Faillite de la banque SVB - Sylvain Bersinger : "Nous sommes très loin de la situation de 2008"

  • l’année dernière
Avec Sylvain Bersinger, économiste au sein du cabinet d'études et de conseil Asterès

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-03-16##

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Transcript
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états. Le fait du jour.
00:03 Le gouvernement français se dit
00:06 vigilant concernant le secteur bancaire actuellement chahuté par les déboires de plusieurs établissements aux USA.
00:12 Et ces dernières heures, c'est l'annonce par le principal actueur de Crédit Suisse
00:16 de son incapacité à fournir une nouvelle aide financière à la banque Helvette qui a semé un nouveau vent de panique.
00:21 Le plongeon de Crédit Suisse à la bourse a eu des répercussions sur le secteur bancaire français
00:25 avec la chute notamment des actions de Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole.
00:30 La deuxième banque suisse peine à se remettre d'une série de scandales qui a considérablement entamé la confiance des investisseurs et des clients.
00:36 On va voir les conséquences en compagnie de Sylvain Bersinger,
00:40 économiste au sein du cabinet d'études et de conseils Asterès. Sylvain Bersinger, bonjour.
00:44 Bonjour. Bienvenue sur Sud Radio. Alors concrètement,
00:48 que s'est-il passé hier à la bourse de Paris et notamment sur l'ensemble des bourses ?
00:55 Oui, alors c'est vrai qu'hier les bourses et notamment les valeurs bancaires ont été plutôt en baisse clairement. Alors elles rebondissent plutôt ce matin.
01:02 Ce qu'il faut voir c'est qu'on est dans une situation un petit peu agitée donc
01:05 ce qu'on dit à un moment donné ne sera peut-être plus vrai en fin d'après-midi etc.
01:09 Voilà, il faut être assez prudent et un petit peu marcher sur des oeufs.
01:13 Mais effectivement avec la faillite de Silicon Valley Bank et les difficultés notamment de Crédit Suisse,
01:18 il y a eu un mouvement de défiance
01:20 en bourse qui ont fait que un certain nombre d'investisseurs ont rendu des valeurs boursières, ce qui ont fait baisser leurs cours.
01:26 Donc je dirais que ce n'est pas très surprenant. Dès qu'il y a
01:29 des mauvaises nouvelles dans un secteur, dans les heures ou les jours qui suivent, les titres en bourse de ce secteur ont tendance à baisser.
01:36 Donc je ne suis pas particulièrement
01:39 surpris si vous voulez que les valeurs bancaires aient baissé à la bourse de Paris.
01:42 Donc c'est une baisse mais ce n'est pas non plus un effondrement. Je veux dire, il ne faut pas
01:46 dramatiser la situation. Je crois qu'on n'est pas, en tout cas à ce stade, et je pense
01:50 qu'il ne sera probablement pas, même s'il faut être très prudent, on n'est pas sur une crise de type 2008.
01:55 Il y a eu une crise bancaire aux Etats-Unis
01:57 qui chalute un petit peu les valeurs bancaires en bourse. Mais pour l'instant, on en reste là.
02:02 Mais cette crise américaine, c'est la conséquence qui a eu lieu hier sur les bourses. On va parler des remontées des banques françaises,
02:09 notamment BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole dans quelques minutes.
02:15 Est-ce que c'est la conséquence logique ou surprenante ? Je ne sais pas, moi je ne suis pas économiste.
02:21 Des faillites de SVB, Signature Banks, il y a eu trois banques qui ont fait faillite aux USA.
02:26 Oui bien sûr, le fait que il y ait eu notamment Silicon Valley Bank, parce que c'était
02:31 la plus grosse de celles qui ont eu des difficultés. C'est la banque des start-up ?
