Politique & Eco n°385 avec Bertrand Scholler - Bascule au Moyen-Orient : la Chine prend la main

  • l’année dernière
L'Arabie saoudite et l'Iran décident de s'unir. Après 6 ans de rupture diplomatique, les deux pays au coeur de la production mondiale de pétrole ont conclu un accord diplomatique le 10 mars dernier grâce au parrainage de Pékin (et de Moscou). Un tremblement de terre dans les relations internationales qui rebat les cartes. Le Moyen-Orient était, depuis 1945, sous l'autorité des Etats-Unis mais la région opère un tournant à 180 degrés. En effet, en novembre 2022, Ryiad avait déjà refusé d’augmenter sa production d’hydrocarbure à la demande des Etats-Unis. En mai 2022, la Capitale saoudienne avait aussi refusé d’avaliser les sanctions occidentales contre la Russie. De cela, la Chine semble la grande gagnante : les contrats sur le pétrole, autrefois libéllés en dollar, se font maintenant aussi an Yuan. Pourquoi les Etats-Unis n'ont-ils rien vu venir ? Comment sunnites et chiites ont-ils surmonté leurs différents ? Comment le gouvernement israélien va-t-il réagir ? Comment les économies européennes, restées dans la roue des Etats-Unis, vont-elles pouvoir faire face à cette nouvelle donne ?
Conséquences immédiate de l'acord Iran/Arabie saoudite, une trève de deux mois a été décretée entre les autorités yéménites, soutenues par l'Arabie saoudite, et les milices houthis, épaulées par l'Iran.
Le géophysicien Bertrand Scholler, ingénieur des mines et diplômé de l'Ecole nationale supérieure du pétrole et des moteurs, répond à toutes les questions dans "Politique & Eco".

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Transcription
00:00 [Générique]
00:16 – Bonjour à tous et bienvenue dans "Politique Éco".
00:19 Aujourd'hui, mon invité Bertrand Schoeller. Bonjour Monsieur.
00:22 – Bonjour Pierre.
00:24 – Bertrand Schoeller, vous êtes ingénieur des mines, géophysicien.
00:27 Vous êtes diplômé de l'École Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs
00:32 et de Sciences Po, vous êtes aussi auto-entrepreneur.
00:36 Alors avec vous, aujourd'hui, on va parler du Moyen-Orient,
00:39 un espace plutôt dominé par les États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale
00:44 mais qui, ces derniers jours, ces dernières semaines,
00:47 semble opérer un basculement à 181°.
00:51 On va l'évoquer avec vous, Bertrand Schoeller.
00:55 Avant de commencer cet entretien, j'invite mes téléspectateurs
00:59 à cliquer sur le pouce en l'air en bas à droite de cet écran
01:02 si vous appréciez notre émission et à nous laisser vos commentaires
01:07 pour un meilleur référencement sur Internet.
01:09 Alors venons-y à ce Moyen-Orient qui opère ce basculement.
01:15 On l'a vu, c'était le 10 mars dernier, l'Arabie Saoudite,
01:19 donc alliée historique des États-Unis depuis 1945 et l'Iran,
01:23 ont scellé, grâce au parrainage de Pékin,
01:26 la reprise de leur relation diplomatique.
01:29 L'Arabie Saoudite a même proposé d'investir des dizaines de milliards d'euros en Iran.
01:36 Que signifie cet accord pour le Moyen-Orient et pour les États-Unis, Bertrand Schoeller ?
01:41 – Alors, peut-être juste un pas en arrière, mais c'est une région qui est cruciale.
01:46 Je pense que tous les gens qui nous regardent le savent
01:48 parce que c'est le cœur de l'industrie, de la production du pétrole et du gaz dans le monde.
01:55 Et le pétrole, c'est le sang de l'économie mondiale.
02:00 Donc quand une région comme ça, avec ses deux principaux producteurs
02:05 que sont l'Arabie Saoudite et l'Iran, décident de s'unir,
02:10 et comme vous l'avez bien dit, sous le parrainage de la Chine,
02:14 mais avec un allié russe qui a été très présent aussi dans toute cette phase de négociation,
02:20 vous avez à peu près 60-70% de la production d'hydrocarbures
02:26 qui se retrouve, entre guillemets, dans une même alliance,
02:29 ou en tout cas sous une même ombrelle chinoise.
02:33 Puisque la Chine est le premier client de l'Arabie Saoudite,
02:39 la Chine c'est le tiers de l'économie iranienne,
02:44 et la Chine est devenue également le premier client de la Russie
02:51 au cours du basculement qui a suivi les sanctions européennes.
02:56 Donc on a cette espèce de région, et avant de commencer l'émission,
03:01 vous parliez de l'Eurasie en fait,
03:03 on a cette zone qui est proche orient, en fait,
03:08 Moyen-Orient, Europe, qui bascule complètement du côté de la Chine.
03:14 Et on sait que c'est énorme, c'est énorme parce que l'Arabie Saoudite
03:18 était la chasse gardée des États-Unis, mais depuis avant,
03:23 enfin pas tellement des États-Unis, d'ailleurs des anglo-saxons,
03:26 mais qui sont devenus au fil du temps uniquement les Américains
03:30 dans leur domination, en tout cas économique et militaire.
03:33 Et vous avez cette chasse gardée qui, presque sans que personne ne s'y attende,
03:40 puisqu'il y avait eu les accords Abraham,
03:43 et qui avait plutôt eu tendance à consolider en fait
03:46 un lien entre l'Arabie Saoudite et Israël,
03:50 qui semblait montrer que les États-Unis et leur allié Israël
03:55 avaient véritablement la main sur le royaume d'Arabie Saoudite.
04:00 Et là, on a un changement qui est considérable,
04:02 à un moment où l'Iran a résisté à une révolution de couleur
04:07 qui était beaucoup plus violente que toutes celles
04:10 auxquelles ils avaient eu à faire face jusqu'à maintenant.
04:12 – Et la révolution de ces femmes voilées qui rejetaient leur voile.
04:16 – Oui, et peut-être on en reparlera tout à l'heure,
04:20 mais on a cette situation qui se passe alors que les regards de l'Amérique
04:24 sont extrêmement tournés vers l'Europe et ce qui se passe en Ukraine,
04:29 et vers ce qui se passe à Taïwan puisqu'il y a énormément de mouvements.
04:34 – Alors il y a une question qui s'impose tout de suite,
04:35 c'est est-ce que l'Arabie Saoudite a eu l'aval, entre guillemets,
04:39 des États-Unis pour signer cet accord avec l'Iran ?
04:44 – Alors, il faut déjà peut-être revenir un tout petit peu en arrière.
04:48 Quand Barack Obama était président des États-Unis,
04:53 on se rappelle, il y avait eu un accord sur le nucléaire iranien,
04:58 et qui remettait, entre guillemets, sur l'échiquier l'Iran.
05:02 Et on a eu une courte période d'euphorie pour les Iraniens
05:05 parce que c'est un pays de 80 millions d'habitants,
05:08 potentiellement extraordinairement riche, grosse culture,
05:12 vraie démocratie, contrairement à ce que… enfin,
05:15 démocratie avec un clergé qui est au-dessus,
05:17 mais il y a un président élu qui a un rôle, etc.
05:20 Un peuple avec une économie, les gens seraient très surpris
05:23 s'ils allaient en Iran.
05:25 Donc, à ce moment-là, l'Arabie saoudite voit que la politique
05:31 des États-Unis dans la région a l'air de changer.
05:33 Puis le président Trump arrive, il déchire l'accord,
05:38 réinstabilité, fantasme du nucléaire iranien du côté des Israéliens
05:45 qui obtiennent beaucoup d'armes, beaucoup de choses, etc.
05:48 Et les accords Abraham, et là l'Arabie saoudite se dit
05:53 "Tiens, les Américains se réintéressent à cette région,
05:56 ils veulent tordre le cou de l'Iran".
05:59 Ça les intéresse évidemment puisque l'Arabie saoudite
06:01 c'est le plus grand pays de la région,
06:02 c'est aussi le plus puissant d'un point de vue militaire,
06:06 en tout cas à ce moment-là.
06:07 Et donc on pense, enfin les observateurs se disent
06:12 "Tiens, il va y avoir un ticket Arabie saoudite Israël
06:15 et qu'ils vont véritablement prendre le contrôle complet de la région,
06:20 il va y avoir une révolution de couleurs,
06:22 le régime islamique va être renversé plus ou moins en douceur,
06:27 il y a une communauté iranienne qui semble le vouloir".
