Ces croyances illusoires qui brident le changement [Ibrahima Fall]

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En matière de transformation, les entreprises ne souffrent ni d'un manque de volonté, ni d'un manque de ressources pour relever les défis technologiques, écologiques, sociaux et politiques sur son chemin ; elles sont souvent victimes de croyances qui les empêchent de penser le travail réel au-delà du travail prescrit. [...]
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00:00 En matière de transformation, les entreprises ne souffrent ni d'un manque de volonté,
00:13 ni d'un manque de ressources pour relever les déchets technologiques, écologiques,
00:17 sociaux et politiques sur leur chemin.
00:19 Elles sont souvent victimes de croyances qui les empêchent de penser le travail réel
00:24 au-delà du travail prescrit.
00:25 Ces croyances sont nombreuses, en voici un certain nombre.
00:30 Une organisation, ce sont les structures, organigrammes, processus, procédures, systèmes
00:36 d'information, etc., c'est-à-dire les relations formelles.
00:39 L'organisation est ainsi réduite à sa dimension extrinsèque au détriment de ce
00:44 qui fait sa substance, les relations, les modes de fonctionnement.
00:47 Une telle croyance découle d'une vision instrumentale de l'action collective pour
00:52 laquelle savoir c'est pouvoir, comprendre c'est être capable de refaire, le réel
00:57 c'est ce qui se répète.
00:58 La qualité du travail est une notion objective.
01:01 La qualité du travail est tout sauf une notion objective.
01:05 Elle ne se prescrit pas, mais se négocie, car dans une équipe, tout le monde ne s'accorde
01:10 pas sur ce qui est le travail bien fait.
01:12 Comme le souligne Yves Clot, dans une équipe, certains priorisent le produit, d'autres
01:17 les délaient, d'autres les gestent, etc.
01:20 D'ailleurs, les inclinaisons des uns et des autres, partie prenante à l'action
01:26 collective, peuvent même fluctuer en fonction des circonstances, d'autant plus que le
01:30 travail est vivant.
01:31 Manager, c'est trouver des solutions à des problèmes.
01:34 Une solution ne peut exister que pour un problème mathématique ou technique, car
01:38 une solution est une réponse qui satisfait l'ensemble des données d'un problème.
01:42 Dans le cas d'un problème managérial, les données du problème étant de nature
01:46 différente et souvent contradictoire, aucune solution ne peut les satisfaire pleinement.
01:51 Seul un arrangement est de mise, c'est-à-dire toute action permettant un compromis acceptable.
01:57 L'arrangement n'a donc pas la force irrésistible de l'évidence.
02:01 Il est ainsi rarement définitif, une revoyure pouvant être nécessaire si les données
02:06 du problème évoluent.
02:07 La procédure est plus efficace que la confiance.
02:11 La procédure se prescrit alors que la confiance s'institue, et nécessite un véritable
02:16 travail dans le temps sur le collectif.
02:19 Insuffler les conditions de la confiance nécessite de rendre transparent les manières de travailler,
02:24 de s'accorder sur des règles de travail et de vie, qui sont à même de minimiser
02:29 les coûts de coordination.
02:30 C'est un véritable projet d'entreprise.
02:32 Il n'est donc pas étonnant que le réflexe pavlovien soit de préférer la procédure
02:37 à la confiance.
02:38 Toute rupture avec ces croyances passera par une réforme des systèmes de représentation
02:43 du réel en entreprise.
02:45 Cela passe par une formation au management et à l'action collective, augmenter des
02:49 apports des sciences humaines et sociales, au-delà bien sûr des extrapolations hyperboliques
02:54 de résultats partiels.
02:55 En effet, les sciences de l'ingénieur et les sciences de gestion sont souvent aveugles
03:01 quant aux dynamiques réelles de l'action collective.
03:04 C'est donc une nécessité de former les étudiants, les intervenants en entreprise
03:08 aux sciences du travail.
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