Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote
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00:00Il est quasiment 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour face à Mathieu Bocoté.
00:04Cher Mathieu, bonsoir.
00:05Bonsoir.
00:06Bonsoir Arthur de Vatrigan.
00:08On commence l'émission dans un instant, mais avant cela c'est le point sur l'information.
00:11Adrien Spiteri, bonsoir.
00:13Bonsoir à tous, Emmanuel Macron est attendu à Mayotte lundi.
00:17Le chef de l'État va réaliser une tournée de 5 jours dans l'océan Indien.
00:21Objectif accélérer la reconstruction de l'archipel dévasté par le cyclone Chido,
00:25mais aussi renforcer la place de la France dans cette région.
00:28Emmanuel Macron s'était rendu à Mayotte déjà en décembre dernier.
00:32Vladimir Poutine ordonne un cessez-le-feu en Ukraine à l'occasion de Pâques.
00:36Il va durer jusqu'à lundi matin selon le président russe qui espère que Kiev suivra son exemple.
00:42De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonce une volonté de jouer avec les vies humaines.
00:48Et puis Téhéran et Washington tiendront de nouveau pour parler samedi prochain à propos du programme nucléaire iranien.
00:53Des discussions ont eu lieu aujourd'hui à Rome sous la médiation du sultanat d'Omane,
00:58une semaine après de premiers échanges qualifiés de constructifs par les deux.
01:02Merci Adrien pour le point sur l'information.
01:05À la une de face à Mathieu Bocoté, c'était il y a 50 ans déjà le génocide cambodgien,
01:11les massacres des Khmer Rouges.
01:1350 ans déjà et un certain malaise d'une certaine classe politique et médiatique
01:18qui n'ose revenir sur l'horreur, l'échec des élites à l'époque.
01:22Que retenir un demi-siècle plus tard ?
01:25Éléments de réponse avec Mathieu Bocoté.
01:28À la une également, en ce week-end Pascal,
01:30comment ne pas s'arrêter un instant sur la résurgence de la foi chrétienne dans notre société.
01:35Baptement hausse, église remplie.
01:37On m'a expliqué à l'heure où la laïcité est sur toutes les lèvres,
01:40ce nouveau souffle de la foi catholique.
01:43On en parle dans cette émission.
01:45Enfin, vous recevez ce soir Samuel Fitoussi,
01:48auteur de « Pourquoi les intellectuels se trompent ? »
01:50Comme au XXe siècle, tant d'esprits fins ont pu épouser des idées grotesques ou absurdes,
01:56parfois aux conséquences gravissimes.
01:59Entretien passionnant à suivre en seconde partie d'émission.
02:03Voilà le programme de face à Mathieu Bocoté.
02:05Cher Mathieu, on commémorait cette semaine les 50 ans de la prise de Phanmen
02:10par les Khmer Rouges,
02:13qui a entraîné la mise en place d'un régime génocidaire au Cambodge,
02:16ce qui nous oblige, selon vous, à réfléchir à la mémoire empêchée du communisme.
02:21Vous savez, c'est une question qui me hante,
02:23mais qui ne nous hante pas tous, hélas.
02:25Comment se fait-il que nous n'ayons pas compris la nature,
02:29et j'y reviendrai, de l'expérience communiste au XXe siècle ?
02:32Comment se fait-il que l'on ait traité, le communisme,
02:35sous le signe de l'erreur accidentelle qui aurait pu donner autre chose,
02:40plutôt que de l'inscrire dans une histoire de totalitarisme
02:43où on comprendrait pourquoi le communisme mène toujours au désastre,
02:47mène toujours aux persécutions,
02:49mène toujours à la mise à mort massive de ses opposants.
02:53Mais revenons effectivement sur le point de départ, 1975,
02:57les 50 ans de la prise de Phanmen.
02:59Qu'est-ce qu'on voit à ce moment-là ?
03:00On voit, d'abord et avant tout, je le dis dans la presse française,
03:05mais pas seulement,
03:06on accueille cela sous le signe presque d'une libération.
03:09On dit c'est formidable,
03:10les forces communistes se sont emparées du Cambodge.
03:15Une expérience nouvelle va commencer,
03:17un monde nouveau va naître dans ce petit pays
03:20qui ne comptait pas vraiment sur la scène de l'histoire
03:22et qui devient un des laboratoires du communisme,
03:26le laboratoire idéal du communisme,
03:29pendant quelques années, pendant quatre ans en fait.
03:32Une chose qu'on n'a pas oublié,
03:33c'est que plusieurs des cadres des Khmer rouges au sens large,
03:36de l'Ankar, mais surtout des Khmer rouges au sens large,
03:38étaient directement formés par l'intelligentsia française de l'époque.
03:43Nous avons des gens qui ont reçu une bonne partie de leur formation
03:46à même le marxisme français des années 50, 60.
03:50Donc, ils ont traduit dans un programme politique
03:54ce qu'ils retenaient des leçons du marxisme français de cette période.
03:59Premier élément, comme quoi les intellectuels,
04:01quelquefois, leurs idées se traduisent dans le réel
04:04et ce n'est pas toujours une bonne nouvelle.
04:06Deuxième élément, les Khmer rouges sont portés
04:08par un fantasme de purification et de régénération.
04:13C'est-à-dire qu'ils se disent, voilà une société corrompue,
04:15une société fondamentalement mauvaise,
04:17et il faut dès lors la purger du mal qui la travaille,
04:22sans prendre au mal à la racine, dans leur esprit,
04:24c'est la propriété, mais ce n'est pas seulement,
04:27pardonnez-moi la propriété,
04:28c'est tout ce qui vient altérer l'idée de la pureté Khmer,
04:32en quelque sorte.
04:33Donc, il va y avoir, par exemple, une politique active
04:36de rééducation et de conditionnement total de la population.
04:40Le Cambodge, à l'époque, se transforme en camp de rééducation
04:43à ciel ouvert, où des gens qui se prennent pour une élite éclairée
04:48s'emparent, en fait, d'un pays pour soumettre à la population
04:51un travail de reconditionnement, d'endoctrinement permanent,
04:56mais ça va durer, comme je le redis, quatre ans.
04:59Un programme qui considère généralement la ville
05:01comme le lieu de toutes les corruptions.
05:05Il faut, en quelque sorte, revenir à la vérité originelle
05:08des campagnes, la vérité originelle du monde rural.
05:11Donc, on va notamment vider les villes.
05:12Il faut vider les villes, lieux de corruption,
05:15pour être capable de replonger chacun dans la vérité des campagnes,
05:20la vérité d'une forme de ruralité fantasmée
05:22dans les circonstances où l'âme Khmer pourrait se régénérer.
05:26C'est un communisme radical qui...
05:28Déjà que le communisme, ce n'est pas modéré en soi.
05:30Mais là, c'est un communisme radical qui entend éradiquer
05:34toute trace ou toute possibilité de la propriété privée.
05:38Donc, il faut véritablement mutualiser intégralement l'existence.
05:43C'est un régime d'épuration ethnique.
05:45Il faut longtemps que c'est un régime qui considère
05:46qu'il y a une minorité pure ethniquement
05:48et les éléments troubles, la minorité vietnamienne,
05:51donc, doivent être chassés.
05:52Et ce qui relève des traces du monde occidental,
05:55à l'époque, ce qui avait marqué,
05:56c'est que si vous êtes un porteur de lunettes,
05:57vous êtes probablement un intellectuel marqué par l'Occident.
06:02Dès lors, vous êtes suspect, vous aussi, vous allez y passer.
06:05C'est une éradication de la religion.
06:06Ça, c'est important.
06:07Le fait religieux est traité comme un fait toxique.
06:11Le fait religieux, c'est vu comme l'aliénation ultime.
06:13Et pour créer une société vraiment libre, il faut éradiquer.
06:16Et les Albanais de l'époque d'Enverodja avaient un peu ça en tête aussi.
06:19Il faut éradiquer complètement le fait religieux.
06:23Et il y a une chose qu'on a oubliée avec le temps,
06:25il faut transformer la langue.
06:26Alors, c'est intéressant.
06:27Chez l'Ikmerouche, comment on réussit à transformer la langue?
06:30Eh bien, il faut effacer toute trace.
06:32Je le dis en français, ne parlant pas particulièrement
06:33les langues de ce coin du monde.
06:36Mais globalement, le mon, ma, je,
06:38donc tout ce qui relève de la possession,
06:40doit être banni de la langue
06:43parce que ça relèverait, en fait,
06:45ça institutionnaliserait les codes de la propriété
06:47dans les codes linguistiques.
06:49Donc, il faut réformer la langue
06:51pour faire disparaître la possibilité
06:53de l'idée de propriété, par exemple.
06:56Ça nous rappelle, bien évidemment, 1984 d'Orwell.
06:59Orwell a tout dit avant tous les autres
07:00sur la dimension, le fait que le totalitarisme
07:04cherche toujours à s'emparer de la langue,
07:06pour s'emparer des structures mentales,
07:08pour rendre pensable,
07:10pour rendre obligatoirement pensable
07:13à certaines réalités
07:13et rendre impensable linguistiquement.
07:16D'autres, ça pourrait faire penser aussi
07:18à la rigueur, dirais-je méchamment,
07:19l'écriture inclusive d'aujourd'hui.
07:21C'est une politique, non seulement de rééducation,
07:23non seulement d'endoctrinement,
07:25non seulement d'écrasement de la population,
07:27non seulement de mutilation psychique d'un peuple,
07:29c'est une politique meurtrière aussi.
07:32On considère, les chiffres sont toujours
07:33en matière à débat,
07:35mais qu'autour de 20 % de la population
07:36y est passé.