06:30 Et ça ne s'est pas du tout passé comme ça, pourquoi ?
06:33 Parce que d'une part, je pense que le président Trump
06:37 a été tellement attaqué de toutes parts
06:41 que cette combinaison politique qu'il mettait en place
06:44 n'a pas pu voir le jour,
06:46 de la même manière qu'il était tellement accaparé
06:49 sur l'espèce de mythe d'une implication de la Russie dans son élection,
06:57 qu'ils ont tourné les yeux sur ce qui se passait en Russie
06:59 et ce qui était en train potentiellement d'arriver en Ukraine,
07:03 qui est arrivé il y a un an.
07:06 Et l'Iran en a profité en étant de nouveau enfermée sur elle-même
07:12 et donc avec moins de visiteurs qu'elle en avait
07:15 pendant la période du contrôle nucléaire
07:20 pour développer considérablement ses armes balistiques, ses drones,
07:25 également accroître de l'uranium, on en a 86%
07:29 donc on n'est pas loin de l'uranium militaire.
07:32 – Notamment d'ailleurs provoqué tout cela
07:34 par l'assassinat du général iranien Soleimani.
07:38 – Exactement.
07:39 Alors ça, c'est vraiment un moment clé.
07:42 En fait, Soleimani est véritablement une idole pour tous les Iraniens,
07:48 c'est-à-dire même ceux qui n'aiment pas le régime islamique,
07:51 c'était quelqu'un qu'ils aimaient bien, c'était…
07:53 – La figure perse quoi.
07:54 – Exactement, la figure perse, il était adoré,
07:58 et il est tué et les Iraniens réagissent militairement
08:03 et de façon violente, affichée, et les Américains ne réagissent pas.
08:10 Et donc, premier signe important de faiblesse des Américains,
08:15 qui est évidemment noté par l'Arabie Saoudite,
08:18 tiens, les Américains font des choses,
08:22 il y a une réponse et immédiatement il se calme.
08:26 Et ça a été encore plus visible lors des frappes,
08:31 il y a quelques semaines, d'Israël sur des camps iraniens en Syrie,
08:38 c'est-à-dire qu'en fait, Israël a bombardé les camps,
08:42 et dans la foulée, les Iraniens ont réagi,
08:46 et pareil, pas de réaction ni américaine ni israélienne.
08:51 Alors qu'ils réagissent un peu,
08:53 enfin on ne sait pas trop ce qui se passe entre le Liban et l'Ottaque,
08:56 c'est… pourquoi ?
08:58 Parce que l'Iran est le pays qui semble le plus lié à la Russie
09:05 pour lui fournir des armes dans son opération spéciale en Ukraine,
09:12 et ce sont des armes d'une extrême efficacité,
09:15 puisqu'on a des drones qui ont une portée de plus de 2000 km à 450 km/h,
09:21 donc on a le temps de les voir revenir,
09:23 mais ils sont extrêmement précis,
09:25 et pour une raison que j'ignore,
09:27 ils sont difficiles à arrêter par l'ADCA,
09:30 ils ont fait beaucoup de dégâts,
09:31 ça a d'ailleurs beaucoup énervé le président Zelensky vis-à-vis de l'Iran,
09:37 mais bon, il n'a pas de possibilités contre l'Iran,
09:40 mais ça aussi était un message énorme reçu par Israël,
09:45 et par les États-Unis, et par l'Arabie Saoudite.
09:48 – On va en parler dans un instant évidemment d'Israël
09:50 avec notre invité, vous Bertrand Scholler,
09:53 mais évidemment l'actualité c'est aussi cette annonce de l'Arabie Saoudite
09:58 pour indiquer un petit peu le serrier de cet accord avec l'Iran,
10:02 c'est la trêve organisée au Yémen, débutée le 7 avril,
10:08 là on enregistre aujourd'hui, nous sommes le 11 avril,
10:11 on voyait l'ambassadeur saoudien au Yémen qui organise tout cela,
10:16 à quoi est-ce qu'on peut s'attendre aujourd'hui pour cette guerre au Yémen ?
10:20 – Ah mais moi je pense que dans les jours qui viennent,
10:23 il va y avoir des convois humanitaires considérables
10:25 qui vont partir d'Arabie Saoudite, qui vont partir d'Oman,
10:29 qui vont partir de toute cette région pour remettre sur pied
10:33 en fait cette population yéménite qui souffre un martyr depuis des années.
10:38 Il faut imaginer que l'Arabie Saoudite est par habitant
10:43 un des pays les plus riches du monde,
10:46 un revenu qui est pratiquement similaire à la France,
10:50 à côté vous avez Oman, pareil, riche,
10:53 et vous avez le Yémen qui est le 185ème pays du monde sur 192
10:59 et qui n'a pas d'eau, qui n'a pas de…
11:02 enfin 260 mètres cubes d'eau par an par habitant d'eau potable,
11:07 il en faut 500 au minimum pour considérer que c'est vivable.
11:11 Donc je pense qu'il va y avoir des changements considérables,
11:13 l'Arabie Saoudite va vraisemblablement beaucoup s'impliquer,
11:17 et ce qui est intéressant…
11:17 – Est-ce que l'Arabie Saoudite va lâcher le Yémen aux Houthis
11:20 qui sont des milices pro-iraniennes ?
11:23 Donc chiites ?
11:24 – Mais en fait, il y a une espèce d'accord tacite,
11:28 c'est-à-dire que l'Iran laisse aussi l'Arabie Saoudite
11:32 rentrer dans des relations avec la Syrie,
11:35 et donc forcément l'Iran qui est un pays qui est dominant
11:39 dans cette région va perdre en Syrie,
11:42 et l'Iran va accepter forcément,
11:47 pour l'intérêt d'ailleurs du Yémen,
11:52 que l'Arabie Saoudite participe à sauver ce pays,
11:55 à le sortir de cette situation inacceptable.
11:57 Alors il faut bien se situer géographiquement,
12:00 mais le Yémen c'est au sud de la péninsule arabique,
12:04 et c'est un pays qui est stratégique puisque c'est l'entrée dans la mer Rouge,
12:09 donc quand on sait l'importance de la mer Rouge pour le trafic,
12:12 puisque c'est celle qui mène au canal de Suez,
12:16 le Yémen est un pays hautement stratégique,
12:18 c'est pour ça qu'il intéresse particulièrement l'Iran, puisque c'est…
12:21 – Carrefour.
12:22 – Un carrefour, et donc l'Iran qui a le détroit d'Hormuz,
12:26 l'entrée dans la mer Rouge avec son partenariat très fort avec le Yémen,
12:30 enfin partenariat, le problème du Yémen c'est que le gouvernement yéménite,
12:36 donc le nord du Yémen n'est pas forcément favorable à l'Iran,
12:40 mais tout le sud et donc cette zone stratégique qui est favorable à l'Iran,
12:44 c'est très compliqué la géopolitique là-bas,
12:46 mais je pense que ça va considérablement simplifier.
12:49 – Est-ce que vous pouvez un petit peu revenir Bertrand Scholler
12:52 sur la manière dont s'est organisé cet accord,
12:55 donc entre l'Iran chiite et l'Arabie Saoudite sunnite,
12:58 comment se sont-ils réconciliés en réalité ?
13:01 – Alors la Chine est le troisième à rentrer dans la danse,
13:06 c'est-à-dire que l'Irak a essayé, puisque l'Irak est chiite également,
13:13 contrairement à ce qu'on pourrait penser en fait,
13:16 l'Irak qui était en guerre longtemps avec l'Iran,
13:18 un pays à majorité chiite, a essayé d'être le deal-maker,
13:24 ça n'a pas fonctionné, l'arbitre.
13:26 Ensuite Oman a essayé d'avoir ce rôle,
13:29 puisqu'Oman a une vraie relation avec l'Iran,
13:31 ils ont beaucoup de projets de gazoduc, ils sont en face l'un de l'autre,
13:36 et ça n'a pas fonctionné, et la Chine est rentrée dans la danse,
13:40 et la Chine avait ce pouvoir de réussir cette paix,
13:44 parce que, comme on l'évoquait en début d'émission,
13:47 un tiers de l'économie iranienne dépend de la Chine,
13:50 et le plus grand client de l'Arabie Saoudite, c'est la Chine,
13:54 le plus grand potentiellement marché du monde, c'est la Chine,
13:58 et la monnaie chinoise, le yuan, dont on parlera sans doute,
14:02 ne détrône pas encore le dollar,
14:04 mais une monnaie qui devient importante pour les échanges également de l'Arabie Saoudite,
14:09 et donc on a cette conjonction de choses,
14:11 et quand la Chine dit à l'Iran et à l'Arabie Saoudite,
14:16 "il faut que vous discutiez", ils ont tendance à discuter,
14:20 et je voudrais juste faire un petit parallèle avec les accords de Minsk,
14:23 c'est que la Chine c'est un pays qui est très fier,
14:27 qui rentre sur la scène internationale,
14:29 et qui a envie d'avoir l'image de quelqu'un qui respecte le droit,
14:32 les contrats, etc., donc ils vont véritablement tout faire
14:36 pour que ce soit respecté, et on peut imaginer que les pays
14:40 dont on a parlé sont tellement dépendants de la Chine,
14:43 qu'ils ne vont pas vouloir se mettre la Chine à dos,
14:46 donc ça va fonctionner.
