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00:00Pour passons, c'est jamais simple de faire ça, mais à la polémique du jour et qui rejoint ce dont on parlait tous ensemble hier, les amis.
00:08Tout ce qui nous renvoie à notre histoire dérange, dérange les déconstructeurs.
00:13L'extrême gauche voit d'un mauvais oeil le fait qu'en France, on mette les drapeaux en berne samedi pour les obsèques du pape.
00:20Il est 16h17 sur Europe 1.
00:22Si vous souhaitez réagir, si ça vous choque, non pas la polémique, mais le drapeau en berne, appelez-nous.
00:27Si ça vous choque la polémique, appelez-nous aussi 01-80-20-39-21.
00:33Avant de commencer et de vous entendre sur ce sujet, je voudrais qu'on écoute celui qui a lancé la polémique, Alexis Corbière.
00:41Les drapeaux des bâtiments publics seront mis en berne samedi, jour des obsèques du pape François.
00:47Qu'est-ce que vous pensez de cette initiative ?
00:48Je suis en total désaccord, car la laïcité a des principes.
00:54Il est normal que le chef de l'État ait rendu hommage dans un communiqué au pape.
00:58Mais nous n'avons pas à marquer une forme de laïcité à géométrie variable.
01:02C'est-à-dire que quand une autorité religieuse meurt, on met des drapeaux en berne, mais on ne va pas le faire pour d'autres cultes.
01:07Le pape François était chef religieux, mais aussi un chef d'État.
01:10Certes, mais on joue sur les mots.
01:11Chaque fois qu'un chef d'État disparaît dans le monde, on ne met pas les drapeaux en berne.
01:13Ne tournons pas autour du pot.
01:15Le pape François était une autorité spirituelle religieuse de grande importance.
01:18Je ne manque pas de respect vis-à-vis des croyants.
01:21J'ai moi-même fait un tweet pour saluer le parcours.
01:23Oui, vous êtes parti des nombreuses personnalités de gauche qui ont rendu hommage au pape.
01:26Car j'ai trouvé qu'il avait une parole forte qui devait être entendue.
01:29C'est un courant spirituel tout à fait respectable qui disait des choses qui méritaient d'être entendues.
01:33Maintenant, il s'agit de la République française qui est laïque.
01:36De la même façon, je n'approuve pas le fait que le chef de l'État participe à ce qui va être une cérémonie religieuse.
01:41Moi, je suis à l'ancienne, je reste attaché à la loi de 1905,
01:43à la manière dont même, je pense à Clémenceau, pouvait le pratiquer quand il était président du Conseil.
01:48Nous n'avons pas à participer en tant qu'élus à une cérémonie religieuse.
01:52Et la France, la République laïque, n'a pas à être en berne quand une autorité religieuse s'éteint.
01:57Sinon, c'est un principe à géométrie variable.
01:59Vous savez, la France est un pays dans lequel il y a différents cultes qui existent.
02:01Il y a d'ailleurs la moitié des Français qui ne sont pas croyants.
02:03Et nous avons à être neutres vis-à-vis du culte.
02:06La République ne reconnaît ni nos salariés aucun culte.
02:09C'est le principe de la laïcité.
02:10Elle ne reconnaît pas des cultes, ça veut dire précisément qu'elle ne sait pas qu'elle est indifférente.
02:15Mais elle n'a pas à s'immiscer, elle n'a pas à participer à des cérémonies religieuses.
02:19Voilà pour la déclaration de l'ancien député LFI, parce qu'il a été purgé.
02:25Purgé, Alexis Corbière.
02:28Il est moins prolixe quand il faut parler de Jean-Luc Mélenchon que parler des drapeaux en berne.
02:33Qu'un potier de Lénine dans son salon.
02:34Bon, Jules Torres, est-ce qu'on est face à l'une des plus grandes fausses polémiques ?
02:40Ou alors ça dénote de quelque chose dans notre société, et notamment avec les élus ?
02:45On sait que la France, pour M. Corbière, a commencé...
02:48Bon, il a deux dates.
02:50Soit c'est 1789, c'est Robespierre qui ensanglante la France,
02:56soit c'est 1905 et la séparation entre l'Église et l'État.
02:59Donc, moi ça ne me choque pas, il est finalement assez cohérent.
03:02M. Corbière, c'est quelqu'un qui considère que la France n'a pas d'héritage catholique,
03:07n'a pas d'héritage chrétien, et que finalement, il faudrait que toutes les questions religieuses
03:11ou toutes les questions qui sont liées à la religion catholique
03:15soient expurgées du débat public et expurgées de ce que commande l'État.
03:20Bon, aujourd'hui, moi, ce que François Bayrou a décidé de faire,
03:23c'est-à-dire de mettre les drapeaux en berne, ça ne me choque pas.
03:25De même que s'il avait décidé, en tout cas ça n'aurait pas été lui,
03:28mais ça aurait été Emmanuel Macron, de décréter quelques jours de deuil national,
03:31ça ne m'aurait pas heurté.
03:32Moi, je ne suis plus heurté quand un député, un député de la nation,
03:36a dans son salon un poster de Lénine qui a du sang sur les mains
03:39et des millions de morts, puisque je ne dis pas ça de manière ironique,
03:42je dis ça sans sarcasme.
03:43Alexis Corbière et Raquel Garrido, qui sont donc ensemble,
03:46ont un poster de Lénine dans leur salon.
03:48Ça, ça me heurte.
03:49Valérie Benahim.
03:50Non, je reviens sur ce que disait Jules.
03:52Moi, si on avait été jusqu'au deuil national, il n'y aurait pu avoir débat.
03:57Là, on parle de drapeaux en berne.
03:58Pourquoi ?
03:59Et pardon, moi, je m'appuie aussi, comme Alexis Corbière,
04:02sur la loi de 1905, la séparation de l'Église et de l'État,
04:05et j'en suis tout à fait ravi.
04:07Je suis ravi qu'il y ait une séparation de l'Église et de l'État.
04:09Mais je trouve que c'est une erreur,
04:11et ce que fait Alexis Corbière est une erreur,
04:13d'essayer d'opposer la laïcité à ce qui se produit là.
04:16C'est-à-dire que c'est même contre-productif.
04:19Ça va braquer des gens en imaginant que la laïcité est autre chose que ce qu'elle est réellement.
04:23Bon, il faut rappeler quand même.