02:34 Emblématique, la banque des start-up comme on dit. C'est sûr que ça a créé un mouvement
02:39 d'inquiétude autour des valeurs bancaires
02:42 puisqu'il y a un peu toujours dans ces… les crises bancaires c'est très difficile à prévoir parce qu'il peut y avoir un effet
02:48 autoréalisateur. C'est-à-dire que si tout le monde commence à avoir peur et à retirer
02:53 ses capitaux, son épargne des banques, la crise peut être autoréalisatrice.
02:58 C'est pour ça que les autorités sont toujours très prudentes avec ces situations de crise bancaire.
03:05 Vu que Silicon Valley Bank a fait faillite, il y a eu un mouvement de défiance sur les valeurs bancaires.
03:12 Encore une fois, ça ne me surprend pas quand il y a dans un secteur donné une entreprise qui a des grosses difficultés ou qui fait faillite.
03:18 Il y a souvent ce mouvement de défiance
03:20 en bourse, mais c'est pas…
03:23 pour moi c'est pas catastrophique ou c'est pas le signe qu'on va vers une crise bancaire systémique et généralisée.
03:30 Alors hier justement Société Générale avait perdu plus de 12% BNP + de 10, Crédit Agricole + de 5.
03:37 Leur rebond à midi et quelques, il est midi 38 à la pendue de Sud Radio, va de 0,49 pour la Société Générale,
03:44 c'est le plus bas, à 1,2 pour la BNP.
03:47 C'est un rebond mais quand même très timide, Sylvain Bersinger.
03:51 Oui, alors je suis tout à fait d'accord, mais on est dans une situation, voilà, un petit peu de tension.
03:56 Les cours de bourse d'une heure sur l'autre ou d'un jour sur l'autre, je vais pas dire qu'on s'en fiche, mais si on veut analyser
04:03 la situation de fonds, c'est pas forcément l'indicateur le plus important parce que la bourse, forcément c'est relatif,
04:10 c'est le prix des actions en bourse et il suffit qu'il y ait plutôt un mouvement de défiance ou de confiance,
04:15 l'annonce de tel ou tel banquier central, notamment les annonces qu'on va avoir de la BCE peuvent faire varier les choses.
04:22 Voilà, je pense qu'il faut pas surjouer ou suranalyser les variations boursières des sociétés bancaires d'une heure sur l'autre,
04:33 ce qui serait inquiétant, c'est effectivement si les cours boursiers baisseraient de manière continue sur plusieurs semaines ou plusieurs mois.
04:40 Vous avez parlé de Credit Suisse, Credit Suisse ça fait des années qu'ils ont des difficultés, que leurs progrès, que les clients ont de la défiance.
04:46 Là ça devient vraiment problématique.
04:48 Que quelques valeurs bancaires soient chahutées à la bourse de Paris, à ce stade, ça me panique pas, j'ai envie de dire.
04:55 Alors, il y a une chose qui baisse depuis plusieurs jours et l'annonce des trois faillites aux États-Unis, c'est le prix des matières premières.
05:02 Pourquoi ? C'est important parce que le prix des matières premières qui se payent en dollars, c'est l'essence qu'on met à la pompe,
05:07 c'est le minerai de fer avec lequel on va faire de l'acier pour les voitures ou l'aluminium avec lequel on va faire des pièces d'avion ou des canettes.
05:15 Oui bien sûr, en fait cette crise bancaire a fait baisser le prix des matières premières et notamment du pétrole, vous avez raison,
05:22 le pétrole a perdu à peu près 10 dollars, donc un peu plus de 10% en quelques jours.
05:27 L'idée sous-jacente c'est que s'il y a des difficultés bancaires, ça pourrait, alors pour l'instant je ne pense pas que la faillite de Silicon Valley Bank
05:36 change le scénario macro-économique, mais voilà, si la crise bancaire venait à s'intensifier, il pourrait y avoir un ralentissement économique,
05:43 donc une baisse de la demande du pétrole et d'autres matières premières, ce qui entraîne une baisse des prix.
05:48 En fait le pétrole baisse un petit peu pour la même raison qu'a baissé BNP Paris-Barrambourg, c'est-à-dire qu'il y a un peu de défiance sur les marchés,
05:59 ce qui fait que les investisseurs se détournent à titre un petit peu préventif de certaines valeurs et du pétrole.
