Face à Bock-Côté (Émission du 13/04/2024)

  • il y a 5 mois
Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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Transcript
00:00 Quasiment 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour face à Mathieu Bocoté, cher Mathieu, bonsoir.
00:06 - Bonsoir. - Bonsoir Arthur de Vatrigan.
00:08 - Bonsoir. - Le point sur l'information c'est avec Michael de Santos.
00:11 Michael, bonsoir et ensuite on commence l'émission.
00:13 - Bonsoir Eliott, bonsoir à tous.
00:15 Paris, Lille, Marseille, les motards manifestent dans plusieurs villes de France contre le contrôle technique des deux roues.
00:20 Une mesure obligatoire dès lundi, censée accroître la sécurité mais très contestée.
00:25 Dans la capitale, 20 000 motos se sont réunies pour s'y opposer. Une dizaine d'actions sont prévues tout le week-end.
00:32 La situation s'est considérablement détériorée sur le front Est.
00:36 L'annonce a été faite par le commandant en chef de l'armée ukrainienne sur la messagerie Telegram.
00:41 L'armée russe a intensifié son offensive, notamment depuis la réélection de Vladimir Poutine.
00:46 De son côté, Volodymyr Zelensky continue, lui, de réclamer 60 milliards de dollars bloqués au Congrès américain.
00:53 Enfin, à Damas, une voiture piégée a explosé ce matin à proximité de plusieurs ambassades, sans faire de victime.
00:59 Le conducteur visé serait de nationalité libanaise.
01:02 Cette explosion survient dans un climat de tension régionale lié à une attaque contre le consulat d'Iran dans la capitale syrienne il y a deux semaines.
01:10 - Merci cher Michael pour le point sur l'information.
01:14 A la une de face à Mathieu Bocotte, l'immigration est la deuxième priorité des Français.
01:18 Pour les Européennes, la question migratoire ne se pose plus à Paris, mais c'est à Bruxelles qui pilote, aux grands dames des concitoyens.
01:25 Les chiffres explosent.
01:26 380 000 entrées illégales recensées aux frontières de l'Europe en 2023.
01:30 Des milliers de migrants qui débarquent sur la petite île de Lampedusa.
01:33 Mais encore faut-il poser les bons mots.
01:35 La submersion migratoire, expression récusée par Valérie Ayé ou encore Raphaël Glucksmann.
01:41 Alors déni ou réalité ? On en parle dans un instant.
01:45 Des Nord-Africains tués parce qu'ils consommaient de l'alcool le soir de l'aïd.
01:48 L'apparition des crimes d'honneur.
01:50 Samara traité de coufarde.
01:52 Un gérant de magasin menacé de mort pour avoir refusé une intérimaire voilée.
01:56 Les faits se multiplient et montrent une poussée décomplexée de l'islamisme sur notre sol.
02:01 L'islamisme à la conquête de l'islam de France au programme du second édito de Mathieu Bocotte.
02:07 Enfin ce samedi, cher Mathieu, vous recevez Pierre Valentin, essayiste, auteur de "Comprendre l'idéologie woke" pour ce livre.
02:14 Il s'est éterré les foudres d'une certaine Sandrine Rousseau.
02:17 Comment le wokisme a-t-il détruit la société occidentale ?
02:22 On en parle dans cette émission.
02:24 Voilà le programme face à Mathieu Bocotte. C'est parti.
02:39 Cher Mathieu Bocotte, lundi dernier sur CNews, Valérie Ayé, la tête de liste de la majorité pour les élections européennes,
02:46 a affirmé devant Marion Maréchal qu'il n'y a pas de submersion migratoire en Europe.
02:51 Ce n'était pas un dérapage. Elle avait dit la même chose dans les colonnes du journal du dimanche le week-end dernier.
02:58 On comprend donc qu'il s'agit chez elle d'une conviction forte.
03:01 Comment peut-elle en arriver à un tel déni ? Ce sera d'ailleurs l'objet de votre premier édito Mathieu Bocotte.
03:07 Vous savez, c'est une question qui m'a toujours passionné en sciences sociales comme dans la vie politique.
03:11 C'est la mécanique du déni. C'est-à-dire comment vous avez devant vous une réalité,
03:15 et c'est une réalité que vous ne pouvez pas accepter, sinon elle fragilise tout votre espace mental et tout votre système de pensée.
03:22 Dès lors, comment pouvez-vous nier ce que vous avez devant vous ? C'est le propre de l'idéologie.
03:29 Et on a vu effectivement une séquence avec Valérie Ayé en deux temps qui était assez passionnante en fait.
03:34 La première, dans le journal du dimanche, où elle nous dit tout simplement la submersion migratoire, c'est une caricature, ça n'a pas lieu.
03:41 Je la réfute. Ça n'existe pas. C'est assez clair.
03:44 Avec le problème qui est le suivant, c'est que l'électorat de Valérie Ayé n'est pas un électorat complètement insensible à ça.
03:50 Donc elle devra trouver une réponse tout à l'heure. Mais elle nous dit ça n'existe pas.
03:55 Donc elle n'est pas encore sur la position qui sera celle de Glusman. Par ailleurs, c'est très bien.
03:59 Elle va y arriver aussi. Mais elle commence en disant ça n'existe pas.
04:02 Et devant Marion Maréchal, dans un échange assez corsé, assez intéressant, c'est un débat passionnant que j'ai trouvé celui-là.
04:08 Tous ceux qui trouvent que la campagne des Européennes ne lève pas devraient s'intéresser au débat qui se multiplie.
04:13 Parce que qu'est-ce qu'on voit ? On voit des visions assez contrastées s'affronter.
04:16 Et elle nous dit comment explique-t-elle que la submersion migratoire n'existe pas.
04:19 Elle dit en 1930, il y avait 5% d'étrangers. Aujourd'hui, 7%. Et elle demande, elle est où la submersion migratoire ?
04:28 Bon, fin de la citation. Alors là, le problème est le suivant.
04:31 C'est que ça nous ramène à une question centrale.
04:33 C'est la définition strictement administrative et juridique de la nationalité française.
04:38 Normalement, entre la nationalité juridique et la nationalité identitaire, existentielle, culturelle,
04:45 il y a un lien qui est presque inévitable.
04:47 C'est-à-dire une nationalité juridique s'ancre dans un peuple historique.
04:50 Et obtenir la nationalité juridique, c'est la preuve qu'on s'est acculturé, qu'on s'est assimilé au peuple historique,
04:56 à la majorité historique d'un pays, à la population historique d'un pays, qu'on en a pris la culture,
05:01 qu'on en a pris les traits culturels, identitaires, qu'on en a pris finalement l'histoire aussi.
05:07 On a appris à dire « nous » avec ce peuple.
05:09 Valérie Ayé nous dit non, non, non, la nationalité c'est strictement juridique.
05:12 Dès lors, ce qu'elle refuse de voir, c'est comment à donner sans arrêt la nationalité administrative ou juridique,
05:19 sans l'accompagner d'un processus d'assimilation, mais qu'est-ce qu'on a vu au fil du temps ?
05:23 Eh bien, la proportion des gens qui sont français de papier au sens strict,
05:26 c'est-à-dire qu'ils ont tous les papiers de la nationalité ou de la citoyenneté,
05:29 mais qui ne sont pas de culture française, qui n'ont pas rejoint l'identité française,
05:33 eh bien, ce processus s'est accéléré.
05:36 On pourrait dire que depuis les années 80, et ces années-ci,
05:39 c'est le grand écart entre ce que veut dire être français en papier et être français sur le plan culturel,
05:44 c'est un écart qui ne cesse de s'étendre.
05:47 Et autrement dit, quand elle nous dit comme argument qu'il y avait 5 % d'étrangers dans les années 30,
05:52 aujourd'hui 7 %, elle ne comprend tout simplement pas que quand la population d'un pays change,
05:57 son identité change, sa culture change.
06:00 Imaginons si demain, par l'évolution de la démographie, vous avez une France à 70 % ou 50 % musulmane, par exemple.
06:08 En tout respect pour l'islam, c'est une religion honorable.
06:11 Mais imaginons que la France devienne un pays à 50 % musulman.
06:14 Est-ce qu'on dirait que la France n'a pas changé parce que tous ces gens-là ont la nationalité française?
06:18 Ou est-ce qu'on dirait le changement de religion, le changement de culture, le changement de mœurs,
06:23 ça veut dire quelque chose sur l'identité même du peuple français.
06:26 Donc, c'est assez intéressant de voir comment elle nie, elle se réfugie dans la fiction juridique
06:30 pour ne pas avouer que quand un pays change de population, il change tout simplement d'identité.
06:35 J'ajoute une chose qui me semble assez importante.
