effectivement les cryptos existent sur ces fameuses blockchains. Il y a plusieurs blockchains qui existent aujourd'hui.
01:29C'est pour ça qu'on prend le parti pris à chaque fois de l'expliquer en donnant la proposition de valeur de la blockchain.
01:36Pour comprendre vraiment à quoi sert la blockchain, il faut comprendre à quoi sert Internet.
01:41Et à Internet, il y a un abus de langage où on dit qu'on transfère des fichiers et finalement on ne transfère rien du tout.
01:47C'est faux technologiquement parlant de dire ça parce qu'imaginons qu'on converse par email et puis je vous envoie un fichier.
01:54Je ne vous ai pas transféré un fichier, c'est simplement une copie de fichier qui est réalisée.
01:58Vous avez simplement la copie qui vous est envoyée et qui arrive sur votre ordinateur.
02:02Elle n'a pas disparu de mon ordinateur a priori alors que là dans le monde physique, si je vous donnais mon téléphone portable, il disparaît de ma main et on a réalisé un véritable transfert de propriété à la fin.
02:13Donc Internet c'est le copier-coller, c'est ça qu'il faut comprendre.
02:17D'ailleurs, on en parle à chaque fois, c'est le duplicata à l'infini.
02:21Les banques dans les années 90 quand elles s'intéressent à Internet, elles se disent c'est génial, on a créé l'email par au-dessus, on arrive à communiquer à la vitesse de la lumière, alors pourquoi pas créer une monnaie numérique.
02:33D'ailleurs c'est un sujet d'actualité, l'Europe regarde ça aussi avec la Banque Centrale Européenne.
02:37Elles ont essayé et se sont dit mince, auprès de l'utilisateur à la fin, quand il reçoit finalement son dollar digital, il peut le copier à l'infini.
02:45Le problème ce n'est pas qu'il peut le copier à l'infini, c'est un premier problème, mais le deuxième problème c'est qu'on n'a pas le moyen d'authentifier quel est l'original du duplicata.
02:52Et donc est arrivée la blockchain avec Bitcoin juste après la crise financière.
02:56Et c'est comme ça qu'on arrive à cette couche de technologie sur Internet qui permet le transfert de propriété, d'actifs.
03:04Alors on l'a vu avec les cryptos, puisque certaines cryptos sont considérées comme des actifs aujourd'hui en soi.
03:09Mais on peut transférer la propriété d'actifs qui sont réels, qui se retrouvent aussi dans le monde réel.
03:15Alors ça peut être la propriété de biens immobiliers, ça peut être des actions d'une société non cotée, des parts de fonds, des actions, des obligations.
03:23Mais aussi par exemple des sacs dans l'industrie du luxe, ça peut être tout ce qu'on peut s'échanger aujourd'hui.
03:29Et donc là, si je reprends l'image du copier-coller, c'est un coupé-coller, c'est ça ?
03:33Exactement.
03:34C'est le cut and paste.
03:35Exactement.
03:36Donc on a bien en tête à quoi sert la blockchain et la différence entre la blockchain et Internet.
03:41Avant de passer en revue quelques cas d'usage qui sont pour vous à la pointe justement des phénomènes d'adoption de cette technologie à travers différentes industries.
03:51Globalement, quelle est la vitesse d'adoption de cette technologie par rapport à des historiques comparables de technologies qui ont pu émerger, Internet en étant une par exemple, Valentin ?
04:01Internet en fait, juste pour parler de ça dix secondes, en fait on se rend compte dans les années 2000 et on voit des articles de presse qui titrent, hormis les mails,
04:12et encore on peut forcer à écrire des courriers, il y a le téléphone, ça ne sert pas à grand chose.
04:16Et c'est l'avènement du e-commerce et des réseaux sociaux qui vont vraiment doper l'économie autour d'Internet.
04:22Là aujourd'hui sur la blockchain, si on prend le point de départ de Bitcoin, on a 15 ans à peu près d'historique aujourd'hui, 15-16 ans.
04:28Si on prend le départ d'autres blockchains qui sont plus innovantes, sur lesquels on peut bâtir les cas d'usage dont on va parler, c'est plutôt une dizaine d'années.
04:36Alors on aurait voulu dès 2019-2020 déjà être là où on va décrire les cas d'usage, mais ça a pris plus de temps, ça prend plus de temps parce que c'est une économie qui est totalement décentralisée,
04:49ce n'est pas une entreprise qui décide de faire ci, de faire ça, il y a des régulations aussi qu'il faut mettre en place, on commence à le voir aux Etats-Unis,
04:55on l'a déjà un peu en place, même beaucoup ou trop peut-être en place en Europe, mais on sait très bien faire les régulations en Europe.
05:02Donc il faut mettre tout le monde d'accord, tout le monde autour d'une table, ça prend un peu plus de temps, mais quand on voit les forces en présence,
05:09on va le voir à travers par exemple les cas d'usage autour de la finance, c'est des forces en présence qui sont totalement incroyables.