06:06 Mais la baisse du pétrole, alors la crise bancaire n'est effectivement jamais une bonne nouvelle,
06:11 mais en fait d'une certaine façon le fait que le pétrole soit plutôt à la baisse depuis quelques jours,
06:15 vu qu'on a un problème d'inflation en Europe, c'est quelque chose qui est positif,
06:20 on aimerait voir le pétrole un petit peu plus bas pour casser l'inflation qui est restée en février quand même très élevée.
06:26 – Justement, concernant le cours de les matières premières, on les paye en dollars, ça c'est un secret pour personne,
06:31 la crise étant avant tout américaine et le dollar, la Fed risquant de devoir imprimer des billets,
06:38 elle l'a déjà fait beaucoup de fois depuis 2008 pour enflouer le système bancaire américain
06:43 ou les banques en faillite aux États-Unis,
06:45 est-ce qu'on risque pas d'avoir une dépréciation du dollar par rapport à l'euro
06:49 et comme on paye nos matières premières en dollars,
06:52 une double baisse par la baisse du prix des matières premières
06:55 et par la baisse de la monnaie avec laquelle on les paye ?
06:58 – Oui alors c'est possible, c'est vrai que l'euro/dollar,
07:01 alors hier l'euro c'était un peu apprécié, là ça fait un peu le yo-yo,
07:06 mais vous avez raison, sur un point c'est que si cette crise bancaire
07:12 qui est avant tout d'origine américaine
07:14 pourrait conduire la banque centrale américaine à moins augmenter ses taux,
07:17 alors vous avez parlé d'imprimer de la monnaie pour sauver les banques,
07:21 je pense qu'on n'en est pas là, il ne faut pas être libide en besoin,
07:25 mais effectivement la banque centrale américaine
07:27 pourrait moins augmenter ses taux d'intérêt ou les maintenir à leur niveau
07:31 et si les taux d'intérêt sont moins élevés aux États-Unis,
07:33 ça veut dire que les placements en dollars sont moins attractifs,
07:36 ce qui ferait baisser le dollar et apprécier l'euro.
07:40 Et comme vous l'avez dit, vu qu'on achète notre pétrole en dollars,
07:44 si l'euro devient plus fort, on l'achèterait moins cher.
07:46 Donc il peut y avoir un effet change qui serait positif pour l'inflation européenne.
07:51 Alors pour l'instant les monnaies font un petit peu le yo-yo là depuis une journée,
07:57 donc c'est difficile de voir la tendance,
07:58 mais on peut anticiper un euro un petit peu plus fort,
08:04 même si les évolutions sur le marché des changes, il faut toujours être très prudent.
08:09 Vous parlez du yo-yo, est-ce qu'on est dans une période d'instabilité outre-boursière monétaire ?
08:15 Alors d'instabilité, clairement sur le cours des valeurs boursières,
08:20 je pense qu'il va probablement avoir encore des sautes à la hausse ou à la baisse.
08:25 Pour l'instant on n'est pas sur une crise systémique comme en celle de 2008,
08:29 où il y a une crainte sur l'ensemble du secteur bancaire,
08:33 et une crainte d'une crise bancaire qui entraînerait une crise économique.
08:37 Pour l'instant on est sur une banque qui a fait faillite aux États-Unis.
08:41 Trois en tout.
08:43 Oui alors trois, mais on va dire deux toutes petites.
08:48 Ça dépend un petit peu comment on compte.
08:50 Une banque d'importance significative.
08:54 Et donc qui entraîne des répercussions dans l'ensemble du secteur bancaire et sur les valeurs bancaires.
08:59 Je ne pense pas que pour l'instant on soit sur un scénario de la crise de 2008,
09:05 où on aurait une crise bancaire systémique qui entraînerait une crise économique,
09:09 parce que c'est ce qui s'était passé en 2008.