06:37 Comment fonctionne la dynamique de submersion migratoire et du communautarisme?
06:41 Vous avez de l'immigration, et là vous en recevez au-delà de vos capacités d'intégration et d'assimilation.
06:46 Mais à ce moment-là, vous ne cessez pas d'en recevoir, vous continuez d'en recevoir.
06:50 Donc, qu'est-ce qui se passe à ce moment-là?
06:52 Des communautarismes se forment et les immigrés qui arrivent ne s'intègrent plus à la nation d'accueil.
06:57 Il y en a qui s'intègrent, évidemment, je ne dis pas le contraire,
06:59 mais il y en a beaucoup qui s'intègrent à ces communautarismes qui ont pris forme,
07:03 qui sont un effet de débordement démographique.
07:05 Donc, vous recevez plus que ce que vous êtes capable d'intégrer,
07:07 vous recevez plus que ce que vous êtes capable d'assimiler.
07:09 Des communautés se forment, des communautarismes se forment.
07:12 Ces communautarismes, à terme, réclament une forme de souveraineté implicite sur certaines parties du territoire,
07:17 ce qui amène Bruno Retailleau cette semaine à dire que la Burkina…
07:20 pardonnez-moi, la Sharia s'applique sur plusieurs parties du territoire français.
07:24 Donc, on est dans une logique de négation, ce qui amène, soit dit en passant, sur un autre registre,
07:28 Marie Toussaint, dans un autre débat d'ailleurs avec Martin Maréchal, c'était sa semaine,
07:32 à dire que le Burkini dans les piscines municipales, pas de souci, c'est dans le respect du vivre ensemble,
07:38 et pour peu que ça se fasse en bonne entente avec les administrés.
07:41 Donc, au nom du Burkini, du vivre ensemble, on permet le Burkini,
07:45 et c'est s'opposer au Burkini qui devient discriminatoire.
07:49 J'ajoute une chose, parce qu'il y a plusieurs éléments à ajouter,
07:51 plus la différence culturelle est grande entre la population d'origine et la population d'accueil,
07:56 et si vous avez en plus une différence civilisationnelle, plus l'intégration et l'assimilation sera compliquée.
08:02 Donc, si vous avez le nombre, le nombre et le nombre, plus une différence culturelle très marquée,
08:07 ça va être encore plus difficile.
08:08 Ce pourquoi, on est tout à fait en droit de dire que c'était plus facile d'intégrer des réfugiés ukrainiens
08:14 que des réfugiés venant d'autres parties du monde.
08:17 C'est simple bon sens à travers cela.
08:19 Dernier élément, dans ce premier survol, comment, autrement dit, on réussit à nier.
08:24 En fait, quand on ne nie plus la submersion migratoire, on va nous dire en fait,
08:29 elle a toujours eu lieu, elle a toujours eu lieu, donc il n'y a pas de submersion,
08:32 parce qu'elle a toujours eu lieu depuis la nuit des temps.
08:34 Donc, de quoi vous inquiétez-vous, cette identité n'existe pas,
08:37 elle n'a qu'un seul élément d'identité française, c'est une tradition d'ouverture à l'immigration.
08:41 Ou alors on dit, elle est irréversible, on ne s'y attendait pas, mais là, ça a tout bouleversé,
08:45 on ne peut pas revenir en arrière.
08:47 Ou alors, c'est l'argument de Raphaël Glucksmann qui nous dit, mais c'est absolument essentiel,
08:52 pour notre économie, notre économie s'effondrerait.
08:54 Donc, la France a besoin de cette immigration massive pour fonctionner.
08:58 Ce que nous dit aussi Mme Valérie Ayé, lorsqu'elle dit comment ça fonctionnerait dans nos restos
09:02 et pour le ménage, si on n'avait pas ces populations qui viennent de loin pour faire ce travail.
09:06 Ce qui est d'une manière un peu étonnante de réhabiliter l'idée du travail sous-payé
09:10 pour être capable de satisfaire les besoins des bourgeois.
09:13 - Mathieu Bocoté, le pacte européen sur l'asile et l'immigration se présente pourtant
09:19 comme une grande avancée pour réguler l'immigration au sein de l'Union Européenne.
09:23 N'est-ce pas une reconnaissance de la part des élites mondialisées
09:26 que vous critiquez qu'il y a bien un problème et qu'il faut le régler ?
09:29 - Ça, c'est le moment de l'aveu à demi. C'est-à-dire qu'est-ce qu'on entend ?
09:32 On dit non, il n'y a pas de problème de l'immigration, mais par ailleurs,
09:35 on fait un pacte au niveau européen pour s'assurer de régler le problème.
09:37 Mais pourquoi voulez-vous régler le problème s'il n'y a pas de problème ?
09:39 Mon cerveau, il capote devant ça. Mais qu'est-ce que je vois devant cette réalité ?
09:43 C'est la reconnaissance première, c'est-à-dire, bon, on a des peuples qui nous disent qu'ils sont submergés.
09:49 On doit au moins donner l'impression qu'on tient compte de leur point de vue.
09:54 Donc, on dit là, on va maîtriser l'immigration.
09:56 Mais on n'est pas assez attentif, je crois, au vocabulaire des élites de l'oligarchie européenne, en fait.
10:02 Un mélange d'oligarchie et de nomenklatura qu'on a à Bruxelles.
10:06 Mais qu'est-ce qu'on nous dit ?
10:07 Que le pacte sur l'immigration va permettre d'organiser et d'encadrer l'immigration massive.
10:12 Non pas de stopper l'immigration massive, ce n'est pas l'objectif.
10:15 D'ailleurs, quand on écoute Mme Johansson, dont on a souvent parlé ici,
10:18 elle dit qu'il faut favoriser l'immigration massive.
10:20 La nomenklatura bruxelloise et l'oligarchie européiste veulent une immigration massive.
10:26 Et considère que ce pacte va permettre de favoriser l'immigration massive
10:30 tout en l'encadrant pour limiter ses aspérités.
10:33 Donc, c'est une machine, on connaît la méthode,
10:36 ça transforme l'immigration irrégulière en immigration dite régulière,
10:40 ça transforme les immigrés illégaux en immigrés légaux,
10:44 et dès lors, on nous dit que les procédures juridiques ont été respectées, il n'y a pas de problème.
10:47 Et Raphaël Glucksmann, pour redire son nom,
10:50 les politiques qui sont des intéléos, c'est intéressant parce qu'ils développent leurs arguments.
10:55 Et Glucksmann, qui est un type intelligent, qui dira le contraire,
10:58 nous dit que les Français n'ont pas de problème avec l'immigration fondamentalement.
11:02 Ils ont des problèmes avec le fait qu'elle soit mal encadrée.
11:04 On pourrait voir là-dedans quelque chose comme une déconnexion,
11:07 certainement pas de son électorat, une déconnexion qui est un électorat où globalement,
11:11 vous avez noté, parenthèse, la fascination médiatique dans la presse de gauche,
11:15 Raphaël Glucksmann, on nous présente ça comme une forme de fusée.
11:18 - La romande Tadda.
11:19 - Oui, c'est assez... et là, c'est comme on sent un enthousiasme chez ceux qui décrivent sa campagne.
11:23 On pourrait presque croire qu'on témoigne ici de sympathie pour lui.
11:26 Mais quoi qu'il en soit, il nous dit, il n'y a pas de problème avec l'immigration massive.
11:31 Il faut simplement l'encadrer. Dès lors, aucun souci.
11:35 Autre chose, au cœur de ce pacte, il faut quand même comprendre,
11:38 il y a un élément plus important que tous les autres, c'est l'absolutisation du droit d'asile.
11:42 Le droit d'asile est plus important que tout.
11:44 Tout le reste doit être inféodé au droit d'asile,
11:46 qui devient le droit fondateur de l'identité européenne,
11:49 ce qui nous rappelle de ce point de vue qu'on est dans une vision très habermassienne de l'Europe.
11:53 L'Europe, qu'est-ce que c'est?
11:54 C'est Habermas, le philosophe qu'a déjà cité Emmanuel Macron, soit dit en passant, positivement.
11:59 Donc, on nous présente qu'est-ce que c'est l'Europe.
12:01 C'est la procédure, c'est l'état de droit, c'est une certaine conception de l'économie de marché régulé,
12:06 c'est une nomenclatura, c'est une oligarchie, c'est le refus de la souveraineté des peuples,
12:11 ou à tout le monde, souveraineté limitée pour les peuples.
12:13 C'est la programmation, une transformation de leur identité et de la composition démographique.
12:17 De ce point de vue, j'aimerais dire que l'Union Européenne, qu'elle est à la civilisation européenne,
12:21 ce que l'URSS était à la Russie, on revient toujours à cette comparaison.