05:17Ce qui est intéressant dans la stratégie du fonds, donc ce n'est pas un fonds crypto, mais c'est un fonds qui va investir à travers des grandes franchises bien établies
05:27qui sont des accélérateurs d'adoption de cette technologie blockchain, c'est ça ?
05:32Sous condition que ces entreprises ont une certaine matérialité du chiffre d'affaires ou des investissements liés à la blockchain.
05:39Alors ce qui nous intéresse nous, c'est de connaître ces forces en présence et de se dire tiens, il y a peut-être des sociétés comme LVMH, comme BlackRock ou autres
05:48qui sont là en fait dans cet écosystème et ça c'est des entreprises qui sont capables de créer des standards de technologie et d'usage.
05:55Mais ce n'est peut-être pas nécessairement des sociétés qu'on aura en portefeuille pour une question de matérialité de la technologie
06:01et on aura plutôt tendance à aller chercher par exemple dans la finance et dans le paiement, les fintechs qui sont effectivement cotés rembourses
06:08et on ne fait pas, vous avez raison de le préciser, deux cryptomonnaies dans le portefeuille, c'est un interdit par le prospectus et deux dans les fonds USIT, c'est interdit tout simplement par l'AMF.
06:17Bon bah parlons de ces cas d'usage effectivement qui sont des accélérateurs ou des fabricants de standards effectivement.
06:25Alors vous avez cité LVMH, BlackRock, vous avez cité le secteur des paiements, prenons effectivement ces deux, trois dimensions pour nous expliquer pourquoi ces cas d'usage vous intéressent.
06:33Et déjà de quel type de cas d'usage est-ce qu'on parle ? Dans l'industrie du luxe par exemple alors Valentin ?
06:38Et bien dans l'industrie du luxe, c'est peut-être quelque chose qu'on n'attendait pas spécialement de la blockchain à l'origine
06:43parce qu'on pensait que c'était plutôt lié simplement au paiement et à la circulation de la monnaie.
06:47En fait on s'est rendu compte que la blockchain permettait une traçabilité quasi parfaite, en tout cas quand on enregistre l'information elle n'est plus modifiable
06:55et donc on a vraiment cette traçabilité et cette transparence dans l'information parce que c'est public et transparent une blockchain.
07:01Et donc l'industrie du luxe a commencé à s'emparer de cette technologie, ils ont formé des consortiums notamment entre Richemont et LVMH
07:09en se disant mettons des moyens en commun pour aller chercher effectivement de l'innovation.
07:13Et puis finalement l'Union Européenne s'est aussi occupée de réguler le suivi des biens qui étaient commercialisés en Europe et produits en Europe
07:22et donc est venue cette idée de créer un passeport digital des produits.
07:27Et donc sans imposer quoi que ce soit en termes de technologie, je parle au niveau de l'Europe,
07:32et bien les entreprises ont d'elles-mêmes choisi la technologie blockchain, c'est ça qui est intéressant.
07:37C'est un vrai choix industriel, contrairement à d'autres choix réglementaires qui sont imposés aux industries,
07:43là c'est un choix qui est venu de l'industrie elle-même.
07:46Donc ce fameux passeport digital il est obligatoire depuis 2024 et évidemment qu'il y a une mise en conformité,
07:51il y a un certain temps qui est donné aux entreprises et à partir de 2027 tous les produits auront un passeport numérique.
07:56Alors que ce soit sur la blockchain ou non, mais en tout cas c'est la voie qu'empruntent les sociétés du luxe à travers toutes leurs maisons,
08:04voilà, Cartier, pour certains grands groupes, IWC, une célèbre marque d'horlogerie,
08:13aujourd'hui vous achetez une montre chez IWC, et bien vous avez ce passeport digital émis sur la blockchain directement,
08:19et ça c'est assez formidable, il y a plus de 50 millions de produits qui sont aujourd'hui tracés sur la blockchain.
08:24Et si on va plus loin, si on prend l'industrie de la consommation en général, donc du textile,
08:29alors j'avais un chiffre il y a quelques mois, c'était 450 millions de produits tracés dans l'industrie du textile,
08:35en fait maintenant c'est un milliard.
08:37Un milliard de produits tracés ?
08:38Un milliard de produits, alors une goutte d'eau dans l'industrie du textile.
08:40Oui c'est ça, j'allais dire effectivement, il y a plus de caisses.
08:42Ça double, ça se fait en quelques mois.
08:44Bon, très intéressant, donc le côté traçabilité avec l'industrie du luxe en pointe sur l'adoption et sur la création de standards
08:52autour de la blockchain pour la traçabilité des produits.
08:55Le paiement, vous avez dit, c'était d'ailleurs naturellement la première évidence, la première intuition qu'on avait en pensant blockchain.
09:02Oui parce qu'en fait, c'est assez rigolo, parce que tout le monde a trouvé ça formidable au début,
09:08puis après on s'est dit, finalement le paiement, ce n'est pas si innovant que ça.
09:13Ce n'est pas fun finalement.
