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Avec les déclarations de Macron sur la possibilité d'envoyer des troupes en Ukraine, l'exécutif impose Kiev comme pivot de la campagne pour les européennes. L'occasion de renvoyer le RN, loin devant dans les sondages, à ses amitiés russes, et de diviser un peu plus la gauche. Analyse avec notre chroniqueur, Cyprien Caddeo.

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Transcription
00:00 Aujourd'hui on va parler de la guerre.
00:02 Pardon, de la guerre. Et vous allez voir les européennes c'est pas si chiant en fait. Allez générique.
00:07 Bienvenue dans la tête dans le flux aujourd'hui on va parler des européennes mais pas vraiment de la taille des emballages de camembert on va parler
00:24 de l'Ukraine.
00:25 Vous l'avez compris le conflit entre l'Ukraine et la Russie est au coeur de ce début de campagne à trois mois du scrutin qui se
00:30 tient le 9 juin prochain pour rappel. Pourquoi ? Parce que la situation s'enlise à l'est bien sûr après deux ans de conflit ce qui pose
00:37 la question de l'efficacité et de la pérennité des aides et des sanctions de l'union européenne
00:41 soutien à Kiev, sanctions contre Moscou. Si ce conflit s'enlise sur cinq ou dix ans ce qui est un scénario
00:46 envisageable comment ce soutien européen à l'Ukraine doit-il évoluer ? Surtout on en parle en France maintenant parce que Emmanuel Macron a dit ceci
00:54 "il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer de manière
00:57 officielle assumer et endosser des troupes au sol
01:02 mais en dynamique rien ne doit être rien ne doit être exclu"
01:07 Voilà rien n'est exclu pas même donc l'envoi de troupes au sol sous-entendu de soldats français. Bon alors pas de panique
01:13 rangez vos rangers Macron est un peu tout seul dans l'affaire pour l'instant.
01:17 "Le chancelier allemand exclut formellement une intervention militaire en Ukraine"
01:22 "il n'y aura pas de troupes au sol, pas de soldats sur le sol ukrainien envoyés par des pays européens ou des états de l'OTAN"
01:27 Mais ça suffit à bien énerver les oppositions qui n'ont pas été
01:31 consultées avant cette sortie et surtout la gauche qui veut elle incarner la voie de la paix.
01:36 "Si on envoie des troupes aujourd'hui en Ukraine
01:38 qu'adviendra-t-il lorsqu'en effet ils seront pris pour cible, lorsqu'ils tomberont, lorsqu'on aura des soldats français morts sur le front"
01:45 "Je suis opposé à l'idée que la France
01:48 cherche à être en quelque sorte le leader du camp de la guerre et je pense que au contraire la France devrait
01:53 prendre la tête du camp de la paix"
01:55 Voilà donc ce sujet est devenu un enjeu de campagne
01:58 déseuropéenne mais aussi le 12 mars l'objet d'un débat à l'assemblée nationale.
02:02 L'occasion pour l'exécutif et ses députés
02:04 d'accuser les oppositions de pas vraiment vouloir soutenir Kiev et Zelensky.
02:08 Vous l'avez compris ça a encore pas mal chauffé dans l'hémicycle pour changer.
02:11 "Les déclarations va-t-en-guerre du président de la république sur l'envoi de troupes françaises en Ukraine
02:16 ont choqué fortement nos compatriotes"
02:18 "Mais je le dis monsieur Roussel, je préfère bomber le torse qu'attraper la ventre devant la Russie dans son agression"
02:24 "Oui ou non, acceptons-nous que la France puissance nucléaire se place en situation de guerre face à la Russie puissance nucléaire"
02:32 Depuis la campagne pour l'européenne, l'enjeu ukrainien est donc devenu un enjeu stratégique dans le paysage politique national.
02:38 Remettre l'Ukraine au coeur du débat, quitte à éclipser d'autres sujets comme, allez au hasard, l'agriculture,
02:43 ou la lutte contre les multinationales, c'est faire diversion. Et ce côté diversion, on n'est pas les seuls à l'avoir noté.