12:24 On apprenait cette semaine, Mathieu Bocote, sans surprise que le Conseil constitutionnel
12:28 refusait la tenue d'un référendum sur l'immigration.
12:32 Et cette décision ne risque-t-elle pas de radicaliser la crise démocratique autour de cette question migratoire?
12:38 Absolument. Là, on touche, on flirte avec la crise de régime.
12:41 Je pense que tout nous y conduit, mais là, on touche à l'essentiel.
12:44 Alors, il ne faut jamais oublier que l'immigration massive n'a jamais été désirée par les Français.
12:48 Ils l'ont subie. On a commencé à leur dire qu'elle n'avait pas lieu, que ça n'existait pas,
12:52 que c'était une fabulation. Et quand les Français, devant cette fabulation qu'on leur prétend,
12:58 ont quand même dit « non, ça existe ». Donc, il a commencé à y avoir des mouvements politiques,
13:01 populaires, pour réagir à l'immigration massive. On les a diabolisés.
13:05 On les a diabolisés de telle manière que le prix à payer, socialement, culturellement, financièrement,
13:09 économiquement, politiquement, pour marquer son opposition à l'immigration massive, était très, très, très élevé.
13:14 Le dogme du régime, c'est l'immigration massive. Et quand, donc, ces mouvements...
13:18 On a créé tout un dispositif juridique pour pénaliser et criminaliser ceux qui remettaient en question
13:23 l'immigration massive et qui ne croyaient pas au récit de la diversité heureuse.
13:26 Et on voit, soit dit en passant, on a parlé cette semaine de l'affaire de Nemesis.
13:29 Vous savez, les jeunes militantes, féministes identitaires, l'une d'entre elles a fait présenter
13:34 une affiche, je crois que c'était à Besançon, "violeur étranger dehors".
13:38 Quelque chose comme ça, "expulser les violeurs étrangers de France".
13:41 Une affiche, on en pense ce qu'on veut, on peut être d'accord ou non, la question n'est pas là.
13:45 Mais elle a eu des sanctions, donc garde à vue pour cela, perquisition chez elle pour cela.
13:50 Je note que dans la même ville, le même procureur, ça nous vient de l'Incorrect d'ailleurs,
13:53 qui nous a donné l'information, c'est Emmanuel Reichberg, qui nous dit,
13:57 le procureur de la République de Besançon, qui a mis en garde à vue la jeune militante
14:03 qui a mis "violeur étranger dehors", avait décidé qu'il n'y avait aucun problème,
14:08 classé sans suite une pancarte qui était "un flic, une balle" lors d'une manifestation à Besançon.
14:13 Qui était, je devine, moins grave que ce que disait cette militante de Nemesis,
14:18 qui disait "les violeurs étrangers, expulsez-les". Je devine que si elle avait dit
14:22 "n'expulsez pas les violeurs étrangers", elle n'aurait pas eu de soucis avec la justice.
14:28 Alors, on y revient, cela dit, sur la question du référendum.
14:31 Le référendum, c'est quoi? C'est la volonté de s'emparer de cette question par la souveraineté populaire.
14:35 Parce que le régime tel qu'il existe aujourd'hui n'est plus capable de régler la question de l'immigration massive.
14:40 Donc, il faut réinjecter du politique, il faut réinjecter de la souveraineté,
14:43 il faut réinjecter le peuple dans la vie politique à travers cela.
14:46 Et le régime ne le souhaite pas, le régime le refuse, le régime veut censurer la possibilité
14:51 que la souveraineté populaire s'empare de la question de l'immigration massive.
14:54 Il y a donc une tension entre deux légitimités. Voilà pourquoi je dis tout cela,
14:58 comme nous le suggérait Marcel Gauchat d'ailleurs, nous conduit une crise de régime semblable à celle de 1958.
15:03 Arthur de Vatrigan, la submersion migratoire, c'est un mythe,
15:08 c'est finalement ce qui permet d'alimenter le jeu, la politique de l'extrême droite?
15:14 Si vous comprenez quelque chose de la feuille de route de nos gouvernants sur la politique migratoire, vous me prévenez.
15:20 Parce que si on reprend la chronologie depuis dix ans, on n'est quand même pas très loin de la bipolarité.
15:24 Ils ont commencé par nous expliquer, ça va bien se passer.
15:27 Si vous pensez l'inverse, c'est que vous êtes des racistes.
15:29 Ensuite, quand ça commençait un peu à se voir, ils ont dit, ça n'existe pas.
15:33 Plus c'est gros, plus ça passe. Pas de submersion.
15:36 Je rappelle 1,5 million d'immigrés illégaux en un quinquennat, ça représente 2% de la population française.
15:41 Et vous ajoutez les 900 000 officiels immigrés illégaux, même Arborne le verra un peu.
15:47 Ensuite, ils nous ont dit, on ne peut rien faire.
15:50 À l'échelle française, c'est trop compliqué.
15:52 On va le faire à l'échelle européenne. Ah, ça tombe bien, il y a un pacte de migration.
15:55 Tout ça avec la voix mielleuse d'un imam face à un mouton genre de laïd.
15:58 Et même Maïa Maïe nous a dit, sans préliminaire, dans deux ans, c'est réglé, plus de lampé-douzain.
16:03 Quand on ment et qu'atteint la plomb, normalement on prévient, on porte un écriteau, comme disait Audiard.
16:07 Après, ils ont dit, l'immigration, ils reprennent le slogan, l'immigration, c'est une chance pour la France.
16:14 Une chance pour la France, pourquoi ? Parce que sinon, votre ville ressemble à un bidonville.
16:18 En gros, c'est ce qu'ils disent, plus de poubelles, plus de déboueurs, plus de femmes de ménage, plus rien.
16:22 Bon, Paris, il y a des immigrés, je crois, et peut-être que c'est à cause de Madame Hidélgo,
16:26 ça représente, dans certains quartiers, un bidonville.
16:29 Bizarrement, dans mon village du Périgord, il n'y a pas un seul château brillant qui vient de Kaboul,
16:33 et pourtant les bistrots tournent et les poubelles sont ramassées.
16:36 Mais là où ils sont fascinants, c'est qu'ils se prennent le réel en pleine tronche à chaque fois,
16:39 et ils continuent à mentir en expliquant que oui, c'est une chance pour la France.
16:42 Alors, c'est tellement une chance pour la France qu'il y a notre sultan turc à côté
16:45 qui fête du chantage aux migrants tous les ans pour récupérer du pognon de l'Union européenne,
16:48 donc des Français.
16:49 C'est tellement une chance pour la France qu'il y a des territoires antiques qui sont sécessionnistes,
16:53 et ça s'est reconnu par même des ministres de l'Intérieur français.
16:56 C'est tellement une chance pour la France qu'il y a des jeunes femmes aujourd'hui
16:58 qui sont obligées de prendre les transports en commun avec des blouses zizipiuches qu'elles agglotent
17:01 au cas où elles se feraient agresser.
17:03 Et c'est tellement une chance pour la France que les catholiques se font zigouiller à Nantes, à Nice,
17:06 que les profs se font égorger, et que même des enfants se font lâcher
17:10 au nom d'un sang de l'honneur qui est encore plus ancien que la préhistoire.
17:13 Mais ce qu'ils nous expliquent, tout ça, ce n'est pas très grave finalement,
17:15 parce que ce sont des faits divers.
17:17 Ce qui compte, c'est que les grands patrons continuent à exploiter d'un main-d'œuvre pas cher
17:20 pour faire le sale boulot et payer le moins possible.
17:22 En échange, ils font des soutiens de vote ou financiers aux élections.
17:26 Et nos candidats, on les a vus, monsieur Glousman et madame Hayé, mais d'autres également,
17:30 ils disent que c'est une chance pour la France.
17:32 Pourquoi ? Parce que ça leur permet de se faire livrer leur salade gourboure à 11h du soir,
17:36 après que, en vélo évidemment parce qu'ils sont écolos,
17:39 après que leur nœuvre sivoirienne ait couché les enfants,
17:43 et que leur boniche importée illustrait leur parquet haussmanien, la sirloue 13.
17:47 Mais tout ça, ils nous expliquent qu'en plus c'est une chance,
17:49 mais en plus je rappelle que ça ne coûte pas cher,
17:50 c'est 53,9 milliards d'euros par an au contribuable français, le coût de l'immigration.
17:56 Deuxième sujet, Mathieu Bocotte est à présent.
17:59 De nombreux événements cette semaine ont mis en scène des tensions internes au sein de l'islam de France.
18:05 Des tensions entre des musulmans qui souhaitent vivre à la française
18:07 et d'autres qui veulent imposer les codes rigides de l'islamisme.
