Autrice, comédienne et humoriste, Anne-Sophie Girard a notamment co-écrit avec sa soeur, Marie-Aldine Girard, “La femme parfaite est une connasse”. Le 12 avril, cette adepte du développement personnel, qui a rapidement découvert les limites de la discipline, a publié “Un esprit bof dans un corps pas ouf” (éd. Flammarion). Dans ce livre, Anne-Sophie Girard donne des clés pour prendre du recul face à la course à l’amélioration de soi, en s'appuyant notamment sur les travaux de sociologues et de philosophes, avec humour et efficacité. Face à la caméra de Yahoo, elle insiste sur l’importance d’être moins exigeant avec soi, d’accepter ses émotions, de les admettre et de demander de l’aide, et met en lumière la manière dont le développement personnel pourrait dangereusement faire croire que nous sommes les seuls responsables de notre malheur et de notre bonheur.
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00:00 Accepter d'être malheureux, c'est hyper important.
00:02 Aujourd'hui, on dirait qu'il ne faudrait plus être malheureux,
00:03 il faut tout le temps être positif.
00:04 Ça, j'en peux plus.
00:05 C'est difficile de se rendre compte que ça ne va pas.
00:10 Surtout dans notre monde où on est comme ça, en force.
00:15 Non, je vais y arriver, je vais me sortir de ça avec de la volonté,
00:19 un coup de pied au cul.
00:20 Non, en réalité, il y a des fois où ça ne va pas.
00:22 Il faut accepter que ça n'aille pas.
00:23 Il faut le dire aux autres.
00:25 Et pourquoi pas se tourner vers des professionnels.
00:28 Et surtout, si ça ne va vraiment pas, ça peut être une dépression.
00:32 Et ça, c'est une maladie.
00:33 Et ça ne se soigne pas avec juste un coup de pied au cul.
00:36 À chaque problème, il n'y a peut-être pas une solution.
00:39 Il faut accepter ça.
00:41 Il y a des fois, il y a des drames qui se jouent.
00:44 On l'accepte avec le deuil, par exemple.
00:46 Il n'y a pas de solution au deuil.
00:47 Il est mort, après, il faut accepter d'être malheureux.
00:51 Il faut accepter son chagrin.
00:52 Et puis, se laisser traverser par toutes ces émotions.
00:56 Arrêter d'être volontaire comme ça et d'être fermé à tout.
01:00 Quand tu as ta main sur une plaque brûlante,
01:03 en réalité, ce n'est pas en te disant
01:05 "Oui, avec de la volonté, je n'ai pas mal.
01:07 Je peux surpasser cette douleur."
01:09 Non, la première chose, c'est de se rendre compte
01:10 qu'on a la main sur une plaque brûlante.
01:12 D'enlever sa main de la plaque brûlante.
01:14 Et après, de prendre le temps de soigner cette blessure.
01:17 Mais ce n'est pas avec de la volonté qu'on ne va pas avoir mal.
01:21 Je ne crois pas que tout soit ajouté dans le développement personnel.
01:24 Au contraire.
01:25 C'est juste qu'il faut l'utiliser à bon escient.
01:28 Et puis, de temps en temps, accepter
01:32 qu'on n'est pas la meilleure version de soi-même.
01:34 Parce que si on arrive au point de culpabiliser
01:37 parce qu'on a foiré notre Miracle Morning,
01:39 je suis passée par là, vraiment.
01:41 Je disais "Je ne suis pas assez bonne élève.
01:43 Je peux aller plus.
01:44 Il faut que je mange mieux.
01:45 Il faut que je fasse du yoga.
01:46 Il faut que je fasse de la méditation."
01:47 Et je me mettais une pression pour réussir mon développement personnel.
01:50 Ce qui est en fait dramatique.
01:52 Parce que ce n'est pas du tout le but.
01:53 Moi, quand je vois quelqu'un qui est à fond dans le développement personnel,
01:56 déjà, c'est quelqu'un qui ne va pas bien.
01:58 Et ce n'est pas grave.
02:00 Ce n'est pas grave.
02:01 Il faut juste accepter que quand on se lève à 5h du mat
02:04 pour faire un bisou à un arbre,
02:06 c'est qu'on n'est pas serein.
02:07 Voilà.
02:08 Et c'est vraiment...
02:09 On ne va pas culpabiliser les gens qui font des développements personnels.
02:12 On va juste leur faire des gros câlins
02:13 et leur dire que ce n'est pas grave.
02:15 [Générique]
02:17 Merci.