09:11 Si vous voulez, à ce stade, les turbulences en bourse des valeurs bancaires
09:15 ne font pas changer grosso modo le scénario économique de la croissance française pour 2023.
09:21 Vous avez parlé de l'importance des annonces des banquiers centraux,
09:24 donc la Fed et la BCE en particulier.
09:27 La BCE avait augmenté ses taux depuis des mois pour lutter contre l'inflation.
09:32 Est-ce que s'il y a dévaluation du dollar par rapport à l'euro
09:37 et baisse du coût des matières premières,
09:38 donc un risque plus déflationniste qu'inflationniste,
09:41 la BCE pourrait avoir tendance à rebaisser ses taux ?
09:45 Oui alors on n'en est clairement pas là sur la déflation.
09:49 Pour l'instant on en est sur des matières premières qui ont baissé
09:53 et un euro qui pourrait être un peu plus fort,
09:55 donc une inflation un peu moins vigoureuse qu'on aurait pu anticiper.
10:01 On n'est clairement pas encore sur un scénario déflationniste généralisé.
10:04 Non, je pense que ce qui gêne les banques centrales actuellement,
10:08 c'est un mécanisme peut-être un petit peu plus technique,
10:11 mais si on prend Silicon Valley Bank,
10:13 une des raisons de ces difficultés,
10:15 c'est que cette banque détenait des titres de dette publique
10:18 et quand les taux d'intérêt augmentent,
10:20 la valeur des dettes publiques diminue.
10:22 Alors c'est un mécanisme peut-être un petit peu compliqué,
10:25 mais l'idée c'est de se dire,
10:27 si je détiens un titre de dette publique qui rapporte,
10:29 je dis n'importe quoi, 1%,
10:31 et que l'ensemble des taux dans l'économie augmente,
10:34 eh bien j'ai tendance à vendre mon titre de dette publique
10:36 pour aller placer ailleurs à un taux plus élevé.
10:38 Et si tout le monde fait ça, ça fait baisser la valeur des titres de dette,
10:42 et pour les banques qui détiennent beaucoup de ces actifs-là,
10:45 ça diminue la valeur de leurs actifs.
10:47 Donc voilà, c'est plutôt ce mécanisme financier
10:49 qui n'est pas évident à expliquer rapidement à la radio,
10:53 qui fait que les banques centrales,
10:55 à mon avis, sont dans une situation un petit peu délicate.
10:59 C'est-à-dire que d'un côté,
11:00 je pense qu'elles aimeraient encore augmenter les taux d'intérêt
11:02 pour freiner l'inflation qui est encore forte,
11:04 6,3% en février en France,
11:08 mais elles sont conscientes que si elles augmentent trop leurs taux d'intérêt,
11:11 elles risquent de diminuer la valeur des titres que détiennent les banques,
11:14 et donc d'attiser la crise bancaire.
11:16 Actuellement, je pense que les banques centrales marchent un petit peu sur des œufs,
11:19 et sont en train d'essayer de pondérer les différents risques qui peuvent apparaître.
11:24 – On en parlait lundi avec Didier Testot de la Bourse et la vie TV,
11:27 qui était à votre place.
11:29 Est-ce qu'on n'est pas devant une quadrature du cercle pour les banques centrales ?
11:33 Soit elles augmentent les taux pour essayer de faire baisser l'inflation,
11:38 et elles baissent le pouvoir d'achat,
11:39 et ça peut ruiner certains particuliers,
11:41 ou alors elles ne les baissent pas et on met le système bancaire en danger.
11:46 – Oui, c'est vrai qu'il y a…
11:48 – C'est la quadrature du cercle.
11:49 – Un petit peu, un petit peu.
11:50 C'est-à-dire que les banques centrales ont plusieurs objectifs.
11:55 D'un côté, elles veulent freiner l'inflation qui est actuellement trop vigoureuse,
11:59 et elles doivent assurer aussi la stabilité financière,
12:01 donc éviter les crises bancaires.