18:11 Et tel sera le sujet de votre second édito.
18:14 - Oui, je pense que c'est vraiment la trame de fond de cette semaine de ce point de vue.
18:17 Vous savez, c'est une discussion qui revient en boucle sur les plateaux de télé,
18:20 mais pas seulement, même dans l'université,
18:22 dans comment distinguer l'islam de l'islamisme.
18:25 Et là, on est dans une situation où cette distinction est réelle,
18:28 c'est-à-dire on voit des musulmans qui vivent en France,
18:31 et plus encore, qui ne vivent pas seulement sur le territoire français,
18:34 mais qui veulent vivre culturellement comme des français,
18:37 qui ont entrepris un parcours d'assimilation.
18:40 Ça ne va pas toujours de soi, hein.
18:42 Mais donc, ils font le choix de l'assimilation,
18:44 et je pense que ça, on ne peut que le célébrer,
18:47 mais qui sont pour cela punis et sanctionnés
18:50 par un islamisme conquérant qui se conjugue à la logique du crime d'honneur, quelquefois,
18:54 et un islamisme conquérant qui s'est donné comme objectif
18:57 d'exercer sa souveraineté et son pouvoir sur l'islam de France.
19:00 En gros, les islamistes disent « les musulmans nous appartiennent,
19:03 et les musulmans, vous ne vivrez pas comme des français,
19:07 et si vous osez vivre comme des français, vous allez le payer ».
19:11 Alors, on a quelques histoires en tête.
19:13 « Vivre comme un français », ça peut vouloir dire simplement,
19:15 pour une jeune femme, retirer le voile.
19:17 Ça veut dire, pour un jeune homme, se permettre de sortir du refoulement sexuel extrême
19:22 qui peut venir avec certaines religions,
19:24 et puis se dire « je sais de draguer une jeune fille ».
19:27 Ça peut être décider de manger pendant le ramadan,
19:29 alors que ce n'est pas permis par les gardiens les plus intégristes d'une certaine religion.
19:35 Donc, qu'est-ce qu'on voit à travers cela?
19:37 On voit des jeunes français, souvent, qui disent « j'ai envie de vivre à la française,
19:41 la France m'intéresse ».
19:42 Et vous avez des islamistes qui disent « vous ne vivrez pas à la française,
19:45 et vous allez payer pour ça ».
19:46 On a parlé la semaine dernière de l'affaire de la jeune Samara,
19:49 on a parlé de Shamsiddin, on a vu ce qui s'est passé à Bordeaux,
19:52 sur la question de l'alcool.
19:54 Et ce n'est pas un détail.
19:55 Moi, j'ai vu, je ne sais pas, je pense que c'est l'AFP,
19:57 qui disait « ah, une querelle autour de l'alcool à Bordeaux,
19:59 mais il faut arrêter de nous prendre pour des imbéciles ».
20:01 - Ils se sont, justement, une heure plus tard, ils ont rajouté « lié à l'Aïd ».
20:04 - Oui, d'accord, mais moi, ce qui m'intéresse, c'est la première version,
20:06 avant qu'elle soit corrigée par la puissance des faits.
20:08 On ne va quand même pas oublier la première version.
20:10 C'est comme quand Mme Bérouda a d'abord condamné Mila,
20:12 avant de ne pas la condamner ensuite.
20:14 Moi, je m'intéresse à la première version des gens.
20:16 Or, qu'est-ce qu'on voit dans cette séquence?
20:18 Eh bien, l'alcool, les rapports entre les hommes et les femmes,
20:21 la nourriture, c'est la question des mœurs.
20:23 Et là, c'est à ce moment-là qu'on voit que le voile n'est pas quoi qu'on en dise,
20:27 c'est vraiment l'expression d'une spiritualité intérieure.
20:30 C'est un marqueur social pour s'assurer de « vous nous appartenez,
20:34 vous ne sortirez pas de la communauté ».
20:36 Et ce qui est intéressant, c'est notre réponse devant cela.
20:40 Notre réponse, si on se contente de dire « valeur de la modernité »,
20:43 « valeur de la République », « valeur libérale »,
20:46 « les droits de l'homme », tout ça, c'est très bien,
20:48 mais ce n'est pas assez, parce que l'islamisme propose des mœurs.
20:52 L'islamisme propose un code sévère.
20:54 L'islamisme dit un encadrement de la vie.
20:57 Et si nous n'avons rien d'autre à offrir au niveau des mœurs,
21:00 alors c'est là que je dirais qu'on trébuche.
21:03 Parce que qu'est-ce qu'on s'est dit depuis 50 ans de l'Occident?
21:05 Eh bien, les mœurs, c'est privé.
21:06 Chacun fait ce qu'il veut de sa vie,
21:08 ce qui est une très bonne chose en général,
21:09 mais ça présuppose un cadre culturel partagé.
21:12 Or, qu'est-ce qu'on voit?
21:13 Si on a seulement notre relativisme à offrir à leur fanatisme,
21:17 le fanatisme n'en portera.
21:19 Donc, tout ça nous oblige à nous poser la question
21:21 de ce qu'on peut dire aujourd'hui, être français, être italien,
21:24 être allemand, être québécois, faites le liste.
21:26 De quelle manière réagir à cette offensive
21:28 où on cherche à s'emparer du corps des jeunes,
21:30 souvent des jeunes femmes en particulier,
21:32 pour les transformer en étant en art de communauté,
21:34 en les sanctionnant s'ils ne respectent pas les règles?
21:36 - Mathieu, d'un côté, vous parlez de choc de civilisation au quotidien,
21:39 mais ne sommes-nous pas en train de nous habituer justement à ce choc?
21:42 - Ah bien oui. Je pense que...
21:44 Regardez ce qui se passe.
21:45 Théoriquement, chacun de ces événements
21:47 devrait susciter une marche immense
21:49 et se mobiliserait pour ne plus dire jamais ça.
21:51 Mais on s'est habitués.
21:52 On sait qu'il y aura d'autres attentats terroristes.
21:54 On sait qu'il y aura d'autres Samuel Paty.
21:56 On fait tout pour que ça n'arrive pas.
21:58 Mais on sait que c'est inscrit dans la logique des événements
22:01 où, à tout le moins, il y aura des tentatives de Samuel...
22:03 de faire des Samuel Paty.
22:04 On sait que l'expression "je vais te faire une Samuel Paty"
22:07 est entrée dans les mœurs en certains lieux.
22:09 On sait qu'un professeur non musulman
22:11 qui voudrait... se permettrait de boire de l'eau, par exemple,
22:14 à l'école, dans une classe, d'une autre confession,
22:17 il risque, sinon sa peau, n'exagérons pas,
22:19 mais il risque certainement des sanctions
22:21 dans un environnement difficile.
22:23 Et là, qu'est-ce qu'on voit à travers tout ça?
22:25 C'est une reconquête culturelle qui est nécessaire.
22:27 Mais ça ne se fait pas le temps d'un mandat démocratique.
22:29 Ça ne se fait pas en quelques jours,
22:31 ça ne se fait pas en quelques semaines,
22:33 ça ne se fait pas en quelques années même.
22:35 Ça se fait en une génération.
22:36 Être capable de faire en sorte que tous ceux qui, en France,
22:38 sont musulmans ou d'une autre religion,
22:40 mais qui veulent vivre à la française, et il y en a,
22:42 et c'est pour ça qu'il faut le rappeler à tous ceux
22:44 qui disent qu'il n'y en a pas, il y en a,
22:46 il faut offrir un projet, et il faut combattre surtout
22:48 ceux qui veulent les enrégimenter à tout prix
22:50 en les transformant en soldats d'une idéologie
22:52 qu'ils refusent.
22:53 Mais ça, c'est la bataille d'une génération,
22:55 de deux générations, de trois générations.
22:57 La première condition pour la gagner,
22:59 c'est d'abord de l'entamer.
23:01 - L'islamisme qui, aujourd'hui,
23:03 est à la conquête de l'islam de France,
23:05 et donc ce choc des civilisations
23:07 auxquelles on est en train de s'habituer.
23:09 Arthur de Vatrigan.
23:11 - La France subit l'islam politique en feu croisé.
23:13 Vous avez parlé haut avec les frères musulmans,
23:15 toutes les enquêtes l'ont montré,
23:17 qu'ils infiltrent les institutions,
23:19 les ONG françaises, européennes,
23:21 et même les élus.
23:23 Vous avez par le bas, avec les salafistes,
23:25 qui on l'a vu ces derniers jours, justement,
23:27 visent des français d'origine immigrée et/ou musulmans
23:29 parce qu'ils sont trop assimilés.