14:48 Dans les accords de Minsk, l'Europe avait ce rôle vis-à-vis de l'Ukraine,
14:53 et on a découvert récemment, Angela Merkel, François Hollande,
14:58 qu'en réalité c'était un jeu de dupe.
15:00 – Oui, on gagnait du temps pour réarmer l'Ukraine.
15:02 – Alors que quand la Russie se met d'un côté et l'Europe de l'autre,
15:08 l'idée c'était que les milliards d'aides données par l'Europe
15:12 pour mettre à niveau l'Ukraine, pour l'aider, etc.,
15:16 il y aurait une contrepartie, entre guillemets,
15:18 une contrepartie de paix, de respect des accords de Minsk.
15:21 Ça n'a jamais été le cas, et donc c'est vraiment important
15:24 de savoir que dans un accord de paix, quand il y a une troisième partie,
15:29 il faut qu'elle ait un véritable poids, pas juste intellectuel,
15:34 sentimental, ce que vous voulez, c'est un poids économique,
15:38 et c'est pour ça que, contrairement à pas mal de personnes
15:41 avec qui j'en parle, moi je suis très très confiant
15:44 sur une vraie possibilité de paix dans cette région,
15:47 et qui va avoir un effet domino à mon avis, également sur Israël.
15:51 – Alors avant cet accord signé entre l'Iran et l'Arabie Saoudite,
15:54 on avait vu qu'en novembre 2022,
15:56 Riyad avait refusé aux États-Unis d'augmenter sa production.
16:00 C'est quoi aujourd'hui du coup la politique énergétique de l'Arabie Saoudite,
16:05 en matière, je le dis, d'énergie, et de l'OPEP plus généralement ?
16:09 – Alors, l'OPEP, c'est l'Organisation des Pays Producteurs de Pétrole,
16:16 et le taulier historique c'est l'Arabie Saoudite,
16:20 comme on évoquait tout à l'heure.
16:22 Mais ça s'est considérablement élargi, et la Russie est dans l'OPEP.
16:28 Alors elle n'est pas véritablement un statut membre,
16:31 mais fait partie de toutes les discussions de l'OPEP,
16:36 et donc quand les deux sont dans le même groupe économique,
16:43 ils discutent quasiment quotidiennement avec des équipes de travail, etc.
16:47 En fait, ils travaillent pour leurs intérêts.
16:49 Alors moi je connais bien le monde du pétrole,
16:51 je vais expliquer quelque chose très très rapidement,
16:54 mais quand vous avez un puits de pétrole, un champ de pétrole,
16:57 vous avez une vitesse optimum pour l'exploiter.
17:01 C'est-à-dire, c'est comme une grosse éponge,
17:03 si vous aspirez trop vite, vous allez effectivement récupérer du pétrole plus vite,
17:07 mais vous allez en laisser plein à la marge de l'éponge,
17:10 alors que si vous allez au bon rythme,
17:12 le pétrole va, vous allez réussir à vider complètement l'éponge, au mieux.
17:17 Et donc quand les États-Unis disent à un pays d'augmenter sa production de pétrole,
17:22 en réalité, ce qu'ils font c'est que d'une part, ils renchérissent le coût,
17:27 et ils diminuent les réserves accessibles, à moins de creuser d'autres puits de pétrole.
17:31 Donc c'est pas quelque chose de logique pour un pays producteur de pétrole.
17:35 En plus, l'Arabie saoudite, même si son pétrole ne lui coûte quasiment rien
17:42 à récupérer dans le sous-sol, parce qu'il est facilement accessible,
17:46 c'est un pays qui a un rythme de vie,
17:48 compte tenu de ses dépenses en armement, etc., qui est énorme,
17:52 donc il a besoin d'avoir un cours du pétrole élevé.
17:55 Et c'est pas compatible avec une grande production, en fait.
17:58 L'Arabie saoudite a intérêt à avoir une plus faible production.
18:01 Et si l'Arabie saoudite, plus l'Iran, plus la Russie se disent
18:06 "nous, le prix optimum du pétrole c'est 100 dollars",
18:08 que les Chinois disent "ça nous va",
18:11 les Américains peuvent dire ce qu'ils veulent.
18:14 Eux, les Américains, alors juste, c'est un point très important,
18:18 pour la première fois en 50 ans, ils ont quasiment vidé toute leur réserve stratégique.
18:24 Donc les Américains voudraient, dans cette période d'académie,
18:27 reconstituer à très petit prix leur réserve stratégique.
18:31 Donc ils aimeraient bien une production plus grande.
18:34 Quand le cours est élevé, en fait, ils peuvent pas reconstituer
18:38 à petit prix leur réserve stratégique.
18:40 Évidemment, ça les embête.
18:41 Donc on voit que…
18:42 – Ils n'ont plus la main sur le marché.
18:43 – Ils n'ont plus du tout la main sur le marché,
18:45 parce qu'il y a une union entre le plus grand consommateur, l'Asie,
18:52 et les plus grands producteurs, et ça c'est quelque chose de terrible.
18:57 C'est-à-dire que c'est bien plus grand que la paix possible entre l'Iran et l'Irak,
19:01 c'est que les Américains ne contrôlent plus le marché du pétrole,
19:04 ils ne contrôlent même plus la monnaie d'échange du pétrole.
19:07 – Alors justement, la monnaie d'échange du pétrole depuis 1945,
19:11 c'était le pétrodollar.
19:12 Depuis quelques mois, on voit qu'entre la Chine et l'Arabie Saoudite
19:17 se passent de plus en plus de contrats dans la monnaie chinoise,
19:21 donc le yuan, pour les exportations de pétrole.
19:25 Qu'est-ce que ça signifie aujourd'hui pour le dollar américain ?
19:28 – Alors, ça signifie que le dollar est en grand danger.
19:35 Mais il est presque moins en danger à cause de ça
19:41 qu'à cause de quelque chose d'extrêmement grave
19:45 qui s'est passé au moment des sanctions.
19:48 C'est la première fois dans l'histoire, même avec les nazis, etc.,
19:55 qu'un pays, et en l'occurrence un pays plus l'Union européenne,
19:59 ont décidé qu'ils pouvaient confisquer l'argent qui avait été honnêtement gagné
20:05 dans le cadre de contrats internationaux totalement réguliers par un pays.
20:09 C'est-à-dire que la Russie s'est retrouvée avec quelques centaines de milliards
20:14 de dollars et d'euros qui ont été confisqués, gelés,
20:17 et maintenant les deux pays essaient de voir comment ils peuvent même se l'attribuer.
20:21 Donc en essayant de… tout ce qui se passe avec la Cour pénale internationale,
20:25 avec les votes qui ont sorti la Russie de l'Organisation des droits de l'homme,
20:30 avec tout ce qui est fait pour l'Europe aussi qui dit que la Russie
20:38 est un pays qui soutient le terrorisme, etc.
20:41 Tout est fait en fait pour essayer de piquer cet argent-là.
20:44 Et donc tous les pays du monde se disent "oh là là,
20:48 moi mes dollars c'est des lignes électroniques qui sont contrôlées par les États-Unis,
20:55 si je ne suis pas sage, ils peuvent confisquer cet argent.
21:00 Par ailleurs mon or, un peu comme les Russes, il est à Londres ou à Genève
21:05 parce que c'est comme ça le marché de l'or, ils peuvent me confisquer mon or.
21:12 Et donc vous êtes une monnaie de réserve qui est une véritable garantie pour le monde entier
21:21 et d'un seul coup vous montrez que vous n'êtes plus digne de confiance
21:24 puisqu'ils n'ont pas volé cet argent.
21:26 Les Russes ont donné du pétrole et du gaz et en échange on leur a donné de l'argent.