12:03 Et ces deux objectifs dans la situation actuelle sont un petit peu contradictoires.
12:06 Donc c'est difficile pour les banques centrales de chasser ces deux lièvres à la fois.
12:12 Et donc oui, c'est un petit peu la quadrature du cercle,
12:14 c'est-à-dire qu'elles doivent arbitrer entre leurs différents objectifs
12:17 qui actuellement sont un petit peu contradictoires
12:20 pour une même politique monétaire en fait.
12:22 – Vous avez parlé de la BCE,
12:24 il y a aussi une autre chose qui est importante pour la BCE,
12:27 c'est que la hausse des taux d'intérêt de ces derniers mois
12:31 mette en difficulté les pays les plus endettés, en particulier la France.
12:35 Est-ce qu'il ne risque pas d'y avoir des pressions politiques des États sur la BCE ?
12:41 Alors, la Maynard n'aura peut-être pas la même position que la France,
12:44 ça c'est une certitude,
12:45 ou que l'Italie, pour modérer la hausse des taux d'intérêt,
12:49 voire même s'il y a un petit risque déflationniste, les baisser,
12:53 parce que dans ces cas-là, avec la hausse des taux d'intérêt,
12:56 le remboursement de la dette est de plus en plus compliqué
12:58 pour les États endettés.
12:59 Sylvain Bersinger.
13:01 – Oui, alors vous avez parlé de la France et de l'Italie,
13:03 je pense qu'en fait ce sujet-là il se pose beaucoup pour l'Italie.
13:06 La France, alors oui, il y a de la dette publique,
13:08 mais j'ai envie de dire, le maillon faible potentiel en zone euro,
13:12 sur cette question des finances publiques, c'est vraiment l'Italie.
13:16 C'est possible, il y a effectivement ce discours,
13:19 depuis d'ailleurs que les banques centrales,
13:22 la BCE a commencé à augmenter les taux il y a déjà plusieurs trimestres,
13:25 l'idée de dire, si on augmente trop tôt,
13:27 des pays, notamment l'Italie, lourdement endettés,
13:30 peuvent se retrouver en difficulté.
13:32 Alors pour l'instant, il n'y a pas de tension forte sur les taux souverains,
13:35 alors les taux souverains ont augmenté,
13:37 donc les taux souverains c'est les taux auxquels s'endettent les États,
13:39 ils ont augmenté, mais l'inflation a elle aussi augmenté très fortement.
13:43 Donc ce qu'il faut voir aussi, c'est les taux réels,
13:45 c'est-à-dire ajustés de l'inflation.
13:47 Donc pour l'instant, ce risque que vous mentionnez,
13:49 il ne se matérialise pas,
13:52 cela dit, c'est un risque potentiel,
13:54 c'est-à-dire que je pense que quand Christine Lagarde
13:56 et ses équipes réfléchissent à la hausse des taux,
13:58 je pense qu'ils ont en tête, si on augmente trop vite,
14:01 est-ce qu'il n'y a pas un risque, principalement pour l'Italie,
14:03 je pense que la France n'est pas en première ligne là-dessus,
14:05 mais c'est clairement un risque potentiel
14:08 qui pour l'instant ne se matérialise pas en tout cas.
14:10 – Alors Crédit Suisse, ce n'est pas une banque française,
14:12 elle s'est effondrée hier en bourse,
14:13 est-ce qu'il y a un risque systémique ?
14:15 Est-ce que Crédit Suisse pourrait être le Lehman Brothers
14:18 du continent européen ?
14:20 – Alors potentiellement Crédit Suisse,
14:22 pour le coup c'est une grosse banque,
14:24 si elle venait à faire faillite comme un château de cartes,
14:26 j'ai envie de dire à la Lehman entre guillemets en 2008,
14:29 là oui, il pourrait y avoir un choc important.