07:3820 % de la population, c'est un autogénocide,
07:41il faut bien comprendre.
07:41Et c'était célébré, à l'époque,
07:45par des intellectuels français,
07:47beaucoup, qui disaient,
07:47« Formidable, les vents de libération
07:49passent désormais par le Cambodge. »
07:52Nous reparlerons du génie des intellectuels,
07:54d'ailleurs, dans quelques minutes,
07:55avec cette même petite aussi.
07:56Comment expliquer, Mathieu Bocoté,
07:58cet aveuglement à répétition ?
08:00Vous avez raison de dire à répétition,
08:02parce qu'il n'y a pas que le Cambodge.
08:03L'histoire du 20e siècle est une histoire
08:05d'errance à répétition
08:07de la part des intellectuels occidentaux.
08:10Pas seulement, mais à tout le moins,
08:11ils sont au cœur de l'erreur répétée.
08:14Point de départ, 1917.
08:161917, la révolution communiste,
08:18il est possible immédiatement,
08:19je prends la peine de le dire,
08:21tout de suite, on comprend ce qui se passe,
08:23si on le veut, en Russie,
08:24en la Russie de Lénine,
08:25qui deviendra la Russie de Staline,
08:26et ainsi de suite.
08:27On comprend ce qui se passe.
08:28Le régime, la police politique,
08:30la répression, la violence,
08:32les arrestations de masse,
08:33les assassinats.
08:34Tout de suite, on comprend,
08:35mais tout de suite,
08:36se met en place,
08:37chez les intellectuels,
08:38le désir de voir autre chose
08:40que ce qu'on a devant soi.
08:42On veut voir le monde
08:43à la lumière de la vérité révélée,
08:45de l'utopie,
08:46du monde tel qu'on l'imagine
08:47et non pas tel qu'on l'a devant nous.
08:49Autre exemple,
08:50je parle à gauche,
08:51parce qu'il y a eu des arrances
08:52sur l'autre côté du plan
08:53du spectre politique,
08:55Mao.
08:56Mao, avec la Chine,
08:57on se dit, d'abord,
08:58le maoïsme,
08:59on dit, c'est formidable,
09:00c'est l'émancipation de la Chine
09:02qui trop longtemps a été écrasée.
09:03Et ensuite,
09:04il y a la révolution culturelle
09:05de 1966 à 1976,
09:06où Mao mise sur la jeunesse
09:08pour éradiquer le vieux monde chinois.
09:11Il faut véritablement,
09:13et là,
09:13on est dans une politique totalitaire folle,
09:15dans un moment d'une violence extrême
09:17où il faut notamment à l'époque,
09:19parce qu'il y a toujours cette idée
09:20qu'on doit éliminer le passé,
09:21éliminer les quatre vieilleries.
09:23Et les quatre vieilleries,
09:24c'est les vieilles idées,
09:25les vieilles coutumes,
09:26la vieille culture,
09:27les vieilles habitudes.
09:29Il y a, autrement dit,
09:30et là, les intellectuels français,
09:31mais pas seulement,
09:32s'enthousiasment à l'époque.
09:33La révolution culturelle,
09:34c'est merveilleux.
09:35Et ceux qui ont été maoïstes à l'époque,
09:37quelques-uns s'en sont excusés,
09:38mais ils s'en excusent toujours
09:39avec une pointe de nostalgie.
09:41C'est vrai, on s'est trompés,
09:42mais quelle belle erreur
09:43avons-nous fait.
09:45Alors qu'on pourrait citer,
09:46dans un film de Denis Arcan,
09:47le personnage de Rémi Girard,
09:50qui raconte son parcours politique,
09:52il dit qu'on a été maoïstes,
09:54mais est-ce qu'on a été imbéciles?
09:56Il devrait être permis
09:57à ceux qui ont été maoïstes
09:58de dire qu'ils ont été simplement
09:59imbéciles et sans pardon.
10:01Mais quoi qu'il en soit,
10:02on va les pardonner quand même.
10:03C'est le jour de pardon,
10:04si j'ai bien compris.
10:06Autres erreurs.
10:07Castro, Ceausescu,
10:09et on pourrait en ajouter.
10:09Qu'est-ce qu'il y a derrière ça?
10:11Il y a non seulement l'erreur
10:11à répétition des intellectuels,
10:13mais une erreur d'analyse
10:14sur la nature du communisme.
10:16On a voulu voir,
10:17dans le communisme,
10:18dans son échec,
10:19une erreur accidentelle.
10:20On s'est dit,
10:21si on l'avait appliqué autrement,
10:23ça aurait pu donner
10:23un autre résultat.
10:24Si on avait appliqué
10:25la politique autrement,
10:26les résultats auraient été
10:27tout autres.
10:28Mais c'est faux.
10:29Parce que c'est dans la matrice même,
10:30non seulement du communisme,
10:31mais de l'utopisme.
10:32L'utopisme,
10:33l'idée de créer
10:34une société parfaite sur Terre,
10:36de faire descendre
10:36le paradis du ciel
10:37pour le réaliser sur Terre.
10:39Tel est le point d'origine
10:40de toutes les dérives.
10:42Donc, dans l'utopisme,
10:43il y a toujours la prétention
10:44au monopole du vrai,
10:44du juste et du bien.
10:45Vous avez la vérité
10:47sur l'ordre social à venir.
10:48Et vous voulez libérer
10:49l'humanité.
10:50Dès lors,
10:50si vous libérez l'humanité
10:52et si vous avez
10:52le monopole de la vérité,
10:53vos adversaires ne sont pas
10:54des adversaires,
10:55ce sont des ennemis
10:55de l'humanité.
10:56Ils méritent d'être éradiqués
10:58juridiquement,
10:59moralement
10:59ou peut-être même physiquement.
11:01Une conception
11:01de la nature humaine aussi.
11:03Le progressisme,
11:05l'utopisme,
11:06croient que fondamentalement,
11:07le mal n'est pas
11:07dans le cœur de l'homme.
11:08Le mal est dans
11:09une structure sociale identifiée.
11:11Le patriarcat,
11:12le capitalisme,
11:13le racisme,
11:14il suffirait d'abolir
11:15cette structure sociale
11:16pour que l'homme bon revienne.
11:18Donc, c'est cette idée
11:18que l'homme est fondamentalement bon,
11:20mais la société le corrompt,
11:21cette lubie rousseauiste.
11:23Et bien là,
11:23appliqué au temps présent,
11:24il suffit d'abolir
11:25la institution méchante
11:26pour que les temps nouveaux
11:28de l'humanité apparaissent.
11:29On a vu le résultat.
11:31Il y a la négation
11:32de l'individu,
11:33l'effrayante négation
11:34de l'individu
11:34à qui on conteste
11:36sa propre quête spirituelle,
11:38son raisonnement,
11:39ses préférences.
11:40On doit absolument
11:41l'absorber
11:42par le groupe,
11:43toujours.
11:44Il y a l'existence
11:44d'une casse
11:45qui prétend superposer,
11:46qui supervise en fait
11:47la société
11:48parce que ce sont
11:49les nouveaux prêtres,
11:49mais une caste de prêtres
11:50nouveaux que sont
11:51les intellectuels,
11:52l'intelligentsia
11:52qui prétend piloter le monde.
11:54Il y a un désir toujours
11:55de reprogrammation
11:55de la population.
11:57Vous êtes dans l'erreur,
11:58nous allons vous reprogrammer,
11:59nous allons vous rééduquer.
12:00Vous êtes comme des enfants,
12:01vous êtes dans l'erreur,
12:01on va déconstruire
12:02tout ce que vous pensiez savoir,
12:04déconstruire vos traditions
12:05et on va vous implanter
12:06un programme nouveau
12:07dans la tête
12:07avec la rééducation
12:09d'une société policière
12:10qui s'accompagne
12:10de délations toujours.
12:12Et toujours,
12:13toujours,
12:13toujours au moment
12:14où on constate
12:14que ça ne fonctionne pas,
12:16qu'est-ce qu'on se dit?
12:17C'est parce qu'on n'a pas
12:17été assez loin.
12:19Ce n'est pas le programme
12:20qui fonctionne mal,
12:20c'est qu'on n'a pas été
12:21assez loin.
12:21Donc, il faut radicaliser
12:22le programme
12:22et être encore plus répressif
12:24pour mater ceux
12:25qui empêchent
12:26le monde nouveau
12:27d'advenir.
12:28Telle est l'histoire
12:28du 20e siècle
12:29et peut-être
12:29un peu du 21e.
12:30Nous sommes justement
12:3150 ans plus tard,
12:32Mathieu Bocoté.
12:33Quelles sont les conséquences
12:35de cet aveuglement
12:36au temps présent?
12:37Est-ce que les intellectuels
12:38ont vraiment changé?
12:39Est-ce qu'ils sont revenus
12:40sur leur dernier siècle?
12:42Donc, globalement,
12:43on s'est gouré, les gars.
12:44Il faut renouer
12:45avec le pluralisme politique,
12:46la quête de la liberté,
12:47le refus de censurer l'autre,
12:49une anthropologie
12:50qui permette de comprendre
12:51la nature de l'être humain.
12:52Non.
12:53Ce qu'on voit aujourd'hui,
12:54on l'a vu avec le wokisme,
12:55mais pas seulement,
12:55il y a une corruption
12:56des sciences sociales
12:56partout aujourd'hui.
12:58Une corruption morale,
12:58intellectuelle, épistémologique.