23:31 Et vous avez évidemment la technique au bas boucal
23:33 d'Ital-islamistes, et là, qui attaquent notre civilisation.
23:35 Sauf que la question, c'est différences,
23:37 islam, islamisme, minorité, majorité.
23:39 Il y a eu une étude de l'IFOP,
23:41 rappelez-vous, c'est une enquête sur les français musulmans.
23:43 16% des musulmans ne condamnaient pas totalement l'auteur de l'assassinat d'Ondine Bernard.
23:49 72% des musulmans sont contre l'interdiction des ports de la baïa
23:53 qui a mis Djebba à l'école.
23:55 78% des musulmans jugent que la laïcité est discriminatoire envers les musulmans.
23:59 Et plus de 50% sont pour que les élèves n'assistent pas au cours
24:02 si le contenu heurte leur conviction religieuse.
24:04 Qu'est-ce qu'on peut tirer comme conclusion ?
24:06 Premièrement, c'est qu'il faudra arrêter de prendre les français
24:08 pour des buses en brandissant soit le diagnostic médical,
24:10 soit l'argument de la minorité à chaque offensive islamique.
24:13 Non, ce n'est pas une minorité, malheureusement.
24:15 Deux, que le travail de ça d'une grande partie de la gauche
24:17 et de nos progressistes pendant deux décennies
24:19 pour faire de la France non plus une réalité historique
24:21 mais un territoire administratif uniquement avec une logique de droit,
24:24 et une France réussite, ils ont labouré la terre,
24:27 les islamistes arrivent et plantent les graines.
24:29 Trois, qu'il soit temps d'arrêter de parler de séparatisme, de conquête.
24:33 Et enfin, qu'on arrête de parler de religion.
24:35 Ce n'est pas une religion, c'est une civilisation,
24:38 une civilisation clé en main qu'on appelle aussi l'islam.
24:41 Merci à tous les deux.
24:43 On revient dans un instant, on va recevoir Pierre Valentin
24:46 qui a écrit "Comprendre l'idéologie woke"
24:50 et j'ai cru comprendre également qu'il ne partira pas en vacances
24:53 avec une certaine Sandrine Rousseau.
24:55 Vous allez nous expliquer tout ça dans un instant.
24:57 A tout de suite pour la deuxième partie de "Face à Mathieu Bocote".
25:00 19h30 sur CNews pour la suite de "Face à Mathieu Bocote".
25:06 Mathieu bien sûr et Arthur de Vatrigan nous a rejoints
25:08 sur le plateau Pierre Valentin.
25:10 Merci d'être avec nous.
25:12 "Comprendre la révolution woke", on en parle dans un instant
25:16 après le point sur l'information avec Michael De Santos.
25:19 Six morts, huit blessés dont un bébé de 9 mois.
25:22 C'est le bilan provisoire de l'attaque survenue ce matin à Sydney en Australie.
25:26 Un homme armé d'un couteau s'en est pris au hasard
25:28 à des clients dans un centre commercial.
25:30 La saillant a fini par être abattu.
25:32 La piste terroriste n'est pour le moment pas privilégiée.
25:36 Après l'assassinat d'un berger israélien de 14 ans hier en Cisjordanie,
25:40 le Premier ministre Benyamin Netanyahou dénonce un crime odieux.
25:43 La police et les services de renseignement de l'État hébreu
25:46 évoquent même une attaque terroriste.
25:48 Depuis sa mort, des affrontements entre Palestiniens et Israéliens
25:51 auraient fait au moins un mort et des dizaines de blessés.
25:54 Enfin, les évacuations continuent.
25:56 Au Kazakhstan, plus de 100 000 personnes ont été évacuées
25:59 à cause de la montée des eaux de l'Oural.
26:02 Des milliers de personnes ont également dû quitter leur logement en Russie.
26:06 Ces crus sont liés aux fortes pluies, à la hausse des températures
26:09 et à la fonte des neiges.
26:11 Merci Michael pour le point sur l'information.
26:15 Pierre Valentin, auteur de "Comprendre la révolution".
26:18 Pourquoi avoir invité Pierre Valentin ce soir, Mathieu Bocoté ?
26:22 Le mot "Woke" est apparu il y a quelques années dans notre vie intellectuelle,
26:25 notre vie politique.
26:27 Il y a une espèce d'effet météorologique.
26:29 Tout le monde s'en est emparé, tout le monde avait quelque chose à dire sur le sujet.
26:32 Et ensuite, c'est comme s'il n'était pas assez de mode.
26:34 On n'est pas assez à autre chose, ça ne compte plus.
26:36 Mais la question de la révolution Woke, s'il y a vraiment révolution Woke,
26:39 il se peut que cette révolution, nous nous soyons habitués.
26:41 C'est-à-dire qu'elle est aujourd'hui partout présente, mais on ne la comprend pas.
26:44 Donc pour chercher à la comprendre dans ces manifestations,
26:47 pas seulement dans le monde des idées, mais dans ces manifestations,
26:49 nous recevons Pierre Valentin.
26:50 Pierre Valentin, bonjour.
26:51 - Bonjour.
26:52 - Alors, "Comprendre la révolution Woke",
26:54 il y a quelques années, le terme ne nous était pas familier.
26:56 Aujourd'hui, on le comprend.
26:57 Si vous deviez le définir simplement, première chose,
26:59 définir le Woke, il se manquait de mots.
27:01 - C'est une idéologie qui perçoit les sociétés occidentales
27:03 comme étant fondamentalement régie par des structures de pouvoir,
27:06 des hiérarchies de domination, des systèmes de pression
27:09 qui ont pour but, ou en tout cas pour effet,
27:11 d'inférioriser l'autre avec un grand A,
27:14 c'est-à-dire la figure de la minorité sous toutes ses formes,
27:16 par des moyens souvent invisibles, la langue.
27:19 Et le Woke, l'éveillé, c'est celui qui a pris conscience
27:22 de cet état de réalité néfaste, caché,
27:25 et qui se donne pour mission dans la vie d'aller éveiller,
27:27 d'aller conscientiser les autres.
27:29 Et ces méthodes sont l'annulation et la négation
27:32 sous toutes ses formes, donc négation de nos structures sociales,
27:35 parce que néfastes, négation de nos grandes figures historiques,
27:38 de nos statuts, etc.
27:40 Et c'est pour ça que j'ai choisi de titrer le premier chapitre
27:42 "La grande négation", parce que je voulais mettre cette dimension
27:45 qui est le seul fil rouge, à mon sens, possible
27:47 au sein des contradictions du Wokisme,
27:49 de l'action de ces militants.
27:50 - Alors, on essaie de comprendre le Wokisme,
27:52 vous avez évoqué les statuts, tout ça,
27:54 mais j'ai l'impression que ça, c'est la première étape,
27:56 étape 2020, peut-être un peu avant 2020, 2021.
27:58 Là, aujourd'hui, le Wokisme, pour peu qu'on le prenne au sérieux,
28:01 semble avoir pénétré notre société de mille manières.
28:04 Et je vous donne un exemple qui sort de l'actualité la plus récente.
28:07 Nicole Belloubin, qui propose des cours d'empathie à l'école.
28:11 Et devant la situation qui s'aggrave, la violence qui s'aggrave
28:14 dans les écoles françaises, elle dit
28:16 "Il faut plus de cours d'empathie."
28:18 Est-ce qu'on n'est pas avec cette approche-là
28:20 dans une forme de suite logique du Wokisme
28:22 appliqué à la pédagogie à l'école ?
28:25 - Je dirais que, je ne sais pas si l'empathie est WOK nécessairement,
28:29 mais en tout cas...
28:30 - L'idéologisation de l'empathie.
28:31 - Oui, j'entends.
28:32 Il y a eu M6 récemment qui a mis une séquence sur les réseaux sociaux
28:36 qui est devenue virale, d'une jeune élève
28:39 qui se fait harceler pendant trois longues minutes,
28:42 c'est difficilement soutenable jusqu'au bout.
28:45 Et on a une professeure qui n'ose pas vraiment trancher
28:48 entre les victimes et les bourreaux, sans doute parce qu'elle a trop d'empathie
28:51 ou trop de lâcheté, c'est parfois le problème de l'empathie aussi,
28:53 c'est que ça peut maquiller la lâcheté,
28:55 vis-à-vis de ce jeune harceleur et qui refuse de l'exclure,
28:57 en tout cas qui met les deux au même niveau.
28:59 L'empathie, elle n'est que une chose bonne
29:01 lorsqu'elle est dirigée dans une bonne direction, si vous voulez.
29:04 Et je pense que le Wokisme, plus généralement,
29:07 n'a pas vraiment d'empathie pour ceux qui s'opposent au Wokisme.
