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00:00 Bonsoir Roland Lescure. Vous êtes ministre de l'Industrie. Débat sur la réforme des retraites suspendu ce soir à l'Assemblée Nationale.
00:06 Après la photo publiée sur Twitter par un député insoumis, Thomas Porte, on le voit le pied sur un ballon de foot
00:13 figurant le visage d'Emmanuel Macron et celui du ministre du Travail Olivier Dussopt. C'est de la moquerie défend ce soir la France Insoumise.
00:20 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:22 C'est de la moquerie assez violente. C'est même extrêmement violent. Pourquoi ?
00:25 D'abord parce que vous avez oublié de mentionner que le député en question il porte son écharpe bleu blanc rouge quand il fait ça.
00:32 Donc c'est bien un acte symbolique d'un député qui piétine un ministre de la République et vous l'avez dit le président de la République.
00:38 Et deux, il met ça sur les réseaux sociaux. Et aujourd'hui on sait bien que tout ce qu'on met sur les réseaux sociaux peut être enflammé, peut être amplifié.
00:47 Donc effectivement c'est un appel à la violence symbolique certes, mais puissant avec une écharpe qui dit "piétinez la République".
00:56 Et ça sur les réseaux sociaux aujourd'hui quand on sait l'impact que peut avoir ce genre de tweet sur la twittosphère comme on dit,
01:02 des gens qui sont sans doute pour certains d'entre eux un peu malades, d'autres parfois peut-être assez violents.
01:07 Ça peut générer clairement tout ce qu'on cherche à éviter quand on est en charge d'un débat démocratique.
01:14 Moi je trouve qu'aujourd'hui on en est tous un peu responsable, on est pris par la musique des réseaux sociaux, on a tendance à s'enflammer.
01:21 Je pense qu'on a un devoir d'apaisement aujourd'hui et c'est clairement pas un tweet qui apaise quoi que ce soit.
01:26 Est-ce qu'il faut une sanction contre ce député ? Le bureau de l'Assemblée nationale doit se réunir.
01:30 Et vous l'avez dit c'est le bureau de l'Assemblée nationale qui doit décider, moi je ne me mets pas dans les décisions de l'Assemblée nationale.
01:35 Vous comprendriez qu'il n'y ait pas de sanction ?
01:37 Moi j'ai mon avis personnel là-dessus mais vraiment l'exécutif, il fait de l'exécutif, le législatif fait son boulot, je laisse l'Assemblée nationale décider.
01:43 Si j'étais là-bas je sais ce que j'aurais plaidé.
01:45 Une sanction donc.
01:47 Quand on voit les débats depuis le début de la semaine sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale,
01:51 est-ce que vous avez l'impression qu'il y a un problème avec la France insoumise ?
01:55 En tout cas il y a clairement un nombre d'amendements déposés qui montrent qu'ils ne souhaitent pas aller au bout des débats
02:01 et une manière de tenir ces dix débats qui est tout sauf un débat de fond.
02:05 On a des amendements point virgule, on a des amendements qui sont très peu en rapport avec le fond du texte,
02:11 on a une manière de débattre là encore qui cherche le buzz, qui cherche la provocation,
02:16 qui cherche au fond à faire tout sauf débattre.
02:18 On a l'impression qu'ils ont envie que cette réforme soit adoptée et qu'elle le soit sans débat.
02:23 Alors que nous vous le savez, et on n'est pas les seuls, un certain nombre de groupes d'opposition tout à fait raisonnable souhaitent le faire aussi,
02:28 on souhaite débattre du fond.
02:30 Laurent Berger l'a dit, il faut voter pour ou contre l'article 7. Allons-y, allons jusque là.
02:34 Pour l'instant il n'y a qu'un seul article qui a été adopté, l'article premier.
02:39 Il y a aussi un doute sur l'une des mesures sociales, si ce n'est la mesure sociale phare de ce projet de loi, la retraite à 1200 euros.
02:48 Retraite minimale, retraite pour tous, avait dit l'exécutif.
