Dans son édito du 08/04/2025, Paul Sugy revient sur la guerre commerciale lancée par Donald Trump.
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00:00Il y a de quoi être pris de court Romain, voilà un homme en face de l'autre côté de l'Atlantique qui fait de la politique,
00:04qui fait ce qu'il dit et qui le fait vite, alors évidemment ça surprend.
00:07Face à cela, les réactions politiques sont nombreuses mais finalement pas si variées.
00:10Vous avez d'abord ceux qui se cantonnent dans le champ de la morale.
00:13Donald Trump a tort, Donald Trump commet une erreur, ces gens-là s'improvisent électeur américain
00:18et se mettent à leur place pour se demander si c'est dans l'intérêt des électeurs de Donald Trump
00:23de faire cette politique de guerre commerciale.
00:26Les autres sont dans l'imprécation, c'est évidemment la réaction du Président de la République,
00:31non pas qu'elle ne soit pas louable mais il faudra prouver que nous sommes capables de poser des actes après les mots
00:37et d'ailleurs le Président de la République a bien conscience que la réponse devra se faire au niveau européen
00:41puisque c'est à ce niveau-là de responsabilité que nous avons délégué les reines de notre politique commerciale.
00:46Et puis vous avez une troisième espèce de politique, cela je dois le dire commence à me fasciner,
00:51ce sont ceux qui en interview font du commentaire d'actualité, finalement ils sont journalistes comme nous.
00:55Écoutez Monsieur Desarbre, nous vivons un moment historique et le mot historique finalement à bien y réfléchir
01:01devrait être banni du langage de tous les hommes politiques puisque à force de vouloir rentrer dans l'histoire
01:07ils finissent par penser que tous les événements qu'ils traversent en tant qu'élus ou en tant que représentants politiques
01:11sont eux-mêmes historiques.
01:13Alors ce qui est original aussi c'est que la gauche s'en prend à ses mesures commerciales alors qu'elle les a défendues dans son programme.
01:18Ah ça c'est le paradoxe le plus savoureux de la période que nous vivons.
01:21Donald Trump est la bête noire de la gauche pour deux raisons au moins,
01:24d'abord parce qu'il pense que la liberté individuelle et la liberté d'entreprendre est entravée par les excroissances de l'état fédéral devenu obèse
01:31et ensuite parce qu'il combat le safetyism, l'idéologie de surprotection prônée par les tenants du wokisme.
01:36Mais effectivement vous avez raison, ces mesures douanières elles devraient susciter un enthousiasme collectif au sein de la gauche européenne.
01:43Si je prends par exemple le programme du nouveau front populaire, j'y lis qu'il fallait installer une taxe kilométrique sur les produits importés,
01:49engager un plan de reconstruction industrielle pour mettre fin à la dépendance de la France et de l'Europe dans des domaines stratégiques,
01:55annuler les accords de libre-échange avec le Canada et le Mercosur
01:58ou interdire encore l'importation de tout produit agricole qui ne respecte pas nos normes.
02:03Et malgré tout Sandrine Rousseau qui a quand même approuvé des deux mains ce programme
02:06et qui se retrouve face à Donald Trump qui met en place une protection commerciale sensiblement identique à celle qu'elle semblait prôner donc il y a six mois,
02:14se retrouve à dire sur un plateau de télévision la semaine dernière que ça va être affreux pour le peuple américain.
02:18Ce qui serait donc bon pour les électeurs français ne le serait plus pour les électeurs américains, on s'y perd.
02:22En tout cas, à gauche comme partout ailleurs, on sent une certaine sidération.
02:26Bah oui parce qu'on redécouvre ce que c'est que de faire de la politique et on tente de se rassurer en se disant qu'elle n'est pas la bonne.
02:31Et peut-être au fond qu'elle n'est pas la bonne.
02:33La première chose c'est qu'on ne le saura que dans plusieurs dizaines d'années puisque c'est à cette échelle de temps que Donald Trump et son administration se situent
02:39et de notre côté qui avons déjà du mal à construire des programmes jusqu'à la fin d'un mandat politique, cela nous paraît vertigineux.
02:46Et d'autre part, et on l'a bien compris, la difficulté de notre riposte est qu'elle devra être européenne.
02:50C'est ce que dit Emmanuel Macron, c'est ce que dit Keir Starmer, le Premier ministre britannique depuis la semaine dernière.
02:56Mais parce que nous avons abandonné les leviers aussi de notre politique et qu'il nous faut plus d'une semaine, par exemple, pour convoquer les différents chefs d'États européens
03:03qui étaient tous par ailleurs en train de négocier de leur côté avec l'administration Trump des tarifs privilégiés.
03:11Eh bien, il faut plus d'une semaine pour les réunir et prendre le commencement d'un embryon de chemin de décision collective.
03:16Notre politique monétaire et notre politique commerciale ne nous appartiennent plus et nous en vivons aujourd'hui les conséquences.
03:22Merci.