04:25Depuis hier, je vous le dis d'ailleurs,
04:27puisqu'on en avait parlé dimanche avec ce sondage CSA pour CNews, le JDD Europe 1,
04:32la France est un pays de culture et de tradition catholique.
04:3577% des sondés sont d'accord avec cette affirmation,
04:39et c'est transpartisan, c'est ça qui est intéressant.
04:4270% à gauche, 75% du côté de la majorité présidentielle,
04:4786% à droite, 83% à l'extrême droite.
04:5201, 80, 20, 39, 21, c'est très intéressant d'avoir votre avis sur ce sujet.
04:56On est en direct avec Laurie.
04:58Bonjour Laurie, vous avez 62 ans, vous êtes en Loire-Atlantique.
05:03Vous pensez quoi de cette polémique, cher Laurie ?
05:06Moi, je n'aurais pas polémiqué,
05:07parce que je n'aurais jamais donné l'ordre de mettre les drapeaux en berne.
05:10Moi, j'ai été élevée chez les sœurs, etc., à Vannes, très bien.
05:14Je suis athée, mais je suis extrêmement attachée à la séparation de l'Église et de l'État.
05:23Et moi, ça me choque, en fait, que l'on mette les drapeaux en berne pour le pape.
05:28On les aurait mis, ce que j'ai dit à la personne que j'ai eu au téléphone,
05:33on les aurait mis en berne pour le chef de l'État du Vatican.
05:36Bon, très bien, mais dans ces cas-là, si le chef de, je ne sais pas moi, du Niger meurt,
05:45on les mettra en berne aussi et on ne le fera pas.
05:47Donc, il y a deux poids, deux mesures.
05:49Et bien que nous soyons, et je suis très attachée au fait que nous soyons dans un pays judéo-chrétien,
05:55on ne met pas pour...
05:58Non, mais c'est intéressant, déjà, c'est toujours passionnant d'avoir des avis divergents
06:04et des témoignages divergents.
06:07Je ne vois pas bien le parallèle entre le chef d'État du Niger
06:11et le chef de l'Église et du Vatican.
06:15Et bien justement, on ne met pas les drapeaux en berne pour un chef d'Église.
06:21On ne met pas les drapeaux en berne, mais on est bien d'accord que nous sommes judéo-chrétiens.
06:28Et je vous dis, même athées, pas athées, peu importe.
06:31Mais néanmoins, c'est le pape.
06:34Nous avons une séparation de l'Église et de l'État.
06:36Nous n'avons pas à mettre, selon moi, pour moi, les drapeaux en berne.
06:41Que le président de la République aille, comment dirais-je, aux obsèques,
06:47bien sûr, c'est tout à fait normal.
06:49Ça, ça ne me choque pas.
06:50Qu'ils rencontrent le pape, ça ne me choque pas.
06:52Qu'ils fassent des messes, etc., ça ne me choque pas.
06:55Il y a un côté privé, un côté public, la truc est ténue.
06:58Mais pour une fois, je crois que ça va être même la seule fois de ma vie,
07:01je vais être d'accord avec Corbière, avec le député Corbière,
07:05et je ne suis pas du tout d'accord avec lui.
07:08Sur les autres sujets, c'est ça que vous voulez dire ?
07:10Non, non, non, en disant tout.
07:11Écoutez, c'est intéressant d'avoir votre avis, Laurie,
07:14mais Olivier, est-ce qu'on peut s'entendre sur quelque chose ?
07:18Je suis d'accord avec votre auditrice sur un point.
07:21On ne met pas les drapeaux en berne dans notre pays,
07:25car il s'agit d'un chef d'État, en l'occurrence du Vatican.
07:28C'est une hypocrisie de dire ça à la porte-parole du gouvernement,
07:30ça a été son expression.
07:32On met les drapeaux en berne, et je ne suis pas choqué par cette décision,
07:36je l'aurais été davantage, il est vrai, pour un deuil national.
07:39Tout simplement parce qu'il s'agit du pape,
07:42que l'émotion est planétaire,
07:44et qu'il est une personnalité marquante de notre époque,
07:48bien au-delà des catholiques et des chrétiens.
07:51C'est cela, et donc nous ressentons,
07:53que nous soyons de la rose ou du réséda,
07:56qu'on puisse croire ou ne pas croire,
07:58nous ressentons une émotion.
08:00Première chose.
08:00Deuxième chose, je vous assure, Elliot,
08:05je ne sens pas dans notre pays
08:07un climat de polémique sur cette question-là.
08:12Corbière a exprimé une pensée politique,
08:16c'est la sienne,
08:17elle est issue d'un courant de la gauche.
08:18Vous auriez pu dire polémiste.
08:20Oui, mais je ne pense pas que dans les bistrots le matin,
08:23notre peuple soit saisi de cette question-là.
08:27il ne faut pas qu'il mette les drapeaux en berne ou pas.
08:30Je n'ai pas senti ça ce matin,
08:32quand j'ai pris mon petit café dans le bistrot où je vais,
08:35et au contraire à ce que pense Jules Dorel,
08:38je n'y rajoute pas de l'agnole.
08:41Emmerick Pourbet, quel regard vous portez ?
08:43Alors, est-ce que c'est anecdotique ?
08:46C'est-à-dire que ce sont quelques tweets de députés
08:50pour être dans la lumière,
08:53eux qui parfois ont été...
08:55Oui, je ne dis pas qu'ils ne le pensent pas,
08:58ils peuvent penser ce qu'ils veulent,
08:59mais ils peuvent le faire aussi à des fins
09:01qui n'ont pas vraiment d'intérêt au débat,
09:04et donc finalement on tombe un peu dans le panneau,
09:07où ça a un sens.
09:08Pour moi, ça correspond quand même à un climat.
09:11C'est-à-dire que vous avez des gens,
09:13responsables politiques,
09:15pas que d'ailleurs des médias,
09:17qui ne supportent pas l'idée
09:19qu'il y ait une histoire commune,
09:22un passé et un héritage plus grand que nous.
09:25C'est pas ma phrase,
09:26c'est la phrase d'Emmanuel Macron,
09:27c'était dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
09:30Et donc ils ne supportent pas ça.
09:32Et ils veulent évidemment
09:33qu'il y ait une séparation totale radicale
09:36entre notre histoire,
09:38notre tradition,
09:39et l'État.
09:40Mais on en parle dans un instant,
09:41j'avais vous donné la parole,
09:42mais je n'avais pas vu le timer.
09:43je lancerai la question
09:46dans quelques secondes sur Europe 1.
09:48Vous passez avec nous.