21:29 Donc on a pris le pétrole et le gaz, on ne leur a pas rendu
21:32 parce qu'on leur piquait leur argent.
21:34 Et donc ça c'est véritablement un problème.
21:37 Chacun de nous peut l'imaginer, même en France,
21:39 un cambrioleur avant qu'on décide de lui reprendre les "biens"
21:45 qu'il a achetés avec ses larcins, c'est extrêmement compliqué.
21:48 Et là c'est ce qui s'est passé avec la Russie, donc ça c'est la première chose.
21:52 Ensuite les Américains au cours des dernières années ont imprimé plus de dollars
21:59 que dans toute l'histoire des États-Unis,
22:03 c'est-à-dire qu'on est en milliers de milliards de dollars
22:06 et qui est plus ou moins imposé au monde.
22:08 Alors en ce moment il est plutôt imposé aux Européens et aux Japonais,
22:13 ce qui doute la "docilité" des Japonais,
22:18 mais c'est devenu une monnaie qui en réalité ne vaut rien.
22:22 C'est-à-dire que si vous regardez les actifs à mettre en face du dollar,
22:27 toutes les maisons aux États-Unis, tous les terrains,
22:30 toutes les entreprises, etc. il n'y a rien.
22:33 Et donc le mythe d'Amérique plus grande puissance du monde,
22:36 elle est uniquement liée à ce monde de la finance
22:40 qui se paye des salaires dispendieux, celui de l'argent qui n'existe pas.
22:45 Peut-être pour les personnes qui nous écoutent,
22:48 il faut savoir qu'un avocat dans un cabinet plutôt correct aux États-Unis,
22:52 il peut être payé 1000, 1500, 2000 dollars de l'heure.
22:56 Et donc c'est un argent très artificiel qui est pris par 5 ou 10% des habitants du pays,
23:04 donc ça crée énormément de millionnaires qui s'achètent le reste du monde.
23:08 Je ne vais pas faire un cours de géopédique,
23:10 mais le dollar aujourd'hui fait peur à tout le monde parce que c'est une monnaie de taille,
23:14 mais avec lequel les Américains achètent le travail,
23:17 les ressources du reste du monde sans véritable contrepartie,
23:22 puisqu'ils ne sont pas capables de créer l'ordre.
23:24 On voit qu'il y a de plus en plus de guerres sous le règne du gendarme américain.
23:28 – Oui, qu'ils ont rendu l'Afghanistan au Taliban.
23:30 – Voilà, exactement.
23:31 Donc inutile de dire que tous ceux qui les avaient soutenus en Afghanistan
23:36 regrettent amèrement de leur avoir fait confiance.
23:38 On peut imaginer que ça va être pareil,
23:40 ça a été pareil avec Saddam Hussein, ça a été pareil avec Kadhafi,
23:44 ça a été pareil avec tout le monde en fait.
23:46 – Et vous me disiez aussi Bertrand Scholler que dans l'élaboration
23:49 de ces contrats en Yuan entre la Chine et l'Iran,
23:52 vous me disiez que la Chine a procédé à un véritable "nettoyage" "démondialiste"
23:59 pendant ce qu'on a appelé la politique du "Zéro Covid".
24:02 En fait, tout ça c'était une diversion du PCC
24:06 pour mettre en place ces contrats avec l'Iran en Yuan ?
24:10 – Alors il faut juste que vous imaginez que pendant…
24:15 Alors la Chine est rentrée dans l'Organisation mondiale du commerce il y a…
24:20 – 2001 je crois.
24:21 – Donc il y a une vingtaine d'années, sous Yujin Tao,
24:24 le prédécesseur de Xi Jinping et qui était véritablement un mondialiste.
24:30 Donc ils pensaient que c'était super,
24:31 donc spéculation tout azimut dans l'immobilier,
24:34 ouverture, laboratoire P4, enfin c'est-à-dire qu'ils ont ouvert
24:39 totalement leur pays, y compris aux laboratoires biochimiques internationaux.
24:45 Donc la Chine avait confiance, elle était sûre de sa force,
24:49 de sa population, de son système éducatif,
24:51 elle ne pouvait pas penser que ce système était un peu comme une maladie
24:56 qui allait contaminer le pays.
24:58 Et il y avait quelqu'un qui s'appelle Xi qui lui n'avait pas du tout
25:01 cette vision des choses, qui restait, mais comme Poutine l'a fait avec Helsine, etc.,
25:08 qui restait extrêmement discret au point de devenir numéro 2 chinois,
25:12 puis il est devenu président.
25:14 Et il y a quelques mois il a viré publiquement Yujin Tao
25:19 puisqu'il a fait passer un message à la Chine
25:22 qu'après 10 ans de règne et la période zéro Covid,
25:25 il avait nettoyé la Chine du mondialisme.
25:28 – Et le zéro Covid c'était une sorte aussi de punition
25:31 à l'égard des régions chinoises.
25:36 – Et il faut bien imaginer que le zéro Covid, qu'est-ce que ça voulait dire ?
25:39 Ça voulait dire que tous les hommes d'affaires, tous les agents secrets,
25:42 tous les gens qui venaient régulièrement avec des valises d'argent,
25:46 ils ne pouvaient plus venir.
25:47 Et même s'ils venaient, il fallait qu'ils restent des semaines dans des hôtels, etc.
25:51 Et pendant cette période-là, la Chine a fini son gazoduc,
25:56 la première tranche de son gazoduc force Sibérie avec la Russie.
26:03 C'est quand même 50 millions de mècubes de gaz,
26:06 c'est l'équivalent d'un des Nord Stream,
26:08 et qui est déjà quasiment à plein régime.
26:10 Ils ont déjà le projet du second, ils ont installé des trains rapides partout,
26:16 ils ont mis des gares, plus d'hôpitaux, etc.
26:19 Enfin, la Chine s'est occupée des Chinois.
26:21 Évidemment, on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs.
26:24 Il y a beaucoup de Chinois qui ont souffert, etc.
26:28 Mais surtout, les Chinois ont observé l'attitude des Américains sur la Russie,
26:32 quand la Russie s'est levée à dire "Niet".
26:35 Ils se sont dit "Nous, un jour, on va dire Niet avec Taïwan,
26:37 donc quelles erreurs à ne pas faire ?"
26:39 Et vous posez la question à tous les expats dans des boîtes, etc.
26:42 Comme ils ont vu que du jour au lendemain,
26:44 les boîtes occidentales étaient parties avec leurs logiciels,
26:47 avec leurs codes informatiques, avec leurs machins,
26:50 et ça a foutu un bordel pas possible.
26:51 En Russie, on n'imagine pas, du jour au lendemain,
26:54 toutes ces boîtes, elles n'avaient plus de logiciel, elles n'avaient plus de brevets.
26:59 Les télés étaient parties en live contre le gouvernement,
27:03 puisqu'en fait, elles étaient toutes, enfin une grande partie,
27:05 étaient encore possédées de l'argent occidental.
27:10 Et bien les Chinois, tous les expatriés qui étaient là,
27:14 puisqu'ils étaient confinés comme tout le monde,
27:15 dans la région de Shanghai ou même Pékin à un moment,
27:18 les codes de l'ordinateur, la sauvegarde de l'ordinateur,
27:23 et s'ils n'acceptaient pas que la Chine ait le contrôle de tout,
27:26 les logiciels, la compréhension des logiciels, le machin,
27:30 il fallait qu'ils partent.
27:31 – Et là, on vient de voir notre président Macron
27:33 s'en aller en Chine sous l'autorité de Mme Van der Leyen,
27:37 essayer de dealer 2-3 contrats avec nos grandes entreprises françaises,
27:41 mais un peu trop tard peut-être.
27:42 – Mais déjà, les grandes entreprises françaises
27:44 dont on pourrait être extrêmement fier, on les a vendues.
27:47 C'est-à-dire les savoir-faire qui pouvaient intéresser
27:50 véritablement le monde entier, soit on ne les possède pas, soit…
27:54 – Soit Emmanuel Macron les a vendues en particulier à l'Inquisition.
27:57 – Exactement.
27:57 – Donc il était le spécialiste et qu'il est encore.
28:00 – Exactement, et c'est triste.
28:02 Et puis surtout, il allait, soi-disant, expliquer à la Chine
28:07 qu'il était en train d'aller sur un chemin dangereux avec Taïwan,
28:11 avec la Russie, etc.
28:13 – Et sinon, on circulait, dès son départ, autour de Taïwan,
28:17 enfin, il y a eu des manœuvres.
