Retrouvez la chronique d'Elisabeth Levy
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Allez, Aurore Berger, Elisabeth Lévy, bonjour.
00:07Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.
00:09Aurore Berger veut la tolérance zéro pour les clients de prostituées, c'est ce qu'elle a déclaré.
00:14C'est l'anniversaire de la stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel.
00:19Ah bah oui, ça ne veut rien dire et ça ne fera pas disparaître le plus vieux métier du monde, le système prostitutionnel, mon Dieu.
00:25Mais ça claque.
00:27Pour la ministre de l'égalité, pardon, pardon, femme-homme, parce qu'il ne faudrait qu'il faut dire comme ça, pardon,
00:35sanctionner les proxénètes et les clients reste une priorité.
00:39Donc pour elle, j'en conclue, que payer une femme qui vend librement, non pas son corps, son corps elle le garde, pardon,
00:45mais de la sexualité, c'est la même chose que l'exploiter, la contrainte ou la violenter, les clients et les proxénètes.
00:51Alors en réalité, évidemment, Berger veut réactiver cette loi stupide de 2016 qui sanctionne les clients.
00:58Parce qu'au terme de cette loi que j'avais grandement combattue, vous avez le droit de vendre un service.
01:04On a même abrogé le délit de racolage.
01:06Donc une femme, c'est souvent des femmes, un homme aussi, a le droit de se prostituer.
01:12Mais ce service, il est interdit de l'acheter.
01:15En gros, on vous dit que vous pouvez ouvrir une boulangerie, ça, il n'y a aucun problème,
01:18et que quiconque achète une baguette sera condamné.
01:21Évidemment, c'est complètement stupide.
01:23À part des déclarations ronflantes sur cette grande avancée majeure,
01:27ce nouveau jour pour les femmes, tout ça, l'effet réel est bien sûr à peu près eu.
01:31Bon, il y a eu quand même à peu près 1100 verbalisations pour achat d'actes sexuels sur majeurs par an.
01:37Mais en réalité, la prostitution se passe de moins en moins dans la rue.
01:41Et donc, l'immense majorité des clients et des prostituées échappent à la maréchelle.
01:45Oui, il faut bien lutter contre la prostitution, et notamment la prostitution des mineurs.
01:49Oui, alors attendez, là, je parle de la...
01:51Justement, ce n'est pas de ça que je parle.
01:53Je ne vois pas pourquoi il faut lutter en général contre la prostitution.
01:57Il faut évidemment réprimer les réseaux, les esclavagistes,
02:00qui exploitent les femmes vulnérables et les mineurs, et les enfants, évidemment.
02:04Mais au nom de quoi ?
02:06Interdirait-on à des adultes consentants d'échanger du sexe contre de l'argent ?
02:11Il faut dire d'ailleurs que la France est officiellement favorable à l'abolition,
02:15objectif d'ailleurs totalement, évidemment, hors d'atteinte,
02:18mais qui reflète surtout un puritanisme de dame patronesse
02:21qui est scandaleusement liberticide en plus.
02:24Alors, Robert, j'ai raison sur un point, la prostitution, ça n'est pas...
02:28On ne défend pas la prostitution pour lutter contre les violences sexuelles.
02:32Les violences sexuelles vont voir avec les violences plus qu'avec la sexualité.
02:38Pardon.
02:39Et je dirais que d'un point de vue sociologique, je m'arrête 5 minutes,
02:42je dirais que la prostitution a sauvé la famille traditionnelle, ce n'est pas rien.
02:46Mais, mais, mais, mais, mais, il faut défendre la prostitution philosophiquement.
02:52La prostituée suisse, Griselie Disrael, qui a écrit des lettres absolument sublimes,
02:57dit que se prostituer, pour elle, c'est un acte révolutionnaire.
03:01Certaines femmes et des hommes, je le répète, préfèrent se prostituer
03:05qu'être caissière ou caissier ou d'autres métiers.
03:08Bon, il y a même des étudiantes qui font des extraps, pas pour manger,
03:12comme on nous le raconte, si vous voulez, pour nous faire pleurer,
03:14mais parce qu'elles veulent se payer des sacs de marre.
03:17Parce que pour elles, la sexualité, ça n'est pas un sacrement,
03:20c'est une activité bananée, éventuellement agréable.
03:26Et alors, et alors, on leur dit qu'ils sont aliénés,
03:29on leur explique qu'elles sont traumatisées.
03:31Pardon, la liberté, c'est le droit de choisir son aliénation.