09:49L'art du teasing !
09:51C'est un métier que peut-être vous aurez dans...
09:57Peut-être que vous serez au chômage
09:58dans quelques heures.
09:59Je ne le ferai pas.
10:00A tout de suite.
10:02On poursuit.
10:02Europe 1.
10:0316h, 18h.
10:04On marche sur la tête.
10:06Eliott Deval.
10:0816h33, très précisément,
10:10on poursuit.
10:10On marche sur la tête,
10:12toujours avec Fabien Lecoeuvre,
10:13Valérie Benhamim,
10:15Olivier D'Artigol,
10:16Jules Torres,
10:17Emeric Pourbet,
10:18animateur d'Enquête d'Esprit,
10:19est avec nous.
10:21Et Patrick Veil
10:22est présent dans les studios d'Europe 1.
10:24Vous êtes historien,
10:25politologue,
10:26directeur de recherche au CNRS
10:28et spécialiste des questions de laïcité.
10:30Auteur du livre
10:31De la laïcité en France.
10:33Je l'ai bien prononcé.
10:35Alors je le dis aux auditeurs,
10:36c'est-à-dire que vous avez
10:37brandi votre livre.
10:39Vous êtes bien gentil, Eliott,
10:41de me lancer.
10:42mais lancer surtout mon livre.
10:43Alors je vais le répéter.
10:44De la laïcité en France.
10:46Patrick Veil, bonjour.
10:47Bonjour.
10:48Merci d'être avec nous.
10:49On ne vous a pas attendu
10:50pour commencer le débat.
10:51J'ai entendu tout à l'heure.
10:52Alors vous êtes plutôt
10:53du côté de
10:55aucun problème
10:56ces drapeaux en berne
10:57pour les obsèques
11:00et pour rendre hommage
11:01au pape François
11:01où il y a quand même
11:03une polémique
11:04et ça vous pose problème.
11:06Alors il faut distinguer
11:07différents angles.
11:10Est-ce que c'est illégal,
11:11est-ce que c'est contraire
11:12à la loi de séparation ?
11:13Non.
11:13Non.
11:14Non.
11:15Bon.
11:15La loi de séparation,
11:17elle concerne la France.
11:19Elle ne concerne pas
11:19les relations extérieures
11:20de la France.
11:21J'ajouterais,
11:23on oublie que la loi de séparation
11:25qui est une loi de souveraineté
11:26de la République,
11:28a rompu un traité
11:29qu'on avait avec le Vatican.
11:31Et c'est d'ailleurs,
11:32on avait à l'époque,
11:33on n'avait même plus
11:33de relations diplomatiques
11:34avec le Vatican.
11:36Elles n'ont été rétablies
11:37qu'après la Première Guerre mondiale.
11:40Donc,
11:41la loi de séparation
11:43organise
11:45les cultes
11:47en France.
11:48Mais elle n'empêche pas,
11:49bien au contraire,
11:50la France d'avoir
11:51des relations diplomatiques
11:52avec les États.
11:55Et il se trouve que
11:56le Vatican est un État
11:58avec lequel nous avons intérêt
12:00d'avoir des relations diplomatiques
12:01parce que le Vatican
12:02intervient dans les affaires
12:04internationales,
12:04dans les négociations,
12:05toujours partisans
12:07de la paix,
12:08de l'apaisement
12:09des conflits,
12:09etc.
12:10Patrick,
12:10pardonnez-moi de vous couper,
12:11mais je vais rapidement...
12:12Oui, voilà,
12:13et résumons,
12:14parce que j'ai l'impression
12:15que vous parlez
12:15de relations d'État à État
12:18entre la France
12:18et le Vatican,
12:19et que vous ne voyez
12:20donc pas de problème
12:21à ce qu'il y ait
12:22un drapeau en berne
12:23pour le pape François
12:24qui est le chef
12:25de l'État
12:26du Vatican.
12:28Mais est-ce que,
12:29donc dans votre réflexion,
12:30vous mettez de côté
12:31l'aspect culturel,
12:34spirituel,
12:35culturel,
12:36historique,
12:37et ce lien
12:38entre le Vatican
12:40et la fille aînée
12:41de l'Église
12:41qui est la France.
12:43Mais déjà,
12:44la fille aînée de l'Église
12:45ce n'est pas un concept juridique.
12:46Bon, ben voilà,
12:47non mais c'est...
12:48Vous voyez ce que je veux dire,
12:50Patrick Veil,
12:52je sens que c'est...
12:53Non, non, non,
12:53les drapeaux ont été mis
12:54en berne
12:55à l'occasion du décès
12:57de la reine Elisabeth II.
12:58Oui, évidemment.
12:59Qui est aussi chef
13:00d'une église.
13:02Anglicane.
13:02Anglicane.
13:03D'accord.
13:04Donc, je pense que
13:05cet acte
13:07du président de la République
13:09ou du gouvernement
13:09qui peut être discuté,
13:11on peut ne pas être d'accord
13:12et avoir des opinions différentes.
13:13Bien sûr.
13:14C'est l'occasion
13:15de discuter
13:15de différents statuts
13:17des cultes
13:18dans différents pays.
13:19Je veux dire que
13:19c'est un moyen
13:21de dire...
13:22Ben voilà,
13:22et en plus...
13:23Voilà, donc...
13:23Oui, mais essayons d'être
13:24non pas simplistes
13:26mais clairs
13:27pour les auditeurs.
13:28Moi, quand je vois...
13:29Je pense toujours
13:30à ça aux auditeurs.
13:31Les auditeurs,
13:32qu'est-ce qu'ils se disent,
13:32les Français ?
13:33Ils se disent
13:33qu'en Espagne,
13:34on décrète
13:34trois jours de deuil officiel.
13:35Pas en France.
13:36Attendez, au Portugal,
13:37on décrète
13:38un jour de deuil national.
13:40En Pologne, on le fait.
13:41En Argentine, on le fait.
13:43Au Brésil, on le fait.
13:44En Italie, bien évidemment.
13:46Quel est le problème
13:46en France, en fait ?
13:47Ben justement,
13:48il y a la séparation.
13:49Ben voilà.
13:50Donc, on gère la relation.
13:51D'une journée de deuil national,
13:53on parle juste d'un drapeau en Berne.
13:55Justement, on met
13:55un marque de respect.
13:58Je vous rappelle
13:59que le fait
14:00que ce soit un chef d'État
14:01qui vient de décéder
14:02est important.