28:18 – Mais oui, et surtout, quand vous comprenez la vie
28:22 qu'a acceptée Monexi pour prendre le pouvoir
28:25 et redonner le pouvoir aux Chinois, au peuple chinois,
28:28 je sais que ce que je dis, c'est très anticonformiste,
28:30 mais vous allez voir que c'est ce qui va se passer.
28:33 Vous imaginez quand quelqu'un comme Macron, qui matraque son peuple,
28:37 qui est, enfin bref, qui est le successeur de quelqu'un
28:41 qui révèle ce que les comiques voguennes et les russes ont montré,
28:48 c'est-à-dire qu'on était un pays qui était cynique,
28:50 mais on était fier d'être cynique, on était fier de signer des contrats
28:55 qu'on n'avait pas l'intention de respecter.
28:57 Vous savez ce que ça veut dire pour un Chinois ou un Russe, dire ça ?
29:01 Enfin, moi, je connais un peu la Russie, beaucoup moins la Chine,
29:06 mais dans un pays d'un milliard huit cents millions d'habitants,
29:10 si on ne dit pas "il faut respecter la loi"…
29:16 – On fait ce qu'on a dit, quoi.
29:17 – Voilà, mais ce n'est pas possible.
29:19 Et donc, aller au sommet d'un État, les gens sont fiers de vous regarder en face
29:25 et de faire l'inverse sous la table, mais c'est un cauchemar.
29:29 C'est un cauchemar.
29:30 – On voit ce qui se passe en France.
29:32 On va faire une pause, Bertrand Schoeller,
29:34 on évoquera après cette pause l'État d'Israël, en tout cas,
29:39 ce que pense cet État qui est au carrefour de cette région du Moyen-Orient,
29:44 qui est le satellite, le gendarme des Américains dans cette région.
29:47 On va voir au milieu des deux grandes puissances saoudiennes et iraniennes
29:51 ce qu'elle peut devenir.
29:52 On se retrouve dans un instant.
29:54 [Générique]
29:58 On continue notre entretien passionnant avec Bertrand Schoeller
30:02 sur cette réconciliation saoudienne et iranienne.
30:07 Alors, on voit qu'au milieu de ces deux pays, il y a Israël,
30:12 le gendarme américain du Moyen-Orient.
30:15 Israël s'est doté il y a peu d'un gouvernement,
30:18 pour le moins d'extrême droite, si on peut…
30:20 – Ultra droite, même.
30:21 – On peut employer des termes comme ça.
30:23 On sait aussi que l'Arabie saoudite a besoin d'Israël,
30:26 notamment de ses entreprises de la tech.
30:30 On sait que MBS, c'est Mohamed Ben Salman, le prince héritier d'Arabie saoudite,
30:36 a des visées technologiques très importantes,
30:41 notamment dans le nord-ouest du pays, avec son projet Néom,
30:45 de ville robotisée, ultra technologique.
30:49 Alors, comment l'extrême droite au pouvoir en Israël
30:52 va-t-elle pouvoir gérer cet accord entre l'Arabie saoudite et l'Iran ?
30:59 – Alors, tout à l'heure, vous m'avez dit
31:02 "mais on dirait que les Américains ont perdu la main".
31:05 Oui, on a vu, et c'est d'une ampleur forte.
31:10 Mais c'est encore plus vrai pour Israël.
31:14 C'est-à-dire qu'Israël, le Mossad, les réseaux d'information d'Israël,
31:19 sont parmi les plus efficaces au monde, et ils n'ont pas vu venir ça.
31:24 C'est-à-dire que c'est quelque chose, cette efficacité et la rapidité
31:30 avec laquelle la diplomatie chinoise a abouti, est surprenante.
31:33 Et à tel point que quelques jours après le 10 mars,
31:37 juste après la visite d'Emmanuel Macron,
31:39 et pendant que les bateaux chinois étaient autour du Nimitz et de Taïwan,
31:45 les ministres des Affaires étrangères des deux pays,
31:48 donc Iran, Arabie Saoudite, étaient à Pékin,
31:51 au même endroit que Macron et Van der Leyen,
31:54 plusieurs jours avant, se faisaient prendre en photo.
31:56 Mais pour répondre à votre question,
31:58 on a eu un gouvernement qui était plus centriste,
32:01 enfin un centriste, en Israël c'est quand même relativement à droite,
32:05 par rapport aux échecquiers politiques partout dans le monde,
32:08 c'était celui de Bennett, et qui, on se rappelle,
32:11 était peut-être un gouvernement capable de faire de la paix,
32:15 qui avait su discuter avec les Turcs, évidemment avec les Russes.
32:18 Avec les Ukrainiens, les Allemands, il y avait un début de projet de paix.
32:22 – C'était le gouvernement de Naftali Bennett.
32:23 – Oui, qui a été, et lui l'a révélé dans une interview à la radio,
32:27 je recommande à tout le monde d'écouter,
32:29 où Naftali Bennett explique qu'en fait,
32:31 ça a avancé extrêmement vite entre le régime de Kiev,
32:35 entre les Allemands et les Russes,
32:38 et avec les Turcs qui étaient un peu impliqués,
32:41 mais pas véritablement.
32:42 On se rappelle tous de cette image à Sochi,
32:46 de Bennett qui retrouve Vladimir Poutine,
32:50 à une époque où tous nos médias expliquaient
32:52 que Vladimir Poutine était en train de mourir,
32:54 qu'il ne sortait plus du Kremlin,
32:56 et là on le retrouvait à Sochi avec Bennett,
32:58 c'était juste le tordent de rire,
33:00 et ils étaient à se faire la collade devant la mer.
33:06 Et donc, le gouvernement Bennett,
33:11 et donc Naftali Bennett, dans une interview à la radio,
33:13 dit que la paix a été tuée par,
33:18 alors il ne dit pas si c'est les Anglais,
33:21 les Français, les Américains,
33:23 mais on sait que ce n'est pas les Allemands,
33:25 par un des trois, deux des trois ou les trois,
33:29 c'est-à-dire qu'ils ne voulaient pas la paix.
33:31 Il faut savoir que juste au moment où Bennett
33:33 essayait de faire aider à une paix très rapide,
33:37 – Vous parlez du conflit ukrainien ?
33:39 – Oui, oui, mais c'est important.
33:41 La France réunissait à Versailles,
33:45 Versailles, pas à l'Élysée, pas à Matignon,
33:48 pas à Versailles, donc Emmanuel Macron,
33:51 en empereur de l'Europe, réunissait tous les chefs d'État
33:55 de l'Union Européenne, et Angela Merkel, etc.,
33:58 dîner incroyable pour décider des sanctions
34:02 qui sont en train de détruire l'Europe.
34:04 Donc, le nouveau roi passe soleil,
34:08 pour le coup, de la France,
34:13 réunissait dans le château le plus connu du monde
34:17 pour prendre une des décisions les plus graves de l'histoire,
34:20 et qui pouvait prendre assez facilement,
34:22 parce que malheureusement l'Allemagne n'avait plus
34:25 quelqu'un d'aussi chevronné que Merkel,
34:27 et Scholz s'est fait complètement balader,
34:29 il n'a pas compris ce qui lui arrivait,
34:31 il ne le comprend plus du tout.
34:32 Mais bon, évacuons, Bennett perd,
34:38 enfin, arrête d'être, il n'était même pas candidat en fait,
34:42 donc à sa succession, Netanyahou gagne,
34:48 parce qu'il fait un consortium avec l'extrême droite.
34:53 – Les orthodoxes.
34:54 – Les orthodoxes, et là c'est très intéressant,
34:56 parce que d'une part, parmi ces ministres,
34:58 il y en a qui ont été condamnés,
35:00 et donc quand vous êtes condamné en Israël,
35:03 la Cour suprême peut s'exprimer sur la légalité de votre place,
35:07 et donc dans la semaine suite à l'annonce,
35:09 il veut changer la constitution,
35:12 pour que la Cour suprême n'ait plus la possibilité de juger
35:15 du gouvernement, des élus à la Knesset,
35:18 et du gouvernement choisi.
35:20 Et là…
35:21 – Émeute israélienne, dans les rues de Jérusalem.
35:26 – Qui semble être financée par des personnes
35:30 qui financent beaucoup de choses comme ça,
35:32 donc tentative de révolution de couleur.
35:35 Alors ça peut vous étonner dans ce que je dis,
35:37 parce que qui croit que Netanyahou est quelqu'un
35:41 qui peut faire le bien,
35:43 et qui croit que ceux qui veulent la démocratie
35:46 peuvent être des gens qui peuvent faire le mal,
35:48 c'est comme ça dans toutes les révolutions de couleur.