13:00Les sciences sociales,
13:01aujourd'hui,
13:02renouent avec la fonction
13:03utopiste
13:03et cherchent, encore une fois,
13:05à écraser le réel
13:06au nom d'un monde idéal
13:07dont elles se voudraient
13:08les productrices.
13:10Les sociétés demeurent,
13:11même sans le côté
13:12répressif totalitaire
13:13évidemment à la soviétique,
13:15des sociétés qui se sont
13:16transformées en camp
13:16d'expérimentation
13:17idéologique à ciel ouvert,
13:19avec de l'ingénierie sociale
13:20partout,
13:21avec cette volonté
13:21de créer toujours
13:22le nouvel homme nouveau.
13:23Aujourd'hui,
13:24d'un côté,
13:24c'est le racialisme,
13:25de l'autre côté,
13:25c'est le wokisme
13:26avec la théorie du genre,
13:28mais ça traverse
13:28le monde occidental.
13:30La même haine
13:30pour la tradition,
13:31le passé,
13:32la culture,
13:33l'utopie
13:33d'un grand recommencement.
13:35Aujourd'hui,
13:35la volonté encore
13:36de bannir les dissidents,
13:38de bannir ceux
13:38qui osent dire
13:39que ça ne va pas bien.
13:40Je note simplement
13:41de parenthèse,
13:42on pense ce qu'on veut
13:43de Renaud Camus,
13:44l'écrivain,
13:44mais vous noterez
13:45qu'il n'a pas été permis,
13:46le gouvernement britannique
13:47a refusé
13:48qu'il mette les pieds
13:49en Grande-Bretagne
13:50parce qu'il sera
13:50un trouble à l'ordre social,
13:51mais permet l'arrivée
13:52massive régulièrement
13:53d'islamistes en Grande-Bretagne
13:55sans leur interdire
13:55d'y mettre les pieds.
13:57Étrange conception
13:57du trouble à l'ordre public.
13:59Et finalement,
14:00il y a la négation du réel.
14:01Donc, 50 ans après,
14:02je dirais que fondamentalement,
14:03même si nous ne sommes plus
14:04devant l'éclair rouge,
14:05évidemment,
14:05avons-nous vraiment appris
14:06ce qui nous conduit
14:07au totalitarisme ?
14:08Je ne crois pas.
14:09C'est la question
14:10qu'on aurait pu vous poser,
14:11Arthur de Vatrigan.
14:12Est-ce qu'on a retenu
14:14les leçons
14:15de ces heures sombres
14:16de notre histoire
14:17qui sont peu traitées ?
14:20Peut-être qu'il y a
14:21un certain malaise
14:22ou alors une forme
14:23de complaisance ?
14:24Il y a un certain malaise,
14:25une forme de complaisance,
14:26mais je préciserai juste,
14:27rien ajouter à ce qu'a dit Mathieu,
14:28je préciserai juste
14:29les intellectuels de gauche.
14:32Non, mais il faut arrêter
14:33les intellectuels
14:34majoritairement de gauche
14:36et on ne va pas découvrir
14:36derrière la vitrine
14:38avantageuse
14:39de pariolées de slogans
14:40qui sont édifiants
14:40que se cachent
14:42des sordines de coulisses
14:42et quand on va au sous-sol,
14:43c'est carrément
14:44la galerie des monstres
14:45parce qu'on peut parler
14:45d'Ekmer,
14:46on peut parler de la collaboration,
14:47on peut parler des génocides,
14:48on peut parler des massacres de masse,
14:50on peut parler d'opuration,
14:51de théorisme,
14:51de pédophilie,
14:52bref,
14:53il est arrivé
14:54à une grande partie de la gauche
14:55parfois de faire fausse route.
14:57Le problème,
14:58c'est qu'elle n'avait pas
14:59grand monde en face
14:59pour lui faire remarquer
15:01ou lui reprocher
15:02parce que la meilleure défense
15:03c'est l'attaque,
15:04ça on le sait,
15:04et la gauche a pris
15:05au pied de la lettre Zola
15:06et donc elle s'est reconvertie
15:08dans le procureur des mémoires
15:10pour se défendre
15:11ou pour allumer
15:12des contre-feux
15:12à accuser le camp d'en face.
15:14Et le problème,
15:15c'est que longtemps,
15:15l'autre camp,
15:16c'est-à-dire la droite,
15:17s'est contentée
15:18de supporter
15:18sans trop broncher.
15:19Alors pour une raison
15:20parfois noble,
15:21la politesse
15:22ou pour dire simplement
15:23je ne vais pas m'abaisser
15:24à répondre à des polpotes
15:25de plateau télé,
15:26mais pour une grande majorité
15:27des raisons minables,
15:29à savoir par ignorance,
15:30par souci des convenances,
15:31par souci du camp des ratons,
15:33par opportunisme aussi,
15:34certains se disent
15:35si en laissant
15:35les babouches de boucherons
15:36peut-être que je vais récupérer
15:37une chair à l'université,
15:39bref, par soumission.
15:40Alors il semblerait
15:40que les temps changent un peu,
15:42tant mieux,
15:42par contre un autre ennemi
15:43guette ce camp,
15:44c'est le mimétisme,
15:46il faudrait toujours
15:46que la droite se rappelle
15:47que si elle est droite
15:47c'est avant tout
15:48parce qu'elle n'est pas de gauche
15:48et qu'elle ne devrait pas user
15:50des mêmes arts,
15:51des mêmes rhétoriques
15:52et c'est ce qui la guette aujourd'hui.
15:53Autre sujet à présent,
15:55sommes-nous face
15:55à une sorte de renaissance
15:57de la religion catholique
15:58en France ?
16:00C'est ce qu'ils sont plusieurs
16:01à se demander en ce moment
16:03avec les baptêmes d'adultes
16:05qui se multiplient.
16:07Alors faut-il y voir,
16:08là, une tendance lourde,
16:11une religion renaissante
16:12ou une mode ?
16:14Mathieu Bocoté.
16:14Alors on le saura dans un siècle.
16:16Mais ce qu'on peut en dire
16:17maintenant cela dit,
16:19c'est qu'il y a des faits
16:21documentés,
16:22il y a de plus en plus
16:23de baptêmes d'adultes,
16:24lorsque les gens reviennent
16:25à la religion où ils arrivent,
16:26ils n'en veulent pas
16:27la version molle,
16:28ils n'en veulent pas
16:28la version tiède,
16:30ils n'en veulent pas
16:30la version déconstruite,
16:31ils n'en veulent pas
16:32la version, appelons ça,
16:33le catholicisme post-Vatican II
16:36dans ce qu'il a eu
16:37de plus tiède
16:38et de plus déconstruit.
16:40Donc quand on se rapproche
16:42d'une religion,
16:43c'est généralement
16:44pour en embrasser le noyau.
16:45Premier élément.
16:46Donc quelle est la vérité
16:47derrière cela ?
16:48L'homme est un être religieux.
16:50Ça il faut le comprendre,
16:51l'être humain est un être religieux,
16:52toujours à la recherche
16:53de transcendance,
16:54toujours à la recherche
16:55d'une vérité
16:56qu'il raccrocherait
16:57à l'au-delà.
16:58Il veut tout le moins
16:59parier sur cette possibilité.
17:01Il n'accepte pas
17:02l'idée d'un monde
17:03dont le ciel
17:03serait tout à fait vide.
17:05Les deux derniers siècles,
17:06qu'est-ce qu'on a vu ?
17:07Oui, il y a eu une déconstruction
17:08sur deux siècles et demi,
17:10une déconstruction
17:10de la religion chrétienne.
17:11On pourrait dire
17:13que beaucoup de catholiques
17:15pendant longtemps
17:16demeuraient catholiques
17:17sans croire vraiment
17:18au dogme.
17:18C'est-à-dire,
17:19ils se détachaient du dogme
17:20et ils se faisaient
17:21une forme de catholicisme
17:22personnel.
17:23Ce qu'on constate,
17:23cela dit,
17:24c'est plus les religions
17:25traditionnelles,
17:25dans notre cas,
17:27la religion chrétienne
17:28s'effaçait,
17:29plus des religions
17:31de substitution
17:31apparaissaient.
17:33Donc le XXe siècle,
17:33on l'a dit,
17:34c'est le communisme,
17:34le fascisme.
17:35Aujourd'hui,
17:36c'est le wokisme,
17:38c'est un écologisme
17:39quelquefois éco-anxieux.
17:42Je dirais que quand l'homme
17:43n'est plus tourné
17:43vers le ciel,
17:44à tout le moins
17:45pour scruter la présence
17:46d'autres choses,
17:47il se laisse absorber
17:48par un autre tout,
17:49par un collectif.
17:50Ça peut être
17:51le collectif politique
17:52où il peut se laisser
17:53dissoudre dans la nature,
17:54mais il veut une religion
17:56en quelque sorte.
17:57Il veut les rituels
17:58d'une religion.
17:59Les gens qui embarquent
17:59dans une religion
18:00embarquent rarement
18:01dans sa version épurée
18:02et désincarnée.
18:03Donc dès lors,
18:04quand on voit,
18:05c'est ce qu'on voit
18:05dans les articles
18:06ces jours-ci,
18:06le retour au catholicisme
18:08en ce moment
18:08s'opère vers un catholicisme
18:09qui est beaucoup plus
18:10construit intellectuellement,
18:11beaucoup moins mou,
18:12qui a renoué
18:13avec sa part rituelle,
18:14qui ne traite plus
18:14ces rituels
18:15comme des breloques
18:16dont on peut se passer.