14:03Parce que quand le pape
14:04Benoît XVI est décédé,
14:05il n'y a pas eu
14:06de drapeau en Berne.
14:06Or, il était le chef
14:07de l'Église catholique.
14:09On l'a fait quand...
14:10Il n'était plus en exercice.
14:10Il n'était plus en exercice.
14:11Il n'était plus en exercice.
14:12Exactement.
14:12Patrick Veil,
14:13je rappelle que vous êtes
14:15historien,
14:17politologue,
14:18directeur de recherche au CNRS,
14:20spécialiste des questions
14:22de laïcité.
14:23L'occasion de saluer
14:24une de vos collègues
14:26qui était au CNRS,
14:28si je ne m'abuse,
14:28Florence Bergeau-Blaclair
14:30qui réagit régulièrement
14:31sur Europe 1
14:32et sur CNews.
14:33Elle l'est toujours.
14:34Et tant mieux d'ailleurs.
14:35Et on la soutient chaleureusement.
14:37Je trouve qu'elle a
14:38énormément de courage
14:39parce qu'elle porte aussi
14:41une voix qui peut poser
14:42de problèmes
14:43dans le monde
14:44de la recherche.
14:45Emeric Pourbet.
14:46Ce que je trouve intéressant,
14:48c'est que la laïcité
14:49en réalité ne date pas
14:50de 1905.
14:52C'est une distinction
14:55des pouvoirs
14:56entre le spirituel
14:57et le temporel
14:57qui a été inventée
14:58au sein du christianisme.
15:00Donc, voilà,
15:02aujourd'hui,
15:02depuis 1905,
15:04on peut avoir l'impression
15:04que ça se retourne
15:06contre effectivement
15:07l'Église,
15:08contre l'histoire
15:09de ce pays
15:09qui est chrétienne.
15:11Mais en réalité,
15:11et ça vient d'être rappelé,
15:13le texte même
15:13de la loi de 1905
15:15n'interdit pas
15:16l'expression
15:17de sentiments religieux
15:19dans l'espace public.
15:20Ça, c'est l'idée
15:21qu'on s'en est fait
15:23depuis,
15:24mais qui en réalité
15:25ne correspond
15:26absolument pas
15:27au texte.
15:28Est-ce que vous n'avez pas
15:29l'impression,
15:29Émeric Pourbet,
15:30et peut-être que je
15:31vulgarise un peu trop,
15:33mais qu'on se contorsionne
15:35pour essayer
15:36d'expliquer quelque chose
15:38qui est d'une simplicité
15:39sans nom ?
15:40C'est-à-dire que,
15:41effectivement,
15:42parce que notre culture,
15:43parce que notre histoire,
15:44parce que nos mœurs,
15:45parce que notre tradition,
15:46elle est un peu plus lointaine
15:48que 1905,
15:50elle est un peu plus lointaine
15:51que 1789,
15:52n'en déplaise à certains.
15:54Bah, écoutez,
15:55il y a des drapeaux
15:55en berne en France.
15:56C'est pas bien grave.
15:57C'est pas bien dramatique.
15:58Ah, ça vous dérange,
15:59Patrick Veil ?
16:00Non, ça ne dérange pas du tout.
16:02Ça fait partie même
16:03de la loi et de la jurisprudence.
16:04Mais oui,
16:04mais vous sortez
16:05du cadre juridique.
16:06Je parlais de l'aspect plus...
16:08Vous savez,
16:09le cadre juridique,
16:09c'est ce qui nous unit,
16:10ce qui permet...
16:11Évidemment.
16:12Mais notre histoire
16:12nous unit aussi,
16:13M. Veil.
16:14Elle nous a parfois divisés.
16:15Bah, bien sûr.
16:16La loi de 1905
16:16a été faite
16:18pour unir
16:20autour d'un régime
16:21de respect
16:23des citoyens
16:24croyants ou non croyants
16:25de toute confession
16:27avec
16:28un État neutre
16:30qui ne s'affilie plus
16:31comme il l'était avant
16:31à l'Église catholique.
16:33On est avec Léa.
16:34C'est intéressant,
16:35Léa a 25 ans.
16:36Et moi,
16:36je serais très curieux
16:37de savoir
16:37ce que Léa pense
16:39de ce sujet.
16:40Cher Léa,
16:40bonjour.
16:42Bonjour à tous.
16:43Bonjour.
16:43Alors,
16:44qu'est-ce que vous en pensez
16:44de ces drapeaux ?
16:45Est-ce que c'est une polémique,
16:46oui ou non ?
16:48Bah,
16:48pour moi,
16:50il n'y a pas du tout
16:50de polémique.
16:51Ce qu'on voit surtout,
16:53c'est que c'est plutôt
16:53la géométrie variable
16:55de la part de la gauche,
16:56mais bon,
16:56une illusion habituée,
16:58j'ai envie de vous dire,
16:59puisqu'on ne les a pas entendus
17:00lorsque le ministre
17:02des Affaires étrangères,
17:03lui,
17:03a cassé le jeûne du ramadan
17:04dans la Grande Mosquée de Paris.
17:06Ça n'a indigné personne.
17:07Et c'est vrai que là,
17:08je trouve qu'il y a
17:08beaucoup de blabla
17:09pour juste essayer
17:12de rassembler,
17:13d'unifier,
17:13puisque je pense
17:14que ça rassemble,
17:14comme vous le dites,
17:15tout le spectre
17:16des confessions,
17:18des religions,
17:19c'est plus symbolique
17:20que spirituel.
17:21Pour moi,
17:21pourtant,
17:22je suis plutôt catholique
17:24et donc c'est vrai
17:25que j'ai du mal
17:26à saisir.
17:27Mais bon,
17:27comme ça vient de la gauche,
17:28du coup,
17:29on ne s'y attarde plus trop,
17:30disons qu'on a l'habitude,
17:31mais c'est beaucoup fatigant
17:32parce qu'avec tous les problèmes
17:32qu'il y a dans le pays,
17:34on se dit,
17:34il faudrait peut-être mieux
17:36de travailler
17:36pour ce pour quoi on les paye,
17:37c'est-à-dire
17:37de régler les problèmes
17:39des Français
17:39qui n'aient pas
17:40les drapeaux en berne
17:41au jour d'aujourd'hui.
17:42Si vous avez envie
17:42de souhaiter réagir
17:44comme Léa
17:45en direct sur Europe 1,
17:47réagissez donc
17:48au standard Europe 1,
17:4901,
17:4980,
17:4920,
17:5039,
17:5121,
17:52on est en direct
17:53pour,
17:53on marche sur la tête
17:55jusqu'à 18h.