35:50 Sachez que ceux qui croient faire le bien
35:52 dans les révolutions de couleur,
35:53 malheureusement souvent sont manipulés pour ne pas faire le bien,
35:56 et réciproquement, je ne suis pas en train de dire
35:58 que les changements de loi et changements constitutionnels en Israël
36:02 sont une bonne idée,
36:04 je pense que c'est une erreur politique considérable,
36:08 mais ça cristallise beaucoup de choses,
36:09 ce qui fait qu'en fait ils n'ont pas vu
36:11 ce qui s'est passé d'un point de vue diplomatique,
36:13 puisqu'ils étaient tellement focalisés
36:16 pendant les trois mois depuis janvier,
36:19 franchement ils étaient aux cacahuètes,
36:21 enfin ils faisaient deux trois bombes de temps en temps
36:22 pour dire "non, non, on est vigilant".
36:24 – Il y a eu des conflits avec les Palestiniens.
36:26 – Voilà, ils n'ont rien vu, mais véritablement,
36:30 ou ils n'ont pas entendu ce que leur service secret devait leur dire,
36:34 et résultat aujourd'hui, vous avez l'extrême-extrême droite,
36:38 l'ultra droite en Israël qui risque d'être un faiseur de paix,
36:42 c'est-à-dire que quand vous êtes le plus à droite,
36:45 donc les moins susceptibles d'être patriote,
36:48 vous dites "en réalité, c'est notre intérêt de discuter avec l'Arabie Saoudite,
36:56 de discuter avec l'Iran, donc de trouver une solution pour la Palestine".
36:59 – Les extremistes israéliens, finalement,
37:02 face à cet accord saoudien et iranien,
37:04 se retrouvent face à leurs responsabilités,
37:06 donc il ne s'agit plus de déconner là.
37:08 – Là vous dites le point le plus important,
37:10 c'est-à-dire quand vous êtes au pouvoir
37:12 et que véritablement le destin de votre pays et du monde,
37:16 parce que si ça explose là, ça va exploser partout,
37:20 c'est-à-dire c'est une puissance nucléaire,
37:24 il y a pareil, encore une fois, une indiscrétion d'un ex-premier ministre,
37:28 je crois que c'est Boubara Kouchépi lequel,
37:31 et qui a reconnu dans une interview que le secret de Polychinelle,
37:36 c'est-à-dire qu'Israël a des armes atomiques, était vrai en fait.
37:40 Et donc oui, vous avez vraiment résumé,
37:42 ils sont face à leurs responsabilités,
37:44 et comme ils sont patriotes,
37:47 comme ils n'ont pas envie de détruire, évidemment, leur pays et le monde,
37:51 ils vont aller dans le chemin de la paix,
37:53 puisqu'en fait on est tellement au bord d'un précipice de guerre,
37:57 et face à une Iran aussi forte,
38:00 une Arabie Saoudite qui signale qu'elle ne veut pas la guerre,
38:03 parce que sinon elle ne ferait pas la paix avec l'Iran si elle était prête,
38:06 et avec le Yémen, la Syrie qui a résisté,
38:11 la Turquie qui dit, Erdogan, il y a 3-4 jours,
38:15 qui dit aux Israéliens "ça suffit votre attitude avec les Palestiniens".
38:22 Kyrill, le patriarche russe, le patriarche orthodoxe,
38:27 qui fait tout un texte, ce qui ne lui arrive jamais,
38:31 mais très ferme contre la politique israélienne à Jérusalem,
38:37 et plus généralement la politique de violence contre les différentes religions.
38:40 – Oui, parce qu'il y a eu un texte du gouvernement israélien
38:44 qui prévoit, qui prévoirait s'il était validé,
38:49 que faire l'apologie de Jésus en Israël serait condamnable.
38:52 – Exactement, et bizarrement ce n'est pas le pape du Vatican qui s'exprime,
38:56 c'est le patriarche, mais vous savez que si le patriarche de Moscou s'exprime,
39:03 en réalité ils sont très proches avec Vladimir Poutine,
39:07 donc vous avez la Chine dans la danse, vous avez la Russie dans la danse,
39:11 vous avez l'Iran dans la danse, vous avez la Turquie,
39:14 vous avez l'Arabie Saoudite, et vous avez la Syrie qui est là,
39:18 et la Jordanie, parce qu'en réalité c'est un pays qui est
39:21 pratiquement un état américain, la Jordanie,
39:24 si l'Amérique est faible, la Jordanie est un peu faible,
39:28 donc là vous avez Israël qui est très faible, très isolé,
39:33 alors qu'en plus il arrive quelque chose d'assez magique pour Israël,
39:37 ils viennent de se mettre d'accord avec le Liban
39:39 pour l'exploitation des champs pétrolés,
39:41 donc ils ont la possibilité finalement de devenir un pays
39:45 qui devient presque autonome par lui-même,
39:49 grâce à l'amane du pétrole, du gaz et les besoins,
39:54 et qui pourrait dans la paix,
39:56 être ce qu'il a vocation à être, un havre de paix pour les juifs du monde,
40:01 mais sans faire souffrir les Palestiniens.
40:03 – Il y a une question qu'on a un petit peu traitée comme ça en filigrane,
40:06 c'est en fait pourquoi les États-Unis ont perdu la main sur le Moyen-Orient,
40:10 est-ce que c'est la guerre en Ukraine contre la Russie qui est leur priorité,
40:15 est-ce qu'en fait ils lâchent un peu du l'Est au Moyen-Orient
40:19 pour finalement se concentrer sur ce qui est leur réelle priorité,
40:22 à savoir Poutine ?
40:25 – Alors voilà, je pense que la réelle priorité des Américains de tout temps,
40:29 contrairement à ce qu'on peut croire avec la Chine,
40:32 c'est la Russie, et c'est…
40:36 alors le fait qu'ils découvrent qui est Xi,
40:38 parce que je pense qu'ils sont en train de le découvrir,
40:40 change un peu la donne, mais on est véritablement,
40:44 et là je m'excuse d'utiliser les mots,
40:46 mais entre l'idée du bien et du mal,
40:51 c'est-à-dire que la Russie c'est véritablement sous Poutine,
40:55 donc après l'ère soviétique et les années Yeltsin,
40:58 en train de redevenir une certaine idée de la Sainte Russie,
41:02 c'est-à-dire le gouvernement marche main dans la main avec l'Église,
41:07 donc l'Église orthodoxe qui est très puissante.
41:09 – Le retour du tsarisme.
41:10 – Exactement, et on voit donc au Moyen-Orient,
41:14 c'est l'Islam qui est à la tête des États,
41:18 donc on a un État chrétien, on a des États islamiques,
41:21 alors chiites, enfin musulmans, donc chiites ou sunnites,
41:26 et on a une Chine dont le dieu c'est l'humain,
41:33 c'est les hommes, c'est les chinois,
41:35 enfin c'est vraiment ce que devraient être toutes les religions,
41:39 et en face c'est l'inverse,
41:41 c'est-à-dire qu'on a la déshumanisation au point de considérer
41:50 que la famille ça n'est rien…
41:53 – Oui, on détruit toutes les cellules de base de la société,
41:56 l'État, la religion et la famille.
41:58 – Et donc vous avez cette partie du monde qui dit "la famille c'est tout",
42:04 – "l'Église c'est tout", "la patrie c'est tout",
42:07 – Et vous avez l'autre qui dit "le dollar, la finance,
42:12 la fausse liberté, le contrôle", beaucoup plus…
42:17 donc c'est pas possible,
42:20 et vous avez Israël avec les orthodoxes qui n'aiment pas cette situation,
42:26 parce qu'il faut bien voir que pour les orthodoxes,
42:32 les juifs véritablement les plus historiques,
42:35 parce qu'après il faudrait faire un cours entre Séfarades, Ashkénazes, etc.,
42:40 mais la situation n'est pas du tout acceptable.
42:43 – Et parce que les américains sont très loin là.
42:45 – Ils sont très loin, et donc ils ont besoin de paix,
42:48 ils ont besoin d'harmonie, ils ont eu besoin de guerre peut-être à une époque,
42:53 mais maintenant comme je le dis, ils ont leur pétrole et leur gaz,
42:56 donc ils vont avoir l'argent qui va couler à flot
42:59 sans avoir besoin des américains.
43:01 Et donc moi j'ai été très pessimiste,
43:06 je dois avouer, pendant cette première année de conflits en Ukraine,
43:11 et depuis un ou deux mois je me dis "mais c'est bon,
43:15 on peut réavoir beaucoup de projets, etc."