02:48 "Emmanuel Macron essaye de se raccrocher à beaucoup de sujets pour, une fois de plus, faire diversion et éviter d'être confronté à son propre bilan"
02:57 "C'est pas très rassurant dans le contexte actuel"
02:59 En fait, ça permet surtout à la Macronie d'obliger les oppositions à se positionner.
03:03 Et si elles ne suivent pas la ligne guerrière esquissée par l'Elysée, de les accuser de faire le jeu de Vladimir Poutine.
03:08 Avec parfois des comparaisons historiques hallucinantes, comme ici Valérie Haieur, tête de liste du camp présidentiel.
03:14 "Hier, Daladier et Chamberlain. Aujourd'hui, Le Pen et Orban"
03:19 Ouais, le coup d'Hitler, c'est bien pratique quand on est macroniste et qu'on court 10 points derrière le RN dans les sondages.
03:24 Et puis bon, le tropisme russe est pas du tout pro-ukrainien de Le Pen, il est documenté, souvenez-vous.
03:29 "Vous savez pourquoi vous avez été interdit de séjour en Ukraine ?"
03:32 "Oui, je sais pas pourquoi d'ailleurs"
03:33 "Ah si, on sait pourquoi"
03:34 "Pourquoi ?"
03:35 "Parce que vous aviez nié l'annexion de la Crimée par la Russie"
03:38 "Ah bah je l'ai pas nié, parce qu'en l'occurrence y'a eu un référendum, donc bon bah écoutez, j'irai pas à Kiev, je vais être fouettiste"
03:45 Et en Macronie, en ce moment, ils ne pensent qu'au RN.
03:47 L'élection se limite à ce point au duel avec Jordan Bardella, à leurs yeux, qu'ils y ont consacré tout un meeting le 9 mars,
03:54 et que les jeunes avec Macron en ont même fait une chanson.
03:56 Regardez, c'est très gênant je préviens, mais je l'ai subie, alors vous la subirez vous aussi.
04:00 "Oh Marine, si tu savais, tout le mal que Poutine fait,
04:06 Oh Jordan, si tu pouvais, on prend le rend à des dossiers"
04:12 Mais le débat sur l'Ukraine permet aussi de fracturer un peu plus une gauche déjà partie en ordre dispersé pour les européennes.
04:18 D'un côté, on l'a vu, y'a la liste communiste et la liste insoumise,
04:22 qui veulent que la France joue un rôle d'intermédiaire vers un futur traité de paix,
04:25 opposé à l'entrée de Kiev dans l'OTAN et l'Union Européenne.
04:29 De l'autre, on a les écologistes, qui sont favorables à l'élargissement de l'UE comme de l'OTAN,
04:33 et surtout les socialistes, dont la liste est menée par l'eurodéputé Raphaël Glucksmann.
04:37 Lui, son credo, c'est l'économie de guerre.
04:40 "Ce qui est absolument fou, c'est que ça fait deux ans que cette guerre a commencé,
04:45 que l'invasion totale de l'Ukraine a eu lieu,
04:47 et qu'on a toujours pas augmenté nos capacités de production,
04:50 qu'on a toujours pas passé en mode économie de guerre."
04:54 "Et tout mon but, c'est de redonner à l'Europe et à la France, notre pays,
04:59 la force qu'elle croit avoir perdue. On peut gagner cette guerre."
05:02 Raphaël Glucksmann, ce qu'il dit plus exactement, c'est qu'il faut arroser l'Ukraine de matériel militaire
05:07 pour éviter l'envoi de troupes au sol,
05:09 option à laquelle il n'est pas favorable, mais dont il n'a jamais fait une ligne rouge.
05:13 Une position finalement plus proche des macronistes,
05:15 et ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le PS gratte des voix surtout chez Macron,
05:19 et pas franchement chez les insoumis ou les communistes.
05:21 Voilà, c'est la fin de cette vidéo, merci de l'avoir suivie.
05:23 N'hésitez pas à liker, commenter ou à vous abonner à la chaîne.
05:26 N'oubliez pas de lire l'Huma. Quant à nous, on se dit à dans deux semaines.
05:28 Allez, salut !
05:31 [Musique]

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