17:56Emeric Pourbet,
17:57vous souhaitez peut-être
17:58répondre à Léa
17:58qui a dit,
17:59franchement,
17:59c'est une fausse polémique
18:00qui est orchestrée
18:01comme assez régulièrement
18:03par une frange radicale
18:05de la gauche,
18:06mais les Français
18:07ont d'autres préoccupations.
18:08Et peut-être qu'on s'attarde
18:09un peu trop longtemps
18:10d'ailleurs sur cette question-là
18:11et on tombe dans le panneau
18:12en quelque sorte.
18:13En fait,
18:13je trouve qu'il faut répondre
18:15quand même à l'argument
18:16qui est exprimé notamment
18:18par Alexis Corbière
18:19qui est de dire,
18:20en gros,
18:21si on affichait
18:22que le fait historique
18:23qu'il y a des racines chrétiennes
18:24dans ce pays,
18:25on empêcherait
18:25les non-croyants
18:26de ne pas croire.
18:28Ce qui me semble
18:28un raisonnement absolument absurde.
18:31Personne n'empêche
18:32de ne pas croire
18:32et c'est même
18:33dans les pays chrétiens
18:34comme l'Italie
18:34qui se revendiquent
18:35ou c'est indiqué
18:36dans la Constitution,
18:38les agnostiques
18:39ou les athées
18:39ont le droit de citer
18:40et ça ne fait pas un pli.
18:41En revanche,
18:42ce qui me dérange
18:43en tant que croyant,
18:45c'est qu'au nom
18:46de cet esprit
18:47de la laïcité
18:47et de la loi de 1905,
18:49on empêche
18:50des jeunes,
18:51notamment effectivement
18:51comme cette auditrice
18:52qu'on vient d'entendre,
18:54d'avoir des aspirations spirituelles
18:57et de pouvoir les exercer.
18:59Quand on voit
18:59tous ces jeunes
18:59qui ont été baptisés adultes
19:01à Pâques
19:01et qui sont en augmentation
19:03vertigineuse
19:05depuis plusieurs années,
19:06ça montre bien
19:07que notre société
19:08ne répond pas.
19:09Et la laïcité
19:09ne les empêche
19:10absolument pas ?
19:11Si, parce que...
19:12Je rêve d'un grand débat national
19:15de qualité
19:16où on pourra
19:17reconsidérer
19:18cette question-là
19:19et dire de quoi
19:20la laïcité est le nom
19:21et de quoi
19:22la laïcité n'est pas le nom.
19:23Je pense que,
19:24par exemple,
19:24ce que vous venez de dire,
19:26il n'y a pas
19:26avec notre république laïque
19:29un empêchement
19:30à ce que vous venez de dire.
19:31Mais quand on veut
19:31masquer les statues,
19:32déplacer les statues
19:33parce qu'elles évoquent
19:34des symboles chrétiens,
19:35je suis désolé,
19:36on n'est plus
19:36dans l'esprit
19:37de la loi de 1905.
19:38C'est totalement
19:39la loi de 1905.
19:39S'il vous plaît,
19:40Patrick Vy.
19:40Vous me comprenez complètement.
19:41Si, vous avez l'article 28
19:44de la loi de 1905
19:44qui dit qu'il est absolument
19:46interdit d'élever
19:47des statues religieuses
19:49dans les espaces publics.
19:50Pourquoi est-ce qu'on les déplace ?
19:52Non, mais les déplacer,
19:53ça, c'est pas un autre sujet.
19:54Si, c'est pas un autre sujet.
19:55On se déplace une statue
19:58indirectement,
19:59même directement,
20:00la déboulonne
20:01pour la mettre ailleurs.
20:02Monsieur Veil,
20:03on est bien d'accord.
20:03Mais attendez,
20:05la loi,
20:05ensuite, si vous voulez,
20:07la loi...
20:08C'est très intéressant.
20:08Oui, c'est très intéressant.
20:09Je suis vraiment ravi de vous avoir
20:10sur ce plateau, monsieur Veil.
20:11Je rappelle que vous êtes
20:12chercheur au CNRS.
20:13La loi fixe des grands principes
20:15sur toute la loi 1905.
20:16Alors ensuite,
20:17vous avez,
20:18est-ce que quand une statue
20:19est déplacée,
20:19c'est la même chose
20:20de savoir s'il est...
20:21là, c'est le juge
20:22qui va avoir décidé.
20:22Parce que la loi
20:23ne va pas se mêler
20:24de savoir de tous ces détails
20:25que parfois on veut
20:26faire des nouvelles lois
20:28sans arrêt
20:28pour préciser certains détails
20:31qui sont de l'ordre
20:32de la justice.
20:34Et ce qui est très intéressant,
20:36parce que j'ai fait ce livre
20:37de la laïcité en France,
20:38après l'assassinat
20:39de Samuel Paty.
20:40Oui.
20:41Parce que...
20:41Ah, ça c'est intéressant.
20:42J'avais découvert...
20:45Bon.
20:45Après les assassinats
20:47de Charlie Hebdo,
20:48mon association
20:49Milothèque Sans Frontières,
20:50on s'est dit
20:51qu'est-ce qu'on peut faire
20:51pour enseigner
20:54la liberté d'expression
20:55et la laïcité dans les écoles.
20:56On s'est rendu compte
20:56qu'il n'y avait pas grand-chose.
20:58On a fait des vidéos.
20:59J'ai été invité
20:59à faire la conférence
21:01de clôture
21:01des référents laïcité
21:02et de l'éducation nationale
21:03en 2019.
21:04Et là, au déjeuner,
21:05après ma conférence,
21:07les collègues m'ont dit
21:07vous savez, on n'a rien.
21:09On n'a pas de matériel
21:10pour enseigner
21:11la laïcité dans les salles
21:13de classe.
21:13Après l'assassinat
21:14de Pati,
21:15vous avez dû remarquer
21:16que M. Blanquer
21:17avait annoncé
21:17deux heures de débat
21:19à la rentrée scolaire
21:21et que ces deux heures
21:21ont été annulées.
21:22Sur la laïcité ?
21:23Mais oui !
21:24Parce qu'il n'y avait pas
21:25le matériel pour faire les deux heures.
21:25Mais vous qui êtes allé
21:26dans les écoles, Patrice Peig ?
21:27Pardonnez-moi.
21:28Un instant.
