Julie Bourges, grande brûlée : "Des coups de poing dans des miroirs à finir les mains en sang, je l’ai vécu aussi"

  • l’année dernière
Changer le regard sur le handicap et transmettre un message fort en faveur de l’inclusion, c’est l’ambition de "Différent.e.s". Pour l’incarner, qui mieux que Salim Ejnaïni : cavalier de Jumping, sportif, conférencier, entrepreneur… et non-voyant ? Comment vit-on avec une "différence", comment apprend-on à s'accepter soi et à accepter le regard de l'autre ? Parcours cabossés, destins contrariés et incroyables leçons de vie : Salim Ejnaïni recueille les témoignages de nos invités extra-ordinaires. Des histoires fortes et inspirantes autour de la résilience et du vivre-ensemble…Grièvement brûlée en 2013 lors du carnaval de son lycée, Julie Bourges a vécu un véritable calvaire dont elle garde de nombreuses cicatrices. Dix ans plus tard, la jeune femme de 26 ans, qui vient de publier l’ouvrage "Chaque jour compte" aux éditions Marabout, a accepté de se livrer sur son parcours et ses combats. Elle s’est notamment confiée sur sa nouvelle apparence, expliquant avoir eu de sombres idées lors de son séjour à l’hôpital.Pour rappel, Julie Bourges a créé un compte Instagram sous le pseudo @DouzeFévrier, en référence à la date de son accident. Il est suivi par 633 000 personnes. C’est à travers lui qu’elle milite pour l’acceptation de soi et des différences et qu’elle parvient à aider des personnes dont le parcours de vie est similaire.
Transcript
00:00 -Est-ce que, dans tout ce que tu as vécu, le fait d'avoir touché le fond,
00:02 est-ce que ça t'a amené jusqu'à penser au pire ?
00:04 -En fait, à l'hôpital,
00:06 dans mes moments vraiment seuls,
00:08 t'as des cachets à prendre et tout,
00:10 mais en même temps, je dis ça, mais t'es surveillée par des caméras.
00:12 T'es mineure et tout, et moi, j'étais over-surveillée.
00:15 Mais y a un moment quand même où tu te dis...
00:17 "Putain, est-ce que je les prends, ces cachets ?
00:20 Qu'est-ce que ça fait si je les prends pas ?"
00:23 C'est dur, quoi.
00:24 C'est dur.
00:25 Puis c'est un moment où mes parents, ils sont pas là,
00:28 ils font plein d'aller-retours, ils sont là tous les jours,
00:30 mais t'as forcément des moments où t'es seule.
00:31 -Ils habitaient loin. -Ouais, à 1h30 de l'hôpital.
00:33 Et tous les jours, ils faisaient l'aller-retour pour me voir une heure.
00:36 C'est quand même inconditionnel.
00:38 Mais du coup, c'est ce qui fait rester, en fait.
00:40 T'as des questions, forcément, tu te les poses, elles sont horribles,
00:43 et tu te dis "ça fait quoi si j'arrête ? Ça fait quoi si je suis plus là ?
00:45 Qu'est-ce que ça ferait si je suis plus là ?"
00:47 C'est ce que je te dis, on parle d'un moment où j'ai pas de téléphone dans les mains,
00:50 je peux pas tenir un téléphone, en fait.
00:51 J'ai pas de téléphone, je peux parler avec personne.
00:54 La seule vision que t'as, c'est le personnel hospitalier
00:57 ou tes parents qui viennent quand ils peuvent.
01:00 Donc ouais, tu te poses des questions.
01:04 Et puis surtout, moi, je sais ce que c'est que de détester l'image que tu renvoies.
01:08 Donc moi, des coups de poing dans un miroir à finir les mains en sang,
01:11 je l'ai vécu aussi.
01:12 Donc ça, c'est la partie dark.
01:15 Mais de l'autre côté, quand t'as tes parents qui te montrent un amour inconditionnel
01:19 et qui sont là tous les jours, tous les jours,
01:22 trois heures de route pour te voir des fois une heure
01:25 ou pour te voir des fois moins parce que tu dors,
01:27 parce que t'es fatigué ou parce que t'as même pas d'échange...
01:29 Wow.
01:30 En fait, tu te dis "Je peux pas lâcher".
01:31 Ce qui me fait tenir aussi, je pense, c'est l'amour de la vie.
01:34 Comme je t'ai dit, la Julie Davant, elle croque la vie à pleines dents,
01:36 mais elle aime beaucoup, beaucoup sa vie, son autonomie, sa liberté.
01:39 Ça, ça aide.
01:40 Tu te dis "J'aimerais bien retrouver une petite part de ce que j'avais avant".
01:45 [Générique]
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