43:17 parce que le monde va changer, l'Europe va souffrir,
43:20 mais ça va être à nous de la reconstruire,
43:21 ça va être à nous à l'intérieur de montrer qu'il y a des gens
43:24 qui sont respectables, qui ont envie de dire ce qu'ils font,
43:28 de faire ce qu'ils disent, et on va être un peu marginalisés,
43:33 merci à tous les gouvernements successifs,
43:35 mais on a un vrai destin pour nous.
43:40 – On sait que depuis 1945, et notamment depuis 1948
43:44 avec la création d'Israël, les États-Unis avaient réussi
43:47 toujours à diviser les États arabes les uns contre les autres,
43:50 avec Israël en chef d'orchestre,
43:53 comment en fait les chiites et les sunnites
43:56 ont réussi à se réconcilier, sur quelle base ?
44:00 – Alors il y a plusieurs choses, d'abord j'évoquais tout à l'heure,
44:04 l'Irak a essayé, Oman a essayé, etc.
44:07 donc vous avez entre les pays arabes beaucoup de discussions,
44:12 ils cousinent tous, ils sont tous très liés,
44:15 mais depuis la nuit des temps, c'était une peuple de Bédouins,
44:18 si les familles se connaissaient, etc.
44:20 si vous regardez "Laurence d'Arabie",
44:24 vous voyez comment tout ça se passe,
44:25 vous avez les turcs, vous avez les perses,
44:28 tout ça, et Aqaba, la mer rouge, les égyptiens, etc.
44:32 et ça n'a jamais arrêté, ils parlent entre eux,
44:35 ils se retrouvent beaucoup à Istanbul,
44:37 ils se retrouvent partout, ils ont toujours parlé,
44:39 et ils savent que c'est leur intérêt,
44:41 vous savez, vous avez une diaspora iranienne
44:44 qui est présente partout,
44:45 une diplomatie saoudienne qui est présente partout,
44:48 ces gens savent qu'il fallait cette paix possible,
44:52 mais tant que vous avez les Américains et les Israéliens
44:56 qui pouvaient sans cesse mettre de l'huile sur le feu,
44:58 et qui aimaient ce chaos,
45:00 puisqu'en fait la force d'Israël,
45:02 elle était liée à l'instabilité autour d'elle,
45:04 plus il y avait d'instabilité et de risque pour la survie d'Israël,
45:08 plus il y avait d'armes qui étaient données à Israël,
45:10 plus… – Oui, Béatrach nous disait que les guerres,
45:13 Syrie, Libye, c'est bon pour Israël, nous disait-il.
45:16 – En fait, tout était bon pour Israël,
45:19 mais ce qui est formidable,
45:20 c'est que les Israéliens risquent de découvrir
45:22 que la paix c'est encore mieux,
45:24 et c'est ça qui est magnifique en ce moment,
45:26 c'est qu'il y a des gens qui sont porteurs de paix,
45:29 contrairement à ce que beaucoup pensent,
45:32 je sais, je me répète, mais en agissant comme ça,
45:35 et la voix de Flavie est très bien dite,
45:37 les Russes ont dit "on fait ça parce que
45:39 on est les seuls aujourd'hui dans le monde
45:41 capables de dire non", et c'est ce qui s'est passé,
45:43 ils ont dit non, ça a montré la faiblesse
45:47 et le visage très sombre des dirigeants en Occident,
45:51 alors on ne va pas parler de World Economic Forum, etc.,
45:54 mais c'est le cas, c'est-à-dire qu'il y a des choses
45:56 très étonnantes et très perturbantes qui se passent,
45:59 on voit les Twitter Files,
46:00 on voit tout ce qui se passe aux États-Unis
46:02 avec les mensonges sur le 6 janvier, etc.
46:04 – Les scandales qui sortent, les pédocriminalités.
46:06 – Les scandales, la pédocriminalité, etc.
46:08 Et donc, il y a un miracle qui est en train de se produire.
46:14 – Mais alors le miracle entre l'Iran et l'Arabie Saoudite,
46:19 est-ce qu'il va être accompagné par l'opinion publique israélienne ?
46:23 Est-ce qu'on voit qu'il y a quand même les colons
46:26 qui continuent leur progression en Cisjordanie ?
46:30 Est-ce que ça représente une minorité,
46:32 ou alors est-ce que c'est vraiment l'âme du peuple israélien ?
46:36 – Je pense que si vous allez en Israël,
46:45 vous n'allez pas voir ce que vous voyez à la télé non plus.
46:48 C'est-à-dire qu'il y a des choses qui se passent en Israël
46:51 qui sont amplifiées à la télé.
46:53 C'est-à-dire que c'est vraiment aussi une guerre de communication permanente.
46:57 Mais les Israéliens et les musulmans,
47:00 ils ont vécu depuis la nuit des temps ensemble en harmonie.
47:05 Le jour où vous créez des murs, vous créez l'inconnu,
47:08 et vous savez, si vous ne voyez plus les gens,
47:10 vous pouvez commencer à imaginer qu'ils ressemblent à des vampires,
47:13 à des monstres, etc.
47:14 – Oui, les vrais juifs, c'était ceux qui étaient là
47:18 quand les sionistes sont arrivés.
47:20 – Exactement.
47:20 – C'était des juifs qui vivaient en paix avec les musulmans.
47:22 – Et qui vivront de nouveau en paix avec les musulmans.
47:27 – Et qui n'avaient pas envie de prendre la terre du voisin,
47:30 parce que j'entendais un colon qui disait
47:32 "Ah, mais si ce n'est pas moi qui prends ta terre, ça sera un autre".
47:35 – Oui, mais là, de toute façon, ils n'ont pas le choix.
47:39 Mais ils n'ont pas le choix.
47:41 – Démographiquement, de toute façon, ils sont…
47:43 – Mais militairement, économiquement, etc., ils n'ont pas le choix.
47:50 C'est-à-dire qu'ils ont la possibilité de devenir riches par eux-mêmes,
47:54 avec leur pétrole, qu'il faudra sans doute partager avec les Palestiniens,
47:58 puisqu'il est au large de Gaza également,
48:01 donc ça va être intéressant de voir comment ils se mettent d'accord là-dessus.
48:04 Mais le modèle actuel n'est pas un modèle viable.
48:09 C'est-à-dire que le modèle à 12 États, d'ailleurs,
48:14 qui est préconisé par beaucoup de personnes extrêmement influentes,
48:19 partout dans le monde…
48:19 – Oui, enfin, c'est préconisé par beaucoup de personnes à la télévision,
48:22 mais en même temps, ces mêmes personnes-là
48:24 ne condamnent jamais la colonisation sur les poteaux.
48:27 – Oui, mais là, c'est terminé.
48:28 Là, c'est terminé.
48:29 Je peux vous dire que c'est terminé.
48:31 – Mais comment vous expliquez aussi, Bertrand Schoeller,
48:33 comment les Américains ont perdu la main sur le Moyen-Orient ?
48:36 Comment ils sont de moins en moins hégémoniques ?
48:40 Comment on explique ce recul ?
48:42 – Alors déjà, petit un, on dit toujours, trop d'infos tue l'info.
48:47 Donc les Américains, à vouloir espionner tout, etc.,
48:51 et savoir tout ce qui se passe, sur tout dans le monde,
48:53 ont perdu la notion des grandes lignes de force
48:58 et des choses véritablement importantes.
49:00 Ça, c'est la première chose.
49:01 Moi, quand je prépare une émission avec vous,
49:02 je fais surtout en sorte de ne pas vouloir trop lire
49:06 parce que sinon, on oublie l'essentiel, on est perdu dans les détails.
49:09 Et donc, ça, c'est vraiment important.
49:11 Ils ont placé à leur tête quelqu'un qui est extraordinairement diminué.
49:15 Donc vous avez la première puissance du monde
49:18 qui a quelqu'un à sa tête qui est diminué.
49:20 – Joe Biden.
49:20 – Et ils ont… Joe Biden.
49:22 Et ils ont choisi, par wokisme,
49:26 qu'il ne fallait pas avoir les meilleurs au meilleur job,
49:30 mais le casting le plus intéressant.
49:33 Donc les Américains, ils ont choisi malheureusement des gens moyens,
49:37 au poste de responsabilité visible.
49:40 Eh bien, ça ne peut pas fonctionner quand vous êtes comme ça.