18:18Et ce que voit
18:19le monde d'ailleurs
18:20avec effroi,
18:21le monde pourrait
18:22être dans un article
18:23aujourd'hui,
18:23il dit que si le catholicisme
18:25renoue avec ses rituels,
18:27avec sa part de foi,
18:28son esthétique,
18:28c'est qu'il s'islamise
18:29en quelque sorte.
18:30Donc il y aurait
18:31une forme de mimétisme
18:31envers l'islam radical,
18:33c'est une thèse originale.
18:34Par ailleurs,
18:35il y a une chose,
18:35on nous dit
18:36c'est une forme de révoile
18:36contre la modernité.
18:37On pourrait dire
18:38à tout le moins
18:38que ce qu'il recherchait,
18:39c'était dans le Figaro,
18:40on le disait à celui,
18:41le silence,
18:42une forme de radicalité
18:43existentielle,
18:44c'est-à-dire l'idée
18:45que l'existence
18:45ne s'épuise pas
18:46dans la quête
18:47des besoins quotidiens,
18:48qu'il y a la quête
18:49d'une transcendance,
18:50la volonté de s'inscrire
18:51dans un ordre du monde
18:52qui ne se réduit pas
18:53aux variations sociologiques
18:54des temps présents.
18:55Cela fait partie assurément
18:57de ce catholicisme renaissant
18:58qui pour l'instant
18:59est minoritaire,
19:00est minoritaire,
19:00mais sur le temps
19:01long de l'histoire,
19:02soyons certains d'une chose,
19:03il y aura toujours
19:03une religion en ce monde,
19:05reste à savoir
19:06s'il s'agirait
19:06de la religion chrétienne,
19:07c'est autre chose.
19:08En vous écoutant,
19:09vous y voyez peut-être
19:11une dimension identitaire
19:13dans cette renaissance,
19:14le catholicisme
19:15ne se réanime-t-il pas
19:17parce que l'islam
19:18s'impose selon vous ?
19:20C'est ce qu'on peut...
19:21C'est-à-dire que cette idée
19:22qu'on est devant un islam
19:22qui est très conquérant
19:23et des occidentaux
19:25qui se disent
19:25mais nous qui sommes nous,
19:27ne sommes-nous
19:27que république et laïcité
19:29ou ne sommes-nous pas civilisation ?
19:31Une civilisation sans religion
19:32est-elle durable
19:33sur le temps long ?
19:34Pour l'instant,
19:34c'est encore minoritaire,
19:36bien évidemment,
19:36mais les minorités actives
19:38font l'histoire.
19:40Chose certaine,
19:41ça ne s'opère pas
19:41dans une vie.
19:42Imaginons,
19:43là on voit peut-être
19:44un début d'une renaissance,
19:45mais la renaissance
19:45des civilisations,
19:47des peuples,
19:47des nations,
19:48des religions
19:48ne s'opère pas seulement
19:49dans le temps d'une vie
19:50et je résumerai ça
19:51de manière suivante,
19:52ceux qui ont construit
19:52les cathédrales.
19:53Poser la première pierre
19:54et savaient qu'ils ne verraient
19:55pas de leur vivant
19:56le début du tiers
19:58de la fin de la cathédrale
19:59et pourtant,
19:59ils participaient
20:00à cette œuvre commune
20:01parce qu'ils savaient
20:02qu'à travers le temps,
20:03quelque chose se déployait
20:04et ils voulaient construire
20:05en ce monde
20:06quelque chose
20:06qui se voulait fidèle
20:07à l'autre monde
20:08auquel ils espéraient.
20:10De ce point de vue,
20:11nous verrons dans un siècle
20:12si tout cela était temporaire
20:14ou était profond.
20:15Rendez-vous en 2125
20:17pour ne pas être boccoté.
20:19Arthur de Vatrigan,
20:21sur cette renaissance
20:22ou non d'ailleurs
20:23ou ce retour
20:25à la foi catholique,
20:26quel regard portez-vous ?
20:27Ces chiffres
20:28qui sont assez édifiants
20:30montrent que l'Église
20:31n'est pas une vieille relique
20:32mais une mère
20:33encore bien féconde.
20:34Alors,
20:35on va rassurer
20:35les laïcars grognons,
20:36le nombre de baptêmes
20:37de petits-enfants
20:38chute évidemment.
20:39En 2000,
20:40il y avait un
20:40sans enfants sur deux.
20:41Aujourd'hui,
20:41c'est un sur trois.
20:43Donc,
20:43les nouveaux baptisés
20:45et les baptêmes d'enfants,
20:45la concurrence est une.
20:46Mais c'est ce qu'on appelait
20:48la chrétienté,
20:49c'est-à-dire la culture chrétienne
20:50qui s'effrite.
20:51On ne le découvre pas.
20:52D'ailleurs,
20:52notre civilisation
20:53qui part en sucette,
20:53peut-être qu'il y aura un lien.
20:55Mais bon,
20:55ce n'est pas vraiment le sujet.
20:56Revenons sur les baptêmes d'adultes
20:57qui sont quand même
20:58autrement plus difficiles
21:00que de récupérer
21:01des papiers d'identité,
21:02si vous voulez.
21:03La formation est longue,
21:04elle est exigeante,
21:05ça dure dedans.
21:05C'est l'inverse d'une secte.
21:06C'est compliqué d'y rentrer,
21:08c'est facile d'y sortir.
21:09Et quand on leur demande
21:10pourquoi ils veulent baptiser,
21:12les nouveaux baptisés,
21:13les catéchumènes répondent
21:14un, pour être sauvés,
21:15deux, pour être l'enfant de Dieu,
21:16deux, trois, pour suivre le Christ
21:17et quatre, pour faire partie
21:18de l'Église.
21:19Donc, autant vous dire
21:20que ça demande une sacrée dose
21:21d'humilité, de courage,
21:22de liberté, un peu de folie.
21:23Bref, il faut être sacrément punk
21:24pour demander à être baptisé.
21:26En même temps,
21:26je ne sais pas si vous avez connu
21:27plus punk que le Christ
21:28depuis 2000 ans.
21:29Alors, parler de foi identitaire
21:31ou de religion identitaire,
21:33la foi catholique n'est pas
21:34un ingrédient identitaire
21:35comme un autre.
21:36Ou disons que le catholicisme
21:37est constitutif d'une identité
21:39qu'à partir du moment
21:39où on reconnaît la véracité,
21:41où on suit les dogmes,
21:42la morale et les mœurs
21:43qu'elle induit.
21:44Et il faut reconnaître
21:45que c'est un tantinet
21:46en décalage avec les sommations
21:47du monde d'aujourd'hui.
21:48Alors, il existe plusieurs phénomènes
21:49pour expliquer.
21:50On nous dit qu'il y a
21:51plusieurs phénomènes,
21:51le confinement,
21:52les réseaux sociaux,
21:54l'apparition des soutanes,
21:56la disparition des pompes
21:57orthopédiques.
21:57C'est plutôt une bonne nouvelle.
21:59Il y a certains,
21:59c'est que quand ces milliers
22:00de Français sont interrogés,
22:02on écoute leurs témoignages
22:03et ils disent
22:03que ce n'est pas par consolation,
22:04c'est par libération.
22:05Libération de la vie intérieure
22:08qui s'affranchit
22:08de la civilisation moderne,
22:11cette conspiration universelle
22:12comme l'écrivait Bernanos.
22:14Et forcément,
22:15dans une société
22:15qui promeut le soi,
22:17qui transforme les vertus
22:18en caprices
22:18et les promesses en échecs,
22:20le christianisme
22:21peut offrir
22:22une porte de sortie
22:23pour les enfants
22:23qui sont tristes
22:24et qui ne savent pas
22:25pourquoi ils sont tristes.
22:27Mais il faut reconnaître
22:27quand même que l'élévation
22:28de l'âme est un peu plus réjouissante
22:29que l'élévation
22:30du nombril, forcément.
22:31Enfin, dernière chose
22:32assez importante,
22:33peut-être pour expliquer
22:33ce phénomène,
22:34c'est que le christianisme
22:35ce n'est pas une religion du livre.
22:37C'est la religion du verbe,
22:38du verbe incarné.
22:39C'est-à-dire qu'il est incarné
22:39par Jésus-Christ,
22:40qui est fils de Dieu,
22:41qui lors de son dernier repas
22:42le avait les pieds de ses apôts.
22:43Donc on a un Dieu qui débarque
22:44et qui vous dit
22:45je ne viens pas pour que vous me servez
22:46mais pour que moi je vous serve.
22:47Forcément, ça fait bizarre,
22:48on n'est pas habitué.
22:49Et donc, être catholique,
22:50c'est chercher la vérité,
22:51on nous dit ça,
22:52et la vérité c'est le Christ.
22:53Donc c'est suivre le Christ.
22:54Alors, dire dit comme ça,
22:55ça peut paraître un peu flou,
22:56un peu bizarre,
22:57mais en fait c'est très simple.
22:58C'est que la conversion
22:59se fait par une rencontre,
23:00celle avec le Christ,
23:01mais elle passe par d'intermédiaire,
23:03mais pas par la persuasion,
23:04par l'exemplarité.
23:05Et en fait,
23:06vous admirez quelqu'un,
23:07comme ça que vous rencontrez,
23:08vous admirez sa droiture,
23:09sa bonté,
23:09sa généreuse idée,
23:10sa drôlerie,
23:11son honnêteté,
23:11puis vous découvrez,
23:12ah bah tiens,
23:13c'est marrant,
23:13il est hyper catholique,
23:14son moteur c'est le Christ.
23:15Bon bah ça donne peut-être
23:16ton ville de suivre,
23:17donc on va le suivre.