03:35Il y a, et puis alors, pardon, Madeleine, Esther, Nana,
03:38la littérature, le cinéma sont pleins de putains splendides,
03:41puissantes et enivrantes.
03:44Alors, enfin, sous prétexte de protéger les femmes dans cette affaire,
03:46on les traite comme d'habitude, comme des enfants, comme des victimes.
03:50Je répète, évidemment, il faut lutter contre la contrainte,
03:52l'exploitation, ça c'est le fondamental.
03:55Tarifé ou pas, la sexualité entre adultes n'est pas un crime,
03:58alors que l'État s'occupe de lutter contre le crime
04:01et qu'il arrête de se mêler de nos fesses.
04:03Qu'est-ce que vous en pensez, Françoise ?
04:06J'adore, parce que je suis tout à fait d'accord.
04:08Je remercie Jean-Jacques de m'avoir déniché cette déclaration.
04:11J'adore, j'adore, parce que je suis tout à fait,
04:13c'est complètement délirant, je pense qu'on ne vous fera pas mieux
04:15en métaphore que le boulanger de la baguette,
04:18parce que je n'y avais pas pensé, mais on est dans le délire.
04:21Et bien sûr, il vaudrait mieux mettre toutes ces forces
04:25pour démonter les réseaux de proxénétisme, d'esclavagisme,
04:29et surtout pour s'équiper un peu, enfin, comme les Espagnols,
04:32vous savez, sur les violences faites aux femmes.
04:34Moi, je voudrais avoir... Il ne faut pas se diluer, il faut se concentrer.
04:39On a besoin du fameux bracelet, d'alerte, etc.
04:41On a besoin d'avoir... Les Espagnols ont réussi vraiment ça
04:45sur les violences faites aux femmes.
04:47Mettons tout le paquet vraiment là-dessus et sur les démantellements.
04:50On est dans le... Et je suis d'accord philosophiquement avec Elisabeth,
04:54la figure de la catin et la figure de la prostituée sublime,
04:58eh bien, elle fait partie, presque, j'ai envie de dire,
05:01de l'archétype humain.
05:03Donc, laissons les prostituées se prostituer.
05:05À partir du moment où il n'y a pas un mac qui les tabasse le soir,
05:07ça me va très bien.
05:08À un moment où c'est un choix libre, évidemment.
05:10J'allais le dire, c'est ce que je dis.
05:11Oui, vous avez... Non, non, on est d'accord.
05:13Alors, mais, est-ce qu'on est d'accord ?
05:15Pour une fois, tu es un Jean-Jacques nous dirait ce que...
05:18J'aimerais bien savoir ce qu'un homme en pense.
05:20Ah non, je suis totalement d'accord avec vous.
05:21Moi, je trouve qu'elle a dit un truc très important,
05:24Elisabeth a dit un truc super important,
05:26ça a sauvé les familles.
05:28Bien sûr que la prostitution...
05:31Voilà, exactement.
05:33Tout est dans les grands auteurs,
05:34et tout est dans la vie, en réalité.
05:36Et moi, je pense véritablement,
05:37alors ça n'a pas de rapport avec les violences sexuelles,
05:39mais la misère sexuelle est aussi facteur.
05:42La misère sexuelle masculine ou féminine,
05:44et surtout masculine,
05:45est facteur aussi de troubles,
05:47après, dans la concorde civile.
05:49Et donc, je pense que c'est très important
05:51qu'à un moment donné,
05:53les hommes puissent trouver ça.
05:55Ce n'est pas la seule raison.
05:56Il y a des hommes qui vont voir des prostituées,
05:58parce qu'en réalité,
05:59c'est une sexualité beaucoup plus gratuite
06:01que quand tu dois donner de l'amour,
06:03de l'attention,
06:04des cadeaux d'anniversaire,
06:06des bouquets de fleurs pour la Saint-Valentin.
06:08C'est un échange, en réalité, plus clair.
06:11Voilà, donc il y a des hommes qui ont une vie sexuelle,
06:13et qui vont par ailleurs...
06:14Et puis il y a des hommes qui ont une misère affective aussi.
06:16Oui, misère sexuelle affective.
06:17Alors ça, vous avez raison,
06:18il y a des hommes qui nouent des relations,
06:20tout simplement,
06:21des relations d'amitié,
06:23même sans consommer.
06:248h22, vous êtes sur un thème de Sud Radio,
06:27on est tous d'accord.
06:27C'est parce qu'on est vieux.
06:288h22.
06:29C'est parce qu'on est vieux.
06:30Ah ah ah ah ah.