21:29Je peux vous répondre quand même
21:30si vous puissiez échanger.
21:32C'est que ce que j'ai découvert
21:33en faisant ce livre,
21:34c'est l'ignorance.
21:35J'entends.
21:35L'ignorance crasse
21:36des dirigeants.
21:37Des dirigeants.
21:38Des dirigeants.
21:39Des ministres.
21:40Des administrations.
21:41Des enseignants.
21:43Sur cette question
21:44de la laïcité
21:44dont tout le monde parle.
21:45Écoutez,
21:45vous avez pu échanger
21:46avec bon nombre
21:47de professeurs.
21:48Évidemment.
21:49Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
21:51Par exemple,
21:51un professeur d'histoire.
21:53Oui.
21:53J'ai pu avoir la chance
21:55d'échanger avec beaucoup
21:55de professeurs d'histoire.
21:56Oui.
21:57Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
21:57Ils vous disent
21:58que ce n'est pas tant
21:59la laïcité,
22:00la question de la laïcité,
22:00c'est qu'aujourd'hui,
22:02on ne peut plus,
22:03parfois,
22:04parler de l'histoire de France,
22:06parler de nos traditions.
22:08On est confronté
22:08à des jeunes
22:09qui ne veulent pas
22:09entendre parler de Jésus,
22:10qui ne veulent pas
22:11entendre parler
22:12de la colonisation,
22:13qui ne veulent pas entendre...
22:14Encore une fois,
22:15c'est regarder
22:16notre histoire en face.
22:17Attention,
22:17je ne dis pas
22:18sur les bonnes
22:19ou les mauvaises choses.
22:20C'est la difficulté.
22:22Aujourd'hui,
22:22c'est des profs
22:22qui s'autocensurent
22:24par peur,
22:25au contraire,
22:25d'avoir des représailles.
22:27C'est cette pression
22:28sur les épaules
22:30des professeurs.
22:30Je connais,
22:30je suis moi-même professeur.
22:32Je connais...
22:32Pour eux, d'ailleurs.
22:33Oui,
22:33et j'ai fait ce livre
22:34pour eux,
22:35d'abord.
22:36Et parce qu'il faut
22:38pouvoir enseigner
22:40devant tous les publics,
22:42adultes comme enfants,
22:44qu'ils soient croyants ou pas,
22:46la laïcité qui est faite
22:47pour unir les citoyens.
22:49On ne peut pas diviser
22:49autour de la laïcité.
22:50Eh bien,
22:51ce que je remarque,
22:52vous avez dit
22:52Jésus et la colonisation.
22:55Moi,
22:55je suis d'une génération
22:56où on ne va pas
22:57enseigner Jésus à l'école.
22:59Voilà.
23:00Parce que dans la loi 1905,
23:01justement,
23:01on séparait aussi,
23:03on faisait de l'enseignement
23:04laïc,
23:05c'est-à-dire qu'on laissait
23:06la religion
23:07ou l'enseignement même
23:09de la religion
23:10aux parents.
23:12Et ce qui se passe...
23:14On va enseigner l'histoire
23:14de la religion.
23:15Oui, enfin...
23:16Bon.
23:17Il y a suffisamment à faire.
23:18Là où je vous rejoins,
23:19vous voyez,
23:20parce que je fais
23:20des interventions,
23:21c'est qu'il y a
23:22une grande ignorance
23:23des élèves
23:23de l'histoire politique
23:25de la France.
23:26Et c'est ça
23:26qui devrait être
23:27la priorité
23:27de l'enseignement.
23:28Vous avez dit un...
23:28Je leur parle de Clémenceau,
23:30par exemple,
23:30en terminale,
23:30ils ne savent pas qui c'est.
23:32Donc, c'est ça moi
23:33qui me préoccupe.
23:34Vous parlez de la laïcité,
23:35je voudrais qu'on écoute
23:35Valérie Boyer,
23:37qui est sénatrice
23:37des Républicains.
23:38Oui.
23:39Très intéressant
23:39parce qu'il y a
23:40beaucoup d'élus,
23:41de responsables politiques
23:43qui, depuis quelques années,
23:45estiment qu'il serait intéressant,
23:47qu'il est essentiel,
23:48plus qu'intéressant,
23:49d'inscrire dans la Constitution,
23:51vous parliez du droit
23:52tout à l'heure,
23:56C'est un rôle important.
23:57Je trouve qu'il vaut mieux.
23:57On l'écoute ?
23:58D'accord.
23:58On l'écoute.
24:00Je pense que c'est un cadre
24:02qui est spécifiquement français,
24:04effectivement,
24:05que peu comprennent,
24:06mais qui protège tout le monde.
24:07Et je crois en France
24:08qu'il fait consensus.
24:09En tout cas, ça fait partie,
24:11j'allais dire,
24:12des valeurs qui sont prenées
24:13par la chienne et de l'Église,
24:14si on reprend notre histoire.
24:17La laïcité,
24:18c'est le respect des religions,
24:19mais personne ne peut nier
24:21que nous avons des racines chrétiennes.
24:22D'ailleurs, preuve en est,
24:24depuis le décès du pape,
24:27et même, j'allais dire,
24:28au moment des fêtes pascales,
24:29puisque son décès intervient
24:31au lendemain du dimanche du pape,
24:34au lendemain où la mort est morte
24:35par la résurrection de Jésus-Christ,
24:38que célèbrent tous les chrétiens du monde.
24:40Eh bien, je crois que toutes les télés,
24:42toutes les radios,
24:43tous les journaux
24:44se sont arrêtés
24:44pour parler de cette figure
24:47qui est probablement
24:48l'homme le plus connu du monde,
24:50qui est celle du pape.
24:51Jules Torres.
24:53Non mais, elle a raison,
24:54la sénatrice Valérie Boyer,
24:55et d'ailleurs, tout à l'heure...
24:56Est-ce qu'il faut inscrire
24:56dans la Constitution
24:57nos racines chrétiennes ?
24:59Moi, je suis complètement favorable
25:01pour la simple et bonne raison
25:02que tout à l'heure,
25:02vous parliez, par exemple,
25:03de l'Espagne
25:04et de l'Italie.
25:06C'était une religion d'État,
25:07le catholicisme,
25:08en Espagne jusqu'en 78,
25:10en Italie jusqu'en 84,
25:12mais peut-être que la bonne chose
25:13qu'ils ont fait,
25:14et c'est peut-être pour ça
25:15qu'ils n'ont pas les mêmes problèmes
25:16que nous,
25:16c'est qu'ils ont inscrit
25:18dans la Constitution
25:19les valeurs du catholicisme
25:21par rapport aux traditions du pays.