23:18Et des exemples comme ça,
23:18il y en a plein,
23:19on ne les connaît pas forcément,
23:20ils ne font pas l'une des médias.
23:21Peut-être le plus médiatique,
23:23il s'appelait Arnaud Beltrame,
23:24il a donné sa vie pour quelqu'un.
23:26Il y a un jeune catholique
23:27qui va se faire canoniser,
23:28qui s'appelle Carlo Acutis,
23:29qui va être le premier saint
23:30avec une adresse mail,
23:31qui était une personne plutôt riche,
23:32en basket,
23:33qui était un geek,
23:33voilà.
23:34Et bien,
23:34il y a des personnages comme ça
23:35qui inspirent,
23:36et par l'exemplarité,
23:38on se pose la question,
23:38on suit,
23:39donc s'il y a 10 000 nouveaux
23:40baptisés adultes,
23:41peut-être qu'il y a eu
23:4120 000 ou 30 000
23:42exemples catholiques
23:44dans le monde d'aujourd'hui.
23:45Et on aurait pu citer récemment
23:46Henri d'Anselme,
23:47un héros sac à dos.
23:49Merci à tous les deux,
23:50on se retrouve dans un instant,
23:52puisqu'on va parler
23:53des intellectuels,
23:55pourquoi les intellectuels
23:56se trompent,
23:57avec Samuel Fitoussi.
23:58A tout de suite.
24:03Quasiment 19h30 sur CNews
24:04pour la suite,
24:05de face à Mathieu Bocoté,
24:06toujours avec Mathieu bien sûr,
24:07et Arthur Devatrigan.
24:09Ça tombe bien de vous avoir,
24:10Samuel Fitoussi,
24:10puisque vous êtes auteur,
24:11vous avez écrit
24:12« Pourquoi les intellectuels
24:13se trompent ? »
24:14Et vous êtes face
24:14à un intellectuel.
24:16Est-ce qu'il se trompe ?
24:17Je ne sais pas.
24:18Mais ravi de vous avoir
24:19sur ce plateau,
24:20Samuel Fitoussi.
24:21Pourquoi avoir invité
24:22Samuel Fitoussi ce soir ?
24:24C'est une question
24:25qui m'obsède depuis toujours.
24:26Pourquoi les intellectuels
24:27se trompent-ils aussi ?
24:28Souvent l'histoire du XXe siècle,
24:30si on s'était fié globalement
24:31aux intellos au XXe siècle,
24:32on serait tous en Germanie,
24:33comme disait Sardou.
24:35Peut-être plutôt à Moscou,
24:36mais d'une manière ou de l'autre,
24:36on ne serait pas
24:37dans un pays libre.
24:37Et pourquoi ?
24:38Et Samuel Fitoussi
24:39mène une enquête
24:40pour nous permettre
24:41de comprendre les raisons
24:42pour lesquelles
24:43les intellectuels
24:43se trompent si souvent.
24:45Samuel Fitoussi, bonsoir.
24:46Bonsoir.
24:47Alors, allons-y
24:47avec la question tout simplement.
24:48Pourquoi les intellectuels
24:49se trompent-ils si souvent ?
24:51Alors, je pense que les raisons
24:52sont évidemment...
24:53Très nombreuses.
24:54Vous avez 300...
24:54J'étudie notamment,
24:57parmi d'autres,
24:57des raisons d'ordre cognitif.
24:59Voilà.
24:59C'est-à-dire que,
25:00contrairement à ce qu'on a longtemps cru,
25:02la raison humaine
25:03n'a pas été façonnée
25:04par l'évolution
25:05pour nous mener vers la vérité,
25:06mais aussi pour faire
25:08bonne image en société,
25:10pour acquérir
25:10une bonne réputation.
25:11Parce que pour notre survie
25:12et notre production,
25:13notre image aux yeux des autres
25:14compte bien plus
25:15que la vérité des idées
25:18auxquelles on a adhéré.
25:20Et donc,
25:21quand le prix de l'erreur
25:23est faible,
25:23quand le prix de l'erreur
25:24est faible,
25:25souvent, notre cerveau
25:26nous oriente
25:26vers la rationalisation
25:28des mensonges
25:29ou des erreurs
25:30qui font consensus
25:31dans notre entourage.
25:32Or, pour les intellectuels,
25:34le prix de l'erreur
25:34est souvent très faible.
25:36Si vous prenez par exemple
25:37Simone de Beauvoir
25:38qui s'est trompé presque
25:39toute sa vie
25:39ou Sartre,
25:40ils n'ont eux-mêmes
25:41jamais subi
25:42les conséquences
25:43de leurs propres erreurs.
25:44Simone de Beauvoir
25:45a été dans les années 50
25:46en voyage en Chine,
25:48en Chine maoïste totalitaire.
25:50Elle est revenue,
25:50elle a écrit un livre
25:51de 450 pages
25:52à la gloire de Mao
25:54en expliquant que le maoïsme
25:55était un humanisme
25:56et en disant que la France
25:57serait bien inspirée
25:58d'appliquer à l'identique
26:00les politiques mises en place
26:01en Chine,
26:02à savoir des politiques
26:02qui ont tué
26:03des dizaines de millions
26:03de personnes mais elle-même
26:05jusqu'à la fin de sa vie
26:06a vécu une existence paisible
26:08dans les beaux arrondissements
26:09de Paris.
26:10Donc voilà,
26:10la raison humaine
26:11ne nous mène pas vers la vérité
26:12mais le boulanger,
26:15si son pain est mauvais,
26:16il perdra ses clients,
26:17il subit lui-même
26:17des conséquences
26:17de ses erreurs.
26:18L'entrepreneur,
26:19s'il fait des erreurs,
26:20sa société fait faillite
26:21mais l'intellectuel,
26:22malheureusement,
26:23est protégé
26:23des conséquences
26:24de ses erreurs
26:25et donc peut adopter
26:26ses idées
26:26plutôt pour la valeur sociale
26:28de ses idées
26:28que pour la valeur
26:30de vérité des idées
26:31en question ?
26:32Traduisons la valeur sociale
26:33des idées.
26:33C'est-à-dire que globalement,
26:34si je veux faire carrière
26:35à l'université
26:35ou dans les médias,
26:36il y a certaines idées
26:37que j'ai avantage à adopter
26:39si je veux faire carrière
26:40et par ailleurs,
26:41puisque j'aurais investi
26:42pendant plusieurs années
26:43ces positions-là,
26:44je ne peux pas changer d'idée
26:46sans sacrifier
26:47tout ce que j'aurais construit
26:48comme carrière
26:48donc mieux vaut quelquefois
26:49s'enfoncer dans l'erreur
26:50plutôt que s'amender.
26:51Voilà, exactement.
26:52Il y a quelque chose
26:53en plus chez les intellectuels,
26:54c'est que les intellectuels
26:56au sens large,
26:57les journalistes,
26:58les commentateurs,
26:58ici sur ce plateau télé,
27:00en général,
27:00les cercles d'amitié
27:01recoupent les cercles
27:02d'affinités idéologiques.
27:04Ce n'est pas le cas
27:04pour les employés du privé,
27:05par exemple.
27:06Un salarié chez Airbus,
27:08certains de ses amis
27:08sont de droite,
27:09certains de ses amis
27:09sont de gauche,
27:09certains de ses amis
27:10adorent Zelensky,
27:12certains de ses amis
27:12n'aiment pas beaucoup
27:12Zelensky, etc.
27:13S'il change d'avis,
27:15il monte dans l'estime
27:15de certains amis
27:16et baisse dans l'estime
27:18d'autres amis.
27:19Le coût du changement d'avis
27:20n'est pas extrêmement élevé.
27:22Alors que pour les journalistes,
27:23les intellectuels,
27:24changer d'avis,
27:26se renier sur certaines questions,
27:28c'est risquer de perdre
27:29sa chronique,
27:29être mal vu dans les soirées
27:30où on va avec ses collègues.
27:32Donc le coût du changement
27:33d'avis est très élevé
27:34et je montre beaucoup
27:35d'exemples dans mon livre.
27:36Par exemple,
27:37vous parliez en première partie
27:38de l'émission
27:38du génocide au Cambodge
27:41par les Khmer rouges.
27:43Libération, par exemple,
27:44c'est une étude de cas
27:45très intéressante.
27:46Libération a acclamé
27:47l'arrivée des Khmer rouges
27:49au pouvoir,
27:50a écrit le drapeau
27:51de la résistance flotte
27:52sur Phnom Penh.
27:54Puis, ayant fait ce titre,
27:56ayant publiquement applaudi
27:59l'arrivée d'un régime
28:01génocidaire au pouvoir,
28:02Libération ne pouvait pas
28:03se renier ensuite
28:04et a passé deux ans
28:05à rationaliser sa bêtise,
28:07à nier le fait
28:08qu'il pouvait y avoir
28:09un génocide,
28:10à expliquer que les récits
28:11des réfugiés
28:11qui nous parvenaient
28:12étaient en fait
28:12des fake news
28:13et c'est surtout
28:15leur correspondant sur place
28:17qui s'appelait Patrick Ruel
28:18avec des arguments
28:19toujours de plus en plus
28:19farfelus,
28:20avec une sorte de fuite en avant
28:21parce que les intellectuels
28:22et les commentateurs
28:23investissent publiquement
28:25dans leurs idées,
28:25fondent leur identité sociale
28:26sur leurs idées,
28:27ce qui n'est pas le cas
28:28des gens qui n'évoluent pas
28:30dans la sphère des idées.
28:31Vous connaissez la formule
28:32mieux vaut avoir tort
28:34avec Sarthe
28:34que raison avec Aron ?