29:11 C'est comme ça que je reformulerais peut-être la question,
29:13 qui est que le dominant, le majoritaire,
29:18 ce qu'ils appellent assez facilement, assez souplement le réactionnaire,
29:21 on peut aller jusqu'à une déshumanisation totale de leur personne,
29:24 et là pour le coup, l'empathie vis-à-vis des ennemis de l'empathie
29:27 n'est pas permise.
29:28 C'est-à-dire qu'on peut, on a vu ça avec des hommes politiques au Royaume-Uni,
29:32 leur retirer leur compte bancaire.
29:34 - On peut penser à Nigel Farage.
29:36 - Nigel Farage, on peut les poursuivre en justice,
29:39 on peut légitimer par exemple le fait de tabasser des personnes
29:42 dites transphobes parce qu'elles contestent l'idéologie transidentitaire,
29:46 et là pour ces gens-là, il n'y aura pas d'empathie,
29:48 parce qu'ils poussent dans le mauvais sens de l'histoire,
29:51 et donc on peut tout leur faire.
29:52 C'est pour ça que je pense que cette notion d'empathie
29:54 est toujours à double tranchant, et personne n'est jamais
29:57 plein d'empathie jusqu'au bout, et c'est les premiers à tolérer
30:00 de larges exceptions à cette notion d'empathie lorsque ça les arrange.
30:03 - Alors, vous l'avez mentionné, on peut par exemple tabasser
30:05 une personne accusée de transphobie, on peut aussi dans certains cas,
30:08 lorsqu'on est devant des crimes, je pense à Crépole ici,
30:11 il y a quelques mois, mais nous ne sommes pas de ceux
30:13 qui avons oublié ces événements, où on a des gens qui disent
30:15 qu'on veut planter du blanc, quelqu'un dira on veut planter du noir,
30:18 tout le monde y verrait un racisme anti-noir atroce,
30:20 quelqu'un dira on veut planter de l'arabe,
30:22 on y verrait un racisme anti-arabe atroce, avec raison.
30:24 Planter du blanc, alors là c'est pas du racisme,
30:26 et on a eu tout le système médiatique pour nous expliquer
30:29 que c'était pas du racisme parce que le racisme anti-blanc n'existait pas.
30:31 Est-ce que c'est aussi une manifestation du wokeisme?
30:33 - Oui, tout à fait. Là on est en plein dedans,
30:35 c'est-à-dire que je parlais de système d'oppression,
30:37 tout fonctionne en système chez eux.
30:39 Tout fonctionne par opposition à une abstraction négative,
30:42 et d'ailleurs on notera que dans leur logiciel,
30:44 il y a une quantité très importante de synonymes du terme système.
30:48 Il y a l'hétéropatriarcat, il y a le blanc-triarcat,
30:51 donc ça c'est un mélange de blanc et de patriarcat,
30:54 il y a le système écrit cis-tem, ce qui veut dire cisgenre,
30:58 ceux qui ne sont pas transgenre, qui formeraient un système.
31:01 - Expliquez pour tous ceux qui ne sont pas familiers
31:02 avec cette notion cisgenre, Rolestin.
31:04 - Cisgenre c'est un homme qui s'identifie comme un homme
31:06 et une femme qui s'identifie comme une femme, pour faire simple.
31:08 - Ce qu'on appelait depuis la nuit des teints...
31:10 - Un homme et une femme.
31:11 - Voilà, et aujourd'hui il y a un nouveau nom pour ça.
31:13 - Il y a un nouveau nom, il y a une tautologisation du réel,
31:15 où il faut repréciser.
31:17 Et lorsque le militant veut avoir une sorte de légitimité morale,
31:21 il faut qu'il s'oppose à une abstraction négative.
31:23 Donc là, en l'occurrence, l'antiracisme se conçoit
31:26 comme quelque chose de systémique, c'est-à-dire qu'il faut lutter
31:29 contre le système en place et le remplacer par un système bon.
31:32 Ce qui fait que la personne blanche forcément participe
31:36 à un système de pouvoir et ceux qui s'opposent à ce système
31:39 sont de courageux petits dissidents, de petits Davids
31:43 contre un immense Goliath, face auquel on a le droit de tout faire.
31:46 Si on se raconte l'histoire d'un David contre Goliath,
31:49 on a le droit de lancer des pierres, on a le droit de lapider son adversaire
31:51 parce qu'après tout nous sommes faibles, nous sommes face à un système.
31:54 Juste un exemple là-dessus, il y a eu le procès récemment
31:57 de Thaab Ouafs et il était accusé de racisme
32:00 parce qu'il avait insulté la syndicaliste de police Linda Kebab
32:03 en la traitant d'arabe de service, là aussi qui se permet
32:07 dans l'espace public d'utiliser ces termes, si ce n'est les gens
32:10 issus de la mouvance Woke. Et on a vu un certain nombre
32:13 d'universitaires français venir à son procès pour essayer
32:17 de défendre Thaab Ouafs dans l'optique, à mon sens, éminemment idéologique
32:21 de ne pas laisser l'étiquette de raciste être officiellement collée
32:25 sur l'un des leurs parce que le racisme c'est forcément
32:28 ce que font les blancs et ça ne peut pas être quelque chose
32:31 issu de la part de non-blancs. Arthur de La Trigueur.
32:34 - On parle de thèse intellectuelle, on voit beaucoup dans le monde
32:37 intellectuel de gauche, mais aussi médiatique, politique, culturelle,
32:40 ces nouveaux éléments de langage, ces nouveaux arguments,
32:43 ces nouvelles thèses. Comment la gauche, à tout le moins,
32:46 a-t-elle été aussi grignotée, aussi rapidement, par le Wokisme en France ?
32:51 - Moi je pense qu'en règle générale j'essaie d'éviter ce qu'on appelle
32:54 les explications météorites, c'est-à-dire tout se passait très bien
32:57 dans notre magnifique petit monde, et là une météorite, c'est-à-dire
33:00 quelque chose d'extraordinairement rapide, extérieur, extraterrestre,
33:03 imprévisible, nous nous percutait et tout a changé.
33:06 Je pense qu'il faut plutôt aller, sur l'explication de la gauche
33:09 qui se fait grignoter de l'intérieur en l'espace de quelques années,
33:12 vers des explications un peu plus de l'ordre de "le vert est dans le fruit".
33:15 C'est-à-dire que même si on prend la métaphore du cheval de Troie,
33:18 les portes sont ouvertes de l'intérieur, même en analysant l'habilité
33:21 d'un virus, ça n'explique pas la faiblesse des anticorps.
33:24 Je pense que la gauche a accepté en son sein un certain nombre
33:28 de bombes à retardement idéologique qui aujourd'hui explosent.
33:31 L'une d'entre elles, c'est le jeunisme. Si vous avez 20 ans en 68,
33:34 vous avez tout intérêt à dire "les jeunes ont toujours raison",
33:37 quel que soit le contexte, particulièrement lorsqu'ils accablent
33:40 la vieille société. Lorsque vous prenez 55 ans dans les gens
33:43 mais que vous avez 75 ans et que vous avez un jeune de 20 ans
33:46 qui vous dit "ok, boomer", et qui vous dit "les jeunes ont toujours raison
33:49 et d'ailleurs vous avez tort", votre transgression a été transgressée.
33:52 C'est la suite logique des choses et je pense que ça explique
33:55 une partie de la non-réaction de la gauche dans la mesure où
33:58 c'était face à une jeune génération qui les insultait, qui traitait
34:01 leurs idées de vieilles idées dépassées. Dans la phrase "les nouveaux
34:04 damnés de la Terre", le premier mot a une certaine importance.
34:07 Un autre exemple de bombe à retardement idéologique,
34:10 c'est le rapport à la figure de l'autre, l'autre avec un grand A,
34:13 celui qui n'est pas comme nous a toujours raison.
34:16 Dans la question du genre, la philosophie queer,
34:19 qui d'ailleurs n'a pas de définition positive, ce qui est queer
34:22 c'est uniquement ce qui s'oppose à ce qu'ils appellent le normal,
34:25 le légitime et le dominant, il y a cette figure du transgenre,
34:28 de l'insaisissable, de celui qui brouille les catégories qui a été mis en avant
34:31 et donc lorsque quelqu'un trouve des nouveaux damnés de la Terre,
34:34 d'un seul coup il devient vraiment de gauche parce qu'il a déniché
34:37 de nouvelles minorités, de nouvelles victimes, et tous ses adversaires,
34:40 même s'ils sont de gauche, vont être catégorisés comme n'étant
34:43 de droite, voire d'extrême droite, parce qu'ils s'opposent à ceux
34:46 qui sont de droite, qui sont des conservateurs, des conservateurs
34:49 des nouvelles minorités, et ça c'est pour le coup une bombe
34:52 à retardement idéologique qui a fait des dégâts considérables au sein
34:55 de la gauche, et donc je pense que la gauche n'a pas fini de payer le prix
34:58 aujourd'hui. - Alors, je vous fais un instant historien des civilisations,
35:01 vous allez voir. D'un côté on a le wokeisme, de l'autre côté
35:04 on a l'islamisme. Je me demande quel est le lien entre les deux.