25:22Et c'est peut-être ça
25:23qu'on a du mal en France,
25:25c'est ce juridisme,
25:27finalement,
25:28cette loi de 1905
25:29qui nous empêche
25:30d'avoir un débat
25:30et de reconnaître...
25:32Et rappelons que l'Espagne,
25:37il y a le franco
25:37jusqu'en 74,
25:39et qu'il y a une guerre civile,
25:40on a parlé que du cadre de la loi,
25:42sauf que ce n'est pas une loi
25:44qui va décider
25:44qu'on met 1500 ans d'histoire
25:46de côté.
25:47Mais ça n'est pas de problème.
25:48Si, bien souvent,
25:50on ne peut pas de problème.
25:50Le débat,
25:51c'est ce qui peut intervenir.
25:52Qu'on puisse s'écouter
25:53et que les auditeurs
25:54puissent d'ailleurs réagir.
25:55Si vous souhaitez réagir,
25:5701, 80, 20, 39, 21,
25:59on va saluer Léa
25:59qui était avec nous,
26:01qui disaient les polémiques.
26:04On s'en passerait bien,
26:05on sera dans un instant
26:06avec Jean-Yves
26:07qui nous appelle
26:07d'Allemagne, Jean-Yves.
26:08Je n'en reviens pas.
26:09C'est intéressant, ça.
26:10On va essayer de l'avoir.
26:11La laïcité n'est pas
26:12un produit d'exportation.
26:13C'est pour ça qu'il est intéressant.
26:14Moi, j'ai habité
26:15pendant deux ans en Italie
26:16et en Italie
26:18parce qu'à Rome
26:18et tous les journalistes
26:20du monde entier
26:20qui sont là
26:20pour suivre l'actualité du Vatican,
26:23la laïcité à la française
26:24est quelque chose
26:25qu'ils ne comprennent pas
26:26dans le monde entier.
26:27Donc nous, on s'entare
26:28comme étant la lumière du monde.
26:30Mais non, c'est absolument vrai.
26:31M. Veil, pardonnez-moi,
26:32Émeric Courbet
26:33a vécu pendant deux ans
26:34et il a le droit
26:35d'apporter son témoignage.
26:36Vous dites que c'est totalement faux.
26:37Dans un pays,
26:38vous allez aux Etats-Unis,
26:40c'est pareil.
26:40J'enseigne aux Etats-Unis
26:42depuis 15 ans
26:42et ils comprennent très bien
26:43la laïcité.
26:44Le président est serment
26:44sur la Bible.
26:45Oui, mais il ne finance pas
26:47les églises comme nous le faisons.
26:48Le financement, c'est autre chose.
26:50Ben voilà, monsieur.
26:51Il y a des marques
26:51de la séparation.
26:53Les Etats-Unis,
26:54c'est aussi un pays laïque,
26:58mais est-ce qu'on peut revenir
26:59quand même sur ce climat
27:01qu'il peut y avoir
27:01et avançons un peu sur le sujet.
27:03Vous seriez contre, par exemple,
27:04d'inscrire M. Veil,
27:05je rappelle que vous êtes
27:06historien, politologue,
27:07directeur de recherche au CNRS,
27:09spécialiste des questions
27:10de laïcité,
27:11auteur du livre,
27:11on va le dire une quatrième fois,
27:13de la laïcité en...
27:14En France.
27:15Bien sûr.
27:16Mais plus sérieusement,
27:17est-ce qu'il faudrait inscrire
27:21les racines chrétiennes
27:22dans la Constitution française ?
27:25Ça avait été une question
27:26pour la Constitution européenne.
27:29Jacques Chirac avait refusé.
27:30Vous savez,
27:31je suis frappé de voir
27:32Mme Boyer,
27:33parmi d'autres,
27:36tous ces parlementaires
27:37qui proposent
27:38de faire de nouvelles lois
27:39sans regarder
27:41comment s'appliquent
27:41celles qui existent déjà.
27:43Ça, c'est que Clémenceau
27:44le remarquait.
27:45Et je remarque
27:47que la loi de 1905
27:49prévoyait la protection
27:51de la liberté religieuse,
27:53de la liberté de conscience
27:54par des dispositions pénales.
27:55Et je remarque
27:57que vous ne répondez pas
27:57à ma question.
27:58Je ne réponds pas
27:58à votre question,
27:59je vais y répondre.
28:01Parce que ces dispositions pénales,
28:03c'est le garde des Sceaux
28:04qui est chargé
28:05de les mettre en oeuvre.
28:06Bien sûr.
28:07Mais qui est le garde des Sceaux ?
28:08C'est Darmanin.
28:10M. Darmanin,
28:10il y a quelques semaines,
28:11a dit
28:11qu'il faut une nouvelle loi
28:13pour les compétitions sportives,
28:15etc.
28:16Et pendant ce temps-là,
28:16il n'applique pas.
28:18Il ne fait rien.
28:20Il est le protecteur
28:21de la séparation,
28:22de la liberté religieuse,
28:23etc.
28:25Il ne fait rien.
28:26Il n'applique pas la loi.
28:27Le ministre des Cultes,
28:27si vous me permettez,
28:28ce n'est pas M. Darmanin,
28:29c'est d'ailleurs M. Berretailleau,
28:30c'est le ministre de l'Intérieur.
28:33Mais,
28:34je vous ramène,
28:36il faut regarder les textes,
28:37c'est le garde des Sceaux
28:38qui est chargé...
28:40Il n'applique pas la loi.
28:40Oui, évidemment.
28:41Et il ne l'applique pas.
28:45Comme vous.
28:45Alors, attendez.
28:46Moi, je dirais à Mme Boyer...
28:47M. Veil, vous contournez un peu la question.
28:48Il va aller plus loin dans sa loi.
28:50Est-ce que M. Veil ne veut pas se contenter
28:52des compétitions sportives officielles ?
28:54Il veut aller...
28:54Mais on s'écarte du sujet.
28:56Non, on ne s'écarte pas du sujet.
28:57Si on s'écarte du sujet,
28:58parce que les choses peuvent être simples,
28:59M. Veil,
29:00est-ce que vous considérez
29:01que d'inscrire dans la Constitution
29:04nos racines chrétiennes,
29:05ce qui devait d'ailleurs se passer
29:06pour la Constitution européenne,
29:08est-ce que c'est une bonne
29:09ou une mauvaise chose ?