28:36Comment la traduisez-vous
28:37dans votre enquête ?
28:38Oui, en fait,
28:39ce qui est drôle
28:40avec cette formule,
28:41c'est qu'il valait vraiment
28:42mieux avoir tort avec Sarthe
28:43que raison avec Aron.
28:44Un bon exemple,
28:45c'est Simon Leis.
28:47Donc, vous connaissez
28:47Simon Leis.
28:49Simon Leis a tenté
28:50d'alerter l'intelligentsia
28:51française sur le bilan
28:52humanitaire catastrophique
28:54du maoïsme.
28:55L'intelligentsia française
28:57révérait le petit livre
28:58rouge de Mao,
29:00incitait la France
29:02à appliquer les politiques
29:03mises en place en Chine
29:04et Simon Leis est arrivé
29:05dans les années 70,
29:06il a écrit un livre
29:07en expliquant
29:09que des dizaines
29:09de millions de morts
29:10s'accumulaient en Chine
29:10et que c'était un désastre.
29:12Eh bien, lui,
29:13il a été diffamé
29:14par Le Monde
29:14et par le Nouvel Obs.
29:15Il voulait faire
29:16une carrière universitaire
29:17mais étant donné
29:18qu'il a été perçu
29:19comme un anticommunisme
29:20primaire,
29:22ce qui était l'expression
29:23à l'époque,
29:23les portes de l'université
29:25se sont refermées sur lui,
29:26il n'a pas pu faire carrière.
29:26Il a fini en Australie.
29:27Et il a dû finir
29:28en Australie, effectivement,
29:29alors que tous ceux
29:30qui se sont très lourdement
29:31trompés sur Mao
29:32pendant des décennies
29:33n'ont jamais vraiment
29:34fait leur méa culpa,
29:35n'ont pas vraiment
29:36subi les conséquences
29:37de leurs erreurs
29:37et donc il valait
29:38effectivement à ce moment-là
29:42libéral, avec Leuvel,
29:43avec Aron, etc.
29:44Arthur Le Matrigan.
29:44Justement, vous dites
29:45que les intellectuels
29:46ne payent rarement
29:48le prix de leurs erreurs.
29:49Alors, c'est une erreur énorme
29:50comme soutenir
29:51un régime génocidaire
29:52mais disons qu'il y en a
29:53qui l'ont payé cher,
29:54par exemple Maurras.
29:55Donc, est-ce que ce n'est pas
29:56plutôt un privilège de gauche
29:57de ne pas payer les erreurs
29:58qu'on a commises ?
29:59Absolument.
30:00Je pense que c'est effectivement
30:02on pardonne aujourd'hui
30:03plus facilement à la gauche.
30:04En fait, depuis au moins
30:06la Seconde Guerre mondiale,
30:07on considère que
30:08quand la gauche se trompe,
30:08c'est une dérive,
30:10c'est un égarment,
30:11c'est un dévoiement
30:12de sa nature réelle
30:13qui par essence serait bonne.
30:15Donc, on pardonne,
30:16on considère qu'un intellectuel
30:17de gauche qui se trouve
30:17est un peu perdu
30:18mais on peut toujours
30:19le ramener à la raison
30:20parce que jamais
30:20on ne remet en cause
30:21la pureté des intentions
30:22alors que quand la droite
30:24se trompe,
30:25on dit ça y est,
30:26tu as laissé tomber le masque,
30:27voilà ton vrai visage
30:28qui serait forcément
30:30par essence mauvais.
30:31Ou alors,
30:32quand la droite ne se trompe pas,
30:33on considère que la droite
30:34dissimule sa nature réelle.
30:36Un bon exemple
30:37dans l'actualité contemporaine,
30:38tu sais, ça m'avait marqué,
30:39c'est quand il y a eu
30:40la marche contre l'antisémitisme
30:41il y a un ou deux ans.
30:43LFI avait refusé d'aller
30:44et le RN y était allé.
30:46Et on avait reproché
30:47au RN sa présence
30:48sous-entendant que sa place
30:49n'y était pas
30:50parce que par essence
30:50le RN serait antisémite
30:51et on avait reproché
30:53à LFI de ne pas y être
30:54sous-entendant qu'en fait
30:55sa place y était
30:55parce que par essence
30:56la gauche ne peut pas
30:57être antisémite.
30:58Donc voilà,
30:59vous avez raison,
30:59il y a ce double standard,
31:00on pardonne plus facilement
31:01à la gauche
31:01donc le coût de l'erreur
31:02est moins faible
31:03et plus faible
31:04pour la gauche
31:04et c'est peut-être pour ça
31:05que ce sont surtout
31:07les intellectuels de gauche
31:07depuis 1945
31:08qui se sont le plus trompés.
31:09Alors le point de départ,
31:10vous dites depuis 1945,
31:12le point de départ
31:12est-ce qu'on ne pourrait pas dire
31:13que c'est à la rigueur
31:14la révolution,
31:16plus récemment
31:16la révolution russe
31:17à tout le moins,
31:18l'histoire du XXe siècle
31:19des intellectuels.
31:20Vous parlez par exemple
31:21d'Arthur Kostler dans le livre.
31:22Kostler, grand écrivain,
31:23génial écrivain,
31:24mais qui a eu sa phase
31:25de communisme maniaque,
31:27il va en Russie
31:27au temps du communisme
31:29et donc c'est avant 1945
31:31et qu'est-ce qu'il voit ?
31:34Eh bien, il décide
31:34de ne pas voir ce qu'il voit
31:35selon la formule
31:36que c'est aujourd'hui
31:37et il va demeurer fidèle
31:40au communisme
31:40même s'il a devant lui
31:41l'échec de son rêve.
31:43Exactement.
31:44L'exemple de Kostler
31:45est absolument frappant.
31:47Il va en Ukraine
31:49pendant la famine
31:49qui avait 5 millions de morts.
31:51Il voit des gens
31:52par terre,
31:53squelettiques,
31:54qui supplient
31:55les rares touristes
31:56de leur donner
31:57un morceau de pain
31:57qui proposent d'échanger
31:58leurs vêtements
31:58contre un morceau de pain.
32:00Il voit des femmes
32:01tenir leur bébé squelettique
32:02dans leurs bras
32:03et supplier
32:04les passagers d'un train
32:06de leur donner
32:07des miettes de pain.
32:09Il voit des gens
32:10qui ont perdu la vue
32:11à cause de la famine
32:12et tout ça,
32:12il le note
32:12dans son carnet de voyage
32:13mais pourtant,
32:15il n'arrive pas
32:16à faire le lien
32:18entre ce qu'il voit
32:18et le fait
32:19qu'il pourrait y avoir
32:20une famine
32:20et dans son carnet de voyage
32:21par contre,
32:22il dit
32:23il y a une super cabine téléphonique
32:26au milieu du village,
32:27ça augure
32:27d'un avenir fantastique
32:28et donc on voit
32:29à ce moment-là
32:30le cerveau idéologique
32:31à l'action.
32:32Son cerveau était entraîné
32:33pour nier ce qui était
32:35susceptible de réfuter
32:36les postulats
32:37auxquels il tenait
32:38et s'accrocher
32:39aux observations
32:39concordantes.
32:40Il a une formule
32:41parce que tout ça
32:42il le raconte
32:42dans ses mémoires
32:43écrites plus tard.
32:44Dans l'héroglyphe,
32:44je crois.
32:45Oui, sans doute,
32:46quand il était
32:46après être revenu
32:49de son embrigadement
32:50communiste
32:51et il écrit
32:51j'avais des yeux
32:52pour voir
32:53et un cerveau
32:54entraîné
32:54à déformer
32:55ce qu'il voyait.
32:56Donc je pense
32:56qu'effectivement
32:57c'est le mécanisme
32:59de l'idéologie
32:59qui peut aller
33:00très très loin
33:00et nous empêcher
33:01de voir ce qu'on voit
33:02et sans doute
33:02aujourd'hui
33:03est-ce le cas
33:03sur beaucoup de sujets
33:04à gauche
33:05sur l'identité
33:05l'immigration
33:06etc.
33:06Eh bien voilà
33:07donc vous nous dites
33:08sans doute
33:08aujourd'hui
33:09est-ce le cas
33:09quand on pense
33:10aux grandes erreurs
33:11des intellectuels
33:11on pense au XXe siècle
33:12erreur à répétition
33:14et ainsi de suite
33:14certains se diraient
33:15certains croyaient
33:16en 89
33:17avec la chute du communisme
33:18on disait
33:19bon finalement
33:19ils ont cessé
33:20de faire erreur
33:21ils ont cessé
33:21de se tromper
33:22et désormais
33:23ils ont renoué
33:24avec la réalité
33:25ils ont renoué
33:26avec le pluralisme
33:26ils ont renoué
33:27avec la liberté d'expression
33:28était-ce le cas
33:29selon vous ?