09:14On en revient là et on se dit, ah oui, en fait le paiement instantané avec un règlement livraison,
09:19parce que c'est ce que permet la blockchain, instantané,
09:22donc ce n'est pas J plus deux ouvrez, les week-ends, l'argent d'or, c'est débiter de votre compte,
09:27mais ce n'est pas arriver chez le commerçant.
09:29Quand on parle de virements internationaux, c'est encore pire.
09:32Ici, c'est l'idée de ce qu'on appelle les stable coins.
09:35Qu'est-ce qu'un stable coin ?
09:36C'est la représentation digitale d'un euro, d'un dollar.
09:39Donc quand quelqu'un veut émettre un dollar digitalisé, un stable coin,
09:44eh bien c'est que l'entreprise a reçu un dollar dans ses comptes.
09:47Donc il y a vraiment une parité un pour un,
09:49et qui revêt du coup derrière les caractéristiques techniques de la blockchain,
09:53ce fameux règlement livraison qui peut être international.
09:56Il n'y a pas de sortes de frontières avec quasiment pas de frais.
09:59Donc là, dans les forces en présence qu'on retrouve là-dedans,
10:02on a des sociétés un peu connues comme Paypal,
10:04qui aujourd'hui émis son propre stable coin et qui veut en faire un paiement dans le B2B,
10:09un moyen de paiement dans le B2B pour les entreprises.
10:11Là, on parle de dizaines, centaines de millions par transaction.
10:16Et puis, des sociétés plus innovantes comme Coinbase aujourd'hui,
10:19qui est co-émetteur d'un stable coin extrêmement connu qui s'appelle l'USDC.
10:24Et puis après, on retrouve des sociétés très traditionnelles du paiement par carte,
10:27par exemple comme Visa et Mastercard.
10:28Oui, les mastodontes.
10:29Et justement, c'est intéressant.
10:31Combien de transactions blockchain est capable de supporter à la seconde ou à la minute
10:36par rapport à ce que sont capables de faire une Visa ou un Mastercard aujourd'hui
10:39dans le monde de la carte bancaire ?
10:42Ce n'est pas une technologie qui sera très compétitrice en termes de transactions par seconde.
10:48Cela dépend de certaines blockchains.
10:49Certaines arriveraient à faire quasiment ce que fait un Mastercard et un Visa
10:53en termes de transactions par seconde.
10:55Mais l'intérêt est ailleurs.
10:57L'intérêt est un peu ailleurs.
10:58En tout cas, de notre point de vue, l'intérêt est ailleurs.
11:01C'est-à-dire que pour des paiements transfrontaliers de grosses entreprises,
11:06ce serait plus intéressant de transférer de l'argent via les blockchains.
11:09C'est vrai que pour acheter une baguette de pain aujourd'hui, en l'état actuel,
11:13ce n'est pas le plus fluide, même en termes d'usage tout de suite maintenant.
11:18Mais ça va venir.
11:19C'est une certitude.
11:20Est-ce qu'ils sont compétiteurs ? Non.
11:22Et d'ailleurs, c'est pour ça que Visa et Mastercard vont là-dessus.
11:24C'est un nouveau canal d'acheminement de l'argent.
11:28Cela fait partie des moyens de paiement.
11:30Il nous reste une minute, mais pour dire un mot,
11:33il y a aussi de la tokenisation d'actifs qui implique des banques et des gérants d'actifs aujourd'hui, Valentin.
11:40Quand on a le cash qui est digitalisé et qui circule sur les blockchains,
11:45qu'est-ce qu'on en fait ?
11:47On propose des produits financiers en face.
11:49Les grandes sociétés de gestion comme BlackRock,
11:53on a eu UBS l'année dernière aussi,
11:55ont créé leur fonds monétaire digitalisé sur la blockchain.
11:59C'est ce qu'on appelle la tokenisation,
12:01c'est de rendre échangeable un actif sur une blockchain.
12:03Et pourquoi ils ont fait ça ?
12:05Parce qu'il y avait du cash qui transitait sur les blockchains et qui n'était pas rémunéré.
12:08Le flux naturel vient vers eux.
12:10Il y a quand même 200 milliards de dollars de stable coins en circulation qu'il faut aller chercher.
12:15Les grands financiers sont là.
12:17Aujourd'hui, encore une fois, la tokenisation, c'est une goutte d'eau dans l'océan des actifs financiers.
12:21Mais ça va devenir une infrastructure de marché commune à tout le monde.
12:26Ça commence par le monétaire, mais on va retrouver ça sur d'autres types de produits demain, c'est ça ?
12:30Dans la volonté des PDG des grandes banques américaines, et notamment de BlackRock,
12:34qui a martelé qu'ils voulaient tokeniser les actions, le marché action coté, et les obligations.
12:40Merci beaucoup Valentin pour ce point.
12:43Les perspectives ouvertes par cette technologie et ses blockchains aujourd'hui.
12:48Valentin François, gérant actions chez Montpensier Arbevel,
12:51était l'invité du quart d'heure thématique de Smart Bourse ce soir.
13:00Merci.

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