29:10Est-ce que vous êtes pour
29:11ou vous êtes contre ?
29:12Moi, je suis favorable
29:12à l'inscription dans la Constitution
29:14des articles fondamentaux
29:16de la laïcité
29:17que sur l'article 1 et 2
29:19de la loi de 1905.
29:20Donc, vous ne répondez pas
29:21à ma question ?
29:21Si, si, si, si, si.
29:23La réponse, c'est de la réponse.
29:24La réponse, c'est de la réponse.
29:26On ne peut pas chercher clair.
29:27Quand la réponse ne te convient pas
29:29et là, il n'y a pas eu de réponse.
29:31Moi, j'ai toujours,
29:33contrairement à vous,
29:34une pensée pour les auditeurs.
29:35Et quand vous hurlez tous
29:36dans le studio,
29:38c'est un peu le principe de l'édition.
29:39Ah bon ?
29:40C'est le concept ?
29:40C'est de perdre un temps ?
29:41Ça peut être animé.
29:42Ah, merci Olivier D'Artigol.
29:44Vous, ça vous dérangerait,
29:45Olivier D'Artigol ?
29:46Ah oui.
29:46Vous voyez,
29:47c'est clair.
29:48Mais tu racontes n'importe quoi.
29:51Ce n'est pas grave,
29:52tu peux continuer.
29:53Systématiquement,
29:54où je prends la parole
29:55à l'émission,
29:56Jules, tu peux dire
29:56oui, mais bon,
29:57c'est le communisme
29:58qui s'est exprimé.
29:59Je trouve ça un peu réducteur,
30:00mais vas-y, continue.
30:01C'est bien.
30:02Ce que je veux dire,
30:03ce que je veux dire,
30:04c'est que je pense
30:05que notre pays peut continuer,
30:07comme disait le poète,
30:08à faire frissonner
30:08le reste du monde
30:09et que je trouve
30:10que notre république laïque,
30:12que notre conception
30:13de laïcité
30:14est un message universaliste.
30:17Alors,
30:17est-ce qu'il faut reprendre ça,
30:18s'en expliquer de nouveau ?
30:20J'aurais aimé,
30:21mais on n'a pas beaucoup de temps,
30:23malheureusement.
30:23Vous parlez souvent d'identité.
30:25Voilà notre identité.
30:26Olivier D'Artigol,
30:27elle est tellement belle.
30:27S'il vous plaît.
30:28Olivier D'Artigol,
30:29je disais,
30:29il y a un climat
30:31très intéressant,
30:31ce qui se passe
30:32et j'aurais aimé vraiment
30:33qu'on en parle.
30:34aux alentours de 17h,
30:36mais on a d'autres sujets
30:37à traiter dans un instant.
30:40Selon un rapport
30:41de l'Observatoire
30:42sur l'intolérance
30:42et les discriminations
30:43envers les chrétiens,
30:44on aura appelé
30:44les actes anti-chrétiens.
30:46Bon,
30:46ils sont en constante hausse
30:48ces dernières années.
30:49D'accord ?
30:50La Commission européenne,
30:51elle est en train
30:51de prévoir
30:52un grand plan
30:53de lutte
30:53contre les discriminations
30:55et le racisme.
30:56D'accord ?
30:57Eh bien,
30:57dans ce plan,
30:58c'est M. Ledgeri
30:59qui,
30:59alors peut-être que le député
31:00du Rassemblement National
31:02Eurodéputé
31:02se trompe
31:03et que c'est une fake news.
31:04Mais que dit-il ce week-end ?
31:06L'Union européenne
31:07lance une stratégie
31:07contre le racisme
31:08qui oublie
31:09le racisme anti-blanc,
31:11ça je mets de côté,
31:13et la christianophobie.
31:14C'est-à-dire que
31:15les actes anti-chrétiens
31:16ne sont même pas
31:18pensés
31:19dans ce vaste plan
31:20qui va durer
31:22de 2026
31:23à 2030
31:24et produit
31:25par la Commission européenne.
31:26C'est intéressant quand même.
31:27C'est pour ça que je vous dis
31:28qu'il y a un climat
31:29aujourd'hui.
31:29Pourquoi ne pas ?
31:30Ça vous choque ça,
31:31Olivier D'Archigol,
31:32ou pas ?
31:33Non, je pense qu'il faut
31:34en effet évoquer...
31:35En 30 secondes ?
31:36Non, je suis d'accord
31:37sur le fait que oui,
31:37ça n'est pas...
31:39Ce n'est pas normal.
31:39Oui, il y a un petit sujet.
31:41Il y a un petit sujet,
31:42il y a même un gros sujet.
31:42Pourquoi les actes
31:43anti-chrétiens dérangent ?
31:44Pourquoi il y a une omerta
31:46sur les actes anti-chrétiens ?
31:47Pas dans notre pays, en tout cas.
31:48Pas dans notre pays.
31:49Non, dans notre pays...
31:50Attendez,
31:51on a bien compris
31:52que les grands patrons,
31:53c'est la Commission.
31:54C'est Mme Nassarlayan.
31:55Dans notre pays,
31:56les actes anti-religieux
31:58et notamment
31:59sont recensés.
32:00Sont recensés.
32:00Bien évidemment.
32:01Et un juste titre.
32:02D'ailleurs, en 2024,
32:03770 actes anti-chrétiens
32:05en France
32:06et M. Légeri dit
32:08zéro ligne dans leur texte.
32:09C'est quand même
32:10assez intéressant.
32:12Débat absolument passionnant.
32:13Merci, bien sûr,
32:15à tous les six.
32:16Merci M. Veil.
32:17Vous restez un peu avec nous
32:18ou pas ?
32:18Vous êtes pressés ?
32:20Ah, écoutez...
32:21Moi, on m'a dit 17h15.
32:22Ah, bah alors,
32:2317h15,
32:23on devait rester à 17h15.
32:25On revient dans un instant.
32:27On parlera de la situation
32:28dans les prisons.
32:29Et on parlera de l'affaire
32:30Bétaram
32:31puisque le ministre,
32:33le premier ministre
32:34François Bayrou
32:34a réagi
32:36après les déclarations
32:36de sa fille.
32:38On écoute tout ça
32:38sur Europe 1.
32:39Dans un instant,
32:39restez avec nous.
32:4001-80-20-39-21
32:42si vous souhaitez réagir.
32:43A tout de suite.