33:31Non je pense
33:31que ce n'est pas le cas
33:32en tout cas pas entièrement
33:33il y a une formule
33:34de Thomas Sowell
33:35que je cite beaucoup
33:35dans mon livre
33:35qui dit que le problème
33:36des intellectuels de gauche
33:37c'est que quand la réalité
33:38ne colle pas
33:39à leur théorie
33:39ils veulent changer
33:41la réalité
33:43mais ils ne l'emmettent pas
33:43en cause de leur théorie
33:44et je trouve
33:45que c'est assez juste
33:45aujourd'hui
33:46parce que c'est une forme
33:46de vérité révélée
33:47si je peux me permettre
33:48c'est un rapport religieux
33:49à leur propre thèse
33:49la vérité vient du ciel
33:51pour eux
33:51dès lors le réel
33:52doit s'adapter
33:52à la révélation
33:53voilà exactement
33:53et je pense aussi
33:54et vous en parliez
33:56un petit peu
33:56en première période
33:58que la gauche
34:00s'appuie sur un modèle
34:01de la nature humaine
34:02positif
34:02l'homme serait naturellement bon
34:03la société le corrompt
34:05donc toutes les imperfections
34:06de nos sociétés
34:06sont utilisées
34:08pour faire le procès
34:09de nos sociétés
34:09on dirait
34:09il y a 100 féminicides
34:11par an
34:11c'est donc la preuve
34:12qu'il existe
34:14un continuum de violence
34:15et donc il y a
34:16une faillite culturelle
34:17et il faudrait déconstruire
34:18pour reconstruire
34:18alors que les conservateurs
34:20s'appuient sur un modèle
34:21plutôt pessimiste
34:21de la nature humaine
34:22donc ils disent
34:23il y a 100 féminicides par an
34:25évidemment c'est horrible
34:26il faut tout faire
34:26pour réduire ce nombre
34:27mais peut-être
34:29que sans notre civilisation
34:30qui canalise plutôt
34:31pas mal nos prochains mauvais
34:32il y en aurait malheureusement
34:33peut-être encore plus
34:34et donc les conservateurs
34:35je pense se méfient
34:36de la radicalité
34:37ils pensent que la barbarie
34:39est susceptible
34:39de surgir à tout moment
34:40si on déconstruit
34:41l'ordre actuel
34:42ils sont précautionneux
34:43ils sont conservateurs
34:44alors que les progressistes
34:45chez les progressistes
34:46il y a une prime
34:46je pense à la radicalité
34:47parce que chez les progressistes
34:49les plus modérés
34:51sont des mous
34:52qui ralentissent
34:53l'édification
34:54de la société parfaite
34:55qui serait possible
34:56parce que pour eux
34:57l'homme est un bon sauvage
34:58et on pourrait façonner l'utopie
35:00en créant les bonnes institutions
35:01etc.
35:02Arsane Latrigan
35:02je tiens à vous parler
35:03de radicalité et de nuance
35:04est-ce qu'aujourd'hui
35:06on parle beaucoup
35:07dans le camp national
35:08de combat des idées
35:09de batailles culturelles
35:10est-ce que vous n'observez pas
35:11un risque de mimétisme
35:14c'est-à-dire
35:14de la même radicalité
35:15de ce manque de nuance
35:16à droite
35:17c'est-à-dire de prendre
35:18les armes de la gauche
35:18et d'user
35:19les mêmes armes
35:20et des mêmes outils
35:21je pense que ce qui a
35:22en partie préservé
35:23la droite de ça
35:24depuis 1945
35:25c'est que la droite
35:27était dans une position
35:28de dissidence
35:29et donc la droite
35:29avait été sans cesse
35:30contredite
35:31même les gens
35:34qui avaient que
35:34des amis de droite
35:35par exemple
35:35entendaient les idées de gauche
35:36sans cesse
35:37sur le service public
35:38à la télé
35:38etc
35:39et donc
35:40et je montre dans mon livre
35:41que le pluralisme idéologique
35:42est une condition
35:43de la rationalité
35:44on ne peut être que rationnel
35:44si on a accès
35:45aux arguments adverses
35:47qui nous permettent
35:47de nous remettre en cause
35:49et d'annuler
35:52certaines idées
35:53auxquelles on tient
35:54mais aujourd'hui
35:55il se passe
35:55je trouve qu'il y a un phénomène
35:56que je ne vois pas en France
35:58pour le coup
35:58mais que je vois aux Etats-Unis
35:59dans une partie
35:59de la droite trumpiste
36:00surtout depuis le départ
36:02de la gauche de Twitter
36:03et les Etats-Unis
36:04n'ont pas le service public
36:05une partie clairement
36:06je vois des dynamiques sociales
36:07à l'oeuvre
36:08au sein de la droite trumpiste
36:09qui sont les mêmes
36:09qui ont existé
36:10je pense pendant
36:11quelques années ou décennies
36:12à l'extrême gauche
36:13qui ont donné lieu au wokisme
36:14on voit aujourd'hui
36:15une partie de la droite trumpiste
36:16se radicaliser
36:17devenir assez complotiste
36:18anti-ukrainienne
36:19basculer dans l'antisémitisme
36:20écrire que Churchill
36:21c'était en fait le méchant
36:22pendant la seconde guerre mondiale
36:23et donc je pense
36:24que les mécaniques sociales
36:25à l'oeuvre
36:25sur cette partie
36:26de la droite trumpiste
36:27ce n'est pas toute la droite trumpiste
36:28il reste la frange libérale
36:29conservatrice classique
36:30de Douglas Murray par exemple
36:31même s'il est anglo-saxon
36:32mais une partie de la droite trumpiste
36:35je pense
36:35est soumise aux mêmes dynamiques
36:37et effectivement
36:38il faut garder en tête
36:39que le cerveau des gens de droite
36:40est exactement
36:41le cerveau des gens de gauche
36:42et que l'irrationalité
36:43peut toucher tout le monde
36:45alors on a l'habitude
36:46souvent de dire
36:46d'un côté
36:47il y a les errances
36:49des intellectuels
36:49et de l'autre
36:50il y a une forme
36:51de sagesse populaire
36:52et bon certains vont
36:53sur-théoriser la chose
36:54en parlant de
36:55quand même des sensi
36:56sans arrêt
36:56mais sur le fond des choses
36:58est-ce qu'il y a
36:58de telles choses
36:58que la sagesse populaire
37:00qu'on peut opposer
37:01à l'esprit spéculatif
37:02des intellectuels
37:03et de leur passion
37:03de l'ingénierie sociale
37:04oui
37:05je pense qu'il y a
37:06je pense qu'effectivement
37:08on en parlait
37:09avant l'émission
37:09les grandes faillites
37:12du 20ème siècle
37:13ont été le fait
37:14des intellectuels
37:15et non de l'homme ordinaire
37:16même le nazisme
37:17qu'on prend toujours
37:18en exemple
37:18l'historien Paul Johnson
37:20montre que
37:21les idées nazies
37:22étaient particulièrement
37:23populaires
37:24dans les années 30
37:25sur les campus
37:25sur les meilleurs campus
37:26d'Allemagne
37:27que Hitler
37:28enregistrait des scores
37:29chez les professeurs
37:31et les universitaires
37:32bien supérieurs
37:33à ces scores
37:33dans la moyenne
37:35de la population
37:36vous l'avez dit
37:37les Khmers rouges
37:39étaient passés
37:39par les bancs
37:40de la Sorbonne
37:40et avaient assimilé
37:41la pensée sartrienne
37:42sur la violence nécessaire
37:43etc
37:44donc je parle aussi
37:46dans mon livre
37:46d'Orwell
37:47dans les années 30
37:47qui ne trouvait pas
37:49d'éditeur
37:49pour son livre
37:51La ferme des animaux
37:52parce que c'était
37:52une satire
37:54anti-stalinienne
37:55et Orwell écrivait
37:57l'intelligentsia britannique
37:59a développé
38:00une loyauté nationaliste
38:01à l'égard de Staline
38:02elle a l'impression
38:02que critiquer l'URSS
38:03est une forme de blasphème
38:04pareil de l'autre côté
38:06de l'Atlantique
38:06pour Ayn Rand
38:07qui ne trouvait pas
38:08d'éditeur
38:09pour son livre
38:09Nous les vivants
38:10qui critiquaient
38:11la Russie post-révolutionnaire
38:12parce que à nouveau
38:13l'intelligentsia
38:14ne voulait pas dire du mal
38:17du marxisme
38:17du communisme
38:18et donc heureusement
38:19qu'à cette époque-là
38:20la démocratie
38:22permettait
38:23de jouer
38:23le bon sens
38:24de l'homme ordinaire
38:25contre les passions
38:26de l'intelligentsia
38:27c'est ça qui nous a évité
38:28de sombrer
38:29dans le totalitarisme
38:30qui a fait
38:31tant de morts
38:31à l'Est
38:32Nous en sommes aujourd'hui
38:34de 2025
38:34on a l'impression
38:35quelquefois
38:36que certains intellectuels
38:37leur influence
38:38a baissé
38:39a baissé un point tel
38:40qu'ils peuvent débattre
38:41entre eux
38:41leur théorie
38:42leur débat
38:43leur spéculation
38:44ne mord pas
38:44sur la réalité
38:45Est-ce votre avis ?