35:07 Si je vous disais, vous me donnez votre avis sur l'analyse,
35:10 le wokeisme détruit complètement le système immunitaire
35:13 qui est en train de produire des maladies qui font que l'on ne peut plus
35:16 utiliser l'entrée de l'islamisme, qui lui n'a pas les mêmes prévenances,
35:19 et c'est même instrumentalisé les droits et libertés proposées
35:22 par la société occidentale pour les retourner contre elle.
35:25 Donc est-ce qu'on peut dire que le wokeisme détruit de l'intérieur,
35:28 quitte à provoquer un effondrement psychique,
35:31 et ça rend possible la pénétration de l'islamisme?
35:34 - Moi je pense que c'est tout à fait ça. Je parlais de la figure
35:37 de l'autre tout à l'heure. Je pense que l'année 1989,
35:40 a été particulièrement charnière dans la mesure où c'est l'année
35:43 dans laquelle Kimberley Crenshaw, la théoricienne de l'intersectionnalité,
35:46 publie son premier article sur la question. C'est l'année où Francis Fukuyama
35:49 commence à théoriser la fin de l'histoire. D'ailleurs, les deux auteurs cités
35:52 réécrivent sur le même thème deux ans plus tard, en 1991.
35:55 Et c'est l'année du foulard de Creil, où là, on a vu la gauche
35:58 sur un carrefour, obligée de choisir entre deux voies,
36:01 soit rester cohérent avec une large part de ses principes,
36:05 c'est-à-dire laïcité, rationalisme, universalisme, féminisme, etc.
36:09 Chacun de ces ismes ont généré d'innombrables thèses
36:12 et sont quand même des idoles très conséquentes au sein de la gauche.
36:15 Mais il y avait une autre idole qui était, dont je vous parlais tout à l'heure,
36:18 la figure de l'autre avec un grand A. Celui qui n'est pas comme nous,
36:21 le différent, etc. qui est une idée chrétienne devenue folle.
36:25 Parce que dans un premier temps, cette idée, c'était simplement de se dire
36:28 ne cédons pas à un pur tribalisme, respectons la figure de l'étranger
36:31 qui peut nous apprendre des choses, etc. Tout le monde a la même valeur morale
36:35 face à Dieu, etc. Et progressivement, elle s'est radicalisée,
36:38 c'est devenu "tous ceux qui ne sont pas comme nous
36:41 ont un avantage moral incomparable, il y a des choses à nous apprendre,
36:45 et vont pouvoir nous condamner nous-mêmes, et ça c'est formidable.
36:48 Vous êtes formidables parce que vous n'êtes pas comme nous."
36:50 Et face à ça, la gauche a beaucoup de mal à comprendre que
36:54 la figure de l'autre avec un grand A pourrait mal s'entendre
36:58 avec les autres figures de l'autre avec un grand A.
37:00 Il y a des autres qui n'aiment pas les autres, en quelque sorte.
37:02 Des minorités qui n'aiment pas les minorités.
37:04 C'est aussi le problème du terme de minorité qui est un peu fourre-tout
37:06 et qui met dans une même catégorie des choses très différentes.
37:08 La femme est statistiquement majoritaire, pourtant décrite comme une minorité.
37:11 Et donc de ce point de vue-là, je pense que la contradiction
37:15 entre l'islamisme et les autres principes de gauche n'est pas accessible
37:19 à une grosse part de la gauche, car elle les met toutes sous une même étiquette
37:21 qui est celle de l'autre et de la minorité.
37:23 - Alors, la question se pose aussi, comment lutter contre le wokeisme ?
37:26 Alors, une partie de la gauche, vous le disiez sur Twitter, je crois,
37:29 il y a quelques jours, par réflexe anticlérical, en France comme au Québec,
37:32 par « les nouveaux curés » et puis « les nouvelles soutames »,
37:36 tous les termes sont utilisés.
37:38 Donc on mobilise l'anticléricalisme contre le wokeisme.
37:40 Premier élément, il y a la droite conservatrice ou nationale
37:43 qui en cette matière a été la première à critiquer ça.
37:46 Et il y a un certain centrisme qui dit « le wokeisme est un problème ».
37:51 Mais ces trois éléments sont incapables de s'entendre
37:53 et surtout, ils se cherchent à diaboliser les premiers qui ont vu,
37:56 les conservateurs, les nationaux, sont diabolisés en disant
37:59 « vous avez peut-être vu avant les autres, vous avez vu pour de mauvaises raisons ».
38:02 Comment comprendre cela ?
38:03 - Je pense qu'un des ciments cachés de la gauche,
38:08 d'une grosse part de la gauche en tout cas, depuis plusieurs décennies,
38:11 c'est l'unité négative.
38:12 C'est-à-dire qu'on a des hommes politiques qui assument, à gauche,
38:16 d'être rentrés en politique, non pas pour construire
38:19 et pour œuvrer pour un bien commun quelconque,
38:21 quel qu'il soit d'ailleurs, mais dans une optique de destruction
38:24 d'adversaires de droite.
38:25 Des gens qui disent « je suis rentré en politique pour lutter contre l'extrême droite ».
38:28 Plein de gens qui expliquent qu'ils se sont engagés en politique
38:30 à partir de 2002 par exemple, dans l'entre-deux-tours.
38:32 Et ça, c'est une logique que je trouve intéressante.
38:35 Et un élément qui va dans ce sens-là, c'est Manuel Valls,
38:38 qui lorsqu'il a quitté la gauche et la France,
38:42 a essayé de faire le déménagement inverse dans les deux sens.
38:45 L'un des deux est possible, l'autre est plus compliqué.
38:47 Ou dans sa stratégie pour redevenir de gauche,
38:50 il avait plusieurs options.
38:51 Si on se met à la place de ses conseillers en communication,
38:54 il aurait pu faire un livre par exemple sur Jaurès,
38:56 implicitement en se mettant dans ses pas comme une grande figure de gauche.
38:59 Il aurait pu rédiger un programme politique
39:01 en disant « voici les mesures pour faire gagner la gauche ».
39:03 Et ce n'est pas ce qu'il a fait.
39:05 Il a fait un livre contre le diable de droite du moment.
39:09 Et là, ça montre que dans l'optique de gauche,
39:12 la façon de montrer qu'on est vraiment de gauche,
39:14 c'est qu'on est contre une figure et non pas pour quelque chose.
39:17 Et ça, je pense que c'est très structurant au sein de la gauche.
39:19 Et c'est ce qui fait que l'épouvantail anticlérical
39:22 peut fonctionner un certain temps.
39:24 C'est ce qui fonctionne aussi étonnamment
39:26 dans une certaine gauche au Québec pendant un certain temps,
39:28 de reprendre également les termes,
39:30 les nouveaux curés de la morale, etc.
39:32 Mais je pense que la solution pour en sortir,
39:35 ce n'est pas de rester dans cette unité négative,
39:37 dans cette unité archaïque du bouc émissaire
39:39 que le wauquisme et la gauche partagent, pour le coup.
39:42 C'est également une des bombes à retardement idéologiques
39:44 qui ont fait qu'ils n'ont pas su, à mon sens, bien résister.
39:46 C'est de proposer,
39:48 c'est d'offrir une alternative spirituelle, morale, existentielle
39:51 à une jeune génération,
39:52 pour le résumer en une formule,
39:54 on n'a jamais convaincu qui que ce soit
39:56 d'abandonner une bouée de sauvetage
39:59 en lui démontrant qu'elle était de nature cancérigène.
40:02 Il faut à ce moment-là proposer autre chose,
40:04 et pas simplement dire "lâchez cette bouée de sauvetage,
40:06 elle est cancérigène".
40:07 Il faut arriver à proposer.
40:09 - Arthaud Lelvatrigan ?
40:10 - Sur le champ, sur le wauquisme,
40:12 on beaucoup voit ça comme une curiosité,
40:14 pour ceux qui essayent de comprendre,
40:16 le temps qu'ils arrivent à comprendre les nouvelles catégories,
40:19 les wauques avant déjà des nouvelles catégories,
40:21 c'est toujours un train de retard,
40:22 sauf qu'il s'est passé quelque chose,
40:23 c'est le 7 octobre.
