Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • aujourd’hui
Il y a en France, surtout depuis la dissolution, un virus du présidentiable. Anne Rosencher s'interroge sur les enjeux de la multitude d'aspirants à l'Élysée, plus préoccupés par leurs stratégies personnelles que par l'intérêt général.

Retrouvez « En toute subjectivité » avec Anne Rosencher sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/anne-rosencher-en-toute-subjectivite

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00En toute subjectivité avec la directrice déléguée de la rédaction de l'Express, Anne Rosencher, ce matin, Anne, vous vous posez une question de succession.
00:09Oui, il ne vous a pas échappé, chers auditeurs, que le pape François est mort ce lundi.
00:14Depuis, les sites spécialisés et les articles d'experts sont assez raccords.
00:17Il y aurait une grosse vingtaine de papabilis, c'est-à-dire de cardinaux pressentis, pour lui succéder.
00:24C'est beaucoup, mais quand on y songe, c'est aussi beaucoup moins que de présidentiabilis, c'est-à-dire en tout cas, beaucoup moins que de personnes pensant pouvoir remporter la prochaine présidentielle.
00:36Combien y en a-t-il au juste ? On ne le sait pas, car la plupart y songent tant off, mais enfin, je crois que c'est considérable.
00:42Dans son excellent livre « L'heure des prédateurs », Giuliano da Empoli considère, au détour d'un paragraphe piquant et drôle,
00:49qu'il y a à tout moment à Paris, 123 personnes qui estiment avoir une chance sérieuse de devenir le prochain locataire de l'Elysée.
00:58Parmi elles, précise l'auteur, 7 ou 8 sont vraiment dans la course.
01:02Les autres savent qu'elles ne sont pas en position de force,
01:05mais se disent qu'un concours de circonstances peut faire émerger la nécessité historique de leur avènement.
01:11Alors, je n'ai pas vérifié auprès de Giuliano da Empoli, je crois que le nombre de 123 est une estimation taquine,
01:19qui n'est pas à prendre au pied de la lettre.
01:20Cela dit, quand on suit la politique de près, on sait quand même que le nombre de ceux qui pensent avoir leur chance est important.
01:27Hommes, femmes, premier et second couteau, apparatchiks, revenants, grands brûlés, bébés cadoms, grands partis, petits partis,
01:33ministres, ex-ministres et même outsiders de la politique.
01:36Il y a en France, surtout depuis la dissolution, un virus du présidentiable.
01:42Alors, on peut en rire, s'interroger sur ce que cela dit de l'inconscience de certains,
01:46mais je crois que ce sont surtout les effets qui sont à déplorer.
01:49Et quels sont-ils alors, ces effets ?
01:51Eh bien, cela participe de la paralysie de la France à un moment où nous aurions singulièrement besoin d'être en ordre de bataille.
01:58Que ce soit au pouvoir ou dans l'opposition, il y a trop d'aspirants à la présidence,
02:03obnubilés par leur stratégie personnelle.
02:06Comment faire pour ne pas se compromettre, pour se démarquer, pour faire un coup de com',
02:10pour éliminer tel rival, y compris dans son propre camp ?
02:13Tout cela, oui, contribue à l'écrasement de l'intérêt général et mine l'action publique pourtant indispensable.
02:21Face aux crises politiques, géopolitiques, économiques et désormais aussi,
02:24face à l'essor fou de l'intelligence artificielle dont on est bien infichu de mesurer les défis qu'elle nous mijote,
02:31« On a le sentiment terrible que la France est embolisée et que rien n'y changera avant 2027. »
02:39Je ne veux pas paraître alarmiste, mais je crois que nous n'avons pas ce temps-là.
02:42Anne Rosanchère, merci.
02:43Merci.
02:44Merci.
02:45Merci.

Recommandations