14:31 Je pense que les autorités en sont totalement conscientes
14:35 et je ne pense pas que Crédit Suisse fera faillite,
14:37 et on a vu d'ailleurs la banque centrale suisse
14:40 qui a annoncé des prêts,
14:42 qui va s'engager à prêter de l'argent à Crédit Suisse
14:46 pour essayer d'aider cette banque à passer ce cap difficile.
14:51 Donc oui, si Crédit Suisse faisait faillite,
14:53 il y aurait effectivement un choc potentiellement très violent,
14:57 mais je pense que ça ne se produira pas justement pour éviter ce choc.
15:00 – Selon Elisabeth Born, la situation reste très différente de 2008,
15:04 il me semble avoir décrypté dans vos propos,
15:06 vous étiez d'accord avec ça, on n'est pas en 2008.
15:09 – Alors oui, pour l'instant,
15:11 dans les situations de crise bancaire,
15:13 je mets beaucoup de prudence dans ce que je dis
15:15 parce que ce sont des choses qui peuvent évoluer très vite.
15:18 – Oui, on se souvient d'une ministre des Finances française
15:21 qui est maintenant état de la BCE,
15:22 qui avait dit que la crise des subprimes ne toucherait pas l'Europe.
15:26 – Oui, quand on fait de la prévision économique,
15:29 c'est un internet d'exercice de modestie,
15:32 donc je prends toutes les précautions qui s'imposent,
15:34 mais je pense effectivement qu'on n'est pas là
15:36 dans ce qu'on voit dans un scénario de 2008.
15:38 Il y a clairement une crise bancaire, les banques sont clairement chahutées,
15:41 mais je ne pense pas qu'on soit sur un scénario de crise systémique,
15:44 en 2008 on était à se demander
15:46 est-ce que les banques ne vont pas faire faillite,
15:48 un effet domino l'une après l'autre.
15:51 Silicon Valley Bank qui a coulé aux États-Unis,
15:54 c'est une banque qui avait un modèle d'affaires très particulier,
15:57 basé, très peu diversifié, avec des réglementations plus faibles
16:01 que les autres grosses banques généralistes.
16:03 Donc je pense qu'on ne peut pas extrapoler sur le cas de Silicon Valley Bank,
16:06 et on ne peut pas non plus extrapoler sur le cas de Crédit Suisse,
16:08 qui est une banque qui, comme vous l'avez dit,
16:10 a des difficultés depuis déjà une dizaine d'années
16:12 pour tout un tas de raisons, de scandales,
16:15 de bisbilles à sa tête entre ses dirigeants, etc.
16:19 Donc je pense que Crédit Suisse et Silicon Valley Bank
16:23 sont plus des exceptions que la règle.
16:25 Donc je rejoins ce qu'a dit la première ministre,
16:28 avec encore une fois toute la prudence que ça implique,
16:30 mais je ne pense pas qu'on soit actuellement dans la situation de septembre 2008.
16:34 – Dernière question, pas de risque pour les épargnants
16:36 et pour les comptes en banque en France ?
16:38 – Non, je ne pense pas, parce que d'une part,
16:41 je ne pense pas qu'il va y avoir de faillite bancaire
16:43 sur les grandes banques françaises,
16:44 et les dépôts sont protégés, les petits dépôts sont protégés.
16:48 – Jusqu'à 100 000 euros par établissement, par personne ?
16:50 – Voilà, et par client.
16:52 Non, je pense qu'on n'est pas du tout dans un scénario
16:54 où on en serait à aller faire la queue au guichet des banques
16:58 pour retirer nos billets.
16:59 – On n'est pas en Argentine en décembre 2001, quoi.
17:01 – Voilà, je pense que oui, il y a une crise bancaire, c'est inévitable,
17:04 mais je pense qu'il faut savoir raison garder et garder la tête froide.
17:08 Je ne pense pas qu'on aille vers une vague de faillite bancaire en novembre.
17:13 – Espérons-le, en tout cas, merci beaucoup Sylvain Bersinger,
17:16 économiste au sein du cabinet d'études et de conseils Asteres.
17:19 [Musique]

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