• l’année dernière
"Le simple fait de se mettre en couple divisé par 5 le nombre de sorties, c’est un appauvrissement considérable du tissu relationnel, la vie se met à avoir un centre qui est le foyer" Geoffroy de lagasnerie Normalien chercheur en sciences sociales au micro de Lea Salame sur France Inter

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Transcription
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, les perles du jour.
00:04 Oui, il y a déjà 100 ans, un certain André Gilles disait cela.
00:08 Pas de la même façon.
00:09 Est-ce que c'est retour vers le futur ou avancer vers le passé ?
00:13 C'est assez drôle.
00:14 Mais écoutez quand même ce qu'en termes galants,
00:18 je vais dire, ce qu'en termes hallucinants, ces choses là sont dites.
00:21 C'est montré sociologiquement,
00:23 le simple fait de se mettre en couple divise par cinq la fréquentation
00:26 et les nombres de sorties.
00:27 Donc, c'est un appauvrissement considérable du tissu relationnel
00:29 qui est objectivement engagé dès qu'on s'engage dans un mode de vie
00:32 conjugal et familial parce que la vie se met à avoir un centre qui est le foyer,
00:35 qui est l'intérieur, qui est le domestique
00:37 et donc qui produit un appauvrissement considérable de rapport aux autres.
00:40 Et avec cette idée selon laquelle, je pense que moi,
00:43 j'associe beaucoup la famille à la déperdition, à la tristesse,
00:46 à l'ennui, à la sociabilité, à l'obligation, à la calcification des identités.
00:51 Alors que l'amitié, c'est l'espèce d'aspiration à une vie au dehors,
00:54 justement à une vie qui n'a pas de centre, à une vie qui est centrée sur la rencontre.
00:57 Donc la démultiplication des liens, donc la transitivité des liens,
01:01 donc la complexification de nos identités.
01:03 Et un ami, par définition, c'est quelqu'un qui nous présente d'autres amis.
01:05 On est toujours l'ami des amis de son ami.
01:07 Et donc l'amitié est une forme ouverte, c'est une forme généreuse,
01:09 c'est une forme d'accueil et qui, à mon avis,
01:11 est susceptible de produire des dispositions mentales
01:13 beaucoup plus libertaires que la famille.
01:15 Alors, je vais vous dire, à ce niveau, pourquoi je vous parle de ça ?
01:18 Parce que c'est zoologiquement très intéressant.
01:21 À ce niveau, c'est vraiment à mettre à l'étalon hors de cinq loups.
01:24 Vous savez, c'est Michel Audillard qui avait cette phrase définitive
01:28 "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît".
01:31 Alors là, c'est formidable.
01:32 Parce que qu'est-ce qu'il dit ?
01:33 Il dit, mais c'est vraiment intéressant, moi je me dis,
01:36 à ce niveau-là, ça veut dire quoi ?
01:38 Parce qu'il y croit, il y parle, il dit
01:41 "Se mettre en couple divise par cinq le nombre de sorties".
01:45 Alors ça, c'est incroyable, c'est vrai.
01:48 C'est que, évidemment, quand vous êtes en famille, c'est fini, vous ne sortez plus.
01:51 Le confinement, ben voilà, toutes les familles sont...
01:54 Quand vous êtes en famille avec des enfants, vous êtes en confinement, voilà.
01:56 Alors que les amis, fabuleux, les amis de vos amis sont des amis, etc.
02:01 Je veux dire, on se dit "Attendez, c'est quoi ça ?"
02:04 On écoute et puis on dit "Mais quoi il parle ?"
02:06 Et en fait, juste un mot,
02:08 il parle parce que c'est tous les gens à œillères,
02:12 les gens qui chosifient,
02:14 qui ne savent pas ce que c'est que la complicité.
02:17 Bien sûr qu'il y a des familles où ça ne va pas du tout,
02:19 mais il y a aussi, bien sûr, qu'il y a des amis où ça ne va pas du tout.
02:22 Au lieu de penser à la nuance,
02:24 au lieu de penser à la complexité de l'humain,
02:28 on en parlera ensuite avec Alexandre-Henri Oncôde
02:31 en ce qui concerne la science, la génétique et le virus.
02:34 Mais c'est extraordinaire !
02:35 Ah non, non, la famille, c'est dégueulasse !
02:37 Vous voyez, vous ne pouvez plus sortir avec la famille.
02:40 Mais peut-être qu'on s'aime bien et qu'on a envie de rester ensemble.
02:42 Mais non ! C'est une catastrophe, c'est un péché, il n'y a que la famille, voilà !
02:47 Impauvrisement considérable.
02:48 Bon, écoutez, on ne va pas épiloguer trop longtemps,
02:51 mais je suis vraiment absolument...
02:55 Moi, je suis très content à vivre la liberté d'expression,
02:57 y compris la liberté dégrenée des indrées.
03:01 Mais à un moment donné, quand même,
03:03 peut-être qu'on peut apporter un petit correctif
03:06 et dire que la vie, ce n'est pas un long cliché pas tranquille.

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