02:52 Finalement on comprend que ça ne concernera qu'un petit nombre de retraités.
02:56 Certains vont dire que vous avez menti.
02:59 Et je pense que ces certains-là auront tort.
03:02 Tout ce qui est dit aujourd'hui sur le contenu de cette réforme, et notamment l'impact de cette mesure,
03:07 il est tiré de l'étude d'impact qui elle-même a été prendue publique par le gouvernement à l'occasion du projet de loi.
03:14 Ce qui est vrai c'est que là encore, sur les réseaux sociaux, parfois dans des interviews, on a tendance à prendre des raccourcis.
03:20 Des ministres aussi ont parlé de retraite planchée.
03:23 On dit une retraite 1200 euros pour tous, c'est des ministres qui l'ont dit, ce n'est pas les réseaux sociaux.
03:27 Non, non, mais y compris peut-être des ministres sur les réseaux sociaux.
03:30 C'est-à-dire que, non mais on retrouve avec des capsules qui sont faites dans des interviews,
03:33 on n'est pas capable effectivement de dire que dans certaines conditions, notamment des carrières longues,
03:37 avec une carrière payée en moyenne au SMIC, vous aurez droit à 1200 euros.
03:40 Ce qu'on dit en revanche c'est vrai, c'est que le minimum contributif il existe aujourd'hui,
03:45 il sera augmenté de 100 euros, et il sera ensuite à l'avenir indexé sur le SMIC.
03:50 Et donc il va progresser plus vite que l'inflation.
03:52 Donc on utilise le dispositif actuel.
03:55 Et une des leçons de cette réforme, c'est que les gens en fait ne comprennent rien au système des retraites actuel.
03:59 Donc au moins cette réforme a une vertu, on discute.
04:02 Mais le dispositif existait, on l'augmente,
04:05 et c'est vrai que pour une carrière complète de quelqu'un qui est payé en moyenne au SMIC,
04:08 ce sera 1200 euros contre beaucoup moins aujourd'hui.
04:11 Ce qui représente finalement très peu de personnes.
04:12 Est-ce que vous avez le chiffre d'ailleurs de combien de personnes toucheront 1200 euros ?
04:18 Je pense que de mémoire, on parle de 200 000 personnes en plus dès le premier jour,
04:23 et ensuite des gens qui vont évidemment être concernés par ce chiffre.
04:28 Tous les ans, au fur et à mesure que les gens nouveaux vont rejoindre la retraite,
04:33 on va surtout avoir un effet d'entraînement sur l'ensemble des retraites.
04:36 Donc des gens qui aujourd'hui n'ont pas fait une carrière complète au SMIC,
04:40 vont aussi voir leur retraite augmenter.
04:42 Donc je pense qu'on peut évidemment s'arrêter à des phrases ou à des symboles,
04:47 mais la réalité c'est que cette réforme, elle vise à améliorer les petites retraites.
04:52 Elle vise aussi, on l'a dit, à améliorer les retraites notamment versées aux femmes,
04:55 qui pour 60% vont être concernés par cette mesure.
04:59 Et puis elle vise aussi, il faut le dire et le répéter,
05:01 à faire qu'en sorte on travaille un peu plus longtemps tous, de manière à équilibrer le système.
05:05 Et tout ça, on n'y échappe pas non plus, ça fait partie des axes de la réforme qu'il faut être capable de défendre.
05:10 De l'électricité aux tarifs réglementés pour les boulangers et les petits artisans,
05:14 c'est ce qui a été voté hier soir par l'Assemblée nationale,
05:18 contre l'avis du gouvernement, contre l'avis de la majorité.
05:21 - Ça veut dire quoi ? Vous estimez que vous avez assez aidé les boulangers ? Que ça suffit ?
05:26 - Non, ça veut dire deux choses. D'abord, ça veut dire que la disposition qui a été votée,
05:30 elle est de notre point de vue, et on l'a dit, inconstitutionnelle.