40:24 Le 7 octobre, les militants wauques,
40:26 si on peut les réunir en ensemble,
40:28 ont pris partie contre Israël et contre les Juifs.
40:32 Est-ce que vous pensez que c'est un tournant,
40:34 et que les thèses wauques vont survivre au 7 octobre ?
40:37 - Alors un mot sur le 7 octobre d'abord,
40:39 et ensuite sur le tournant éventuel.
40:41 Le 7 octobre a été intéressant
40:43 parce que ça a déchiré le voile de l'empathie,
40:46 en quelque sorte.
40:47 Jusqu'ici, le discours c'était de dire
40:50 que le wauquisme n'est que la défense des minorités.
40:52 Pourquoi vous opposez-vous à la défense des minorités ?
40:54 N'aimez-vous pas les minorités ?
40:56 Et là, on a eu un choix à faire au sein de ces mouvances-là,
40:59 qui est est-ce qu'on défend nos théories
41:01 ou est-ce qu'on défend nos minorités ?
41:03 La théorie critique de la race, par exemple,
41:05 qui est très puissante aux Etats-Unis,
41:07 qui explique que, premièrement,
41:09 le racisme est le pire péché qui existe,
41:11 jusque-là on sera d'accord,
41:12 et deuxièmement, qui structure tout l'espace social,
41:14 qui contrôle tout,
41:15 c'est un système dont on parlait tout à l'heure,
41:17 qui contrôle tout.
41:18 Et là, d'un seul coup, on voit aux Etats-Unis,
41:20 plutôt progressivement,
41:21 les Juifs et les Asiatiques,
41:22 c'est-à-dire deux catégories qui, jusqu'ici,
41:24 appartenaient à la catégorie de minorité ethnique,
41:26 qui surperforment, qui se débrouillent mieux que la moyenne.
41:29 Et là, les militants ont dit
41:32 les Juifs sont "white adjacent",
41:34 c'est-à-dire quasi-blancs, proto-blancs,
41:36 déjà proches de la blanchité qui fait office de mâle suprême,
41:39 et sont symboliquement statu de leur catégorie de minoritaire
41:41 et leur catégorie d'autre avec un grand A.
41:43 Donc là, on a vu qu'il n'y avait pas une défense en soi de la minorité,
41:46 une défense de la minorité capable d'accabler l'Occident
41:48 de façon instrumentale à un instant T.
41:50 Ce n'est pas la même chose.
41:51 Sur le tournant, je suis un peu plus sceptique
41:54 que d'autres arguments qu'on entend.
41:56 Je vais vous citer un sondage étasunien
41:58 sur les 18-24 ans réalisé par Harvard Harris en décembre dernier,
42:03 qui explique qu'à la question "Pensez-vous que les blancs
42:06 sont une race d'oppresseurs et qu'il faut favoriser l'idéologie
42:09 qui dit cela dans les embauches",
42:11 79% des 18-24 ans disent oui.
42:13 Si on poursuit ce bloc générationnel dans le temps,
42:16 ce sont des personnes qui vont sortir des grandes universités américaines,
42:19 qui vont pouvoir rentrer les mains en haut du guidon
42:21 dans Coca-Cola, Apple et Nike dans les embauches.
42:24 De ce point de vue-là, on n'est qu'au début de l'influence de cette idéologie.
42:26 Je pense tout de même que le 7 octobre a eu pour effet
42:28 de décomplexer la parole critique de gauche et du centre vis-à-vis du wauquisme
42:32 et que si on part du principe que la culpabilisation
42:36 est le moteur profond du wauquisme
42:38 et que tout pays non culpabilisé ne peut pas devenir wauque,
42:42 la vieille question de l'antisémitisme
42:44 qui a été utilisée pour diaboliser le "Monsieur tout le monde français"
42:47 qui n'avait rien demandé, qui n'avait pas collaboré avec Pétain,
42:49 mais qui avait été associé à cette histoire-là,
42:51 a basculé de l'extrême droite vers l'extrême gauche.
42:53 Ce qui fait que là, je pense qu'il y a quand même un renversement
42:56 qui se produit, qui fait que le français moyen est moins culpabilisé
43:00 parce que d'un seul coup, la question de l'antisémitisme,
43:02 c'est l'extrême gauche et ce n'est pas le "Monsieur tout le monde".
43:05 - Alors, parlons politique. Dans la classe politique française,
43:08 qui sont selon vous les principaux wauques ?
43:10 Est-ce qu'on les trouve seulement LFI ?
43:12 Est-ce qu'on les trouve aussi dans la Macronie ?
43:14 Est-ce qu'on en retrouve peut-être à droite ?
43:16 Qui sont pour vous les principaux wauques de la classe politique française ?
43:19 - Moi, ça ne m'amuse pas de cibler des noms en particulier.
43:22 Alors, évidemment...
43:23 - Ce n'est que des hommes et des femmes politiques
43:25 qui sont là pour être nommés.
43:26 - Tout à fait. Alors, Sandrine Rousseau, sans grande surprise,
43:29 va être nommée à "Réponse facile".
43:31 Je n'ai pas été très créatif là-dessus, je vous l'accorde.
43:33 Il y en a eu au sein de la majorité.
43:34 Je me souviens d'un moment où la majorité jouait
43:36 avec l'idée d'une Marianne un peu transgenre.
43:38 Je ne sais pas très bien ce que veut dire le "un peu" en l'occurrence.
43:41 On a eu également...
43:42 Alors, a priori, ça n'a pas été suivi des faits,
43:44 mais l'annonce est quand même prescriptrice en soi.
43:46 Le président qui avait annoncé créer un fichier
43:50 de personnes simplement accusées d'agression sexuelle.
43:53 On ne sait pas très bien à quoi aurait servi ce fichier.
43:56 Est-ce que c'est lorsque l'on aurait tapé le nom d'un individu
43:59 lors d'une recherche d'emploi, il serait apparu dans ce fichier ?
44:02 C'est quand même une concession à la logique de victime,
44:05 on vous croit, qui revient à nier la présomption d'innocence
44:08 et donc la justice telle qu'on la connaît aujourd'hui,
44:11 et donc un peu la civilisation telle qu'on la connaît aujourd'hui,
44:13 qui est basée sur la présomption d'innocence
44:16 et le traitement judiciaire des différents
44:18 et des conflits en société.
44:20 De ce point de vue-là, je pense qu'il y a,
44:22 sans parler de personne nécessairement en particulier,
44:24 mais une progression implicite de cette idéologie,
44:28 parce que ce qui se passe, c'est que le wokisme radicalise
44:31 les termes du débat, et ensuite, le centre-gauche
44:34 a trop souvent tendance à suivre avec un peu de retard.
44:37 Je vais vous donner un exemple. L'écriture inclusive.
44:39 L'écriture inclusive, c'est cette idée que
44:42 lorsqu'on utilise le neutre, c'est en réalité le dominant.
44:45 Une vieille idée wok, la neutralité, c'est faire le jeu des dominants.
44:48 La majorité n'utilise peu l'écriture inclusive,
44:51 par contre, autour de 2017, Emmanuel Macron a commencé
44:55 à banaliser le "toutes et tous" et le "celles et ceux"
44:57 qui stricto sensu, philosophiquement, est rigoureusement la même idée.
45:01 C'est-à-dire que lorsque je dis "tous", je ne parle que des hommes.
45:03 C'est la même idée que l'écriture inclusive.
45:05 Donc, ils n'écrivent pas "tous.tes", comme fait les militants wok,
45:09 mais tout de même, ils disent "toutes et tous",
45:11 ce qui est stricto sensu, la même logique philosophique.
45:14 Et là, on voit un glissement qui s'opère.
45:16 C'est-à-dire que, pour utiliser une métaphore,
45:18 lorsqu'on n'est pas profondément enraciné dans un corpus idéologique,
45:21 toute opposition ressemble à quelqu'un qui s'oppose
45:24 à une longue pierre qui avance en ayant les pieds plantés dans la glace
45:27 et ne fait que reculer tout en ayant le sentiment de s'opposer à quelque chose.
45:30 Et c'est pour ça que je pense qu'il faut un corpus idéologique un peu plus épais
45:33 pour s'opposer à la révolution wok.
45:36 Eh bien, merci beaucoup Pierre-Valentin Essayiste.
45:38 Tu es un auteur de "Comprendre la révolution wok".
45:42 Merci Mathieu Beaucote et merci Arthur de Vatrigan.
45:45 On se retrouve dans quelques secondes pour la suite de l'information
45:49 et évidemment du débat, puisqu'on sera dans l'heure des pro 2,
45:53 juste après la publicité.
45:54 A tout de suite.
45:55 Merci à tous !