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Dans son édito du 22/04/2025, Paul Sugy revient sur le pontificat du pape François et de son impact sur la classe politique française.

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Transcription
00:00Je vous reconnais bien là, Romain, vous n'êtes dupe de rien et les tartufferies de ce monde n'ont aucun secret pour vous.
00:04Vous suspectez à juste titre une once d'hypocrisie dans cette unanimité et à vrai dire,
00:09le souvenir du pape François me fait penser à une phrase que j'aime bien chez le philosophe Gustave Thibon,
00:14philosophe paysan, qu'il disait dans sa langue paysanne, qui est la langue des choses assez simple et assez vraie en même temps,
00:19l'église, disait-il, c'est un râtelier où on trouve du foin pour tous les museaux.
00:23Le pape François, c'est un peu ça. Dans le pape François, dans son enseignement, dans son apostolat,
00:27il y avait du foin pour tout le monde et d'ailleurs, plus encore sans doute que chez son prédécesseur,
00:33Benoît XVI, qui était peut-être un pape plus marqué. Alors c'est vrai, la gauche a salué le pape François.
00:39Thomas Bonnet disait à juste titre qu'il y a même probablement une intention de récupération politique.
00:42La gauche retient son souci constant de la justice, de l'égalité entre les peuples, entre les régions du monde aussi
00:47et puis sa théologie de la création qui l'a amené à méditer sur la responsabilité morale de toute l'humanité
00:53face à la crise et aux inégalités climatiques. C'était bien sûr l'encyclique Laudate aussi.
00:56Sa pastorale aussi de l'accueil inconditionnel des migrants.
01:00Et puis la droite retient ses prédications contre le matérialisme, son soutien aussi sans faille aux politiques familiales et natalistes
01:06et puis bien sûr son exigence sur la vie, le respect de la vie de son commencement à son terme naturel
01:11et donc notamment son opposition à l'euthanasie, c'est d'actualité en France.
01:15De chaque côté, on va éviter pour le moment de s'attarder sur ce qui, dans l'enseignement du pape,
01:20venait bouleverser les certitudes acquises et les dogmes de chaque camp politique.
01:24C'est vrai, le pape, comme le Christ, comme l'Église, n'est pas d'un parti, n'est pas d'un camp, il faut bien le reconnaître.
01:29Et puis, eh bien, c'est qu'aujourd'hui, si tout le monde lui en rend hommage,
01:34eh bien, il faut quand même reconnaître aussi que de son vivant, il agacait aussi un peu tout le monde.
01:37Pourtant, on a beaucoup dit dans les médias que c'était un pape en phase avec l'esprit du temps, Paul.
01:43Enfin, un pape conforme à son époque.
01:46Oui, c'est vrai, et c'est ce qui aussi a agacé chez certains catholiques, moi le premier,
01:50cette image du pape qui lui a collé à la peau à tort ou à raison.
01:54Moi, je suis de ces catholiques que le pape a surpris et puis même parfois blessé aussi,
01:59notamment parce qu'il s'est montré dur avec les communautés les plus traditionnalistes, notamment en France.
02:04Mais en même temps, j'aimerais qu'au moins on lui rende cette justice,
02:06c'est que je ne crois pas que le pape, pour le coup, était un homme de son époque.
02:09Aucun pape, d'ailleurs, ne l'est jamais.
02:10Mais la confusion vient du fait que le pape François a épousé certaines idées,
02:15certaines causes qui ressemblent aussi aux grands mouvements humanitaires,
02:17notamment par exemple sur la question des migrants,
02:19qui peuvent passer pour des engagements de l'époque.
02:22Mais quand vous écoutez son enseignement constant,
02:24et notamment, j'avais été très marqué par ses apostrophes aux jeunes lors des JMJ au Brésil, à Rio,
02:30vous entendez toujours, et puis ça s'est poursuivi dans ses encycliques,
02:33une condamnation absolument fondamentale du matérialisme
02:38qui étouffe toute ouverture à la grâce, toute espérance,
02:41de l'égoïsme contemporain.
02:43Et donc en cela, je crois qu'il était résolument un adversaire même de notre époque.
02:46Bon, Paul, pour parler très clairement, comme vous faites tous les matins,
02:51c'était un pape de gauche ?
02:52Ah, c'est quand même la question, effectivement, à un million d'euros ce matin.
02:55Évidemment, c'est toujours un peu casse-gueule de vouloir classifier les papes.
02:58Les papes ne sont jamais ni de droite ni de gauche,
03:00mais bien sûr qu'on retrouve dans le pape François des choses qui rejoignent les grands combats,
03:05les grandes idées de la gauche.
03:06Le pape François a combattu les structures économiques, notamment de l'époque,
03:09les structures économiques et sociales,
03:11parce qu'elles étaient corrompues, justement, par ce règne du matérialisme,
03:14de la recherche de l'intérêt individualiste et égoïste.
03:16La gauche, parfois, une certaine gauche intellectuelle,
03:19condamne les structures parce qu'elles sont perverses dans leur essence.
03:22Ce n'est pas le discours du pape.
03:23Ce qu'il dit, c'est qu'elles sont perverties par le péché, par le diable.
03:27C'est le discours, évidemment, de tout catholique.
03:30Donc, la typologie gauche-droite peut correspondre.
03:33En un sens, oui, c'était un pape qui pouvait passer pour un pape de gauche.
03:36Mais moi, il y a une typologie que je préfère pour comprendre peut-être
03:39la trilogie des papes qu'on a eue depuis Saint Jean-Paul II.
03:42C'est dans l'Église, on parle des trois vertus théologales,
03:44la foi, l'espérance et la charité.
03:46La foi, le pape de la foi, c'était vraiment le pape Benoît XVI
03:48qui a vraiment beaucoup œuvré pour que l'Église retrouve le sens,
03:52la compréhension, l'intelligence de la foi.
03:54Le pape de l'espérance, évidemment, c'est Saint Jean-Paul II
03:56qui a porté un formidable message d'espérance à l'Église.
03:59Et bien, le pape François restera comme le pape de la charité,
04:02de l'ouverture du cœur.
04:03Et c'est, je crois, le message principal que l'histoire retiendra de son pontificat.
04:06Sous-titrage Société Radio-Canada
04:11Sous-titrage Société Radio-Canada

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