05:33 - Parce qu'elle coûte trop cher ?
05:35 - Non, parce qu'elle était sans rapport avec le texte qui visait à nationaliser EDF,
05:39 on y reviendra, mais c'est déjà fait, donc je ne vois pas tellement l'intérêt.
05:43 Proposition de loi inutile, mais par ailleurs, un ajout qui n'a rien à voir avec le texte.
05:46 Ça c'est l'article 45 de la Constitution, qui en plus n'était pas financé.
05:50 Donc oui, ça coûte 18 milliards d'euros, mais elle n'était pas financée.
05:53 Donc de notre point de vue, cette mesure était anticonstitutionnelle.
05:56 Par ailleurs, c'est vrai qu'on fait déjà beaucoup pour aider les TPE, les PPE, les PME, les boulangers.
06:02 Et que ça, ça va se voir dès les factures de janvier qui vont arriver dans les jours qui viennent.
06:06 - Et pourtant, on voit des boulangers qui disent "j'ai dû rallumer un four à bois,
06:09 je lance une cagnotte parce que j'arrive pas à payer, j'ai peur de ne pas arriver à payer".
06:13 - Non mais voilà, j'ai peur de ne pas arriver à payer.
06:15 Et ce qui est vrai, c'est qu'on a eu du mal à informer l'ensemble des boulangers,
06:19 des très petites entreprises en général d'ailleurs, de la qualité des aides.
06:22 Ils vont recevoir des factures dans le courant du mois de février.
06:25 C'est les premières factures du mois de janvier.
06:27 Ils vont voir que leur tarif est effectivement plafonné à 280 euros le mégawatt.
06:32 Donc ils vont voir que ces aides, elles fonctionnent.
06:35 On a besoin de rassurer tout le monde.
06:36 Je pense pas que cette proposition de loi, je le répète, anticonstitutionnelle dans cette dimension-là,
06:40 ait rassuré grand monde hier.
06:41 - L'autre partie de cette proposition de loi, effectivement, vous l'avez dit, portait sur EDF.
06:45 Pour imposer notamment que l'avenir de l'entreprise soit discuté à l'Assemblée.
06:50 Là aussi, vous vous êtes opposé.
06:51 Si on résume, en fait, vous ne voulez pas que le Parlement puisse se prononcer sur une entreprise aussi stratégique ?
06:57 - Absolument pas.
06:58 D'abord, le Parlement s'est déjà prononcé sur la nationalisation d'EDF dès le mois de juillet.
07:04 On a lancé une opération publique d'achat de titres d'EDF, qui est aujourd'hui quasiment complète.
07:09 96% des titres d'EDF sont désormais détenus par l'État.
07:13 Ils seront à 100% dans quelques semaines.
07:14 Et ça, c'est le Parlement qui l'a autorisé au mois de juillet.
07:17 Par ailleurs, on a évidemment une loi de programmation pluriannuelle de l'énergie qui va être discutée à l'été,
07:22 qui va discuter de l'ensemble des dimensions de la politique énergétique de la France.
07:26 C'est moi et mes collègues, dans le mandat précédent, qui nous sommes battus pour qu'on ait une loi sur la PPE.
07:31 Et donc, évidemment, l'Assemblée nationale va avoir toute l'attitude pour discuter de la politique énergétique de la France.
07:37 Ce que je ne veux pas, c'est qu'une entreprise publique soit gérée à l'Assemblée nationale.
07:43 Le PDG d'EDF, c'est Luc Rémond.
07:45 Ce n'est pas Valéry Rabault, Boris Forge, Jean-Luc Mélenchon ou Roland Lescure.
07:50 C'est une entreprise qui doit être gérée dans un cadre opérationnel,
07:53 avec des directions qui lui sont données par l'État,
07:57 dans le cadre d'une politique énergétique elle-même discutée et votée à l'Assemblée.
08:00 Merci beaucoup, Roland Lescure, ministre de l'Industrie, d'avoir été avec nous ce soir.
08:04 [Musique]