49:43 C'est-à-dire que si vous ne prenez pas les meilleurs éléments de votre pays,
49:48 vous imaginez les Chinois se mettre à aller chercher
49:51 des gens partout qui ne sont pas les plus compétents,
49:54 ou les Russes, enfin, Poutine…
49:56 – Ils sont tous ingénieurs auprès de Xi Jinping,
49:58 qui est lui-même ingénieur chinois, je crois.
50:01 – Exactement. Et donc les Américains n'ont pas fait ce choix-là.
50:05 Ils n'ont fait ce choix dans aucun domaine.
50:08 Donc ils ont perdu la main parce qu'ils ne comprennent plus le monde
50:13 tel qu'il est réellement.
50:14 Ils ne comprennent plus les enjeux du monde
50:16 parce qu'ils auraient voulu le manipuler comme ils l'entendent,
50:20 comme ils sont en train de manipuler au travers de leurs universités, etc.
50:24 Mais c'est une catastrophe ce qui se passe dans les universités américaines.
50:26 Elles n'attirent plus personne.
50:28 Vous avez envie, en tant que père de famille,
50:30 d'envoyer vos enfants dans une des meilleures universités américaines
50:34 où on va lui expliquer tous les jours qu'il n'a pas le droit d'avoir un avis
50:37 si ça sort de la culture woke ? Bien sûr que non.
50:40 Vous avez envie d'aller dans un pays qui ne respecte jamais ses contrats.
50:45 Ici, il y a un contrat depuis l'époque des Indiens.
50:48 Et un an après, si ça le dérange, quand l'autre a respecté sa partie du contrat
50:53 et dit finalement c'était à mon tour de commencer à respecter
50:56 parce que c'était ça le contrat du nucléaire iranien,
50:58 c'est-à-dire que les Iraniens devaient faire leur preuve pendant la première phase,
51:01 puis ils avaient l'arrêt des sanctions.
51:04 Juste au moment où ils allaient avoir l'arrêt des sanctions
51:06 alors qu'ils avaient fait tout ce qu'on leur avait demandé dans la première phase,
51:09 on leur dit c'est fini.
51:10 Et qu'on n'allait pas me faire croire que c'est uniquement Trump qui était méchant
51:14 et que ce n'était pas Taïmé comme ça.
51:17 Donc les Américains vont devoir réapprendre,
51:21 comme n'importe quel pays du monde, comme nous en Europe,
51:24 à construire, à travailler, à se payer un salaire qui est digne, raisonnable,
51:30 qui représente la valeur ajoutée du travail.
51:32 Sinon ils n'existeront plus en tant que puissance importante.
51:36 Ils vont se reconstruire parce qu'ils ont un pays qui est grand, qui est riche, etc.
51:41 Je ne suis pas inquiet pour les Américains,
51:43 mais ils vont passer par des moments très très difficiles.
51:46 – Alors peut-être pour terminer cet entretien avec vous, Bertrand Scholler,
51:51 en préparant cette émission,
51:52 vous me présentiez ce panorama de personnalités au pouvoir
51:58 dans les pays dits contre les États-Unis.
52:04 On a Vladimir Poutine, on a Xi Jinping,
52:06 on a Mohamed Ben Salman qui, je le disais, est l'héritier saoudien,
52:10 Donald Trump qui est un petit peu embourbé en ce moment judiciairement,
52:15 on va voir comment il va s'en sortir,
52:16 avec Elon Musk qui allait plutôt dans son sens,
52:20 et puis récemment, Recep Tayyip Erdogan qui est en train, le Turc,
52:24 de jouer l'arbitre entre les Américains et les Syriens.
52:29 Alors c'est quoi cette nouvelle vague de dirigeants ?
52:33 C'est un petit peu un anti-OTAN qui est en train de se dessiner sous nos yeux.
52:39 – Oui, oui, oui, et c'est…
52:40 alors on cite ceux qui sont plus connus, mais en Inde, etc.,
52:45 il y a sans doute des personnes très intéressantes et en Afrique,
52:48 mais vous avez dit la liste importante,
52:50 et peut-être pour expliquer pourquoi Trump est un personnage important,
52:54 c'est que même s'il est embourbé dans des affaires,
52:57 il est celui qui a nommé les "congressmen"
53:01 qui ont "pris", qui ont permis de prendre la majorité.
53:04 – La chambre des représentants, oui.
53:05 – Et c'est ce qui change le plus de choses en ce moment aux États-Unis.
53:09 – Parce que c'est la chambre des représentants qui gère le budget,
53:11 qui gère les budgets, notamment des guerres.
53:13 – Et plein de dossiers, parce que si on commence à savoir
53:15 ce qui s'est passé le 6 janvier, si les vidéos ont été libérées,
53:19 c'est parce qu'il a fallu 14 tours de scrutin
53:24 pour que Kevin McCarthy devienne président.
53:27 Il n'est pas du tout un ami Trump,
53:29 mais dans le deal qui a été négocié avec les proches de Trump
53:32 pour qu'il soit élu, il s'était engagé à faire un certain nombre de choses
53:36 pour comprendre ce qui s'était passé pendant la pandémie,
53:39 pour comprendre ce qui s'est passé le 6 janvier, etc.
53:42 Et c'est ce qui est en train de se passer.
53:43 Et donc en ça, Trump, qui est un personnage aussi décrié
53:47 que peut-être Ben Salmane, Poutine, Xi, etc.,
53:51 se révèle, comme vous dites, un des personnages exceptionnels,
53:57 magiques, fantastiques de cette période, parce que ce sont des patriotes.
54:02 – Oui, mais alors ce sont des patriotes, moi je vous entends…
54:04 – De l'humain, de l'humain.
54:06 – Je vous entends Bertrand Schoeller, mais moi quand je vois que Xi Jinping
54:09 et sa banque centrale mettent en place le yuan numérique,
54:13 et qu'en Europe, moi j'entends Christine Laguerre nous dire que oui,
54:16 l'euro numérique ça permettra du contrôle,
54:19 quand on voit qu'il y a ce contrôle social qui se met en place,
54:22 je sais, est-ce que c'est vraiment un anti-modèle à celui des États-Unis ?
54:27 – Alors effectivement, là vous parlez du point clé de la monnaie,
54:30 aujourd'hui on a parlé du dollar, on n'a pas tellement parlé du SWIFT, etc.,
54:34 il faut des échanges monétaires numériques, c'est indispensable.
54:38 Donc les grands pays qui veulent avoir un rôle important dans le monde de demain,
54:42 s'ils veulent sortir de la dépendance des Américains,
54:45 doivent avoir un modèle numérique à leur monnaie.
54:48 En revanche, que veut faire Christine Laguerre ?
54:49 – Mais pourquoi c'est nécessaire ?
54:51 – Pour fluidifier les échanges entre pays, entre grandes entreprises, etc.
54:55 – Oui, mais c'est la banque centrale qui aura pignon sur vos comptes.
54:59 – Mais il va y avoir plusieurs monnaies numériques,
55:01 aujourd'hui en réalité il n'y en a qu'une,
55:03 ça s'appelle le SWIFT et en réalité ça veut dire que c'est le dollar.
55:06 Ce que Christine Laguerre veut faire, c'est l'identité numérique,
55:11 le portefeuille numérique, le passeport santé, etc.
55:14 Et c'est ça qui est terrifiant, c'est-à-dire que c'est quelque chose
55:18 qui va permettre de contrôler totalement l'individu.
55:21 Moi je ne sais pas si c'est le projet des Chinois, si c'est le projet des Russes,
55:28 peut-être que je me trompe complètement là-dessus,
55:31 mais j'ai l'impression qu'on a des personnes qui veulent
55:35 reprendre le contrôle sur le destin du monde,
55:39 de façon beaucoup plus collégiale,
55:41 et si eux aussi ont des mauvaises intentions pour les peuples,
55:46 on risque de retourner à l'âge des cavernes.
55:50 – Bertrand Scholler, ce sera le mot de la fin de cet entretien,
55:54 je rappelle à nos téléspectateurs qu'ils peuvent se rendre sur votre chaîne YouTube,
55:58 à votre nom Bertrand Scholler, S-C-H-O-L-L-O-R.
56:02 Merci à vous Bertrand Scholler pour cet entretien sur le basculement du Moyen-Orient,
56:10 avec à sa tête l'Arabie Saoudite qui est en train de tourner le dos aux États-Unis.
56:16 Merci à vous de nous avoir suivis,
56:18 n'hésitez pas à mettre un pouce en l'air à cette vidéo si vous avez apprécié notre entretien,
56:23 et à nous laisser un commentaire pour un meilleur référencement.
56:26 On se retrouve la semaine prochaine, à bientôt.
56:28 [Générique]

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