38:47Non
38:47je pense que
38:48le modèle d'intellectuel
38:49a changé
38:50on n'a plus d'intellectuels
38:51comme Sartre et Foucault
38:52qui vendent des millions
38:52de livres
38:53qui sont universellement écoutés
38:54au-delà des frontières
38:55etc
38:55pardon
38:56des millions de livres
38:57on n'a plus ça
38:58mais par contre
38:59on a je pense
39:00par exemple
39:01des universitaires
39:02qui parlent
39:03à une sociologie
39:04urbaine et diplômée
39:05cette sociologie
39:06urbaine et diplômée
39:06je le montre
39:07dans mon livre
39:07a une influence
39:08aujourd'hui
39:08d'ailleurs ça pose
39:09des questions
39:09d'ordre démocratique
39:10elle a une influence
39:11politique
39:12institutionnelle
39:12et culturelle
39:13très disproportionnée
39:14par rapport à son poids
39:15dans la population
39:16c'est par exemple
39:17cette sociologie
39:19qui est nourrie
39:20aux idées en vogue
39:21dans le monde universitaire
39:22aux idées intellectuelles
39:23ensuite par exemple
39:24elle va dans les mairies
39:25elle met en place
39:26des politiques publiques
39:27par exemple
39:27de déconstruction
39:28des stéréotypes de genre
39:28pour imposer la parité parfaite
39:30dans les cours de récréation
39:31encore la semaine dernière
39:32je lisais par exemple
39:33qu'une école
39:34avait mis en place
39:35des puces GPS
39:36pour œuvrer
39:38à une répartition égalitaire
39:39des petits garçons
39:39et des petites filles
39:40dans les écoles
39:42une idée complètement absurde
39:43mais qui nous vient
39:45directement
39:45des départements
39:46d'études de genre
39:47dans les meilleures universités
39:49du monde occidental
39:51donc je pense que
39:52les idées de l'intelligentsia
39:54façonnent encore
39:55les politiques publiques
39:56mises en place aujourd'hui
39:57l'intelligentsia
39:58aujourd'hui peut édicter
39:59des tabous
40:00je pense par exemple
40:01que dans la société française
40:02au sens large
40:02critiquer l'immigration
40:04n'est absolument pas tabou
40:05mais ça l'est un peu
40:06dans le débat public
40:06parce que
40:07chez les intellectuels
40:09qui d'ailleurs
40:10sont majoritairement de gauche
40:11ça l'est
40:12donc voilà
40:13je pense que
40:14les intellectuels
40:15au sens large
40:16gardent une influence
40:17très majeure
40:18sur la direction
40:18qu'auprès de nos pays
40:19alors est-ce que
40:19les intellectuels
40:20par ailleurs comme caste
40:21n'ont pas développé
40:21ensuite le concept
40:22qui interdit leur critique
40:23anti-intellectualisme
40:25donc la critique de la caste
40:26avec sa tentation autoritaire
40:28avec son réflexe
40:30d'encadrer le débat public
40:31en traitant la population
40:32comme un troupeau à rééduquer
40:33on dit anti-intellectualisme
40:34donc critiquer les intellectuels
40:36comme vous le faites
40:36en fait c'est le premier pas
40:38vers la démagogie
40:39oui
40:40absolument
40:41et il pourrait y avoir
40:43une part de vrai
40:44dans cette critique
40:45s'il s'agissait
40:46évidemment
40:46de critiquer la réflexion
40:48de dire qu'il ne fallait pas
40:49réfléchir
40:49qu'il fallait avérer
40:50à une forme de Nietzscheïsme
40:51et de congédier
40:54la réflexion intellectuelle
40:55c'est pas du tout le cas
40:56simplement de dire
40:57que les intellectuels
40:58peuvent avoir des biais
40:59et effectivement
40:59je pense que
41:00chez les intellectuels
41:00il y a souvent
41:01une forme de mépris
41:02de l'homme ordinaire
41:03c'est pas nouveau
41:03Simone de Beauvoir
41:05à nouveau dans les années 50
41:06elle justifiait
41:07l'interdiction
41:08de la presse d'opposition
41:09en Chine
41:09en disant
41:10les paysans chinois
41:12ne sont pas encore mûrs
41:13on ne peut pas leur présenter
41:14des opinions contradictoires
41:16il faut qu'on les oriente
41:17il faut qu'on les éclaire
41:18pour les orienter
41:18vers la bonne opinion
41:19et seulement après
41:20on pourra rétablir
41:22le pluralisme idéologique
41:23et pareil
41:25avec Fidel Castro
41:25il y a un interview
41:27de Simone de Beauvoir
41:27qui revient
41:28de Cuba
41:30et c'est fascinant
41:31elle explique
41:31je ne sais plus
41:31si c'est à Libération
41:32ou à l'Obs
41:32à l'Obs je crois
41:33elle chante
41:35les mérites de Fidel Castro
41:36en expliquant notamment
41:37que Fidel Castro
41:38se balade sur l'île
41:39et quand il voit
41:40des paysans
41:40qui n'agissent pas
41:41comme il faut
41:41par exemple
41:42qui construisent des maisons
41:43mais qui les construisent mal
41:44selon un plan
41:45que Fidel Castro
41:45juge pas idéal
41:46il les gronde
41:47il leur explique
41:48comment faire
41:49donc il y a une forme
41:49de paternalisme
41:50un mépris de l'homme ordinaire
41:51Marx et Engels
41:52même eux
41:53il y a des lettres
41:55de Engels à Marx
41:55qui expliquent
41:57que le prolétariat anglais
41:59se déshonore
42:00lorsqu'il ne vote pas
42:01suffisamment à gauche
42:02donc oui je pense
42:03qu'il y a toujours
42:03une forme de
42:04même si on se part
42:07du prestige
42:08de la démocratie
42:09et de la défense
42:09de l'homme ordinaire
42:10au contraire
42:10les intellectuels
42:11ont souvent eu
42:12un certain mépris
42:13pour l'homme ordinaire
42:14et on le voit aussi
42:15encore aujourd'hui
42:15avec la volonté
42:16de subventionner
42:17beaucoup de choses
42:18la méfiance
42:19avec Arthur
42:20on ne sera peut-être
42:21pas d'accord
42:21mais la méfiance
42:22à l'égard
42:22des logiques de marché
42:24on peut l'interpréter
42:25comme ça
42:25le marché
42:26incite les entreprises
42:27à produire
42:28ce que veulent
42:29les citoyens
42:30et l'intellectuel
42:31veut que plutôt
42:31ce soit régi
42:32par un modèle
42:33de subvention
42:33qui permet à l'intellectuel
42:34de dicter
42:35plutôt les orientations
42:36que prennent nos sociétés
42:37juste encore
42:38Arthur
42:38il vous parait de mépris
42:40est-ce qu'il y a-t-il
42:40également un mépris
42:41de l'intellectuel
42:42envers le politique
42:43alors j'ai l'impression
42:44que c'est plus un fossé
42:45qui sépare le politique
42:46de l'intellectuel
42:46mais carrément un océan
42:47je ne parle pas
42:48d'intellectuel présent
42:48dans les partis
42:49même avec un microscope
42:50on ne les trouverait pas
42:51mais même dans les conventions
42:52les réunions
42:53on a le sentiment
42:54qu'il y a 30-40 ans
42:55l'intellectuel
42:55est encore présent
42:56et aujourd'hui
42:57plus du tout
42:57oui
42:59y a-t-il une méfiance
43:00à l'égard des politiques
43:02sans doute
43:03surtout des politiques
43:06de droite
43:06je dirais
43:07parce que
43:07c'est
43:07de la part
43:08des intellectuels de gauche
43:09je pense que
43:11peut-être
43:11que le rôle
43:13de l'intellectuel
43:14peut être
43:14toujours frustrant
43:16c'est-à-dire
43:16que les intellectuels
43:17peuvent se sentir
43:17déconcilérés
43:18surtout
43:18je parle dans mon livre
43:19de la surproduction
43:21de ce diplômé
43:22dont parle Peter Turchin
43:23aujourd'hui
43:24il y a peut-être
43:24on produit énormément
43:25de surdiplômés
43:26de bac plus 5
43:27de doctorants
43:27etc
43:27et on n'a pas assez
43:29de postes
43:29qui leur donnent
43:30une vraie importance
43:33et donc
43:34il peut y avoir
43:34un ressentiment
43:35de cette classe
43:36de surdiplômés
43:36contre la société
43:37telle qu'elle existe
43:38contre la classe politique
43:39qui au final
43:40détient le pouvoir décisionnaire
43:41et qu'ils vont compenser
43:42la radicalité
43:43et voilà
43:43qu'ils vont compenser
43:44la radicalité
43:44à défaut d'avoir
43:45le statut social
43:46que je mérite
43:46sachez que je suis meilleur
43:47que vous
43:47parce que j'adhère
43:48à la théorie
43:48vraiment radicale
43:49exactement
43:50et d'ailleurs
43:51c'est intéressant
43:52parce que Orwell
43:53expliquait dans les années
43:5430 et 40
43:54que la raison pour laquelle
43:56les intellectuels anglais
43:57adoraient
43:58Staline et le communisme
43:59c'est parce qu'ils y voyaient
44:00une société
44:00où enfin
44:01c'était les intellectuels
44:03qui tenaient
44:03le fouet
44:05et je cite
44:07un anarchiste russe
44:08qui explique aussi
44:08que le but
44:09des théoriciens marxistes
44:11c'était d'instaurer
44:12une pédantocratie
44:13c'est-à-dire un régime
44:14où les pédants
44:14c'est-à-dire en l'occurrence
44:15les théoriciens marxistes
44:16tiendraient le fouet
44:17et gouverneraient
44:18enfin
44:18Une dernière question
44:19en 15 secondes
44:20la réponse
44:20Orwell a cette formule
44:22certaines idées
44:22sont tellement bêtes
44:23que celles des intellectuels
44:25peuvent y adhérer
44:25Vrai ou faux ?
44:26Absolument vrai
44:27Merci beaucoup
44:29Samuel Fitoussi
44:31d'être venu
44:31sur le plateau
44:32de face à Mathieu Bocoté
44:33Pourquoi les intellectuels
44:34se trompent
44:35Allez lire
44:36cet essai
44:37absolument passionnant
44:38Merci à tous les deux
44:39On se retrouve
44:40la semaine prochaine
44:40Quant à nous
44:41c'est l'heure des pros
44:42et c'est dans un instant
44:43Restez avec nous
44:44sur CNews
44:44On est ensemble
44:45jusqu'à 21h