L'adieu de Patrick Cohen à Pierre Cousein, atteint de la maladie de Parkinson, qui a choisi de "partir en bonne santé".
L’adieu, je le dois à la personne qui dans quelques heures, ne sera plus. Vous l’avez entendu hier matin dans le journal de 7h30 : Pierre Cousein, informaticien lillois de 48 ans, souffrant de la maladie de Parkinson depuis dix ans, a choisi de mettre fin à ses jours. Et c’est pour aujourd’hui 24 avril, dans un hôpital de Bruxelles, rendez-vous fixé il y a un mois, mais dans sa tête depuis deux ans… aujourd’hui donc qu’il recevra ce que les Belges appellent le « soin ultime », deux piqures et puis bye bye, entouré d’une dizaine de proches :« De mon Parkinson, je serai guéri ! »
Retrouvez « L'édito politique de Patrick Cohen » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
L’adieu, je le dois à la personne qui dans quelques heures, ne sera plus. Vous l’avez entendu hier matin dans le journal de 7h30 : Pierre Cousein, informaticien lillois de 48 ans, souffrant de la maladie de Parkinson depuis dix ans, a choisi de mettre fin à ses jours. Et c’est pour aujourd’hui 24 avril, dans un hôpital de Bruxelles, rendez-vous fixé il y a un mois, mais dans sa tête depuis deux ans… aujourd’hui donc qu’il recevra ce que les Belges appellent le « soin ultime », deux piqures et puis bye bye, entouré d’une dizaine de proches :« De mon Parkinson, je serai guéri ! »
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00:00L'édito politique Patrick Cohen dans votre édito ce matin.
00:03Patrick, un adieu et un espoir.
00:06L'adieu, je le dois à la personne qui dans quelques heures ne sera plus.
00:10Vous l'avez entendu hier matin dans le journal de 7h30,
00:12Pierre Cousin, informaticien lillois de 48 ans,
00:15souffrant de la maladie de Parkinson depuis 10 ans,
00:17a choisi de mettre fin à ses jours.
00:19Et c'est pour aujourd'hui, 24 avril, dans un hôpital de Bruxelles.
00:22Rendez-vous fixé il y a un mois, mais dans sa tête depuis deux ans.
00:26Aujourd'hui donc, il recevra ce que les Belges appellent le soin ultime.
00:30Deux piqûres et puis bye bye.
00:32Entouré d'une dizaine de proches, de mon Parkinson, dit-il, je serai guéri.
00:36Pierre Cousin n'a rien d'un mourant.
00:38En langage médical, on dit pronostic vital, pas engagé.
00:41Si son corps est secoué de soubresauts, sa parole vive, sa répartie, son humour,
00:46contribue à dissiper le vertige et l'émotion irrépressible
00:49de partager les tout derniers instants d'un vivant.
00:52Comme on visiterait un condamné à mort.
00:53N'étant ni prêtre ni médecin, c'est un dialogue dont je n'avais jamais connu l'intensité.
00:59Premier réflexe, demander à l'homme qui s'est condamné lui-même,
01:02qui semble tant aimer la vie, pourquoi avoir décidé de s'en arracher maintenant ?
01:06Réponse désarmante de celui qui a encore la force de vous fixer de son regard.
01:10Je voulais partir en bonne santé sourire.
01:14En bonne santé, cela veut dire avant que son corps démentibulé par la maladie ne se défasse complètement,
01:19avant que la prison ne se referme,
01:20avant de ne plus rien pouvoir accomplir de ce qui lui a fait aimer la vie.
01:25Et encore ces derniers mois, en cochant sur un cahier la liste de ses envies.
01:29Dernière soirée avec les copains, dernier moment de partage,
01:32dernière balade sur la digue de Malo-les-Bains, etc.
01:35Jusqu'à hier, j'ai vécu ma plus belle fin de vie, dit-il, apaisée et déterminée.
01:40Et aurait-il pu, Patrick, bénéficier de la loi sur l'aide à mourir, dont débat le Parlement ?
01:45Non, il n'est pas en fin de vie, il ne coche pas les cases,
01:48Parkinson qui vous emprisonne mais ne vous tue pas, ne sera pas en France un motif de suicide assisté.
01:54La loi, si elle passe, permettra de faire mourir les mourants,
01:57mais pas ceux condamnés à rester légumes sur un lit d'hôpital.
02:00Ainsi l'ont voulu la Convention citoyenne et Emmanuel Macron.
02:03Ce texte est un compromis, reconnaît l'un de ses initiateurs, Olivier Falorni.
02:08En Belgique, il suffit d'une maladie incurable, d'une souffrance inapaisable
02:11et d'une pleine capacité de jugement.
02:14Comme Pierre, 106 Français se sont exilés en Belgique l'an dernier
02:18pour y mourir en paix, un tous les trois jours.
02:21C'est triste pour l'idée qu'on se fait de la France et ça va donc continuer.
02:24Et quel est votre espoir ?
02:26Que Pierre soit écouté, que les débats au Parlement soient dignes,
02:28qu'ils soient débarrassés des mensonges qui les embrouillent
02:31et des campagnes qui les salissent.
02:33On a même vu ressurgir, là, le complot maçonnique.
02:36Les convictions religieuses sont respectables quand elles sont assumées
02:39et qu'on ne cherche pas à en faire la loi de tous.
02:42Il n'est pas vrai que la loi actuelle et les soins palliatifs
02:45offrent des solutions à tous les malades.
02:47Il n'est pas vrai qu'aucun patient correctement pris en charge
02:50ne demande à mourir.
02:52C'est aussi ce que m'a dit l'homme dont la rencontre m'a bouleversé
02:55et à qui je devais cette chronique.
02:57S'il n'est pas trop tard, je le salue fraternellement.
03:00Patrick Cohen, merci.